La Loi de l'Elixir - Marie Lefebvre - E-Book

La Loi de l'Elixir E-Book

Marie Lefebvre

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Beschreibung

Et si la royauté avait perduré après Louis XIV ? Et si un Roi immortel et tyrannique régnait sur le pays ? Et si la vengeance était la seule chose qui coulait dans les veine de Noé. Poussez les portes de ce somptueux palais pour y découvrir toute la cruauté d'un homme avide de pouvoir. Château de Versailles XXIème siècle Le Roi Armand, Premier des Immortels, règne d'une main tyrannique sur le Royaume de France depuis la mort de Louis XIV, le Roi Soleil en 1715. À l'origine de l'invention d'un élixir d'immortalité, le trône lui est destiné à tout jamais. Alors que Noé, un jeune homme venant du peuple, est engagé dans les cuisines du palais, les choses ne vont pas se dérouler comme il s'y attendait. Motivé par son esprit de revanche, il veut tout faire pour mettre fin à l'Enfer dans lequel il vit, mais c'était sans compter sur Adèle, première fille et héritière du Roi qui saura lui montrer qu'il existe bel et bien des différences entre le souverain et sa famille. Plongez dans un Versailles à la fois moderne et historique, où les idéologies de chacun ont une place tout aussi importante que l'amour mais où la vengeance reste le maitre mot. Quittez le règne majestueux de Louis XIV pour entrer dans celui sanglant d'Armand, Premier des Immortels.

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Seitenzahl: 352

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Sommaire

La Loi de l’Élixir

Leçons d’Histoire du Royaume des Immortels

Prologue

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Chapitre 31

Chapitre 32

Chapitre 33

Chapitre 34

La Loi de l’Élixir

Chaque Immortel doit vouer son existence éternelle au Roi Armand Ier des Immortels.

Ne sont éligibles à cette immortalité que les personnes choisies par le Roi (Nobles de naissance, appartenant à la cour, famille du roi ou encore toute personne que le Roi jugera méritante de cet honneur).

Dans une famille comportant déjà des Immortels, seuls les deux premiers enfants peuvent prétendre à l’élixir d’immortalité, cela afin de contrôler le nombre de la population.

Le peuple ne peut devenir Immortel, sauf exception accordée par le Roi.

Le nombre de doses d’élixir d’immortalité est d’une par personne et par année afin qu’aucun ne puisse dépasser les pouvoirs du Roi.

Le Roi sera le seul à bénéficier d’une dose par mois dans le but de protéger le royaume d’une quelconque attaque ennemie.

La famille royale dans sa totalité est éligible à l’élixir d’immortalité.

Le roi peut, s’il le souhaite, destituer toute personne de son droit à l’élixir.

Le roi peut, s’il le juge nécessaire, condamner à mort tout Immortel.

Leçons d’Histoire du Royaume des Immortels (volume 1)

Par Albert Brillou, Secrétaire du Roi Armand, 1er des Immortels.

En l’an 1715, le roi Louis XIV, aussi connu sous le nom du Roi Soleil perdit la vie. Sentant ses dernières heures arriver, contre toute attente et contre le principe de Monarchie de Droit Divin, il désigna un autre homme que son premier fils comme héritier légitime. L’homme qui deviendra par la suite Armand Ier des Immortels. Le choix du Roi Soleil fut mûrement réfléchi et, bien qu’il eût des héritiers légitimes, il désigna celui qui avait cherché pour lui un moyen d’accéder à l’immortalité. L’homme, futur roi, promis au mourant de trouver la recette parfaite de l’élixir d’immortalité. Et c’est ce qu’il fit, quinze ans plus tard. L’association d’un minerai tout fraîchement découvert, la cap-tine, et du sang de jeunes adultes mortels permettait à n’importe qui en prenait assez fréquemment d’avoir accès à la vie éternelle. Désormais vénéré par tous, le roi Armand, 1er des Immortels, permis à toute la famille royale d’avoir accès à cette immortalité. Il fit prendre cette boisson à une partie des nobles, ceux qui lui avaient toujours été fidèles et fit exécuter ceux qui l’avaient décrié par le passé. Désormais entouré de ses plus proches conseillers et de sa famille, il règnera pour toujours au Château de Versailles tout en luttant contre ses ennemis et en menant des guerres dans le but de poursuivre la croissance du royaume de France.

Prologue

La pluie ne cessait de tomber tandis que Noé regardait l’eau se mélanger au sang qui coulait de l’estrade depuis laquelle son père venait de perdre la vie. Il n’avait pas pleuré, n’avait pas vomit et n’avait encore moins réagit. Du haut de ses huit ans, il avait prit rapidement conscience de tout ce que cela voulait dire. Le déshonneur, mais pire que tout, la fin de l’espoir, pour lui, pour son frère et pour sa mère. D’autres enfants, dans les rues, lui avaient raconté la réalité d’avoir un parent considéré comme traitre au Roi et si une quelconque émotion pouvait habiter son corps à ce moment-là, ce serait la panique qui l’envahirait. Mais c’était avant tout la rage qui bouillait dans ses pensées, notamment devant tant d’injustice. L’envie de vengeance prit le dessus sur la tristesse et il se promit, à lui ainsi qu’à son défunt père de mettre fin à toute cette barbarie, même s’il devait y laisser la vie. Sans se retourner, il prit son petit sac à dos dans lequel se trouvait le peu d’affaires qu’il possédait et entreprit son chemin vers des endroits inconnus, vers un avenir dont il n’avait aucune idée mais surtout vers la vengeance, sa vengeance.

