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Parmi les trois ouvrages de saint Augustin (354-430) les plus importants, les
Confessions,
Sur la Trinité et
La Cité de Dieu, seul ce dernier titre fait l’objet d’une présentation de ses motifs et de son plan dans les Rétractations, rédigées en 427 : « Rome fut détruite sous le coup de l’invasion des Goths que conduisait Alaric ; ce fut un grand désastre.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur La Cité de Dieu de Saint Augustin
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 48
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782341000314
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici La Cité de Dieu, saint Augustin (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Parmi les trois ouvrages de saint Augustin (354-430) les plus importants, les Confessions, Sur la Trinité et La Cité de Dieu, seul ce dernier titre fait l’objet d’une présentation de ses motifs et de son plan dans les Rétractations, rédigées en 427 : « Rome fut détruite sous le coup de l’invasion des Goths que conduisait Alaric ; ce fut un grand désastre. Les adorateurs d’une multitude de faux dieux – les païens – s’efforçaient de faire retomber ce désastre sur la religion chrétienne et se mirent à blâmer le vrai Dieu avec plus d’âpreté [...] que d’habitude. C’est pourquoi [...], je décidai d’écrire contre leurs blasphèmes ou leurs erreurs les livres de la Cité de Dieu. »
Jérusalem céleste. Enluminure représentant la Jérusalem céleste dans un manuscrit du livre La Cité de Dieu de saint Augustin. Parchemin, XIIe siècle, conservé au Hradschin, le palais royal de Prague. (Erich Lessing/ AKG)
Augustin se plaît à rappeler au lecteur son plan rigoureux : vingt-deux livres, les dix premiers consacrés à la réfutation des païens idolâtres et de leurs défenseurs, les douze autres à l’origine (XI-XIV), au développement (XV-XVIII) et aux fins (XIX-XXII) des deux cités. Il se garde de mentionner les nombreuses digressions qui allongent considérablement son ouvrage. C’est un des rares livres où se vérifie le progrès de sa pensée. Il en commença la rédaction en 412 et, non sans de longues interruptions, il l’acheva au terme de treize longues années, soit en 426.
Si ce n’est pas un ouvrage de circonstance, La Cité de Dieu ne répond pas moins à une demande faite par un des amis de l’auteur, Flavius Marcellinus, haut dignitaire de la chancellerie impériale, encore païen, mais désireux de s’instruire du christianisme. Les événements de la prise de Rome par Alaric en 410 sont plutôt l’occasion que la cause et, d’emblée, comme le souligne Lucien Jerphagnon, il convient de ne pas identifier Rome à la cité terrestre et l’Église à la cité de Dieu. C’est dès 400 qu’Augustin porte en lui le thème de ce traité : « Deux cités, celle des impies et celle des saints s’avancent depuis l’origine du genre humain, jusqu’à la fin du monde » (La Première Catéchèse, 19, 31). Et un peu plus loin, nous lisons : « Jérusalem, la très illustre Cité de Dieu, dont les citoyens sont des hommes sanctifiés... Le Roi de cette Cité est le Seigneur Jésus-Christ » (20, 32). Et c’est au livre XIV, chapitre 23 de La Cité que figure la très dense affirmation : « Deux amours ont bâti deux cités : celle de la terre pour l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu et celle du ciel pour l’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi. »
Sur la nature précise de l’ouvrage, les commentateurs s’accordent aujourd’hui à le considérer « non comme un traité de théorie politique, mais comme l’expression d’une philosophie de l’histoire, qui s’efforcerait de cerner un dessein divin dans le cours des événements » (Henry Chadwick). Augustin s’y révèle exégète, philosophe et théologien et s’inspire tour à tour de la Bible, de Cicéron, de Varron, d’Eusèbe, en remontant à Platon, Porphyre et Plotin. Il offre une vision théologique de l’histoire de l’humanité, de l’histoire du péché et du salut, du bonheur et du malheur. L’ouvrage est qualifié de « théologie de l’histoire » par Henri Irénée Marrou, ou de façon encore plus concise de « traité de la religion » par Goulven Madec.
Les destinataires de La Cité de Dieu sont les intellectuels, contemporains d’Augustin, non convertis au christianisme, même si l’auteur donne parfois trop l’impression de s’acharner sur un « paganisme de bibliothèque ». tel un rhéteur, brillant et prolixe, Augustin passe de la polémique à une démonstration dogmatique : après sa « démolition du paganisme », il entreprend de montrer que seul le christianisme propose la vérité qui satisfait le cœur et l’intelligence, étant le chemin qui libère du mal et de la misère.
Au Moyen Âge, on s’est réclamé de cet ouvrage pour justifier la primauté pontificale (de Grégoire VII à Boniface VIII), alors qu’Augustin ignore la théocratie et ne dit nulle part que la puissance impériale ait été dévolue à l’Église. Il a toujours reconnu la légitimité et l’autonomie du politique. Jusqu’à une date récente pourtant, il y eut des historiens catholiques pour justifier l’augustinisme politique, affirmant, tel Arquillière « qu’il a permis aux papes de sauver la chrétienté de la mortelle emprise des souverains allemands ».
Bossuet, le grand théoricien de l’absolutisme royal, a lui aussi défendu les thèses de l’augustinisme politique, dans sa Politique tirée de l’Écriture sainte et son Discours sur l’histoire universelle. Il a induit en erreur de nombreuses générations qui ont mal interprété, en partie à cause de lui, La Cité de Dieu.
Charles CHAUVIN