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Steven nourrit le rêve d’élire domicile dans une tiny house en France, mais se heurte très vite à de multiples écueils, tant administratifs que financiers. Après un séjour en clinique psychiatrique, il fait la découverte d’un chapeau aux pouvoirs mystérieux qui lui permet de remporter la loterie, rendant ainsi possible la réalisation de son projet. Pourtant, ce bonheur tant attendu s’avère éphémère. Sa tiny house, symbole de sa liberté retrouvée, est volée dans des circonstances troublantes. Commence alors pour Steven une quête semée d’embûches. Est-il voué à tout perdre à nouveau ?
À PROPOS DE L'AUTEUR
Simplice Cyrille Moussoki est titulaire d’un diplôme universitaire de technologie en génie industriel et maintenance. C’est en lisant les œuvres de Victor Hugo, Tchicaya U Tam'Si et Émile Zola qu’il a décidé de devenir écrivain. "La tiny house et le nain au chapeau" est sa première production littéraire.
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Seitenzahl: 218
Veröffentlichungsjahr: 2024
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Simplice Cyrille Moussoki
La tiny house
et le nain au chapeau
Roman
© Lys Bleu Éditions – Simplice Cyrille Moussoki
ISBN : 979-10-422-3940-4
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
À ma mère, Suzanne,
merci pour l’atelier d’écriture.
Steven était de corvée de ménage Chaque samedi après-midi. il était obligé de passer l’aspirateur et la serpillière dans toutes les pièces de son appartement de 70 m², sans oublier de dépoussiérer tous les meubles et de laver toutes les vitres, etc.
C’était le deal qu’il avait fait avec son épouse parce qu’il détestait l’idée d’aller faire les courses au centre commercial. En contrepartie, Laura, sa femme et Kimia, sa fille, s’occupaient des fameuses courses.
Cette décision commune datait de janvier 2004. Au début, Steven était très content d’être tranquille à la maison et de faire le ménage, mais plus le temps passait, plus il en avait marre de jouer le rôle de la fée du logis. Aussi, pensa-t-il naïvement, s’ils habitaient dans une petite maison, le temps consacré aux travaux ménagers serait moins important et il ne ferait plus souvent le ménage.
En y réfléchissant sérieusement, il avait d’abord pensé que ce serait mieux, pendant un an, de vivre dans une caravane ou bien dans un camping-car.
Alors, il ne tarda pas de soumettre cette idée à Laura :
Steven était assis dans l’un des canapés de la grande salle de séjour tandis que Laura, à la cuisine, préparait une mousse au chocolat.
Les deux pièces étaient attenantes. Ils habitaient actuellement dans un F3 au quartier ouest, dans la commune de Portes-lès-Valence dans la Drôme.
— Je suis claustrophobe, donc je refuse d’être confinée dans une caravane, j’aime les grands espaces, et je te signale que nous ne faisons pas partie de la communauté des gens du voyage !
Grand métis de 1,94 m, Steven avait une allure de baba cool. Blanche quant à elle, Laura mesurait 1,78 m et avait une taille de guêpe. Elle était toujours juchée sur des talons aiguilles et portait constamment des décolletés plongeants, même lorsqu’elle faisait la cuisine, comme en ce moment.
Laura était une fashion victim et une fanatique de la politique de la minceur ; l’un de ses sujets de prédilection était de parler à longueur de journée de son IMC, indice de masse corporelle.
— À Chabrillan, sur le terrain agricole que tu as hérité de ton père par exemple, répondit Steven.
Il était 11 h 30 et Steven regardait Turbo, son magazine dominical préféré sur M6. Dehors, la météo était très ensoleillée. Kimia avait passé la nuit chez Samantha, sa meilleure amie.
Quelqu’un sonna à l’interphone. À contrecœur, Steven se leva afin d’aller ouvrir. C’était Kimia, ouf ! il était temps qu’elle rentre !
Elle les embrassa à tour de rôle, puis alla s’asseoir dans le fauteuil informatique pour allumer sa tablette.
— Papa, maman, et si on déménageait pour aller habiter dans une tiny house ? dit-elle avec l’enthousiasme et l’insouciance de son âge.
— D’où te vient cette idée, et c’est quoi une Tiny House ? demanda Steven.
