L’homme imaginaire - Céline Jacobs - E-Book

L’homme imaginaire E-Book

Céline Jacobs

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Beschreibung

À dix-sept ans, Cathy goûte à l’intensité enivrante du premier amour avec Mike, un bonheur fragile qui s’effondre brutalement à sa disparition soudaine. Deux décennies plus tard, les pages de son journal révèlent les blessures profondes laissées par ce drame, les traces indélébiles qu’il a gravées en elle. Lorsqu’elle croise le chemin de Pat, des émotions qu’elle croyait à jamais enfouies refont surface, mêlant espoir et culpabilité, désir et nostalgie. Entre le poids du passé et l’incertitude de l’avenir, elle s’interroge : peut-on un jour se reconstruire sans trahir les souvenirs ? Ce récit explore l’empreinte indélébile de l’amour, la manière dont on apprivoise l’absence et la fragile possibilité de renaître.


À PROPOS DE L'AUTRICE

Optimiste de nature, Céline Jacobs est profondément humaniste. Journaliste et professeure en éducation aux médias, elle a toujours su rester fidèle à ses convictions, malgré les épreuves traversées. Cet ouvrage est pour elle un hommage vibrant à un homme extraordinaire, dont l’absence résonne encore en elle.

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Seitenzahl: 181

Veröffentlichungsjahr: 2025

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Céline Jacobs

L’homme imaginaire

Roman

© Lys Bleu Éditions – Céline Jacobs

ISBN : 979-10-422-6513-7

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé serait purement fortuite.

Il vaut mieux avoir aimé et perdu que de n’avoir jamais aimé du tout.

Augustin d’Hippone

Mot de l’écrivaine

Je dédie ce livre à Michaël Boucher

(dit Mike, né en 1973 et mort en 1995),

en hommage à sa mémoire

et au souvenir impérissable qu’il m’a laissé.

Signification du prénom Michaël : qui est semblable à Dieu ou encore celui qui juge.

Dans les trois grandes religions monothéistes, l’Archange Michaël est l’ange le plus puissant de Dieu. Il symbolise la Justice. Michaël fait triompher la lumière en dispersant les ombres de la négativité.

Sa fonction est d’évaluer la disponibilité d’une âme à vivre un état d’amour, de bonheur et de paix. Ainsi, il pèse les mérites de chacun et guide les âmes des défunts vers l’enfer ou le paradis.

On dit que l’Archange Michaël apporte la délivrance et l’immortalité.

Introduction

À 17 ans à peine, Cathy est la jeune fille la plus heureuse de l’univers : à l’école, elle est éperdument amoureuse de Mike, âgé de 23 ans. Ils se connaissent depuis bientôt un an. Ce jour-là, après les cours, Mike la reconduit chez elle. Pour lui dire au revoir, il l’embrasse fougueusement, pour la première fois.

Le jour d’après, Mike décide de partir dans sa ville d’origine se promener avec un ami. Il fixe des bicyclettes sur le toit de la voiture et s’engage sur l’autoroute. Au bout d’un moment, avec la vitesse, les vélos bougent dangereusement. Donc, il s’arrête sur la bande d’arrêt d’urgence pour régler le problème. Tandis que Mike resserre les sangles de son côté, il est fauché brusquement par un camion.

Cathy assiste à son enterrement, dévastée. Elle pleure toutes les larmes de son corps, lors de la cérémonie à l’église, sans plus pouvoir s’arrêter. Le corps de Michaël est incinéré et ses cendres sont dispersées au cimetière. Elle est ensuite conviée chez sa mère avec ses proches. La douleur de l’avoir perdu, au moment où ils se sont trouvés, la plonge dans une névrose gigantesque.

L’homme imaginaire, c’est le récit de cet amour platonique figé par la mort, que Cathy met en perspective avec sa dernière relation, qu’elle relate dans un journal, afin de garder sa mémoire intacte.

Lorsqu’elle rencontre Pat, Cathy a quarante ans et lui cinq années de plus. C’est un homme qui paraît, à première vue, sûr de lui, mais en réalité, c’est un angoissé chronique et un hypocondriaque, terrorisé par la mort et la maladie. Il est engagé, depuis au moins deux ans, auprès d’Alice et ne parvient pas à lui expliquer qu’il veut la quitter.

I

« Alice au Pays des Merveilles »

Noël 2017

« Bonjour !

