La destinée des désolations - Tome 1 - Arnaud Niklaus - E-Book

La destinée des désolations - Tome 1 E-Book

Arnaud Niklaus

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Beschreibung

Casey Alexander marche à travers ce qu'il reste du monde... Un parcours semé d'ennemis autant que d'alliés, où il est difficile de garder la vie !

Dans un futur proche, Casey Alexander parcourt les restes du monde avec un seul but en tête : trouver un havre de paix. Au cours de son périple, il rencontrera ses futurs alliés... Comme ses futurs ennemis ! En leur compagnie, il tentera l’impossible pour survivre et trouver une terre accueillante où vivre...
Ce premier tome de la saga littéraire La destinée des désolations est une introduction à cet univers bien particulier.

Comment le monde a-t-il pu en arriver là ? Qu'est ce qui est à l'origine de cette anarchie ? Au fil des pages du premier tome trépidant de cette saga de science-fiction, vous découvrivrez un univers futuriste et post-apocalyptique où l'espoir et la paix ne sont jamais que des denrées rares...

EXTRAIT

Le bruit ne laissait pas de place au doute, un cri de douleur se transformant en gargouillement ensanglanté... Casey se releva et fit le plus important : vérifier que son agresseur était bien mort.
Il regarda la dépouille étendue par terre et comprit pourquoi son assaillant avait pu se rapprocher de lui sans se faire remarquer : c’était un enfant. Il devait avoir une dizaine d’années... Même pas encore adolescent. Ses yeux bleus innocents étaient encore grands ouverts, dans une expression de surprise assez comique (« fauché à la vie sans même s’en rendre compte »). Une épaisse tignasse blonde bordait son front, bronzé par le soleil de plomb du désert. Sa salopette poussiéreuse était maintenant maculée de sang, surtout au niveau de la poitrine (où les deux balles avaient fait mouche).
Après une brève prière (une sorte de Notre Père déformée), Casey reprit sa route. Ne pas enterrer ce gamin, le laisser là, son cadavre à la merci de n’importe quel charognard, était un choix tout à fait assumé. Ce garçon, aussi jeune soit-il, n’aurait pas hésité à le tuer froidement. Le monde avait changé, s’était transformé en autre chose... Plus dur et plus imprévisible... Où tous les repères avaient disparu. Le voyageur reprit donc son chemin, en essayant (cette fois-ci) de regarder où il mettait les pieds.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

L’univers imaginé par l’auteur est très bien construit donc décrit avec fluidité. De nombreuses actions parsèment le récit et les personnages se découvrent sans être mis à nu. Les bases sont posées avec talent et nous laissent suffisamment de suspens pour rester gourmand à lire la suite. La fin est brutale et nous secoue les méninges sans ménagement. - Blog abaciaetacu

Ce n'est qu'une mise en bouche pour un univers qui promet d'en jeter. Je vous conseille ce roman, ou plutôt cette entracte, si vous aimez la science-fiction et le genre post-apocalyptique. - Blog Chabouquine

C’est un pur plaisir de lire ce livre, les pages se tournent toutes seules, ça se lit très rapidement. J’ai apprécié ma lecture du début à la fin, c’est tellement simple à lire. - Blog Hibou_books

Les humains peuvent-ils survivre? Que s'est-il passé et que se trame-t-il encore ? Tant de questions qui nous font trépigner d'impatience ! Je pourrai vous dire plus en détails ce que je pense de cette série quand j'en aurai appris plus et que l'univers aura été davantage développé, mais ce qui est sûr c'est que j'en ai l'eau à la bouche et je n'ai qu'une envie: continuer le plus rapidement possible ma découverte de cette histoire. - Blog Evasions Littéraires

À PROPOS DE L'AUTEUR

Né à Strasbourg, Arnaud Niklaus est profondément attaché à sa région. De formation électrotechnique, il a travaillé à la SNCF et dans la gendarmerie. Aujourd'hui dans le domaine de la sécurité, il cultive sa passion pour le fantastique et la science-fiction, en lisant et en écrivant romans et nouvelles.

