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Alexandra Moore va s'isoler à Townlake, gros bourg du Montana pour terminer un manuscrit. À peine arrivée, elle fait d'étranges découvertes de lettres d'enfants et des phénomènes étranges se produisent dans la maison ; Brody, le shérif de Townlake voit l'arrivée de l'auteure d'un mauvais oeil car la maison n'a pas été occupée depuis 25 ans, date à laquelle une femme est morte dedans dans des circonstances jamais élucidées. Il décide de mettre son équipe dessus et d'espionner l'auteur.
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Seitenzahl: 157
Veröffentlichungsjahr: 2022
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Myriam SALOMON est l'auteure de nombreux ouvrages dont la série thriller Gabriel Beauregard débutée en 2007.
Ses lecteurs lui font l'honneur de la suivre depuis sur tous ses ouvrages.
Myriam Salomon vit près de sa ville natale de Nice en France. Quand elle n'écrit pas, ce sont des promenades en pleine nature et la compagnie de ses chats qui lui procurent ressources et énergie.
Les Hirondelles seront toujours là (Autobiographie)
Coeur à cris (textes intimistes)
Gabriel Beauregard « la rencontre » (thriller) Couleurs de vie (textes intimistes)
A la limite du monde (nouvelles fantastiques)
L'Ariège à vélo et 10 jours à vélo dans les Cévennes (carnets de voyage)
Visions (2e épisode de Gabriel Beauregard)
Mémoires amnésiques (3e épisode de Gabriel Beauregard, toujours en vente chez Morrigane Editions)
Ils sont partout ! Les cons (humour)
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 21
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Chapitre 42
Chapitre 43
Chapitre 44
Chapitre 45
Chapitre 46
Chapitre 47
Chapitre 48
Chapitre 49
Chapitre 50
Chapitre 51
Townlake, Montana, États-Unis,
8 janvier 2015, 15 h 20.
Je saluai le chauffeur de taxi et le regardai s'éloigner au fond de l'allée donnant accès à la route principale. J’eus un frisson. L’hiver s’avérait rigoureux cette année. Je boutonnai mon pardessus anthracite jusqu'au cou, puis saisis mon sac de voyage posé dans la neige durcie par les vents balayant la zone. Je fis quelques pas et m’immobilisai pour sonder les environs et l’habitation où j’allais passer trois mois pour terminer un manuscrit.
Une magnifique, grande et vieille demeure me faisait face avec des fenêtres encadrées d’un lierre au tronc épais qui prenait racine en plein milieu de l’architecture. Ses ramifications qui mangeaient la façade m’évoquèrent une gigantesque toile d'araignée.
Certainement charmant sous le soleil, le site était sinistre par cette météo. Aucun mouvement n'était perceptible comme si la vie avait pris la fuite.
Ambiance parfaite pour écrire un thriller...
L'eau du lac attenant scintillait tel un vieux miroir tacheté aux reflets argentés où dérivaient lentement branches et feuilles mortes. Je m'approchai de la rive et me penchai au-dessus de l’onde. Un poisson surgit, soulevant avec lui un nuage de vase. Je sursautai.
Imbécile ! Tu t'attendais à quoi ? Un cadavre ?
Je me dirigeai vers la volée de marches en demi-cercle de l'énorme masse du bâtiment priant en mon for intérieur pour que le chauffage ait été bien mis en marche. La température frôlait une moyenne polaire. J’étais accoutumée au climat de Spokane dans le Washington ; on ne s’imagine pas à quel point la ville tient chaud. Je le réalisai seulement en ce moment précis où je me retrouvai encerclée par la forêt. Cette résidence allait me servir de villégiature pour un séjour qui m'apparut tout à coup très long. Je m’interrogeai sur la pertinence de l’utilité de m’isoler alors que je n’avais jamais mis les pieds en dehors de mon agglomération depuis des années, me contentant de faire du jogging dans des parcs, certes arborés mais qui n’avaient aucune commune mesure avec les immensités d'ici.
