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À la suite d’un tragique accident, April se retrouve orpheline et n’a d’autre choix que de quitter l’Alaska pour aller vivre dans le Wyoming chez son oncle. Elle doit alors s’adapter à sa nouvelle condition dans le ranch familiale ainsi qu’à la part sombre qui s’est éveillée en elle après le décès de sa mère. Entre découverte de ses origines, de cet homme mystérieux et de cette prophétie ancestrale, April réussira-t-elle à maîtriser sa part animale ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Ayant grandi au sein d’une famille nombreuse, puis recomposée, l’enfance de
Marie-Bénédicte Kulig n’a pas toujours été joyeuse. Dès son plus jeune âge, elle s’est réfugiée dans la littérature, sa grande passion. Malgré ses nombreuses lectures, elle n’a jamais trouvé le temps d’achever ses propres écrits. Ce n’est qu’en 2022, pendant son congé parental, qu’elle a enfin pu consacrer du temps à l’écriture et terminer son deuxième roman.
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Seitenzahl: 304
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Marie-Bénédicte Kulig
La louve originelle
Tome I
Roman
© Lys Bleu Éditions – Marie-Bénédicte Kulig
ISBN : 979-10-422-1450-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
L’esprit absent, je laisse mes yeux divaguer à travers la vitre du pick-up rouillé de mon oncle. Les panneaux affichant notre destination défilent à toute allure, Jackson Hole dans le Wyoming.
Matthew McCaulay est désormais ma seule famille restante, du moins du côté maternel. Il a fait la route jusqu’à Willow en Alaska après la mort de ma mère, sa jeune sœur, pour venir me chercher.
Par moment, j’ai bien cru que son tas de ferraille ne finirait pas la route.
Quant à mon père, je n’ai jamais eu la chance de le rencontrer, il nous a abandonné ma mère et moi quand je n’étais encore qu’un fœtus niché dans le creux de son ventre. Elle venait à peine d’apprendre la grande surprise que je suis, qu’il a pris la poudre d’escampette.
À présent, je suis une orpheline. Je n’ai eu que d’autre choix que de laisser derrière moi toute ma vie construite ici, depuis ma plus tendre enfance. Au plus loin dont je me souvienne, c’est à dire toujours, j’ai toujours vécu là-bas, le froid et la neige étaient mon quotidien. La plus haute température atteinte connue a été de 20 degrés en plein mois de juillet !
Imaginez alors ma surprise quand j’ai appris qu’il ferait presque 30 degrés à notre arrivée au ranch des McCaulay ! Je vais littéralement me liquéfier sur place ! Mon corps habitué aux froids et à la brise gelée ne va pas savoir s’acclimater aussi facilement !
April McCaulay, c’est mon nom. Je porte le nom de jeune fille de ma mère. Quant à mon prénom, rien d’original, je suis née un doux matin d’avril.
Je dois le reconnaître, ma mère a cruellement manqué d’inspiration !
— À quoi penses-tu April ? demande mon oncle.
— À maman, reniflé-je en ravalant mes larmes.
— Je suis désolé April. Je sais qu’elle doit beaucoup te manquer. Quand tu auras retrouvé une routine normale entre le lycée et le ranch, ça deviendra plus facile, je t’en fais la promesse.
J’observe mon oncle du coin de l’œil. Il possède la même couleur de cheveux que maman. La seule différence est que le blond de sa coupe négligée tire sur du gris, c’est aussi le cas de sa barbe mal taillée. C’est à travers cette inspection détaillée que j’y découvre une ressemblance avec maman, les mêmes yeux en amande et cette lèvre inférieure plus charnue que celle du dessus. C’est tout elle, mais au masculin, une copie conforme, mais plus usée. Comme si la vie et le travail menés au ranch des McCaulay étaient plus difficiles que celle vécue derrière un bar. Qui suis-je après tout afin de juger ? Je ne suis qu’une jeune fille ayant toujours vécu avec les moyens du bord. Je n’ai jamais manqué de rien, maman s’est toujours assurée à ce que mon assiette ne soit jamais vide, contrairement à elle.
Elle était courageuse, forte et fière !
Jamais elle ne baissait les bras, si elle devait cumuler plusieurs services ou petits boulots afin de subvenir à mes besoins, elle le faisait, tout simplement.
Je me tourne vers mon oncle et trouve enfin le courage de poser la question qui me brûle les lèvres :
— Pourquoi ne t’avais-je jamais rencontré auparavant ?
— C’est compliqué April, Rosie, ta mère a dû faire des choix à une époque, ce qui l’a éloignée de nous.
— Je suis au courant de ça ! Elle est tombée enceinte à l’âge de 17 ans. J’imagine totalement que ce ne devait pas être le projet de vie qu’on lui réservait, souligné-je une pointe d’amertume dans la voix.
