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Französisch lernen mit klassischen Werken. Die Bücher dieser Reihe eignen sich für Jugendliche und Erwachsene, die mit klassischen Werken ihre Lesefähigkeit verbessern wollen. Französisch Niveaus A1 bis B1. Durchgehend in französischer Sprache. "Der Zwang" ist eine Novelle von Stefan Zweig, die 1920 veröffentlicht worden ist. Die Geschichte spielt während des Ersten Weltkriegs und handelt von einem jungen Künstlerpaar, das aus ihrem Heimatland flieht, um dem Krieg zu entkommen. Sie suchen Zuflucht in der Schweiz, wo sie hoffen, in Frieden leben zu können. Der Mann erhält einen Brief, in dem er aufgefordert wird sich dem Militärdienst zu stellen. Vor die Wahl gestellt, seinen Überzeugungen treu zu bleiben oder dem Befehl nachzukommen, erlebt er einen tiefen inneren Konflikt. Die Novelle erkundet Themen wie persönliche Freiheit, moralische Entscheidungen und die Auswirkungen des Krieges auf das Individuum.
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Veröffentlichungsjahr: 2025
Inhaltsverzeichnis
La Contrainte
Impressum
La femme dort profondément et respire fortement. Sa bouche est un peu ouverte, comme si elle était sur le point de sourire ou de dire quelque chose. Sa poitrine se soulève tranquillement sous la couverture. Dehors, le jour commence à poindre mais ce matin d'hiver n'apporte que peu de lumière. La pénombre plane sur tout.
Ferdinand se lève doucement, sans savoir exactement pourquoi. Souvent, il quitte brusquement son travail et sort dans les champs. Il marche de plus en plus vite jusqu'à ce qu'il arrive, épuisé, loin, dans une région inconnue. Parfois, il s'arrête au milieu d'une conversation, ne comprend plus les mots et n'écoute pas les questions. Ou bien il se perd dans ses rêves en se déshabillant le soir et s'assied sur le bord du lit, une chaussure à la main, jusqu'à ce qu'un appel de sa femme le sort de sa torpeur ou que la chaussure tombe bruyamment par terre.
Lorsque Ferdinand passe de la chambre chauffée au balcon, il a froid. Il ramène ses bras contre lui pour se réchauffer. En bas, le paysage n'est que brouillard. Au-dessus du lac Léman, le brouillard est épais comme de l'écume. Tout est mouillé, sombre et glissant. L'eau dégouline des arbres et l'humidité ruisselle sur les branches. On dirait que le monde vient de sortir de l'eau.
De loin, il entend des voix humaines à travers le brouillard mais elles sont assourdies et lointaines. Parfois, il entend aussi un coup de marteau ou la cloche d'une église mais le son est comme humide et sourd. Il y a une obscurité humide entre lui et le monde.
Ferdinand a froid mais il reste immobile et enfonce plus profondément ses mains dans ses poches. Il veut capter la première vue dégagée sur le paysage. Lentement, le brouillard se dissipe comme du papier gris. Il a très envie de voir le paysage qu'il connaît et qu'il aime. D'habitude, il le voit clairement devant lui. Il se tient souvent à la fenêtre et il se sent paisible en regardant l'autre côté de la rive, en observant les maisons, un bateau à vapeur, les mouettes et la fumée qui s'élève comme une spirale argentée. Ces scènes lui ont apporté la paix et lui ont fait oublier, pour un temps, ses soucis.
Cela fait des mois qu'il est arrivé en Suisse, en tant que réfugié, pour échapper à la guerre. Le paysage a redonné vie à son art. Lorsque ce paysage est caché par le brouillard, il se sent comme fou. Ce matin-là, il éprouve une profonde compassion pour les personnes qui sont dans le noir. Il aspire à se connecter à eux et à leur destin.
Quelque part, un clocher sonne dans le matin de mars. Il se sent tout petit, le monde devant lui et sa femme endormie derrière lui. Il aimerait bien percer le brouillard et trouver un signe de vie. En regardant au loin, il voit quelque chose qui bouge. C'est peut-être un homme ou un animal. Il se rapproche lentement. Il ressent une certaine joie à l'idée que quelque chose d'autre est éveillé. Mais il est aussi curieux et ressent une sorte de tension. La créature se déplace à un carrefour qui mène soit au village voisin, soit en haut de la colline. Elle semble hésiter un instant, puis continue son chemin vers le haut du sentier.
Ferdinand s'inquiète. Il se demande qui est l'étranger et pourquoi il est en route si tôt le matin. L'étranger veut-il le rejoindre ? Puis il le reconnaît à travers le brouillard : c'est le facteur. Chaque matin, il monte dans la montagne. Ferdinand se souvient de son visage à la barbe rousse et de ses lunettes bleues. Le facteur s'appelle Nussbaum mais Ferdinand l'appelle « Casse-Noisette » à cause de son allure rigide. Ferdinand ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'il voit le facteur marcher péniblement pas à pas. Il a son sac sur l'épaule et il essaie de marcher dignement, tout en faisant de petits pas.
Soudain, les genoux de Ferdinand tremblent et sa main retombe, molle, contre sa cuisse. L'inquiétude des derniers jours est subitement revenue alors qu'il constate que le facteur vient directement à lui. Il va pour ouvrir la porte. Il passe devant sa femme endormie et se précipite dans l'escalier pour aller à la rencontre du facteur. Ils se retrouvent l'un en face de l'autre à la porte du jardin. Ferdinand demande plusieurs fois si le facteur a quelque chose pour lui.
Le facteur relève ses lunettes mouillées et le regarde. « Oui, oui ». Il ouvre son sac noir et fouille dans le tas de lettres. Ferdinand tremble. Enfin, le facteur sort une grande enveloppe brune sur laquelle sont inscrits « Officiel » et le nom de Ferdinand.