La théorie des dominos - Sébastien Doubinsky - E-Book

La théorie des dominos E-Book

Sébastien Doubinsky

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Beschreibung

Dany Wolff travaille pour le Consortium. Danny Wolff a eu une autre vie, un autre nom, il était flic pour la DEA mais il aimait trop les tables de jeu d'Atlantic City. En échange de ses dettes, le Consortium l'a fait disparaître et l'a embauché. Danny Wolff est devenu enquêteur pour le Consortium, une "entreprise" bien plus brutale que son employeur précédent, l'administration américaine, et il enquête aujourd'hui sur une série de meurtres qui pourrait mettre en péril certains membres du Consortium. Les plus brutaux d'entre eux. Mais Danny Wolff a oublié d'être idiot. Et il a du répondant...

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Seitenzahl: 135

Veröffentlichungsjahr: 2020

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Ähnliche


Traduit de l'anglais par l'auteur

« It doesn’t matter if we all die »

The Cure.

Sommaire

PROLOGUE

Chapitre

Chapitre

Chapitre

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Chapitre

Chapitre

Chapitre

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Chapitre

EPILOGUE

PROLOGUE

Je suis au volant d’une vieille Ford Crown-Vic banalisée marron sale, avec une radio planquée sous la boîte à gants, qui crachote des messages codés de temps à autre. Il est environ onze heures du soir et nous roulons sur le Washington Boulevard, à Hoboken, New Jersey. Dehors, la nuit de novembre accentue la lumière des phares et des néons à travers son prisme glacé.

Ryan est assis à côté de moi. Il me raconte son week-end de pêche à la mouche. Je ne sais pas s’il a réussi à attraper un poisson parce que je ne l’écoute pas vraiment. Je pense au Plan et j’espère vraiment que « tout ira bien », pour citer Ruben.

Bien entendu, je ne peux rien dire à Ryan au sujet du Plan, de même que je dois garder pour moi l’histoire des cent vingt-cinq mille dollars que j’ai perdus à Atlantic City et le deal que j’ai passé avec le Consortium. Ryan rit à l’une de ses propres blagues, secouant sa tête de brute irlandaise. Je rigole aussi, comme un automate. Ça fait sept ans maintenant qu’on fait équipe dans la DEA et il n’a jamais su que j’étais accroc au jeu. Je sais presque tout sur lui – le nom de son ex-femme, la date de son divorce, les anniversaires de ses trois enfants et la taille de soutien-gorge de la serveuse qui bosse dans le diner au coin de la 87ème et de la 6ème. Il croit me connaître, mais il ne connaît que le nom sur ma plaque de flic.

J’allume une cigarette et range le briquet dans ma poche. Je me demande quelle serait sa réaction si je lui avouais tout : que j’ai accepté d’être une taupe pour le Consortium en échange de ma vie. Ma dette de cent vingt-cinq mille dollars explique tout, mais le comprendrait-il ? Est-ce qu’il dirait « OK, comment va-t-on te sortir de là, mon gars ? » ou bien est-ce qu’il dégainerait son flingue, décrocherait la radio pour appeler du renfort et me tiendrait en joue tout en me récitant MIRANDA ?

Je rejette la fumée simultanément par la bouche et les narines. Ryan s’est arrêté de parler et il regarde à travers la vitre en tapotant le verre du dos de la main. Dans quelques minutes, les dés seront jetés. Je ne pourrai plus jamais revenir en arrière. Un instant, j’ai envie de garer la voiture et de tout avouer à mon coéquipier. Mais je me contente d’observer les phares qui nous croisent et d’inhaler la fumée grise.

L’appel que j’attends depuis le début de la soirée emplit soudain l’habitacle de ses crachotis électriques. « Présence suspecte dans un des hangars près des docks, peut-être un deal de drogue. » Nous sommes à deux pas. Comme par hasard. Ryan appelle le central et les prévient qu’on est en route.

- On va voir ça, dit Ryan, en vérifiant le magasin de son automatique.

Je ne réponds rien, mais appuie à fond sur l’accélérateur. Quelques minutes plus tard, nous sommes sur les lieux. C’est un énorme hangar, à peine éclairé par une ampoule faiblarde. Le rideau métallique est à demi ouvert. Je dis à Ryan de m’attendre et de se tenir prêt à appeler des renforts.

Ça fait partie du Plan.

Je sais ce qui va se passer ensuite. Je suis tué dans une fusillade, et tout explose car des bouteilles de gaz ont pris des balles perdues. On retrouve mon corps, carbonisé.