— Non, en effet. J’étais très proche de Rosie. On nous prenait souvent pour des jumeaux et pourtant je suis plus vieux de trois ans !
— Que sont-ils devenus, mes grands-parents ? demandé-je soudainement curieuse d’en apprendre plus sur ma famille maternelle.
— Ta grand-mère est morte d’un cancer, il y a des années de cela. En ce qui concerne ton grand-père, le chagrin a eu raison de lui, il est décédé d’une crise cardiaque quelques mois plus tard. Il s’était perdu dans son chagrin et travaillait d’arrache-pied afin de le surmonter. Hélas, son cœur fatigué n’a pas tenu le coup. J’ai donc repris la gestion du ranch après leur mort, me raconte-t-il plein de mélancolie.
— Je suis désolée, je ne voulais pas te rappeler de mauvais souvenirs, dis-je maladroitement. Mais maman ne m’a jamais parlé de leurs décès. Était-elle seulement au courant ? m’interrogé-je les sourcils froncés.
— Ce n’est pas de ta faute. Je lui avais écrit à l’époque, mais elle ne m’a jamais répondu. J’imagine qu’elle a préféré vivre son deuil seule ou que la lettre s’est égarée, ne connaissant pas votre adresse exacte. Regarde sur ta droite, c’est ici que débute la propriété. M’indique-t-il d’un coup de menton.
Je découvre l’immense champ qu’il m’indique.
Je ne vois rien.
Enfin c’est une grande étendue sans prétention, en manque d’eau. Les brins d’herbe ont jauni par la sécheresse de l’été.
Il n’a pas beaucoup plu dans la région cette année, et les propriétaires de bétails en furent gravement touchés.
C’est le cas de Matthew McCaulay.
Le pick-up roule désormais sur l’allée du Ranch. Aucune pancarte ou panneau n’indique officiellement le début de la propriété. Aucune plante ou décoration quelconque ne vient orner cette allée marquée par le temps et les roues du pick-up ou tracteur. Une poussière opaque s’envole sur notre passage, un paysage digne du Far West.
Il se gare devant la grange et m’aide à descendre mes deux seuls bagages emportés d’Alaska. Les rares affaires et objets attestant de ma vie antérieure.
La perte de ma mère fut rapide et inattendue.
Elle m’a brisée en réalité.
Elle était mon point de repère. Elle était celle qui donnait un sens à ma vie.
Je me suis sentie vidée, les premiers jours, épuisée. Puis une nuit, je me suis réveillée en sursaut, dégoulinante de sueur et le cœur serré et lourd.
Une part de moi-même, jusque-là endormie, s’est brutalement éveillée. Une part inquiétante que je ne maîtrise pas encore. Cette nouvelle facette de mon être, sombre et imprévisible, menace mon équilibre.
Je ne sais comment y remédier, encore sous le choc de cette découverte incomprise. J’ai appris à mes dépens que je dois garder mon sang-froid et éviter tout conflit. Je dois me faire discrète, presque inexistante, si je ne veux pas faire une nouvelle crise d’angoisse.
Cela fait à peine une semaine que maman m’a abandonnée que je dois déjà combattre ce démon en moi.
Elle aurait dû se battre plus pour moi. Elle a tenu bon jusqu’à l’arrivée des secours, mais pas assez ! Au lieu de cela, je suis seule face à cet inconnu qui tente de dicter ma vie…
J’observe attentivement cette maison familiale laissée à la merci des années qui défilent à toute allure.
— Je vais t’indiquer ta chambre, m’annonce-t-il en montant à l’étage par un escalier usé par le temps.
La peinture autrefois blanche s’est écaillée sur certaines marches. Je remarque également que certains barreaux manquent à l’appel sur la rambarde de sécurité.
Les marches déteintes grincent sous mes pas de velours.
S’il me venait l’idée de faire le mur, je sais d’avance qu’il me faudra éviter de prendre l’escalier, bien trop bruyant pour être discrète.
J’avais l’habitude de disparaître quelques jours à Willow, m’échapper de notre appartement de ville pour partir explorer les environs. Maman ne s’en est jamais inquiétée. Elle connaissait parfaitement mon besoin de liberté, ce besoin naturel de m’éloigner de la ville et de m’isoler dans les forêts de sapins.
Après mon oncle, j’entre dans ma nouvelle chambre. Je peux déjà affirmer qu’elle est très colorée et pas à mon goût.
Un édredon à fleurs roses recouvre le lit à baldaquin. Des posters de groupe de musique sont affichés sur les murs défraîchis et des bibelots d’une autre époque recouverts de poussière parfaitement alignés, traînent sur la coiffeuse.
— C’était la chambre de ta mère. Elle n’a pas bougé d’un pouce depuis son départ, reconnaît-il.