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Arnaud Niklaus

La destinée des désolations : origines

Roman

© Lys Bleu Éditions – Arnaud Niklaus

ISBN : 978-2-85113-565-0

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

1re partie

Chapitre 1

Casey Alexander marchait d’un pas décidé dans le sable brûlant du désert. Ses rangers noires, autrefois brillantes, étaient maintenant ternes et usées. Je me souviens encore du cadavre dont elles proviennent, pensa Casey en souriant. Leur ex-propriétaire n’avait pas été facile à convaincre de céder ses chaussures... Mais une bonne balle dans la tête résolvait souvent la plupart des conflits naissants, n’est-ce pas ?

Cela faisait maintenant plus d’une semaine qu’il n’avait vu personne. Ou bien cela faisait-il plus longtemps ? Difficile à dire... La notion de temps elle-même avait bien changé. Comment se repère-t-on dans des journées d’où ont disparu les mots : travail, pause-déjeuner, repas en famille et grasse matinée ? Le temps d’avant ne comptait plus... Seule la notion de survie pouvait encore expliquer le sens d’une journée actuelle. Manger ou être mangé... On en revenait toujours à ça...

Casey descendait maintenant un long chemin traître, car passant entre deux petites collines sablonneuses (« un lieu parfait pour un guet-apens »). Un faible vent s’était levé et projetait un écran de poussière dans les airs, rendant invisible la fin du chemin. La main descendant automatiquement sur la crosse de son neuf-millimètres, il avançait avec prudence. Soudain, il sentit les cailloux rouler sous ses pieds. Casey glissa et s’étala de tout son long. Une douleur fulgurante se fit immédiatement sentir dans son poignet gauche, avec lequel il avait tenté d’amortir sa chute. En se remettant péniblement sur ses genoux, pour essayer de se relever, il vit une ombre se jeter sur lui. La douleur laissant immédiatement place à l’adrénaline, Casey dégaina et tira à deux reprises en direction de la menace. Tout fut fini en moins d’une seconde. Il savait qu’il avait visé juste, comme souvent – sinon il ne serait déjà plus de ce monde. Le bruit ne laissait pas de place au doute, un cri de douleur se transformant en gargouillement ensanglanté... Casey se releva et fit le plus important : vérifier que son agresseur était bien mort.

Il regarda la dépouille étendue par terre et comprit pourquoi son assaillant avait pu se rapprocher de lui sans se faire remarquer : c’était un enfant. Il devait avoir une dizaine d’années... Même pas encore adolescent. Ses yeux bleus innocents étaient encore grands ouverts, dans une expression de surprise assez comique (« fauché à la vie sans même s’en rendre compte »). Une épaisse tignasse blonde bordait son front, bronzé par le soleil de plomb du désert. Sa salopette poussiéreuse était maintenant maculée de sang, surtout au niveau de la poitrine (où les deux balles avaient fait mouche).

Après une brève prière (une sorte de Notre Père déformée), Casey reprit sa route. Ne pas enterrer ce gamin, le laisser là, son cadavre à la merci de n’importe quel charognard, était un choix tout à fait assumé. Ce garçon, aussi jeune soit-il, n’aurait pas hésité à le tuer froidement. Le monde avait changé, s’était transformé en autre chose... Plus dur et plus imprévisible... Où tous les repères avaient disparu. Le voyageur reprit donc son chemin, en essayant (cette fois-ci) de regarder où il mettait les pieds.

L’allée serpentait entre deux géants de sable, formés par les années et les fortes tempêtes régnant sur cette région. Rester sur le qui-vive était la meilleure option au vu de la situation. N’importe quelle attaque pouvait être perpétrée depuis les hauteurs le surplombant. Il était tellement facile de le canarder depuis là-haut, il n’avait pas la moindre cachette... Faux ! pensa-t-il, en voilà une. Il venait en effet de repérer sur sa gauche l’entrée de ce qui semblait être la tanière d’un animal (probablement un renard des déserts). En y regardant à deux fois, peut-être pour un animal plus imposant... Venait-il de découvrir la fameuse cachette de son agresseur ? Casey s’approcha de l’orifice, se mit à genoux et pénétra dans le boyau ténébreux. Il était obligé de ramper, car le sol n’était éloigné du plafond que d’un petit mètre. Notre voyageur finit par arriver dans une grotte suffisamment grande pour s’y tenir debout. Il épousseta rapidement son blouson de cuir.

