La folie d’Edge - S.E. Smith - E-Book

La folie d’Edge E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

L'Alliance Tome 6

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Seitenzahl: 374

Veröffentlichungsjahr: 2019

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La folie d’Edge

L'Alliance Tome 6

S.E. Smith

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

La folie d’Edge : L'Alliance Tome 6

Copyright © 2019 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais avril 2018

Publication E-Book en français novembre 2019

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.

Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Le plan de Lina est simple : libérer le guerrier trivator drogué qui a été torturé jusqu’à en perdre la raison, et le forcer à les ramener sur Terre, les autres femmes et elle. Tant de choses pourraient mal tourner, mais c’est la seule chance qu’il leur reste…

ISBN: 978-1-944125-89-9 (livre de poche)

ISBN: 978-1-944125-88-2 (eBook)

Publié par Montana Publishing.

{1. Science Fiction Romance. – Fiction. 2. Fantasy Romance. 3. Paranormal Romance}

www.montanapublishinghouse.com

Sommaire

Résumé

Fiche des personnages

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Épilogue

Plus de livres et d’informations

À propos de l’auteur

Résumé

Un bestseller de la liste USA Today !

Dagger a été secouru, mais Edge était tenu pour mort…

Lina Daniels a l’habitude de combattre le feu par le feu. Elle n’a pas peur de mourir mais être capturée la terrifie. En tant que membre combattante de la résistance sur Terre, elle connaissait les dangers. Ces menaces semblent minuscules comparées à celles sur le monde extraterrestre où elle se trouve à présent.

Edge ne se souvient pas vraiment de sa capture et rien de ce qu’il s’est passé depuis. Il sent son esprit se briser, mais une voix douce dans les ténèbres le pousse à résister… et à se battre.

Le plan de Lina est simple : libérer le guerrier trivator drogué qui a été torturé jusqu’à en perdre la raison, et le forcer à les ramener sur Terre, les autres femmes et elle. Tant de choses pourraient mal tourner, mais c’est la seule chance qu’il leur reste.

Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine d’aventure et de romance. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

Fiche des personnages

Lina Daniels : humaine – sœur de Tim Daniels

Tim Daniels : humain – frère de Lina ;

second de Destin Parks

Destin Parks : humain – marié à Jersula « Sula » Ikera ;

leader des rebelles

Jersula « Sula » Ikera : Ambassadrice usoleum sur Terre

Gail Barber : humaine ;

ancien officier de police à Chicago

Mirela Guinn : humaine ;

travaille dans l’hôtellerie et kickboxeuse professionnelle

Mechelle Guinn : humaine ;

programmeuse de jeux vidéo et actrice

Bailey Reynolds : humaine ;

assistante médicale

Andy Curlman : humaine ;

mécanicienne de moteur diesel

Edge : guerrier trivator ;

domaines d’expertise : combat, armes, pilotage de vaisseaux spatiaux, et médecine militaire

Thunder : guerrier trivator ;

domaines d’expertise : pistage et infiltration derrière les lignes ennemies

Vice : guerrier trivator ;

domaines d’expertise : pistage et infiltration derrière les lignes ennemies

Jag : commandant de vaisseau de guerre trivator ;

domaines d’expertise : manœuvres militaires et situations de combat

Razor : chancelier trivator en charge de l’armée trivator

Hunter : diplomate trivator

Jesse Sampson : humaine – compagne de Hunter

Kali Parks : humaine – compagne de Razor

Jordan Samspon : humaine – compagne de Dagger ;

hackeuse hors du commun

Dagger : guerrier trivator ;

domaines d’expertise : arsenal militaire et combat

Prymorus Achler : waxian ;

Grand Dirigeant

Katma Achler : waxiane – compagne de Prymorus ;

ancienne commandante militaire de l’armée waxiane

Deppar Achler : waxian – demi-frère de Prymorus ;

chef suprême d’Oculus IX, un spatioport waxian

Stitch : médecin trivator

Dakar (Adron) Mul Kar : kassisan ;

espion des Kassisans travaillant avec l’Alliance

1

Spatioport Oculus IX – Loin à l’intérieur des territoires sous contrôle waxian

Le son d’un rire cruel transperça la périphérie de la conscience d’Edge. Il voulait lutter contre l’obscurité, mais elle était devenue un havre accueillant contre la douleur incessante qui accablait son corps. Malgré ses sentiments de honte et de faiblesse, Edge savait qu’il chercherait tout moment de répit, même bref, face à la douleur atroce qui lui déchirait le corps et l’esprit. Il avait l’impression que sa tête aurait pu exploser après l’impitoyable inquisition à laquelle il venait juste de survivre.

Il n’était pas sûr que « survivre » soit le bon mot. Son esprit était fragmenté, ses pensées défilaient à une vitesse qui lui donnait la nausée ; quand une pensée commençait à se former, elle était immédiatement remplacée par une autre dans un kaléidoscope vertigineux de couleurs qui le laissait faible et désorienté. Quelle que ce soit la drogue que ses ravisseurs lui aient injectée cette fois, elle n’avait que trop réussi à presque briser le fragile contrôle qu’il avait sur son esprit.

— T’as vu le sang qui lui a coulé du nez cette fois ? Je te jure, j’ai cru pouvoir sentir le cerveau de ce bâtard frire, ricana le garde qui lui agrippait le bras gauche.

— On a juste de la chance que Deppar nous ait dit d’utiliser plus de sangles pour l’attacher ou bien on serait morts, rétorqua le garde à sa droite.

— De quoi tu parles ? Je m’attendais à ce qu’il pleure comme un bébé cette fois, répondit le premier garde en riant à nouveau.

