L’innocence sacrifiée - Céline Jacobs - E-Book

L’innocence sacrifiée E-Book

Céline Jacobs

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Beschreibung

À un jeune âge, Céline Jacobs a été victime d’attentats à la pudeur. Elle a courageusement dénoncé ses agresseurs plusieurs années plus tard. Cependant, sa souffrance a été minimisée et elle a été injustement placée en institution psychiatrique sans bénéficier d’un procès équitable. Ce récit dépeint l’injustice qui a entouré cette période troublante de sa vie. Il met en lumière une société où la violence et l’exploitation de la vie sont malheureusement trop présentes, tout en explorant un équilibre fragile et poignant, tout comme les mots qui se déroulent à travers les pages de son existence…

À PROPOS DE L'AUTRICE

Céline Jacobs prend la plume pour mettre les mots sur ses maux. Avec "L’innocence sacrifiée", elle partage son expérience en mettant en lumière les failles d’une société en décadence, où l’exploitation violente de la vie humaine est trop souvent tolérée.

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Céline Jacobs

L’innocence sacrifiée

L’hébéphilie démasquée

© Lys Bleu Éditions – Céline Jacobs

ISBN : 979-10-422-0824-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Merci à tous ceux qui ont cru en moi et m’ont, ainsi, donné la force d’écrire ces mots.

Retour à soi

Ce tout premier texte autobiographique du manuscrit est écrit à la troisième personne. Il m’a fallu ce cheminement pour réussir à prendre du recul sur mon histoire et enfin parvenir à me la représenter afin de prendre conscience de ce qui est arrivé.

Cathy est née à la fin des années septante. Prématurée de deux mois, elle apprend dès ses débuts dans la vie à lutter contre l’adversité. Atteinte d’une grave broncho-pneumonie et d’une jaunisse « carabinée », elle passe six semaines en couveuse entre la vie et la mort. La petite Cathy est sauvée de justesse.

Ce bébé est emmené à six mois en Afrique centrale, au Burundi d’abord puis au Zaïre (RDC), dans les capitales, pour y vivre sa petite enfance. Elle grandit dans un environnement magnifique, malgré une ambiance familiale difficile, jusqu’à ses huit ans, élevée par une autochtone.

À cet âge-là, elle est soudainement ramenée en Belgique. Cathy restera choquée par ce déménagement, accompagné de l’annonce brutale du divorce de ses parents. Elle dira plus tard :

« Je suis ce qu’on appelle une déracinée. Je passerai des années à me chercher pour identifier mes origines. »

Pendant l’adolescence, dès ses 14 ans, la jeune fille devient une proie facile pour les dangereux prédateurs qui rôdent… Elle est abusée sexuellement par des proches de sa famille. Violée, isolée et renfermée ; elle est de plus en plus seule, névrosée par la violence et la honte.

Malmenée par la vie à Bruxelles, elle se trouve vite confrontée à des difficultés insurmontables. Elle avale alors un grand nombre de médicaments de la pharmacie, dans un geste de survie, pour échapper à la morosité et change le cours de son destin. Elle se réveille à l’hôpital où les médecins lui ont effectué un lavage d’estomac pour la sauver. Ensuite, elle décide de quitter la maison familiale où elle ne supporte plus d’être confrontée au nouveau mari de sa mère, un beau-père colérique. Recueillie par les parents de deux camarades d’école. Elle redouble sa quatrième secondaire, car elle ne comprend plus rien au cours de mathématiques et ne supporte plus d’être obligée de rester dans une école catholique qui la fait se sentir « comme un lion en cage ». De toute façon, elle est virée ou en tous cas, « priée de ne pas revenir ». Cathy est soulagée de partir de là.

Orientée par la suite dans un établissement de préparation au jury central, elle accepte le défi de passer les trois dernières années de ses humanités en une. Dans cette école privée, elle rencontre Mike, dont elle tombe éperdument amoureuse. Mais ce jeune homme, hors du commun, décède accidentellement avant la fin de l’année, fauché sur l’autoroute par un camionneur ivre.

À la surprise générale, elle réussit sa session et s’inscrit à l’université, un an avant ceux de sa génération, en faculté de Philo et Lettres.

Elle explique : « J’entre ensuite à l’université et, au bout de six ans, je deviens journaliste. Juste après mes études, vers 23 ans, je décide de me changer les idées en suivant un groupe avec lequel je prends des drogues illicites pour échapper au mal-être qui me ronge. »

Rapidement, Cathy fait une « overdose » et traverse un épisode difficile de remise en question qui l’entraîne à l’hôpital psychiatrique non sans subir une arrestation musclée, pour « Trouble de l’ordre public ». Colloquée sans en comprendre les causes, elle sombre dans le désespoir. Elle témoigne de ces années-là :

« Les psychiatres me diagnostiquent une maladie mentale, la bipolarité grave et me droguent avec d’autres médicaments (neuroleptiques, anxiolytiques, somnifères, antidépresseurs, etc.) encore bien plus forts que ceux qui m’avaient soi-disant conduite dans cet asile. »

Complètement perdue, Cathy s’en sort trois mois plus tard et se réfugie chez Daniel, une connaissance, qui l’accueille dans sa maison. Elle y restera huit ans.

