La petite maison sur l’esplanade - Pierre Castel - E-Book

La petite maison sur l’esplanade E-Book

Pierre Castel

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Beschreibung

La petite maison sur l’esplanade raconte l’histoire d’un squat vécue par Pierre Castel et son épouse. L’auteur y relate leurs inquiétudes et leurs peurs à la découverte du squat, leur combat tenace pour faire valoir leurs droits, leur soulagement et leur joie lorsque leur maison a été libérée. Il évoque également quelques souvenirs d’enfance ainsi que ceux de leur vie de jeunes mariés.


À PROPOS DE L'AUTEUR


Après avoir rédigé trois livres dont un roman policier, Pierre Castel propose un témoignage bouleversant dans La petite maison sur l’esplanade. Il relate cette expérience pour tous ceux qui se trouvent ou qui pourraient se retrouver dans une situation similaire, avec comme boussole le respect de la loi.

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Pierre Castel

La petite maison sur l’esplanade

Histoire d’un squat

© Lys Bleu Éditions – Pierre Castel

ISBN : 979-10-377-8513-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Publiés à compte d’auteur :

– Il était autrefois le Petit Séminaire St-Roch, 2012 ;
– Il était autrefois un petit village Vailhauquès, 2014 ;
– Le nez dans le ruisseau (roman policier), 2020.

Avant-propos

Au moment où va paraître ce livre-témoignage, une lueur d’espoir pour les petits propriétaires : Guillaume Kasbarian, député du groupe Renaissance, a entendu la colère et la détresse de ces propriétaires ; il a déposé à l’Assemblée Nationale un projet de loi qui révise leurs droits légitimes à l’encontre des personnes qui s’introduisent ou se maintiennent illégalement dans leur bien. Cette proposition de loi vise notamment à sanctionner plus durement et plus rapidement les squatteurs d’un logement. Elle a été adoptée le 2 décembre 2022 à l’Assemblée Nationale, en première lecture.

Le texte précise que, pour qu’un délit de squat soit avéré, il ne sera pas nécessaire que le propriétaire ou le locataire légal du logement y habite : ce peut donc être aussi bien sa résidence secondaire qu’un logement vacant. Ainsi seront protégés les locaux vides entre deux locations, en attente d’un nouveau bail ou de l’exécution de travaux, ainsi que les bâtiments d’habitation proposés à la vente. Cette mesure évitera pour certains propriétaires de se trouver dans une situation financière très délicate, à la suite de l’immobilisation de leur bien par l’installation de squatteurs.

Les sanctions auxquelles s’exposeront les squatteurs seraient triplées : ils encourraient 3 ans de prison et 45 000 € d’amende (au lieu d’un an et 10 000 €). De fait, ils risqueraient alors la même peine que les propriétaires qui expulsent des occupants par leurs propres moyens (hors concours de la force publique).

Les marchands de sommeil qui organisent des squats en faisant croire qu’ils sont propriétaires des logements seraient aussi punis de 3 ans de prison et de 45 000 € d’amende.

La publicité facilitant ou incitant les squats pourrait, quant à elle, être sanctionnée de 3 750 € d’amende.

Souvenons-nous que, selon les premiers chiffres communiqués par l’Observatoire du squat en 2021, on remarque une grande disparité territoriale. En effet, seulement quatre régions françaises regroupent, à elles seules, 80 % de cas de squats. Il s’agit de l’Île-de-France (qui en regroupe près de 40 %), suivi par les Hauts-de-France (17 %), Provence-Alpes-Côte d’Azur (16 %), et l’Occitanie (13 %) et il n’est pas inutile de souligner que cela correspond, sans grande surprise, aux zones de forte immigration.

On peut donc considérer qu’il existe un lien très étroit entre la propagation des squats et l’immigration irrégulière. N’est-ce pas un avis partagé par le préfet de l’Hérault qui, par voie de communiqué à Midi Libre (le 11 janvier 2023), a réaffirmé sa volonté d’en finir avec les squats d’étrangers en situation irrégulière et la culture d’impunité qui l’accompagne ?

Peut-on considérer que le droit au logement (article 1er de la loi du 31 mai 1990 puis la loi du droit au logement opposable de mars 2007) s’oppose au droit de propriété, droit inviolable et sacré dont nul ne peut être privé, au motif que l’expulsion des squatteurs accroîtrait le nombre de personnes sans domicile ?