— J’espère que tu sais que tu seras le premier qu’il tuera s’il s’échappe, marmonna le deuxième garde. Ouvre la porte de sa cellule.

Edge entendit un autre garde marmonner quelque chose entre ses dents avant que le bruit strident du métal raclant contre de la pierre n’emplisse l’air. Un grognement se mêla au bruit. Edge mit un moment à se rendre compte que le bruit venait de lui. Chaque son était amplifié dans sa tête, faisant ricocher une douleur vive et insoutenable dans son crâne.

— Il bave, gloussa le premier garde. Tu vas voir, il va se mettre à se pisser dessus avant même qu’on s’en rende compte. Il n’arrive même pas à lever la tête ou à garder la bave dans sa bouche. Tu crois vraiment qu’il pourrait se battre contre moi ?

— J’ai entendu dire que Deppar en a assez de lui, dit le garde de cellule alors que les deux gardes traînèrent Edge à l’intérieur et le laissèrent tomber sur le sol. Il paraît qu’il a convoqué quelqu’un d’autre pour récupérer les informations. J’ai entendu dire qu’un autre Waxian veut savoir tout ce que le prisonnier sait sur l’armée trivator et leur technologie. Ce Waxian est supposé travailler avec les Drethulans. Si c’est le cas, il est complètement fou. Même si j’étais payé je ne ferai pas confiance à un Drethulan pour couvrir mes arrières. Je doute que ce Trivator survive longtemps une fois qu’ils lui auront mis la main dessus.

— Qu’est-ce que pourrait savoir le Trivator ? Il a été retenu captif bien trop longtemps pour avoir quelconques informations actuelles et utiles. Si vous voulez mon avis, cet autre Waxian et les Drethulans auraient dû le récupérer avant qu’il ne soit vendu aux mines, rétorqua le premier garde avant de cracher par terre à côté de la tête d’Edge. Entre le travail dans les mines et les drogues que Deppar a utilisées sur lui, ce bâtard n’a plus trop de cerveau à interroger. Deppar devrait tout simplement le tuer avant qu’il ne s’échappe.

— Eh bien, ils ne t’ont pas demandé ton avis, grommela le deuxième garde en sortant de la cellule. Tu es un troufion et les troufions vont ce qu’on leur dit. On l’ouvre pas si on veut être payé et vivre assez longtemps pour en profiter. Allez, viens, j’ai faim.

La porte de la cellule se referma avec un bruit métallique, et le bruit du garde de cellule la verrouillant résonna fort dans le petit couloir.

— Ça me fait penser, Deppar a dit pas d’eau ni de nourriture pour le prisonnier. Il veut qu’il soit aussi faible que possible pour la visite du Waxian, expliqua le deuxième garde au garde de cellule.

— Je ne le nourris pas de toute façon. Ils ne nous donnent pas assez de nourriture alors je mange ce qu’ils envoient. Tout est dégueu de toute façon, marmonna le garde de cellule.

Edge roula sur lui-même dans l’étroite cellule sombre alors que les gardes continuaient à parler. Un frisson le traversa lorsque les vestiges toxiques des drogues que le Waxian lui avait injectées suintèrent à travers ses pores. Il lutta contre l’intense envie de vomir. Son corps se mit à trembler encore plus quand la froideur du sol pénétra sa peau humide de sueur.

— Tuez-moi, Déesse, murmura Edge dans l’espoir qu’elle soit miséricordieuse et qu’elle exauce son vœu.

— Certainement pas. Tu ne peux pas mourir maintenant que je t’ai trouvé, Trivator. J’ai besoin de toi vivant, répondit une douce voix.

Lina Daniels regarda entre les ouvertures étroites de la grille du mur près du sol crasseux. Dès l’instant où elle avait entendu deux hommes au marché parler d’un Trivator, elle s’était mise à la recherche du guerrier extraterrestre. Elle avait mis une journée à découvrir où ils le retenaient, et ensuite une semaine à trouver un moyen d’entrer et de sortir du bâtiment. La dernière chose qu’elle voulait était soit de se retrouver dans une cellule avec lui ou en tant que plat de résistance sur la table à manger des bâtards extraterrestres qui le retenaient prisonnier.

Le petit trou à rat qu’était cette cellule avait été la dernière sur sa liste de la journée. Sa fouille des autres cellules avait été infructueuse et celle-là aussi avait été vide. Elle était sur le point d’abandonner et avait même commencé à battre en retraite dans le conduit d’évacuation des eaux quand elle avait entendu un bruit de pas s’approchant et avait reconnu la voix de l’un des hommes du marché.

Elle avait retenu sa respiration et avait attendu de voir ce qu’ils allaient faire. Sa patience avait été récompensée lorsque la porte s’était ouverte. L’homme qu’elle cherchait était en train d’être traîné par les bras par deux gardes. Elle les avait regardés le laisser tomber sur le sol avec un mélange de satisfaction et de dégoût.

L’homme était sans aucun doute un Trivator ! Elle l’avait étudié en silence pendant que les gardes parlaient. Personnellement, elle n’en avait rien à faire de ce que son espèce ou le gouvernement de la Terre avaient dit à propos des extraterrestres répondant aux transmissions que sa planète avait envoyées dans l’espace. En ce qui la concernait, les Trivators et l’Alliance avaient envahi la Terre.

Les répercussions avaient été dévastatrices pour les Humains. Sa vie et celles de millions d’autres étaient devenues un enfer en seulement quelques heures. Elle avait passé la dernière décennie depuis ce jour inoubliable à lutter pour libérer ses camarades humains des extraterrestres ainsi que d’autres Humains.