En approchant silencieusement de la devanture, je sors mon arme et mon insigne. Je me plie en deux et passe sous le rideau de métal rouillé. Lorsque j’émerge de l’autre côté, je reconnais Ruben et quelques-uns de ses amis, qui forment un demi cercle en fumant des cigarettes. Ruben sourit en me voyant. Il laisse tomber son mégot, et l’écrase du bout de sa chaussure. Je sens brusquement une présence derrière moi et je me retourne. Ryan se redresse à son tour. Son visage exprime la surprise devant le comité d’accueil. J’ouvre la bouche pour lui dire de se tirer d’ici pronto, quand un des hommes de main de Ruben s’approche de lui par derrière et lui loge une balle dans le crâne.

Je pourrais dire à tout le monde de lever les mains et réaliser l’arrestation du siècle, mais je me tais et contemple le corps de Ryan allongé sur la dalle en béton, avec cette flaque rouge qui s’étale autour de sa tête. Tout ce que je sais c’est que dorénavant, le cri bloqué dans ma gorge ne pourra jamais sortir.

* * *

Je me suis réveillé en sursaut, la bouche ouverte et la gorge horriblement sèche. Derrière les rideaux tirés de ma chambre à coucher, il y avait une autre ville qui se réveillait. Paris. Ma nouvelle adresse depuis deux ans, sans espoir de retour. Je devrais remercier ma mère pour ça, qui s’était battue pour m’apprendre sa langue maternelle au milieu des Italiens de Brooklyn. Le Consortium m’avait payé un aller simple New York-Paris signé avec le sang de mon partenaire. Je me suis redressé dans mon lit et me suis mentalement préparé à une nouvelle journée de boulot dans la « ville-lumière », comme l’appellent affectueusement les touristes et tous ceux qui aiment la vie.

1.

Je suis arrivé complètement trempé à la boutique, rue Monge. Sous les gouttes, l’enseigne « Timbres rares » résonnait comme un tambour. L’averse d’avril m’avait pris par surprise. En sortant de chez moi, le ciel était bleu et sans nuages. Heureusement, Adrian, mon très britannique collègue, était arrivé avant moi pour ouvrir la boutique et une tasse de thé fumante m’attendait, posée sur le comptoir, à côté d’un tas de factures non décachetées.

J’ai contemplé un instant les locaux un peu miteux, où trois vitrines datant des années soixante exposaient leurs merveilles philatéliques. Les murs étaient d’un jaune pisseux et le néon qui pendait du plafond rajoutait à la déprime générale. Pourtant, cette caverne ne manquait pas d’un certain charme désuet, que renforçait le temps exécrable. C’était aussi une adresse des plus courues, grâce à l’expertise et à la renommée de mon associé.

Adrian travaillait déjà, en sirotant son thé brûlant, assis derrière son comptoir, le nez plongé dans les catalogues de ventes aux enchères à venir.

– April in Paris mon cul, j’ai grommelé, en prenant bien soin de ne pas goutter partout en enlevant mon trois-quarts en cuir.

– Comme tu dis, répondit-il. On aura vraiment de la chance si on voit un client ce matin.

J’ai hoché la tête en transportant ma veste dégoulinante pour la pendre dans mon bureau, un petit réduit sans fenêtre, auquel on accédait par une porte derrière le comptoir principal.

– Bon, tu es prêt pour la leçon du jour ? me demanda Adrian lorsque je réapparus dans la boutique en m’ébouriffant les cheveux.

Bien que sur les papiers officiels j’apparaissais comme le propriétaire du magasin, je n’y connaissais absolument rien en timbres, au grand désespoir d’Adrian, et je lui avais promis de me mettre sérieusement à étudier la philatélie. Aujourd’hui nous en étions à notre troisième leçon.

– OK, dis-je en soulevant ma tasse bouillante. Je suis prêt…

Adrian m’a lancé un grand sourire et il s’apprêtait à ouvrir un épais volume en cuir doré sur tranche intitulé Commonwealth Stamps 1880-1960, lorsque le carillon de la porte a lancé sa petite mélodie. Nous avons relevé la tête en même temps et il ne m’a pas fallu plus d’une seconde pour voir que l’homme qui était en train de refermer son parapluie devant nous n’était pas un client : il n’avait pas jeté un seul coup d’œil aux collections présentées dans la vitrine et son visage portait trop de cicatrices pour être celui d’un collectionneur classique. Sa carrure impressionnante semblait vouloir se libérer violemment de son costume bleu pétrole. Les cheveux gris coupés au millimètre, on lui aurait donné la cinquantaine, bien que les rides qui labouraient son visage suggéraient peut-être quelques années de plus. Je ne l’avais jamais vu auparavant, mais je savais pourquoi il était ici.