Préfet et juge sauront sans nul doute apprécier les quelques situations qui appellent un examen, au cas par cas. Ne feront-ils pas toujours preuve de mansuétude par l’octroi de délais et n’hésiteront-ils pas encore à faire usage de la force, parce que ces entorses au droit de propriété leur apparaîtraient peut-être mineures et plutôt légitimes pour les squatteurs qui auraient investi collectivement des bâtiments durablement vacants et inutilisés, appartenant à un propriétaire public ou moral ?

À l’heure où la France compte plus de 4 millions de mal-logés, plus de 2 millions de demandeurs de logements sociaux, plus de 100 000 ménages éligibles à la loi DALO, serait-ce au petit bailleur de subir toutes les conséquences d’une politique du logement défaillante depuis des décennies et de la politique d’immigration ?

Ne serait-ce pas à la crise du logement qu’il faudrait s’attaquer : ne faudrait-il pas construire davantage ? Ne serait-il pas utile, d’abord, de simplifier les procédures et les normes applicables aux constructions ? Ne serait-il pas nécessaire de revoir la gestion des logements sociaux pour ne pas en pérenniser la location à ceux qui n’entrent plus dans les critères d’attribution ? Ne devrait-on pas réfléchir à faciliter le « métier » du particulier bailleur et à rééquilibrer ses droits vis-à-vis de son locataire ?

Avant même de lire l’histoire d’un squat, notre histoire, au moment où ce fléau touche toutes les régions de notre pays, il est urgent que nos politiques se posent les bonnes questions et y trouvent des réponses pérennes et justes pour le respect fondamental du droit de la propriété.

La petite maison sur l’esplanade

La petite maison sur l’esplanade ? Quelle maison ? Dans la partie haute de l’allée Antonin Chauliac, c’est la seule villa qui fait face à la rue. Voisine d’une brasserie, elle est entourée de quelques jardins. Elle est presque comme orpheline, au milieu de la verdure.

La petite maison sur l’esplanade, c’est ma maison, la maison de mon enfance, la maison de mes souvenirs. Elle vient de subir un outrage auquel on ne pouvait s’attendre : elle a été violée, elle a été squattée !

Nous allons vous raconter l’histoire de cette maison, l’histoire de ce squat : ce type de situation dramatique, insupportable, ça n’arrive pas qu’aux autres, comme on pourrait le croire ; nous venons d’en faire la triste expérience.

Mais comment a-t-on pu en arriver à cette situation ? Doit-on seulement imputer la violente et intolérable intrusion de ces squatteurs à la conjoncture ? Doit-on simplement incriminer ceux qui ont fait imprudemment évacuer le bidonville de Celleneuve, sans prendre les précautions nécessaires pour suivre cette population incontrôlée et en totale déshérence ? Interrogation légitime, puisque nous saurons très vite que c’est de là que venaient les indésirables. Le problème n’est-il pas plus profond ?

Le souvenir que je garde de Celleneuve est celui d’un petit village, à l’orée de la ville ; certains des anciens parlent d’une « âme celleneuvoise ».

Mais où est-elle à présent, l’âme de Celleneuve ? Les plus anciens nous ont quittés, les commerces du centre se sont presque tous évaporés, au fil du temps, et ils n’ont pas vraiment été remplacés. Sur l’esplanade même, certains se sont installés, un temps, mais ils ont tous disparu aujourd’hui. Seule la brasserie, à côté de notre maison, donne un peu de vie à notre quartier, surtout pendant la période estivale.

Il existe bien encore, devant la Maison pour tous, quelques « ferrailleurs » qui tapent la boule, mais peu nombreux sont ceux qui taquinent encore le bouchon !

Celleneuve, comme un petit village, à l’écart de la grande ville, as-tu perdu définitivement ton âme ? Qui sait ? De nouveaux commerces, plus exotiques, se sont implantés, le long de l’avenue ; le cinéma du quartier draine bien un reste d’amoureux de la toile, mais existe-t-elle encore, cette âme villageoise, et la nostalgie épouse-t-elle seulement les murs médiévaux de notre petite église romane, vestige d’une civilisation qui se meurt ?

