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Lorsqu'Elea Jonz tombe nez à nez avec le corps de son ami Johnny, sa vie bascule. Elle plonge au coeur de l'enquête avec l'envie de découvrir le coupable. Elle est en même temps harcelée par son patron pour qui elle doit écrire un article sur cette affaire qui devrait faire la Une des journaux. Elle devra se servir de son don de médium pour découvrir la vérité sur la mort de son ami. Et s'il n'avait été qu'un pion ? Une chose est certaine, pour Elea, rien n'arrive par hasard. Tout comme l'étrange mutation de Frank et la réapparition du dossier KAOS entre les mains de la police d'Ême. Nora est l'auteure de la série fantastique la pierre de Srha (dont les trois premiers tomes sont paru chez lys bleu éditions, le quatrième ainsi que les suivants paraitront chez Books on Demand), et affaire(s) Nash roman policier (dont le tome 2 et 3 en cours d'écriture).
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Seitenzahl: 259
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Du même auteur
Policier :
Affaire(s) Nash Tome I, books on demand 2022
Fantastique :
La pierre de Srha Tome I, Lys Bleu Editions 2019
La pierre de Srha : le talisman Zuma Tome II, Lys Bleu Editions 2020
La pierre de Srha : le grimoire Nooman, Tome III, Lys Bleu Editions 2021
La pierre de Srha : le paradis des Enfers, Tome IV, books on demand 2021
La pierre de Srha : le lac des eaux mystiques, Tome V, books on demand 2022
Chapitre I
Chapitre II
Chapitre III
Chapitre IV
Chapitre V
Chapitre VI
Chapitre VII
Chapitre VIII
Chapitre IX
Chapitre X
Chapitre XI
Chapitre XII
Chapitre XIII
Chapitre XIV
Chapitre XV
Je suis dans ma loge.
Je me prépare.
C’est le Grand Jour.
Aujourd’hui, je dois me présenter à mon public.
Plus question de rester dans l’ombre.
Je suis écrivain et célèbre.
Mon premier roman, je l’ai écrit à mes heures perdues au boulot. En fait, je suis à la base pas très doué avec l’écriture. Parfois, il m’arrive de ne pas trouver mes mots, mais je pense que c’est un peu tout le monde.
Mais les coucher sur papier, c’est autre chose.
D’abord, il faut un bon ordinateur, pas besoin d’une machine de guerre, avec un logiciel de traitement de texte.
Après, je mets en page.
Je suis un peu confronté au syndrome de la page blanche, mais ça passe rapidement. Je me lance pendant des heures et des heures, des jours et des jours, des semaines entières.
Je profite de mon congé de maladie et allez hop !
J’envoie à plusieurs éditeurs, dont le plus gros du pays.
J’essuie des refus et… un jour…
J’ouvre ma boîte aux lettres et je découvre le contrat qui m’a mené jusqu’ici…
« Monsieur Paul Jaskman,
Nous avons le plaisir de vous annoncer que votre manuscrit ‘’le secret de Lola’’ a retenu toute l'attention de notre comité de lecture.
Nous vous proposons de nous recontacter afin de parler de la signature du contrat ci-joint le plus rapidement possible.
Voici notre adresse pour l'envoi des informations demandées sur le dernier document ainsi que votre manuscrit terminé.
Éditions XXL,
Rue Louis Mariange, 86B étage 1
6780 Ême
Merci de fournir également une adresse électronique à laquelle nous pouvons vous joindre et envoyer les différentes épreuves.
Au plaisir de vous rencontrer bientôt.
Madame Jeanne Anderson
Éditions XXL »
Je la relis bien dix fois pour être certain que je n’hallucine pas.
Je saute de joie et les contacte pour fixer le premier rendez-vous.
Après quelques mois de collaboration, mon livre est là. Enfin. Avec une couverture plus que magnifique et un résumé qui tape à l’oeil.
Il était temps que je sorte de l’ombre.
Je ne serai plus jamais incompris.
Tous seront à mes pieds et me reconnaîtront enfin dans la rue… j’ai tellement rêvé de cette célébrité…
Je me regarde dans le miroir, je souffle un coup, deux coups. Je respire, le bonheur est à portée de main.
Alors que l’heure approche à grands pas, la secrétaire de Jeanne m’apporte un verre de champagne.
J’ai réussi.
