L’île des dragons - Charlotte Bonetto - E-Book

L’île des dragons E-Book

Charlotte Bonetto

0,0

Beschreibung

Croyez-vous en l’inexistence des dragons ? Cette conviction, partagée par Alaric et Benjamin, est bouleversée par une rencontre surprenante avec un bébé dragon blessé au cours d’une randonnée en montagne. Stupéfaits, les deux amis le ramènent chez eux pour le soigner. Seulement, leur destin prend un tournant inattendu lorsqu’ils sont enlevés par un groupe et transportés vers une île mystérieuse, un sanctuaire secret dédié à ces créatures mythiques. Contraints d’y rester afin de préserver leur existence confidentielle, Alaric s’émerveille de ce nouvel univers tandis que Benjamin éprouve des difficultés à s’adapter.


À PROPOS DE L'AUTRICE


Depuis sa jeunesse, Charlotte Bonetto voue un intérêt particulier aux dragons et rêve de les intégrer dans ses récits. Après avoir écrit trois livres, elle présente L’île des dragons, qui explore ses propres races de dragons. Elle met en avant une approche unique en décrivant ces créatures, non pas comme une menace, mais comme une espèce à préserver.

Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:

Android
iOS
von Legimi
zertifizierten E-Readern
Kindle™-E-Readern
(für ausgewählte Pakete)

Seitenzahl: 227

Veröffentlichungsjahr: 2023

Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:

Android
iOS
Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.


Ähnliche


Charlotte Bonetto

L’île des dragons

Roman

© Lys Bleu Éditions – Charlotte Bonetto

ISBN : 979-10-377-9757-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Chapitre 1

La rencontre

Cela devait faire à peine une demi-heure qu’ils marchaient, mais Alaric entendait déjà Benjamin se plaindre. Il faut dire que la randonnée était loin d’être le passe-temps favori de son ami. Et la marche non plus d’ailleurs. Ce qui était assez étrange, car il était issu d’une famille de militaires. Lui, ce qu’il aimait, c’était rester chez lui, dans sa chambre, à faire ses vidéos pour les poster sur YouTube et tenter de devenir célèbre.

Or, si Alaric pouvait tolérer cette activité pendant quelques heures, rester des jours assis devant un écran, ce n’était clairement pas sa tasse de thé. Il avait donc tenté d’emmener son meilleur ami faire quelque chose qu’il appréciait plus.

En effet, Alaric n’était pas comme les autres jeunes de son âge. À dix-sept ans, il préférait les sorties dans la nature. Il avait donc revêtu ses vêtements de sport et avait récupéré le sac de randonnée de son père qu’il avait rempli d’affaires de survie ainsi que de nourriture et d’eau.

« Sérieusement Al’ ! S’il te plaît, on peut pas juste faire une pause ? »

La voix épuisée de Benjamin retentit, encore plus loin que la dernière fois qu’il avait tenté d’arrêter son ami.

C’est donc avec un soupir profond qu’Alaric stoppa sa montée de la pente et se retourna vers le dénivelé. Benjamin semblait vraiment peiner à le suivre. Il faut dire que ce n’était pas vraiment un jeune sportif. Il mit plusieurs minutes à le rejoindre et, lorsque ce fut le cas, il s’écroula au pied d’un arbre en gémissant.

Amusé, Alaric sortit de son sac une gourde d’eau qu’il tendit à son ami.

« C’est bon Benji, on a commencé il y a à peine trente minutes.

— Seulement ? s’exclama l’intéressé après avoir bu. J’ai l’impression que ça fait des heures !

— Allez, tu verras, d’après mon père, on a une super vue de là-haut.

— Tout en haut ? s’étrangla Benjamin en levant la tête vers le sommet de la pente.

— Eh oui. »

Même si son ami avait vraiment l’air épuisé et désespéré, Alaric ne pouvait s’empêcher de sourire. Il savait depuis le début que cette sortie ne plairait pas à Benji, mais il savait aussi que son ami était trop proche de lui pour ne pas essayer de lui faire plaisir.