— Eh bien, je viens de regarder une vidéo sur YouTube : « Tiny House : les maisons du changement », c’est un programme diffusé à la télévision, sur France 2, et l’auteur de ce court métrage s’appelle : Tout compte fait. Bref, pour répondre à ta question papa, une tiny house, c’est généralement une minuscule maison en bois d’au moins 10 m², construite sur une remorque. C’est un concept qui vient des États-Unis d’Amérique et qui a permis aux Américains de faire face à la crise financière des Subprimes, expliqua Kimia.
Son prénom voulait dire : « La paix » en Lingala, une langue « Bantou » parlée en Afrique Centrale, en particulier sur les deux rives du fleuve Kongo.
Kimia était très fière d’étaler sa science, depuis qu’elle avait une copine qui parlait couramment l’anglais britannique et américain, l’adolescente ne ratait aucune occasion de faire étalage de ses connaissances linguistiques.
Âgée de 12 ans, Kimia avait la peau mate, ses cheveux étaient noués en une longue tresse africaine qui descendait jusqu’à la naissance de ses reins.
Les trois membres de la famille Chassaigne se réunirent autour de la tablette pour découvrir la fameuse tiny house.
À la fin de la petite séance vidéo, Steven déclara :
Ses yeux brillaient comme les diamants de l’Afrique ancestrale ; il était tout excité d’avoir fait cette mirobolante découverte.
— Merci, ma chérie, de nous avoir apporté cette idée lumineuse, dit-il en l’enlaçant.
— Moi, ça ne me rassure pas, et le fait de dormir dans une mezzanine ne m’intéresse pas, car je suis claustrophobe. En plus, je ne pourrais pas me tenir debout pour m’habiller puisque la hauteur entre le plancher et le plafond ne semble pas dépasser 1,20 m.
Kimia fit semblant d’aller aux toilettes, mais en réalité, elle essayait d’être hors de portée d’une éventuelle gifle que sa mère pourrait lui donner.
— Eh toi ! N’oublie pas que je suis toujours ta mère, donc tu n’as pas le droit de me parler sur ce ton-là, OK ?
Laura était vexée à cause du langage de sa fille. En guise de réponse, Kimia leva les mains, en signe de reddition.
Steven, lui, se mit immédiatement à rêvasser, cette mini-maison en bois lui rappellerait ses vacances d’été pendant son enfance au Congo-Brazzaville, lorsqu’ils vivaient dans une maison en bois à Pointe-Noire, la capitale économique du Congo-Brazzaville. Seulement, ladite maison n’avait ni eau ni électricité.
Le père de Steven était blanc et originaire de Crest tandis que sa mère était Africaine, une Congolaise de Pointe-Noire.
Cette ancienne colonie française est située en Afrique Centrale, et plus précisément au sud du Cameroun, coincé entre le Gabon, l’ex-Zaïre (actuelle RDC), la Centrafrique et l’Angola.
Ce dimanche-là, Steven ne s’intéressait plus momentanément aux belles voitures, il se mit à faire des recherches sur les tiny houses, il voulait notamment connaître les prix et les dimensions (longueur, largeur et hauteur), sans oublier la législation en vigueur en France concernant ces habitations mobiles.
Steven travaillait actuellement sur une ligne de production à l’usine Trigano VDL à Tournon-sur-Rhône en Ardèche, dont la spécialité est la fabrication des véhicules de loisirs : des caravanes et des camping-cars.
Du lundi au vendredi, chaque matin à 6 h 25, il prenait le bus et il rentrait le soir aux environs de 19 heures. Il ne pouvait donc pas se rendre au Service de l’urbanisme de la mairie de Portes-lès-Valence afin de se renseigner sur les différentes démarches administratives à suivre dans le but de vivre en toute légalité dans une tiny house dans sa commune.
C’est ainsi que le jeune homme patienta encore quelques semaines avant de trouver un créneau horaire pour l’après-midi de ce vendredi 20 mai. Ne travaillant pas ce jour-là, il en profita pour se rendre à la mairie.
La mairie de Portes-lès-Valence était un gigantesque bâtiment à l’architecture moderne, et en le regardant attentivement, Steven avait l’impression d’être en face d’un paquebot. Quant au Service de l’urbanisme, il se trouvait au second étage.
Steven se présenta alors à l’accueil du département de l’urbanisme, où il exposa son projet d’acquisition d’une tiny house, montrant des photos et les détails de ses dimensions. Cependant, les choses ne se passèrent pas comme il le souhaitait : un rendez-vous avec le responsable dudit service de l’urbanisme lui fut refusé. Il dut donc improviser en expliquant avec force détails son projet.
— Où voulez-vous installer votre tiny house ? lui demanda l’employée municipale qui le reçut.
