La protectrice des âmes - Emmanuel Rodier - E-Book

La protectrice des âmes E-Book

Emmanuel Rodier

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Beschreibung

Après avoir vaincu une première fois Néfas, démon des enfers, Emma protège toujours et encore les âmes des humains. Dès lors, les forces du mal useront de stratagèmes les plus sordides afin d’arriver à leur but. Cependant, avec l’aide de ses amis, l’élue devra faire preuve d’intelligence, de force et de patience. Réussira-t-elle à remporter cette guerre ?


À PROPOS DE L'AUTEUR


Né en 1971, Emmanuel Rodier est un passionné de lecture. Il s’est lancé dans l’écriture par hasard, à la demande d'un de ses fils ayant sollicité un récit. La protectrice des âmes - Nulle âme n'est vide est son deuxième roman publié.

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Seitenzahl: 318

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Emmanuel Rodier

La protectrice des âmes

Nulle âme n’est vide

Roman

© Lys Bleu Éditions – Emmanuel Rodier

ISBN : 979-10-377-5302-1

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Notre histoire commence avec Emma. Cette jeune fille, qui vient de fêter son douzième anniversaire, vivant avec ses deux parents dans une ville banale, dans une maison de banlieue, voit apparaître dans sa vie Noam. Un homme habillé tout en gris, du chapeau au pantalon, toujours appuyé sur une canne, qu’elle est la seule à voir sur Terre.

Après des présentations sommaires, cet homme lui raconte qu’il est mort en 585 après J.-C. et qu’il est au service du Créateur de toutes choses… donc de l’Univers. Il lui indique encore qu’il va devenir son professeur, son mentor, pour lui apprendre à devenir une protectrice des âmes.

Bien entendu, vous vous en doutez, cela n’a pas été simple pour Emma. Il lui a fallu comprendre dans quel univers elle vivait et que sa mission allait devenir, à son jeune âge, de veiller sur les âmes. Ces dernières dont plus de la moitié des humains se moquent toute leur existence et qui ne s’y intéressent qu’au moment de se retrouver au pas de la porte de la mort.

Après une expérience douloureuse où elle frôle le voyage ultime, elle distingue une partie de ce qui va la changer à tout jamais. Elle ne grandira pas comme une fille normale. Même si pour sa famille et ses amies rien ne change, la vie de notre héroïne a changé. Pendant un an, sous la houlette de Noam, Emma a appris à se défendre face aux forces du mal qui essaient de monter une armée pour garnir celle des démons. Leur but est d’effacer de la mémoire des humains, le paradis et les autres croyances de ce type, pour que la seule possibilité pour leurs âmes soit de rejoindre les enfers.

Le clan de Noam et d’Emma est là pour éviter cela. Avec d’autres protecteurs, ils se battent pour que le bien l’emporte. Entre entraînements, explications et études sur le « vrai » monde, elle apprend et progresse sans cesse. Alors qu’elle n’a que 13 ans, elle doit livrer une bataille contre Néfas, une des démoniaques du clan adverse et son armée. Son intelligence, sa ruse et sa force mentale permettent une victoire du bien sur l’enfer. Pour tous les protecteurs, Emma est la personne vivante qui sauvera toutes les âmes. Elle est l’élue !

Vous vous demandez encore comment peut-on défendre des âmes ? Comment nous pouvons nous approprier notre propre âme alors que nous ne faisons rien, ou presque, pour relier les trois parties formant notre être ? Pour ceux qui l’auraient déjà oublié, il nous faut créer une osmose entre notre corps, notre âme et notre esprit. Si nous en oublions un, notre vie perd en intensité et les forces du mal n’auront qu’à tendre leurs mains pour que nous allions garnir les rangs de leur armée.

Notre chemin nous oblige à savoir qui nous sommes et ce qu’il faut faire pour devenir la personne que nous devons être à la fin. Rien ne se fait par hasard. Tout est lié et notre vie ne se résume pas juste à une jonction de tranches de vie. Si vous croyez déjà en cela, une partie de votre être se perd dans les méandres de la réflexion. À vous de l’étudier et de pouvoir revenir dans l’harmonie des trois principes fondamentaux de la vie.

Cela n’est pas facile… Nous avons tous besoin d’aide pour nous redonner foi en cela. Et quand nous n’y arrivons pas, nous avons les protecteurs pour nous permettre d’aiguiller notre âme lors du dernier voyage.

Si par contre vous ne faites qu’un avec votre corps, votre âme et votre esprit, vous êtes peut-être déjà un protecteur ou une protectrice sans même le savoir. Maintenant, revenons dans la vie d’Emma et elle va une nouvelle fois vous permettre de comprendre comment sauver une âme : la vôtre peut-être ?