Benjamin et lui étaient amis depuis des années, depuis qu’ils étaient à la maternelle d’ailleurs. Et c’était vrai que, généralement, c’était Benji qui décidait de ce qu’ils faisaient, Alaric étant plutôt effacé. Alors, pour une fois, le jeune homme avait tenté d’imposer son choix et son ami avait accepté, non sans le prévenir qu’il le ralentirait.

S’il était vrai que la présence de Benjamin le ralentissait, lui qui avait l’habitude de marcher plutôt vite, il ne critiquait pas son ami qui avait fait l’effort de le suivre.

« Allez Benji, fais encore un effort, il y a un premier point de pause dans pas longtemps.

— Et après on pourra repartir ?

— De toute façon, je ne pense pas qu’on pourra aller très loin si le vent ne se calme pas. »

En effet, s’ils étaient relativement protégés par les arbres qui entouraient le chemin qu’ils gravissaient depuis trente minutes, il y avait un vent fort qui soufflait sur le flanc de la montagne. Alaric pouvait sentir la puissante brise faire vibrer les branches des arbustes.

Le sentier qu’ils avaient choisi sortait de la forêt après le premier point de pause dont Alaric avait parlé. S’ils voulaient continuer, ils devraient le faire en supportant le vent et ça, le jeune homme était presque sûr que Benjamin ne le pourrait pas.

Il releva donc son ami qui était toujours par terre et lui adressa un sourire rassurant.

« Allez, on monte jusque-là haut, on regarde un peu la vue et, si ça souffle trop, on rentrera.

— Cool. Je préviens ma mère pour qu’elle vienne nous chercher !

— Attends qu’on soit en haut, si ça se trouve, ça va peut-être se calmer entre temps.

— Quoi ? Ah non, hein ! Tu me fais pas ce coup-là !

— Allez, rigola Alaric. Un peu d’effort, tu pourras faire une belle photo une fois là-haut. »

Avec un lourd soupir, Benjamin se remit à marcher et son ami se plaça derrière lui pour le pousser et s’assurer qu’il ne s’arrêterait pas. Il ne put cependant pas l’empêcher de ralentir, car la pente s’accentuait encore. Ils mirent donc pas mal de temps à atteindre le fameux point de pause.

Il s’agissait d’une large place plate, au milieu de la forêt, entre les arbres, qui permettait de révéler le paysage : un panorama plongeant sur la vallée.

Satisfait, Alaric posa son sac pour s’approcher du point de vue et admirer la vallée. Benjamin le rejoignit après avoir repris son souffle et sortit immédiatement son téléphone pour poster la photo sur les réseaux sociaux.

Après en avoir pris plein les yeux, Alaric se tourna vers le reste du chemin. Depuis le début, il avait choisi un sentier moins fréquenté par les randonneurs, car il ne voulait pas qu’on les dérange. Les habitués des balades en forêt ne choisissaient plus ce parcours, car il était assez mal placé en comparaison avec d’autres chemins bien plus spectaculaires. De ce fait, la nature commençait à reprendre ses droits sur la piste et le point de vue.

Devant lui se dressait donc un sentier à moitié envahi par la végétation. Il montait cependant le long du flanc de la montagne. S’il n’avait pas eu Benji avec lui, Alaric n’aurait jamais hésité à continuer, mais il sentait que son ami ne supporterait pas de progresser entre les ronces.

Et effectivement, dès que Benjamin eut fini de faire des photos et qu’il se tourna vers son ami, il prit la parole, d’une voix déjà désespérée.

« T’as pas l’intention de continuer hein ? S’il te plaît… »

Alaric soupira. Évidemment, son ami n’avait pas la motivation de continuer. Et malheureusement, il ne pouvait pas le forcer et continuer seul n’aurait pas le même goût.

Il était sur le point de lui dire qu’ils allaient rentrer, lorsqu’il vit soudain une forme d’un vert vif bouger dans un buisson à environ cent mètres de là. Intrigué, il s’avança d’un pas, entendant Benji réitérer sa demande. C’est alors qu’un gémissement plaintif se fit entendre.

Immédiatement, sans réfléchir, Alaric s’élança. Il avait peur qu’il s’agisse d’un randonneur blessé. Il s’empara de son sac, ayant de quoi effectuer les soins de base. Cependant, lorsqu’il arriva, il se figea.

