L’homéopathie - V. Léon Simon - E-Book

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V. Léon Simon

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Beschreibung

  • Texte révisé suivi de repères chronologiques.
Exposé de la doctrine d’Hahnemann, cours professé, en avril et mai 1896, par le Dr V.-Léon Simon.

Ce livre ancien présente les bases de L’homéopathie :
  • La matière médicale (qu’est-ce qu’un médicament…) ;
  • la loi des semblables (découverte et définition, portée…) ;
  • Les doses infinitésimales (préparation, action, preuves);;
  • La physiologie de Hahnemann (la vie, état de santé et état de maladie) ;
  • La pathologie de Hanemann (définition de la maladie, classification, étiologie) ;
  • La thérapeutique (choix du médicament, choix et répétition de la dose)..

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L’homéopathie

V. Léon Simon

Table des matières

I. MATIÈRE MÉDICALE

1. Qu’est-ce que le médicament ?

2. Comment faut-il étudier le médicament ?

3. Comment le médicament a-t-il été étudié ?

4. Quelles notions nous a fournies l’expérimentation pure ?

II. LOI DES SEMBLABLES

1. Découverte et définition.

2. Portée.

3. Applications inconscientes.

4. Essais d'interprétation.

5. La loi homéophatique est-elle la seule loi thérapeutique ?

III. DOSES INFINITÉSIMALES

1. Historique.

2. Définition et préparation.

3. Action.

4. Preuves.

IV. PHYSIOLOGIE D’HAHNEMANN

1. Des diverses manières d’entendre la vie.

2. L’être vivant à l’état de santé.

3. L’être vivant à l’état de maladie.

4. L’être vivant à l’état de médicamentation.

V. PATHOLOGIE D’HAHNEMANN

1. Définition de la maladie.

2. Étiologie.

3. Classification.

4. Syphilis.

5. Sycose.

6. Psore.

7. Critique.

VI. THÉRAPEUTIQUE

1. Connaissance de la maladie.

2. Choix du médicament.

3. Choix et répétition de la dose.

4. Moyens hygiéniques et auxiliaires.

Repères chronologiques

Copyright © 2020 Philaubooks, pour ce livre numérique, à l’exclusion du contenu appartenant au domaine public ou placé sous licence libre.

ISBN : 979-10-372-0176-8

Leçon I

MATIÈRE MÉDICALE

Exposé de la doctrine d’Hahnemann, cours professé, en avril et mai 1896, par le Dr V.-Léon Simon

Messieurs,

Dans un traité publié en 1805 et intitulé : La Médecine de l’expérience Hahnemann dit ceci :

« La médecine est une science d’expérience. Elle s’occupe de détruire les maladies par des moyens qu’elle leur oppose. La connaissance des maladies, celle des moyens propres à les combattre, celle de la manière dont on doit employer ces moyens, voilà ce qui la constitue1. »

Non content de définir ainsi son rôle, il nous donne les moyens de l’exercer utilement et, dans l’Organon de l’art de guérir, qui est son œuvre capitale et le couronnement de toutes les autres, il pose nettement le problème à résoudre :

« La marche qu’on doit suivre dans le traitement se réduit aux trois points suivants :

 1° Par quelle voie le médecin arrive-t-il à connaître ce qu’il a besoin de savoir relativement à la maladie pour pouvoir en entreprendre la cure ?

2° Comment doit-il étudier les instruments destinés à la guérison des maladies naturelles, c’est-à-dire la puissance morbifique des médicaments ?