Je bois le contenu de la flûte et me lance à la conquête du… Public.
Mais voilà que dans le couloir, je commence à me sentir mal. Très mal.
J’ai des douleurs à la poitrine, des étourdissements et nausées.
On m’annonce, je ne peux plus reculer… mais je m’évanouis.
La porte qui me sépare de mes lecteurs est proche…
Le corps devant moi, à terre, c’n’est pas le mien… mais celui de mon petit-fils, J.P Jaskman
Lorsqu’elle s’éveilla en sursaut, Eleanor Jonz, alias Elea, était en sueur.
Elle vivait avec sa compagne depuis onze ans, Chipie, sa chienne. Et c’est parce que cette dernière a hurlé qu’Elea s’est tirée de ce cauchemar…
Cauchemar… un bien grand mot. Elle aurait plutôt appelé ça une « prémonition ». Elle rêvait fréquemment de cet homme.
Elea s’habilla en vitesse.
En plus d’être journaliste spécialisée dans les faits divers, elle était également médium.
Elea était encore en congé, du coup, elle avait alors cherché sur internet des infos, mais aucun Paul Jaskman n’était connu à part un écrivain qu’elle ne connaissait pas, sûrement un homonyme de ce dernier... et après tout, elle se dit que peut-être il avait pris un pseudo…
Elle était persuadée que si cela ne s’était pas déjà produit, ça allait arriver. Mais elle n’était pas flic, juste journaliste. Ce qui l’autorisait à… se mêler de ses affaires. Juste de ses affaires. Même si elle aimait mettre son nez dans un peu tout.
Elea devait écrire l'article qui ferait la Une des journaux sinon elle se ferait virer. Tout cela parce que le dernier article avait été un fiasco... manque d'inspiration au rendez-vous. Comme pour les écrivains.
Comme quoi, ça n'arrive pas qu'aux autres.
La priorité pour le moment était Chipie puisqu'elle avait été piquée par une guêpe et qu'elle y était allergique. Résultat : sa patte gonflait.
Heureusement, son voisin d'à côté, Johnny, était vétérinaire. Il pourrait vérifier son état et lui donner des antihistaminiques.
En réalité, ce n’était pas que son voisin, c’était un ami d'enfance. Longtemps perdu de vue, elle l’avait retrouvé dans son cabinet vétérinaire, ouvert avec son associé. Elle a vite sympathisé avec tout le monde là-bas. Johnny était heureux de la revoir, et elle de même.
Puis, il avait appris qu'elle cherchait une maison, lui avait dit que celle d'à côté était à vendre et tout s'était enchaîné.
Elea était bien contente d'être sa voisine, car elle avait toujours apprécié Johnny…
Chaque occasion était bonne pour aller le voir. Surtout depuis qu’elle avait rompu avec Anthony.
Cette fois, elle allait user du prétexte de la crise de Chipie.
- Allez, je prends mon courage à deux mains, ce n'est pas bien compliqué...Je souris et je lui propose un dîner pour le remercier.
Elle se regarda dans le miroir.
- Je crois que j'ai l'air vachement ridicule...
Elle prit les clés à l'entrée et se hâta pour enfin frapper à la porte cinq minutes plus tard...
Un stress l'envahit.
Elle remit sa chevelure brune fraichement coupée en place.
Il ne répondait pas.
Peut-être était-il encore au lit ou dans sa piscine.
Elle savait qu'à cette heure-ci, il faisait quelques longueurs de temps en temps.
Elle continua à frapper à la porte.
Face à son absence de réponse, ayant un mauvais pressentiment, elle entra par-derrière avec le double des clés qu’il lui avait donné en cas d’extrême urgence.
Mais le mauvais pressentiment d’Elea se confirma assez rapidement elle eut un flash quand elle vit son voisin allongé sur le sol… mort.
- Johnny ! cria-t-elle. NON !
Elea avait un don, elle pouvait parler et ressentir les morts, du moment que ça les aidait à passer de l’autre côté.
La plupart du temps, par exemple, quand elle se trouvait dans la même pièce que quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, elle entendait une voix dire : "il ou elle ment sur ceci-cela..." ou "ce n'est pas comme ça que cela s'est passé".
Il lui arrivait même de voir des choses en touchant des objets ou en serrant des mains.
