La Nuit des rois de William Shakespeare - Encyclopaedia Universalis - E-Book

La Nuit des rois de William Shakespeare E-Book

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis

Cette comédie majeure de William Shakespeare (1564-1616), publiée pour la première fois en 1623, fut sans doute écrite pour être jouée à l’Épiphanie de 1601.

Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur La Nuit des rois de William Shakespeare

Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782852293892

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Nito/Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici La Nuit des rois, William Shakespeare (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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LA NUIT DES ROIS, William Shakespeare (Fiche de lecture)

Cette comédie majeure de William Shakespeare (1564-1616), publiée pour la première fois en 1623, fut sans doute écrite pour être jouée à l’Épiphanie de 1601. Moment où le temps païen reprend le pas sur le temps chrétien, la « Douzième Nuit », pour reprendre le titre original de la pièce (Twelfth Night or What you Will) était, dans le calendrier élisabéthain, la dernière nuit des fêtes de Noël, traditionnellement allouée aux travestissements et aux jeux puis au théâtre. La Nuit des rois appartient, avec La Comédie des erreurs et Comme il vous plaira, à la catégorie des comédies dites « romantiques » de Shakespeare. La pièce se caractérise par l’élagage spectaculaire de l’environnement sociopolitique, au profit d’une intrigue amoureuse. Il s’agit d’une œuvre joyeuse, où la musique joue un grand rôle, mais dont la tonalité s’avère cependant ambivalente lorsque, à l’orée de l’acte V, l’atmosphère festive cède la place à une note plus sombre : le jeu des désirs amoureux et les excès de la farce menacent en effet de provoquer un déchaînement de violence. Il faudra que l’excès soit purgé pour que l’harmonie sociale puisse être rétablie.

• Une comédie des erreurs

Shakespeare reprend à son compte plusieurs sources italiennes et anglaises, mais, à son habitude, pour les transformer de manière radicale. Ainsi ses sources du XVIe siècle (Bandello notamment) comprennent toutes les éléments stéréotypés d’une intrigue comique marquée par l’influence de Plaute : un amant malheureux, une héroïne déguisée en page qui tombe amoureuse du premier, son frère jumeau, une seconde héroïne, amoureuse du jeune page – qui est amené à jouer les intermédiaires entre son maître et la belle –, un naufrage, des confusions d’identités... Mais si Shakespeare semble accepter ces conventions, c’est pour mieux les transformer, en insufflant à ses personnages une vérité psychologique absente des modèles. Viola, notamment, véritable pivot de la pièce, devient l’un de ces personnages féminins inoubliables dont Shakespeare a le secret. Image du deuil inconsolable lorsqu’elle croit perdre son frère jumeau Sébastien dans un naufrage au début de la pièce, elle incarne ensuite l’amour véritable et adulte face aux errements des autres personnages, et en particulier ceux de l’homme qu’elle aime, le duc Orsino, dont la mélancolie pétrarquisante donne à la pièce une tonalité lyrique – mais aussi quelque peu comique – dès la première scène : « Si la musique est nourriture d’amour, joue encore,/ Donne-m’en à l’excès afin que, rassasié,/ Mon appétit languisse et meure./ Encore cette mélodie, elle avait une cadence mourante... »

Tous les amants – Orsino, la comtesse Olivia amoureuse d’une illusion (Viola qui s’est travestie en page et a pris le nom de Cesario pour entrer au service d’Orsino), Sir Andrew Aguecheek le fat coureur de dot, ou Malvolio, l’intendant puritain amoureux de sa maîtresse – sont en effet caractérisés par une forme de folie amoureuse qui relève de l’aveuglement sur soi et sur le monde.

• Malvolio et le principe du carnaval

L’une des grandes réussites de la pièce tient dans l’entrelacs savant entre l’intrigue principale, centrée sur les amours contrariées des protagonistes, et une intrigue secondaire de pure comédie. Celle-ci concerne les aventures amoureuses parodiques de sir Toby Belch et de sa bande de bons vivants, qui vivent en parasites dans la maison de sa nièce, la belle Olivia, celle-là même qu’Orsino aime en vain. Il faut tout l’art de Shakespeare pour assurer l’unité structurelle et thématique de ces deux niveaux : certes, quelques personnages évoluent également dans les deux sphères, tels le page Viola-Cesario et le personnage mémorable du bouffon d’Olivia, Feste, qui par ses commentaires obliques éclaire l’action. Mais l’unité est surtout d’ordre thématique et symbolique : d’Orsino à Olivia en passant par sir Toby Belch, Malvolio et son acolyte et dupe sir Andrew Aguecheek, tous les personnages incarnent par leurs excès la nécessité de la mesure et du retour à l’ordre.

Nul n’incarne mieux ce dérèglement passionnel que sir Toby Belch, perpétuellement prêt à faire la fête, lorsqu’il s’oppose à son ennemi intime, l’intendant puritain Malvolio, en lui faisant croire à l’amour que lui porterait sa maîtresse Olivia. Leur affrontement n’est pas sans évoquer l’opposition entre carnaval et carême. C’est l’occasion d’une scène comique d’anthologie au cours de laquelle Malvolio est amené à se travestir et à employer un langage codé pour, croit-il, plaire à Olivia – qui conclut à un accès de folie. Mais cette intrigue se solde par un épisode semi-tragique lorsque Malvolio est enfermé et torturé moralement par Feste, déguisé en faux prêtre exorciste : la farce tourne à l’aigre.

Dans la très longue dernière scène, qui occupe tout l’acte V, toutes les complications de l’intrigue, après un moment de tension maximale, sont résolues de façon quasi rituelle : la comédie menace en effet de se changer en drame, lorsque Orsino, qui croit que Viola-Cesario a épousé secrètement Olivia (alors que c’est Sébastien qui a séduit la belle), menace de s’en prendre au page. L’entrée de Sébastien et la scène publique de retrouvailles entre les deux jumeaux coupe court à son désir de vengeance et, par le miracle optique de la duplication, permet à la belle Olivia de trouver enfin le véritable objet de son désir et au duc de réformer miraculeusement le sien : « Un visage, une voix, un habit et deux personnes !/ Comme dans une illusion optique où ce qui est n’est pas » (acte V, scène 1). Orsino épouse donc Viola, et Sébastien Olivia.