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Publiée en 1989 pour le cent cinquantenaire de l'invention de la photographie, cette volumineuse anthologie due à André Rouillé, historien de la photographie, regroupe quelque 200 textes illustrés de 160 photographies et, d'après le souhait de son auteur, elle se présente comme un outil de travail...
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur La Photographie en France. Textes et controverses : une anthologie, 1816-1871 d'André Rouillé.
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 53
Veröffentlichungsjahr: 2017
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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.
ISBN : 9782341006194
© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.
Photo de couverture : © Bluraz/Shutterstock
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici La Photographie en France. Textes et controverses : une anthologie, 1816-1871, André Rouillé (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Publiée en 1989 pour le cent cinquantenaire de l’invention de la photographie, cette volumineuse anthologie due à André Rouillé, historien de la photographie, regroupe quelque 200 textes illustrés de 160 photographies et, d’après le souhait de son auteur, elle se présente comme un outil de travail. L’histoire de la photographie ne peut s’abstraire des discours et des prises de position qui ont soutenu ou combattu les différentes avancées de l’image argentique. Divulguée en 1839 sous la forme du daguerréotype, la photographie fait irruption dans un champ artistique et institutionnel très structuré qui va rapidement réagir. Les prises de position, les circonstances, les modalités, les acteurs sont autant d’éléments déterminants permettant de décrire le contexte dans lequel sont réalisées les premières photographies au XIXe siècle : cette nouvelle image n’est pas seulement présente à la devanture des photographes et des marchands d’estampes, mais elle se répand grâce à l’écrit dans les revues, les ouvrages, les comptes rendus d’expositions, les brevets d’inventions, les procès verbaux de réunions de sociétés, les articles de presse (Théophile Gautier, Théodore de Banville), les pétitions d’artistes (Ingres), etc. Ce sont non seulement ces sources précieuses qu’André Rouillé propose dans son anthologie, mais également un outil analytique constitué d’un glossaire, d’un index thématique, d’un index des noms, d’une chronologie et d’une bibliographie de près de 400 titres.
Afin de clarifier la présentation de ces sources, André Rouillé a privilégié une présentation chronologique articulée autour du débat sur le statut entre art et industrie des images photographiques. Il dessine ainsi les grandes lignes d’une autre histoire de la photographie : celle des nombreux défis que se fixent les intervenants, de 1839 jusqu’au début des années 1870, alors que la photographie abandonne progressivement le modèle artistique pour le modèle scientifique qui structurera le paradigme photographique à la fin du XIXe siècle. Cette présentation permet deux niveaux de lecture des sources.
Un premier niveau se fonde sur la chronologie et permet de suivre les fluctuations des discours au gré des différentes conquêtes de la photographie. Selon un parcours organisé en cinq parties, cette lecture montre l’importance pour le débat de l’entrée progressive de l’image photographique dans l’espace public. Une première partie met l’accent sur le rôle décisif de l’année 1839, où François Arago annonce devant l’Académie des sciences l’invention de la photographie, et la prédominance jusqu’en 1850 de la technique artisanale du daguerréotype inventée par Louis Daguerre. On peut y voir un domaine inorganisé et éclaté autour d’une pratique encore marginale. La deuxième partie traite du développement en France des techniques sur papier héritées de l’invention du calotype de l’Anglais William Henry Fox Talbot ; les premières associations, comme la Société héliographique vouée à l’amélioration des techniques sur papier, c’est-à-dire à la photographie proprement dite, apparaissent alors. Organisation capitale, cette société se dote notamment d’un organe de presse, La Lumière, premier journal consacré entièrement à la photographie, qui lance le débat public en faveur d’un art photographique encore largement tributaire du modèle pictural. Les troisième et quatrième parties sont consacrées à la réception de la photographie. Une impulsion décisive est donnée par l’Exposition universelle de 1855 qui confirme le triomphe de la photographie sur papier, et marque les débuts d’une diffusion massive de la photographie, en même temps que le déclin définitif du daguerréotype. C’est aussi au milieu des années 1850 que sont organisées par la Société française de photographie les premières expositions de photographies ouvertes au public. Jusqu’à la fin des années 1850 et notamment en 1859, où une exposition de photographie est présentée en marge du Salon des beaux-arts, les prises de positions se multiplient qui font intervenir photographes (Nadar), artistes (Delacroix) et critiques d’art, comme Baudelaire qui rédige à cette date un célèbre texte contre la photographie dans la Revue française. Enfin une dernière partie s’attache au passage de la photographie au stade industriel, marqué par le succès du portrait-carte et de la stéréoscopie au cours des années 1860 : la photographie est devenue un objet de grande consommation.
Un second niveau de lecture permet de confronter les différents arguments avancés par les uns et les autres tantôt pour soutenir, tantôt pour combattre ce qui est parfois assimilé à un fléau. Les partisans d’une accession de la photographie au rang des Beaux-Arts entreprennent ainsi de faire la distinction entre photographe purement industriel et photographe artiste. Ils confèrent à ce dernier le pouvoir d’infléchir un dispositif purement mécanique, pouvoir que les adversaires d’une équivalence entre art et photographie contestent farouchement. On voit également à quel point le modèle pictural est la référence obligée : si, pour ses partisans, la photographie doit assimiler les lois éternelles de l’esthétique et de la composition, pour ses adversaires, l’imagination de l’artiste, qui dépasse la simple imitation, est une qualité que la photographie ne pourra jamais transcrire. Au-delà des manifestes et des anathèmes, le débat porte sur une définition de l’art après l’invention de la photographie. Les prises de positions les plus radicales sont alors celles qui, tâchant de s’abstraire du modèle pictural, souhaitent remettre au centre la question des spécificités de la photographie : entre art et industrie cette dernière ne trouvera sa place qu’en acceptant et en revendiquant ses qualités propres. Une question qui semble toujours ouverte et dont on pourrait faire l’archéologie.
Paul-Louis ROUBERT