Je promène mes doigts sur les différents objets posés sur sa coiffeuse. Le passage de mon doigt laisse apparaître sur son sillage sur l’épaisse poussière grise. J’y découvre également sa brosse à cheveux possédant encore quelques-unes de ses mèches blondes, ses pinceaux à maquillage ainsi que son ancien tube de rouge à lèvres. Instinctivement, j’ouvre le tube et le porte à mon nez, il sent une vieille odeur de fruits des bois. Je m’assieds sur le bord du lit et hume son oreiller, son parfum n’y est plus présent, mais est remplacée par une odeur de poussière vieillissante. Je repose son tube de rouge à lèvres à sa place, déçue de ne pas ressentir un peu de sa présence ici.
— Elle n’est plus là. Elle ne reviendra pas, réalisé-je soudain, les larmes me guettant. Elle m’a laissée tomber, suffoqué-je.
Je ressors immédiatement de cette chambre et cours me réfugier à l’intérieur de l’écurie.
Des hennissements aigus me surprennent.
La main posée sur le cœur, je tente de réguler ma respiration.
— Pense à quelque chose de calme, de positif, murmuré-je tout bas entre deux souffles.
Je suis au bord du gouffre, ces deux yeux jaune fauve au fond de moi m’attirent vers ce côté obscur de ma personnalité, cette autre moitié de mon être qui m’effraie, que je tente de combattre depuis la mort brutale de ma mère.
Je suis sous l’emprise de ce démon en moi.
Il cherche à sortir, mais je dois résister !
J’inspire profondément par le nez et expire lentement par la bouche. Je recommence l’exercice encore et encore jusqu’à retrouver mon calme. Une fois revenu, je me redresse et rencontre cette magnifique créature.
— Je t’ai fait peur ma beauté, dis-je en caressant le front du cheval. Comment tu t’appelles toi ? cherché-je sur la porte de son box.
— Elle, c’est Furie, elle est assez capricieuse, mais elle a l’air de t’apprécier, dit mon oncle derrière mon dos.
— Je suis désolée de m’être sauvée de la sorte.
— Tu peux prendre une autre chambre si ça t’est trop difficile. Je pensais que cela te ferait plaisir, mais j’ai eu tort.
— Je te remercie Oncle Matthew, souris-je soulagée d’un poids.
— Sais-tu monter ?
— Non, mais j’aimerais beaucoup apprendre si tu en as le temps, demandé-je d’un grand sourire.
— La première leçon se fera demain matin après tes corvées dans ce cas.
— Mes corvées ? le questionné-je étonnée.
— Elles ne vont pas se faire toutes seules. Et maintenant que tu es là, tu vas mettre la main à la patte si tu veux que je trouve le temps pour tes prochaines leçons.
J’ouvre délicatement la porte du box et entre auprès de Furie. Elle secoue la tête nerveusement, les oreilles en arrière.
— Tout doux ma belle, chuchoté-je avançant délicatement ma main ouverte vers ses naseaux.
— Sois prudente April, je ne voudrais pas que tu aies un accident à peine arrivée.
Je la regarde droit dans les yeux.
D’un coup de sabot, elle martèle le sol de son box. Elle cherche à m’impressionner, à me faire reculer.
Mais je ne bouge pas.
Je ne ressens aucune crainte, elle ne me fera aucun mal.
Je le sens.
C’est comme si je pouvais la comprendre, lire dans son esprit, ressentir le moindre de ses faits et gestes.
Une connexion entre nous s’installe. Je pose une main sur ses naseaux et l’autre sur son encolure.
— Regarde ma belle, on s’apprivoise ensemble. Tu ne me feras pas de mal et moi non plus, lui murmuré-je.
— Bon, comme vous avez fait connaissance, que dirais-tu de lui servir son repas ?
— Je ne suis pas contre, souris-je.
Je suis Matthew à travers l’écurie et découvre les lieux par la même occasion.
En comptant Furie, il y a quatre pensionnaires ici. J’apprends que ce sont des quater-horses, une ancienne race américaine idéale pour regrouper les troupeaux de bétails. Les autres pensionnaires sont des chevaux aux robes alezans à la crinière noire. Furie, quant à elle, possède une robe noire et une étoile sur le front. Elle est remarquable, hors du commun à mes yeux.
Je me dirige vers le cellier et ouvre le conteneur à grains. Je suis les directives de mon oncle et remplit les mangeoires des quatre chevaux selon leur propre régime.
Une fois les repas servis, je sors de l’écurie et pars vers l’autre bâtisse du ranch, la grange. À l’intérieur se trouvent un tracteur et tout un tas d’outils et de vieux meubles entassés dans le fond, rien d’intéressant. Je remarque néanmoins un vieux vélo prenant la poussière ainsi que la rouille.
— Où sont tes vaches ? demandé-je en grimpant sur les barrières du paddock.
