La pierre de lune - Wilkie Collins - E-Book

La pierre de lune E-Book

Wilkie Collins

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  • Herausgeber: FV Éditions
  • Kategorie: Krimi
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2015
Beschreibung

Un magnifique diamant venu des Indes....un vol dans des circonstances mystérieuses....une enquête avec de nombreux suspects....et d’inquiétants brahmanes qui depuis des générations cherchent à récupérer la pierre sacrée.Wilkie Collins, avec une intrigue passionnante et haletante, signe ici le premier roman policier de l’histoire de la littérature, un véritable chef-d'oeuvre du genre marqué par un suspense haletant et une atmosphère angoissante.

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Table des Matières

Page de titre

WILKIE COLLINS

LA PIERRE DE LUNE

PROLOGUE

I

II

III

IV

L’HISTOIRE DU DIAMANT

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

CHAPITRE IX

CHAPITRE X

CHAPITRE XI

CHAPITRE XII

CHAPITRE XIII

CHAPITRE XIV

CHAPITRE XV

CHAPITRE XVI

CHAPITRE XVII

CHAPITRE XVIII

CHAPITRE XIX

CHAPITRE XX

CHAPITRE XXI

CHAPITRE XXII

CHAPITRE XXIII

SECONDE PÉRIODE

PREMIÈRE NARRATION

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

SECONDE NARRATION

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

TROISIÈME NARRATION

CHAPITRE I

CHAPITRE II

CHAPITRE III

CHAPITRE IV

CHAPITRE V

CHAPITRE VI

CHAPITRE VII

CHAPITRE VIII

CHAPITRE IX

CHAPITRE X

QUATRIÈME NARRATION

CINQUIÈME NARRATION

SIXIÈME NARRATION

I

II

III

IV

V

SEPTIÈME NARRATION

HUITIÈME NARRATION

ÉPILOGUE

I

II

III

Notes de bas de page

Copyright © 2012 par FV Éditions

Graphisme utilisé pour la partie supérieure de la couverture :

Pramod K [email protected]

Traduit par Mme la Comtesse Gédéon de Clermont-Tonnerre

ISBN 978-2-36668-247-2

Tous droits réservés

WILKIE COLLINS

Avec La Pierre de Lune, Wilkie Collins (1824-1889) signe son oeuvre la plus forte, la plus emblématique aussi. Très novateur dans sa construction, le roman permet de se plonger rapidement dans les méandres d’une intrigue complexe dont Collins a le secret. La narration si singulière utilisée tout au long du texte lui permet ainsi de présenter son histoire sous la forme d’un puzzle dont les pièces maitresses ont été judicieusement égrainées au fil des pages, le lecteur ayant le plaisir de regrouper les indices, de reconstituer les éléments clefs de l’enquête, jusqu’au dénouement final dont nous ne dévoileront pas ici le contenu mais qui pourra paraître à certains quelque peu surprenant. Wilkie Collins a par ailleurs le mérite d’entretenir en permanence un climat d’insécurité qui renforce l’intrigue et plonge le lecteur dans une atmosphère angoissante.

Il n’est donc pas ici simplement question d’une enquête policière telle qu’on en trouve fréquemment, mais bel et bien de l’oeuvre d’un génie littéraire, de l’ouvrage fondateur d’un genre, Wilkie Collins étant considéré depuis la première publication de ce texte en 1868 comme le précurseur du roman à suspense moderne.

FVE

LA PIERRE DE LUNE

(The Moonstone, 1868)

WILKIE COLLINS

PROLOGUEL’ASSAUT DE SERINGAPATAM (1799)(Extrait de papiers de famille)

I

J’adresse ces lignes écrites dans l’Inde à mes parents d’Angleterre.

Mon but est d’exposer le motif qui m’a fait refuser ma main et mon amitié à mon cousin John Herncastle. La réserve que j’ai gardée jusqu’ici sur ce chapitre a été mal interprétée par plusieurs membres de ma famille, à la bonne opinion desquels je tiens. Je les prie de suspendre leur jugement jusqu’à ce qu’ils aient lu ce récit, et je déclare, sur l’honneur, que ce que je vais écrire ne renferme que la plus stricte vérité.

Le différend entre mon cousin et moi s’éleva lors d’un grand événement militaire auquel nous prîmes part tous deux : l’assaut livré à Seringapatam par le général Baird, le 4 mai 1799.

Pour aider à l’intelligence de l’histoire, il faut que je me reporte à l’époque qui précéda l’assaut, et aux bruits qui couraient dans notre camp sur l’or et les joyaux entassés dans le palais de Seringapatam.