Cela pouvait paraître flippant pour ceux qui n'y croient pas. Elea vivait avec ça depuis qu'elle était gamine. Elle n'osait pas en parler, elle pensait être un peu dérangée. Jusqu'à ce qu'un jour sa grand-mère lui demande si elle les voyait aussi… les morts.
Elle lui a alors expliqué que c’était un don et qu’elle pouvait l’utiliser. Depuis, Elea ne se prenait plus pour une folle. Elle n'avait pas besoin de médicaments ni de se faire interner... elle était normale. OUF ! Enfin, presque, car ce don est assez rare.
Elea se pencha sur le corps de Johnny juste avant de le sentir.
- Bon sang… dit-elle. Mais que s’est-il passé ici ?
- Sors d’ici, prends les antihistaminiques et va-t’en ! cria Johnny complètement paniqué. La police ne va pas tarder, ils vont te prendre pour la tueuse...
- C’est insensé ! dit-elle. Je ne suis pas...
- Fais-ce que je te dis… file ! MAINTENANT.
Trop tard, la police était déjà là. Et ce n'était pas elle qui l'avait appelée.
Sa robe tachée de sang… elle allait encore finir au poste à coup sûr.
Même en usant de ses charmes, cette fois, c'était trop gros, elle n'y échapperait pas.
- Tiens donc ! dit le policier. Mais qui voilà. ELEA JONZ… encore là où il ne faut pas.
- Il ne manquait plus que lui ! lâcha Johnny.
Elle se retourna et vit son ex, devant elle. Il observait la scène de crime à peine arrivé.
- Inspecteur Anthony Jaskson, mais quelle surprise ! dit Elea en riant nerveusement. Tu as reçu un appel anonyme, je parie.
- C’est drôle, mais je n’ai jamais supporté ce mec ! dit Johnny. Enfin bref, maintenant qu’il est là, demande-lui qu’il me rende les clés de la voiture. Même si… elle ne me servira à rien en fait ! BREF… je ne pense pas que ça soit lui qui aide à résoudre cette enquête… Il est tellement con…
- Elea… dit Anthony Je te lis tes droits et te passe les menottes, ou tu me suis sans résistance ?
- J’n’ai rien à voir là-dedans, j’étais venue chercher des antihistaminiques pour ma chienne, Chipie ! Johnny ne répondait pas et je suis entrée par-derrière. C’est là que je l’ai vu…
- C’est ça ! Et mon cul c’est la Reine d’Angleterre… dit Anthony. Allez viens ! Je t’arrête pour le meurtre de Johnny Jaskman. Crois-moi, cela fera la Une de tous les journaux quand j'aurai balancé ça, aux journalistes et à mon chef...
- Qu… fit-elle. Ja… Tu as dit Johnny Jaskman ?
- Oui... et je peux savoir ce qui te pose un problème ? demanda Anthony.
- Eh bien... je ne savais pas qu'il était...
- Écrivain ? dit Anthony. Moi non plus à vrai dire. Enfin ça, c'était avant que je ne vois sa tête partout dans le journal de ce matin. Alors quand on va savoir que la célèbre Eleanor Jonz est une criminelle... ouf ! deux scoops en un !
- Eh oui, ma belle, il a raison... mais il oublie ce détail : je suis là et je vais te sortir de cette embrouille à condition que tu m'aides à.… tu sais bien... ce que tu fais d'habitude avec les morts, découvrir la vérité, et après seulement je pourrai peut-être cesser de te hanter...BOUH !
- Y a intérêt ! se dit Elea.
- Quoi ? dit-il. Tu as dit quelque chose ?
Elea fit semblant de rien. Il y eut un vent froid tout à coup venant de dehors et Johnny en profita pour faire peur à Anthony en faisant griller une ampoule.
Anthony n'avait plus l'habitude de ce genre de choses et n'y croyait pas forcément. Quand ils sortaient ensemble, Elea et lui, et que des événements qu’il ne comprenait pas survenaient, il la traitait souvent de sorcière.
- Qu'as-tu encore fait ! cria-t-il.
- J’n’y suis pour rien, dit-elle.
- C'est ça, tu es vraiment une folle dingue ! Je sors d’ici, mais on se retrouvera ! s’écria-t-il en s’éclipsant. Et la prochaine fois, fais bien attention de ne pas te trouver sur le lieu d’un crime !
Elea prit cette menace au sérieux. Elle remercia Johnny car sans lui, elle serait dans la voiture de police à l’heure qu’il est, à cause d’un ex un peu trop zélé... et rancunier.