Versailles, en l’an 2066, au cours du 3ème siècle du règne d’Armand Ier des Immortels.

Voilà vingt longues minutes qu’il patientait dans le froid hivernal. La neige avait commençait à tomber autour de lui ajoutant une ambiance presque mystique au moment. Ses empreintes de pas mettraient certainement du temps à s’effacer du sol. Personne ne venait lui ouvrir cette fichue porte en bois. Il ne pourrait pas la forcer de lui même, elle était bien trop grande et semblait bien trop lourde. Il commençait à désespérer et à se demander s’il ne valait pas mieux partir maintenant. Mais cela serait décevoir Monsieur Simon son maître d’apprentissage en cuisine, l’homme qui l’a élevé, certes strictement, mais avec générosité pendant des années. Cet homme qui l’avait nourri alors qu’il n’était qu’un jeune enfant de huit ans qui arpentait les rues après la mort de son père ne méritait pas d’être déçu. Mais bien au-delà de l’envie de rendre fière Monsieur Simon, Noé voulait sa revanche sur la vie et sa vengeance sur ce système bien trop mauvais et néfaste.

Ses doigts commençaient à geler, il n’avait pas pensé à prendre une paire de gants. Il n’avait pas beaucoup d’affaires et c’était quand même fou de réussir à oublier une des seules choses qui pouvait réellement lui être utile à ce moment précis. Après tout, il n’avait surtout pas pensé qu’aucun employé, qu’aucune âme en ce maudit palais, ne viendrait le chercher ou ne répondrait à la porte à laquelle il s’efforçait de frapper depuis trop longtemps. Il s’obligea à marcher pour ne pas geler sur place, mais au rythme où les choses avançaient, il avait peur de mourir en glaçon avant même d’avoir pénétrer dans l’enceinte du bâtiment le plus majestueux du pays. Le bout de ses doigts lui faisait tellement mal qu’il n’était même pas capable de remonter la mèche brune de ses cheveux qui lui tombait sur les yeux.

Pour cette raison, il n’aperçut pas la jeune femme qui s’approchait de lui, les bras chargeaient de linge. La pile de vêtement était tellement haute, presque une tête de plus que la demoiselle, que celle-ci ne vit pas où elle marchait et percuta le jeune homme de plein fouet. Il tenta, tant bien que mal, de retenir la montagne de tissus mais malheureusement certains tombèrent dans la boue mélangeait à la neige fondue qui s’accumulait sur les pavés de la cour depuis les dernières pluies. Une matinée de travail complètement saccagée.

— C’est bien ma veine ça, Madame va être furieuse et je vais encore devoir travailler toute la nuit pour rattraper tout cela, s’énerva la servante.

— Permettez que je vous aide, commença Noé, après tout, je suis aussi responsable dans cette catastrophe, j’aurai dû être plus attentif et remarquer que vous avanciez vers moi.

— D’abord, qui êtes-vous ? Et que faites-vous là ? Cet endroit est interdit aux visiteurs, il est réservé au personnel du château !

— Justement, je dois commencer aujourd’hui dans les cuisines, malheureusement, j’attends depuis pratiquement trente minutes, mais personne n’est venu m’ouvrir, je vais être en retard et si vous ne m’étiez pas rentrée dedans, je ne sais pas encore combien de temps j’aurai patienté dans ce froid glacial, sourit le jeune homme en s’efforçant de mettre de la bonne humeur dans le discours.

La jeune femme dont il ne connaissait toujours pas le prénom détourna le regard et lui indiqua de la suivre à l’intérieur. Elle n’était peut-être pas très bavarde mais au moins cesserait-il de mourir de froid.

On lui avait demandé d’être en cuisine pour sept heures du matin, à savoir l’heure du petit-déjeuner de la famille royale, or il avait déjà plus d’un quart d’heure de retard. En ce qui concernait faire bonne impression le premier jour, c’était perdu d’avance. Il ne devait absolument pas se faire remarquer, il devait faire profil bas pour que personne ne soupçonne la vraie raison de sa présence ici. Pas même Monsieur Simon n’avait eu vent de ses intentions face à sa prise de poste au château de Versailles.

Les portes s’ouvrirent vers un couloir très étroit, il fut donc obligé de rester derrière la jeune femme et ne put s’empêcher de remarquer sa maigreur sous cette robe grise et ample qui ne lui rendait pas du tout justice. Pourtant, elle lui avait semblé jolie pour le peu qu’il avait pu voir son visage. Sa peau noir ébène contrastait avec ses yeux bleus aux couleurs de l’océan. Enfin ce qu’il s’imaginait être la couleur de l’océan, il n’y avait malheureusement jamais mis les pieds.

Elle lui indiqua le portemanteau, il y déposa ses affaires, à savoir un petit sac dans lequel il avait pu mettre tout ce qu’il possédait. Toujours dans le silence, elle lui indiqua l’entrée de la cuisine où il était attendu. Il la remercia mais ne tenta pas de lui demander son prénom ni même de lui souhaiter une bonne journée. Vu la façon dont elle avait démarré pour eux deux, il ne fallait pas douter que la suite serait tout aussi chaotique.

