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Espoire est étudiante en deuxième année d’histoire. Dotée d’un fort caractère, la jeune femme tente de cacher son secret, mais c’est sans compter sur son binôme, la pétillante Emma, avec qui elle mène un travail de recherche. Le rapprochement amical entre ces étudiantes met en danger le secret tant gardé, et l’arrivée de Nicolas de Vebray dans la promotion ne fait qu’aggraver la situation. Espoire réussira-t-elle à préserver son identité jusqu’à la fin ? Que nous réserve le dénouement de cette histoire ?
À PROPOS DE L'AUTEURE
Dans
La dernière héritière - Tome I - La malédiction,
Hélène Baudrier ouvre les portes de son univers empreint de fantasy et nous promène au cœur de ses lignes saupoudrées de suspens et d’intrigue.
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Seitenzahl: 244
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Hélène Baudrier
La dernière héritière
Tome I
La malédiction
Roman
© Lys Bleu Éditions – Hélène Baudrier
ISBN : 979-10-377-5484-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Prologue
Lundi 21 décembre 1682
La jeune mère poussa un soupir de soulagement en entendant les cris de son nouveau-né. C’était une fille, une petite fille qu’elle aimait déjà. Alors que les servantes faisaient la toilette du nourrisson, on frappa à la porte. Le médecin alla ouvrir pour laisser pénétrer dans la pièce un homme de taille moyenne aux joues joufflues abordant une moustache noire ainsi qu’une chevelure longue de la même couleur.
Sans rien ajouter d’autre, il quitta la pièce et le médecin termina son travail auprès de la jeune maman. Une fois la toilette de la petite faite, les sage-femmes la donnèrent à sa mère. Charlotte était de taille moyenne assez mince, elle avait des cheveux châtains et deux grands yeux bleus plantaient au milieu de son visage angélique. C’était une très belle femme qui avait par conséquent attiré l’attention du roi bien malgré elle. Elle serra son nouveau-né dans ses bras et des larmes perlèrent au coin de ses yeux. Sa première enfant, elle la trouvait parfaite en tout point.
L’étudiante termina de marquer les derniers mots sur sa feuille : « NB mourut en 1821 à ST LN ». La jeune femme ferma son cahier, attrapa sa sacoche en cuir marron qui était au sol et y fourra toutes ses affaires avant de la balancer sur son épaule. Elle se leva et salua le professeur qui rangeait ses notes frénétiquement. Elle se retrouva dans un couloir assez étroit rempli d’élèves qui se dirigeaient à leurs prochains cours dans un grand tapage. Des bribes de conversations sur les cours, la dernière soirée et les partiels qui approchaient parvinrent à ses oreilles mais elle n’y prêta aucune attention. Son regard se posa sur les murs du petit couloir, des affiches tapissaient la vieille peinture bleu canard d’origine totalement passé sur lesquelles on pouvait lire :
« Soirée étudiante, jeudi 27 novembre au STAR’S. »
Elle termina de longer le couloir en se frayant un chemin dans la masse d’étudiants puis sortit. Le bâtiment était vieux, il ressemblait à un ancien préfabriqué d’usine, on pouvait difficilement lire dessus « Sciences humaines ». Elle descendit quelques marches avant d’arriver à un grand parking rempli de voitures qu’elle commença à traverser. Le vent souleva ses longs cheveux châtains et le froid fit rougir son visage. Ses yeux noisette se plissèrent comme pour se protéger de l’air frais qui venait s’abattre sur elle. Elle avança à grands pas, ses talons hauts claqués sur le bitume, elle regrettait d’avoir mis ces chaussures et se jura de ne porter que des baskets à présent. La jeune femme remonta son écharpe sur son visage blanc, puis traversa la faculté avant d’arriver dans un grand bâtiment lui aussi délavé. Dessus était écrit en lettres marron « Cité universitaire ». Elle tira la grosse porte d’entrée vers elle, ce qui la fit vaciller, passa devant le concierge où elle lâcha un léger « Bonjour » avant de tirer une seconde porte qui se trouvait à côté d’un distributeur de friandises et de monter un grand escalier en colimaçon. Elle arriva au second étage et entra dans un long couloir où des cris et de la musique se faisaient entendre. Les troisièmes années étaient en train de transformer les pièces de vie en boîte de nuit géante. Elle n’y prêta aucune attention et alla jusqu’à une porte : « Boîte aux lettres », elle entra, regarda dans celle de la chambre 11 où était inscrit le prénom « Espoire Vasseur », il n’y avait rien, comme d’habitude. Espoire sortit de la salle et fit le chemin en sens inverse avec toujours les cris des étudiants en bruit de fond.
