La dernière tarantulée - Giulio Di Luzio - E-Book

La dernière tarantulée E-Book

Giulio Di Luzio

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  • Herausgeber: epubli
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2022
Beschreibung

Ce livre raconte une histoire vraie qui s'est passée dans le sud de l'Italie dans les années 60, où les paysannes étaient soumises aux maris, pères et frères et où tout plaisir social, affectif et sexuel leur était interdit. Pour réagir à cette vie de forclusion et de renoncement, elles cherchaient, durant l'été de chaque année, à sortir de cet enfermement par l'exorcisme de la transe. Grâce au rôle et au pouvoir de manipulation de l'Église, toute forme de rébellion possible contre leur condition existentielle était ainsi étouffée. Les femmes qui ne se résignaient pas à la loi non écrite d'une tradition immuable et allaient au-delà de toute interdiction, étaient contraintes de fuir à l'étranger ou bien elles finissaient en asile psychiatrique, marquées du sceau de la maladie mentale, avec la complicité de l'Église et de la médecine. Ou alors, elles faisaient le choix de la protagoniste. Giulio di Luzio est né et vit dans les Pouilles. Pendant des années, il a écrit pour les journaux il manifesto et Liberazione. Il a écrit des essais sur l'immigration et le monde du travail : I fantasmi dell'Enichem (2003), A un passo dal sogno (2006), Il disubbidiente (2008), Brutti, sporchi e cattivi (2011), Clandestini (2013), Non si fitta agli extracomunitari (2014) et des romans : La fabbrica della felicità (201, Fimmene (2017) et Tuccata (2018). Le « tarentisme » est un phénomène historico-religieux présent surtout dans les petits villages de l'Italie du Sud jusqu'à il y a quelques décennies, mais désormais réduit à des épisodes sporadiques, traités comme du folklore. Cependant, il a été largement étudié, et pas seulement en Italie, dans des recherches universitaires menées sur le terrain, notamment dans le Salento, une zone géographique de la province de Lecce, dans les Pouilles. Ses origines sont très anciennes, on les fait remonter à l'époque de la Grèce antique. Traduction par Silvana Fioresi, révisé par Rosa Llorens

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Seitenzahl: 48

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Image de couverture : l’une des vingt peintures consacrées au tarentisme par le peintre Luigi Caiuli entre 1978 et 1998, et conservées au Musée de Galatina

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Une publication de ProMosaik LAPH.

Copyright Giulio Di Luzio.

Impression

EPUBLI

Prinzessinnenstraße 20

10969 Berlin

www.epubli.de

Tous droits réservés.

Introduction

Le « tarentisme » est un phénomène historico-religieux présent surtout dans les petits villages de l'Italie du Sud jusqu'à il y a quelques décennies, mais désormais réduit à des épisodes sporadiques, traités comme du folklore.

Cependant, il a été largement étudié, et pas seulement en Italie, dans des recherches universitaires menées sur le terrain, notamment dans le Salento, une zone géographique de la province de Lecce, dans les Pouilles.

Ses origines sont très anciennes, on les fait remonter à l'époque de la Grèce antique.

On raconte que pendant la saison estivale, des paysannes qui récoltaient le tabac étaient piquées par une araignée, la tarentule, qui provoquait une série de symptômes tels qu'un état d'absence psychophysique, un manque d'appétit et de désir sexuel, une faiblesse, une sorte de catalepsie du corps livré à lui-même, qu'une partie de l'opinion publique du pays attribuait à des personnes atteintes de troubles mentaux.

Les tarantate (victimes de la tarentule), étaient de jeunes paysannes pauvres qui vivaient dans des fermes abandonnées à la campagne, sans électricité ni sanitaires, humiliées par les hommes de la famille - frères, pères et maris - et menaient une vie de travail et d'exclusion sociale, affective et sexuelle.

À l'approche de la saison estivale, période de récolte et de gain d'argent provenant de la vente des fruits de la terre, qui permettait d’honorer les dettes contractées pendant l'année, elles commençaient à connaître une transformation de leur comportement.