On était venu déblayer les marches et y disposer du gravier qui crissa sous mes semelles. Je sortis une enveloppe qui contenait la clé que je tournai avec précaution comme si je craignais de déranger quelqu’un.
L’intérieur, accueillant et empreint d’une douce chaleur me détendit. L'impression d'avoir pénétré dans un temple m'envahit. Le vestibule était haut de plafond. Deux peintures accrochées aux murs latéraux représentaient des scènes du Moyen Âge comme j’avais pu en voir dans les musées Européens. Une licorne défendant une jeune fille contre les assauts de démons ailés et Pégase planant dans les cieux. Les deux œuvres avaient un cadre large sculpté et décoré à la feuille d'or. Une comtoise trônait dans une alcôve et égrenait les secondes de son lourd balancier à l’instar d’un rythme cardiaque. Je posai mes affaires pour arpenter le rez-de-chaussée.
Le salon grandiose avoisinait les soixante mètres carrés et était doté d’une cheminée dont le manteau arrivait aux épaules de mon petit mètre soixante-cinq. Un coin bibliothèque débordait d’ouvrages reliés en cuir que je caressai du bout des doigts. Des fauteuils club un peu usés, certainement chinés chez un antiquaire, occupaient un recoin non loin de l'âtre et donnaient au tout un aspect cosy. Une table en noyer pouvant accueillir quatorze convives longeait le mur percé d’une baie vitrée offrant une vue sur le lac.
Où allai-je m’installer pour écrire ? J’avisai un secrétaire imposant taillé dans du bois d’acajou, le plateau marqueté d’un angelot. J’en ouvris les tiroirs. Tous étaient vides sauf un, rempli d’une quinzaine de missives.
Ai-je le droit de regarder de quoi il s’agit ?
Mes démons intérieurs renforcés par ma curiosité eurent raison de moi.
L'écriture était enfantine sur tous les plis datés de 1986 à 1990.
Sont-ils là depuis toutes ces années ? Appartiennent-ils au propriétaire de la demeure ? Pourquoi les laisser ici ? Les enfants écrivaient-ils dans ces années-là ?
Ma conscience me gagna et je refourrai l’ensemble là où il avait été rangé. Le gong de la pendule sonna seize heures me sortant d’une léthargie qui m’avait recouverte comme un pesant manteau sans que je m’en rende compte.
Bon, j’ai un livre à terminer !
J’escomptais me rendre à l'étage quand mes entrailles me rappelèrent que mon dernier en-cas remontait au petit déjeuner avalé en vitesse avant de quitter mon appartement de Spokane à sept heures du matin.
Je découvris à la cuisine deux énormes cartons avec une carte qui m’était adressée. « Tu ne croyais tout de même pas que j'allais te laisser marcher dans la neige à peine arrivée ! Ed. »
Je m'empressais d’éventrer les paquets : des victuailles pour quinze jours, du sherry et cinq bouteilles des meilleurs Bourgogne français.
Edward Mac Alan était mon ami et éditeur depuis sept ans. Nous nous étions rencontrés en 2010 lors d’un festival du livre alors que lui débutait dans l’édition. Quant à moi, je pensais que tenter ma chance auprès d’une maison modeste plutôt que d’être noyée dans la masse des manuscrits qui devait s’entasser dans les bureaux des grosses boîtes, me serait plus profitable en évitant de brûler les étapes.
Mon instinct s’était avéré excellent. Les ventes avaient été retentissantes dès le premier livre et cela n’avait jusqu’ici jamais changé.
Évidemment, il y avait un revers de médaille à ce succès : se farcir les mondanités ; ce qui était bien loin de me coller à la peau. Alors qu’Edward nageait comme un poisson dans l’eau dans l’univers de la jet-set, cet aspect me mettait mal à l’aise. Après quelques essais catastrophiques de mes incursions dans les dîners mondains, nous avions décidé d’un commun accord, qu’il s’acquitterait seul de ce rôle jouant sur le mystère de l'auteure fantôme.