Une fois sortie, elle poussa un long soupir avant de monter à l’étage au-dessus. L’étudiante pénétra dans ce nouveau couloir qui paraissait beaucoup plus calme que celui du dessous. Elle était heureuse de se trouver ici, son niveau ne comportait quasiment que des élèves de première année qui étaient plus occupés à étudier qu’à faire la fête. Enfin, elle passa devant plusieurs portes et quelques fenêtres avant d’ouvrir la chambre 11 et de s’y enfermer pour la soirée.
Le lendemain
Espoire bâilla puis passa une main dans ses cheveux châtains avant de pousser un léger soupir d’ennui :
Madame Grac, maîtresse de conférences d’histoire moderne spécialisée dans l’évolution des demeures castrales du XVIe au XVIIIe siècle, déblatérait depuis maintenant une heure, quinze minutes et vingt-huit secondes sur la construction du château de Versailles. Il restait encore quarante-cinq minutes de cours à tenir. Espoire griffonnait de petits dessins dans le coin droit de sa feuille. Elle leva les yeux pendant quelques secondes pour examiner ce qui se passait autour d’elle. Trois filles étaient installées au premier rang et gloussaient fortement sans que le professeur ne dise quoi que ce soit. L’une d’entre elles était brune aux yeux bleus, elle avait toujours le dernier sac Chanel et les dernières bottines Yves Saint-Laurent. De plus sa voix était très aiguë, ce qui insupportait beaucoup Espoire, c’était elle la chef de ce petit groupe, Valentina Wickham.
Les deux autres filles étaient assez fades ; Roxanna Martin avait une chevelure de la même couleur qu’Espoire, avec également deux yeux noisette et Iréna Selburn avait des cheveux d’un roux éclatant avec de magnifiques yeux verts qui lui donnait l’apparence d’un ange. Mais aucune des deux ne semblait penser par elle-même et elles se contentaient de répondre affirmativement à toutes les demandes de Valentina. Les trois jeunes femmes étaient sur leurs téléphones à regarder les photos de la dernière soirée qu’elles avaient faite. Espoire savait que malgré ce comportement, elles arriveraient à valider leurs semestres mais aussi leurs années. Elle soupçonnait fortement le directeur de son UFR, qui était un grand ami du père de Valentina, d’aider les trois étudiantes dans la validation de leurs modules. C’était la seule raison qui pouvait expliquer le passage de ces trois-là en seconde année de licence d’histoire. Elle serra sa mâchoire pour éviter de leur balancer le critérium qu’elle tenait dans sa main.
Sur le côté de la salle, à des tables isolées se trouvait une jeune fille qui prenait chaque mot du professeur en note. Elle l’avait déjà vue dans un de ses travaux dirigés dit aussi TD, Emma, lui semblait-il, tout comme Espoire, elle aussi était assez isolée. Elle ne parlait pas aux autres personnes de sa promotion et était souvent la cible des moqueries de la part des trois faquines du premier rang. Espoire ressentait une certaine compassion pour elle. Elle reporta son attention sur sa feuille et prit en note les quelques chiffres que madame Grac donnait. Mais l’attention de l’étudiante fut troublée par des rires masculins qui arrivèrent à ses oreilles. Elle pinça délicatement son nez avec les doigts de sa main gauche. Les garçons de sa promotion ressemblaient à des enfants immatures tout juste débarqués du collège. C’était l’un des problèmes de ce siècle avec les hommes, pensa-t-elle. Quoi qu’il en soit, Espoire n’appréciait pas sa promotion, elle les trouvait pour la plupart superficiels et sans intérêt. D’ailleurs, elle ne parlait à personne sauf en cas de grande nécessité et elle faisait toujours ses exposés seule et non par deux comme la plupart. Elle avait déjà tenté l’année d’avant de collaborer avec une de ses camarades mais cela s’était avéré être un fiasco. Une information de madame Grac la ramena au cours :
Espoire balança sa tête, soulagée que la séance de torture se termine enfin. Le cours de madame Grac était celui qu’elle ne supportait pas, elle avait l’impression de ne rien apprendre et la voix monotone de cette dernière n’aidait pas à s’intéresser. Elle rangea ses affaires en vitesse avant de sortir de la salle en traînant des pieds. Une fois un arrêt aux sanitaires, elle prit la direction de la salle 8 où se trouvait son prochain cours, un étage plus bas. Quand elle arriva, elle s’installa au fond de la classe pour suivre son TD d’une heure sur la Rome antique. Le cours était plus intéressant que les deux heures d’avant, madame Bardrent leur expliquait les différentes institutions qui composaient la vie romaine. L’heure passa tellement vite qu’Espoire fut surprise quand la fin arriva, puis le brouhaha se mit à remplir la salle de classe. Elle se dépêcha de sortir afin de rejoindre sa chambre universitaire. Dehors, le vent emmêlait ses cheveux, elle accéléra le pas pour traverser le campus, en songeant qu’elle avait encore un bon rythme cardiaque pour son âge. Arrivée devant la résidence, elle monta les marches à toute vitesse avant d’ouvrir sa porte de chambre et de soupirer. Il était vraiment temps qu’elle déménage.