— Je compte la stationner sur un terrain agricole appartenant à ma tante, dit-il.
— À quelle adresse ? Et comment s’appelle votre tante ?
— L’adresse est : 2, allée de Fribourg, 26800 Portes-lès-Valence… Son nom est Mme Delphine Chassaigne.
La fonctionnaire de la mairie était une fausse blonde chétive et à la mâchoire carrée, elle n’arrêtait pas de tripoter l’une des mèches rebelles de ses implants capillaires.
Elle consulta un fichier sur son ordinateur, puis elle leva son nez de l’écran et asséna :
— Je crains que votre projet ne soit irréalisable. En effet, le terrain de Mme Delphine Chassaigne se trouve dans une zone agricole. Par conséquent, elle est non constructible. D’après le PLU (plan local d’urbanisme), vous n’avez pas le droit d’y stationner une tiny house, d’autant plus que votre projet n’a rien à voir avec l’agriculture.
Elle marqua une pause.
Pendant ce temps, Steven bouillonnait de rage :
— Je ne comprends pas ! dit-il, en faisant un effort surhumain.
— Eh bien, pour avoir le droit d’installer votre tiny house dans notre commune, il faut que ce terrain soit viabilisé ; il doit impérativement être équipé de sanitaires et être relié aux égouts.
— C’est injuste, madame, je vous ai expliqué que ma mini-maison est off-grid. Dans la langue de Molière, cela veut dire qu’elle sera équipée d’un kit solaire de quinze panneaux solaires et de douze batteries, donc je n’aurai pas besoin de me raccorder au réseau EDF. De même, j’ai des toilettes sèches, donc je n’aurai pas besoin d’éventuels sanitaires situés à l’extérieur de ma tiny house. En plus, j’aurai au moins une micro-station d’épuration de la marque Biolan, c’est de la phytoépuration à base d’algues pour le traitement des eaux grises. Enfin, en ce qui concerne l’eau, je vais m’approvisionner chez ma tante, Mme Delphine Chassaigne, et je vous informe qu’il existe des Euro-Relais et parkings en Drôme et en Ardèche où je pourrais me ravitailler en eau potable parce que ma tiny house aura deux réservoirs de 300 litres chacun.
Une fois de plus, elle s’arrêta de parler, puis se gratta le nez.
Il y avait de l’agacement dans sa voix.
— Vous pourriez réaliser votre projet d’habiter à Portes-lès-Valence dans une tiny house à condition de trouver un terrain constructible à louer dans une zone urbaine. Dans ce cas, vous reviendrez me voir afin de compléter un dossier d’une demande de permis de construire d’une tiny house, peu importe sa surface habitable, ainsi qu’une autorisation de stationner au même endroit pendant plus de trois mois.
Steven rappela à cette fonctionnaire que sur Internet il était écrit que si une tiny house faisait moins de 20 m², son propriétaire n’aurait pas besoin d’un permis de construire délivré par la mairie du lieu de son habitation.
Mais cette employée municipale lui fit comprendre que c’était une fausse idée. Dans la vie réelle, avant de poser sa tiny house dans une commune, il faudrait au préalable obtenir des autorisations de la mairie. Et pour ceux qui auraient déjà cette autorisation qu’ils souhaiteraient renouveler, il faudrait entreprendre cette démarche administrative au moins un mois à l’avance.
Son interlocutrice regarda sa montre et déclara :
— J’ai beaucoup de travail, donc faites vite !
— Pouvez-vous m’indiquer une zone urbaine, à partir des cartes du PLU, où je pourrais installer ma tiny house à Portes-lès-Valence, s’il vous plaît ?
— Non, ce n’est pas mon projet et je n’ai pas le droit de vous livrer ce genre d’informations, au revoir, monsieur !
Steven la regarda d’un œil torve, il avait une soudaine envie de l’étrangler.
La fonctionnaire lui avait déjà tourné le dos, celui-ci était nu et constellé d’une multitude de taches de rousseur.
La bonne femme s’était replongée dans ses dossiers.
En somme, Steven n’était pas plus avancé.
En outre, il n’avait pas actuellement les capitaux nécessaires à la réalisation de son projet onirique.
Pour ce faire, il passa à son agence bancaire afin de prendre un rendez-vous avec sa conseillère financière.
Plus tard, lorsqu’il rentra chez lui, il retrouva sa femme et sa fille ; et il en profita pour se plaindre :
— Certains agents de la Mairie de Portes-lès-Valence ne sont pas sympathiques…
— Chéri, je pense que tu mets un peu la charrue avant les bœufs, n’est-ce pas ?