— Elles pâturent sur nos terres. On va bientôt les regrouper afin de marquer les nouvelles bêtes.
— OK, ça sera sans moi, ris-je. Regarder des animaux se faire marquer au fer rouge ce n’est pas possible. C’est de la torture !
— C’est juste une formalité, sinon n’importe quel éleveur pourrait s’approprier les bêtes de son voisin.
Il est temps pour moi de déballer les seules affaires appartenant à mon ancienne vie. Je descends de la barrière et retourne à la maison. Je découvre alors ma nouvelle chambre. C’est la chambre d’ami qui se trouve au rez-de-chaussée, Matthew y a déjà déposé mes sacs aux pieds du lit.
Elle est sobre et impersonnelle.
Idéale pour moi, je vais pouvoir la décorer à mon goût sans me sentir oppressée par les souvenirs douloureux de ma mère.
Je m’assieds sur le lit et commence à ranger mes affaires. Elles sont vite installées dans la commode.
Je n’ai jamais eu le goût de la mode. Et avec les hivers passés en Alaska, je possède plus de gros pull qu’autre chose.
J’ouvre à présent mon deuxième bagage, le plus douloureux.
J’inspire profondément et dépose les quelques cadres que j’ai pu emporter avec moi. Sur l’une des photos, je ne suis encore qu’un bébé tenant dans le creux de ses bras. Elle n’avait qu’un an de plus que moi aujourd’hui.
Dans un faible sanglot, je sors à présent l’urne contenant les cendres de maman. Dans son testament, elle a souhaité que j’éparpille ses cendres sur sa terre natale, chose que je ferai dès que j’en aurai l’occasion.
Ça toque à la porte, j’essuie mes larmes naissantes d’un revers de la main et invite Matthew à entrer.
— Le repas sera prêt d’ici quelques minutes, m’annonce-t-il.
— D’accord, j’en ai plus pour très longtemps, reniflé-je posant l’urne près du cadre de ma mère et moi bébé.
— Tu lui ressembles tellement. Je la retrouve en toi, dit-il l’air peiné.
— Elle était tellement plus jolie oui, si gracieuse et toujours souriante qu’importe les dures épreuves. Je ne suis pas aussi forte qu’elle, dis-je en m’effondrant en larme.
— N’aie pas honte de pleurer, lâche-toi, c’est une étape importante du deuil, dit-il en me prenant dans ses bras.
Mes pleurs redoublent d’intensité.
J’évacue enfin toutes ces larmes que je me forçais à garder au fond de moi. J’éprouve enfin toute la douleur et la tristesse de cette perte si chère. Je m’effondre dans ses bras, agrippant sa chemise à carreaux entre mes doigts fins et longs. Cet oncle que je ne connaissais pas jusqu’à ce matin, devient à cet instant la personne la plus chère à mes yeux. Je finis par lâcher sa chemise froissée et essuie mes larmes.
— Ça va mieux ? me demande-t-il.
— Oui, réponds-je timidement.
— Bien, viens manger alors j’ai fait du Chili con carne.
À la fin du repas, je décide d’aller prendre l’air. J’ai besoin de respirer cet air frais et pur de la nuit tombée. J’attrape ce vieux vélo en état de marche dans la grange repéré plus tôt dans la journée et change les piles de la lampe du guidon.
— Tu es sûre de vouloir faire du vélo à cette heure-ci ? Il fait nuit noire dehors.
— Ne t’inquiète pas Matthew, la nuit ça me connaît. Et puis je ne compte pas m’éloigner trop loin. J’ai juste besoin de me vider l’esprit par moment. Et ce soir, j’en ai besoin.
— OK. Garde bien ton téléphone sur toi alors, me conseille-t-il.
— C’est promis, le rassuré-je brandissant mon téléphone en l’air avant de la ranger dans la poche de ma veste à capuche.
Je grimpe sur le vélo et commence à pédaler. Je tangue un peu avant de trouver le bon équilibre, ça fait des années que je n’en ai pas fait !
Je suis lancée, je pédale sans m’arrêter, contre ce vent frais de la nuit, éclairée faiblement par ce croissant de lune et ma lampe vintage.
J’arrive rapidement sur la grande route.
Deux choix s’offrent à moi, faire marche arrière et rentrer sitôt au ranch ou emprunter ce petit sentier de terre et découvrir ce qu’il se cache plus loin.
Je réfléchis deux minutes et décide de poursuivre mon chemin.
Le chemin très escarpé devient rapidement infranchissable avec ce vieux vélo. Je le laisse tomber au sol et continue ma route à pied, la lampe à la main.
Je n’ai pas fait attention à l’heure.
J’ignore depuis combien de temps j’erre sur cette terre rocailleuse recherchant je ne sais quoi.
Une lumière brille au loin.