En regardant autour de lui, il vit un ours en peluche... Enfin, plutôt ce qu’il en restait. Il lui manquait un œil, deux pieds, un bras et il était rapiécé de tous les côtés. On aurait dit une caricature d’être humain. Son jeune agresseur jouait-il vraiment avec cette chose ? Pas étonnant qu’il se mette alors à se promener avec un couteau, pensa-t-il. Casey continua de longer le mur circulaire du piètre logement de l’enfant. Il y avait quelques vieilles feuilles de papier par terre. En y regardant de plus près, ça ressemblait à des pages arrachées d’un livre. Elles étaient recouvertes de gribouillis infâmes. Sans doute des dessins, se dit-il, pas très talentueux ce moutard. Cette dernière pensée le fit partir dans un fou rire hystérique. Le rire ne venait pas du contenu humoristique de cette dernière remarque, mais de l’incroyable méchanceté de ce propos. Se foutre de la gueule d’un enfant mort, c’était d’un goût douteux à une certaine époque. Ouais, à une certaine époque... Mais cette époque n’existe plus. Vient le temps de la destinée des désolations! Il aimait beaucoup ressortir ce terme de destinée des désolations, ça lui évoquait bien l’atmosphère du monde actuel. Il l’avait lu sur la une d’un journal, donc ça remontait à longtemps. Très longtemps même, mec ! Depuis combien de temps les rotatives s’étaient-elles arrêtées de tourner ? Combien de mois ? Quatre ? Huit ? Plus ? Je n’en sais trop rien... Foutue mémoire ! Elle est à l’image du monde actuel, bordélique ! Après avoir constaté qu’il n’y avait rien à voir (à part les preuves d’une existence enfantine malheureuse), Casey ressortit du domicile de sa jeune victime.

En reprenant sa marche, il se rendit compte qu’il marcherait sans doute comme ça le reste de sa vie. La seule chose qui le faisait avancer actuellement, c’était l’espoir d’une vie meilleure (et l’amélioration de son confort personnel bien sûr !). Mais y avait-il encore un endroit mieux que cette caverne sur Terre ? Pas sûr, mon pote... Dans ce cas-là, quel pouvait bien être le but de sa vie ? Avant, c’était facile. Trouver un travail plus valorisant (et mieux payé), une femme avec qui se poser, avoir un domicile toujours plus grand. À partir de là, votre vie entière était déjà planifiée (car trouver tout ça prenait bien une existence entière). Aujourd’hui, il sillonnait simplement la surface du globe à la recherche d’une ville d’où toute civilisation n’aurait pas sombré dans la folie. Il ne demandait pas grand-chose, juste un endroit où vivre, sans crainte d’être agressé (voire tué). Mais cette simple demande relevait du rêve. Comment un monde livré à lui-même pouvait-il s’en sortir ? Car sans principes, sans morale, l’humanité existait-elle encore ? Le mot humanité ne devrait plus figurer dans le dictionnaire, pensa-t-il.

Le soleil de plomb opérant dans ce désert lui donnait un mal de crâne carabiné. Il s’était pourtant doté d’un bandana pour se protéger des rayons meurtriers. Un petit cadeau du propriétaire de mes rangers, se rappela Casey. Il faisait son type important, avec son gros bide, mais n’en avait que l’air. Dès que je lui ai mis mon flingue sous le nez, il n’a plus bronché. Pourquoi avait-il fallu qu’il joue au héros ? Je ne voulais pas le tuer... En tout cas, l’homme avait appris, au péril de sa vie, qu’on ne plaisantait pas avec Casey Alexander. Il avait tenté de lui reprendre ses biens quand il lui avait tourné le dos pour partir. Grave erreur, mon pote. En effet, Casey avait acquis de bons réflexes et, avant même de s’en rendre compte, il était déjà responsable d’un trou dans le front de l’homme bedonnant. La vue du filet de cervelle ensanglanté qui en jaillit en aurait écœuré plus d’un... Mais pas Casey, pour qui l’instinct de survie était plus fort que tout.