Ce n’était pas un randonneur, c’était plus petit. Plus petit et couvert d’écailles. Il pouvait voir une partie du corps de cette chose et ça ressemblait bizarrement à un lézard géant. Même s’il avait une appréhension grandissante, Alaric se laissa lentement tomber à genoux. Il posa son sac et se pencha pour écarter les branches du buisson qui cachaient le haut du corps de la créature. Et là, il se passa quelque chose d’étrange : en voyant de quoi il s’agissait, Alaric se figea complètement.

La créature était un lézard géant, presque de la taille d’un chien, aux écailles vertes et au cou souple et plus long que celui d’un reptile habituel. Mais la chose la plus bizarre, c’était le fait que cette chose avait des ailes qui ressemblaient à celles d’une chauve-souris : membraneuses et articulées.

Visiblement terrorisée, la créature recula encore plus au fond de sa cachette. Elle tremblait et tenait son aile droite repliée contre son corps. Après les quelques secondes qui furent nécessaires pour qu’Alaric reprenne ses esprits, le jeune homme remarqua que la chose semblait blessée : sous son aile droite, des taches de sang étaient visibles.

Comprenant que cet animal avait mal et que c’était pour cela qu’il avait gémi, Alaric prit une décision en quelques secondes. Il releva donc la tête, cherchant Benjamin du regard. Il trouva son ami au même endroit où il l’avait laissé.

« Benji ! Viens ici tout de suite !

— Qu’est-ce qu’il se passe ? cria son ami.

— S’il te plaît, viens vite ! »

Heureusement, Benjamin avait assez confiance en Alaric et il rappliqua au triple galop. Il s’arrêta cependant en dérapant en arrivant, certainement surpris par ce qu’il voyait. Il pointa un doigt tremblant vers la créature, le regard écarquillé.

« C’est… c’est quoi ce truc ?

— Je sais pas, mais il est blessé. On doit l’aider.

— Quoi ?

— Approche-toi, j’ai besoin de toi. Cherche dans mon sac le spray désinfectant, les bandes et les compresses.

— De quoi… ?

— Benji !

— Ou… oui… »

Encore sous le choc, Benjamin s’approcha du sac de son ami et se mit à fouiller dedans, sortant des affaires diverses et variées comme des vêtements chauds, des gourdes, des barres énergétiques ou des cordes. Pendant ce temps, Alaric s’approcha pour tenter d’attraper la créature.

Malheureusement, celle-ci n’avait aucune envie de se faire toucher. Elle se mit à grogner, à fouetter l’air de sa queue. Cependant, cela permit de voir sa blessure : une sorte de morsure qui devait être celle d’un chien sur son avant-bras.

Voyant qu’il risquait de se faire déchiqueter les doigts, Alaric se tourna vers son sac pour s’emparer d’une paire de gants que Benjamin avait sortie avec le reste. Après avoir protégé ses doigts, le jeune homme s’empara de la créature, de façon plus assurée. Il l’attrapa par la base du cou et derrière les ailes.

Malgré l’agitation de la chose qui se remit à grogner et à gémir de douleur, Alaric le sortit de sous le buisson au moment où Benji parvenait à trouver la boîte de premiers soins. Il attira donc la créature contre lui et la bloqua contre son corps, coinçant sa tête et sa queue sous ses bras.

Alors que son ami lui tendait le spray désinfectant, Alaric décolla délicatement le bras blessé de la créature pour examiner sa blessure. Heureusement, elle semblait récente, car il n’y avait pas de signe d’infection et peu de poussière et de terre. Tandis qu’il s’emparait du spray, Alaric repensa à la seule personne qu’ils avaient croisée aujourd’hui : cette randonneuse avait un chien.

Ce pouvait-il que…

« Alaric… on dirait un… commença Benjamin.

— Je sais. »

Même s’il pensait la même chose que son ami, il avait du mal à y croire. Il préférait ne pas mettre des mots dessus pour le moment.