Le nouveau temps

Emma, après cette première bataille, où elle a sauvé le conseil et ses membres, a pu s’occuper de ses parents. Sa mère, qui, à deux reprises, a vaincu un cancer qu’un démon nommé Lilu lui avait donné en lui jetant un sort, est en pleine forme.

Son père est aux petits soins pour sa fille et son épouse. Il profite d’elles dès qu’il est à la maison. Leur vie est faite d’amour, d’entraide et de soutien dans les bons comme les moins bons moments.

Après une nouvelle année, qu’elle n’a pas vu passer, Emma souffle un peu. Du haut de ses quatorze ans, elle réalise qu’elle n’a pas arrêté. Elle a dû apprendre et lire des livres plus vieux que ses grands-parents. S’entraîner énormément dans des mondes parallèles où le temps passe beaucoup moins vite que sur Terre.

Elle est aidée par son Charms. Un collier qui lui permet de mettre en œuvre ses pouvoirs, de voyager d’un monde à l’autre, de la protéger et de la prévenir du danger. Une fois dans un autre univers, elle est vêtue d’une robe grise. Cette dernière agit un peu comme une armure qui lui permet une protection aussi bien physique que psychique avec la connexion qu’elle a avec cette tenue.

D’ailleurs, même si elle ne le comprend toujours pas, les protecteurs ne peuvent que défendre. Sans attaque, ils doivent fatiguer leurs ennemis afin de gagner leur combat. Leur dôme, un bouclier à peine visible, leur permet des parades contre les assauts, éclairs, vents, flèches et autres bourrasques des forces du mal. Une fois qu’ils peuvent toucher le démon, ce dernier est projeté dans les airs. Si l’attaque est assez forte, son âme est divisée et peut-être envoyée flotter dans un univers sans nom, loin de tous, pour l’éternité.

Emma a réussi, à deux reprises, à vaincre des démons. Une fois Mammon, un jeune garçon à peine plus vieux qu’elle, et Xaphan, un démon rusé qui n’était pas un guerrier. Grâce à une défense innovante, elle a réussi à aider Noam et leur amie Anaïs pour vaincre Néfas, bras droit de Sulagh, un des chefs des enfers depuis que Baal a été vaincu.

La jeune protectrice, seule personne vivante dans un monde où forces du bien et du mal s’affrontent, sait que les démons vont revenir pour récupérer toutes les âmes. Elle sait aussi que sa famille est en danger car le mal voudra l’affaiblir, en s’en prenant à ses proches. Elle attend avec impatience que Noam revienne lui parler.

Mais depuis quelques semaines, le calme s’est enfin posé dans la vie d’Emma mais jamais durant la nuit. En effet, des cauchemars la hantent. C’est normal, elle n’a que treize ans et a déjà dû combattre plusieurs démons. Très souvent, elle voit le visage de Néfas perdant son chapeau et dévoilant ses deux cornes comme celles que l’on imagine sur la tête de Satan. Ce soir, elle espère qu’elle pourra dormir enfin paisiblement. Malheureusement pour la jeune fille ce n’est pas le cas. Bien qu’elle s’endorme vite, la manière dont elle bouge dans son lit démontre que son sommeil est agité.

Son rêve la replace dans la salle du conseil, comme lors du combat. Mais cette fois, elle ne reçoit l’aide de personne. Elle n’est pas dans la ruse qu’elle a employée et dans son monde. C’est vraiment la salle du Conseil. Emma y voit Hygée et Anaïs, au sol, inanimées, vaincues et sur le point de mourir une seconde fois. Des flammes dans tout le décor attestent de la victoire des forces de Sulagh et Néfas. La jeune protectrice déambule dans cette scène en essuyant des larmes qui coulent sur son visage d’adolescente. Elle semble chercher son professeur mais sans succès. En passant la porte, elle voit les démons attroupés autour de son mentor qui a un genou au sol.

Elle essaie d’appeler son Charms, sa robe mais rien ne se passe. Elle ne peut que crier et pleurer quand l’âme de Noam est divisée en quatre. C’est au tour de celles des deux femmes de partir, divisées. Le paysage autour d’Emma devient alors rouge feu.

En sueur, le réveil en sursaut permet à l’adolescente de sortir de cette vision d’horreur. Sans rien dire, elle se lève et va se passer de l’eau sur le visage dans la salle de bain. Alors qu’elle se déplace, elle voit que le sol est ocre comme si elle n’avait pas terminé son cauchemar.

— Ce n’est pas possible !

Son Charms est légèrement éclairé. Cela prouve que quelque chose de pas très net se passe. Elle le serre dans sa main et se passe à nouveau de l’eau sur le visage pour essayer de se réveiller. Lorsqu’elle relève les yeux, une tête est visible derrière elle dans la glace du miroir. Elle sursaute et se tourne d’un coup sec. Il n’y a personne mais elle a bien vu Sulagh ! C’était sa broche et son sourire !

