La Vie et la Mort du Roi Richard II (Richard II in French) - William Shakespeare - E-Book

La Vie et la Mort du Roi Richard II (Richard II in French) E-Book

William Shakespeare

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Beschreibung

Pièce d'histoire de Shakespeare, traduite en français par François Pierre Guillaume Guizot (1787 - 1874), historien français et homme d'État. Publié en 1862. Selon Wikipédia: "Le roi Richard II est une pièce d'histoire de William Shakespeare qui serait écrite vers 1595. Elle est basée sur la vie du roi Richard II d'Angleterre (régné entre 1377 et 1399) et est la première partie d'une tétralogie, appelée par certains érudits comme Henriad, suivie de trois pièces concernant les successeurs de Richard: Henri IV, Partie 1, Henry IV, Partie 2, et Henry V. Il peut ne pas avoir été écrit comme une œuvre autonome "

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LA VIE ET LA MORT DU ROI RICHARD II, TRAGÉDIE PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other collections of Shakespeare histories in French translation (by M. Guizot):

Le Roi Jean

Henri IV, Première Partie

Henri IV, Deuxième Partie

Henri V

Henri VI Première Partie

Henri VI Seconde Partie

Henri VI Troisième Partie

La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

Le Roi Henry VIII

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Ce document est tiré de: OEUVRES COMPLÈTES DE SHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUE AVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEARE DES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES

PARIS A LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUE DIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS 35, QUAI DES AUGUSTINS, 1862

NOTICE SUR LA VIE ET LA MORT DU ROI RICHARD II

PERSONNAGES

ACTE PREMIER

SCÈNE I. Londres.--Un appartement dans le palais.

SCÈNE II,  La scène est toujours à Londres, dans le palais du duc de Lancastre.

SCÈNE III,  Gosford-Green, près de Coventry.--Lice préparée avec un trône; hérauts, etc., suite.

SCÈNE IV,  La scène est toujours à Coventry.--Un appartement dans le château du roi.

ACTE DEUXIÈME

SCÈNE I,  Un appartement à Ely-House.

SCÈNE II,  La scène est toujours en Angleterre.--Un appartement dans le palais.

SCÈNE III,  Les landes du comté de Glocester.

SCÈNE IV[17],  Un camp dans le pays de Galles.

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I,  Le camp de Bolingbroke devant Bristol.

SCÈNE II,  Les côtes du pays de Galles.--On aperçoit un château.

SCÈNE III,  La scène est dans le pays de Galles, devant le château de Flint.

SCÈNE IV,  La scène est à Langley dans le jardin du duc d'York.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I,  A Londres.--La salle de Westminster.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I,  Une des rues conduisant à la Tour.

SCÈNE II,  La scène est toujours à Londres.--Un appartement dans le palais du duc d'York.

SCÈNE III,  La scène est à Windsor.--Un appartement dans le château.

SCÈNE IV,  Entrent EXTON et UN SERVITEUR.

SCÈNE V,  Pomfret.--La prison du château.

NOTICE SUR LA VIE ET LA MORT DU ROI RICHARD II

 A mesure que Shakspeare avance vers les temps modernes de l'histoire de son pays, les chroniques sur lesquelles il s'appuie concourent plus exactement avec l'histoire véritable; et déjà, dans la Vie et la Mort de Richard II, les détails que lui fournit Hollinshed s'écartent peu des données historiques parvenues jusqu'à nous avec une certaine authenticité. A l'exception du personnage de la reine, pure invention du poëte, et abstraction faite du désordre que met dans la chronologie la négligence de Shakspeare à conserver aux événements leurs distances respectives, les faits contenus dans cette tragédie ne diffèrent en rien des récits historiques, si ce n'est sur le genre de mort qu'on fit subir à Richard. Hollinshed, qui a copié d'autres chroniqueurs, à donné à Shakspeare la relation qu'il a suivie; mais l'opinion la plus vraisemblable, et qui s'accorde le mieux avec le soin qu'on eut d'exposer publiquement Richard après sa mort, c'est qu'on le fit mourir de faim. Cette attention à sauver du moins les apparences matérielles du crime dont on s'inquiétait peu d'éviter le soupçon, commençait à s'introduire dans la féroce politique du temps; et Richard lui-même avait fait étouffer entre des matelas le duc de Glocester qu'il tenait prisonnier à Calais, publiant ensuite qu'il était mort d'une attaque d'apoplexie. Outre le penchant de Shakspeare à suivre fidèlement le guide historique qu'il avait une fois adopté, cette version lui permettait de conserver au caractère de Bolingbroke l'intérêt qu'il a répandu sur lui dans les les deux parties de Henri IV. Le choix entre différentes versions est d'ailleurs le droit le moins contesté et le moins contestable des auteurs dramatiques.