Au bout d’une bonne heure de marche, il arriva sur une sorte de vaste plateau rocheux. De là s’offrait à lui un magnifique panorama. Le sable semblait s’étaler à l’infini, il formait des milliers de dunes courant vers l’horizon. Au loin, une chaîne de montagnes s’élevait, semblable à une rangée de canines acérées déchirant le ciel. Mais le plus beau était sans aucun doute possible, l’éclat des rayons du soleil renvoyés par du verre... Du verre qui ne pouvait être que les milliers de vitres des immeubles d’une grande ville. La dernière cité que Casey avait traversée avait été source de quelques ennuis. Casey cherchait des gens civilisés, il n’en avait pas trouvé. D’ailleurs, il n’avait rien trouvé... Rien ! Pas un foutu être humain à l’horizon ! pensa Casey. Mais bon Dieu, où étaient passés les habitants ? Comment une ville d’une centaine de milliers de personnes pouvait être vide ? Bien entendu, les dernières guerres nucléaires avaient bien aidé à vider les grosses agglomérations, voire certains continents... Mais en général, il restait toujours quelques centaines de nostalgiques, préférant croire en un possible retour de leur confort d’avant, à une modernité retrouvée, à un système politique autre que la loi du plus fort. Y’a toujours des naïfs, pensa Casey.

Chapitre 2 

Bande d’incapables ! pensa-t-elle.

— Mais maîtresse, nous avons fait de notre mieux !

Incroyable ! Ils osaient contester son avis ! Mais pour qui se prenaient-ils ?

— Donc, vous osez contester ?

Elle avait touché juste. Elle vit immédiatement la terreur apparaître dans le regard des deux hommes. Ils semblaient minuscules, au milieu de la vaste salle du trône.

— Excusez-nous, maîtresse, mais nous ne pouvons vous laissez nous accuser de déloyauté sans nous défendre... Vous comprenez...

— Me traites-tu d’idiote ?

Elle avait posé la question d’une voix douce, mais calculée. L’effet produit était jouissif. Randall s’écrasa encore plus au sol, dans une espèce de révérence grotesque. Son infortuné compère, Dave, gardait la tête basse et n’osait prononcer le moindre mot.

— Non, maîtresse ! Sûrement pas ! Vous êtes la lueur qui illumine notre chemin à tous !

Elle les foudroya du regard, mais pas pour les raisons qu’ils imaginaient. Elle, l’ex Isabella Brant, commençait à sérieusement se lasser du nom qu’elle avait imposé à tous... Maîtresse par ci, maîtresse par là, ça devenait terriblement ennuyeux, se dit-elle.

Isabella n’était pas la femme la plus méchante du monde, mais si elle ne faisait pas preuve d’autorité, ses sujets commenceraient à se rebeller.

— Silence ! Misérables cafards ! Vous n’êtes même pas digne de nettoyer mes bottes avec vos langues rappeuses et mensongères ! Vous n’êtes qu’une bande de lèche-culs, sans aucun honneur...

Isabella avait prononcé ces derniers mots avec tout le dégoût qu’elle ressentait à l’égard de ses deux sujets. Randall n’était qu’un opportuniste de bas étage. Quant à Dave... Lui était un assassin efficace (quand il n’était pas trop saoul pour tenir une arme), mais trop sournois à son goût.

— Nous n’avons fait que suivre vos ordres, maîtresse.

— Vraiment, Randall ?

Elle avait ordonné à ces deux imbéciles d’aller chercher des denrées alimentaires à Topeko. Enfin, dans ce qu’il reste de Topeko. C’est à dire, les centaines de bâtiments vides au-dessus de nos têtes.

— Vous ai-je dit de tuer quelqu’un ?

— Non maîtresse, mais...

— Vous ai-je demandé de traumatiser mon peuple ?

— Non maîtresse...Si je puis me permettre, ces gens ont manqué de respect à votre encontre, maîtresse.

Dave avait enfin décidé d’ouvrir la bouche. Comme Isabella s’y attendait, ce qu’il venait de dire était plus intelligent que tout ce qu’avait dit Randall. L’assassin la regardait droit dans les yeux, il était évident qu’il n’avait pas peur d’elle.