— Non, sans blague ! Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi, hein ? s’énerva-t-il.
Les veines de son cou étaient devenues saillantes à cause de sa colère et de sa frustration. Steven foudroyait sa femme du regard.
— Relaxe-toi, baby, OK ? Moi, je suis de ton côté, on va aller voir la banquière afin d’obtenir un crédit immobilier puis on prendra contact avec la Tiny House France ou bien Baluchon… Toutefois, si tu ne veux pas sortir de notre belle région, tu pourrais t’adresser à la SCOP Optinid basée à Artemare code postal 01510 ou bien à Origine House à Collonges, au mont d’Or, c’est à côté de Lyon.
Toute la famille Chassaigne se trouvait dans la salle de séjour, mais personne ne parlait. Le silence était devenu trop pesant et le week-end commençait très mal.
Pour détendre l’atmosphère, Laura entreprit de faire un massage à son époux.
— Kimia, va chercher une bière pour ton père !
— D’accord, maman, et toi, tu veux boire quelque chose ? Parce que moi aussi j’ai tellement soif que je boirais volontiers toute l’eau du Rhône, plaisanta-t-elle.
Après avoir bu une gorgée de sa bière, Kronenbourg 1666, Steven commençait à se détendre :
— Il paraît que l’eau du Rhône est radioactive, déclara-t-il.
— Je n’en sais rien, papa, je ne suis ni chimiste ni un lanceur d’alertes afin d’en faire des analyses, donc j’ai juste essayé d’amuser la galerie.
Par la suite, Steven et Laura essayèrent de démarcher auprès des autres mairies des communes limitrophes, mais ils ne réussirent pas à convaincre leurs interlocuteurs. Toutefois, à Étoile-sur-Rhône, le maire leur proposa d’aller s’installer sur le camping municipal prévu pour les caravanes et les camping-cars. Or ce jeune couple rêvait de continuer à habiter à Portes-lès-Valence où leur fille avait ses amies. En plus, Laura, infirmière libérale, travaillait souvent dans sa commune et à Valence Sud, elle ne voulait pas aller s’installer en Ardèche.
En poursuivant ses recherches, Steven découvrit qu’il y avait d’autres fabricants de mini maisons dans la région de Rhône-Alpes Auvergne, à l’exemple de Menuiserie Reynaud à Bourg-Saint-Andéol, en Ardèche. Il y avait aussi le site www.mapetitemaison.com à Thonon-les-Bains, sans oublier l’entreprise Woody-way.com, basée non loin de la frontière suisse, qui fabriquait de très beaux modèles.
Huit jours plus tard, Steven et Laura se rendirent à leur agence bancaire située à proximité de la mairie.
Après une dizaine de minutes d’attente, ils furent reçus par leur conseillère financière. C’était une Antillaise qui portait un tailleur marron clair en lin. Elle était svelte et avait un fort accent drômois :
Ce fut Laura qui prit d’abord la parole :
— Nous sommes venus vous voir parce que nous avons besoin d’un prêt bancaire, mais mon mari est mieux placé pour vous expliquer notre projet…
Steven s’éclaircit la voix. Pour la circonstance, il portait un blazer bleu et un pantalon blanc :
— Eh bien, nous sommes venus vous demander un crédit immobilier parce que nous avons le projet de nous faire construire une tiny house.
— Ah d’accord, je vois ! Vous voulez vivre dans une habitation alternative, n’est-ce pas ?
La banquière était très éloquente. Elle consulta tous les comptes bancaires de ce couple avant de se prononcer :
Steven sortit l’original de son contrat d’une chemise cartonnée puis le montra à sa conseillère financière.
— C’est très bien, mais vous avez déjà contracté un crédit auto chez nous, et il vous reste encore dix-huit mensualités de 250 € par mois à régler, soit au total 4500 euros. Et le mois passé, vous avez eu un retard de payement, alors je ne peux plus vous faire confiance.
Steven n’avait pas pu payer sa mensualité, car il avait eu une obligation morale ou filiale de payer les frais médicaux d’un cousin qui vit en Afrique. En fait, il n’y a pas de sécurité sociale au Congo-Brazzaville. En plus, le cousin en question était au chômage.
— Oui, je sais, mais cela ne se reproduira plus jamais, madame.
— Je me contente de voir les faits… D’autre part, votre salaire actuel est de 1200 € par mois, en tenant compte de vos dépenses mensuelles et du salaire de votre épouse, c’est insuffisant. D’après la loi, vous ne pouvez pas vous endetter à un taux qui dépasse 33 % de vos revenus mensuels.
