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Traquée par les siens, Rucha échappe de justesse à la mort. Albinos dans une société gangrenée par les superstitions, elle fuit Brazzaville pour la France, espérant y trouver refuge. Seulement, son exil vire au cauchemar, mêlant tragédies, rejet et injustice. Sa souffrance se transforme alors en révolte et se matérialise en un livre choc qui secoue l’opinion et déclenche une tempête médiatique. Entre scandale, menaces et procès, Rucha se retrouve au cœur d’une lutte acharnée. Jusqu’où devra-t-elle aller pour faire entendre sa vérité ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Ulrich Ongania est un fervent défenseur de l’égalité sociale et de la dignité des personnes en situation de handicap. Dans "La république des fous", il poursuit son combat contre la stigmatisation et l’exclusion, donnant une voix aux oubliés et dénonçant les injustices qui rongent nos sociétés.
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Seitenzahl: 147
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Ulrich Ongania
La république des fous
Roman
© Lys Bleu Éditions – Ulrich Ongania
ISBN : 979-10-422-6695-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Certains romans ne se contentent pas de raconter une histoire. Ils interrogent, interpellent et, parfois, ébranlent nos certitudes. La République des fous d’Ulrich Ongania est de cette trempe. Dès les premières pages, le lecteur est saisi par la voix poignante de Rucha, jeune fille albinos née en République du Congo, victime d’un monde où la différence est souvent perçue comme une malédiction plutôt qu’une richesse.
Le récit s’ouvre sur une scène bouleversante : un deuil dans un quartier de Brazzaville, où l’apparition de Rucha suscite autant de compassion que de méfiance. Livrée à elle-même après la mort de ses parents, elle découvre bien vite que son albinisme fait d’elle un être à part, cible de préjugés et de superstitions profondément ancrés dans son entourage. Accusée à tort de sorcellerie, rejetée par ses propres proches, elle devient une errante, une survivante dans un monde qui refuse de la voir autrement que comme une menace.
Dans ce roman, Ulrich Ongania ne se contente pas de dénoncer une réalité injuste. Il nous plonge dans la psychologie de son héroïne, dans sa lutte intérieure entre la douleur du rejet et la force inébranlable de l’espoir. Rucha incarne à la fois la souffrance des exclus et la résilience de ceux qui refusent de se laisser définir par le regard des autres.
Au fil des chapitres, nous suivons son combat pour exister. Ses tentatives de réconciliation avec sa famille sont accueillies par une violence déconcertante, révélant toute l’absurdité des croyances qui enferment des générations entières dans la peur et le rejet. Mais ce voyage est aussi celui d’une quête identitaire : en traversant les frontières, Rucha découvre que l’exil ne signifie pas nécessairement la fin de la souffrance. En France, elle fait face à d’autres formes d’hostilité et d’incompréhension, prouvant que la lutte contre l’injustice ne connaît ni limites ni territoires.
La République des fous est bien plus qu’un roman. C’est un cri de révolte contre l’ignorance, une ode à la dignité et une invitation à voir au-delà des apparences. Par une écriture à la fois sobre et percutante, Ulrich Ongania nous rappelle que l’humanité ne se mesure pas à la couleur de la peau, mais à la capacité de chacun à reconnaître l’autre dans sa pleine existence.
Que cette lecture vous marque, vous dérange peut-être, mais surtout vous pousse à réfléchir. Car si la folie réside quelque part dans ce récit, elle n’est pas là où l’on croit…
Madame Ganiael Céleste Splendeur
Toute ressemblance avec des faits existants, des personnes existantes ou ayant existé, est purement fortuite et n’est que pure coïncidence.
Il est huit heures du matin à Brazzaville, capitale de la République du Congo, pays situé au cœur de l’Afrique. Le soleil vient de se lever et toute la ville est resplendissante sous l’effet de ses rayons multicolores. C’est l’heure de pointe et la ville est particulièrement bruyante, les gens se hâtent dans toutes les directions pour vaquer à leurs occupations quotidiennes. Cependant, à Massengo, l’un des quartiers périphériques de la ville, l’ambiance est bien morose ; un décès vient d’avoir lieu et tout le monde accourt en pleurs auprès de la famille éprouvée par le malheur. À mesure que le temps passait, des personnes de tous horizons – amis, connaissances, parents et habitants du quartier – ne cessaient de s’agglutiner au lieu de la veillée funèbre. Au bout d’un certain temps, cet endroit était devenu noir de monde.