Si tu lis ces lignes et que je ne te dérange pas trop (un 25 décembre !), je voudrais t’écrire tout le bien que tu me fais. Mais je ne trouve pas les mots ! J’ai veillé toute cette nuit. On dirait que tu n’as pas beaucoup dormi non plus. J’espère que tu vas bien.

Je ne sais même pas si je peux t’écrire sans risquer la catastrophe, mais je me jette à l’eau. Il est tôt, encore 7 h 15. »

Le 28 décembre 2017, 4 h 4

L’envie de t’écrire est plus forte que celle de dormir. Insomnie ? On appelle cela comme on veut… Moi, je pense juste que c’est la vie et qu’on existe qu’une fois. Alors, je suis mon cœur entièrement. Et j’essaye d’être en accord avec moi-même, d’être sereine. J’aurais tant de choses à te dire, pour le plaisir de les partager avec toi. Ce qui est grisant, c’est cette complicité que nous avons tous les deux. Cette faculté de se comprendre sans avoir besoin de faire un dessin.

C’est un sentiment que tu me fais vivre où mon impression de solitude dans ce monde s’estompe quelque peu, juste parce que tu existes et que tu penses à moi. Tu dors, je veille. Je t’ai loupé tantôt, mais je ne te raterai pas tout à l’heure. J’étais très fatiguée. Je t’imagine endormi et cela m’attendrit beaucoup. J’aimerais te caresser les cheveux doucement. Je ne veux pas te réveiller, alors je couche seulement quelques mots pour toi.

Tu es présent dans mon cœur sans que cela t’engage à quoi que ce soit. J’ai besoin de mon autonomie, car ma liberté est garante de mon bien-être, je le sais. Peut-être parce qu’on a trop essayé déjà de m’en priver.

Ce qui est précieux ici, c’est la confiance spontanée que je te donne et que tu m’offres aussi. Cette conviction que l’autre te veut du bien. Cette pensée que tu me comprends, quels que soient mes choix, car avant tout, il y a du respect entre nous.

Et j’ai envie de toi ! Fort ! Envie de poser ma main en bas de ton ventre, précisément. Ce que je ne manquerai pas de concrétiser, si tu veux aussi. Parce que j’ai plein d’idées pour te stimuler là. Je rêve que tu poses tes mains sur mes seins et que tu me fasses ce que tu aimes, car tu le fais si bien. Oui, je vais aller dormir maintenant. Juste encore le temps de te dire que je t’aime. J’ai hâte de te voir. Ce sont des moments magiques qui vont arriver, parmi les plus beaux du monde.

Exténuée par un sommeil troublé, Cathy entame l’écriture de ce journal, poussée par le besoin de vouloir comprendre des émotions qui la bousculent et qui, trop souvent, la dépassent. Elle y consigne notamment, ses conversations avec Pat pour ne rien oublier de leurs échanges :

PAT : Tu mets du soleil dans mon cœur !

CATHY : Dis-moi, Pat, Alice ou pas Alice ? Tu es en plein dilemme ? Comment tu résumerais la situation avec elle ? Moi je suis pour la préservation des couples qui s’aiment.

— Pas envie de parler d’elle.
— Tu vois ? Moi non plus, en fait. Je ne sais pas ce qu’elle vient faire sur le tapis, justement. Comme cela, tu peux constater qu’il n’y a pas de tabous. Écoute, je ne l’oublie pas, Alice. Je sais qu’elle existe et qu’elle compte pour toi. Elle est dans ton cœur, et sûrement qu’elle le mérite. Respect. Dois-je en savoir plus ? Tu m’as dit toi-même avoir assez de bons amis pour te soutenir. Je suis là aussi, mais je comprends que je suis mal placée. Je serai toujours ouverte au dialogue, quel que soit le sujet, avec toute la sincérité dont je suis capable. Le retour à la réalité est nécessaire, même s’il peut sembler brutal. Toutes les bonnes choses ont une fin. Sois très prudent parce que je ne voudrais pas servir de prétexte à vos disputes et amplifier un problème dont, comme tu dis, je ne suis pas responsable. Attention à ne pas tout mélanger. On peut toujours freiner toi et moi : je serai toujours ton amie. C’est déjà une chance de te connaître.

Cathy prend du recul régulièrement face à une situation qu’elle n’a pas choisie et dans laquelle elle se trouve embarquée, malgré elle. Elle marque soigneusement ses réflexions qu’elle adresse à Pat, page après page, comme pour se convaincre que cette relation n’est pas inutile.