La banquière leur posa de nombreuses autres questions et prenait des notes dans un calepin, notamment sur les fameuses dépenses mensuelles, puis elle en conclut qu’il ne serait pas raisonnable qu’ils puissent avoir un nouveau crédit sur le dos.
En plus, la banque n’accorde de crédit immobilier que pour des habitations qui ont des fondations. En fait, si vous avez une maison mobile, vous pourriez facilement vous volatiliser dans la nature, donc la banque ne pourrait pas saisir votre tiny house afin de la revendre. Pourtant, si vous achetez un appartement ou une maison, en cas de litige, la banque pourrait facilement revendre le bien immobilier afin de récupérer son argent…
Steven n’apprécia pas la décision de leur conseillère financière, il se mit à argumenter :
— Notre loyer actuel est de 506 euros, soit 6072 € l’an, nous souhaiterions un prêt bancaire pour une durée de 10 ans, soit un remboursement en 120 mensualités, ce qui représenterait un emprunt de 60 000 € avec un TEG fixe de 10 % maximum par exemple…
En résumé, Steven et Laura devraient rembourser des mensualités de 550 € par mois, mais la banque venait de leur accorder un refus parce que Steven avait déjà un crédit à rembourser, on ne peut pas souscrire à un second crédit afin de rembourser le premier.
— Je suis désolée, M. Chassaigne, tant que vous n’aurez pas épongé votre prêt bancaire actuel, je ne pourrais rien faire pour vous aider. Bref, je vous conseille de différer la réalisation de votre projet immobilier.
Steven portait le masque de la déception, son pouls s’accéléra et il rentra dans une colère noire. Mais pour Laura, ce refus ne changerait pas grand-chose à sa vie, pourtant elle était quand même un peu triste pour son mari.
Cependant, la conseillère financière resta impassible et insensible au malheur de Steven ; ce dernier menaça en vain de transférer tous leurs comptes dans un autre établissement bancaire et d’annuler si possible tous leurs contrats d’assurance auto, de responsabilité civile et d’habitation, etc. Malgré cela, la banquière resta de marbre, prétextant qu’on ne prend pas une telle décision sur un coup de tête et que cela pourrait avoir des conséquences désastreuses sur leurs finances… Steven était désespéré.
Petit à petit, il sombra dans une dépression nerveuse, car il souffrait maintenant des maux de tête intermittents. En plus, à cause de ses sautes d’humeur, la vie de famille devint très vite un cauchemar. Pour essayer de régler cette affaire, Laura suggéra à son mari d’aller consulter un psychiatre.
— Steven, tu n’as pas le droit de nous pourrir la vie à cause d’une banale histoire de tiny house, ressaisis-toi, s’il te plaît, mon Baby, plaida-t-elle.
— Je suis né libre, je vis dans un pays de droits et non dans une dictature bananière, donc j’ai le droit de choisir le type d’habitation qui me plaît, peu importe les manœuvres de la banque ou de la mairie pour m’empêcher de réaliser mon rêve, mon projet immobilier.
Les mains de Steven tremblaient, tout son corps était parcouru de spasmes, il s’énervait facilement, le démon de la convoitise avait pris le contrôle de tout son être et il était grand temps de faire quelque chose avant que la situation ne dégénère.
Ce jour-là, Steven se rendit au cabinet médical du Dr Alexandre Stepanowitch, situé au numéro 327 de l’avenue Victor Hugo à Valence.
Il se présenta à l’accueil et attendit sagement son tour, car la salle d’attente était pleine à craquer.
Au bout de quinze minutes, ce fut son tour, le psychiatre vint le chercher :
On se serait cru à l’école maternelle.
Le médecin était un vieil homme proche de la retraite, il arborait une chevelure poivre et sel, ses longs cheveux étaient noués en une queue-de-cheval et il portait un costume bleu en velours. Son regard était perçant et il dégageait une certaine aura très apaisante pour ses patients.
Ils s’installèrent dans la salle des consultations.
Sa voix était à elle seule une véritable symphonie de Beethoven.
— Je pense que je suis devenu dépressif.
— Ah bon, vous avez déjà fait votre diagnostic vous-même ! Donc vous n’avez plus besoin de moi, n’est-ce pas ? plaisanta-t-il.
— Eh bien, je suis désolé Docteur, hélas je ne suis pas psychiatre et je n’ai pas la science infuse, donc j’ai encore besoin de vous.