— Emmène-moi ! lance-t-elle à son pendentif.

Aussitôt, elle se retrouve dans son monde. Mais la terre ocre est toujours là, en suspension au-dessus du sol. Ce n’est pas normal, pourquoi cela continue ?

— Défense ! Dôme !

Emma en panique veut se protéger. Elle ne comprend pas ce qu’il se passe et quelqu’un essaie de prendre son esprit au piège. Est-elle dans un cauchemar ou dans un monde ennemi ressemblant au sien ? Néfas lui avait déjà posé un piège comme celui-ci.

— Montre-toi ! hurle-t-elle

— Montre-toi ! Je sais que tu es là ! Sulagh montre-toi !

— Bonjour Emma !

— Que veux-tu ?

— Je veux savoir si tu vas bien !

— Depuis quand les ennemis prennent-ils des nouvelles des autres ?

— Depuis que nous savons toi et moi que nos destins sont liés.

— Nous ne sommes pas liés. Et puis, tu as perdu une grande bataille.

— Non, je n’ai perdu que des incapables. Néfas paiera ses pertes. Le plan devait attendre pour nous permettre de faire tout d’un seul coup. Elle n’a voulu en faire qu’à sa tête. Maintenant elle se cache pour que je ne la trouve pas. Mais j’ai quelque chose qu’elle n’a pas : la patience. Normal, j’ai eu le même professeur que toi, jeune protectrice !

— Mais moi, je ne le trahirais pas !

— Ne jure pas, très chère, tu n’en sais rien. Je pourrais te promettre quelque chose que tu ne pourrais pas refuser. Tu ne sais pas de quoi la vie sera faite… Et surtout ce que te promet la mort qui la suit.

— Tu peux déjà t’attendre à avoir un non de ma part.

— Nous en reparlerons.

— Montre-toi maintenant !

— Me montrer ? Mais je veux bien me montrer Emma. Mais je te rappelle que c’est ton rêve ! Tu ne sauras pas si ce que nous venons de dire est vrai ou si c’est ton imagination. Tes pouvoirs ne t’aideront pas, tu es trop jeune !

— Je ne suis pas une enfant !

— Je n’ai pas dit ça ma chère. Ne tombe pas dans la colère si vite, je serais déçu de gagner la victoire sans un petit combat même psychologique. Si tu ne me vois pas, c’est peut-être que je suis soit trop fort pour toi, ou parce que tu as trop peur de moi. Choisis et fais le bon choix.

Emma se tait et regarde autour d’elle. Elle souffle derrière son bouclier. Sans dire un mot, elle le fait disparaître et saisit son pendentif.

— AEQUO ANIMO… âme égale… avec constance… chuchote Emma.

Fermant les yeux, elle se retrouve assise sur son lit, seule. Il fait noir dans sa chambre et son Charms n’est pas illuminé. Tout semble normal dans la pièce. Elle se lève et s’approche de la porte de celle de ses parents. Ils dorment paisiblement et cela rassure Emma.

Elle fait demi-tour et voit une ombre à côté de son bureau. Sans bruit, elle se cache derrière le mur et regarde son pendentif qui ne lui signale encore qu’il n’y a aucun danger. Elle jette un regard et s’exclame :

— Noam ! Tu m’as fait peur !

— Bonsoir Emma. Ça va ?

— J’ai encore fait un cauchemar.

— Il devait être vraiment horrible. Ton Charms a appelé au secours partout. Je suis allé dans ton monde, au Conseil, à celui des entraînements et même à celui de la falaise. Pour en fait comprendre que tu étais chez toi. Pas évident avec tes pouvoirs. Ils deviennent trop puissants pour que je puisse tous les comprendre.

— Désolée, je ne fais pas exprès.

— Je comprends. Allez, suis-moi.

— Emmène-moi.

Arrivés dans son monde, Emma et Noam se retrouvent assis au bord d’un lac superbe et aux abords d’une forêt de chênes centenaires. Au loin une montagne avec de la neige éternelle trône dans ce paysage magnifique. Ils sont dans un monde que l’imaginaire d’Emma a modelé et que son pendentif, Charms, lui permet de créer.

Ce dernier n’a pas changé, même après le combat contre les armées de Néfas. Ils portent tous les deux leurs « habits de défense ». C’est une robe grise portant des liserés pour Emma. Cette dernière en cas d’attaques ou de présences d’ennemis se mue en une armure de tissu qui les prévient et les aide à défendre. Leurs yeux changent aussi de couleur et leur vue devient plus perçante. Ce mécanisme est fait pour qu’ils puissent anticiper les offensives des démons.

— Tu sais que tu peux le changer à ta guise ? Tu as compris ce précepte ?