Le 28 décembre 2017, 19 h 40 (Suite)

« Dans l’absolu, si tu te sépares d’elle, je ne sais pas si je voudrais d’un couple. Le fait est que couple ou pas, tu peux avoir confiance en moi. Je n’ai pas besoin de cela pour être entière. La priorité, c’est que personne ne souffre de cette situation. Le temps que tu réalises ce que tu veux vraiment : recoller les morceaux avec Alice ou continuer sur ton chemin ? Toi seul sais ce que tu veux pour être serein, en paix avec toi-même et en accord avec ce que tu ressens. Tu as le droit d’être heureux. Ta vie t’appartient.

J’ai trop vécu cette impression d’étouffer dans un couple qui m’écrase et qui me rend malheureuse. Je préfère éviter. Mais un couple réussi reste un idéal, c’est sûr. Seulement, l’idéal, il n’est jamais atteint, comme l’objectivité ! On tend vers. Donc, si tu veux mon humble avis, c’est un sacré défi, le couple. Chacun sait ce dont il a besoin. Du moment que tu vis ce que tu as décidé et que ce n’est pas l’entité couple qui décide à ta place. Je ne parle pas d’Alice, je parle de la manière d’envisager une relation amoureuse. C’est au-delà.

Je pourrais te raconter d’autres exemples qui montrent que parfois, la vie nous dépasse et que nous ne contrôlons pas grand-chose. L’essentiel étant d’être honnête avec soi-même pour pouvoir encore se regarder en face.

C’est unique de vivre ceci. Je n’ai pas d’amant, par ailleurs, parce que ça ne m’intéresse pas. Avec toi, il y a une alchimie qui me fait vibrer et me pousse à ne pas passer à côté de ce sentiment qui me rend plus vivante. Cela me donne l’envie de te connaître plus avant. »

Le 4 janvier 2018, 5 h 23

« Tu m’ouvres toutes les portes sur le monde du plaisir et du partage : mes sens sont complètement éveillés par tant de simplicité. Je sais ce que tu me fais, partout, aussi bien spirituellement que physiquement. Je te laisse respirer et peut-être me comprendre.

Tu te sens mal ? Je comprends. Ça prouve que tu n’es pas un salaud. Ce que je savais déjà. C’est vraiment difficile à gérer. Je ne sais pas si c’est la première fois pour toi que tu es confronté à cette situation.

Notre rencontre est très belle. Et je sais qu’on peut s’aimer par-delà l’égoïsme et la volonté de posséder l’autre.

Te voir être toi, sans barrières et sans limites, c’est magnifique. Tu es libre d’aimer et de choisir, pour toi, ce que, et ceux dont, tu as besoin pour être heureux. Tu es le seul à le savoir.

Être ensemble comme toi et Alice et vouloir prendre soin l’un de l’autre ne signifie pas être le parent de l’autre !

Ce serait bien, sans vouloir jouer les thérapeutes de couple, que vous éclaircissiez vos problèmes, pour y voir clair.

OK l’ami, on a beaucoup à parler encore. Si je peux t’aider, je serais toujours là, même pour ton couple, sincèrement. Je ne suis pas dans ta vie pour foutre le bordel ! Mon âme doit se débarrasser de ses défauts aussi et tu m’en donnes la possibilité.

Tu es très gentil. Tu peux te faire confiance. Alice ne peut que t’entendre si elle ouvre son cœur parce que le tien est pur. Personne n’a le droit d’être méchant avec toi. Tu n’es pas un égoïste. »

Plus tard, au beau milieu de la nuit

« Haut les cœurs ! Et bonjour mon ami. Encore vivant ce matin ? Quelle chance ! Il est 3 heures et j’ai l’impression de ne pas avoir sommeil. Mon cerveau est trop en ébullition.

Du coup, c’est du temps là et je réfléchissais aussi à toi et à ton couple, parce que comme toi, je ne suis pas égoïste. Alice est sûrement super pour que tu sois amoureux d’elle. Avec ses défauts et ses qualités, comme tout le monde. Je ne veux pas lui porter préjudice. Je me dois de la respecter, si tu l’aimes, même si cela ne va pas de soi. Je cherche à te comprendre et non à profiter de la situation.

Le fait est que “vous” avez des problèmes de couple, pour x (enfant ?) ou y (vivre ensemble ?) raisons qui sont propres à votre histoire, à votre relation.