Cela ne l’aida pas quand les souvenirs d’avoir été vendue par un membre de sa propre espèce lui laissèrent un goût amer dans la bouche. Elle voulait retourner sur Terre pour pouvoir tuer Colbert Allen. Qui diable en avait quelque chose à faire que la vengeance soit une mauvaise idée ? Elle avait eu des tas de mauvaises idées dans sa vie et elle ferait face aux conséquences de la même façon qu’elle avait toujours fait : en se battant.

Lina serra les dents pour empêcher le juron de franchir ses lèvres. Elle voulait dire aux trois gardes d’en finir avec leur plaisir sadique et de sortir. Maintenant qu’elle avait trouvé ce qu’elle cherchait, elle avait du pain sur la planche.

Il était temps, pensa-t-elle sauvagement lorsque la porte se ferma enfin derrière le trio sadique.

Redirigeant son attention sur l’homme dans la cellule, elle le regarda rouler jusqu’à se retrouver face au mur ; et à elle, bien qu’il ne s’en soit pas aperçu. La sombre satisfaction qui la traversa face au succès de sa mission fut rapidement remplacée par un coup de poing dans l’estomac lorsqu’elle le reconnut soudainement. Des souvenirs sombres et douloureux menacèrent de l’étouffer. Du sang, de la douleur et du désespoir la submergèrent alors qu’une image de lui se tenant au-dessus d’un corps sans vie la projeta dans le passé.

Profondément secouée, elle ferma les yeux un instant et prit une profonde inspiration. Les sentiments personnels n’avaient pas leur place dans ce qu’elle allait faire. Que cela lui plaise ou non, elle avait besoin de cet homme, peu importe qui il était ou les souvenirs douloureux qu’il éveillait en elle.

Ravalant la bile qui lui était montée dans la gorge, elle se concentra sur sa mission. Cela ne concernait pas qu’elle. Si cela avait été le cas, elle aurait été tentée d’aider le Waxian à tuer le Trivator.

Au moins, raisonna-t-elle, je serais un bourreau plus clément. Cela finira peut-être quand même de cette façon s’il ne sait pas piloter un vaisseau spatial, pensa-t-elle.

— Tuez-moi, Déesse, murmura-t-il.

Lina se figea lorsqu’elle entendit son murmure presque inaudible. Une rage surprenante la traversa comme jamais elle n’en avait ressenti auparavant ; enfin, presque jamais. Elle réservait cette petite dose de rage accablante à Colbert Allen. Et pourtant, ces paroles avaient été pour elle comme du kérosène sur une flamme. Elle ignora complètement le fait qu’elle avait pensé à le tuer moins d’une seconde plus tôt.

— Certainement pas. Tu ne peux pas mourir maintenant que je t’ai trouvé, Trivator. J’ai besoin de toi vivant, siffla Lina.

Il faisait si sombre qu’elle put à peine voir son corps se raidir de surprise. Marmonnant une série de jurons entre ses dents, Lina se palpa à la recherche de la poche de son pantalon. Elle y glissa une main, en sortit une petite lampe rouge et l’alluma. La faisant passer entre les barreaux de la grille, elle put pour la première fois réellement voir le visage du Trivator.

Elle prit une inspiration profonde et irrégulière alors que le passé et le présent se heurtèrent à nouveau dans son esprit. Deux choses avaient immédiatement attiré et retenu son attention. La première était qu’il était dans un piteux état. La deuxième était la surprenante vague de compassion qu’elle avait ressentie en voyant ses traits marqués par la douleur.

— Tu étais sur Terre, déclara-t-elle, ne sachant pas vraiment quoi dire d’autre.

— Oui, fut sa réponse rauque.

— Est-ce que tu sais piloter l’un de ces vaisseaux spatiaux qu’ils ont ici ? demanda-t-elle, le forçant à se concentrer sur elle quand sa tête commença à retomber en arrière.

— Oui, répondit-il.

Les lèvres de Lina se tordirent et ses doigts agrippèrent fermement la lampe. Elle prit une profonde inspiration et regretta ne pas pouvoir tout simplement le laisser là, mais son aveu avait scellé son destin en ce qui la concernait. Il savait où se trouvait la Terre et il savait piloter. Elle avait besoin de lui vivant.

— Je vais revenir. T’as pas intérêt à crever ou à te faire tuer avant que je revienne, ordonna-t-elle.

Lina recula ; elle savait qu’elle n’avait pas beaucoup de temps. Elle allait aussi avoir besoin d’aide. Bien qu’elle déteste mettre en danger les autres femmes qui s’étaient échappées avec elle, elle n’avait pas vraiment le choix. Elle ne pouvait pas traîner ce gars hors d’ici seule, et il ne semblait pas en état de marcher, et encore moins de courir.

Elle suivit prudemment le chemin qu’elle avait pris en arrivant, ajustant mentalement ses plans pour faire sortir le guerrier du bâtiment. Bien que cela soit un casse-tête compliqué, ce qui l’inquiétait le plus était ce qu’elle devrait faire une fois qu’elle l’aurait fait sortir. Il y avait bien trop de variables à l’extérieur au milieu du reste des habitants du spatioport, et il n’y avait pas beaucoup d’endroits où se cacher sur un petit rocher dans l’espace.

2

— Tu es sûre, Lina ? Et s’il se retourne contre nous ? demanda Bailey en se mordant la lèvre inférieure.

— Bien évidemment qu’elle est sûre ! Lina sait toujours quoi faire, rétorqua Mirela avant de grimacer et d’ajouter à voix basse. La plupart du temps.