— Oui Noam. J’ai bien compris. Mais pour l’instant je ne veux pas y toucher. Il représente ce que j’étais à ma rencontre avec mon Charms. Alors pour l’instant, je ne veux rien changer ne serait-ce qu’une feuille de ces arbres !

— Je vois que tu as compris. Tu veux parler de la bataille ? Ou de tes… rêves ?

— Ce ne sont pas des rêves ! Cela m’empêche de dormir depuis que je suis rentrée à la maison répond-elle d’un ton sec.

— Pardon excuse-moi.

— Non c’est à moi de te demander pardon. Tu n’y es pour rien et pourtant je m’en prends à toi. Je rêve de Néfas, de ses cornes sous son chapeau, de ce qu’elle aurait pu te faire à toi et à Anaïs, ce qu’elle voulait faire à ma mère… à mes parents. Cet ensemble, je ne le voyais pas avant la bataille. C’est à mon retour à la maison que j’ai vu l’importance que cela avait pour moi. Toi, mes parents, Anaïs, Hygée et toutes les âmes. Je ne me sens pas mystique, mais tout cela fait partie de moi.

Reprenant sa respiration, Emma fixe son professeur.

— Je ne me mets pas de pression car je sais ce que je peux faire et mon Charms m’aide énormément. Je le sens de plus en plus quand on communique ensemble. C’est instantané. Mais là, je suis fatiguée. J’aimerais dormir tu vois.

— Je vois Emma.

— Je dois apprendre à gérer ça une nouvelle fois et être patiente.

— Patiente c’est obligatoire. Après les amis servent à ça aussi.

Emma a un sourire qui apparaît sur son visage.

— En parlant d’amie…

— Anaïs va bien. Merci pour elle.

— Tu as pu la voir récemment ?

— C’est juste une amie chère élève !

— Oui, bien sûr.

— Tant que nous en sommes à des discussions de ce genre.

— Oui cher professeur ?

— C’était quoi cette cabriole contre Néfas ?

Durant le combat contre les forces du mal en défendant le conseil, alors que la victoire semblait échapper aux protecteurs, Emma avait enlevé son dôme protecteur. Elle avait pris son élan et avait sauté contre un pilier. En prenant appui dessus, elle avait fait un saut périlleux en appelant son bouclier. Elle avait, alors, percuté avec la force qui lui restait la chef des armées ennemies. Cela avait mis fin au combat même si Néfas n’avait pas été déchirée en morceaux.

— C’est quelque chose que j’avais fait pour me dégourdir les jambes la première fois où j’avais voyagé seule. Je faisais des cercles, des avancées en appelant mon dôme. Puis j’ai couru, sauté, pris appui et j’ai fait un saut en l’air comme je le faisais à la danse ou à la gymnastique, il y a quelques années. Mais je ne pensais pas pouvoir appeler mon dôme durant cette figure. Cela a été un réflexe de le faire devant elle.

— Tu sais que si tu étais tombée un peu plus loin de Néfas, tu serais morte ?

— Je t’avoue que sur le moment je n’ai pas réfléchi aux conséquences. Je voulais rapidement me mettre entre elle et toi pour te protéger avec mon bouclier. J’ai vu que je pouvais la toucher au dernier moment car elle était près de toi. Il m’a semblé que durant quelques dixièmes de seconde, cette femme ne faisait plus attention à moi. Mon Charms m’a conforté dans ma décision. Je savais que c’était ce qu’il fallait faire, mais je ne savais pas ce que cela ferait. La chance nous a aidés, ou le hasard qui sait ?

— La chance ? Non. Le hasard non plus !

— Pourquoi ça ?

— Tout est lié, je te l’ai déjà dit. Je t’explique avec un exemple que nous avons vécu tous les deux. Tout est une suite logique d’addition. Le fait de travailler cette figure, toute seule en l’adaptant à tes entraînements de gymnastique, auquel j’ajoute le fait que Néfas est prête à voler mon âme ; je rajoute encore ta tentative de saut périlleux et qu’elle soit trop sûre de sa victoire, en s’approchant de moi dangereusement, ajoutons à cela l’adrénaline dans tes veines qui malgré la fatigue te permet de réussir ta figure en retombant juste devant elle, et terminons par l’ajout de ton mouvement du bras. Qui pousse ton bouclier contre son corps… égale : une victoire par jet de l’éponge. Sans la suite et l’enchaînement de ces faits, nous n’aurions pas pu avoir cette discussion aujourd’hui. Il n’y a donc pas de hasard.

— C’est une suite… logique ?

— C’est bien cela. Enlevons la prétention de Néfas… Elle aurait été plus prudente et serait restée à distance, ton saut périlleux n’aurait servi à rien, si ce n’est pour la légende pour dire que tu étais une bonne gymnaste. Refais la même histoire en enlevant une seule idée, Néfas nous bat à chaque fois. Mais comme le hasard n’existe pas, nous avons gagné.