Pressée de prendre mes marques, je me contentai d'ouvrir un pâté que je tartinai sur de larges tranches de pain de mie. Tout en mastiquant, je sondai trois placards qui regorgeaient de porcelaines, céramiques, ustensiles en bois et aluminium, vieux d’au moins cinquante ans. Plusieurs casseroles et marmites étaient suspendues à des crémaillères. Une vieille gazinière en fonte à six feux s’affichait majestueusement au milieu de la pièce.
Je m'appuyai à l'évier en grès et scannai l’espace à la recherche d'une cafetière moderne. Je dus me rendre à l'évidence que seul l’artefact que je venais de dégoter, était à ma disposition. Je tentai de me remémorer ma mère alors que je n'avais que huit ans. Un sourire s'imprima sur mes lèvres alors que mes souvenirs la matérialisaient ; femme au cœur tendre, en train de me confectionner un chocolat chaud. En fermant les yeux, je parvins à sentir l’odeur du lait fraîchement rapporté de l’étable du village. Nous y passions les vacances d’été. Les choses me revinrent : mettre le café moulu dans le panier, remplir d’eau le bas, visser le haut et mettre sur le gaz pour porter le tout à ébullition.
Cinq minutes plus tard, je dégustais ma boisson en admirant, depuis le salon, les rosiers taillés. Malgré la dominance de la neige, je devinai un jardin qui faisait l’objet de l’attention d’une personne très avisée, voire d'un professionnel. Je me débarrassai de ma tasse vide et m’enquis d’allumer la cheminée. Des bûches et du petit bois avaient été rentrés dans un panier en osier. Je mis un bon quart d’heure à faire partir les flammes, puis installai un des fauteuils devant.
Engourdie par l’atmosphère ouateuse, le confort de mon assise, je me pris à rêvasser quand un bruit long et sourd retentit depuis le vestibule : quelque chose tombait dans les escaliers !
Je courrai au pied des marches. Rien. J’aurais juré avoir entendu une personne dégringoler. Je passai une main dans mes cheveux courts à la garçonne.
Ce doit être la fatigue de la journée. Et si je montais me choisir une chambre !
J’empoignai mon sac bandoulière et pris mon temps pour gravir les marches en lattes qui craquèrent. Rapidement, je m'avisai de l'état de mes chaussures sales qui pourraient endommager la belle moquette épaisse lie-devin. Souliers en main, je continuai l’ascension. Je découvris un palier qui se répartissait des deux côtés, non éclairé et si long que je n'en voyais pas les extrémités tout en devinant les premières portes.
Orteils enfoncés dans le revêtement à travers mes bas en nylon, j’abaissai mes yeux sur eux. La couleur du revêtement moelleux était si éclatante qu'on aurait pu croire qu'il venait d'être récemment changé.
Les lettres découvertes ressurgirent dans mes pensées.
Les enfants qui les ont écrites occupaient-ils les chambres ?
J’éludai cette question d'un haussement d'épaules qui se voulait désinvolte, mais mon esprit tout entier refusait de renoncer à cette idée.
Cette maison a tout d'un conte d'Andersen...
La comtoise annonça seize heures trente dans un silence qui me sembla prendre de l’épaisseur.
Alors que j’avançais vers la première entrée sur la droite, je me surpris à marcher à tâtons. Bien que sentant mon comportement dénué de sens, mon épiderme se hérissa. Cette demeure était à la fois envoûtante et lugubre pour des raisons qui m’échappaient tournoyant dans les méandres de mon inconscient.
Tout cela devient ridicule, je vais juste prendre une chambre ! Qu'est-ce qui me prend ?
J’accélérai le pas et appuyai sur la poignée, bien décidée à conjurer mes appréhensions. Je me heurtai à un mur.
— Fermée !
Cela m’avait échappé à voix haute comme quand j’étais gosse et flippais le soir dans mon lit imaginant une horde de monstres prêts à me bondir dessus.
— Bon, c'est normal. Le propriétaire n'a dû laisser qu'une chambre libre.