Puis-je ouvrir une parenthèse pour m’offrir, pour vous offrir, à vous aussi, une oasis au parfum des souvenirs d’antan ? Avant que ne se dressassent, dans les années 50, les murs de la petite maison de l’esplanade, le vaste espace qui lui faisait face était un terrain de foot où jouaient petits et grands : en 1923, on avait arraché les vignes où vendangeaient les habitants du quartier et on avait su préserver ce vaste espace (pas de promoteurs à l’affût, à cette époque, grâce à Dieu !) pour en faire une sorte de rudimentaire plateau sportif. La photo qui l’illustre est celle d’une carte postale datée de 1935, sans doute imprimée dans la précédente décennie : on y voit des enfants se disputer un ballon, enthousiastes, à l’ombre encore bien rare de jeunes platanes plantés depuis peu.

Retour vers le présent : le squat de notre maison est-il un simple épiphénomène, sans grande importance ? Peut-être ! Méfions-nous cependant des apparences : les étoiles brillent encore au firmament alors qu’elles ont disparu depuis bien longtemps !

La petite maison sur l’esplanade est un exemple de squat, comme il en existe tous les jours dans notre pays. On peut, le plus souvent impunément, voler le bien d’autrui sans émouvoir ceux chargés de protéger les honnêtes gens : effraction, violation de domicile, saccage parfois, sans être inquiétés le moins du monde. Justice, retire enfin le bandeau qui t’aveugle et regarde la détresse des propriétaires spoliés : la cécité ne doit plus être une nécessité !

Mais comment a-t-on pu en arriver à cette situation ? Il faudra bien, un jour, que, dans notre pays, les hommes et les femmes qui nous gouvernent se posent enfin sérieusement la question et trouvent des solutions. Trouver des solutions ? C’est au législateur, et à lui seul, d’agir et de considérer enfin que les vraies victimes, ce ne sont pas les voyous ou les réseaux mafieux qui tirent les ficelles, mais les propriétaires démunis devant l’inertie des pouvoirs publics.

Nous allons vous raconter notre histoire : nous l’avons écrite avec notre cœur, avec nos tripes. Nous avons su faire face à l’adversité et nous nous sommes battus pour finalement aboutir. Par notre témoignage, par notre expérience, nous voulons affirmer que tout peut changer, tout doit changer. Nous pouvons vaincre ce fléau afin que nul, à l’avenir, ne puisse violer une maison, avec la complaisance coupable de la justice.

Ce qui sauve, c’est de faire un pas. Encore un pas. C’est toujours le même pas que l’on recommence.

Dimanche 29 mai

En ce dimanche printanier, nous décidons, Danielle et moi, de faire un petit tour à Celleneuve, nous voulons aérer la maison et voir le jardin ; peut-être pourrons-nous y cueillir quelques nèfles !

Et c’est au moment où je m’approche du portillon que tout se bouscule en moi ! Je découvre que le volet en fer de la cuisine est légèrement entrouvert ; aussitôt, je jette un coup d’œil à la porte d’entrée : au lieu des trois verrous qui fermaient la maison, je vois une serrure de substitution et deux trous dans la porte, comme des orbites énucléées ! Sidéré, je reste sans réaction : des individus ont forcé l’entrée de la maison et s’y sont installés, évidemment en totale illégalité.

Le moment de stupéfaction passé, Danielle téléphone à la police pour venir constater le squat. Au bout du fil, une voix lui demande :

— Depuis combien de temps les squatteurs occupent-ils la maison ?

Évidemment, nous l’ignorons. La voix insiste :

— Sont-ils là depuis plus de 48 heures ?

Nous supposons que oui.

À cette affirmation implicite, la voix, péremptoire, nous déclare qu’il est déjà trop tard pour réagir : la police refuse de se déplacer et nous invite à porter plainte !

Nous sommes désemparés. Que peut-on faire quand la puissance publique ne défend pas les droits légitimes des citoyens et laisse le champ libre aux voyous ?

Quelques jours plus tard, nous apprendrons que les forces de police considèrent que, pour intervenir, elles doivent constater un flagrant délit, ce qui signifierait que le propriétaire ne disposerait que de 48 heures pour démontrer la violation de son domicile. Il s’agit plutôt d’une « coutume policière », car une intrusion suivie d’un maintien dans les lieux est une infraction continue qui peut être constatée, à tout moment, sans limitation. Combien parmi vous connaissent, en fait, les subtilités de la loi ?

Nous allons voir la voisine dont le jardin jouxte la maison. Nous ne constatons alors aucun mouvement suspect dans notre habitation, nous ignorons si les gens qui l’occupent sont à l’intérieur.