3° Quelle est la meilleure manière d’appliquer ces puissances morbifiques, artificielles (les médicaments) à la guérison des maladies ? 2 »

Sur le premier de ces trois points je n’ai rien à vous enseigner, car la connaissance des maladies, c’est-à-dire la pathologie, a été de tout temps l’étude favorite des médecins. Tous les grands esprits qui ont illustré notre profession, tous les observateurs, Hippocrate le premier, puis Sydenham, Stoerck, Hunter, Trousseau, J.-P. Tessier père, qui fut des nôtres, ont laissé là l’empreinte de leur génie. Enfin, aujourd’hui les moyens d’investigation ont été tellement multipliés et perfectionnés qu’on pourrait croire que le diagnostic a atteint son maximum de précision. Apprenez donc de vos maîtres à vous bien servir de ces précieuses ressources, car nous ne devons rester indifférents à aucun progrès. J’ai entendu dire à Ambroise Tardieu que, chez le médecin, l’ignorance est une improbité ; Hahnemann, plus sévère encore, avait dit longtemps avant lui que, lorsqu’il s’agit d’un art sauveur de la vie, négliger d’apprendre est un crime.

Cependant, quel que soit le degré de perfection auquel vous porterez le diagnostic, vous n’aurez accompli que le tiers de votre tâche. La pathologie, lorsque la matière médicale et la thérapeutique ne viennent pas la féconder, n’est plus, selon l’expression d’Amédée Latour, qu’une inutile histoire naturelle. Franchement, si la médecine ne devait avoir d’autre résultat que de nous faire savoir de quoi, quand et comment mourra notre client, le temps que nous lui consacrerions serait un temps perdu.

Le corps médical a toujours été imbu de ce préjugé que la connaissance de la maladie entraînait tout naturellement celle du traitement. De là vient la suprématie qu’on a accordée de tout temps à la pathologie. Quand on était sûr de son diagnostic on se croyait maître de la situation. C’est une grave erreur. Qu’on puisse tirer de la maladie des indications hygiéniques, personne ne le conteste. Mais qu’est-ce que le diagnostic peut nous suggérer relativement aux médicaments ? En quoi la connaissance d’une pneumonie peut-elle nous éclairer sur les propriétés de la bryone et du phosphore ? Celle de la fièvre typhoïde sur les propriétés du sumac et du charbon de sommité de peuplier ? Il n’y a pas le moindre rapport entre la pathologie et la matière médicale, il faut les étudier séparément et il n’est pas permis de subordonner l’une à l’autre.

Passons donc au deuxième terme du problème, à l’étude des instruments destinés à la guérison des maladies naturelles, c’est-à-dire des médicaments. Qu’est-ce que le médicament ? Comment faut-il l’étudier ? Comment a-t-il été étudié ? Que nous a révélé cette étude ?

1Études de médecine homéopathique, t. I, p. 291.

2Organon, §71,

Qu’est-ce que le médicament ?

Une des meilleures définitions que nous connaissions est celle de Galien :

Medicamentum omne id dicimus quod naturam nostram alterare potest; sicut, puto, nutrimentum quidquid substantiam augere 1.

La définition donnée par Hahnemann semble calquée sur la précédente :

Qæ corpus mère nutriunt alimenta, quæ vero sanum hominis statum (vel parva quantitate ingesta) in ægrolum ideoque et ægrotum in sanum mulare valent medicamenta appellantur2.

En un mot, le médicament est un modificateur de l’être vivant. Ces deux définitions si concordantes ont pour résultat : premièrement, d’assimiler le médicament au poison, secondement de le différencier de l’aliment. Tout modificateur, par cela même qu’il modifie, est nécessairement nuisible au sujet sain, mais peut modifier le malade dans un sens favorable. Tous les médicaments sont donc nécessairement des poisons et, du bouillon blanc à la strychnine, leur toxicité ne varie que du plus au moins. Mais tout poison est-il un médicament ? Sans doute puisque les produits morbides eux-mêmes peuvent être transformés en agents salutaires.