La tragédie de Richard II est donc, généralement parlant, assez conforme à l'histoire; et la manière dont le poëte a représenté la déposition de Richard et l'avénement au trône de Henri de Lancastre paraît singulièrement d'accord avec ce que dit Hume au sujet de cet avénement: «Il (Henri IV) devint roi, sans que personne pût dire comment ni pourquoi.» Mais il faut être, comme l'était Hume, tout à fait étranger au spectacle des révolutions, pour être embarrassé à dire comment et pourquoi le duc de Lancastre, après avoir agi quelque temps au nom du roi qu'il tenait prisonnier, se mit sans aucune peine à sa place. Shakspeare n'a pas cru nécessaire de l'expliquer: Richard est parti de Flintcastle avec le nom de roi à la suite de Bolingbroke; nous le revoyons signant sa propre déposition. Le poëte ne nous indique en aucune manière ce qui s'est passé; mais pour ne pas deviner comment s'est accomplie la chute de Richard, il faudrait que nous eussions bien mal compris ce qui nous a été présenté du spectacle de ses premières disgrâces: la conversation du jardinier avec ses garçons en complète le tableau en nous révélant leur effet sur l'opinion. C'est un trait de l'art de Shakspeare pour nous faire assister à toutes les parties de l'événement; il nous transporte toujours là où il frappe ses coups les plus décisifs, tandis que loin de nos yeux l'action poursuit son cours, et se contente de nous retrouver toujours au but.

Bien que cette tragédie ait été intitulée la Vie et la Mort de Richard II, elle ne comprend que les deux dernières années de ce prince, et ne contient qu'un seul événement, celui de sa chute, catastrophe à laquelle tout marche dès le début de la pièce. Cet événement a été considéré sous différentes faces, et une anecdote assez singulière nous a révélé l'existence d'une autre tragédie sur le même sujet, antérieure, à ce qu'il paraît, à celle de Shakspeare, et traitée dans un esprit tout différent. Quelques-uns des partisans du comte d'Essex, le jour qui précéda son extravagante tentative, voulurent faire jouer une tragédie où, comme dans celle de Shakspeare, on voyait Richard II déposé et tué sur le théâtre. Les acteurs leur ayant représenté que la pièce était tout à fait hors de mode et ne leur attirerait pas assez de monde pour couvrir leurs frais, sir Gilly Merrick, l'un d'entre eux, leur donna quarante shillings en sus de la recette. Ce fait est rapporté au procès de sir Gilly, et servit à sa condamnation.

L'entreprise du comte d'Essex eut lieu en 1601, et la pièce de Shakspeare avait paru, à ce qu'on croit, dès l'an 1597. Malgré cette antériorité, personne ne sera tenté de soupçonner qu'une pièce de Shakspeare ait pu figurer dans une entreprise factieuse contre Élisabeth. D'ailleurs la pièce en question paraît avoir été connue sous le titre de Henri IV, non sous celui de Richard II; et l'on est même fondé à croire que l'histoire de Henri IV en était le véritable sujet, et la mort de Richard seulement un incident. Mais, pour lever toute espèce de doute, il suffit de lire la tragédie de Shakspeare; la doctrine du droit divin y est sans cesse présentée accompagnée de cet intérêt que font naître le malheur et le spectacle de la grandeur déchue. Si le poëte n'a pas donné à l'usurpateur cette physionomie odieuse qui produit la haine et les passions dramatiques, il suffit de lire l'histoire pour en comprendre la cause.