II

Une de ces légendes, et la plus bizarre d’entre elles, se rapportait à un diamant jaune, pierre précieuse et célèbre dans les annales de l’Inde. À en croire les plus anciennes traditions connues, ce diamant aurait été enchâssé dans le front de la divinité indienne aux quatre mains qui est l’emblème de la lune. Le nom de Pierre de Lune, sous lequel il continue à être désigné jusqu’à ce jour dans l’Inde, lui vient de sa nuance singulière et aussi de la croyance superstitieuse en vertu de laquelle, placé sous l’influence de la déesse dont il était l’ornement, il était censé pâlir et reprendre son éclat suivant la croissance et la décroissance de la lune.

J’ai entendu raconter qu’une semblable croyance existait en Grèce et à Rome ; toutefois, elle n’avait pas pour objet, comme dans l’Inde, un diamant consacré à un dieu, mais une pierre d’un ordre inférieur, dont la transparence et les divisions intérieures rappelant celles de la lune, étaient supposées en suivre les variations ; de là serait venu à cette espèce d’onyx son nom de Pierre de Lune, sous lequel elle reste connue des amateurs modernes.

Les aventures du diamant jaune commencent au XIe siècle de notre ère.

À cette époque, le conquérant mahométan, Mahmoud de Ghizni, arrive dans l’Inde, s’empare de la cité sainte de Somnauth, et dépouille de ses trésors le fameux temple qui avait été depuis des siècles le lieu de pèlerinage des Hindous et la merveille de l’Orient.

De toutes les divinités révérées dans le sanctuaire, le Dieu de la Lune échappa seul à la rapacité mahométane.

Sauvé par trois brahmines, le dieu qui portait le diamant jaune sur son front fut enlevé pendant la nuit et transporté dans la seconde des cités sacrées de l’Inde, la ville de Bénarès.

Là, le dieu placé dans une salle incrustée de pierres précieuses, abrité sous un toit supporté par des pilastres d’or reçut les adorations de ses fidèles.

Dans ce sanctuaire, la nuit même où il fut achevé, Vishnou apparut en songe aux trois brahmines.

Le dieu dirigea son souffle sur le diamant de l’idole sacrée, et les brahmines prosternés se voilèrent la face. Vishnou ordonna que désormais le diamant de la lune serait gardé jour et nuit, alternativement par trois prêtres jusqu’à la fin des siècles. Et les brahmines l’entendirent, et ils s’inclinèrent devant sa volonté suprême.

Le dieu prédit un désastre au mortel assez présomptueux pour porter ses mains sur le joyau sacré, ainsi qu’à tous ceux de sa maison et de son nom, qui hériteraient du fruit de ce sacrilège. Et les brahmines font inscrire l’arrêt divin en lettres d’or sur la porte de l’enceinte consacrée.

Les siècles suivirent les siècles, mais de génération en génération les successeurs des trois brahmines veillèrent nuit et jour sur l’inestimable diamant de la lune.

Nous arrivons ainsi au XVIIIe siècle, dont les premières années virent, le règne d’Aureng-Zeyb, empereur des Mongols ; il donna le signal de nouvelles rapines et de la destruction des temples dédiés au grand Brahma.

Le sanctuaire du dieu aux mains multiples fut souillé par le massacre des animaux sacrés ; les images des divinités furent brisées, et enfin le diamant tomba entre les mains d’un officier supérieur de l’armée du Moghol.

Impuissants à ressaisir leur trésor à main armée, les trois prêtres gardiens se déguisèrent pour le suivre et le surveiller à distance. Les générations se succédèrent, le guerrier sacrilège périt misérablement ; le diamant, portant toujours sa malédiction avec lui, passa d’un Infidèle à un autre ; mais les prêtres ne se départirent jamais de leur mission, guettant patiemment le jour où la volonté de Vishnou les ferait rentrer en possession de leur joyau sacré. Le XVIIIe siècle s’achevait lorsque les pérégrinations du diamant le mirent aux mains de Tippo, sultan de Seringapatam, qui le fit enchâsser au manche d’un poignard, et placer dans son arsenal, comme une de ses armes les plus précieuses.

En ce lieu même, demeure du sultan, les trois brahmines veillèrent sur la Pierre de la Lune. On racontait que trois officiers de la maison de Tippo, étrangers et inconnus, avaient gagné sa confiance, en se conformant aux apparences du rite mahométan, et que ces trois hommes n’étaient autres que les prêtres déguisés.

III

Ainsi chacun se contait dans le camp l’histoire fantastique du diamant ; elle ne fit d’impression sérieuse que sur mon cousin, qui était disposé à y croire par son amour du merveilleux.