En cuisine, tout le monde était en train de s’activer, Noé resta planté quelques secondes devant la porte, jusqu’au moment où un homme d’une quarantaine d’années, bien portant et joufflu lui hurla de se mettre au boulot. Sans repère, il se précipita vers un jeune homme qui lui semblait beaucoup moins perdu que lui dans l’espoir de se voir indiquer ce qu’il devait faire.

Toujours sans un mot, à croire qu’il était interdit de parler, l’homme lui tendit une caisse de pommes de terre et un économe, il ne fallait pas être magicien pour comprendre qu’il allait passer sa matinée, voire sa journée à éplucher des kilos de légumes.

À quoi bon s’être formé pendant des années, s’être fait hurler dessus, avoir pris des coups pour dresser les plus belles assiettes, ou même pour confectionner les mets les plus succulents, si ce n’était finalement que pour être de corvée d’épluchage ?

Le nouveau venu prit sur lui, il ne dit rien, se rappelant toujours sa première mission, ne pas se faire remarquer.

Les heures passèrent, personne n’était encore venu lui adresser la parole et lui, qui aimait la compagnie, commençait à se sentir seul et à regretter de ne pas avoir fait demi-tour plus tôt le matin même. Alors que la fin de l’après-midi commençait à arriver, que le soleil tombait et que la totalité des sacs de légumes avait été épluchée, on vint lui annoncer que sa journée était finie et qu’il pouvait rejoindre sa chambre dans le dortoir des servants.

Il suivit le groupe tout en pensant à récupérer ses affaires. Il savait qu’il avait hérité de la chambre 12, il ne savait pas ce qui était arrivé à l’ancien occupant de la pièce, les places au château de Versailles étaient plus que comptées et lorsque l’une d’entre elles se libérait, l’on pouvait imaginer qu’il ne s’agissait pas d’une décision de l’employé.

Le trajet jusqu’à sa chambre lui semblait compliqué, jamais il ne parviendrait à retourner en cuisine le lendemain sans se perdre. Le fait que personne ne lui adressait la parole n’aidait pas non plus. Il ne pouvait donc compter que sur lui-même.

La pièce était petite, un lit une place avec des draps gris qui semblaient être aussi vieux que le château, une petite armoire, mais il ne lui en fallait pas plus pour y mettre le peu d’affaires qu’il possédait. La petite fenêtre avec des barreaux lui offrait une vue vers la cour au sol de pavé dans laquelle il avait patienté ce matin dans le froid. La pièce n’avait pas de chauffage et le froid hivernal s’infiltrait par tout le recoin, mais il était habitué au froid, il n’avait jamais eu de cheminée ni de chauffage chez lui ou même chez Monsieur Simon. Il connaissait l’existence de ces deux machines, mais après tout, ce que l’on avait jamais connu ne pouvait pas nous manquer.

Rien dans la chambre ne pouvait l’étonner, si ce n’était l’écran noir accroché au mur, sur lequel il pouvait voir une étiquette blanche avec un mot qu’il ne connaissait pas « télévision ». Il n’avait aucune idée de ce que pouvait être cet appareil. Accroché à cela par une ficelle, il trouva un petit boitier noir avec des boutons, il s’amusa à appuyer sur chacun d’eux. D’un seul coup, sans crier garde, une image en mouvement apparue sur l’écran qui maintenant n’était plus noir. Peut-être aurait-il préféré avoir le chauffage plutôt que cet instrument possédé.

Il fût absorber durant de longues minutes et ne pouvait détacher son regard de cette télévision.

Il faudrait qu’il trouve une personne à qui demander de quoi il s’agissait véritablement.

Étonnamment, il se sentait épuisé par cette première journée. Il avait connaissance que la salle d’eau se trouvait au fond du couloir mais n’envisageait pas encore de s’y rendre. La faim lui tiraillait l’estomac et il se demanda quand allait-il pouvoir dîner ? Aucun repas ne lui avait été proposé le midi et il n’avait pas eu le temps ni même l’envie de manger quelque chose avant de partir de la maison de Monsieur Simon, bien trop occupé à angoisser.

Il savait que les minutes défilaient mais ne savait pas exactement l’heure qu’il était, en effet, il ne possédait pas de montre et sa modeste chambre n’était pas équipée d’une horloge.

Il sortit de ses affaires son carnet et un stylo et se mit à écrire un résumé précis de sa première journée. Il ne s’agissait pas d’un moyen de se rappeler sa vie mais bien d’une façon de dénoncer et d’expliquer ses actions si toutefois il venait à perdre la vie durant sa vengeance. Il était hors de question que les actions de la couronne et celles des immortels restent impunies.

Tandis qu’il était concentré dans son écriture, il lui sembla entendre frapper à sa porte. Il hésita avant de se lever, qui cela pouvait-il bien être ? Il se leva de son petit lit et fit rapidement les trois pas qui le séparaient de la petite porte en bois marron.

Derrière celle-ci se trouvait la jeune femme qui l’avait accueillie le matin même. L’expression de son visage ne cacha pas sa surprise. Il commença à reculer comme s’il comptait la laisser rentrer dans sa chambre, bien que le règlement lui interdise la présence de toute personne du sexe opposé dans cet espace.