— Donc la gymnastique nous a permis la victoire ?

— Elle en fait partie !

— Dar !

— Cela forme un tout, tu as bien compris ?

— Oui oui, j’ai saisi. Par contre, je doute que tu puisses le faire toi ?

— De comprendre ?

— Non ! dit-elle en riant, mon saut périlleux !

Les deux protecteurs rient ensemble.

— Effectivement je n’essaierais jamais. Je serais mort de honte avant de me faire décharner mon âme… Mais bon, je te remercie une nouvelle fois de ton intervention.

— De rien. Tu m’as sauvé plein de fois avant. Chacun son tour.

— Mais moi, je suis ton professeur !

— Tu es mon chêne ! La personne sur laquelle je peux m’appuyer. Sans toi, je n’aurais pas pu défendre contre Xaphan et Lilu.

— Je te l’avais dit. Nous sommes plus forts tous ensemble.

— Hygée l’avait dit, elle aussi.

— Je m’en doute. Veux-tu parler de Sulagh ?

— Il est venu ce soir, dans mon sommeil.

— Il était là où tu en as rêvé ?

— Je ne peux pas le dire avec certitude. Je l’ai senti au fond de mon être, mon Charms aussi. Mais dans un songe, cela peut ressembler tellement à la réalité : la terre en suspension, le Conseil, puis je voyage et il me parle sans apparaître.

— Il n’était pas là ?

— Comme s’il me parlait dans ma tête. Ce n’était pas un rêve Noam. Je suis sûre qu’il arrive à me contacter.

— À une époque, les guérisseurs et les druides celtes disaient qu’un démon, venant dans un rêve, annonçait une perte de repères. Celle-ci venait à cause d’un sentiment de culpabilisation. Quand il apparaît dans les songes, il faut lui tenir tête pour qu’il ne vienne plus, cela évite d’être importuné dans la vie éveillée par des gens ou par ses propres pensées parasites.

— Tu crois que je m’en veux pour quelque chose ?

— Peut-être le fait que ta mère soit attaquée à cause de toi, cela peut venir de là.

— C’est vrai, maintenant que tu le dis. C’est un sentiment qui m’étouffe. Je n’y avais jamais vraiment pensé. Mais oui, je m’en veux énormément pour ça. Tu as raison.

— Tu n’y es pour rien. Tu es l’élue. Tu n’as ni choisi ni demandé à le devenir.

— Mais à cause de moi, ma famille est en danger.

— Ils sont sous surveillance tous les jours maintenant.

— Oui et je vous en remercie tous.

— C’est normal. On peut faire cela. Sans surveillance, tu ne nous aurais pas fait gagner contre Néfas.

— Tiens, tu as bien fait de parler d’elle. Sulagh me disait qu’il cherchait Néfas. Car elle n’aurait pas, d’après ce que j’ai compris, obéi à ses ordres.

— Ce sont les bruits qui courent, mais nous n’en avons pas la preuve. Il faut dire que depuis ta pirouette, les forces du mal sont étrangement absentes. Elles ne sont même pas là pour les âmes qui partent sans savoir où aller. Nous n’avons plus d’adversaire et cela nous permet d’aiguiller correctement beaucoup de celles que nous aurions pu perdre.

— C’est bien ça !

— Oui c’est génial, mais j’aimerais savoir ce qui se trame derrière ce silence.

— Profitons de ce calme…

— Avant la tempête ?

— Oui je n’osais pas le dire. Ils reviendront ?

— Tu peux en être sûre. Mais en attendant, viens là.

Noam prend son élève dans ses bras. La jeune fille blottit sa tête contre son professeur et après quelques secondes, s’endort. Il la regarde dormir et la laisse se reposer calmement et sereinement.

— Ramène-moi !

Malgré le voyage, Emma ne se réveille pas et avec douceur, il la couche dans son lit. Il prend un livre et se place dans le fauteuil de la jeune fille. Il surveille le sommeil calme de son apprentie. Elle se repose enfin.

La nuit suivante, dès qu’Emma est dans sa chambre, Noam revient la voir.

— Bonsoir, Emma !

— Bonsoir, Noam ! dit-elle avec un grand sourire sur les lèvres.

— J’ai pensé que te promener te ferait du bien.

— Oh oui ! On fait quoi ? Entraînements ?

— Euh, je pensais juste marcher…

— Ah oui ? Eh bien d’accord. Ici ou… montrant du doigt le plafond de sa chambre.

— Là-haut !

— Super ! Dar ! Je te suis !

— Emmène-moi !

— Allez, suivons-le ! Emmène-moi !