En particulier, à l'approche du 29 juin, jour de la fête de Saint Paul, saint patron des tarantate, les femmes faisaient preuve d'une vitalité physique inattendue, devenant agressives, comme si elles étaient entraînées par un besoin irrépressible de mouvement, désireuses d'exprimer toute leur importance – réprimée par contre tout au long de l'année - par des attitudes de type érotique et des mouvements semblables à ceux des araignées, comme grimper sur les meubles ou ramper sur le sol.

Des musiciens se rendaient dans leurs misérables logements pour accomplir un rituel musical, afin de les faire danser pendant des heures au rythme dicté par l'accordéon, la guitare et le tambourin.

Après quelques jours de cette forme d'exorcisme, elles retrouvaient le sourire et l'appétit et étaient alors conduites, comme le veut la tradition séculaire, sur des charrettes tirées par des chevaux jusqu'à l'église Saint-Paul, dans un petit village près de Lecce, à Galatina, pour le remercier de leur guérison.

Ici, échevelées et négligées, vêtues de longues jupes blanches et comme en état d'ébriété, elles s’exhibaient en grimpant sur l'autel, sautillant comme des grillons au rythme dicté par les musiciens.

Le martèlement de la musique les incitait à des mouvements de plus en plus violents, qui conduisaient certaines d’entre elles à se blesser en tombant dans l'église ou sur le pavé de la place à l'extérieur, au point de nécessiter l'intervention de la police.

À la fin de cette sorte de remerciement, fait de musique et de danse, elles buvaient de l’eau du puits de l’église Saint-Paul et vomissaient le poison injecté peu de temps avant par la piqûre de la tarentule dans les champs de tabac.

À ce moment-là elles reprenaient leur comportement habituel au milieu des embrassades des membres de leur famille.

Au fil des années, de nombreuses femmes pauvres, elles aussi victimes d'une vie assujettie aux hommes et à la sous-culture paysanne, commencèrent à présenter les mêmes symptômes, quoique ne travaillant pas dans les champs de tabac et n'ayant donc pas été piquées par la tarentule. Comment expliquer cela ?

On a donc évoqué une morsure virtuelle de la terrible araignée. En d'autres termes, elles se rebellaient contre leur condition de pauvreté existentielle, dans laquelle tout leur était refusé, y compris l'affection et la sexualité, et elles rentraient dans un état de transe psychique de la même manière que les femmes mordues par l’araignée.

Elles rachetaient donc, en cette période estivale, toutes les restrictions - émotionnelles et physiques - et les difficultés accumulées pendant l'année, tout comme elles remboursaient, grâce à la récolte, leurs dettes également accumulées.

Ce récit raconte l'histoire d'une tarantata qui, dans les années du boom économique de l'Italie, les années 60, se livre encore à des comportements anachroniques, qui ne sont plus tolérés par l'Église et le monde médical, qui choisissent donc de s'en débarrasser, en la faisant passer pour folle après un amour impossible.

Synopsis

« Les premières vagues d'inquiétudes de nos adolescentes, qu'ailleurs le confesseur prudent détournerait ou atténuerait par les jeûnes et les abstinences du mois marial, le mois de mai, ou du suivant, ici dans les Pouilles, on les résout parfois par la guitare et le tambourin ».

Giuseppe Chiaia – 1888

Il y avait quelque chose à la fois d'imprévisible et de rituel dans le village en juin. Le barbier fermait sa boutique et les femmes se renfermaient chez elles, dans l’attente des musiciens. Felicia avait découvert qu'elle était devenue une femme, mais cette appellation irrévérencieuse, normalement réservée à sa mère, restait pour elle un mystère. À l'époque, vers la fin des années 50, dans ce coin du Salento, les carusi portaient des pantalons courts même en hiver et les caruse portaient desjupes qui arrivaient rigoureusement au genou. L’arrivée de la menstruation dévoilait un mondede passions croissantes mais interdites par une loi qui refusait de mourir. La question fut résolue en juin 1959, lorsque sa mère tomba malade et demanda les « sons ». Le petit orchestre de lu pisciapariti, barbier et spécialiste des saignées estimé, arriva auprès d’elle pour le rite libérateur.