— Ah oui ? Ils m’ont manqué de respect ? Qu’ont-ils donc dit, ou fait, de si irrespectueux envers moi ?

— Ces deux hommes ont osé dire que vous n’étiez pas la propriétaire légitime de la ville. Que la Grande Cité n’était rien d’autre qu’un faux nom pour... Excusez-moi d’avance, maîtresse ! Topeko...

Une fois le nom fatidique prononcé, Dave alla se placer à côté de Randall. Tous deux en posture de soumission, à genoux, ils attendaient la réaction de leur chef, face à la prononciation du mot défendu.

Isabella les regarda froidement. Elle avait l’air parfaitement calme en apparence, mais intérieurement, elle réfléchissait à toute allure. Je comprends pourquoi ces crétins ont l’air apeurés. C’est moi qui ai rebaptisé Topeko en Grande Cité, et c’est encore moi qui ai interdit l’usage de l’ancien nom (sous peine d’un châtiment, pouvant aller jusqu’à une exécution capitale). Ils pensent que je vais les faire tuer ! Enfin, seulement un le pense. Randall est trop idiot pour comprendre les subtilités de l’art de la négociation, mais Dave...

L’assassin venait de les sauver des pires châtiments. Car si elle punissait les deux hommes, elle désapprouverait l’action de ses propres troupes (chose impossible quand on veut tenir un peuple dans le creux de sa main). Dave, en accusant leurs victimes de blasphème contre l’autorité, avait réussi à passer entre les mailles du filet qu’avait déployé son chef.

Après quelques minutes de silence, qui parurent une éternité pour les deux malfrats, Isabella prit la parole.

— J’entends vos arguments... Mais si le bien-fondé de vos intentions reste louable, il n’en est pas moins regrettable... Pour vous ! Vous avez tué trois de mes sujets... Dont un enfant !

Le nœud du problème venait d’être atteint. Le point qui embêtait le plus la dirigeante. Quel message vais-je faire passer à mon peuple si je laisse mes gardes tuer des enfants ? En mon nom ? Sous mon ordre ? En réalité, elle se fichait pas mal que les parents du gosse soient morts. Des ennemis du régime en moins, c’est toujours bon à prendre. Mais le meurtre d’un enfant faisait beaucoup plus tache. Le genre de tâche qui fait trop réfléchir un peuple, qui peut créer des révoltes, des soulèvements, une révolution.

— Cet enfant était armé, maîtresse. À ce titre, il présentait une menace bien réelle pour nous.

— Quel genre de menace pouvait bien présenter un gamin de dix ans, Dave ? Es-tu trop faible pour prendre le dessus pacifiquement sur un pauvre gosse ?

En provoquant ouvertement l’assassin, elle espérait le faire sortir de ses gonds. Qu’il s’énerve assez pour pouvoir le faire punir immédiatement, sans qu’il n’ait le temps de poursuivre sa défense.

— Cet enfant avait sur lui un Colt 45. Il n’a d’ailleurs pas hésité à le dégainer en notre direction. Si même un gamin peut défier la Garde de la Grande Cité, quel message envoyons-nous au peuple ?

— Excusez l’impertinence de mon compagnon, maîtresse.

Randall avait enfin retrouvé l’usage de la parole. Il semblait avoir compris que sa vie était véritablement en jeu. Et que son sort était relié à la grande gueule de son compère.

— Tu demandes des excuses ? Pourtant, ton ami préfère me faire la morale ! Me croyez-vous stupide, au point de ne pas savoir comment diriger mes sujets ?

— Bien sûr que non ! Mais...

— Silence ! Gardes, emmenez-les au cachot ! Je déciderais de votre sort plus tard.

Les gardes quittèrent leur poste aux portes Nord et Sud et saisirent Dave et Randall. Les deux hommes se débattirent un court moment, puis furent emmenés hors de la salle du trône.

Isabella attendit que l’on n’entende plus le bruit des pas de ses gardes, et se laissa tomber dans son trône. Comment punir ces deux crétins ?