S’emparant du spray désinfectant, il aspergea la blessure avec. Immédiatement, la créature s’agita, gémissant et sifflant de douleur et de colère, mais également certainement de peur. Mais Alaric resta calme. Même s’il avait peur, Benjamin s’avança pour l’aider à immobiliser la tête de l’animal. Il enserra le museau de la créature de ses deux mains.

Pendant ce temps, Alaric serra sa prise sur l’animal et nettoya la plaie aussi efficacement que possible, avec des lingettes stériles. Les écailles de la créature étaient un peu un problème, mais il fit de son mieux. Une fois la plaie nettoyée, il récupéra la bande pour envelopper l’avant-bras, après l’avoir entouré avec une autre compresse propre.

Une fois cela fait, il fit signe à Benji de lâcher la créature. Immédiatement, celle-ci arqua son cou pour essayer de lui mordre l’épaule. Pendant que son ami reculait, Alaric se redressa et, après quelques secondes à attendre que le petit blessé le lâche, il ouvrir les bras pour le libérer.

Immédiatement, la créature alla se blottir sous son buisson, en grognant et en faisant des mouvements de gorge comme s’il tentait de recracher quelque chose. Malgré ces yeux reptiliens qui le fusillaient, Alaric ramassa son sac et recula.

La chose, une fois le jeune homme loin de lui, se mit à renifler son bandage. Il mordit un peu dedans, mais finit par se calmer. Il sortit la tête de sous son buisson, mais en voyant qu’Alaric et Benjamin étaient toujours là, il retourna se cacher en vitesse.

« Il attend qu’on parte, déclara Alaric.

— Quelle bonne idée ! murmura Benji.

— On ferait mieux de le laisser tranquille. »

En se tournant pour faire signe à son ami de le suivre, Alaric vit que Benjamin avait sorti son téléphone pour photographier la chose.

Sans réfléchir à nouveau, le jeune homme s’empara du bras du son ami pour le tirer loin du buisson où était cachée cette chose. Ils reculèrent jusqu’à retourner au point de vue. Alors que Benji faisait demi-tour pour retourner dans la pente, Alaric, lui, chercha une dernière fois du regard la créature. Juste avant de se retourner, il vit une silhouette vert vif s’enfuir en courant maladroitement vers la montagne.

Les deux amis descendirent la pente à toute vitesse, ou du moins, Benjamin descendait en courant. Alaric, lui, était encore sous le coup de ce qu’il avait vécu. En arrivant en bas, il apprit que son ami avait appelé sa mère pour qu’elle vienne les chercher. Ils durent cependant attendre une vingtaine de minutes qu’elle arrive.

Pendant ce laps de temps, ils ne dirent pas un mot. Alaric soigna rapidement sa morsure à l’épaule qui, heureusement, était légère. Ce ne fut que vers la fin, alors que Benji’ regardait son téléphone, que le jeune homme prit enfin la parole.

« Cette chose…

— On aurait dit un Dragon, murmura Benjamin en lui tendant son téléphone pour lui montrer la photo.

— Oui, j’y ai pensé…

— C’est… incroyable. Ces trucs sont pas censés exister pourtant.

— Non, les légendes ne viennent pas de nulle part. Elles ont bien une origine. Peut-être que les mythes se sont inspirés de ce qu’ils ont vu…

— Mais dans tous les cas, ils devraient avoir disparu depuis longtemps !

— Je sais… murmura Alaric en réfléchissant.

— On dirait que c’est un bébé, déclara Benji en examinant sa photo. Regarde, il est tout petit pour un Dragon.

— C’est certainement ça oui… »

Ils furent interrompus par l’arrivée de la mère de Benji.

Immédiatement, alors qu’elle se garait non loin de là, Alaric attrapa le bras de son ami. Il lui murmura de garder cela pour lui, ce à quoi Benjamin lui répondit par un regard surpris, mais en hochant la tête.

Pendant le trajet de retour, la mère de Benji leur demanda comment avait été leur balade. Alaric répondit en disant que son ami avait eu trop de mal à le suivre, alors, ils avaient décidé de rentrer. Heureusement, cela correspondait suffisamment au comportement de Benjamin pour que sa mère ne voie rien d’anormal là-dedans.