Le jeudi soir arriva et la jeune femme se débattait depuis environ deux heures sur un plan de dissertation pour son cours de travaux dirigés d’antiquité, sur le thème « Les institutions civiques à Rome sous la République ». Elle leva les yeux vers son ordinateur portable : 20 h. La bibliothèque universitaire allait fermer. D’ailleurs, un jeune homme apparut quelques secondes après pour lui demander de partir. Elle rangea ses affaires et sortit. Une fois dehors, elle se rendit compte qu’elle n’avait pas vraiment envie de retourner à sa chambre. Elle resta un instant immobile dans la nuit devant les portes vitrées de la bibliothèque. Les lumières de la rue éclairaient les étudiants qui partaient en soirée. On était jeudi soir et cela signifiait que tous les étudiants se retrouvaient dans les bars ou en boîte pour faire la fête. La plupart d’entre eux ne seraient pas présents en cours le lendemain matin à cause d’une migraine trop importante ou d’une nuit trop courte. C’est pour cela que le vendredi avait toujours été le jour préféré de la jeune femme depuis qu’elle fréquentait la faculté. La BU se trouvait juste à côté d’un arrêt de tram. Elle fit quelques pas vers la cité U avant de tomber sur une des affiches de la soirée historienne. Elle resta pensive. Sa solitude lui pesait beaucoup ces derniers temps. Elle pouvait très bien aller faire un tour à la soirée, juste pour boire un verre afin de se remémorer le bon temps où elle avait des amis et faisait la fête tous les soirs. Elle ne sera pas obligée de parler à qui que ce soit. Presque inconsciemment, elle opéra un demi-tour et monta dans le tram.
En moins de vingt minutes, elle fut arrivée en centre-ville. L’arrêt de tram se trouvait au niveau d’une grande place qui servait de lieu de passage pour tous les piétons. Une grande place vide autour de laquelle se trouvaient des bars et des restaurants. Le bar en question était à cent mètres de l’arrêt. Quand Espoire descendit, elle reconnut au loin : Valentina, Iréna et Roxanna. Elles étaient habillées en petites robes de soirée courtes à paillettes, toutes trois montées sur des talons tellement hauts qu’on aurait pu croire qu’elles étaient sur des échasses. Elles avaient chacune un verre à la main et ne cessaient de glousser auprès de ces messieurs. Valentina fit un signe aux deux autres quand elle vit au loin Espoire arriver. La jeune femme n’était pas passée se changer. Elle avait toujours sa tenue de la journée : un simple jean et un pull beige en laine pour se couvrir du froid. Elle portait également un manteau cannelle avec un bonnet et une paire de bottines assorties à sa veste, sur l’épaule se balançait son sac de cours en cuir. Elle arborait aussi son bracelet en or composé d’une chaîne fine et de fleurs de lys dont un petit diamant se trouvait au centre de chacune. La jeune femme ne s’en séparait jamais, il lui était trop précieux.
Plus elle approchait, plus Espoire entendait les moqueries de ses trois camarades. Elle tenta de ne pas y prêter attention mais elle dut retenir un rire en arrivant à leur niveau. Elles avaient toutes trois opté pour Smokey eyes qui leur faisaient des yeux noirs, une vraie bande de pandas. La jeune étudiante entra dans le bar un peu sombre où la musique avait été mise à son maximum, seules des petites lumières au plafond éclairaient les visages à travers la fumée de cigarette qui remplissait la salle. Elle scruta la pièce avec ses yeux noisette et reconnut plusieurs personnes de sa promotion mais elle décida d’aller s’asseoir au bar et commanda une bière. Il se passa quelques minutes où elle ne fit que regarder les groupes qui se trouvaient là et qui semblaient s’amuser. Aucun d’eux n’avait remarqué sa présence. Elle se rappela l’époque où elle aussi faisait partie d’un de ces groupes. Elle se souvient quand elle rentrait dans les cabarets, les cris de ses amies pour l’accueillir avec les blagues salaces des messieurs et les rires outrés des jeunes femmes. Un léger sourire vint se poser sur son visage en se remémorant ses souvenirs. Espoire sentit quelqu’un s’asseoir sur le tabouret à côté du sien mais elle n’y prêta pas attention.