Plus tard, apparaît en pleurs une fille albinos à la peau translucide et aux vêtements complètement délavés, portant un petit baluchon sur la tête. En la voyant, toute la foule était prise de compassion. Aussi, tous lui ont laissé le passage, lui permettant d’accéder à la cour de la parcelle où le deuil avait lieu. Alors, elle fonce dans cette cour en direction de la véranda et se jette à terre, laissant tomber son baluchon, tout de suite ramassé par l’un des membres de la famille endeuillée. Puis, elle se met à pleurer à plein gosier tout en se vautrant éperdument sur le sol. Ses pleurs étaient si intenses que nul ne put s’empêcher d’en faire autant.
Quelque temps plus tard, les habitants du quartier regagnent leurs maisons, laissant celle-ci totalement inconsolable. Elle a pleuré longuement, jusqu’à manquer de forces. C’est finalement à la nuit tombée qu’elle se calme et qu’on lui remet son baluchon. Aussitôt après, elle est invitée à se laver et à manger. Au moment de dormir, elle déballe son baluchon et sort une petite natte déchiquetée qu’elle étale délicatement à un des coins de la cour inondée des parents du défunt venus de toutes parts. Par la suite, elle se couvre piteusement d’un pagne en lambeaux. Pendant ce temps, son nom est présent sur toutes les lèvres. Les gens n’arrêtaient notamment pas de faire des commentaires au sujet de son scénario inédit des pleurs de la journée. Après quoi, tout le monde dort, faisant place à un silence épais. Le lendemain, aux premières lueurs de la matinée, elle brise cet épais silence en s’éclatant passionnément à nouveau en pleurs, avant d’entraîner toutes les femmes à sa suite dans ce sens. Depuis, c’est le même scénario qui ne cessait de se dérouler chaque jour.
Par sa façon avant-gardiste d’entamer les pleurs à l’aube au quotidien, la demoiselle a fini par s’ériger véritablement comme locomotive pour toutes les femmes qui venaient compatir à la douleur de cette famille. Ainsi, la notoriété de la demoiselle allait crescendo dans les échanges, tous ne cessaient de souligner sa ferveur inextinguible et sans pareille vis-à-vis du défunt.
Au terme de dix jours, la dépouille mortelle de l’illustre disparu est portée en terre au cimetière central de la ville de Brazzaville. Après quoi, la multitude de personnes ayant pris part à cet enterrement rentre tristement au lieu de deuil. Puis, prenant la parole dans ce cadre, le chef de la famille du disparu adresse de vifs remerciements à quiconque pour son assistance durant toute la période de deuil. Aussi, il conclut son propos en déclarant la fin du deuil. Alors les uns et les autres se dépêchent de prendre leurs affaires et de rentrer chez eux. Graduellement, le lieu se vide. C’est alors que la jeune fille albinos prépare son baluchon et le pose sur la tête.
Comme elle enchaîne les pas en direction du portail pour sortir de la propriété, une dame accourt et lui chuchote à l’oreille. Ensuite, les deux marchent à pas de caméléon en direction de la paillote, aux matériaux plus ou moins vétustes, située du côté opposé à la maison habitée par le défunt. À l’intérieur de la paillote se trouvait un homme qui attendait la jeune fille. Au bout d’un moment, les deux arrivent dans la paillote. Puis, la dame se retire, laissant la jeune fille aux mains de son hôte. Après l’avoir accueillie cordialement, il lui indique de prendre une chaise. Après, celui-ci déclare à la jeune fille :
EUTATON : C’est moiqui ai chargé cette dame de te faire venir ici. Et ce pour avoir un petit échange avec toi. Avant justement de dérouler l’objet de notre échange, j’aimerais d’abord me présenter. Je me prénomme Eutaton. En outre, je suis le fils aîné de celui que nous venons d’inhumer.
Après cette séquence de présentation, portant un regard fort curieux sur son interlocutrice, il lui demande :
EUTATON : Comment t’appelles-tu ?
En réponse, celle-ci déclare : je m’appelle Rucha.
EUTATON : Ah, qu’est-ce que ton prénom est magnifique !
RUCHA : Merci monsieur pour le compliment !