Ainsi l’aliment entretient l’être vivant, le poison modifie l’homme sain, le médicament modifie le malade. Rien n’est plus clair et pourtant, dans la pratique, nous serions bien embarrassés de ranger un corps quelconque dans une de ces trois catégories. Le sel, par exemple, est sans contredit un aliment ; mais c’est aussi un médicament puissant contre la scrofule et d’autres états pathologiques. Le phosphore, dont les fabricants d’allumettes connaissent bien la toxicité, fait partie intégrante de nos tissus normaux, il est donc indispensable, sous une forme ou sous une autre ; à notre alimentation. Enfin, toutes les viandes contiennent des principes actifs, voire même des alcaloïdes ; c’est pourquoi un animal nourri avec un seul et unique aliment meurt plus vite que s’il n’était pas nourri du tout. Il n’y a peut-être pas une substance au monde qui serve uniquement à la nutrition, c’est-à-dire à notre entretien ; toutes contiennent, en petite quantité, des principes qui exercent sur notre être une certaine influence, ou bien elles demandent à être relevées par des condiments qui provoquent une certaine excitation. Il semblerait que cette excitation fût nécessaire pour secouer l’indifférence de notre organisme et le mettre en demeure d’absorber les ingesta que, sans cela, il laisserait cheminer le long du tube digestif sans se donner la peine de les absorber. En réalité il n’y a ni aliments, ni poisons, ni médicaments, mais il y a une action nutritive, une action toxique et une action médicatrice et la plupart des corps de la nature sont susceptibles de les exercer toutes les trois ; c’est une question de mode d’introduction, de dose et d’opportunité.

1De simplicium medicaminum facultalibus indagandis, liv. I, p. 1.

2De viribus medicamentorum positivis, préf., p. 7,

Comment faut-il étudier le médicament ?

Avant Hahnemann, on ne l’a jamais étudié en lui-même, séparément, en dehors de tout état pathologique. On ne l’a jamais essayé que sur le malade, méthode incertaine, laborieuse et stérile. Elle est incertaine, car, de ce qu’une maladie a disparu après l’ingestion d’un médicament, on ne peut pas conclure que celui-ci est pour quelque chose dans la guérison ; et même dans les cas où le fait est avéré, on ne peut pas en conclure qu’il guérira toutes les formes de la même maladie, moins encore les maladies analogues. Ainsi la belladone guérit la scarlatine lisse, mais elle est impuissante contre la scarlatine miliaire, et si vous croyez qu’elle guérira les autres exanthèmes fébriles, comme la rougeole et la variole, vous vous trompez fort. Cette méthode est stérile, parce que si l’on n’a pas d’autre moyen pour découvrir les vertus curatives d’une drogue inconnue que de l’essayer dans toutes les maladies, on en a pour longtemps. Enfin la polypharmacie, pratiquée de tout temps par la totalité des médecins, rendait toute recherche inutile et la frappait à l’avance de nullité. Aussi la matière médicale n’a jamais reposé que sur la tradition et sur le hasard. À la fin du XVIIIe siècle, on ne connaissait pas un seul médicament qui n’eût été employé de temps immémorial, et ni Cullen ni Murray ne savait un mot de plus qu’Hippocrate sur l’action de l’un quelconque d’entre eux. C’est cette pauvreté qui, dans le principe, a dégouté Hahnemann de la médecine et lui a arraché ce cri de douloureuse surprise : Instrumentorum artis suæ habere notitiam quam maxime perfectam primum artificis est officium ; medici vero esse nemo, proh dolor, putat ! 1