La nuit même de l’assaut donné à Seringapatam, il s’emporta ridiculement contre moi et contre d’autres camarades, pour avoir traité le tout de fable ; une dispute fâcheuse s’ensuivit, et l’irascible caractère d’Herncastle lui fit perdre son bon sens.

Il débita mille fanfaronnades, et dit que si l’armée anglaise prenait la ville, nous verrions tous le diamant à son doigt. Un éclat de rire général salua cette déclaration, et l’affaire en resta là, du moins à ce que nous crûmes tous alors.

Arrivons au jour de l’assaut. Dès le commencement de l’action, mon cousin et moi fûmes séparés ; je ne le vis ni au passage de la rivière, ni lorsque le drapeau anglais fut planté sur la brèche, ni enfin au moment où, passant le fossé, nous entrâmes dans la ville, disputant chaque pouce de terrain à nos ennemis.

À la tombée de la nuit seulement, Herncastle et moi nous nous rencontrâmes après que, la place étant conquise par nos troupes, le général Baird eut trouvé lui-même le corps de Tippo sous un amas de morts et de mourants.

Nous faisions partie tous deux d’un détachement chargé par le général d’empêcher le pillage et les scènes de désordre inhérentes à la prise d’une ville ; les traînards du camp se livraient à de déplorables excès ; enfin, les soldats découvrirent malheureusement, par une porte non gardée, le chemin de la salle du Trésor, et, une fois qu’ils y eurent pénétré, s’y gorgèrent de joyaux et d’or.

Herncastle et moi nous nous trouvâmes réunis dans la cour extérieure du Trésor, cherchant à faire respecter la discipline par nos soldats. Je m’aperçus sur l’heure que la violence de mon cousin était encore surexcitée par les scènes de carnage que nous venions de traverser ; à mon avis, il était tout à fait incapable de remplir la mission qui nous avait été confiée.

Il y avait passablement de désordre et de confusion dans la salle du Trésor, toutefois je ne remarquai aucun acte de violence ; on eût pu dire que nos hommes pillaient avec la gaieté d’enfants en vacances. Ils échangeaient des jeux de mots, des plaisanteries, et l’histoire du fameux diamant revenait en scène sous forme de lazzis. « Qui a pu trouver la Pierre de Lune ? » Ce refrain était incessant et ne s’arrêtait parfois que pour redoubler sur d’autres points non encore explorés.

Pendant que j’essayais vainement de remettre un peu d’ordre parmi cette troupe surexcitée, j’entendis des cris effroyables s’élever de l’autre côté de la cour ; j’y courus, redoutant que les soldats n’eussent trouvé sur ce point un nouvel élément de destruction.

Je parvins à une porte ouverte, et vis les corps inanimés de deux Indiens que, à leur costume, je reconnus pour être des officiers du palais.

D’autres cris partant de l’intérieur, je me précipitai dans une pièce qui paraissait être un arsenal. Là, un autre Indien, mortellement blessé, s’affaissait aux pieds d’un homme dont je n’apercevais que le dos. Celui-ci se retourna en entendant mes pas, et je reconnus John Herncastle, une torche dans une main, et dans l’autre un poignard ruisselant de sang.

Une pierre, disposée en pommeau à l’extrémité de la poignée, étincelait de mille feux à la lueur de la torche. L’Indien mourant se soutint sur les genoux, désigna le poignard tenu par mon cousin, et dit en langue hindoue :

« Le diamant de la lune tirera vengeance de vous et des vôtres. »

En proférant cette dernière menace, l’Indien retomba mort. Les hommes qui m’avaient suivi, en traversant la cour, envahirent l’arsenal. Avant que j’eusse pu prendre un parti, Herncastle s’élança vers eux comme un fou furieux. « Dégagez la porte, me cria-t-il, et mettez-y une garde ! » Les soldats reculèrent devant sa torche et son poignard.

Abasourdi de cette singulière scène, je plaçai pourtant à la porte deux sentinelles éprouvées et prises parmi les soldats de mon propre détachement. Pendant tout le reste de cette terrible nuit, je ne revis plus mon parent.

Dès l’aube, comme le pillage continuait, le général Baird fit annoncer au son du tambour que tout voleur pris sur le fait serait pendu, quel que fût son grade.

Afin de mieux en faire ressortir l’importance, le prévôt de l’armée appuyait de sa présence cet ordre du jour.

Parmi la foule qui écoutait la proclamation, Herncastle et moi nous nous trouvâmes face à face.