— Je me suis dit que personne ne t’avait donné d’informations sur les repas, les douches et tout ce qui concerne ton travail donc me voilà, je suis venue tout t’expliquer ! Je m’appelle Juliette au fait, s’exprima-t-elle de façon plus enjouée que le matin même.

— Je m’appelle Noé, merci de m’aider, j’avoue que je suis complètement perdu pour le moment

— Pour faire simple, tes horaires tu les connais à peu près tu commences à 7 heures pour le petit-déjeuner de la famille royale, ensuite aujourd’hui j’imagine que personne ne t’as prévenu mais tu as une pause entre midi et 14 heures et ensuite tu reprends le travail jusqu’à 17 heure. Je vais te montrer où se trouve la cantine. Elle est ouverte de 11 heures à 15 heures et de 18 heures à 21 heures pour que tout le monde puisse manger en fonction de ses horaires. La salle de bains est au fond du couloir, tu peux y aller quand bon te semble mais je te conseille d’éviter d’y aller entre 18 heure et 19 heure si tu veux un petit peu d’intimité et puis je pense que c’est à peu près tout. Je vais au réfectoire pour manger si tu veux venir avec moi, si tu ne veux pas je ne te le proposerai pas de nouveau et tu mangeras seul jusqu’à la fin des temps, rigola Juliette.

— J’imagine donc qu’il vaut mieux pour moi que je te suive, d’autant plus que je n’aime pas vraiment la solitude, enfin uniquement à petite dose, par exemple sous la douche.

Le chemin vers le réfectoire était beaucoup moins compliqué que celui entre sa chambre et la cuisine, il lui suffisait d’aller toujours tout droit et d’emprunter une des grandes portes en bois. La salle n’était que très peu remplie et pour cause, si l’on en croit ce que dit Juliette, beaucoup de servants sont occupés à prendre leur douche pour l’instant. Les deux jeunes gens récupérèrent un plateau et se dirigèrent vers les plats. La nourriture semblait simple mais appétissante. Noé se servit plus que de raison, n’ayant rien mangé depuis la veille au soir. Ils s’installèrent à la table la plus au fond de la pièce. Il y faisait aussi froid que dans sa chambre, les plats chauds étaient plus que bienvenue. Le bol de soupe lui réchauffait les mains tandis qu’ils discutaient de tout et de rien.

La jeune femme semblait plus ouverte à la conversation que le matin même.

Noé lui demanda ce qu’elle faisait au sein du château et il apprit qu’elle était la servante et la dame de compagnie de la fille du roi, la plus âgée. Enfin si toutefois il y avait un sens à s’intéresser à l’âge de la famille royale.

La princesse, nommée Adèle avait commencé la prise d’élixir d’immortalité il y a presque 200 ans quand elle venait d’avoir 18 ans. Depuis, les femmes de la famille de Juliette se relayaient en tant que dames de compagnie.

La compagnie de Juliette serait donc d’une grande utilité pour Noé, elle était proche de la princesse et par conséquent, plus proche du roi qu’il ne le serait jamais.

Le jeune homme lui posa des questions sur la princesse sans pour autant paraître trop intéressé, il ne fallait surtout pas qu’elle se pose des questions.

Ils profitèrent tous les deux du repas pour apprendre à se connaître mais aussi pour tisser des liens. Plus il lui parlait, plus il se rendait compte de sa beauté, que ce soit intérieur que physique. Ses longs cheveux noirs étaient tressés, elle les avait détachés depuis la matinée, ses yeux, toujours aussi bleus, possédaient un petit reflet gris et ses lèvres pulpeuses étaient d’autant plus jolies qu’elles énonçaient des mots avec une voix somptueuse.

La fin du repas arriva trop vite pour Noé qui appréciait la compagnie de la jeune femme. Il n’avait pas l’habitude d’être accompagné pendant le repas. Du moins plus depuis la mort de son père et sa fuite vers la capitale. Monsieur Simon ne mangeait jamais avec lui, il se demandait même si l’homme se nourrissait.

Malheureusement les heures passaient et la jeune femme devait se rendre auprès de la princesse Adèle afin de l’aider à se préparer au coucher.

Elle lui proposa de le rejoindre le lendemain matin à la même table pour le petit-déjeuner, aux alentours de 6 heures. Enfin si sa compagnie l’avait enchantée. Sur ces paroles, elle emporta avec elle son plateau et se dirigea vers la sortie de la cantine.

Il était donc temps pour lui de retourner à sa chambre, d’aller prendre une douche, bien méritée et qui lui ferait le plus grand bien. Après cela il lui faudrait dormir. Le réveil se fera très tôt le lendemain et il lui fallait être en pleine forme pour cette nouvelle journée de travail.

Il lui faudra se faire à ce rythme effréné de travail mais la vengeance le motivait plus que tout. Et après tout, il ne comptait pas rester ici toute sa vie, enfin à moins que celle-ci ne se finisse plus tôt que prévue.

La salle de bains était vide quand il y mit les pieds. Il apprécia le fait que l’eau chaude soit disponible. Il ne se souvenait pas de la dernière fois qu’il avait connu l’eau chaude sur sa peau et en profita. Il se savonna et resta dans la cabine de douche pratiquement 10 minutes avant d’être rattrapé par la fatigue.

Il se dirigea alors vers sa chambre pour se coucher. Il n’avait toujours pas connaissance de l’heure qu’il était mais la lourdeur dans ses yeux lui indiquait qu’il était temps d’aller dormir.