Je t’écoute, tu sais et je t’entends lorsque tu m’exprimes ton désarroi. Je ne suis pas une spécialiste, mais j’en connais un rayon sur le couple, d’expérience. Alors voilà, peut-être que, toi et moi, nous nous sommes rencontrés pour que je partage mes connaissances et ma sagesse sur le sujet des relations homme-femme.

Je me dis que tu es en détresse dans un couple en difficulté, malgré ta volonté de le préserver. Et que ce n’est pas un hasard que nous nous soyons trouvés. Il y a forcément de bonnes raisons à cela. La plus évidente, selon moi, c’est que je peux t’aider, en tant qu’amie, à sauver ton couple, en te donnant des clés pour communiquer avec elle.

J’ai appris à m’exprimer, sur le tas, moi qui étais une enfant extrêmement renfermée. J’ai compris avec le temps, seule, comment penser librement. Donc, je peux te l’expliquer.

Dire son ressenti, ce n’est pas facile, mais quand on essaye, on se rend compte à quel point cela soulage, soigne et même guérit. Parler, c’est exister, dialoguer, c’est s’apprivoiser, se comprendre, c’est apprendre à se connaître l’un et l’autre ; pour savoir face à quelle sensibilité on a affaire !

Alice est une femme comme une autre, avec la bosse des maths. Je ne la connais pas et je n’ai aucune idée de son passé non plus, à la différence de toi. On peut en parler, j’y suis ouverte. Tu peux aussi y réfléchir, seul ou avec tes amis. J’essaye de prendre de la distance avec mes émotions. Je ne souhaite rien d’autre que ton bonheur et ta tranquillité.

Alors, sache qu’il y a une méthode de communication particulièrement efficace. Rien n’est gagné, mais cette technique de dialogue permet, quand on la maîtrise, de rétablir l’équilibre entre deux personnes. Le but étant de parler d’être à être, en relation, et d’annihiler toute forme de rapport de force. Dans un couple, si l’un se met à dominer l’autre et que les deux ne sont pas sur un même pied, alors c’est une souffrance et une prison.

Pour désamorcer les conflits, utilise la métacommunication ! C’est quoi ? Métacommuniquer, c’est communiquer sur la manière dont on se parle. Il me semble – mais je peux me tromper – qu’Alice a toujours raison soi-disant. Ce n’est ni normal ni sain.

En parlant sur comment on discute et finalement sur pourquoi on se dispute, on fait avancer le schmilblick. Et on empêche le conflit de se déclencher ou on l’arrête s’il a déjà commencé, genre : “Je peux savoir pourquoi tu cries sur moi ?” Ça calme tout de suite le jeu.

Pour être claire, la métacommunication, c’est ce qui contextualise un message et aide à la compréhension d’une discussion.

C’est important de t’en parler parce que si tu veux être heureux dans ton couple, il n’y a pas trente-six solutions : vous devez parler, parler, parler. Bonne chance ! J’imagine que j’aurai des nouvelles de toi encore demain, mais tu es fort occupé, à ce que j’ai compris. Qui sait si tu auras le temps de venir me voir. Sinon, la semaine prochaine va être longue. C’est la vie ! Je t’embrasse. Je serai toujours là pour toi. »

Parfois, Cathy reprend dans son journal des bribes de conversations avec Pat…

Le 6 janvier 2018, 1 h 18

CATHY : Allez ! Ta belle t’attend ! Je me retrouve au milieu de vous deux. Je ne réalisais pas bien. Il n’y a pas de conflit, en fait. Vous avez besoin de dialoguer. Je ne comprenais pas à quel point elle est importante pour toi.

PAT : Je l’aurais quittée depuis longtemps, alors ! Je t’ai toujours dit que je l’aime.