— Ah-Ah, répondit Andy, s’appuyant contre le mur et étirant ses jambes. C’est quoi le plan, chef ?

Cinq visages se tournèrent vers Lina, leurs yeux la regardant avec anticipation. Gail et Mechelle, la sœur jumelle de Mirela, étaient assises en silence et réfléchissaient à ce qu’elle leur avait dit. Gail était la plus âgée du groupe et Mechelle la cadette, même si ce n’était que de cinq minutes.

— Ses blessures ne changent pas vraiment les bases du plan. On le sort, on le soigne autant qu’on peut, et on le fait nous ramener chez nous, dit Lina.

— Eh bah, ça semble plutôt simple, répondit Mirela en levant les yeux au ciel.

Gail ricana.

— Fais attention, Mirela. Tu vas peut-être te retrouver à porter ce Trivator par les pieds, la prévint-elle.

Mirela rejeta sa tête en arrière.

— Il faudrait qu’on s’y mette toutes pour porter un de ces gars. Je ne sais pas pour vous, mais je me rappelle clairement qu’ils sont grands, musclés, et…

— Mignons, l’interrompit Mechelle en essayant de ne pas sourire.

Mirela fusilla sa jumelle du regard.

— Je n’ai jamais dit que je les trouve mignons, siffla-t-elle.

Mechelle eut un petit sourire narquois.

— C’est vrai. Tu as sifflé et tu as dit…

— Ok, la coupa Lina. Revenons-en à nos moutons, il faut qu’on planifie comment nous allons le sortir de sa cellule, passer les gardes, sortir du bâtiment, et nous rendre aux conduits d’accès sans que tout le monde sur le spatioport nous voit, ordonna Lina d’un ton légèrement exaspéré.

Andy se pencha en avant et mit ses coudes sur ses genoux. Lina avait remarqué quand les autres femmes avaient réalisé que c’était probablement leur seule chance d’un jour rentrer chez elles. Elles avaient eu de la chance jusqu’à présent, mais la chance n’était pas éternelle. Parmi les dix-huit femmes qui avaient été enlevées et discrètement emmenées loin de la Terre à bord d’un vaisseau extraterrestre, elles étaient les seules à avoir réussi à s’échapper.

— On t’écoute, dit Andy à voix basse.

Lina regarda les visages optimistes et déterminés. Elles avaient traversé beaucoup de choses ensemble ; des bonnes, des mauvaises, mais elles avaient survécu. Prenant une profonde inspiration, Lina fit signe aux autres de former un cercle. Elle se mit à genoux et se servit de la terre sur le sol comme d’une planche à dessin.

— Voilà ce que nous allons faire, dit-elle d’une voix déterminée. Je ne suis pas sûre qu’il puisse marcher, je vais donc avoir besoin que l’une d’entre vous vienne avec moi.

— J’irai avec toi, se proposa immédiatement Andy.

Lina hocha la tête.

— Mechelle, je veux que tu sois prête à l’entrée des tunnels. On n’aura pas le temps de traîner et il faudra qu’on disparaisse vite. Mirela, je veux que Bailey et toi ayez un chariot et une couverture prêts.

Mirela eut l’air sombre l’espace d’un instant avant de hocher la tête.

— Il y a deux ou trois endroits où je pourrais en emprunter un, répondit-elle, mimant des guillemets avec ses doigts en prononçant le mot « emprunter ».

— Où est-ce que tu veux qu’on te retrouve ? demanda Bailey en se penchant en avant pour observer le plan grossièrement dessiné du bâtiment.

— Le bâtiment en face de celui dans lequel ils gardent le Trivator est vide. Une glissière datant de l’époque où le bâtiment était en service s’y trouve toujours. Elle est située de l’autre côté. C’est comme ça que je suis allée et venue dans le bâtiment. J’ai mis une planche de métal entre les deux toits et je m’en suis servie pour traverser. Je suppose que comme il s’agit d’un spatioport, personne ne s’attend à ce que quelqu’un vienne par au-dessus. Bref, il n’y a pas de gardes dans ce bâtiment car il est vide, et personne ne garde le toit de l’autre, expliqua Lina pour celles qui n’étaient pas au courant de sa mission de reconnaissance.

— Et des caméras ? Il y en a ? demanda Gail.

Lina secoua la tête.

— Pas à ma connaissance. C’est comme s’ils s’étaient installés dans le bâtiment sans prendre la peine de mettre une sécurité en place mis à part un tas de gardes stupides. Le boss est un Waxian et il fait flipper. J’ai vu ce dont il est capable. Je suis surprise que quelqu’un soit assez stupide pour travailler avec lui. J’ai le pressentiment que la durée de vie d’un garde est assez courte s’il fait une connerie, expliqua-t-elle, une expression dégoûtée sur le visage.

— Bon Dieu, je déteste les Waxians. Ils ne sont pas aussi faciles à tuer que les Armatrux, grogna Andy.

— Ouais, je crois qu’on les déteste toutes, répondit Gail.

Lina hocha la tête et continua.

— La glissière mène à une section vide au dernier étage du bâtiment. J’ai traversé et je me suis déplacée dans le bâtiment en me servant des conduits de ventilation et d’évacuation. Bref, la glissière donne sur cette allée sur le côté. Un des côtés est un cul-de-sac, et l’autre mène à une allée plus grande qui mène à la zone de marché principale. C’est une section sombre et miteuse. Mettez le charriot sous la glissière et restez dans l’ombre. Andy et moi le sortirons du bâtiment, puis on l’amènera au dernier étage et on le fera passer par la glissière. Il tombe dans le charriot, ensuite on descend, vous le couvrez et vous traversez le marché à un rythme normal pendant qu’on se met en position sur les côtés pour vous couvrir. On le fera pendant l’heure de pointe quand le marché est un véritable chaos, c’est-à-dire dans six heures, leur expliqua Lina.