Malgré le froid de la pièce, la couverture présente sur son lit le réchauffa instantanément et il tomba dans un sommeil profond à peine sa tête fut-elle posée sur l’oreiller.

La pluie était en train de mouiller ses cheveux, les larmes coulaient sur ses joues. Cela faisait des heures qu’il pleurait sans jamais s’arrêter. Comment son coeur d’enfant allait-il supporter ce qu’il venait de voir. Les hurlements de son père, accusé de trahison alors qu’il ne cherchait qu’à sauver son deuxième fils, malade, presque mourant.

Il se rappellerait toujours les personnes qui l’entouraient pendant cette épreuve. Le visage de son père recouvert d’un sac noir tandis qu’on lui frappait les mains avec un marteau, punition administrée aux voleurs. Il se souviendra des larmes de sa mère tandis qu’on attachait les membres du maître de la maison à des cordes reliées à quatre chevaux qui avaient pour mission de l’écarteler. Et enfin, il n’oublierait jamais la sensation de nausée qui traversa son coeur lorsque la tête de son père fut retirée de son corps et qu’elle roula jusqu’à ses pieds, comme un signe du destin, lui rappelant que le roi saurait toujours tout de leurs moindres faits et gestes.

C’est une sonnerie qui sortit Noé de ce cauchemar qu’il faisait toutes les nuits depuis ses huit ans. Aucune nuit ne lui apportait du répit et ne lui rappelait pas cette triste et éprouvante épreuve qu’il avait vécu. Et pas même la fatigue de sa journée de travail de la veille n’avait réussi à lui faire passer une bonne nuit de sommeil.

Il commença à s’étirer dans le lit, essuyant cette habituelle larme qui coulait sur ses joues. Il hésita quelques secondes à sortir de la chaleur agréable de la couverture mais se rappela rapidement qu’il n’avait pas beaucoup de temps devant lui pour se préparer à commencer cette nouvelle journée. D’autant plus qu’il devait rejoindre Juliette assez rapidement dans le réfectoire pour prendre le petit-déjeuner.

Durant son trajet pour la salle de bains la veille, il avait repéré une horloge, il se leva et se dirigea donc vers elle pour connaître l’heure afin de ne pas être en retard. Il avait donc une petite demi-heure devant lui pour s’habiller avant d’aller prendre son petit-déjeuner.

Il enfila un pantalon noir et une chemise blanche légèrement froissée à cause du voyage dans son sac à dos. Il savait qu’il trouverait un tablier à la cuisine pour éviter de se salir.

Il traversa le couloir afin de pousser les portes de la cantine et s’engagea vers le fond de la salle pour rejoindre la jeune servante.

Ses yeux étaient étonnamment petits. Elle semblait très fatiguée, comme si elle n’avait pas dormi de la nuit.

Elle ne remarqua sa présence que lorsqu’il s’installa à sa droite. La jeune femme sursauta et en laissa tomber sa fourchette. Elle tourna le regard vers Noé qui remarqua le bleu qui ornait son oeil droit. Il avait pris assez de coups dans sa jeunesse pour en reconnaître les traces quand il en voyait.

— Qu’est-il arrivé à ton oeil ? Lui demande-t-il.

— Oh ça, ce n’est rien, je me suis pris le coin de mon armoire, en même temps si nos chambres n’étaient pas si petites, je ne passerai pas mon temps à me cogner partout. Si tu voyais mes jambes, elles sont pleines de bleus.

Noé n’y croyait pas une seule seconde mais ne connaissant pas assez la jeune femme, il préféra ne rien dire et attendre de voir si d’autres traces de coups apparaissaient.

Le petit-déjeuner se fit dans le calme. Les deux nouveaux amis ne se parlaient pas beaucoup. Et une fois leur estomac rempli, il était temps pour eux de commencer leur journée de travail. Ils se promirent de manger ensemble le soir même afin de se raconter leur journée.

Noé sortit de la pièce et commença a se diriger vers la cuisine. Comme il s’en doutait, il était beaucoup plus facile de se rendre à la cantine depuis sa chambre qu’à son lieu de travail. Après avoir tourné pendant une bonne dizaine de minutes, il était convaincu qu’il avait atterri dans une partie du château où il n’était pas censé être.

Tout paraissait trop luxueux pour l’espace des servants. Les plafonds étaient ornés de moulures recouvertes de feuilles d’or. À chaque angle se trouvait un présentoir avec des statues majestueuses. Les portes elles-mêmes étaient d’une richesse et d’une finesse qu’il n’avait jamais observé. Le papier peint du couloir était fait de dorures avec des dessins de feuilles et de fleurs s’accordant avec celles que l’on pouvait observer dans les jardins du château de Versailles. Il s’émerveilla devant les statues et les oeuvres d’arts et se perdit dans leur contemplation. À tel point qu’il n’entendit pas les bruits de pas qui s’approchaient de lui.

En se retournant, il percuta quelque chose, il croisa les doigts pour que cela ne fût pas une statue. Malheureusement pour lui, il ne s’agissait pas d’une statue mais d’une immortelle. Il s’agissait de la première fois qu’il en voyait une et qu’il en touchait une même si ce n’était pas volontaire de sa part. Le regard que lui jeta la femme lui fit froid dans le dos.