Quand le commissaire London arriva avec le légiste, Elea leur expliqua ce qui s’était passé avec Anthony.
A sa grande surprise, elle apprit qu'Anthony n'aurait pas dû être là mais avait insisté pour y aller puisqu'il "passait dans le coin" en entendant l’appel radio aux voitures de police.
Elea avait eu des ennuis à cause de lui et était rapidement passée à autre chose. Mais lui, non. Il lui en voulait parce qu’elle avait découvert qu’il allait voir ailleurs. Il la connaissait mieux que quiconque même si un détail important lui échappait : il ne croyait pas qu’elle était médium et parlait réellement avec les morts.
Parfois, elle recevait encore des messages de la part de son ex petit-ami… furieux qu'elle l'ait laissé. Elle avait dû faire un choix difficile, mais qui ne se discutait pas : se séparer de Chipie pour le bien-être d'Anthony qui détestait les animaux et en particulier les chiens, ou rompre avec lui et garder Chipie.
Elle a choisi de garder Chipie.
Le commissaire London était au courant du don d'Elea puisque plusieurs fois, il lui a attiré des ennuis graves, mais qui se sont toujours arrangés.
Anthony pensait plutôt qu’elle simulait.
La première entité qu’elle a croisée était l’esprit d’une gamine de sa classe, décédée d’un cancer. Elle s’appelait Stéphanie. Tout le monde l’aimait cette gamine. Y compris Elea qui l’enviait parce qu’elle avait ce qui ressemblait à une vie parfaite. La vie dont Elea rêvait.
Car les parents de cette dernière étaient divorcés et ne se supportaient pas.
De plus sa soeur et son demi-frère avaient des ennuis à l’école à cause du don d’Elea…
Elle était la seule dans la famille à avoir développé son don… Elle le tenait comme sa mère de son arrière-grand-mère. Ce qui l’étonnait c’était que sa mère ressentait les entités et refusait de les aider comme si elle avait honte de ce don.
D’ailleurs quand elle a vu Stéphanie pour la première fois, tous l’ont prise pour une dingue. Elea en faisait des cauchemars.
Elle voyait Stéphanie mourir chaque nuit, puis un jour, ça a cessé car elle lui a dit : ok, je vais t’aider à passer de l’autre côté. Elle est allée chez ses parents et leur a expliqué avec ses mots d’enfants que Stéphanie avait laissé un mot dans une boîte dans sa chambre en dessous de son matelas… sa maman avait fouillé partout sauf là. C’était un beau message qu’elle leur envoyait. Il était écrit :
« Ne soyez pas tristes de mon départ, je ne suis jamais loin. Je vous aime fort. On se retrouvera. »
Le papa de Stéphanie était toujours sceptique, alors Elea ne savait pas trop quoi faire. Stéphanie était là, elle la guida.
- Dis-lui qu’il a oublié de dire à mamy qu’elle a un rendez-vous pour son coeur cet après-midi. Mamy a la maladie d’Alzheimer depuis deux ans et ça s’aggrave parce qu’elle ne prend pas ses médicaments tous les jours. Tu peux aussi lui dire que grand-père est décédé lors d’une opération du coeur…
Elle termina en disant que Stéphanie les aimait très fort et qu’à présent elle ne souffrait plus.
Le papa la prit dans ses bras et l’embrassa comme si c’était sa fille.
- Merci, dit-il. Maintenant, je vais te raccompagner chez toi, tes parents doivent être morts d’inquiétude… Tu peux venir quand tu veux ici.
Après tout, Stéphanie était sa meilleure amie, c’était normal qu’elle veuille l’aider. Parfois elle était assez casse-pied, mais Elea la supportait telle qu’elle était et était bien la seule. Quand elle a commencé à perdre ses cheveux à cause de la chimiothérapie, et que les autres enfants se moquaient d’elle dès qu’elle revenait en cours. Elea l’a toujours défendue.
Comme elle le disait si bien : meilleure amie pour la vie.
Puis Elea a grandi, elle a rencontré d’autres personnes, dont Johnny Jaskman, son voisin devenu meilleur ami et Anthony Jaskson. Elle ne savait pas pourquoi elle avait accepté de sortir avec lui si ce n’est pour le sexe, car elle ne le supportait pas et avait besoin de s’amuser.