– Mister Wolff ? m’a-t-il demandé en anglais, en me fixant du regard.

J’ai acquiescé avant de me relever et d’aller ouvrir la porte du bureau. L’homme m’a suivi sans prononcer un mot.

2.

La porte refermée, le visiteur s’est calé dans le fauteuil qui me faisait face. Il a sorti une épaisse enveloppe marron de la poche de son manteau, qu’il a jetée sur le bureau. L’odeur de cuir des fauteuils me donnait une fausse impression de sécurité qui s’est dissipée dès que j’ai ramassé l’enveloppe. Je ne savais pas ce qu’elle contenait, mais c’était facile à deviner : des emmerdes. Passées, présentes ou futures. C’était mon boulot. On ne pouvait pas dire que je l’aimais. On ne pouvait pas dire non plus que j’avais le choix.

L’homme a allumé une cigarette, malgré l’autocollant obligatoire apposé sur la porte derrière lui. Il s’en foutait. Ici, il avait tous les droits. Il a fait rouler ses épaules sous la veste bleue comme un boxeur qui se prépare au combat sur le ring et a rejeté une longue bouffée de fumée. Ses gestes étaient brutaux et précis comme s’il avait hâte des les achever.

J’ai poussé un petit cendrier en verre transparent dans sa direction et j’ai ouvert l’enveloppe, que j’ai retournée sur le bureau. Des documents divers se sont éparpillés devant moi. Des photos, pour la plupart.

– Jolie boutique, a dit le type.

Je ne savais pas s’il était sincère, ironique ou simplement poli. Ses yeux bleus ne révélaient rien derrière l’écran de fumée. Un regard mort. Comme le mien, sans doute. C’était l’un des signes distinctifs de notre profession.

– Merci, j’ai répondu poliment.

J’ai contemplé les photos en silence. J’entendais le type tirer sur sa cigarette à intervalles réguliers. J’étais content que nous soyons du même côté. Je n’aurais pas aimé l’avoir comme ennemi. Si on lui avait ordonné de me tuer, il l’aurait probablement fait sans hésiter, avec le même regard bleu et distant.

Les photos représentaient des femmes assassinées, dans différentes chambres. Elles étaient nues, toutes. Des photos officielles, des services scientifiques. Les couleurs étaient affreuses. Les jaunes et les rouges étaient très accentués, comme des œuvres d’art macabres. Et les bleus viraient presque au violet. J’ai retourné l’une d’entre elles. « Bangkok. 11/11/12. » Ecrit à la main, au feutre noir. Par qui ? Aucune importance. Pas mes oignons. Les autres photos avaient des indications similaires, avec d’autres dates et d’autres lieux. Neuf meurtres au cours des cinq dernières années. Presque deux par an. Je les ai classées par ordre chronologique. Londres, Baltimore, Bangkok, Cape Town, Paris, Madrid, Hambourg, Milan et à nouveau Paris. Le dernier était le plus récent. Une semaine, à peine.

– On les a retrouvées où ? j’ai demandé. Chez elles?

– Oui. C’étaient toutes des call-girls professionnelles.

– Elles sont mortes comment ?

– Tabassées et étranglées. Avec une ceinture. Larynx écrasé. Aucune chance. Le type sait exactement ce qu’il fait et il est fort comme un taureau. Une des filles avait soixante-deux fractures sur le visage.

– Le même type ?

Yeux-Bleus haussa les épaules.

– Ça, c’est ce qu’on vous demande de confirmer, a-t-il dit, avec un sourire en coin. Visiblement il adorait me faire marner. Une idée s’est dessinée.

– Un professionnel ?

– Très probablement. A cause de la méthode d’étranglement.

J’ai senti le flic que j’avais un jour été secouer violemment les barreaux de sa cage, mais je lui ai dit de se calmer. Il s’agissait d’une autre justice, à présent.

– Ça n’a aucun sens, j’ai dit. Qui paierait un tueur professionnel pour assassiner neuf prostituées ? Elles faisaient partie d’un programme de protection de témoins ?

L’homme a secoué la tête, attendant que je continue.