Aussitôt après, intervenant à nouveau, Eutaton lui dit :
EUTATON : Bon ! Mademoiselle, écoute-moi, si je t’ai fait appeler ici, c’est par rapport à un souci qui bouillonne dans mon esprit te concernant. En effet, parmi toutes les personnes ayant pris part à notre deuil, tu es la seule qui a fait preuve d’un amour incommensurable ou d’une ferveur extrême dans les pleurs pour mon feu père. Aussi, je suis bien curieux de savoir quel est le lien particulier que tu as eu avec lui pour te consacrer à ce point à son deuil.
D’une voix marquée de gêne, celle-ci répond :
RUCHA : Contre toute attente, tonton, il n’y a aucun lien qui m’unit avec votre défunt père. Pour être complète à cette idée, je ne suis ici ni pour honorer la mémoire du défunt ni par solidarité d’un seul membre de sa famille.
Surpris par la nature de cette réponse, Eutaton rétorque :
EUTATON : Si tel est le cas, pour quelle raison alors tu t’es donné toute la peine à pleurer tant pour lui ? Aussi pourquoi tu t’es consacrée entièrement à son deuil au point d’y être restée, sans que tu aies pu faire le moindre tour chez toi ?
À cette question, Rucha reste silencieuse. Ensuite, elle lutte désespérément à étouffer des sanglots qui finissent par crever bruyamment à la manière d’une bulle. Aussi, elle lui déclare :
RUCHA : Tonton, comme je te l’ai indiqué récemment, ma présence au deuil de ton feu père ne tient ni au souci de son hommage ni à la solidarité à sa famille. Fondamentalement, ma présence fort accrue à votre deuil et tout le spectacle que j’ai livré valent le prix de ma subsistance. Autrement, je suis ici au motif simplement de ma subsistance.
D’un air candide, Eutaton lui demande :
EUTATON : Euh ! Que signifie le sens de ta réponse ? Veux-tu être explicite à ton propos ?
Alors, à cette nouvelle question de son interlocuteur, Rucha entreprend d’une voix couverte de sanglots, de lui raconter l’histoire insolite de sa vie, disant :
RUCHA : Aussi étrange que cela puisse paraître à vos yeux, ce que je viens de dire tout à l’heure est la pure vérité émanant de mon cœur. Pour expliquer cette ambiguïté, tiens, tonton : je suis par orpheline de père et de mère. Au lendemain du départ de ceux-ci pour l’au-delà, tous les parents censés s’occuper de moi m’ont reniée, au motif prétendument que je suis une grande sorcière. Cette mesure tragique a eu finalement un effet de tonnerre qui a tout chamboulé dans ma vie. Entre autres, elle m’a contrainte à l’arrêt de mes études. Au bout du compte, je me suis retrouvée enfant de la rue, manquant de tout. Pour tenir dans la vie, j’ai dû résoudre d’aller d’une veillée funèbre à une autre. Chaque fois, je me dissimule ingénieusement, me faisant passer pour une proche parente du disparu. C’est cette approche fine et tactique qui sert à ma subsistance à toute veillée mortuaire où je me réfugie.
Pendant que Rucha déroulait son récit hautement saisissant, Eutaton la suivait avec une attention soutenue. Aussitôt que Rucha arrive au terme de son propos, celui-ci lui adresse la question suivante :
EUTATON : Depuis combien de temps tes parents sont décédés ?
RUCHA : Cela fait exactement cinq ans que les deux nous ont quittés.
EUTATON : Je te prie de m’excuser pour la nature de la question que je m’en vais maintenant te poser : qui de tes deux parents est mort le premier ?
RUCHA : Oh, ils sont tous morts le même jour et au même instant !
D’un air effaré, il réplique par cette autre question :
EUTATON : Quelle circonstance était survenue, pour qu’ils meurent si étrangement en couple ?
RUCHA : C’était un jour aux environs de quinze heures, après avoir mangé, mes parents ont décidé d’aller faire la sieste dans la chambre. Comme leur sieste se prolongeait, soudainement, un incendie d’origine inconnue s’est déclaré au salon. Compte tenu de la situation, les voisins tiennent au courant prestissimo le service des sapeurs-pompiers. Le temps que ceux-ci arrivent sur le terrain, les flammes s’étaient malheureusement déjà répandues au reste de la maison. Au bout d’un moment, les services des sapeurs-pompiers arrivent sur le terrain et se mettent diligemment au travail, combattant de toutes leurs forces cet incendie. Mais les flammes étaient de nature telle qu’il a fallu des heures de lutte acharnée pour parvenir à les éteindre complètement. Après quoi, ils extraient des restes de la maison les corps entièrement calcinés de mes parents. Par la suite, ils les conduisent à la morgue, laissant toute la famille et le quartier en état de choc total.