Ce n'est pas un fait particulier à Richard II et à sa destinée, dans l'histoire de ces temps désastreux, que ce vague de l'aspect moral sous lequel se présentent les hommes et les choses, et qui ne permet aux sentiments de s'attacher à rien avec énergie, parce qu'ils ne peuvent se reposer sur rien avec satisfaction. Des partis toujours aux prises pour s'arracher le pouvoir, tour à tour vaincus et méritant leur défaite, sans que jamais un seul ait mérité la victoire, n'offrent pas un spectacle très-dramatique, ni très-propre à porter nos sentiments et nos facultés à ce degré d'exaltation qui est un des plus nobles buts de l'art. La pitié y manque souvent à l'indignation, et l'estime presque toujours à la pitié. On n'est pas embarrassé à trouver les crimes du plus fort, mais on cherche avec anxiété les vertus du plus faible: et le même effet se reproduit dans le sens contraire: des folies, des déprédations, des injustices, des violences ont amené la chute de Richard, l'ont rendue inévitable, et elles nous détachent de lui sous ce double rapport que nous le voyons se perdre lui-même et impossible à sauver. Cependant il serait aisé de trouver au moins autant de crimes dans le parti qui triomphe de son abaissement. Shakspeare pourrait, à peu de frais, amasser contre les rebelles des trésors d'indignation qui soulèveraient tous les coeurs en faveur du souverain légitime: mais un des principaux caractères du génie de Shakspeare, c'est une vérité, on peut dire une fidélité d'observation qui reproduit la nature comme elle est, et le temps comme il se présente: celui-là ne lui offrait ni héros supérieurs à leur fortune, ni victimes innocentes, ni dévouements héroïques, ni passions imposantes; il n'y trouvait que la force même des caractères employée au service des intérêts qui les rabaissent, la perfidie considérée comme moyen de conduite, la trahison presque justifiée par le principe dominant de l'intérêt personnel, la désertion presque légitimée par la considération du péril que l'on courrait à demeurer fidèle; c'est aussi là tout ce qu'il a peint. C'est, à la vérité, le duc d'York, personnage dont l'histoire nous fait connaître l'incapacité et la nullité, qu'il a choisi pour représenter ce dévouement toujours si ardent pour l'homme qui gouverne, cette facilité à transmettre son culte du pouvoir de droit au pouvoir de fait, et vice versa, se réservant, seulement pour son honneur, des larmes solitaires en faveur de celui qu'il abandonne. Pour quiconque n'a pas vu la fortune se jouant avec les empires, ce personnage ne serait que comique; mais pour qui a assisté à de pareils jeux, n'est-il pas d'une effrayante vérité?

Dans un pareil entourage, où Shakspeare pouvait-il puiser ce pathétique qu'il aurait aimé à répandre sur le spectacle de la grandeur déchue? Lui qui a donné au vieux Lear, dans sa misère, tant de nobles et fidèles amis, il n'en a pu trouver un seul à Richard; le roi est tombé dépouillé, nu, entre les mains du poëte comme de son trône, et c'est en lui seul que le poëte a été obligé de chercher toutes les ressources: aussi le rôle de Richard II est-il une des plus profondes conceptions de Shakspeare.