Puis elle l’a quitté quand elle est devenue journaliste faits-divers. Un jour elle l’a revu au poste de police, car elle s’était fait arrêter par un autre flic pour avoir fouiné dans des affaires qui ne la regardaient pas. Anthony l'a fait sortir de là en payant sa caution.
Ce dont elle était certaine, c’est que la mort de Johnny alias Paul Jaskman n’était pas un cas isolé… et maintenant il fallait le prouver.
Elle avait entendu parler de cas similaires : vol et plagiat de manuscrit mais dans d'autres villes. Son but à elle était de le prouver et d'en faire un article.
- Par où commencer ? se demanda-t-elle en cherchant des informations sur internet.
Johnny intervint.
- Peut-être que tu devrais arrêter de chercher, si un flic se pointe et regarde ton historique, tu vas être considérée comme suspecte… après je te conseille vivement d’effacer cet historique de recherche et d’aller surfer sur la navigation privée…
- Qu’est-ce que tu fais encore là ? demanda Elea. Tu m’avais promis de… me laisser tranquille.
- Quand les poules auront des dents… je passerai dans la lumière quand tu auras élucidé ce meurtre. Et si tu achetais les journaux ? Juste pour vérifier qu’on n’en parle pas dedans.
Elle ferma l’ordinateur et prit son sac à main.
- N’oublie pas les clés de ma voiture ! dit Johnny. Elles sont sur le meuble blanc à côté de la porte d'entrée.
- Quelle tête en l’air je suis ! dit-elle.
- Tu vois que je sers à quelque chose… dit-il. Toi qui voulais que je m’en aille… si tu acceptes mon aide, on pourrait faire équipe, qu’en penses-tu ?
Elle rit.
- J’sais bien que tu veuilles m’être utile, dit-elle, mais tu es mort… et je ne vois pas comment tu pourrais m’aider.
- J’ai mieux que ça ! dit-il. Un ordinateur portable que la police n’a pas pu emporter car il est chez le réparateur… tu devrais avoir assez facilement accès à mon historique. Allez let's go ! Le magasin ouvre à 10h30. Mais il sera là avant, donc soit t'y vas plus tôt... soit... pile à l'heure mais pas sûr qu'il...
Elea pleurait.
Elle venait de réaliser que Johnny, son amour de toujours, était mort. Elle aurait voulu le faire revenir, retourner en arrière et le serrer dans ses bras une dernière fois. Mais elle ne pouvait pas.
- Tout va bien ? demanda Johnny.
- Non... tu es mort et... je n'aurai jamais l'occasion de...
- De quoi ? demanda Johnny. De me dire que j'ai été con d'ouvrir cette fichue porte à cette personne. Elea…
- J’n’ai pas dit ça ! fit Elea.
- Non… mais tu l’as pensé fort…
- Jamais je ne me permettrai de te juger sur ce point. Cela aurait pu m’arriver à moi aussi. D’ailleurs, Anthony a déjà failli tuer quelqu’un.
- Mais lui, il est flic ! dit-il.
- Il aurait pu mourir aussi ! dit Elea.
Johnny croisa les bras.
Ça l’aurait étonné de la part d’Anthony de se laisser faire ainsi. Il avait bon le dire à Elea, elle ne le croyait pas.
- Pourrais-tu me dire ce que ça change ? demanda Elea. Ce sera moi qui trouverai le coupable. Je ne ferai pas d’article pour monsieur Moore sur ta mort !
- Il t’emmerde encore ? demanda Johnny. Tu sais maintenant que je suis mort, l’avantage c’est que je peux aller hanter qui je veux surtout quand je veux !
En parlant de monsieur Moore, le voilà qui téléphonait encore une fois sur son portable.
Elea ne raccrocha pas.
Elle refusa carrément l’appel.
- J’en ai marre ! cria-elle.
- Cela ne sert à rien de t’énerver… dit Johnny pour essayer de la calmer. Tu ne sais même pas ce qu’il te veut réellement. Il va peut-être t’annoncer un promotion ?
Elea éclata de rire.
- Alors… dit Johnny. Tu ne dis plus rien maintenant ?
- J’vais me faire virer ! dit Elea.
- Non mais… dit Johnny. N’importe quoi ! C’est toi qui est juste un poil trop négative depuis que je suis mort…
- Et toi qui a le meilleur sens de l’humour… murmura Elea.