Néanmoins, il ne put s’empêcher de l’observer. Elle était grande, il ne se rappelait pas avoir déjà aperçu une femme aussi grande. Ses cheveux étaient d’un blond tellement clair qu’en fonction de la lumière qui se reflétait dedans ils pouvaient paraître blancs. Elle était très fine, ses jambes étaient certainement l’une des parties de son corps qui faisait chavirer tous les hommes, il en apercevait une bonne partie étant donné qu’elle était vêtue d’une robe assez courte qui montait au-dessus de ses genoux.

Son regard remonta vers son visage qui était plus que gracieux. Ses yeux d’un noir profond étaient habillés de longs cils recourbés, ainsi que d’un trait de liner noir épais qui lui donnait un air très sérieux et strict. Son teint était pâle, c’est notamment à cela qu’il avait reconnu qu’il s’agissait d’une immortelle. Ses lèvres étaient recouvertes d’un rouge à lèvres rouge sang. Ou peut-être s’agissait-il réellement de sang ? Il ne le saurait jamais. Il ne le remarqua que très tard, mais sur sa tête reposait une couronne.

Et mince, il avait percuté un membre de la famille royale dans un couloir où il n’était pas censé se trouver. Il était un homme mort. Ce n’est que lorsqu’il aperçut Juliette qu’il se rendit compte qu’il ne s’agissait pas de n’importe quel membre de la famille royale mais de la Princesse Adèle, la fille préférée du roi Armand. C’était sûr, il allait finir la tête coupée.

— Votre altesse, je vous prie de bien vouloir accepter mes excuses, je me suis perdu à travers les couloirs de ce magnifique château, cela ne se reproduira pas, s’excusa Noé

— Noé, voyons que fais-tu ici ? Demanda Juliette

— Juliette, vous connaissez cet homme ? Interrogea la princesse

— Il vient d’arriver au château votre Altesse, il ne connaît pas encore tous les chemins mais je suis persuadée qu’il ne pensait pas à mal, Madame.

— Vous vous portez donc garante des intentions de ce jeune servant Juliette ? Commença la jeune princesse

— Bien sûr votre altesse, je vais m’empresser de lui montrer le chemin jusqu’à la cuisine et cela ne se reproduira plus, continua la servante.

— Faites donc et revenez aussi vite que possible, vous savez très bien que j’ai une réunion de la plus haute importance avec mon père dans à peine une heure, il me faut être prête et parfaite, vous savez très bien comment il réagit quand il n’est pas content.

Pour seule et unique réponse, la servante effectua une révérence et attrapa Noé par le haut du bras. Elle semblait énervée. On revenait donc au caractère de leur première rencontre. Elle était extrêmement fâchée contre lui. Quel sombre idiot d’être parvenu jusqu’aux couloirs des appartements privés de la princesse Adèle. Elle espérait que celle-ci n’en parlerait pas à son père sinon elle risquait une énième punition qui lui laissera encore une fois une ecchymose.

Juliette marchait très vite et Noé tentait tant bien que mal de suivre le rythme. Ce n’est qu’en se mettant au pas de course qu’il parvint à la rattraper. Il ne faisait plus attention à tout ce qui l’entourait, trop occuper à ne pas perdre de vue la jeune femme. Et pourtant il lui aurait été bien utile de commencer à se repérer dans le château s’il voulait mettre ses plans à exécution le plus rapidement possible.

— Juliette voyons ralenti, je ne suis pas capable de te suivre ! Hurla-t-il dans le couloir.

— Voyons vas-tu te taire ? Si le roi t’entend il te fera pendre, s’énerva la dame de compagnie de la princesse.

— Je ne serai pas le premier serviteur de la couronne à finir pendu, ironisa le jeune cuisinier.

— Es-tu complètement fou de tenir des propos pareils ou ne-tiens tu simplement pas à ta vie ? l’avertit Juliette alors qu’elle franchissait la porte menant au couloir des serviteurs.

De suite les décorations devinrent beaucoup moins précieuses. Les murs étaient d’une peinture marron, presque noire de saleté. Fini les dorures, retour aux fourneaux et à l’ambiance austère pour le nouveau résident du château.

— Je ne sais pas pourquoi tu te comportes de cette façon, mais si tu tiens à rester en vie tu ferais mieux de te tenir à carreau, ce que tu as pu entendre sur le roi et ses châtiments sont on ne peut plus vrai, alors si j’étais toi, je serai prudent dans mes propos, lui indiqua Juliette avant de le laisser dans la cuisine et de repartir à son travail encore une fois au pas de course.

Comme la veille, peu de monde adressa la parole à Noé. Bien évidemment, il se fit réprimander à propos de son deuxième retard en deux jours. Il accepta le discours de son supérieur dans le silence, assurant que cela ne se reproduira pas et au fond de lui il l’espérait. Il fallait vraiment qu’il demande à quelqu’un de lui indiquer un moyen de ne pas se perdre dans le château.

Durant sa matinée de travail, les paroles de Juliette lui revinrent en mémoire. Évidement qu’il était au courant de la cruauté du roi, son père en avait fait les frais, ainsi que toute sa famille qui fut déshonorée et condamné à travailler dans les mines afin d’aider à la fabrication de l’élixir d’immortalité.