J’inspirai profondément avant de m'essayer à une autre porte. Close également. Même résultat pour la troisième. Une angoisse immature et irrationnelle m’intima de ne pas m’installer dans une de celles trop éloignées de l'entrée principale de la maison au cas où un danger se présenterait soudainement. La manie des auteures de polars, il est clair que c’est de croire que tout est suspect ! Je maudis intérieurement cette absurdité engendrée par mon esprit trop créatif.
Je revins au centre du couloir et chargeai au sein de l'aile gauche du bâtiment sur l’ouverture la plus proche. Je faillis m’affaler au beau milieu de la pièce alors qu’elle était ouverte.
— Punaise !
Je repris mon équilibre. La décoration correspondait à celle du bas, riche et raffinée, lit doté d'un sommier haut à l'ancienne, certainement bourré de laine, matelas vaporeux recouvert d'un boutis imprimé d’iris mauves et blancs. J’enfonçai une main pour en apprécier la souplesse, m’y installai pour admirer le reste : lustre en cristal de Murano – au souvenir de Venise, un sourire naquit en moi – moulures en corniche sous le plafond. Un volume suffisamment grand pour ne pas se sentir oppressé.
Thème, qualité du mobilier et le choix des accessoires décoratifs ; l'occupante des lieux avait dû être une femme de goût.
Une vieille brosse à cheveux au manche en ivoire reposait sur le marbre d’une coiffeuse dont le tain de la psyché était marqué de minuscules mouches couleur rouille. Prise d’une indicible envie de la toucher, une force inconnue m'en empêcha. Je me contentai de l’examiner. Toutefois, je l’effleurai des doigts et à cet instant précis, sentis un souffle sur la nuque qui me glaça d'effroi. Je portai une main à mon cou en me retournant. Seule. J’allai vers la porte pour la claquer ce qui provoqua un appel d’air glacial.
C’est donc cela : seules les pièces que j’occupe sont chauffées, le reste de la maison ne l'est pas et cela crée des courants d'air.
Je sortis de la salle de bains en me frictionnant les cheveux énergiquement à l'aide d'une serviette éponge, enveloppée dans un peignoir et avançai à la fenêtre qui donnait sur le nord du parc. La poudreuse habillait les arbustes d’étranges apparats. Seules trois statues ressortaient de cette blancheur immaculée, leur inertie renforcée par la blancheur omniprésente. Un corbeau se percha sur le bras tendu de l’une d’elle.
Hitchcock maintenant !
Je me vêtis d’une tenue décontractée, pantalon de flanelle gris, pull col en V rouge carmin, baskets noires.
En sortant, je remarquai un cadre accroché à l'extérieur dans le couloir avec une photo noir et blanc sur laquelle un petit garçon souriait gauchement.
Drôle d'endroit, d'habitude, on met ça plutôt sur sa table de nuit.
En observant de plus près le cliché, je notai le regard sombre du petit.
Le gamin a l'air triste à mourir...
— C'est toi qui as écrit toutes ces lettres ? Ce gosse fiche la chair de poule !
Je passai le début de soirée à disposer mon coin travail : ordinateur, notes, dictaphone. Même si je me déplaçais toujours avec un carnet et un crayon, il m’arrivait de laisser sur un enregistreur des remarques ou de dicter une phrase spontanément.
Ayant envie de me détendre un peu, je cherchai une station d’écoute musicale, mais après avoir fait tous les recoins du salon, je m’aperçus qu’il n’y en avait pas et rageai un peu de ne pas avoir emporté ce qu’il fallait de chez moi.
Je décidai de contempler l’extérieur éclairé par des lampadaires solaires. Debout, derrière la baie vitrée, je distinguais la brume à la surface du lac qui, depuis mon arrivée, occultait les alentours. J’inventais toutes sortes de possibilités aussi tordues qu'improbables. Encore ma manie d’écrivaine !
La fatigue s’abattit sur moi sans crier gare et je me collai littéralement à la cheminée dans ce que j’appelais déjà mon fauteuil. Une sensation proche de celle des conversations entre amis, quelque chose de chaud et rassurant me gagna.
Je m'endormis recroquevillée sous un plaid.
Townlake, 9 janvier 2015, 7 h.