Suite à la décision du chef, Anthony n'était à présent plus en charge de l'enquête puisqu'il était trop impliqué. Il considérait Elea comme suspecte pour le moment car il n’avait aucune piste, il avait été chargé d'une autre affaire : un cambriolage qui a mal tourné.
Et c'était aussi parce qu'il connaissait bien Johnny que son chef avait décidé qu'il n'en ferait plus partie. Visiblement cela l'emmerdait plus qu'autre chose de ne pas avoir Elea dans les pattes.
Le dossier était maintenant entre les mains de Frank Morizon. Ce dernier venait d'être fraîchement muté, à la suite d’une altercation avec un complice du célèbre KAOS, un hacker, et voleur de manuscrit à succès. Frank avait frappé le suspect en plein interrogatoire, son chef l'a vu, et mis à pied. Mais Frank l'a suivi sur le parking et l'a menacé, il lui a dit de "faire attention et de lui donner tout de suite l'identité de KAOS sinon il aurait des ennuis". Le type lui a craché dessus et ça a dérapé. Frank lui a mis une raclée, a été filmé par les caméras de surveillance et donc après a été convoqué dans le bureau du chef qui lui a dit qu'il avait le choix entre être muté ou renvoyé.
La police, c'était toute sa vie, un métier qui lui tenait à coeur depuis son enfance. Frank s'est donc fait à l'idée que ça serait mieux pour lui une mutation.
Il était frustré de ne pas pouvoir poursuivre cette enquête et la boucler. Son équipe ne lui laissait pas le choix, après sa mise à pied, il irait à Ême.
Au lieu de raconter tout cela à sa femme, il est parti comme un lâche, du jour au lendemain, en laissant sa vie d’avant derrière lui. Sa femme était enceinte de trois mois et n'a pas compris son départ sans explications.
Frank, lui, n’avait pas de remords. Il n’avait pas voulu de ce gosse de toute façon, comme il disait. Leur couple ne marchait plus et tout quitter sans laisser de trace n’était pas trop compliqué pour lui.
Derrière ses airs de dur à cuire, se cachait un homme de la quarantaine perdu. Mais ses sentiments étaient plus forts pour son travail que sa vie privée. Il avait la nostalgie de son ancien poste en entrant dans le commissariat de police pour la première fois.
Le commissaire London l'accueillit dans son bureau et lui donna un avertissement :
- Ce genre de comportement ne sera pas permis ici. Vous êtes un bon élément d'après votre ancien supérieur, c'est pourquoi je vous accepte. Sachez toutefois que si ça venait à se reproduire, je n'hésiterais pas à vous virer directement. C'est clair ?
- Très clair... dit-il.
- Bien... alors voilà... vous pouvez aller à la morgue. Je vous laisse le dossier afin que vous en preniez connaissance.
Une fois Franck sorti, le commissaire London reçut un appel urgent. C'était l'inspecteur Larsson qui disait qu'il devait garder son fils mais avait le temps de passer chez Elea.
Le commissaire l'en dissuada étant donné qu'il était contraint de rester chez lui. Son fils était malade. Il avait une mauvaise grippe.
- Bon... dit le commissaire London. Si tu as bien compris... je peux te laisser ?
- Attends... le rapport de l'autopsie, il est...
- Sur le bureau de Frank ! répondit le commissaire London. Mais je ne vois pas en quoi cela t'intéresse.
- Je n'connais pas de Frank ! dit-il.
Le commissaire London lui expliqua qu'un nouveau venait de rejoindre la police.
- Tu l'as déniché où ? demanda l'inspecteur Larsson. J'espère qu'il ne s'agit pas de Morizon ! Parce que ce mec, je vais lui dire deux mots quand je...
- C'est lui ! Et tu ne feras rien... Compris ? dit le commissaire London.
...
Arrivé à la morgue, il croisa le légiste, le Docteur Henrico, que l’on surnommait le toubib ou encore Doc. C'était un homme âgé de la soixantaine, il avait des cheveux poivre et sel. Il boutonnait sa chemise quand Frank est arrivé.
Le docteur Henrico en avait fait des autopsies dans sa carrière.
Il se souvenait de chaque cas.
Le pire des cas qu'il avait vu, c'était une tête sans son corps. Et chaque semaine, le vendredi à 13h13, il y avait une nouvelle victime, juste la tête. Rien d'autre. Cette mascarade macabre a duré trois mois. Puis, le tueur a commis une erreur et la police l'a coincé.