Lundi 30 mai

Dès le lendemain, nous nous précipitons à l’hôtel de police pour y déposer plainte, nous devons attendre patiemment notre tour dans le hall. Peu de monde, ce jour-là, nous sommes assez rapidement reçus, mais, en raison de la Covid, par mesure de précaution sanitaire, un seul plaignant peut accéder au bureau : c’est donc Danielle qui exposera la situation à la préposée qui reçoit la plainte.

Je suis assis, calme, sur une chaise, jouant négligemment avec mon portable, je suis un peu rassuré de savoir que notre affaire est entre les mains de la police, mais rien n’est encore acquis pour l’expulsion des squatteurs. Est-on en droit d’espérer que les forces de l’ordre pourront rétablir l’ordre qui a été troublé par cette intrusion ?

Danielle, à sa sortie, ne peut me réconforter : elle a bien réussi à faire enregistrer notre plainte, c’était la moindre des choses, et pourtant, ce ne fut pas sans peine ! Elle n’a rien obtenu de plus.

Pour faire bref, résumons : d’abord, la brigadière refuse le dépôt de plainte, arguant que la procédure n’avait pas été respectée. Il faut d’abord faire constater la violation de domicile par la police, répond-elle doctement après avoir consulté la fiche d’instruction relative à ce type d’affaires.

Que faire alors quand la police refuse de se déplacer ? Perplexe, elle se propose d’appeler ses collègues pour qu’ils acceptent de constater le squat. Divine surprise : ils ont décidé de venir, dans l’heure qui suit ! Danielle est aux anges ! Hélas ! Tel Icare qui a perdu ses ailes pour s’être trop approché du soleil, nos espoirs fondent avec un nouvel appel qui vient contredire le précédent : la police ne se déplacera pas !

Danielle est désemparée : la brigadière, très empathique, consent finalement à enregistrer la plainte, même si on ne respecte pas l’ordre de la procédure présentée dans sa fiche.

Nous sommes dépités ! Nous comprenons que nous nous heurtons à un mur et qu’il ne sera pas possible de le contourner !

Quand j’ai découvert que la maison de mon enfance avait été envahie par ce que nous devons appeler des voyous, j’ai ressenti en moi à la fois une sourde colère et un peu d’abattement : comment peut-on accepter de découvrir sa maison squattée, la porte défoncée, les serrures brisées et s’entendre dire que la police ne peut intervenir ? Qui peut donc nous rendre justice ? Faudra-t-il engager une longue procédure, incertaine, où une kyrielle d’avocats se trouvera disponible pour défendre les délinquants contre leurs victimes ? Cette pensée est assez déprimante et j’éprouve un profond sentiment d’injustice : une fois encore, j’ai la fâcheuse impression que les lois ne sont pas rédigées pour protéger d’abord les honnêtes gens, mais pour défendre tous ceux qui, sous couvert d’être à découvert, violent les lois !

La découverte du squat est pour nous un véritable traumatisme et je pense qu’il l’est aussi pour ceux qui se trouvent un jour confrontés à cette délinquance.

Peut-être convient-il de préciser que nous avions oublié de nous enquérir de nos droits avant de venir déposer notre plainte auprès de la police ; la brigadière l’enregistre sous les termes appropriés : violation de domicile, dégradation ou détérioration volontaire du bien d’autrui causant un dommage léger. Violation est bien le terme exact pour faire appel à la procédure légale d’expulsion administrative. Les pièces fournies (procuration, photos, titre de propriété) sont bien réceptionnées, mais elles ne sont pas annexées à la plainte, ce qui va nous poser problème quand nous allons solliciter les assurances.

Voici le texte de la plainte :

Hier, vers 11 h, avec mon époux, nous avons constaté que la maison est occupée : la porte d’entrée a été dégradée et les volets ont été entrouverts, et une poussette est entreposée dans la cour devant la maison. J’ignore le nombre d’occupants qui s’y trouvent, et depuis quand ils s’y trouvent. Les barillets ont été changés. Je n’ai pas vu de nom sur la boîte aux lettres.

Danielle relit le texte de la plainte et fait ajouter ces mots : Je précise que cette maison est partiellement meublée et que l’installation électrique et celle de gaz ne sont pas sécurisées ; nous projetions des travaux ; de plus, il y a un poêle à bois dont le conduit d’évacuation est endommagé.