Les commentateurs sont en grande discussion pour savoir si c'est à la cour de Jacques ou à celle d'Élisabeth que Shakspeare a pris les maximes qu'il professe assez communément en faveur du droit divin et du pouvoir absolu. Shakspeare les a prises ordinairement dans ses personnages mêmes; et il lui suffisait ici d'avoir à peindre un roi élevé sur le trône. Richard n'a jamais imaginé qu'il fût ou pût être autre chose qu'un roi; sa royauté fait à ses yeux partie de sa nature; c'est un des éléments constitutifs de son être qu'il a apporté avec lui en naissant, sans autre condition que de vivre: comme il n'a rien à faire pour le conserver, il n'est pas plus en son pouvoir de cesser d'en être digne que de cesser d'en être revêtu: de là son ignorance de ses devoirs envers ses sujets, envers sa propre sûreté, son indolente confiance au milieu du danger. Si cette confiance l'abandonne un instant à chaque nouveau revers, elle revient aussitôt, doublant de force à mesure qu'il lui en faut davantage pour suppléer aux appuis qui s'écroulent successivement. Arrivé enfin au point où il ne lui est plus possible d'espérer, le roi s'étonne, se regarde, se demande si c'est bien lui. Une autre espèce de courage s'élève alors en lui; c'est celui que donne un malheur tel que l'homme qui le subit s'exalte par la surprise où le plonge sa propre situation; elle devient pour lui l'objet d'une si vive attention qu'il ose la considérer sous tous ses rapports, ne fût-ce que pour la comprendre; et par cette contemplation il échappe au désespoir, et s'élève quelquefois à la vérité, dont la découverte calme toujours à un certain point: mais ce calme est stérile, et ce courage inactif; il soutient l'esprit, mais il tue l'action: aussi toutes les actions de Richard sont-elles de la dernière faiblesse; ses réflexions mêmes sur son état actuel décèlent un sentiment de sa nullité qui descend, en de certains moments, presque à la bassesse: et qui pourrait le relever, lui qui, en cessant d'être roi, a perdu, dans sa propre opinion, la qualité distinctive de son être, la dignité de sa nature? Il se croyait précieux devant Dieu, soutenu par son bras, armé de sa puissance; déchu de ce rang mystérieux où il s'était placé, il ne s'en connaît plus aucun sur la terre; dépouillé de la force qu'il croyait son droit, il ne suppose pas qu'il lui en puisse rester aucune: aussi ne résiste-t-il à rien; ce serait essayer ce qu'il suppose impossible: pour réveiller son énergie, il faut qu'un danger pressant, soudain, provoque, pour ainsi dire, à son insu, des facultés qu'il désavoue: attaqué dans sa vie, il se défend et meurt avec courage. Pour en avoir eu toujours, il lui a manqué de savoir ce que vaut un homme.

Il ne faut point chercher dans Richard II, non plus que dans la plupart des pièces historiques de Shakspeare, un caractère de style particulier: la diction en est peu travaillée; assez souvent énergique, elle est souvent aussi d'un vague qui laisse la raison absolument maîtresse de décider sur le sens des expressions, que ne détermine aucune règle de syntaxe.

Cette pièce est toute en vers, et en grande partie rimée. L'auteur paraît y avoir fait des changements depuis la première édition, publiée en 1597. La scène du procès de Richard, en particulier, manque tout entière dans cette édition, et se trouve pour la première fois dans celle de 1608.

PERSONNAGES

LE ROI RICHARD II.

EDMOND DE LANGLEY,    }

  duc d'York,         }     oncles du

JEAN DE GAUNT, duc de }      roi.

  Lancastre.          }

HENRI, surnommé BOLINGBROKE,

  duc d'Hereford, fils de Jean de Gaunt,

  ensuite roi d'Angleterre sous le nom

  de Henri IV.

LE DUC D'AUMERLE, fils du duc

  d'York.

MOWBRAY, duc de Norfolk.

LE DUC DE SURREY.

LE COMTE DE SALISBURY.

LE COMTE DE BERKLEY[1].

BUSHY,      }

BAGOT,      } créatures du roi Richard.

GREEN,      }

LE COMTE DE NORTHUMBERLAND.

HENRI PERCY, fils de Northumberland.

LORD ROSS.

LORD WILLOUGHBY.

LORD FITZWATER.

L'ÉVÊQUE DE CARLISLE.

L'ABBÉ DE WESTMINSTER.

LE LORD MARÉCHAL.