À cet instant, il s'apprêtait à révéler à Frank une nouvelle horreur. Mais étrangement, non visible pour les yeux.
- Ah… dit le docteur Henrico. Vous êtes le nouveau je présume, Frank Morizon ?
- Oui, dit-il. Je vois que les nouvelles vont vite ici. Ême est une petite ville après tout.
- Vous avez raison inspecteur… dit le docteur Henrico.
- Frank, dit-il. Vous pouvez m’appeler Frank.
- Eh bien Frank… c’est un sacré cas qu’on a là…
Le docteur Henrico s’expliqua.
- Eh bien voilà, quand on l'observe comme ça, on dirait que c'est la balle qui l'a tué. MAIS en fait, c'est là que ça devient intéressant.. Regardez ces deux corps. Deux jeunes femmes comme elles : Martina Alvarees et Hanna Belovi, la trentaine, rien en commun sauf leur mort...
Des affaires étaient connues... avec leurs noms apparaissant dedans mais classées sans suite par manque de preuves.
La mort de Johnny n'était donc pas un cas isolé.
D'abord il y a eu Hanna Belovi. Une jeune femme rousse, auteure de "mensonges, trahison et... meurtres", qui racontait son histoire et celle de son ex-mari.
Mot de la maison d'édition : « ce manuscrit est une vraie pépite et sera le besteller de l’année »
Prenons maintenant le cas de Martina Alvarees, qui avait écrit au sujet de Hanna Belovi. Martina était en fait, la maitresse de son mari. L'affaire a été conclue en suicide et non en meurtre, donc Hanna a inventé la fin.
Jeanne Anderson était en fait en maladie et c'est sa secrétaire Yona, qui était chargée de prendre les mails et le reste. C'est donc elle qui a lu le roman.
Une fois paru, après six mois d'attente, Yona a été virée.
La qualité des romans que Yona avait décidé d'accepter, n'était pas assez "bonne" pour des polars.
Yona a évidemment fait des représailles, estimant que n'étant pas là, il était de son devoir de juger elle-même. Elle a été emprisonnée par après, pour harcèlement et abus de pouvoir. Elle était aussi accusée d'avoir mis en valeur de petits auteurs, ce qui était inacceptable pour l'éditrice.
Après quelques mois d'emprisonnement, et une dédicace annulée des deux auteures, le voile est enfin levé... tout était mis en scène pour deux meurtres...
- De quoi sont-elles mortes ? demanda-t-il.
- D’un arrêt cardiaque aussi suspect que dans ce cas-ci… dit le docteur Henrico. Vous voulez savoir plus ?
- Bien sûr, vous éveillez ma curiosité ! dit Frank.
- Nous allons… le découvrir. Et observez son cou de plus près… ordonna le docteur Henrico.
Frank obéit.
- J'ai pris une photo pour agrandir, parce que je n'étais pas certain de ce que je voyais.
- Une piqûre d’insecte ? demanda Frank.
- Cela serait trop facile ! dit le docteur Henrico. Non… je pensais que cela pourrait être dû à une fléchette à poison. Fléchette qu’on a également trouvée chez ces deux femmes et qui sont en analyse au laboratoire pour le moment.
- Ah bon ? dit-il surpris.
- Oui… j’en ai vu assez passer dans ma morgue, dit le docteur Henrico. Là je suis formel, ce gars a été empoisonné avec je ne sais quoi… j’ai envoyé un échantillon à l’équipe du labo. Qu’on fasse une analyse toxicologique. Si c’est ce que je pense, ces cas ne sont pas isolés.
Frank regarda de plus près. Puis, il compara avec les piqûres d’Hanna et Martina… c’était les mêmes. Restait à connaitre le point commun entre ces victimes… et ça c’était son boulot de le découvrir.
- Où puis-je me procurer les dossiers ? demanda Frank.
- Ils doivent être dans le bureau de l’inspecteur Larsson. C’est votre équipier si je ne me trompe pas. Vous n’avez pas encore eu le temps de faire sa connaissance ? Oh, c’est vrai, on est mercredi. Il s’absente toujours pour garder sa fille le mercredi. Mais allez-y ! Prenez le dossier et envoyez le coupable en prison.