Les pionniers qui se sont installés dans l’État du Montana l’ont surnommé Big Sky Country, La Contrée au Grand Ciel, en découvrant de grands espaces aux larges vallées surplombées par les montagnes Rocheuses à l'ouest qui contrastent avec de vastes plaines à l'est. Des sols riches de minéraux, une agriculture fortement implantée, de l'élevage ainsi que l'exploitation forestière en ont fait sa renommée au cours des siècles.
Townlake est une petite commune située à deux mille six cent trente mètres d'altitude et nichée au pied de Big Belt Mountains, un des sommets des Rocheuses. À cent kilomètres au nord, il y a la ville de Butte qui a profité de l'extraction de cuivre des mines d'Anaconda dans les années soixante-dix, aujourd'hui épuisées. Butte s'est peu à peu transformée en ville fantôme comme beaucoup d'autres dans le Montana dont certaines comme Bannack ont tiré parti du tourisme organisant des visites Back to Western avec tout le folklore s’y rattachant, tour en calèche, spectacle de rodéo, saloon reconstitué, figurants vêtus en cow-boys et indiens, boutiques de souvenirs à gogo.
Plus au nord, on croise le fleuve Missouri et la ville de Great Falls.
Townlake est entourée de massifs montagneux et subit des hivers assez rigoureux y rendant la vie peu aisée en cette saison. Quelques fous de glisse viennent fréquenter les stations de ski de Red Lodge-Grizzly Peak ou de Big Sky Area. C’est à partir du printemps que la communauté bénéficie de l'influence d’Helena, capitale du Montana, en accueillant les estivants venus pratiquer pêche, marche en montagne, VTT, canoë.
Si on survole les environs et qu’on se dirige vers un immense lac à la forme oblongue, on aperçoit un ponton en bois, une clairière et un chalet adossé à la forêt, fenêtres éclairées alors que le jour pointe à peine.
Gabriel caressait le creux du coude de Sofia qui appréciait les yeux mi-clos, tête posée sur le torse puissant de son amant. Régnait une température avoisinant les vingt degrés grâce au poêle en fonte qui ronronnait dans la pièce adjacente de cinquante mètres carrés aménagée d’un coin cuisine-salon.
Depuis le lit, ils pouvaient voir un chien se prélasser ventre à terre devant les flammes, le museau enfoui entre ses pattes.
— Regarde-moi-le, c’est le plus heureux ! dit l’homme.
— C’est sûr ! Aucun problème ! La belle vie !
Tous deux rirent.
— T’en penses quoi de cette maison ? demanda Sofia.
— Oh non, pas de boulot au plumard, on a dit !
— Depuis que cette femme a débarqué hier, je me pose aussi des questions, continua sa maîtresse ignorant ses protestations.
— Brody voit le mal dans tout, rétorqua Gabriel qui enfilait un caleçon. D’ailleurs, il a fait vite ! Installée hier et déjà surveillée !
— Oui, il a des yeux dans toute la ville. N’empêche : vingt-cinq ans ! Y a forcément un loup !
— Les flics, faut toujours que vous voyiez le verre à moitié vide.
— C’est notre job de déceler les gens louches. Et je te signale que tu fais partie de l’équipe.
Sofia s’était également mise à se vêtir d’un pantalon d’équitation, un tee-shirt et une polaire jaune paille. Elle entreprit de refaire sa queue de cheval en vitesse avec ses doigts sans prendre la peine de les coiffer. Elle s’approcha de Gabriel et l’enlaça.
— Avoue que t’aime ça jouer aux enquêteurs toi aussi. Usant de sa voix mielleuse, elle frotta sa joue sur la barbe naissante de son compagnon. Ça te rapproche d’eux.
— J’aurais préféré que ça se fasse autrement.
— Ils ont ça dans la peau, on n’y peut rien, soupira la jeune femme qui se détourna de lui pour quitter la pièce.
L’husky se redressa afin de quémander une caresse.
— Bon chien ! Elle lui flatta les flancs.
— Je file !
— Et le café !
— Pas le temps !