Il me tendit la main, comme de coutume, en me disant :

« Bonjour ! »

J’attendis avant de la prendre, et lui dis :

« Donnez-moi donc d’abord quelques détails sur ce qui a causé la mort de l’Indien dans l’arsenal, et sur ce que signifiaient ses dernières paroles lorsqu’il désignait du geste le poignard que vous teniez à la main ?

– Je pense, répondit Herncastle, que la mort de l’Indien est due à une blessure mortelle. Quant à ses dernières paroles, je ne sais rien de plus que vous. »

Je le regardai fixement ; son exaltation de la veille avait disparu. Je voulus lui laisser encore une chance de s’ouvrir à moi. « Est-ce bien tout ce que vous avez à me dire ? » lui demandai-je. « Oui, c’est tout ! » fut sa réponse. Je lui tournai le dos, et jamais depuis nous ne nous sommes parlé.

IV

Il est bien entendu que ce que j’écris ici sur mon cousin n’est destiné qu’à la famille, à moins que les circonstances n’en rendent la publication nécessaire. Herncastle n’a rien laissé échapper qui m’ait autorisé à instruire notre commandant des fortes préventions que j’avais conçues contre lui.

On l’a plaisanté plus d’une fois sur le diamant en lui rappelant ses fanfaronnades à ce sujet la veille de l’assaut ; mais la situation qu’il a vis-à-vis de moi, depuis la scène de l’arsenal, suffit à lui faire garder le silence. On assure qu’il demande à changer de régiment, dans le but avoué par lui de s’éloigner de moi.

Que ce bruit soit fondé ou non, je ne puis me résoudre à devenir son accusateur public, et chacun, je crois, appréciera mes motifs ; je n’ai que des présomptions contre lui ; je ne pourrais même affirmer qu’il a tué les deux premiers Indiens étendus à la porte, ni même le troisième dans l’arsenal, car je n’ai pas vu commettre le meurtre.

Il est trop vrai que j’entendis les paroles du mourant ; mais si mon cousin les attribuait au délire, comment pourrais-je contredire son assertion ? Je laisse donc nos parents communs se former une opinion d’après mon récit ; ils décideront si l’aversion que j’éprouve maintenant pour cet homme est bien ou mal fondée.

Bien que je n’attache aucune espèce d’importance à la fantastique légende du diamant, je dois avouer, avant de finir, que j’éprouve une frayeur superstitieuse à son sujet.

C’est chez moi une conviction ou une illusion, peu importe, que le crime entraîne avec lui son châtiment. Je me sens convaincu de la culpabilité d’Herncastle, et je reste persuadé qu’il regrettera pendant sa vie, s’il conserve le diamant, la part qu’il a prise dans cette mystérieuse transmission, et que d’autres subiront la fatalité attachée à la Pierre de Lune s’ils l’acceptent de sa main. Nous verrons.

L’HISTOIRE DU DIAMANTPREMIÈRE PÉRIODEPERTE DU DIAMANT (1848)Ces événements sont relatés par Gabriel Betteredge, intendant au service de Julia, lady Verinder

CHAPITRE I

Dans la première partie de Robinson Crusoé, page 129, vous trouverez écrit :

« Alors je vis trop tard l’absurdité de tenter une entreprise avant d’en avoir calculé les charges et sans nous être rendu compte des moyens que nous avions de la mener à bonne fin. »

Pas plus tard qu’hier, j’ouvris mon Robinson Crusoé à cette place, et ce matin (21 mai 1850) le neveu de Milady, M. Franklin Blake, vint me trouver et eut avec moi la petite conversation qui suit :

« Betteredge, commença M. Franklin, je suis allé chez l’avocat pour traiter d’affaires de famille, et entre autres choses nous avons parlé de la perte du diamant indien, qui eut lieu dans la maison de ma tante, en Yorkshire, il va y avoir deux ans. M. Bruff pense, comme moi, que toute cette singulière histoire devrait, dans l’intérêt de la vérité, être mise par écrit, et que le plus tôt serait le mieux. »

N’apercevant pas encore son but, et pensant que, dans l’intérêt de la paix, il est toujours désirable de partager l’avis d’un avocat, je dis que je voyais comme lui. M. Franklin continua :

« Vous savez que, grâce à l’affaire du diamant, la réputation de plusieurs innocents a déjà souffert. Celle d’autres personnes peut dans l’avenir être de nouveau soupçonnée, faute d’un exposé des faits qui puisse éclairer l’intelligence de ceux qui viendront après nous. Enfin, Betteredge, je crois que M. Bruff et moi sommes tombés d’accord sur la meilleure manière de mettre la vérité en évidence. »

Tout cela pouvait les satisfaire infiniment, mais je ne découvrais pas en quoi cela me regardait.