La seule raison pour laquelle Noé n’était pas en ce moment même en train de se tuer la santé en travaillant la terre était sa fuite. S’il ne s’était pas enfui, il vivrait le même sort que sa famille. Il ne regrettait pas son choix, il n’avait pas fait cela de façon égoïste mais dans l’espoir d’un monde meilleur, dans l’espoir de venger son père et de permettre au royaume de France de devenir un pays plus sur pour tout le monde.

La seule solution à cela, tuer le roi ainsi que la famille royale. Il s’était fait le serment d’y arriver et c’était pour cela qu’il avait accepté de dormir dehors, dans le froid, de travailler jour et nuit et de subir les réprimandes et les coups de Monsieur Simon.

Sa balade maladroite dans le château lui avait ouvert une porte vers sa vengeance, il savait comment atteindre un membre de la famille royale et il ne se gênerait pas pour utiliser cette nouvelle connaissance.

Encore une fois, il passa la journée à éplucher des légumes. Contrairement à la veille, il ne s’en soucia pas. Cela lui permit de réfléchir. Pour exécuter son plan, il lui fallait trouver des alliés. Il savait que de nombreuses personnes étaient contre le système des immortels et par conséquent contre la famille royale mais comment savoir qui ? Il avait toujours travaillé en solitaire et n’avait donc jamais eu connaissance d’un groupe de résistants ou encore d’une organisation rebelle.

Il lui fallait être prudent dans ses recherches, tout pouvait rapidement se retourner contre lui.

Il devait apprendre à connaître les gens qui l’entouraient et voir leur réaction quand on leur parlait de la famille royale.

Il allait devoir discuter avec Juliette durant leur repas. Elle avait conscience des châtiments du roi, peut-être était-ce même lui qui lui avait fait ces marques sur le visage ? Elle pouvait donc très facilement devenir une de ces alliées. Il pourrait aisément la convaincre de l’aider dans sa vengeance.

Alors qu’il était en train d’éplucher une énième pomme de terre, il avait arrêté de compter il y avait bien deux heures de cela, une silhouette d’homme entra dans la cuisine et tous cessèrent leur activité.

Évitant de se faire remarquer, Noé fit de même et posa son couteau. Il ne reconnaissait pas la personne qui venait d’interrompre leur journée de travail mais sa façon de se tenir et sa tenue vestimentaire lui firent comprendre qu’il s’agissait d’un noble. Pas un membre de la famille royal car il ne portait pas de couronne mais bien quelqu’un de haut placé. Certainement venait-il pour lui. La princesse avait dû parler au roi, son père et il était donc temps pour lui de recevoir sa punition.

Il était plus que prêt. Il s’agirait au moins d’une occasion pour mettre un visage sur le nom du roi. Effectivement en presque 25 ans d’existence, il n’avait jamais eu la chance ou la malchance d’apercevoir son souverain, que ce fusse en portrait ou en personne. Il aurait été difficile d’exécuter une personne sans même savoir à quoi elle ressemblait.

L’homme qui venait d’entrer dans les cuisines était grand, avec beaucoup de charisme. Son visage était carré et ses joues très anguleuses. Il donnait l’impression d’avoir une cinquantaine d’années. Bien que Noé se doutait qu’il s’agissait d’un immortel et que par conséquent il était bien plus âgé que cela. Ses yeux étaient très cernés et ces pupilles étaient d’un marron très clairs avec des reflets or. Il ne semblait pas français mais plutôt des pays du Nord.

Son accent lorsqu’il prit la parole confirma les doutes de Noé.

— Pour ceux qui ne me connaissent pas et qui sont nouveaux ici, je suis Johan Hansen, le ministre de la guerre de sa majesté le roi Armand, Ier des Immortels. Je ne suis pas venu ici par simple visite de courtoisie mais pour vous annoncer que certains d’entre vous auront l’honneur de participer à un bal royal en la présence de sa majesté et de toute la famille royale. Cet évènement se tiendra dans trois mois, les servants qui auront l’honneur d’y participer seront tirés au sort dès demain. Je vous invite à déposer votre nom et prénom dans cette petite boîte qui se trouve à ma droite si vous souhaitez vous porter volontaires. Sachez que cela serait un honneur pour vous et vous permettrait peut-être de vous élever dans les rangs. En effet, dans sa bonté et sa générosité, le roi proposera aux gagnants d’avoir accès à des cours d’histoire, de danse, mais aussi de bienséance, chose qui vous permettra de ne pas vous ridiculiser et de ne pas ridiculiser le roi durant la soirée.

Sur ces paroles, l’homme en uniforme noir fit demi-tour sans adresser un au revoir aux hommes présents en cuisine.

Suite à cette annonce, il régnait une effervescence inhabituelle au sein de la pièce. Tous semblaient heureux. Un tel évènement n’avait jamais eu lieu au sein du château et n’aurait sûrement pas lieu de nouveau avant la mort de tous.

Bien évidemment, tous se précipitèrent vers la boîte pour indiquer leur participation. Noé ne réfléchit pas à deux fois. Il s’agissait d’un des meilleurs moyens d’avoir accès à la famille royale. De pouvoir potentiellement repérer leur façon de vivre et de se comporter et de pouvoir avoir accès au château afin d’en apprendre le plus possible sur leurs habitudes. Malheureusement, cela lui fit aussi comprendre que tous les hommes en cuisine semblaient soutenir le roi. Ce n’était pas pendant son service qu’il trouverait des alliés.