À sa grande surprise, Emma se trouve dans un lieu qu’elle ne connaît pas. Elle voit Noam, mais aussi Anaïs et Rhett. Elle les embrasse. Enfin, elle embrasse Anaïs mais en voyant le garçon, elle a un petit geste de recul. Elle lui tend la main qu’il serre délicatement.

Le lieu est magnifique : un village en haut d’une colline, entouré de fortifications en pierres blanches. Les rues sont dallées de la même couleur que les maisons. Tout est propre et splendide. C’est une cité médiévale comme Emma en a visité en vacances avec ses parents dans le sud-ouest de la France. Un aigle majestueux survole les quatre protecteurs comme si c’était à son tour de surveiller leur promenade.

— Marchons et visitons ce lieu, dit Anaïs.

Emma et Rhett se retrouvent à parler ensemble alors que les « grandes personnes » sont quelques mètres devant.

— Cela faisait longtemps que je ne t’avais pas vue, Emma, lui lance le jeune protecteur.

— Depuis notre entraînement en commun, cela doit faire presque six mois.

— Oui, à quelque chose près cela doit faire ça, répond-il avec un sourire

— C’est vrai que cela fait des lustres.

— Je voulais te dire que grâce à toi, j’ai compris.

— Qu’as-tu compris grâce à moi ?

— Que c’est toi l’élue ! Ce n’est pas moi.

— Ah… pas trop déçu ?

— Non. J’étais même content que cela soit toi !

— Pourquoi ?

— Car comme un idiot, je me suis vanté auprès des autres que je me suis entraîné avec l’élue.

— Ah oui… super info.

— C’est vrai. J’ai été bête. Je n’ai pensé qu’à me vanter alors que toi tu nous as sauvés.

— C’est un peu exagéré. J’ai juste eu beaucoup de chance.

— Je ne crois pas. Contrairement aux autres, je t’ai vue à l’entraînement. Je ne pense pas que cela soit dû à la chance.

— Merci, mais je doute que je sois aussi forte que tu le crois.

— Je suis peut-être… Je reprends ma phrase. Je peux être arrogant ou trop sûr de moi, par contre je ne suis pas idiot. Je sais voir quand quelqu’un est plus fort que moi ou sentir ses pouvoirs. Tu en as une tonne !

— C’est gentil.

— Je suis sûr que tu es l’élue. Je m’entraîne souvent avec les autres jeunes protecteurs et tu nous surpasses de loin, alors que tu as commencé après nous.

— Vous êtes nombreux ?

— Un groupe d’une dizaine, nous nous retrouvons sous la houlette de nos professeurs de temps en temps, histoire de parler, voire de nous amuser.

— Cela doit être super !

— Cela nous permet de nous détendre un peu, mais c’est surtout de parler dont nous avons besoin, d’exprimer ce que nous avons sur le cœur, de parler à quelqu’un qui peut nous comprendre car on a presque tous le même âge.

— Cela doit être bien. Moi, j’ai Noam.

— J’ai Anaïs mais je ne peux pas tout lui dire.

— Moi je peux tout lui dire. Je n’ai jamais eu un ami comme lui. Il est toujours là. Il me parle franchement et même s’il me cache un ou deux secrets… en regardant les deux protecteurs devant elle, il est mon meilleur confident, avec mon Charms bien sûr.

— OK. Je suis là si besoin, rajoute Rhett un peu embarrassé.

— Je note l’invitation.

— Je peux te poser une question ?

— Bien sûr.

— C’était comment contre les démons ?

— Pas cool. J’ai cru mourir. J’ai eu de la chance, quoi que tu en penses. L’enchaînement de beaucoup de paramètres nous a permis de gagner. Tout s’est joué à un pas de trop de Néfas. Si elle avait été prudente et était restée à distance… on aurait perdu. Comme quoi, elle n’a pas assez écouté son mentor !

— Alors, merci à Néfas de ne pas écouter !

Les deux adolescents éclatent de rire, ce qui fait retourner Noam. Anaïs lui donne un petit coup de coude :

— Mais laisse-les tranquilles, dit-elle en chuchotant et en lui faisant les « gros yeux ».

— Je t’ai entendue ! répond Emma.

La femme en blanc s’arrête et regarde la jeune fille.

— Tu m’as entendue ?

— Oui.

— J’ai juste chuchoté !

— Pourtant je t’ai entendue comme si tu l’avais dit normalement.

— Mais c’est génial ça, dit Anaïs avec un grand sourire.

— Je peux entendre les chuchotements !

— Super, Emma ! répond à son tour Rhett.

— Il faudra faire attention à ce que nous disons maintenant, chère amie, ironise Noam, faisant rire la petite assemblée.

Tout le monde reprend la marche avec un grand sourire sur le visage.