M. Franklin reprit :

« Nous avons une série d’événements à raconter, et quelques-unes des personnes qui s’y trouvent mêlées sont en état d’en faire la narration. En partant de ce principe, nous avons songé que chacun de nous devrait écrire l’histoire de la Pierre de Lune en tant que nous y avons été mêlés, et rien de plus.

« Il faudrait montrer d’abord le diamant tombant entre les mains de mon oncle Herncastle lorsque, il y a cinquante ans, il servait dans l’armée des Indes.

« Je possède déjà une sorte de préface à notre récit : c’est un ancien papier de famille, où la rédaction des faits est certifiée par un témoin oculaire. Puis on raconterait comment le diamant arriva en la possession de ma tante, il y a deux ans, dans sa maison du Yorkshire, et comment il se fit que moins de douze heures après, la Pierre de Lune était perdue. Personne ne connaît aussi bien que vous, Betteredge, ce qui se passa dans la maison à cette époque. Nul n’est donc plus autorisé que vous à prendre la plume et à commencer notre récit. »

C’est ainsi que j’appris ce que j’avais à démêler dans l’affaire du diamant.

Si vous êtes curieux de savoir quel parti je pris à ce moment, je vous annoncerai que je fis ce que probablement vous auriez fait à ma place. Je me déclarai humblement incapable d’entreprendre la tâche requise, bien qu’au fond je fusse persuadé que je la remplirais fort bien si je laissais un libre essor à mes facultés personnelles. M. Franklin, j’imagine, dut lire sur mon visage mes sentiments intimes, car il refusa de croire à ma modestie et insista pour que je donnasse un libre cours à mon talent.

Deux heures se sont écoulées depuis que M. Franklin m’a quitté.

À peine a-t-il eu le dos tourné que je me suis assis à mon bureau, afin d’entreprendre ma narration.

Mais j’en suis encore là, bien perplexe, malgré mon intelligence naturelle ; je découvre ce qui apparut aux yeux de Robinson dans les lignes citées plus haut, c’est-à-dire la folie d’entreprendre une tâche avant de nous être bien rendu compte de ses difficultés !

Veuillez remarquer que j’ouvris le livre, par accident, à ce passage, et cela seulement la veille du jour où j’acceptai témérairement la difficile besogne que j’ai devant moi. Qu’est-ce qu’un pressentiment, si cela n’en est pas un ?

Je ne suis pas superstitieux, j’ai lu dans un temps une foule de livres, et je suis savant à ma façon. Bien qu’ayant dépassé soixante-dix ans, je possède une bonne mémoire et des jambes à l’avenant. Donc, ne regardez pas mon opinion comme celle d’un ignorant, lorsque je vous dirai qu’un livre comme celui de Robinson Crusoé est unique dans son genre, et que personne n’en écrira plus jamais un semblable. J’ai eu recours à ce livre depuis nombre d’années, en accompagnant sa lecture de la fumée de ma pipe, et j’y ai trouvé une consolation pour toutes les difficultés de cette existence mortelle. Lorsque mon esprit s’attriste : Robinson Crusoé ; ai-je besoin d’un conseil : encore Robinson. Autrefois, quand ma femme me tourmentait, maintenant, quand j’ai pris un petit verre de trop : toujours Crusoé. Le croiriez-vous ? j’ai usé six exemplaires de Robinson ; lors du dernier anniversaire de la naissance de Milady, elle daigna m’en offrir un septième ; prix : quatre shillings et six pence, un bel ouvrage relié en bleu, avec une gravure par-dessus le marché.

Tout ce bavardage n’avance pas l’histoire du diamant, N’est-il pas vrai ? J’ai l’air de divaguer. Allons, prenons une nouvelle feuille de papier, et commençons sérieusement en vous présentant nos respects.

CHAPITRE II

J’ai parlé précédemment de Milady. Le diamant n’eût jamais pu arriver dans notre maison où il fut perdu, si on n’en avait pas fait cadeau à la fille de Milady ; et la fille n’eût pas existé, si sa mère ne l’avait mise au monde, avec l’aide de Dieu, et beaucoup de peines et de soucis. Donc si nous débutons par parler de Milady, nous serons certains de faire remonter notre histoire assez loin, et c’est une rassurante consolation lorsqu’on est chargé d’une besogne comme la mienne.

Si vous avez quelque rapport avec le monde élégant, vous aurez entendu vanter les trois belles misses Herncastle : miss Adélaïde, miss Caroline et miss Julia ; celle-ci, la dernière des trois sœurs, était à mon avis la plus remarquable, et je pus en juger, comme vous le verrez.

Lesen Sie weiter in der vollständigen Ausgabe!

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