Alors que la voiture arrivait dans leur quartier, Alaric fit discrètement signe à son ami de lui envoyer la photo. Benji et lui vivaient dans le même coin de la ville, à quelques maisons l’un de l’autre. Aussi, la mère de Benjamin déposa d’abord Alaric chez lui.

« On s’appelle », déclara celui-ci en sortant de la voiture.

Et il rentra ensuite chez lui.

Il fut accueilli par le silence habituel de sa maison vide. Son père travaillait toute la journée comme aide-soignant depuis la mort de sa mère, décédée en donnant naissance à son fils.

Toujours sous le choc de ce qu’ils avaient rencontré, le jeune homme alla machinalement ranger les affaires du sac de randonnée de son père dans le garage. Lorsque tout fut à sa place, il reçut enfin l’appel de Benji.

« Salut…

— Al’, c’est complètement fou ce qu’on a vécu là-haut !

— Je sais…

— Je vais faire un malheur avec cette photo. J’imagine même pas le nombre de vues que je vais faire ! »

La voix de Benji était excitée, comme s’il avait complètement oublié qu’il avait paniqué lorsqu’il avait vu la créature.

Étrangement, cela énerva Alaric : cette chose n’était pas une attraction. C’était un vrai être vivant, blessé de surcroît. Une créature qui ne devrait pas exister en plus.

« Benji… je pense que ce n’est pas une bonne idée…

— Tu plaisantes j’espère ! Je vais enfin devenir célèbre avec ça ! Enfin, on va devenir célèbres bien sûr !

— Benjamin. Non. Ce… bébé Dragon, je ne pense pas qu’on devrait dire qu’on l’a croisé.

— On l’a pas seulement croisé ! Tu lui as sauvé la vie !

— J’ai juste fait un bandage à sa blessure…

— Ouais, mais, dans la nature, une plaie peut s’infecter et tuer un animal, n’est-ce pas ? C’est toi qui me l’as appris.

— Oui… mais…

— Bon écoute Al’. C’est la chose la plus incroyable qui nous est arrivée ! On peut pas passer à côté !

— …

— C’est d’accord ?

— Je persiste à dire que c’est pas une bonne idée… »

Malheureusement, rien ne put convaincre Benjamin.

Alaric refusa cependant de participer à la vidéo où il allait expliquer ce qu’ils avaient vécu. Pendant que son ami se préparait certainement à tourner, le jeune homme, lui, se rendit sur Internet pour chercher des informations sur les Dragons. Malheureusement, il ne trouva que de faux témoignages ou des photos truquées. Même si certains avaient un côté véridique, ils étaient toujours immédiatement dénoncés par des utilisateurs qui disaient que c’était du fake.

Il finit cependant par trouver une photo, dans un site obscur, d’un Dragon aux écailles rouges, très semblable à la photo que Benjamin avait envoyée à Alaric. Tous les deux avaient un corps relativement svelte, avec quatre pattes agiles et une longue queue souple. Ils avaient deux cornes sur l’arrière du crâne, plus longues du côté du Dragon rouge qui était certainement plus âgé. Ils avaient des barbillons épineux sur les joues et l’arête des pattes. Enfin, ils avaient une pointe de flèche au bout de la queue.

La photo du Dragon rouge était floue, comme si on l’avait prise dans la panique. Il était immortalisé, ailes déployées, comme s’il allait décoller. Il était posé sur le toit de ce qui ressemblait à une église abandonnée. De ce que pouvait juger Alaric, il devait mesurer au moins trois à quatre mètres de haut.

Sur le site, créé visiblement depuis un bout de temps par une personne qui faisait des visites de villes et villages médiévaux, la date indiquait qu’il avait vu cette chose il y a deux jours. Du moins, la photo sur le site datait d’il y a deux jours.

Pour garder une trace, le jeune homme imprima la photo. Il était en train de récupérer l’image dans l’imprimante lorsque son ordinateur lui signala qu’il y avait un problème. Il retourna donc en vitesse devant son écran et découvrit que le site avait été supprimé.

Surpris, Alaric se recula sur son siège, après avoir tenté de réactualiser la page et même de la retrouver sur une autre fenêtre. Il n’avait pas rêvé cette image, puisqu’il avait une photo imprimée de celle-ci.