Je remarque rapidement qu’il ne s’agit que d’un feu de camp. Je suis pourtant encore bien loin des sentiers de randonnées.
Des voix résonnent jusqu’à moi.
Ils sont nombreux, au moins trois hommes !
Il serait préférable que je retourne sur mes pas. J’effectue un demi-tour, repars en direction opposée et éteins ma lampe.
— Vous avez entendu ça ? demande l’une des voix.
— Non, sans doute un animal sauvage, dit une autre voix.
— S’il s’agissait d’un animal, je l’aurais senti, raille le premier d’un timbre grave.
J’essaye de me faire la plus discrète possible. Ces trois gars ne m’inspirent pas confiance du tout.
J’avance aussi discrètement que possible.
Crack !
Je ferme les yeux et prie que personne ne m’ait écoutée. La branche, encore sous mon pied, finit de craquer quand je relève la jambe.
— Qui est là ? Montrez-vous, crie la seconde voix s’avançant vers ma position.
— Ne me faites pas de mal, les supplié-je d’une petite voix fluette.
— Mais qui avons-nous là ? demande-t-il.
— Je ne vous espionnais pas, je vous jure. Je me promenais juste quand je me suis un peu trop égarée, avoué-je.
— Rejoins-nous, nous ne te ferons pas de mal, sourit-il de ses dents si blanches qu’elles luisent dans la nuit.
Je m’approche timidement et les rejoins autour du feu. Je prends place sur l’une des bûches désignées servant de banc.
J’observe attentivement ces trois hommes face à moi.
Au vu de leur ressemblance, je devine qu’ils sont tous les trois frères. Le plus vieux possède des cheveux en bataille bruns masquant son front. Cette épaisse mèche rebelle tombant sur ses yeux lui donne un air sévère et autoritaire. Le plus jeune a de jolies boucles brunes couronnant son visage d’ange. Il ne ferait pas de mal à une mouche ! Quant au cadet, son visage angélique ne s’accorde pas très bien à son crâne rasé.
— Alors qui es-tu ? me demande le plus jeune des trois.
— April. Je viens d’arriver au ranch McCaulay, réponds-je timidement.
— Ah oui, j’en ai entendu parler, tu es la nièce de Matthew McCaulay. Moi c’est Logan et voici mes frères Jack et Caleb.
— Salut, les salué-je de la main faiblement.
— Alors la vie au ranch te plaît, me demande Caleb le cadet de la fratrie.
— Je ne suis arrivée qu’aujourd’hui, je ne réalise pas trop encore.
— Tu veux boire une bière ? me propose Logan tendant une canette.
— Range ça Logan, elle n’est pas en âge de boire de l’alcool ! gronde autoritairement l’aînée.
Ce sont ses premiers mots depuis mon arrivée. Il n’a pas vraiment l’air ravi de me voir parmi eux. Ses épais sourcils froncés sous sa mèche rebelle en sont la preuve.
— Nous non plus on a pas l’âge, sauf toi Jack ! Alors tu vas aller au lycée du coin April ? me demande Logan en décapsulant la bière qu’il m’offre.
Je bois une gorgée avant de répondre.
— Je rentre en dernière année. Et vous ?
— Seulement moi, répond Logan. On partagera sûrement des cours en commun.
Je souris comme réponse. Je porte la canette à mes lèvres et avale d’autres longues gorgées.
Le frère aîné me scrute sévèrement, il me met mal à l’aise. Caleb tente alors de briser la glace.
— Alors April, qu’est-ce qui t’amène ici à Jackson Hole ?
— Ma mère est décédée, balancé-je d’une traite avant de finir ma bière et d’écraser nerveusement la canette entre mes doigts.
— Je suis désolé, je l’ignorais, s’excuse Caleb.
— Vous ne pouviez pas le savoir, dis-je nerveusement.
Je ne sais pas si c’est le fait de parler du décès de ma mère qui fait monter cette colère en moi ou si c’est ce silence écrasant de la part de son frère aîné. Faites qu’il arrête de me fixer ainsi, le regard dur et sombre !
Je baisse les yeux et me tords les doigts dans les manches trop longues de ma veste à capuche. Je tente de respirer calmement. Il faut que je pense à une chose positive, paisible. Des images défilent dans mon esprit.
Maman avec son beau sourire, son accident, il y a du sang partout !
NON !
Je dois me reprendre, respirer, penser à autre chose.
Allez, un petit effort !
Furie !
Oui c’est cela !
Je pense à Furie dans son box, Furie que je pourrais bientôt monter.
Mon pouls ralentit progressivement et retrouve un rythme régulier.
Enfin. Je récupère mon calme et mes esprits.
Jack m’observe toujours les yeux mi-clos. Je l’intrigue.
Son regard a changé, il se pose désormais plusieurs questions qu’il se garde bien de me les poser.
Peu m’importe, il est temps pour moi de rentrer. Je me lève d’un bond.