Encore tous sous l’effet de l’annonce, la journée se déroula dans la bonne humeur et toucha vite à sa fin pour Noé.

Comme la veille, il alla rejoindre Juliette au réfectoire, la souhaitant de meilleure humeur que le matin même.

Cette fois-ci et contrairement aux fois précédentes, elle était accompagnée. Autour d’elle se trouvait, à sa droite, un homme qui devait avoir une trentaine d’années et qui ressemblait énormément à la jeune dame de compagnie, peut-être s’agissait-il de son frère et à sa gauche un autre homme, plus jeune, il devait à peine être majeur et pourtant la fatigue des années de dur labeur se lisait sur son visage. Sa peau était très pâle et il ne souriait pas. Ses yeux étaient éteints comme si tout espoir avait quitté son corps.

C’était pour les gens comme lui que Noé comptait agir, et c’est peut-être ce jeune homme qui deviendrait son premier allié.

Quand il s’installa à la table, la conversation entre le petit groupe prit fin.

De toute évidence, il était de trop à la table. Néanmoins, il ne fit pas demi-tour. S’ils avaient quelque chose à dire, ils n’avaient qu’à le faire devant lui.

— Salut Noé, engagea Juliette qui semblait toujours énervée contre l’homme, tu as entendu l’annonce du ministre de la guerre ?

— Bien sûr, qui n’est pas au courant ? C’est une opportunité en or, j’espère vraiment être sélectionné, se réjouit le jeune cuisinier pour masquer tous soupçons.

— C’est des conneries, murmura le plus jeune des hommes attablé

— Mathias, vas-tu te taire un peu, chuchota Juliette, ne l’écoute pas Noé, il ne sait pas ce qu’il dit.

— Au contraire, laisse-le parler, il a de toute évidence beaucoup de choses à dire, commença Noé qui sentait l’espoir de trouver des alliés croître petit à petit.

— C’est des conneries, je n’ai rien d’autre à ajouter, ça sent le piège à plein nez et les gens sont juste heureux de se retrouver en présence de la famille royale qui trouve du plaisir à nous torturer et à détruire nos familles en se nourrissant du sang des plus jeunes adultes, continua le jeune homme prénommé Mathias.

— Comme je te l’ai dit Noé, ce n’est encore qu’un enfant, il ne sait pas ce qu’il raconte, c’est une vraie chance de pouvoir participer à ce bal, le roi est très généreux en agissant ainsi et nous devons nous montrer plus que reconnaissants, s’essouffla Juliette.

— Peut-être qu’il ne dit pas n’importe quoi, peut-être que d’autres pensent la même chose que lui, peut-être qu’il est temps d’ouvrir les yeux sur la réalité de notre système, tu ne crois pas ?

Noé n’avait aucune idée de pourquoi il avait annoncé cela, il se mettait en danger mais le fait que Mathias soit toujours parmi eux malgré ses idées lui prouvait que les deux autres assis autour de la table ne l’avaient jamais dénoncé et qu’il pouvait par conséquent être quelque peu honnête sur ce qu’il ressentait.

— Et si je te disais que je pensais la même chose que Mathias, qu’en dirais-tu ? Je ne suis pas un gamin et pourtant je trouve qu’il a raison. Cette société est pourrie. Ma mère et mon plus jeune frère sont en train de mourir dans les mines de captine tout ça pour que des riches se pavanent dans ce monde jusqu’à la fin des temps, je ne suis pas d’accord. Ce système doit s’arrêter maintenant.

— Je n’en pense pas moins Noé, sois en sur mais c’est trop dangereux de penser ce genre de choses. Nous ne souffrons pas ici en tant qu’employé de la famille royale. Nous ne connaissons pas les sacrifices que fait le reste de la population donc je ne vois pas réellement l’intérêt de prendre des risques en énonçant de tels propos dans un lieu public avec des oreilles qui traînent partout, continua de chuchoter la jeune femme.

Noé ne put s’empêcher de penser qu’elle avait eu beaucoup de chance dans la vie, elle n’avait jamais rien vécu de difficile. Depuis sa naissance elle vivait dans cette tour d’or qu’était le château de Versailles et avait toujours été protégée par la princesse Adèle. Il était normal qu’elle ne souhaite pas changer de vie, vu la facilité de la sienne, mais elle pourrait avoir une vie encore plus parfaite si elle s’engageait avec lui dans la destitution du roi, dans la fin de la monarchie et dans le début de la démocratie.

Il avait entendu parler de ce régime politique qui prenait place dans beaucoup de pays voisin du royaume de France et tout semblait tellement plus facile, moins cruel et plus juste pour tout le monde. Il en rêvait pour son pays et pour son futur, mais surtout il l’espérait en souvenir de son père.

— Peut être que tu n’as jamais eu à te plaindre des actions de la famille royale, mais sache que tu n’es pas seule dans ce monde et que beaucoup, j’imagine même autour de cette table ou dans cette pièce ont subi la cruauté de ce régime et souhaiterai en voir la fin le plus rapidement possible.

Sur ces paroles, Noé quitta la table et prit le chemin vers le couloir qui menait à sa chambre. Il n’avait pas mangé mais toute cette discussion lui avait coupé l’appétit. Comment pouvait-elle se montrer si égoïste ?