Incapable de réfléchir, il resta un bon moment sans bouger jusqu’à recevoir un message de Benjamin. Il lui avait envoyé le lien de sa vidéo. Celle-ci, afin de faire un maximum de vues, était nommée « On a rencontré un Dragon ! ».

Voyant cela, Alaric eut un haussement de sourcils ironique. Son ami se voyait déjà star du Net avec une telle vidéo et un tel titre. Soupirant, le jeune homme jeta quand même un coup d’œil à la vidéo.

Son meilleur ami, face caméra, racontait ce qu’ils avaient vécu avec quelques images aléatoires pour illustrer ses propos. Il avait mis la photo du bébé Dragon floutée en miniature et on ne la retrouvait qu’en fin de vidéo.

Secouant la tête, toujours convaincu que son ami avait fait le mauvais choix, Alaric délaissa son ordinateur pour la télévision, afin d’oublier un peu tout cela avec une série. Il y resta jusqu’au retour de son père, ne se levant que pour aller se faire à manger.

Paul Ehlis était aide-soignant dans l’hôpital de la grande ville voisine. Apparemment, il n’avait que peu de ressemblance avec son fils, la seule chose qu’ils partageaient étant la randonnée et la nature. C’était un grand homme assez bourru, qui avait du mal à montrer son affection pour son fils, ce qui était étonnant, car avec son métier, il devait être particulièrement attentif.

Profondément marqué par la mort de sa femme, il s’était renfermé sur lui-même et divisait son temps entre son métier et ses deux passions : la randonnée et les reptiles. Et pourtant, il les partageait rarement avec Alaric, qui avait cependant appris à les apprécier et à les pratiquer. Paul possédait deux Iguanes dont il s’occupait presque plus que de son fils.

Voyant son père entrer, Alaric se redressa du canapé où il était allongé.

« Salut papa…

— Salut Al’. Alors cette sortie avec Benji ?

— … Il a eu des difficultés…

— Ça ne m’étonne pas, marmonna Paul en se rendant dans la cuisine pour prendre à boire. Vous êtes allés jusqu’au premier point de vue au moins ?

— Oui.

— Bien. »

C’était souvent comme cela : ils discutaient vaguement, en surface, sans jamais vraiment se poser. Et même si cela pouvait être douloureux pour d’autres personnes, Alaric était presque habitué maintenant. C’était comme cela depuis sa naissance. Comme il travaillait beaucoup, Paul avait toujours fait appel à des nounous pour s’occuper de son fils. Celui-ci avait donc grandi en voyant plusieurs figures féminines, qui changeaient presque tous les trois ans.

Soupirant doucement, voyant son père se détourner de lui pour aller s’occuper de ses reptiles, Alaric décida de migrer vers sa chambre. Comme il était en vacances d’été, il n’avait pas de cours ou de leçons à réviser. Il alluma donc à nouveau son ordinateur pour voir ce qu’il était advenu de la vidéo de Benjamin.

Il n’eut pas de surprise en voyant que peu de personnes l’avaient déjà visionnée. Il faut dire que Benji n’était pas encore suffisamment connu pour que la vidéo devienne virale en quelques heures.

Ne sachant pas trop quoi faire pour passer le temps, il se balada dans les commentaires, notant encore une fois sans surprise qu’il n’y avait que des moqueries et des messages pour dire qu’il ne s’agissait que d’un canular. Seul un commentaire étrange retint l’attention d’Alaric : une personne nommée 0722 – Drake qui disait qu’il ne le reverrait jamais. Si ce pouvait juste être encore un utilisateur lambda, Alaric trouva que son message était étrangement sérieux.

Et il eut raison de penser cela, car le lendemain matin, à peine réveillé, il reçut un appel de la part de Benjamin. Encore endormi, Alaric attrape son téléphone, ne s’attendant pas à ce que son ami lui hurle dans les oreilles, à peine avait-il décroché.

« Qu’est-ce que tu as fait de ma vidéo ?

— Oula… doucement Benji… marmonna Alaric.