— Merci pour la bière, je dois rentrer à présent.
— Je vais te raccompagner, se propose Logan un sourire aux lèvres.
— Merci c’est gentil, je n’étais pas sûre de pouvoir rentrer sans me perdre dans le noir, reconnais-je.
— Il ne faudrait pas que notre nouvelle voisine se perde, rit-il enfilant son blouson de cuir.
Je salue poliment une dernière fois les deux aînés et rentre au ranch accompagné du benjamin de la fratrie. Sur le chemin du retour, je récupère mon vieux vélo grinçant laissé au sol.
— Je commençais à m’inquiéter, soupire Matthew en me retrouvant sur le perron de la maison.
— J’ai rencontré nos voisins en chemin, Logan a bien voulu me raccompagner, raconté-je pour ma défense.
— Merci Logan. Tu peux rentrer à présent.
— Bonne nuit April. Monsieur McCaulay, le salue-t-il à son tour.
— Ça va aller pour rentrer ? lui demandé-je pensant à l’obscurité.
— Je suis habitué à la pénombre, sourit-il de ses dents blanches.
Il se retourne et disparaît dans le noir de la nuit, comme s’il n’était jamais venu.
— Je suis désolée Matthew si je t’ai causé du souci. Je vais me coucher, je suis fatiguée. À demain.
— Bonne nuit, me répond-il.
Je m’enferme dans ma nouvelle chambre et retire mes vêtements. Je me glisse sous les draps et ferme les yeux.
Le sommeil se refuse à moi. Je revisionne encore et encore l’accident de voiture.
Pourquoi y ai-je survécu ?
Pourquoi a-t-elle insisté qu’on me sauve la première ?
Elle serait encore présente si elle n’avait pas fait sa forte tête ! Je n’avais rien, même pas une égratignure. Les secouristes ont été très surpris de voir comment je m’en étais tirée !
Je ne comprends toujours pas comment cela a-t-il pu se produire.
Après de longues heures de torture, je finis par m’endormir.
Enfin !
J’enfonce la pointe de mon pied dans l’étrier et me hisse en équilibre sur le dos de Furie. Elle fait un brusque écart sur la droite, ce qui me déstabilise. Je me maintiens fermement sur le pommeau de la selle et me redresse, retrouvant mon appui.
— Tu es sûre que tu ne veux pas monter Sweet-Boy ? Il est très patient, me suggère Matthew devant le caractère fougueux de ma monture.
— J’en suis sûre oncle Matthew.
— Bien. Baisse les talons et agrippe-toi des deux mains sur le pommeau. Ne lâche pas les rênes et ne tire pas trop sur son mors. Elle n’apprécie pas tellement. Voilà, c’est ça. Garde le dos bien droit et assouplis ton assiette. Ressens les mouvements de ton cheval. Tu ne dois faire plus qu’un avec elle. Quand tu te sentiras assez en confiance, on passera au trot.
Les talons pointés vers le bas, l’assiette souple, je m’efforce de comprendre les mouvements de Furie.
Je ferme les yeux et lève les bras tel un oiseau.
Je fais confiance à ma monture, mon bassin se synchronise à sa cadence de marche.
Cette connexion ressentie entre nous hier soir refait surface. Je le ressens et elle aussi. Nous ne formons qu’une seule et même entité.
Nous sommes liées, je ne saurais l’expliquer, mais c’est un fait. Je me penche sur son encolure et lui murmure :
— Tu es prête ma belle ? J’ai confiance en toi.
Je prends les rênes dans ma main droite et pose la gauche sur le pommeau de la selle western.
J’incline doucement la tête en direction de Matthew, signe que je suis prête à passer trot. D’un claquement de langue, il encourage la jument à accélérer le pas jusqu’au trot. Du bout de la longe, ensemble nous trottons en large cercle autour de mon oncle.
— Tu as ça dans le sang April ! me félicite-t-il. On dirait que tu as passé ton enfance sur le dos d’un cheval ! dit-il plein de fierté.
Je ressens à l’intonation de sa voix qu’il est ému. La même émotion qu’un père aurait pu partager avec sa fille…
Mais je n’ai pas de père et il n’a pas de fille…
— Tu peux détacher la longe, je me sens prête, dis-je sûre de moi.
Je tire légèrement sur les rênes. La jeune jument ralentit puis s’arrête.
Libérée de ce mousqueton qui la reliait à la longe, Furie redémarre au quart de tour. Son emballement me surprend et manque de me désarçonner. Je me retiens de justesse au pommeau et retrouve mon assiette bien accrochée à la selle.
D’un souffle court, je reprends mes esprits devant cet engouement de sa part et me reconnecte à elle.
Je ne fais plus qu’un avec ma monture à nouveau.
Nous galopons encore et encore. Nous faisons le tour du paddock une bonne dizaine de fois.