— Même en marchant, tes pouvoirs sont toujours en train de travailler, dit Rhett

— Je suis comme ça. Je suis toujours en train de réfléchir à plein de choses. Noam m’aide à me canaliser sinon je pourrais me perdre.

— Je ne pourrais pas. Il me faut souffler de temps en temps.

— Souffler ? Tu es un protecteur. Les seuls qui peuvent souffler ce sont les morts dont les âmes sont déjà arrivées là où elles devaient aller. Nous, on doit sans cesse travailler pour les aider, lui répond-elle d’un ton sec, mais sans être agressive.

— Vu comme ça, effectivement.

— Désolée. Mais je veux devenir encore plus forte pour ne pas voir les forces du mal emporter toutes les âmes dans un endroit où leur seul but sera de faire la guerre.

— Et dans ces âmes, y a aussi tes parents.

— Oui il y a mes parents, ta famille aussi et sans oublier mon âme.

— Ton âme est en effet très importante. Cela fait trembler tout le monde quand ils savent que tu risques ta vie.

— Qu’ils ne s’inquiètent pas. Je vais tout faire pour défendre ma vie et toutes les âmes.

— Toutes ?

— Toutes ! Nulle âme n’est vide !

— Cela voudrait dire que l’on doit toutes les sauver ?

— Oui. C’est inscrit dans mon Charms. Il l’a gravé quand je l’ai mis la première fois. J’essaie encore de comprendre ce que cela veut dire. Mais pour l’instant, je comprends juste que toutes les âmes sont à sauver.

— Vu comme ça, on a beaucoup de travail sur la planche.

La balade se passe bien et les quatre amis se retrouvent devant une petite maison, dont les murs d’enceinte sont les mêmes que ceux des voisines. Noam s’arrête sans un mot. Il passe sa main sur le bois de la porte, comme une caresse, et reste silencieux.

Anaïs, Rhett et Emma le regardent faire. En levant la tête, on voit qu’il y a deux étages et des fenêtres donnant sur la rue. Une entrée plus grande sur le côté laisse penser qu’elle donnait sur un atelier ou une grange.

— Est-ce que… dit Rhett avant d’être arrêté par un geste d’Anaïs.

Après quelques secondes, la protectrice pose sa main sur l’épaule de Noam et en faisant signe aux deux jeunes, ils reprennent leur marche laissant seul le professeur. Emma est étonnée et ne comprend pas ce qu’il vient de se passer.

Anaïs lui répond alors qu’elle n’a encore rien demandé.

— C’était la maison de Noam. Il vivait ici avec sa femme et son fils.

— Oh… Nous sommes dans son vrai monde ?

— Oui. Il ne le montre que très rarement. À chaque fois, il est obligé de s’arrêter devant. Je lui laisse ce temps de recueillement pour lui et je m’éclipse.

— Il a voulu nous montrer son monde ?

— Je ne sais pas. Je ne crois pas qu’il l’ait fait exprès. En fait, je te dirais que je n’en sais rien. C’est la première fois que nous sommes plus de deux ici.

— Je n’avais jamais vu son vrai monde.

— Son vrai monde ?

— Oui quand il m’emmenait dans son monde, il ressemblait beaucoup au mien. Pour Hygée, il avait fait ça pour que je me sente bien et en confiance.

— Tu veux dire que pendant plus d’un an, il n’était pas revenu ?

— Peut-être mais pas avec moi.

— On peut changer notre monde mais cela ne se fait pas en une seconde. Regarde ce qu’a dû faire Hygée comme effort pour juste faire croire à Néfas qu’elle était dans la salle du Conseil alors qu’on était dans le tien.

— Je n’y avais pas pensé.

— Noam est quelqu’un de très bien, dit-elle avec des larmes au bord des yeux.

— Il a un cœur énorme.

— Nous sommes d’accord sur ce point.

Noam rattrape tout le monde et ne peut s’empêcher de s’excuser.

— Aucun problème, répond la troupe.

Pendant le reste de la balade, les conversations se font plus rares et chacun profite de la vue au-dessus des remparts. Ici un bois où le vert des feuillages se mélange au marron des troncs. Là-bas, un lac où l’on aperçoit une biche et son faon boire de l’eau pure. Au fond des champs cultivés de différentes couleurs. Tout cela sous le regard de l’aigle qui plane au-dessus d’eux.

Noam et Emma se retrouvent chez la jeune fille. Elle va préparer le repas pour ses parents qui sont allés voir de la famille. Sachant qu’ils étaient surveillés et ne risquant rien, elle n’a pas voulu aller avec eux.

Elle ne pose pas de question à son professeur. Il n’est pas très bavard et apprécie la gentillesse de son élève à son égard.

— Je vais te laisser, Emma. Je repasserais ce soir si tu veux.