— Comment ça doucement ? s’écria son ami. Tu as supprimé ma vidéo !

— Quoi… ? Mais non…

— Alors pourquoi elle est plus sur ma chaîne ?

— Je… je sais pas moi, déclara Alaric en se levant pour allumer son ordinateur.

— Sérieusement Al’, c’est vraiment pas sympa ce que tu as fait !

— Mais j’ai rien fait moi ! »

Son ordinateur s’alluma un instant plus tard et Alaric chercha immédiatement la vidéo de son ami. Mais comme il l’avait dit, il fut impossible de la retrouver.

Elle avait visiblement été supprimée.

Chapitre 2

L’enlèvement

Ils passèrent la journée à tenter de comprendre ce qui avait bien pu se passer.

Mais tout d’abord, il fallut que Benjamin comprenne que ce n’était pas la faute d’Alaric. S’il avait pensé cela en premier lieu, c’était parce que son ami était la seule autre personne à connaître le mot de passe de son compte YouTube. Il avait donc naturellement pensé que c’était lui qui avait supprimé la vidéo.

Lorsque Benjamin finit par accepter le fait qu’Alaric n’avait rien fait, il se rendit immédiatement chez son ami pour qu’ils cherchent la raison ensemble. Malheureusement, même appeler le service de YouTube ne mena à rien.

Intrigué, et tandis qu’il faisait les cent pas dans la chambre, Alaric tomba soudain sur la photo qu’il avait imprimée et se souvint de ce qu’il s’était passé avec le site qu’il avait visité. Immédiatement, il se mit à imaginer une théorie.

« Attends voir… »

Sans expliquer à Benji ce qu’il avait en tête, il se remit devant son ordinateur pour rechercher à nouveau le site qu’il avait visité hier. Et comme il l’avait supposé, celui-ci avait complètement disparu.

Se reculant sur son siège, il tourna la tête vers son ami, qui le regardait d’un air surpris.

« Je me dis un truc.

— Quoi ?

— On a tous les deux vu le bébé Dragon hier.

— Ouais et donc ?

— J’ai cherché d’autres témoignages, mais j’en ai trouvé qu’un seul. Cette photo, déclara Alaric en tendant le cliché imprimé à son ami.

— Eh, on dirait un adulte celui-là.

— Oui, mais le plus important, c’est que le site où je l’ai vu a été supprimé juste après que je l’ai trouvé. Et la photo avait été postée il y a deux jours.

— Où tu veux en venir ? demanda Benji en fronçant ses sourcils.

— Je pense, déclara Alaric, que quelqu’un fait en sorte de supprimer tous les témoignages ou les photos d’un Dragon qui seraient véridiques.

— Donc… tu penses que quelqu’un de suffisamment important pour faire supprimer une vidéo a vu ma…

— Je suis presque sûr que cette personne doit avoir un logiciel ou un technicien qui a supprimé manuellement ta vidéo et le site de l’autre personne. C’est pour cela qu’on ne trouve pas d’autres témoignages vrais sur les Dragons.

— Mmm… mouais, c’est vrai. Dans tous les cas, c’est vraiment pas cool de nous empêcher de parler de cela.

— Comment ça ?

— Bah, s’il y a d’autres personnes qui ont croisé des Dragons et qu’on les a empêchées de parler, ça a dû mettre des gens dans une situation horrible. On a dû les prendre pour des fous.

— Mouais… c’est pas faux. Heureusement que ta vidéo n’est pas restée assez longtemps pour qu’on te dise la même chose. »

Étrangement, Benji ne répondit pas.

Si au début Alaric s’interrogea sur son absence de réaction, il finit par se détourner de lui en entendant son père rentrer de sa journée de travail. En entendant celui-ci l’appeler, Alaric descendit donc au rez-de-chaussée, suivi par Benjamin.

« Al’, j’aimerais que tu t’habilles rapidement.

— Pourquoi ? demanda son fils.

— Je voudrais sortir manger au restaurant. Dépêche-toi donc. »

Surpris, Alaric mit quelques minutes à obéir. C’était très rare que son père lui propose de sortir avec lui. Généralement, il se contentait de commander à manger, chinois ou indien habituellement.