Steven le suppliait du regard, il avait l’air d’un chien abattu. En plus, il transpirait abondamment.
Le psy lui posa de nombreuses questions afin de savoir depuis quelle période il avait commencé à souffrir et quels ont été les causes, les éléments déclencheurs de sa pathologie.
Le bureau du psychiatre était bien rangé, les murs de la pièce étaient d’une blancheur irréprochable, même son sol brillait comme une étoile dans la nuit.
— Bon, pour commencer, je vais vous envoyer chez un collègue spécialiste des addictions aux jeux de hasard.
Il faut préciser que Steven était devenu un joueur compulsif des jeux de hasard, il rêvait même de gagner au loto.
— Ah bon ! Cela veut dire que vous-même vous ne pouvez pas m’aider, hein ?
— Non, ne cherchez pas à interpréter mes paroles, je sais ce que je fais… Je vais vous faire subir immédiatement une séance d’hypnose, lâcha-t-il, tout en fixant Steven droit dans ses yeux.
Dès que Steven entendit le mot « Hypnose », son cerveau fit un tilt :
— Non, Docteur, je refuse, je suis contre l’hypnose et je ne peux pas permettre à un psy de rentrer dans ma tête. Ne pouvez-vous faire autrement ?
— M. Chassaigne, je n’ai pas le pouvoir de rentrer dans votre tête, mais je sais pratiquer une psychothérapie à base de l’hypnose… Donc soit vous me faites confiance, soit vous allez voir ailleurs si j’y suis !
Pour la première fois depuis le début de cette consultation, l’homme des sciences commençait à perdre patience.
— Docteur Stepanowitch, j’ai ouï-dire que pour pratiquer l’hypnose, il faut que le praticien soit capable de rentrer en contact avec un démon familier ou bien un esprit impur qui va lui révéler tous les secrets de l’existence du patient. Or moi je suis catholique et suis contre le satanisme, les démons sont, en quelque sorte, les enfants ou les ouvriers de Satan, le diable.
D’un point de vue scientifique ou médical, cette explication était farfelue, elle laissa le psychiatre sans voix.
Et si d’un point de vue spirituel, Steven avait raison ?
— Oui.
— Alors, dites-moi, comment je fais pour rentrer en contact avec votre esprit familier ?
— Eh bien, vous allez sans doute faire une incantation, un appel au démon, parce que vous avez appris cela, on ne s’improvise pas hypnotiseur. En d’autres termes, cette pseudoscience n’est pas à la portée du commun des mortels.
— Bon, je pense que je vais vous envoyer faire un petit séjour dans une clinique psychiatrique à Remoulins afin de vous remettre les idées en place.
— Merci Docteur, ainsi donc vous préférez vous débarrasser de moi en m’envoyant dans un asile d’aliénés, n’est-ce pas ?
— Peu importe ce que vous pensez, j’ai le devoir de vous protéger contre vous-même…
Le psychiatre pensait que Steven souffrait d’une dépression nerveuse aiguë et qu’il était sujet à la paranoïa. Selon lui, il affabulait sur l’existence hypothétique des démons ainsi que pour leur soi-disant pouvoir de révéler des secrets familiaux.
En attendant le départ pour la clinique psychiatrique, le psychiatre mit Steven sous traitement et lui prescrivit une ordonnance.
C’est ainsi que Steven effectua un séjour médical à la clinique psychiatrique de Remoulins, à proximité du célèbre Pont du Gard.
Merci, Docteur Stepanowitch, pour la visite touristique du Pont du Gard.
Avant son hospitalisation, Steven ne travaillait plus bien à Trigano VDL, son chef d’atelier menaçait d’en référer à la DRH afin de le virer pour non-respect des clauses de son CDI, car il accumulait de nombreuses absences injustifiées. Et contrairement à ses habitudes, il faisait de plus en plus d’erreurs de montage.
Pour ce faire, Steven fut même convoqué dans le bureau de la DRH qui lui remit en mains propres une lettre de blâme, mais cela ne changea rien. Il s’énervait toujours pour un oui ou pour un non, même à la maison ; il était d’une humeur massacrante.
La situation était tellement grave que Laura ne savait plus ce qu’elle devait faire pour aider son mari et pour sauver leur couple qui s’était dangereusement rapproché du bord du gouffre.
Laura se demandait même si les sentiments qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre étaient suffisamment solides pour que leur couple puisse résister à cette épreuve.
Attendons de voir !