Seul il a déclaré qu’il faut rechercher les vertus médicinales chez l’individu à l’état de santé ; c’est ce qu’il appelait l’expérimentation pure. C’est en cela qu’il s’est montré vraiment novateur. Les esprits superficiels, ceux qui se laissent prendre aux apparences et se paient aisément de mots, ne voient dans l’homéopathie que les doses infinitésimales ; quelques homéopathes n’y voient guère que la loi des semblables. Ils ont tort. La découverte des doses infinitésimales est bien postérieure à celle de la loi des semblables et celle-ci n’est que la conséquence de l’expérimentation pure sans laquelle elle ne pouvait même pas être soupçonnée. C’est donc cette dernière qui constitue l’essence même de la méthode d’Hahnemann et qui en fait l’originalité. Sans doute il a eu des précurseurs, dont lui-même a eu soin de nous donner les noms. Dès le XVIe siècle Mathiole a donné de l’aconit à un condamné à mort ; mais qu’y a-t-il de commun entre cette violence exercée sur un être sacrifié d’avance et les expériences minutieusement réglées du fondateur de l’homéopathie ? Conrad Gesner, Stoerck, Cullen, Alexander, Coste et Willemet ont aussi étudié des substances médicamenteuses sur eux-mêmes ou sur leurs élèves. Mais ils ne se sont jamais doutés que cela pût les conduire à la découverte d’une loi thérapeutique. Ils n’avaient d’autre but que de démontrer que la médecine peut se servir utilement des poisons, d’arriver à mieux démêler les symptômes des empoisonnements et à déterminer la limite des doses dangereuses ; aussi ces essais entrepris sans suite, sans méthode et sans but ne leur ont pas ouvert les yeux. Haller, paraît-il, a dit explicitement qu’il fallait avant tout essayer le médicament sur le corps en santé, noter les changements du. pouls, de la température, des excrétions, etc., et passer ensuite à des expérimentations sur le malade. Mais sur ce point encore nous devons nous en rapporter à Hahnemann, car c’est lui qui a cité ce passage emprunté à un ouvrage introuvable, qui n’a jamais été achevé et que lui seul paraît avoir connu2. Malheureusement une faute d’impression rend la fin du texte barbare et inintelligible, et personne, à ma connaissance, n’a pu le rectifier. Il n’en reste pas moins acquis qu’Hahnemann est le premier qui ait à la fois recommandé et pratiqué systématiquement l’expérimentation physiologique et à ce titre il est le seul médecin au monde qui ait droit au titre de créateur de la médecine expérimentale.

Comment doit être pratiquée l’expérimentation pure ? Hahnemann en a soigneusement fixé les détails dans trois traités : La Médecine de l’expérience (1805), L’Observateur en médecine et L’Organon, où il consacre à ce sujet 25 paragraphes (122-146). Les règles posées par lui concernent la substance à l’essai, l’expérimentateur et les effets observés.

1° La substance à l’essai doit être chimiquement pure, fraîchement préparée et prise sous sa forme la plus simple et la plus stable afin qu’on soit sûr d’avoir chaque fois un produit identique. Au temps d’Hahnemann, la grande majorité des drogues étaient végétales ; aussi c’est celles-ci qu’il a le plus étudiées. Il recommande de les prendre le plus souvent en teinture alcoolique, quelquefois en infusion lorsqu’il s’agit de plantes peu actives, qu’on ne peut se procurer qu’à l’état sec. Nos pharmaciens ont si bien suivi ses préceptes que la supériorité des teintures homéopathiques est universellement reconnue et que beaucoup de médecins allopathes, lorsqu’ils prescrivent des médicaments sous cette forme, recommandent à leurs clients de se les procurer dans nos officines.

Naturellement il ne faut prendre en même temps aucune autre substance capable de troubler notre organisme. Hahnemann recommande un régime sobre, proscrit tous les végétaux (sauf les pois, les haricots verts et les carottes, qui, selon lui, ne contiennent aucun principe actif), le vin pur, le café, le thé et les liqueurs. En ce qui concerne le café il faut faire une restriction. Il y a des personnes tellement habituées à cette boisson, que sa suppression entraînerait des accidents plus ou moins pénibles, qu’on serait tenté d’attribuer faussement à la substance expérimentée. Pour la même raison Hahnemann n’a jamais interdit le tabac.

Il recommande de prendre une seule dose assez forte, puis de laisser épuiser son action avant dépasser à une autre, de peur que celle-ci ne détruise ou ne dénature les effets de la première. Cette crainte pourrait paraître chimérique si sa justesse n’avait été constatée par les allopathes eux-mêmes. Burq, lorsqu’il a mis en vogue la métallothérapie, a montré qu’une seconde application de métal détruisait les effets de la précédente. Mais je n’attache pas grande importance à cette recommandation, car je trouve au contraire qu’il faut varier les doses et les conditions dans lesquelles on opère.