« De fil en aiguille, Daniel et moi commençons à sortir ensemble. Toute ma jeunesse – cette période où on est censé profiter de ce temps où toutes les opportunités sont offertes pour se construire et devenir adulte –, je resterai cloîtrée avec lui. »

Malheureusement, avec son traitement aux antipsychotiques inadapté, elle n’arrive pas à s’en remettre. Elle lutte pour s’en sortir, mais les neuroleptiques lourds empêchent sa volonté d’y voir clair. Les médicaments sont inefficaces à réveiller sa conscience, au contraire, ils empêchent toute introspection et Cathy le sait :

« Inconsciemment, je loupe des prises, comme pour échapper à cette camisole chimique qui me lave le cerveau et me rend catatonique. »

Mais l’accoutumance à ces cachets la condamne à les prendre au risque de paraître psychotique aux yeux des psychiatres lorsque, en colère, elle manifeste son sentiment d’injustice.

Daniel a un passé très lourd. Il a trente-trois ans et elle, vingt-trois. Lui aussi reste traumatisé par un événement tragique dont il ne peut se relever : sa sœur a été assassinée tandis qu’il était un jeune adolescent. Vingt ans plus tard, il reste prisonnier de ce choc qui le paralyse. Mais Cathy veut croire en cette relation et s’obstine à rester auprès de lui pour le réconforter.

« Pendant ces années, je ferai une dizaine d’aller-retour à l’hôpital, enfermée dans des murs de béton, loin des horizons de l’Afrique. »

Daniel se lasse, impuissant à l’aider et trop occupé à soigner ses propres blessures tandis qu’elle se noie dans des problèmes qu’elle ne parvient même pas ni à discerner ni à exprimer clairement. Elle s’ennuie et le temps passe inéluctablement, lentement mais sûrement. Elle ne perçoit plus aucun sens à rester, mais n’entrevoit aucune issue. Cathy est enfermée, à nouveau, en psychiatrie ; révoltée, elle passe pour la victime d’une nouvelle pseudocrise qui la bloque deux ans dans l’enfermement, cette fois-là. Suite à cet épisode, ils se séparent.

Au cours de cet internement, Cathy vit les nombreux abus d’autorité du personnel qui, de toute façon, ignore ses déboires. Les employés pensent à toucher leur salaire en fin de mois et font office de « matons » cherchant juste à faire régner une discipline de fer.

C’est pendant ce temps-là qu’elle vivra un nouveau choc…

Immolation en contention

J’étais internée depuis quelques mois déjà en psychiatrie, chez les adolescents, quand les responsables ont décidé de me transférer dans un autre service de l’hôpital. Dans cette section, je disposais d’un peu plus de liberté, du moins, c’était ce que je croyais.

Les deux premiers jours, j’ai pu circuler, aller et venir où je voulais. Le troisième jour, on me dit :

« Vous allez rencontrer votre infirmière de référence. Elle va arriver, attendez ». Après une heure de patience, je décide de sortir quelques minutes pour fumer une cigarette. Je venais à peine de l’allumer quand, soudain, trois infirmiers – dont la personne que je devais voir – se jettent sur moi et me maîtrisent violemment pour m’emmener, illico presto, en chambre de contention, le fameux « cabanon »… Je me suis demandé : « Mais qu’est-ce que j’ai fait ? ». Je n’ai plus rien compris… J’étais gentiment allée faire un petit tour dans le jardin, sans que personne ne m’en empêche et je me retrouve prisonnière dans une pièce, traitée comme une criminelle.

Les infirmiers essaient de m’obliger à prendre un médicament. Je le refuse tellement son goût est amer, mais ils décident alors de me l’injecter avec une piqûre dans les fesses. Puis, ils m’attachent sur le lit, bras et jambes écartés, immobilisée par des sangles aux poignets et aux chevilles. Tout ça pour une clope ? Ensuite, ils me laissent seule, éberluée de tout ce qui arrive.

J’essaie de me libérer, mais les lanières sont trop serrées. J’arrive, quand même, à dégager ma main droite et je découvre que j’ai toujours mon briquet dans la poche de mon pull ! Pourtant, on avait bien pris soin de m’enlever tous mes bijoux, ma ceinture, mes clés, etc., bref tout objet susceptible de me blesser ou de m’aider à me libérer. Mais ils m’avaient laissé mon feu ! J’ai été surprise de le trouver, mais je me suis dit que c’était là le seul moyen de sortir de la position humiliante dans laquelle je me trouvais maintenue. J’ai d’abord poussé, méticuleusement, le drap qui me recouvrait le plus loin possible et avec ce fameux briquet « oublié », je l’ai enflammé. L’incendie s’est déclaré de manière spectaculaire.

Directement, j’ai crié « Au feu ! », mais personne n’arrivait. Alors, j’ai hurlé et le temps que je me demande si j’allais mourir brûlée vive, les deux infirmiers de garde sont apparus. L’un s’est occupé de me détacher au plus vite tandis que l’autre essayait de faire fonctionner l’extincteur. J’étais sortie de là, soulagée et fière de moi.

Le cabanon a été saccagé, ravagé et, même, sinistré par l’incendie. J’ai couru jusqu’à une chambre de l’unité ou j’ai planqué le briquet sous un lit, sur un sommier puis je me suis retrouvée face à la police et aux pompiers qui me cherchaient. J’ai levé les mains en l’air en disant : « Je me rends ! ».