L’étudiante sortit alors de ses pensées et se tourna vers son interlocutrice. La jeune femme qui était assise seule au cours de moderne la fixait avec ses yeux de couleurs gris. Espoire esquissa un léger sourire et répondit aimablement un « Oui ». Emma reprit :
Espoire eut un vrai sourire cette fois-ci. Elle n’avait pas vu que Valentina avait traîné ses amies et trois garçons sur la piste. Ils semblaient se livrer à un rituel d’accouplement en public. Elle répondit de bon cœur :
Emma acquiesça avant de boire une gorgée du coca qu’elle venait de commander. Elle resserra ses cheveux noirs montés en queue de cheval puis elle se tourna de nouveau vers sa camarade :
Emma souriait, elle était heureuse de pouvoir parler à une personne de sa promotion sans avoir peur de quelconques représailles et Espoire avait le même sentiment, étrangement la jeune femme lui inspira plutôt de la sympathie.
La jeune étudiante tripota son bracelet doré en pensant à ses parents. Ce qui n’échappa pas à sa camarade qui avait l’air d’être quelqu’un de très observateur.
Espoire scruta son interlocutrice de la tête au pied. En effet, cette dernière portait plusieurs paires de boucles d’oreilles, son bras droit était rempli de bracelets et chacun de ses doigts avait une bague. La jeune femme tenta de laisser tranquille son bijou et de prendre un ton détaché.
Emma répondit à son sourire et termina de boire son verre de coca alors qu’Espoire remarqua qu’elle n’était toujours pas à la moitié du sien. La stéréo diffusait à présent la musique Save Tonight des Eagle-Eye Cherry. Le pied de la jeune femme se mit à tapoter sur le tabouret au rythme de la musique. Un léger sourire se dessina sur son visage, cette musique lui rappelait de bons moments. En quelques secondes, sans même qu’elle s’en rendre compte, elle fredonnait les paroles. Emma fit une légère moue, elle n’aimait pas ce style de musique. Elle préférait de loin les musiques du moment qui passaient à la radio. Dans le bar, quelques jeunes chantaient aussi la chanson mais la plupart étaient trop occupés à s’enivrer avec leurs amis pour s’occuper de la musique qui passait. À la fin de la chanson, les lèvres de la jeune femme se fermèrent. Le son Silver Lining de Imany se répandit alors dans la pièce. Emma tapait un SMS à sa mère pour lui dire qu’elle n’allait pas tarder à rentrer. Quand elle releva la tête, elle vit Espoire à côté d’elle avec les yeux brillants. Elle se sentait un peu gênée, elle rangea son portable dans son sac noir et tenta de reprendre la conversation avec elle :
Les pupilles de la jeune femme se dilatèrent. Elle avait totalement oublié qu’elle devait se rendre aux archives de son département le lendemain dans le cadre du cours « La microhistoire ». Ils avaient des travaux de groupe à faire et devaient arriver en binôme afin de choisir leur sujet d’exposé. Elle se tourna vers son interlocutrice et haussa les épaules :
Espoire eut un petit rire avant de répondre un peu amusée :
L’étudiante eut un moment d’hésitation. Elle savait très bien ce que cela pourrait lui coûter de laisser sa camarade tenter de faire, ne serait-ce qu’un peu connaissance avec elle. Mais cela faisait si longtemps qu’elle n’avait pas eu quelqu’un avec qui parler qu’elle préféra oublier ce souci pour le moment.
Emma salua la jeune femme avec un grand sourire et sortit du bar en laissant cette dernière seule. Espoire songea que sa camarade avait de la chance d’avoir encore une mère qui s’inquiète pour elle malgré son âge. Une fois dehors, Emma sortit son portable :
MAMAN :Alors, ma chérie ? Tu passes une bonne soirée ?
MOI :Génial ! J’ai parlé avec une autre fille. Je rentre et te raconte. Bises.