2° Le sujet de l’expérimentation doit être un homme. Hahnemann rejette les essais sur les animaux pour trois raisons : d’abord c’est l’homme que nous voulons guérir, par conséquent c’est sur lui qu’il faut étudier les agents curatifs. Ensuite, l’organisation d’aucun animal n’étant exactement semblable à celle de l’homme, les médicaments n’agissent pas tout à fait de même sur les uns et les autres. Ainsi, d’après Hahnemann, la noix vomique est inoffensive pour le cochon, l’aconit pour le cheval et le chien. Enfin, l’animal étant privé de la parole, nous ne pouvons observer sur lui que les troubles fonctionnels et les lésions anatomiques ; il ne peut nous renseigner sur les phénomènes subjectifs, si nombreux et si importants dans notre École.

Cependant Hahnemann ne rejette pas de parti pris les essais sur les animaux, car il enregistre fidèlement les résultats de l’autopsie d’un cheval empoisonné par l’arsenic et il fait à ce propos une réflexion fort sensée que je soumets à nos vétérinaires :

« Si l’on expérimentait de même, mais avec plus de ménagements, plusieurs médicaments sur les animaux domestiques les plus utiles, on obtiendrait une matière médicale pure à leur usage et, en se conformant aux lois de la nature, comme la médecine homéopathique, on les guérirait avec autant de rapidité, de prudence et de certitude3. »

L’expérimentation sur les animaux peut être encore utile lorsqu’on veut la pousser plus loin qu’il ne serait permis de le faire chez l’homme, c’est-à-dire étudier l’action des doses toxiques ou celle de l’emploi continu et longtemps prolongé d’un poison. Dans tous les cas, il faut bien se garder de leur faire subir les mutilations dont les savants de laboratoire sont trop coutumiers ; il est évident, en effet, qu’un animal auquel on a sectionné un nerf ou la moelle. n’est pas à l’état de santé.

Le sujet doit donc être un homme et un homme sain, c’est-à dire qu’au moment de l’expérience tout son corps doit fonctionner normalement et ne présenter aucun signe de maladie apparente ou cachée. Malheureusement, la santé absolue n’existe pas et les hommes diffèrent beaucoup les uns des autres. Aussi faut-il avoir soin de noter toujours le tempérament et les antécédents pathologiques de chaque expérimentateur. Il y a des mauvais sujets… en matière d’expérimentation, il faut les exclure. Ainsi Attomyr, un homéopathe de la première heure, a essayé sur lui-même 6 médicaments qui ont provoqué des accidents identiques : fièvre, érythème, etc. C’est qu’Attomyr avait eu antérieurement la fièvre paludéenne et que les médicaments, faisant l’office d’agents perturbateurs, lui donnaient un nouvel accès.

L’expérimentateur doit avoir l’esprit aussi sain que le corps ; il lui faut un jugement sûr pour ne pas s’exagérer les accidents survenus. Hahnemann redoutait beaucoup la suggestion et faisait tous ses efforts pour l’éviter.

« Il faut, disait-il, imposer silence à l’imagination, s’abstenir des conjectures, éviter les interprétations, les spéculations. L’observateur n’est là que pour saisir les phénomènes, pour constater ce qui a lieu4. »

Il faut aussi que le sujet soit loyal et de bonne foi Un médecin consultant à l’une des principales stations thermales de l’Auvergne, qui fait des visites assidues aux médecins homéopathes dans l’espoir que ceux-ci enverront beaucoup de clients à sa station, a publié, il y a quelques années, un opuscule sur l’action des eaux arsenicales contre l’eczéma. Il y rend compte à sa façon des expériences faites sur l’arsenic par le professeur Imbert-Gourbeyre, de Clermont-Ferrand, l’une des gloires de l’homéopathie. Il prétend que le travail de celui-ci n’a aucune valeur parce que ses élèves, autant pour se moquer de lui que pour lui faire leur cour, lui ont remis des listes d’accidents fantastiques et imaginaires. Si je connaissais un médecin qui, pendant sa jeunesse, eût été capable de pareille gaminerie, je ne voudrais pas lui confier ma santé. Mais je suis convaincu que le fait rapporté par notre confrère hydropathe est controuvé, car le professeur Imbert-Gourbeyre, qui connaît à fond l’action de l’arsenic, a bien assez de sagacité pour déjouer les supercheries de ses élève.