SIR PIERCE D'EXTON.

SIR ÉTIENNE SCROOP.

LE CAPITAINE d'une bande de Gallois.

LA REINE, femme de Richard.

LA DUCHESSE DE GLOCESTER.

LA DUCHESSE D'YORK.

Dames de la suite de la reine. Lords, hérauts, officiers, soldats,

deux jardiniers, un gardien, un messager, un valet d'écurie, et

autres personnes de suite.

[Note 1: On remarque que ce titre de comte de Berkley, donné à lord Berkley, est un anachronisme, et que les lords Berkley ne furent faits comtes que dans un temps très-postérieur à celui de Richard.]

 La scène se passe successivement dans plusieurs parties de l'Angleterre et du pays de Galles.

ACTE PREMIER

SCÈNE I. Londres.--Un appartement dans le palais.

Entrent LE ROI RICHARD avec sa suite, JEAN DE GAUNT et d'autres nobles avec lui.

 RICHARD.--Vieux Jean de Gaunt, vénérable Lancastre, as-tu, comme tu t'y étais engagé par serment, amené ici ton fils, l'intrépide Henri d'Hereford, pour soutenir devant nous l'injurieux défi qu'il adressa dernièrement au duc de Norfolk, Thomas Mowbray, et dont nous n'eûmes pas alors le loisir de nous occuper?

GAUNT.--Oui, mon souverain, je l'ai amené.

RICHARD.--Réponds-moi encore: l'as-tu sondé? sais-tu s'il l'a défié, poussé par une vieille haine, ou s'il a cédé à la vertueuse colère d'un bon sujet, fondée sur quelque trahison dont il sache Mowbray coupable?

GAUNT.--Autant que j'ai pu le pénétrer sur cette question, c'est sur la connaissance de quelque danger dont Mowbray menace Votre Altesse, et non par aucune haine invétérée.

RICHARD.--Fais-les comparaître tous deux en notre présence; nous voulons entendre nous-même l'accusateur et l'accusé parler librement face à face, et se menaçant l'un l'autre du regard. (Sortent quelques-uns des gens de la suite du roi.) Ils sont tous deux hautains, pleins de colère, et, dans leur fureur, sourds comme la mer, impétueux comme la flamme.

(Rentrent les serviteurs avec Bolingbroke et Norfolk.)

BOLINGBROKE.--Que de longues années d'heureux jours échouent en partage à mon gracieux souverain, à mon bien-aimé seigneur!

NORFOLK.--Puisse chaque jour ajouter au bonheur de la veille, jusqu'à ce que le ciel, envieux des félicités de la terre, ajoute à votre couronne un titre immortel!

RICHARD.--Nous vous remercions tous deux: cependant il y en a un de vous qui n'est qu'un flatteur, à en juger par le sujet qui vous amène, c'est-à-dire l'accusation de haute trahison que vous portez l'un contre l'autre.--Cousin Hereford, que reproches-tu au duc de Norfolk, Thomas Mowbray?

BOLINGBROKE.--D'abord (et que le ciel prenne acte de mes paroles!) c'est excité par le zèle d'un sujet dévoué, et en vue de la précieuse sûreté de mon prince, que, libre d'ailleurs de toute autre haine illégitime, je viens ici le défier en votre royale présence.--Maintenant, Thomas Mowbray, je me tourne vers toi, et remarque le salut que je t'adresse; car ce que je vais dire, mon corps le soutiendra sur cette terre, où mon âme, divine, en répondra dans le ciel. Tu es un traître et un mécréant, de trop bon lieu pour ce que tu es, et trop méchant pour mériter de vivre, car plus le ciel est pur et transparent, plus affreux paraissent les nuages qui le parcourent; et pour te noter plus sévèrement encore, je t'enfonce dans la gorge une seconde fois le nom de détestable traître, désirant, sous le bon plaisir de mon souverain, ne point sortir d'ici que mon épée, tirée à bon droit, n'ait prouvé ce que ma bouche affirme.