— Que veux-tu que je fasse ? demanda Gail.

Lina sourit et fit un signe de tête en direction du blaster attaché au flanc de Gail.

— Tu seras sous couverture. On aura besoin que tu couvres nos arrières. Reste derrière et garde l’œil ouvert. Si ces bâtards de Waxians découvrent qu’on a pris leur poule aux œufs d’or, ils vont être furax. De nous toutes, c’est toi la meilleure tireuse, surtout de loin. Il faudra que tu les descendes si nous sommes percées à jour, dit Lina d’un air grave.

— Je ne les raterai pas, promit Gail.

— J’ai une question, demanda Mechelle, les sourcils froncés.

— Oui ? demanda Lina.

Mechelle se frotta le menton.

— S’il ne peut pas marcher, comment allez-vous réussir à lui faire traverser une planche de métal à cinq étages du sol ? demanda-t-elle.

Lina avait espéré que personne ne remarquerait ce petit détail. Elle jeta un coup d’œil à Andy qui haussa les épaules. Elles réussiraient à le faire traverser d’une façon ou d’une autre. Les yeux de Lina vagabondèrent puis se posèrent sur le sac dans le coin.

— Bailey, tu as quel genre de médicaments qui pourraient nous aider ? demanda doucement Lina.

La douleur irradiait dans les bras d’Edge. Ses gardes les avaient laissés menottés dans son dos. L’inconfort l’avait finalement tiré de son ensommeillement agité. Sa tête lui faisait toujours mal, mais cela en était revenu aux élancements réguliers avec lesquels il vivait depuis des mois à présent.

Son corps était raide après être resté couché sur le sol froid. Quelque part dans son esprit, il savait qu’il devait se redresser, mais il n’en avait pas la force. Il garda les yeux fermés. Dans l’obscurité, cela n’avait pas d’importance. Il pouvait voir, mais il n’y avait rien à regarder mis à part les créatures indistinctes qui dansaient dans son esprit et le long des murs.

Il bougea les doigts dans son dos et essaya de se concentrer pour compter. Il sentait les griffes de la quelconque créature qu’ils avaient injectée dans son sang cette fois le tirailler. De la sueur perla à son front malgré le froid.

Le feu en lui s’échauffait, et il se mit à nouveau à trembler. Sa réaction aux drogues empirait. Il tira d’un coup sec sur ses entraves dans une tentative de diminuer son inconfort. Alors que le feu grandit au point de devenir brasier fiévreux, il se tortilla et se débattit jusqu’à ce qu’il se retrouve à genoux.

Edge se mit à trembler et sa sueur coula jusqu’à ce que son corps entier en soit recouvert d’une fine couche. Des insectes imaginaires fourmillaient sur sa peau. Un gémissement déchirant lui échappa alors que la sensation d’être dévoré vivant crût. Les feux d’artifice dans son cerveau se mirent à nouveau à exploser en des éclats de couleurs défilant à une vitesse écœurante.

Suffocant, il se pencha en avant et appuya son front contre le sol froid. Il ferma fort les yeux pour empêcher les larmes brûlantes de s’échapper. Il était en train de mourir. Il le sentait, mais il n’en avait pas le droit. La voix… La voix lui avait dit qu’il n’avait pas le droit de mourir. Elle avait besoin de lui. Elle l’avait trouvé et elle avait besoin de lui.

Qui l’a trouvé ? demanda une autre partie de son cerveau.

Mon Amate, répondit l’autre partie.

Edge savait qu’il avait perdu tout lien avec la réalité. Aucune voix ne lui avait répondu lorsqu’il avait supplié la déesse de le tuer. Ce n’était qu’une farce cruelle. La voix avait été un autre piège pour tester sa force.

Se redressant, il ouvrit la bouche pour crier son refus. Il ne donnerait jamais aux Waxians ce qu’ils voulaient. Il était un guerrier trivator. Plutôt mourir que faillir.

— Recule, ordonna une douce voix féminine.

Le son pénétra la confusion, apaisant le chaos. Un frisson parcourut Edge et il ouvrit les yeux. Le long du mur opposé, il vit les insectes qui avaient fourmillé sur son corps disparaître.

— Déesse, je vous jure que je résisterai, murmura-t-il. Je mourrai en guerrier.

Un soupir à peine audible derrière lui lui fit foncer les sourcils.

— Ouais, eh bien, dis à ta déesse de mettre ta mort en attente, chéri. Il n’y aura pas de mort aujourd’hui si j’ai mon mot à dire. Maintenant, appuie-toi contre le mur derrière toi pour que je puisse voir si je peux t’enlever ces fichues menottes. Ça va pas être facile de le faire dans cette position, ordonna la voix.

Edge pencha la tête sur le côté. Ses sourcils se froncèrent encore plus alors que sa confusion grandit. Il secoua la tête et fut récompensé par une vague de vertiges. Tombant en arrière, il grogna et étira les jambes devant lui tandis qu’il appuya la tête contre le mur derrière lui.

— Pourquoi me testez-vous ainsi ? demanda-t-il en fermant à nouveau les yeux.

Un petit renâclement lui répondit.

— Bienvenu dans notre monde, chéri. La vie n’est qu’une série de tests pour voir qui réussit et qui rate et s’écrase, répondit la voix. Tu peux marcher ?