3° Les effets obtenus doivent être soigneusement notés à mesure qu’ils apparaissent ; il ne faut négliger aucun symptôme. D’abord je dois vous dire qu’Hahnemann attribuait à ce mot un sens très étendu ; il désignait sous ce nom toute déviation élémentaire de l’état normal et ne connaissait pas de distinction entre le symptôme et la lésion. Ainsi le lipome est pour lui un symptôme ni plus ni moins qu’une démangeaison ; il considère même comme symptôme l’évacuation d’ascarides et il a raison, car cette évacuation est l’indice d’un état particulier de l’organisme qui se rencontre dans des maladies spontanées aussi bien que sous l’influence d’un médicament. De même l’éclosion subite de poux se montre assez souvent dans la convalescence de longues maladies, pendant la menstruation ou sous l’influence du mercure soluble.

Il faut donc noter tout avec soin et ne pas se contenter de rechercher si le médicament est purgatif ou astringent, tonique ou débilitant, diurétique,, altérant, etc. La méthode d’Hahnemann repose tout entière sur la considération de la totalité des symptômes.

Il ne faut pas négliger le moindre phénomène et il faut l’exprimer en des termes précis, en évitant soigneusement toutes les expressions vagues ou trop générales, qui ne répondent à aucune réalité, comme mal de tête, fièvre, etc. En effet, qu’est-ce que la fièvre ? Un individu dont le corps est gelé et qui grelotte a la fièvre ; un autre dont la peau est brûlante et sèche a également la fièvre ; un troisième qui est baigné de sueur a encore la fièvre ; enfin celui quia une excitation portée jusqu’au délire et celui qui est dans le coma ont toujours la fièvre. Il n’y a qu’un symptôme fébrile constant, c’est l’élévation de température révélée par le thermomètre. Il ne faut donc pas que l’expérimentateur se contente de dire qu’il a la fièvre ; il faut qu’il précise davantage et qu’il énumère les manifestations fébriles qu’il a éprouvées.

Il ne suffit pas de signaler chaque symptôme ; il faut aussi noter l’heure de son apparition et l’influence que peuvent exercer sur lui les circonstances extérieures. Ainsi, est-on dehors, il faudra rentrer ; est-on immobile, il faudra se remuer et varier ses attitudes ; est-on à jeun, il faudra manger, etc., afin de vérifier si le symptôme augmente, diminue ou se transforme pendant ces diverses actions ; c’est-ce que nous appelons les conditions d’aggravation et d’amélioration.

Aux recommandations précédentes j’en ajoute une autre, quia déjà été faite par Mayhoffer dans un de nos Congrès internationaux, c’est celle d’employer dans nos expérimentations tous les moyens d’exploration les plus perfectionnés : auscultation, thermométrie, sphygmographe, laryngoscopie, ophtalmoscopie, analyse de l’urine et des sécrétions, recherche des microbes, etc. ; la présence de tel ou tel microbe chez le malade est un symptôme comme les autres et je vous garantis que, lorsque vous vous donnerez la peine de les rechercher, vous en verrez paraître sous l’influence de tel ou tel médicament. Aux États-Unis on a déjà fait des tentatives dans ce sens et l’Encyclopédie d’Allen contient des tracés sphygmographiques, des courbes de température et elle enregistre la glycosurie et l’albuminurie.

1De viribus medicamentorum positivis, préf., p. 7.

2Pharmacopæa helvetica.

3Traité de matière médicale homœopathique, traduit par Léon Simon et V. Léon Simon, 1.1. p. 396.