Le lendemain matin,Espoire se tenait devant l’immense bâtiment sur lequel était inscrit « Archives départementales ». La veille, elle n’était pas restée tard et était partie environ quinze minutes après Emma. D’ailleurs en partant, elle avait eu le droit aux applaudissements des trois faquines pour « avoir fait un effort de sociabilité ». L’étudiante n’avait pas envie de se trouver là un vendredi matin, qui plus est à huit heures. Elle bâilla et entra dans le bâtiment. Après avoir fait sa carte de lecteur, signait des milliers de papiers et rangeait son sac dans le vestiaire, elle fut autorisée à monter à l’étage où se trouvait la salle des archives. Quand elle entra, elle remarqua un groupe de personnes totalement endormi autour d’un enseignant, elle reconnut vite sa promotion et alla les rejoindre. Quand elle arriva, elle repéra Emma puis s’installa près d’elle.
Espoire répondit par un autre bâillement avant de hausser les épaules. Après quelques minutes d’explication, les étudiants se dispersèrent dans la pièce. Le but de ce cours était de les faire manipuler les archives. Au lieu de passer un partiel au mois de janvier, ils devaient rendre un dossier contenant les tenants et aboutissants de leur sujet. Cela permettait d’avoir une première approche de la recherche pour ceux qui se destinaient à un master dans cette branche. Ce qui devait être le cas de sa camarade pensa Espoire en voyant son expression ravie au sujet de ce travail. Les deux jeunes femmes allèrent dans un coin tranquille pour qu’Emma lui fasse un débriefing du début du cours :
Espoire afficha une moue en entendant les explications de sa camarade mais vu son retard, elle ne voulait pas critiquer les choix de son binôme après deux minutes passées ensemble. Emma remarqua l’expression de celle-ci et s’empourpra :
Espoire tenta de la rassurer tant bien que mal. D’autant plus qu’elle lui apprit quelques minutes après que Roxanna et Valentina avaient eu la sorcellerie. Il est sûr que vu sa situation, Espoire aurait préféré ce sujet, mais enfin… Elle lança de nouveau un grand sourire rassurant à Emma, puis elles se mirent à fouiller dans les archives pour le reste de la matinée. Les deux jeunes femmes échangèrent principalement sur leur exposé mais de temps à autre, elles ne pouvaient s’empêcher de critiquer le comportement de Valentina et ses deux acolytes. Cela faisait du bien à Espoire de voir qu’une personne pensait exactement comme elle. À la fin de la séance, les étudiants partirent au fur et à mesure par leurs propres moyens, heureux de ne pas avoir cours l’après-midi. À midi et dix minutes, le ventre d’Espoire indiqua qu’elle avait faim, les deux étudiantes décidèrent qu’il était également temps pour elle de quitter les lieux. Quelques minutes plus tard après avoir récupéré leurs affaires les deux jeunes femmes se retrouvèrent dehors :
Emma eut un sourire en repensant à la tête que le groupe d’Iréna et Max avait faite en apprenant leur sujet. C’est vrai qu’elles auraient pu avoir un sujet moins intéressant, au moins elles trouvaient des documents à exploiter ce qui n’était pas le cas de tout le monde.
Mathieu faisait partie de la même classe que les deux demoiselles. Il faisait partie d’un petit groupe mais cela n’empêchait pas qu’il venait étudier tous les soirs à la bibliothèque, c’était un garçon agréable avec qui Espoire avait déjà parlé à plusieurs reprises dans le cadre des cours. Emma confirma par un signe de tête tous les propos que sa camarade venait de dire. Cette dernière consulta sa montre et releva le visage :
Espoire fit une grimace et murmura un peu gênée :
Emma fut surprise d’entendre cela. Qui de nos jours n’avait pas de portable ? Elle haussa les épaules et répondue par un sourire poli.
Elle tourna les talons pour rejoindre sa mère qui l’attendait plus loin dans une voiture. Emma était légèrement vexée que la jeune femme ait refusé de lui donner son numéro. Elle monta dans la voiture et quitta les archives en regardant dans son rétro sa camarade s’éloigner vers le tram.
De son côté, Espoire était légèrement déçue du sujet qu’Emma avait choisi mais elle ne pouvait lui en vouloir : Le mariage aux XIX et XXe siècles. Il était clair que ce sujet n’allait pas l’aider dans ses recherches, elle aurait préféré avoir celui de Valentina et Roxanna. Mais bon peut-être pourrait-elle profiter de leurs recherches lors des mises en commun ?