Edge était sur le point de répondre lorsqu’il sentit du mouvement contre sa peau. Un frisson le parcourut et il commençait à se déplacer sur le côté quand il sentit des doigts fins s’enrouler autour de son poignet gauche. De la chaleur l’envahit. Ce n’était pas la chaleur de quelques minutes auparavant mais une chaleur apaisante qui chassa les insectes.

— Déesse ? murmura Edge, béat.

Un petit rire lui répondit cette fois.

— Tu peux m’appeler comme tu veux, mon chou, tant que je n’ai pas à te porter hors d’ici. Cela me rendrait la vie bien plus facile. Cela donnerait peut-être même à ce plan insensé une infime chance de fonctionner. Comme c’est parti, on va tous probablement aller boire un verre avec ta déesse avant l’heure du dîner, répondit la voix.

— Je ne sais pas si la déesse boit ou mange, répondit Edge, sentant que l’on tira sur ses poignets à plusieurs reprises.

— Ouais, eh bien, je devrai m’assurer de ramener quelques packs de bière dans ce cas, marmonna la voix avant de lâcher une longue volée de jurons qui surprirent tant Edge qu’il ouvrit les yeux.

— Vous avez un langage fleuri, déclara-t-il.

Un autre petit rire résonna derrière lui.

— C’est ce qu’on me dit, répondit-elle.

Le relâchement soudain de la pression sur ses bras le prit par surprise. Il fit lentement passer ses bras devant lui, grimaçant face à ses muscles réticents. Pliant les coudes, il fit tourner ses bras jusqu’à ce qu’il commence à les sentir à nouveau. Il contracta ses doigts puis se tourna brusquement jusqu’à ce qu’il soit allongé sur le sol, face au mur.

Une petite lumière rouge brillait dans le trou où se trouvait auparavant la grille. Sa lèvre supérieure se retroussa et il grogna. Si le Waxian croyait que lui donner de l’espoir le briserait, il lui montrerait qu’il avait fait une grossière erreur.

— Eh bien, tu es toujours rapide, mais cela ne répond pas à ma question d’avant, siffla la voix.

Edge essaya de voir le visage dans les profondeurs du trou mais la lumière rouge brillait dans ses yeux. Un grognement sourd secoua son corps. Il voulait tendre la main dans le trou et en tirer par le cou quiconque s’y trouvait.

— Quelle est cette question ? demanda Edge en serrant le poing.

La lumière rouge vacilla l’espace d’un instant et Edge put discerner les lignes délicates d’un visage très féminin. La femme lui rendit son regard comme si elle évaluait ses traits, elle aussi. Ses yeux marron foncé fixèrent les siens dans une bataille silencieuse.

— Est-ce que tu peux marcher ? demanda-t-elle.

— Oui, dit-il, espérant que cela soit vrai.

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

— Ça ira, même s’il serait encore mieux que tu puisses courir. Attends-toi à avoir de la compagnie dans dix minutes, répondit-elle avant d’éteindre la lumière.

Edge entendit un petit bruit grinçant de l’autre côté du mur. Ne sachant pas vraiment s’il avait imaginé ce qui venait de se produire, il tendit la main et la passa dans l’ouverture. Il la tendit aussi loin qu’il le put et palpa l’autre côté.

Il retira ensuite sa main et se poussa lentement jusqu’à être en position assise. Son regard parcourut ses bras tandis que ses doigts tracèrent les cercles à vif sur ses poignets là où avaient été les entraves. Se penchant en avant, il prit les menottes métalliques dans sa main gauche. Sa poigne se resserra sur elles.

Est-ce que tu peux marcher ? Est-ce que tu peux marcher ? Est-ce que tu peux marcher ?

Ses paroles se répétèrent encore et encore dans sa tête. Incertain, il appuya sa main libre contre le mur et se poussa du sol. Ses jambes tremblèrent et il tomba contre le mur lisse de sa cellule. Serrant les dents, il força ses jambes à se redresser jusqu’à ce qu’il soit debout.

3

Une vague de vertiges submergea Edge, menaçant de le renvoyer sur le sol. Une fois de plus, de la sueur lui recouvrit le corps et il sentit les pattes des insectes fourmiller sur son corps. La nausée lui retourna l’estomac.

Il garda la tête haute et se concentra sur l’autre côté de son étroite cellule. Il avait trois pas à faire. Il pouvait faire ces trois pas. Ses lèvres s’ouvrirent et il les lécha.

Marche, ordonna-t-il à son corps. Bouge la jambe.

Son corps refusa de suivre son ordre mental. La sueur se transforma en de petits ruisseaux qui s’écoulèrent le long de ses tempes et entre ses épaules. Le métal des menottes coupa la paume de son poing gauche serré.

Marche, ordonna-t-il à nouveau.

Cette fois, sa jambe bougea en un mouvement brusque et maladroit. Il garda une main contre le mur. Déglutissant, il répéta l’ordre. Ses pas étaient saccadés et incertains, comme ceux d’un enfant qui apprenait à marcher. Il fit deux pas avant de se mettre à pencher. Il tendit rapidement les bras et appuya ses mains contre le mur en face de lui.

Sa mâchoire lui faisait mal à force de serrer les dents. Il voulait désespérément retirer ses mains du mur. Les insectes ressortaient du métal. Une petite partie de son cerveau savait qu’ils n’étaient pas vraiment là, mais ses yeux les voyaient et sa peau sentait leur contact. De la sueur dégoulinait à présent de son corps alors qu’il se mit à trembler.

Attends-toi à avoir de la compagnie…

Quelqu’un allait venir. Cette pensée fit déferler en lui une autre vague de panique et de rage. La femme avait-elle été réelle ? Faisait-elle partie du plan du Waxian pour lui soutirer des informations ?