– Je ne comprends pas l’intérêt du Consortium… Une des filles était la petite amie de quelqu’un ?

Yeux-Bleus a secoué à nouveau la tête tout en écrasant son mégot dans le cendrier. Une autre possibilité plus angoissante m’est venue à l’esprit. Pour le royaume de l’ombre, il n’y avait rien de pire qu’un employé qui perdait les pédales. Ces types étaient plus dangereux que les agents doubles ou les repentis. Un potentiel incalculable de dommages collatéraux. Très, très mauvais pour le business.

– Le tueur… Il travaille pour le Consortium ?

Cette fois, Yeux-Bleus a acquiescé très lentement.

– Eric Hadji, aussi connu sous le surnom d’ « Eric le Rouge », pour des raisons évidentes. Tué il y a six ans pendant une mission d’interception à Los Angeles, qui a mal tourné. Son corps a été formellement identifié par le FBI. C’était l’un des meilleurs employés du Consortium.

– Mais…

– Mais, apparemment, il n’est pas mort.

– A moins qu’il ne s’agisse d’un imitateur.

Yeux-Bleus a hoché la tête avec réticence. J’ai compris que ce n’était pas la théorie la plus vraisemblable.

– Est-ce que le Consortium se doutait qu’Eric le Rouge assassinait des femmes à ses heures perdues ?

– Non, le Consortium ne le savait pas. Du moins, si le meurtrier actuel est bien Eric le Rouge. Mais voici ce qui est le plus troublant. Attendez…

Yeux-Bleus a récupéré quelque chose dans la poche de sa veste et l’a jeté sur le bureau. J’ai contemplé sans comprendre la petite brique de domino en plastique rouge.

– C’est quoi ? j’ai demandé au bout de quelques secondes de silence.

Yeux-Bleus n’attendait que ça.

– La signature d’Eric le Rouge. Il avait l’habitude de nous envoyer une brique après la réalisation de chaque contrat, pour nous prévenir que c’était fait.

J’ai ramassé la brique pour l’examiner.

– Celle-là aussi, il l’a envoyée ?

– Non, elle a été retrouvée sur le dernier cadavre. Enfin, dans le dernier cadavre, pour être exact. Au plus profond de son intimité.

J’ai reposé la pièce en essayant de dissimuler mon dégoût.

– Comment vous l’êtes-vous procurée ?

Yeux-Bleus a haussé les épaules et ressorti son paquet de cigarettes.

– Vous en voulez une ?

Cette fois j’ai accepté et nous avons partagé la flamme de son briquet.

– Comment on se l’est procurée ne vous regarde pas. Ce qui vous regarde, c’est que huit autres briques ont été retrouvées dans les cadavres. Et qu’elles correspondent.

– Elles correspondent ?

– Oui, comme dans un jeu de domino. L’un des côtés de la pièce doit correspondre à la moitié de la suivante. C’est ça, le jeu. C’était aussi la signature d’Eric Hadji. Comme un code, vous voyez ?

J’ai aspiré une longue bouffée.

– Pourquoi laisserait-il sa signature aujourd’hui ?

– Parce qu’il l’a toujours fait. Les tueurs adorent signer. Ils ne peuvent pas s’en empêcher. Comme les artistes.

C’était plausible. Nous connaissions bien les tueurs, tous les deux. Moi, à cause de mon job précédent. Et lui – parce que c’en était certainement un.

– Comment avez-vous appris, pour les filles ?

– Il y a cinq ans, un de nos informateurs londoniens nous a contactés. C’était à propos d’une pièce de domino. Le Consortium a dressé ses antennes. Lorsque la deuxième pièce est arrivée de Baltimore, le Consortium a placé tous ses correspondants en état d’alerte.

Yeux-Bleus a tapoté une des photos avec son index.

– Voilà ce que nous avons récolté jusqu’à maintenant.

– Tout est là ?

Yeux-Bleus a dissipé la fumée d’un geste agacé.

– On pense que oui. Toutes les pièces se suivent. Peut-être y a-t-il eu d’autres meurtres avant Londres, mais ça, je suppose qu’on ne le saura jamais.

J’ai croisé les bras sur mon ventre.

– Bon, qu’est-ce que je suis censé faire ? Précisément, je veux dire.

– Découvrir si c’est bien Hadji qui est derrière tout ça, bien sûr, ou si c’est un petit malin qui s’amuse à l’imiter. Puis le localiser. Nous n’aimons ni les fantômes, ni les sosies.