Sa fougue passée, elle ralentit son allure et repasse doucement au trot puis au pas.
— Tu as vu ça Matthew ! m’exclamé-je.
— Oui j’ai vu, me sourit-il impressionné.
— Tu es prête pour une balade Furie ? lui demandé-je en me penchant sur son encolure.
Elle me répond d’un hennissement et d’un balancement de la tête.
Nous nous comprenons, nous communiquons.
Pour la première fois depuis l’accident, je retrouve le sourire. Je me sens revivre à nouveau. C’est comme si je franchissais cette barrière invisible qui me maintenait sous une eau noire et profonde, qui m’empêchait de respirer à pleins poumons.
C’est une renaissance, un fragment, un commencement.
— Ouvre le portail, demandé-je souriante.
— Sois prudente, me conseille-t-il admiré par cette surprenante connexion entre Furie et moi.
Furie réagit immédiatement à mon claquement de langue et quitte le paddock au galop. Je me redresse sur la selle, les épaules en arrières. Instinctivement, elle ralentit son allure et passe au trot. Je ne ressens nullement le besoin de tirer sur ses rênes ou de donner des coups de talons. Elle devine chacun de mes gestes à l’avance, comme si elle pouvait lire dans mes pensées.
Je longe la propriété et décide d’emprunter le même sentier que la veille en vélo. J’avance progressivement et découvre au grand jour les environs.
Le soleil au zénith m’indique qu’il est midi passé. Submergée par la beauté de ce paysage, je n’ai pas pensé à prendre mon téléphone avec moi.
Je descends de ma monture et m’approche doucement au bord de la rivière Flat Creek. L’eau cristalline au creux de mes mains, je me rafraîchis savoureusement le visage de cette eau pure et fraîche.
Au loin, je découvre la cordillère de Teton Range et sa forêt de pins à ses pieds.
Vu d’ici, elle paraît majestueuse et si profonde.
Matthew m’a aussi parlé des différents Lacs situés dans le parc naturel de Grand Teton, le principal est le Jackson Lake, connu pour sa taille de près de 103 kilomètres carrés et pour ses activités touristiques.
Un jour prochain, j’irai à sa découverte, mais ceux qui m’intéressent le plus sont les moins visités, ceux qui restent inconnus aux différents randonneurs touristiques.
Une part de moi est attirée par ces grands espaces naturels, sauvages, encore protégés de l’Homme et de ses attractions.
J’ai toujours été en harmonie avec la nature sauvage. J’y trouve un certain apaisement, une liberté naturelle, tout l’opposé de la ville. Tous ces engins motorisés, les rues pavées, les routes faites de goudron, tout cet habitat modifié par l’Homme me mettent mal à l’aise.
Je m’allonge sans aucune pudeur sur un rocher tiédi par le soleil du matin et laisse Furie brouter tranquillement. Je finis par fermer les yeux, et laisse mon esprit divaguer, m’emportant très loin de l’instant présent. Ce calme paisible et le bruissement de l’eau finissent par m’ouvrir les portes du sommeil.
Les vibrisses des lèvres de la jument me chatouillent le front. J’entrouvre les yeux et la découvre au-dessus de moi.
— Tu veux rentrer, dis-je dans un souffle.
Je me relève d’un bond et remonte sur la selle. Nous rentrons tranquillement au ranch à une allure réduite.
— Ah te voilà, je commençais à croire que tu t’étais perdue, dit mon oncle en descendant du porche.
— J’ai fait une sieste au bord de la rivière, réponds-je simplement avant de rentrer Furie dans son box.
Une fois retiré tout son harnachement, je me confie entièrement auprès de Furie tout en la brossant énergiquement.
— J’ai vraiment de la chance de t’avoir rencontré. Quand je suis avec toi, j’oublie à présent que je suis une orpheline. J’oublie tous mes soucis. Tu m’apaises Furie. Tout est si simple avec toi, je t’aime tellement. Tu ne me quitteras jamais toi, hein ? lui demandé-je comme si elle était capable de me répondre.
Elle secoue son encolure en signe de réponse, du moins c’est de cette manière que je l’interprète. Je repose ma tête contre son poitrail et la caresse doucement, l’étrille toujours dans ma main. Elle m’apaise tellement. Les pensées noires qui m’envahissent par moment s’envolent à son contact.
Je sais qu’à présent je peux compter sur mon oncle Matthew, mais je ne pourrais jamais être aussi proche avec lui qu’avec Furie.
Ce n’est pas comparable. D’un simple regard, d’un simple toucher, nous nous comprenons, nous sommes liées, connectées, comme si nos deux êtres attendaient de se trouver.
Je rentre à la maison et passe directement à table après avoir retiré mes bottines toutes crottées.
Matthew a déjà servi les bols de ragoût.