— Marcher, marmonna-t-il éperdument. Je dois être capable de marcher. Elle ne veut pas me porter hors d’ici.

Se tournant, il continua à forcer son corps à l’écouter alors même que le nombre d’insectes doubla avant de doubler à nouveau. Il eut vite l’impression de patauger dans une mer d’insectes. Ils grimpaient le long de ses jambes. Ils continuèrent à se multiplier jusqu’à ce qu’ils atteignent ses genoux. Sa respiration devint plus erratique. Il sentit son cœur battre la chamade au point qu’il fut certain qu’il allait exploser.

Il tourna la tête lorsqu’il entendit un bruit étouffé de l’autre côté de la porte suivi par un bruit sourd. Il continua à agripper les menottes de métal dans sa main alors qu’il tomba en tremblant contre le mur face à la porte. Il cligna des yeux pour éclaircir sa vue puis serra les dents et attendit.

Le bruit de la ferraille et celui d’une clé que l’on tourne résonnèrent dans son cerveau. Même le bruit de sa respiration lui était très désagréable.

Edge se tint prêt à faire face à ce qui était sur le point d’entrer. Il refusait de tomber sans se battre. Rien de l’arrêterait cette fois… ni les insectes, ni les explosions dans son esprit, ni les tremblements et la faiblesse de son corps, ni même la soudaine présence de sa déesse imaginaire lui donnant un faux espoir. Le temps était venu de mettre fin une bonne fois pour toutes à ce cauchemar.

La porte s’ouvrit lentement et un rayon de lumière venant du couloir projeta une ombre sur la silhouette qui la poussait. Edge attendit, la sueur dégoulinant le long de son corps tremblant. Il tenait sa seule arme si fermement qu’il pouvait sentir la chaleur de son sang couler de la coupure à sa paume jusqu’à son poignet.

— Bordel de merde ! Ils pourraient pas faire que ces fichues portes soient encore plus lourdes ? marmonna une voix de femme.

— Contente-toi de te dépêcher, Lina. Je sais que tu as dit qu’ils n’ont pas de caméra, mais je sais que je me sentirais beaucoup mieux si nous étions déjà sorties d’ici, répondit une autre voix féminine.

— J’y suis… presque, grogna Lina.

Edge regarda avec incrédulité la porte s’ouvrir assez pour que l’ombre puisse entrer. Ses pupilles essayèrent de se contracter à cause de la lumière. Il poussa contre le mur, son bras se levant en direction de la personne dans l’embrasure de la porte.

— Attention ! avertit la femme derrière sa déesse.

— Fils de pute ! Ne me force pas à te mettre sur le cul, menaça sa déesse en faisant un pas en avant pour enrouler sa main autour de son poignet levé. Tu lâches ou je te fais lâcher.

Edge eut le souffle coupé. Il déglutit plusieurs fois avant de pouvoir parler. Son regard resta fixé d’incrédulité sur le visage rebelle qui avait les yeux levés vers lui.

— Vous… vous êtes réelle, dit-il finalement d’une voix rauque.

La femme lui adressa un sourire en coin.

— C’est bon de voir debout. Maintenant, voyons si nous pouvons sortir d’ici vivants, répondit-elle en se mettant sur le côté. Andy, tu ouvres la marche.

Edge regarda l’autre femme hocher la tête puis commencer à se détourner. Il fit un pas vers la porte. Sa vision se brouilla et il secoua la tête pour l’éclaircir. Il entendit au loin une voix lâcher une longue volée de jurons très fleuris. Des mains chaudes s’enroulèrent autour de sa taille pour le stabiliser.

Il parvint à saisir des bribes de mots. Son cerveau mit un moment à les traduire.

— Tiens-le, dit une voix.

— Merde ! Ça va mal se passer, répondit une autre.

— On va devoir le traîner, dit la première.

Edge secoua à nouveau la tête.

— Non, je… peux marcher, marmonna-t-il.

Les bras autour de lui se resserrèrent. La voix de sa déesse était sèche mais déterminée. Son refus de le laisser abandonner était comme un être vivant dans son esprit.

— Prouve-le, guerrier. Bouge tes pieds. Nous devons sortir d’ici immédiatement ou nous allons tous mourir, déclara-t-elle. Marche.

— Je peux marcher, marmonna Edge, levant un pied et faisant un pas en avant.

— Andy, tu passes devant. Tire sur tout ce qui se met en travers de notre route, ordonna sa déesse avant de refocaliser son attention sur lui. Bouge tes maudits pieds plus vite, guerrier.

— Vous êtes une… déesse très autoritaire… avec un langage fleuri, l’informa-t-il, sa voix se brisant alors qu’il essaya de se concentrer pour ne pas tomber.

L’autre femme devant eux émit un petit rire. La périphérie de la vue d’Edge s’obscurcit et il cligna des yeux pour l’éclaircir. Le bras autour de sa taille serra son flanc. Son bras était appuyé sur son épaule.

— Je suis trop lourd, dit-il, incapable de faire quoi que ce soit pour changer cela.

Sa déesse fit un bruit très disgracieux.

— Sans blague. Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? demanda-t-elle.

Edge sentit leur allure ralentir, et la femme devant eux murmura que la voix était libre. Tournant à l’angle, il appuya sa main libre contre le mur afin de rester droit et stable. Sa main glissa le long de la surface lisse.

— Prochaine à gauche, dit sa déesse.

— Des drogues. Mon cerveau… ma peau… me font souffrir, admit-il finalement.

— Merde ! marmonna la femme devant eux.

Edge agrippa le chambranle de la porte lorsqu’elle s’ouvrit. Cette pièce était plus sombre que le couloir. Il poussa un soupir de soulagement. La lumière lui faisait mal aux yeux. La femme le tira dans la pièce.