— C’est juste une relation compliquée : chacun campe sur ses volontés. Je peux t’aider, sans te faire culpabiliser. Finalement, si je ne pense qu’à elle, ça devrait aller. Écoute, c’est difficile, quand même car si je pense à moi, j’ai envie que tu me fasses l’amour chaque jour de mon existence. Mais voilà, je dois me faire une raison.
— Je ne pense pas vouloir la perdre sans avoir tout essayé.
— C’est bien ce que je comprends. Tu ne peux pas continuer à la tromper ? Je ne sais pas. Moralement, ce n’est pas bien. Éthiquement, je te respecte entièrement. C’est pour cela que je dois te prévenir en toute amitié si elle est sincère. Tu en penses quoi ?
— Que l’on doit rester amis, mais je resterai tendre. Mes bras ne peuvent pas se passer de toi.
— Si tu m’as trop sur la conscience et que tu culpabilises, tu pourras toujours te soulager en disant à Alice que tu as failli la quitter, mais que tu restes, quand même, avec elle. C’est la vérité et c’est une preuve d’amour.
— Je ne veux pas t’abandonner, tu es mon amie. Tu es dans mon cœur !
— Super ! Excuse-moi, je suis triste.
— Tu m’en veux ?
— Ce n’est pas ta faute. Tu te cherches. On s’est juste croisés et tu ne me dois rien. C’était une superbe aventure pour moi. J’ai besoin de tes bras aussi, tu sais. Mais pas égoïstement, je n’en ai pas le droit. Tu vas me manquer, c’est sûr. Fais-moi signe quand tu veux de mes nouvelles ou me parler. Je te l’ai dit, je serai toujours là, si tu veux de moi. Tu es une belle personne. Change la donne avec Alice, il est encore temps, peut-être. Place tes limites. Et dis non quand tu sens que tu es infantilisé. Tu es un homme, c’est indiscutable. Grand, mais fragile.
— Tu es une femme surprenante, douce, intelligente, attentionnée et jolie.
— Je ne suis pas insensible. J’aurais dû me douter de la tournure des événements. Maintenant, la suite me regarde et, comme convenu, je n’attends rien en retour. Je t’embrasse et je pense, encore et toujours, à toi. Pourquoi en serait-il autrement ?
— Moi aussi, mon chaton.
— Tu as réveillé en moi des émotions qui étaient dans le coma ! Et, quoi qu’il se passe, je t’en suis reconnaissant. Ressentir tout cela, c’est déjà énorme.
— La trahison serait de tout dire à Alice, pour m’avoir ou par tristesse.
— Je ne suis pas un monstre. Et ce n’est pas seulement pour elle, mais surtout pour toi et ta sécurité affective. Je ne voudrais pas qu’elle puisse me reprocher quoi que ce soit. Est-on coupable d’aimer ? On est coupable de mal aimer, ça c’est certain. Ce n’est pas ton cas. Tu n’as pas à te reprocher de rester vivant. Vous êtes, tous les deux, responsables de l’état de votre relation, pas l’un plus que l’autre. On peut toujours recoller les morceaux, si on estime que cela vaut la peine… ou le coup.
— Je sais, mais je ne t’ai jamais fait de promesse… Du genre, si je suis célibataire, je me mets en couple avec toi !
— C’est comme ça que tu me blesses. Je pense l’avoir compris, même si tu crois le contraire.
— Pardon, je ne veux juste pas que tu souffres et que tu m’attendes, inconsciemment. J’ai peur de te faire du mal.
— Foutre ta vie en l’air ne servirait à rien, on est bien d’accord là-dessus. J’ai un bolo prêt et frais, si jamais tu as faim et que tu aimerais passer.
— Amène tout !

Par la suite

CATHY : Vraiment, tu es tout gentil et tellement sensible, c’est vrai. Dis-toi que je suis vraiment comme un petit chat. Te blesser est la seule chose que je redoute. Je préfère me blesser moi. Cette soirée, c’était un cadeau de toi et de la vie.

PAT : Je réalise seulement que tu es venue ici, dans mon intimité.

— Tu m’as toujours compris la plupart du temps et tu ne m’as jamais jugée. Parce qu’avant de désirer l’homme que tu es, j’ai rencontré un ami en toi. C’est sûrement plus précieux que le cul, c’est sûr !
— J’espère qu’un jour, on fera un dodo à deux, blottis sagement.

II

Prisonnière de l’enfer

Durant l’été 2018, à bout, Cathy se retrouve à nouveau colloquée. Que s’est-il passé ? Pat contacte un jour sa psychiatre et puis se casse. La gendarmerie débarque, en trombe dix minutes après son coup de fil. S’en suivent pour elle : arrestation, prison, violences policières et transfert en psychiatrie fermée. Cathy fugue plusieurs fois. Son traitement médicamenteux est modifié et les psychiatres décident de prolonger son enfermement pendant environ cent vingt jours. Cathy se confie dans son journal, en s’adressant à Pat.

« J’ai fini par partir en psychose. J’étais déjà très fragilisée et dans un état précédant le pétage de plomb susceptible de se déclencher à la moindre émotion trop forte. De plus, j’avais stoppé les médicaments que je suis obligée de prendre pour gérer cette maladie mentale invisible, la maniaco-dépression qu’on a diagnostiquée dans ma jeunesse.