— Non Noam. Souffle à ton tour. Je suis sûre de bien dormir cette nuit.

— Tu es certaine ?

— J’en suis certaine !

— D’accord. Alors je m’en vais.

— Attends !

Emma s’approche de lui et l’embrasse sur la joue.

— Merci pour cette balade. Merci de m’avoir montré ton monde. Maintenant file.

Noam ne répond rien et disparaît.

Le dîner avec ses parents se passe très bien, comme d’habitude, et ses pensées s’envolent vers son mentor. Elle n’avait jamais pensé qu’il pouvait, lui aussi, avoir besoin de quelqu’un.

Le lendemain, Emma se réveille en sursaut. Elle a dormi d’une seule traite de son coucher à maintenant. Il est presque dix heures du matin. Cela fait bien longtemps qu’elle n’a pas fait une grasse matinée. L’avantage aussi d’être en vacances !

L’entraînement

Après un petit-déjeuner de champions comme aime à le dire son père, elle retrouve les livres de Noam. Il lui a laissé sur son lit, une sorte de grimoire. Le titre est : « les monstres de la mythologie grecque ». Rien que le nom avait fait passer un petit frisson dans le dos d’Emma mais elle s’était jetée dans sa lecture aussitôt.

— Bonjour, Emma !

— Noam ! Bonjour professeur !

— On voyage ?

— Tout de suite ?

— Y a-t-il un problème ?

— Non, non.

— OK, alors. Allons-y ?

Les deux mages s’en vont dans un monde parallèle où seules les personnes ayant des pouvoirs peuvent se transporter.

Emma, en ouvrant les yeux, est surprise de se trouver sur un bateau. Un beau trois-mâts, avec des voiles blanches tendues par la brise légère, un pont fait d’un bois brillant comme s’il avait été ciré par l’équipage. La proue laisse apparaître une sculpture d’une femme pouvant être une protectrice. Ses paumes de mains vers l’avant surveillent le bateau pour qu’il ne lui arrive rien. Un pavillon flotte à l’arrière. Le dessin à l’intérieur ressemble à l’intérieur du Charms de la jeune protectrice. L’océan, bleu azur, est calme. Des dauphins viennent sauter devant le navire et semblent l’accompagner, comme s’ils guidaient son chemin. Le ciel est aussi bleu que l’eau en dessous, sans aucun oiseau aux alentours indiquant qu’ils sont loin d’une terre. Quelques nuages blancs viennent mettre un peu de nuance dans ce paysage de carte postale.

Elle porte sa robe et bien entendu ses yeux mauves sont là, comme pour Noam et sa canne.

— Tu m’emmènes en vacances ? lui crie-t-elle en souriant.

— Pas encore ! lui répond-il de la vigie. Tu as encore fait des progrès depuis le combat avec Néfas. Tu dois avoir des adversaires à ton niveau si tu veux encore progresser.

— Je veux progresser. Je ne veux plus de chance pour gagner. Je veux être plus forte.

— Chaque chose en son temps. Patience !

— Y avait longtemps que je n’avais pas entendu ce mot. Il m’aurait presque manqué !

— Presque ? C’est qu’au moins tu t’en souviens.

— Alors… Pourquoi ce bateau ?

— Tu vas le voir tout de suite.

Il lance un : « Serpens Marinus ! »

D’un coup, le monde alentour change complètement. Le navire magnifique devient gris-noir. Il prend l’apparence d’un vaisseau fantôme. Les voiles se déchirent et il n’en reste que quelques petits morceaux accrochés ensemble par des lambeaux de tissus. Un des mâts se casse et il est impossible de savoir comment il tient dans cette position. Le pont a des trous de partout par lesquels on peut voir la cale. Il a perdu de sa superbe en quelques secondes. De l’eau ruisselle sur le bois. L’océan commence à avoir des vagues hautes au moment même où le soleil se cache et que l’orage gronde. C’est même une tempête qui se lève. Le mouvement de l’eau fait tanguer le bateau comme une coquille de noix. La figure de proue a quant à elle perdu la moitié de son visage.

Emma essaie de garder son équilibre comme elle le peut. Elle sait que quelque « chose » va arriver. Sa robe et son Charms l’informent qu’il lui faut se préparer. Alors, elle se stabilise et lance son :

— Dôme !

Noam dans sa vigie, penché vers sa protégée, regarde cela de haut. Il peut voir le trois-mâts commencer à tourner autour d’un gouffre qui se creuse dans l’océan comme un siphon dans un évier.

— Attention Emma, cela va arriver !

— Mais qu’est-ce qui va arriver ?

— Cela t’aiderait peu si je te le disais…

L’avant du bateau se soulève et vient frapper l’eau d’un coup sec. À ce moment-là apparaît sur le pont du navire une Scylla.