— Dieu merci, il y a un ascenseur de service au fond de la pièce. J’avais oublié à quel point vous étiez gros, vous les extraterrestres, grogna sa déesse.

L’autre femme avança à la hâte et appuya sur le bouton de contrôle. Les portes s’ouvrirent pour dévoiler un ascenseur. Edge entra dans la petite boîte en titubant. Il ferma les yeux et s’appuya contre le mur de l’ascenseur. Quand il se mit soudainement à bouger, Edge prit une profonde inspiration par le nez pour essayer d’empêcher son estomac d’expulser l’acide houleux qu’il contenait.

— Comment diable va-t-on réussir à le faire traverser jusqu’à l’autre bâtiment ? demanda l’autre femme.

Sa déesse l’avait guidé vers le coin et était appuyée contre lui dans le but de le faire rester debout. Il voulut répondre, mais l’effort qu’il fournissait pour contrôler sa nausée maintint sa bouche complètement fermée.

— Il y arrivera, répondit sa déesse. Il n’a pas le choix.

— Il n’a pas l’air d’aller bien, Lina, fit remarquer la femme alors que l’ascenseur commençait à ralentir.

Sa déesse ne répondit pas. Edge ouvrit les paupières quand l’ascenseur s’arrêta. La femme avec eux se mit sur le côté, un pistolet laser pointé vers la porte. Sa déesse s’était mise devant lui. Elle se tenait dans une posture défensive, son dos appuyé contre son torse et ses mains tenant fermement un autre pistolet. Les portes s’ouvrirent lentement pour dévoiler une autre pièce sombre.

La femme à côté de la porte jeta un œil dans l’ouverture avant de sortir prudemment de l’ascenseur. Un instant plus tard, elle leur fit signe de la suivre. Edge leva machinalement le bras quand sa déesse se tourna et passa à nouveau un bras autour de sa taille. S’appuyant lourdement sur son épaule, il avança en titubant.

Ils avaient déjà traversé la moitié de la pièce quand il se mit à parler. Sa gorge était sèche à cause de la déshydratation et sa voix rauque car il ne s’en servait pas beaucoup. Il pouvait quand même sentir le danger autour d’eux et savait qu’il était un handicap. Son esprit et son corps étaient en train d’arrêter de fonctionner.

— Vous… devez… me laisser, croassa-t-il d’une voix rauque.

— Ferme-la, répondit sèchement sa déesse.

Les sourcils d’Edge se froncèrent. De la colère commença à croître en lui. Personne ne lui disait de la fermer.

Il s’humecta les lèvres et essaya à nouveau.

— J’ai dit… vous devez… me laisser… ici. C’est… c’est trop dangereux… pour vous, insista-t-il.

La femme lui jeta un regard furieux.

— Et je t’ai dit de fermer ta putain de gueule, répondit-elle, balayant la pièce vide du regard.

Edge sentit le muscle de sa mâchoire tressauter face à sa réponse. Un grognement sourd de désapprobation gronda dans sa poitrine. Déesse ou non, elle devait comprendre qu’il ne mettrait pas sa vie en danger pour sauver la sienne.

Se concentrant en son for intérieur, il ordonna à son corps de l’écouter. Il sentit le corps de la femme se raidir de surprise quand il se redressa et essaya de s’éloigner d’elle. Son bras se resserra autour de sa taille et ses doigts se refermèrent sur le gilet qu’il portait.

— Je ne vous mettrai pas en danger, grogna-t-il.

Les doigts de sa déesse se fermèrent contre son flanc.

— Ne commence pas à jouer au mec susceptible et noble avec moi. Tu pourras faire ça après qu’on t’ait sauvé la peau. Crois-moi, Trivator, on fait ça uniquement parce qu’on a besoin de toi, dans le cas contraire, on t’aurait laissé chez les Waxians, répondit-elle sèchement.

— La voie est libre sur le toit, dit l’autre femme.

Edge fut surpris de sentir son corps se faire tourner et être poussé contre le mur. La femme appuya sa main libre contre son torse. Au fond de lui, il nota qu’elle était étonnement forte pour quelqu’un de si petit. Un éclair d’avertissement illumina ses yeux et cela lui donna envie de sourire. Son cerveau torturé assimila ce fait stupéfiant. Il avait envie de sourire !

— J’ai besoin que tu gardes ton sang-froid pour ce qu’on va faire ensuite. On doit traverser jusqu’à l’autre bâtiment. On a mis deux fois plus de planches, mais cela reste trop étroit pour qu’Andy ou moi puissions te soutenir. Tu as le choix. Tu peux soit marcher ou on peut essayer de te porter. Si tu foires, c’est une chute de quinze mètres qui t’attends. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’ils découvrent que tu as disparu. En es-tu capable ou non ? cracha froidement sa déesse à voix basse.

Edge baissa les yeux vers le visage qui le fixait. Dans la faible lumière, il put mieux voir ses traits que plus tôt. Des cheveux brun foncé mi-longs encadraient un visage avec un long nez, des lèvres pulpeuses et de féroces yeux marron foncé. Son haut et sa veste noirs faisaient ressortir la colonne laiteuse de son cou et la légère courbe de ses seins tandis que son pantalon moulant et ses bottes noirs montraient une silhouette indéniablement féminine.

— Pourquoi faites-vous ça ? demanda-t-il doucement.

L’expression sur le visage de la femme se durcit. Elle laissa lentement retomber sa main et s’éloigna de lui. Relevant le menton, elle braqua sur lui des yeux brillants de défi.