Frank sortit de la morgue.
Il entra dans le bureau qu’il partageait avec l’inspecteur Larsson, un homme tout à fait normal et au regard profondément mystérieux qui en disait long, était un as de l’informatique. Il s’occupait principalement des attaques de mauvais genre, entre piratages et arnaques.
Parfois il y avait des meurtres, mais tous étaient liés de près aux ordinateurs.
Pendant que Frank fouillait à la recherche des dossiers, une jeune femme apparut à la porte, elle l’observa un moment avant de se racler la gorge.
- Bonjour ? dit-il.
- Vous savez que ce n’est pas bien de fouiller dans les affaires de Nicolas sans son autorisation ?
- Je suis le nouveau… Frank… Frank Morizon… annonça-t-il.
- Oh… pardon, dit-elle. Je ne savais pas que vous étiez déjà arrivé. Je suis Sandra, la secrétaire. C’est moi qui m’occupe souvent de ranger son bureau puisqu’il est bordélique… veuillez m’excuser… pour le terme, il n’aime pas que je le dise mais puisqu’il n’est pas là… vous cherchez un dossier en particulier ? Frank ?
Il lui annonça le nom de la victime. Elle répondit aussitôt :
- La malédiction du bestseller…
- Pardon ? dit Frank.
- Oui, euh… fit-elle. C’est parce que les victimes sont écrivains… qui ont écrit un bestseller chacun. Alors j’ai surnommé cette affaire : « la malédiction du bestseller ». Vous devriez lire les livres… c’est vraiment de la bombe.
- J’n’aime pas lire, dit Frank. Encore moins les bestsellers comme vous dites. Je préfère les auteurs inconnus… si vous voyez ce que je veux dire.
Elle s’en étonna. Puis, il rétorqua :
- J’plaisante bien sûr !
- Ah… dit-elle. Mais vous avez le droit… donc ici, nous avons « Mensonges, trahisons et... meurtres » de Hanna Belovi et « La malédiction d’Ême » de Martina Alvarees. Ils ont eu du succès. Je ne sais pas ce que le tueur cherchait mais…
Quelqu’un frappa à la porte.
- Ah tu es là ! s’écria une autre femme. Je te cherchais partout. Bonjour monsieur, vous savez que vous n’avez pas le droit d’être dans ce bureau ?
- C’est Frank, fit la secrétaire. Le nouveau.
- Oh, pardon… alors ceci vous concerne ! dit la femme. Nous avons trouvé une substance à taux élevé dans le sang des victimes. Il a fait une réaction allergique qui a entrainé l’arrêt cardiaque.
- De la morphine ? dit-elle.
- Oui…
- Il a reçu 7 mg… dit-elle. On dirait que le tueur a fait encore une victime. Normalement elle ne peut être utilisée que par les hôpitaux… et donc les médecins peuvent facilement s’en procurer… à moins que cela ne soit un tueur fou qui s’est fait passer pour un médecin… ce qui expliquerait comment il est entré sans trace d’effraction.
- Tu regardes beaucoup trop de films… Sandrine ! Enfin bref… dit Sandra.
- Faudra réinterroger la maison d’éditions… trois meurtres d'écrivains de la même maison ça ne passera pas inaperçu bien longtemps ! Avant que les journalistes ne s’emparent de cette affaire… dit Frank en prenant le dossier. Je vais m’en charger de ce pas. Cela a déjà été fait peut-être ?
- Oui, Anthony s’en est chargé.
- Anthony ? demanda Frank.
- Un de nos collègues. Figurez-vous qu'il connait la suspecte Eleanor Jonz, elle se trouvait sur le lieu du crime quand il est arrivé chez la victime. Mais il y a tout de même un truc que je ne pige pas... Pourquoi était-il là le premier s'il n'était pas chargé de l'enquête ? Je veux dire... qu'est-ce qu'il faisait dans ce coin-là ?
- C'est à tirer au clair cette histoire... dit Frank. Bon, je n'ai pas que ça à faire... il faut que je réinterroge cette femme...
- Faites quand même attention... dit Sandra. On dit qu'elle a des pouvoirs magiques... et en plus elle est journaliste !
- Bah tiens donc ! dit Frank. Et vous êtes certaine qu'elle n'a pas fait ça pour faire la Une des journaux ?
- Je ne pense pas...
- Vous la connaissez bien ? demanda Frank.