Pendant qu’elle racontait cette scène, elle ferme les yeux et des larmes commencent à couler lentement sur ses joues. Puis, elle renchérit :
RUCHA : Voilà dans quelles conditions j’ai perdu mes tendres parents.
EUTATON : Oh, qu’est-ce que c’est dommage ! Entre-temps, j’aimerais savoir Rucha : quand ce drame est survenu, où étais-tu ? De même, où étaient tes frères ou sœurs (consanguins) à l’instant où l’incendie a eu lieu ?
RUCHA : En réponse, je suis l’unique enfant de mes parents. Par ailleurs, quand le drame a eu lieu, j’étais à l’école. C’est quelque temps après que je suis rentrée. J’ai constaté avec stupéfaction le deuil des parents et la maison en état de ruines. Ce faisant, quand les parents de mes feux père et mère m’ont vue, ils se sont tout de suite jetés sur moi. Alors me taxant de sorcière et autrice de ce malheur, ils se sont mis à me rouer impitoyablement de coups et à me flageller. La violence était si extrême que tout mon corps était en lambeaux et le sang giclait de partout. J’en étais arrivé à deux doigts de la mort. Alertée par les voisins, la police a fait une descente musclée pendant que cet épisode tragique se déroulait. C’est d’ailleurs grâce à la police que j’ai eu la vie sauve, car elle avait conjugué dextérité et professionnalisme à cette fin. C’est justement dans ces conditions de délicatesse que notre brillante police est parvenue à m’extirper des griffes mortifères de mes bourreaux. Elle m’a conduite de toute urgence à l’hôpital où j’ai passé un mois en soins intensifs. Après, j’en suis sortie. Dans l’entre-temps, l’inhumation de mes parents avait déjà eu lieu, sans que je n’aie pu être de la partie. Voilà, tonton, comment s’est déroulée la triste histoire me concernant après la mort de mes parents.
EUTATON : Zut ! Dis-moi, Rucha, quel est le motif qui les a conduits à te taxer de sorcière ? Autrement, pour quelle raison les siens t’ont imputé la responsabilité de l’insolite malheur ayant frappé tes parents ?
RUCHA : Honnêtement, tonton, je n’en ai aucune idée. Eux seuls connaissent la raison qui les a motivés à me faire porter le chapeau. Pour ma part, je ne me reconnais pas un seul instant comme une sorcière ni comme la cause de cette tragédie. Une tragédie dont l’écho amère n’a jamais cessé de résonner dans mon for intérieur, en me rappelant combien mes parents sont morts calcinés à la manière de la viande boucanée.
À cette parole, Eutaton baisse sa tête et prend un moment de réflexion. Par la suite, il se redresse pour dire à son interlocutrice :
EUTATON : Euh ! Compte tenu de la situation saisissante que tu viens de décrire, accepterais-tu que j’aille parler à tes parents pour mieux comprendre les raisons de leur rejet et tenter de faciliter ton retour chez eux ?
RUCHA : Je veux y souscrire avec dévouement. Seulement, j’ai bien peur que ta démarche de facilitation visant à colmater la brèche tourne au cauchemar.
EUTATON : Oh, ne t’en inquiète ! J’ai bon espoir que les choses vont bien se passer, de façon à ramener l’harmonie entre toi et tes parents. D’ailleurs, en ce sens, ne dit-on pas que les linges sales se lavent en famille ?
RUCHA : Tonton, comme tu y tiens, je m’incline à ta volonté.
EUTATON : C’est bon ! À ce sujet, es-tu disposée à me tenir compagnie demain auprès du chef de votre famille, question d’entamer ladite démarche à la facilitation ?
RUCHA : Oui, tonton, je le suis.
EUTATON : Eh bien ! Je vais consacrer ma matinée de demain à mener cette entreprise. Car, tu n’es qu’une pauvre petite fille. Et alors, il n’y a aucune raison que les tiens te laissent à la merci de la rue.
Sur cette parole, les deux mettent un terme à leur échange et se séparent dans l’optique d’exécuter le programme arrêté pour le jour suivant.