— Je suis désolée d’être à nouveau en retard, dis-je en avalant une première cuillerée de ce délicieux ragoût fumant. Je crois bien que c’est le meilleur ragoût que je n’ai jamais mangé !
— Ta mère n’était pas une si mauvaise cuisinière dans mes souvenirs, sourit-il.
— Elle n’avait pas vraiment le temps à vrai dire. Chaque soir, elle faisait des heures supplémentaires.
— Je suis désolé April. Ça n’a pas dû être facile pour toi.
— Je ne suis pas à plaindre oncle Matthew. J’ai toujours eu ce dont j’avais besoin ! Maman y a veillé, même si cela signifiait faire des sacrifices. Je l’ai compris dès mon plus jeune âge. Je n’ai jamais ressenti le besoin d’en vouloir plus ou envier les autres enfants, tenté-je de me convaincre.
— Je me doute bien que Rosie a fait du mieux qu’elle a pu, il n’y a qu’à te regarder pour admirer l’excellent travail qu’elle a fait.
— Merci, c’est gentil. Quand on a déménagé à Willow, maman a eu la chance de rencontrer Dereck. C’est d’ailleurs lui qui lui a donné ce travail au bar. Et son fils Will a été un véritable ami pour moi. Il était présent quand j’en avais besoin. Désolée, je ne sais pas pourquoi je dis tout ça…
En quelques cuillerées, j’engloutis le bol de ragoût, puis un second. Je suis affamée, je n’ai rien avalé depuis ce matin. Matthew m’observe étonné. Nourrir une adolescente de 17 ans en pleine croissance est inhabituel pour lui.
— Jamais personne n’avait autant apprécié ma cuisine rit-il, me resservant une louchée.
Je ne réponds rien.
Je me coupe une nouvelle tranche de pain et la trempe dans mon bol.
J’ignore d’où me provient cet appétit soudain, mais j’apprécie chaque bouchée de ce repas pourtant simple et pourtant si délicieux, réchauffant, réconfortant. Il me rappelle les ragoûts que faisait maman lors des rudes journées d’hiver.
Nostalgique, je termine mon troisième bol souriante.
C’est l’effet Furie, rendre les souvenirs douloureux en doux souvenirs apaisants.
À la sortie de table, je décide de prendre l’air à nouveau. Rien de tel que la douce brise de la nuit pour digérer ce repas.
J’enjambe mon vélo tout comme la veille et repasse par le même petit sentier de terre. J’espère une chose retomber par hasard sur la fratrie de la veille.
Arrivée sur le petit chemin escarpé, je laisse tomber mon vélo et armée de ma faible lampe torche vintage, je m’aventure dans le noir de la nuit tombée.
Aucune lueur à l’horizon, aucun feu de camp allumé.
C’est un échec cuisant.
Je rebrousse le chemin déçue et retrouve la route à bord de mon vélo grinçant quand tout à coup la pétarade d’un motocross s’arrête à mon niveau.
Le jeune motard retire son casque et ébouriffe ses cheveux d’une main rapide.
Je le reconnais aussitôt.
Logan.
— Salut April, tu fais quoi ce soir ? me demande-t-il en coupant le moteur de sa bécane.
— Rien, je me promène. Et toi ?
— Je rentre au camp. Tu veux venir ? On va sans doute boire des bières et faire la fête.
— Ouais pourquoi pas, je te suis en vélo ? lui demandé-je hésitante.
— Laisse-le sur le bas-côté et monte derrière moi, me fait-il signe de prendre place sur sa moto.
Je m’installe derrière lui et encercle sa taille timidement de mes mains. Il affirme la prise de ses mains et passe la première vitesse.
En un quart de tour, il quitte la route et emprunte un chemin sinueux. Je resserre ma prise autour de sa taille surprise par les ac-coups de sa bécane sur les chemins rocailleux.
Il ralentit sa vitesse lors de notre arrivée au camp. Garé aux côtés d’autres motos et autres engins motorisés, il finit par couper le moteur de son motocross et galamment, m’aide à y descendre. Il pose son casque sur le guidon et me guide jusqu’à un mobile home prenant ma main dans la sienne. Son frère Caleb sort sur la terrasse sur pilotis attenant au Mobile home, une bière à la main.
— Alors tu as trouvé ? lui demande-t-il.
— Non les collets étaient tous vides, répond-il. Mais je suis tombé sur une tout autre prise inattendue, m’expose-t-il, levant ma main en souriant.
— Tu aurais dû demander la permission à Jack, tu sais ce qu’il pense des inconnus au camp, sans vouloir t’offenser April, s’excuse-t-il en passant une main sur son crâne rasé.
— Si ça pose problème, je vais rentrer, dis-je gênée de déranger soudainement, il ne m’était pas venu à l’esprit que ma venue pouvait être imposante…