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Extrait : "PACIFIQUE : Ainsi le patron n'est pas là ? LE GARÇON : Non, monsieur Pacifique, non, il n'y est pas. PACIFIQUE : Vous lui ferez assavoir qu'il y a un nouveau règlement de police introduit à l'endroit des maîtres d'hôtel. LE GARÇON : Et lequel ? PACIFIQUE : Celui d'exiger les passeports des voyageurs, et surtout ceux des voyageuses... Et, quand les passeports seront absents, de faire, dans les vingt-quatre heures, un rapport motivé à la police."
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Seitenzahl: 38
Veröffentlichungsjahr: 2015
EAN : 9782335050332
©Ligaran 2015
COMÉDIE EN UN ACTE, EN PROSE
EN SOCIÉTÉ AVEC M. EUGÈNE NUS
Gymnase-Dramatique. – 15 décembre 1849.
Un salon d’auberge. – Porte au fond, et portes à gauche ; fenêtre à droite. Au premier plan, à droite, une cheminée avec glace ; à gauche, une table.
CONRAD DE FRANCARVILLE, capitaine de vaisseau.
CLAIRE DE BEAUFORT.
PACIFIQUE, brigadier de gendarmerie.
UN GARÇON D’HÔTEL.
UNE FILLE D’HÔTEL.
À Calais, en 1848.
Pacifique, un garçon.
Ainsi le patron n’est pas là ?
Non, monsieur Pacifique, non, il n’y est pas.
Vous lui ferez assavoir qu’il y a un nouveau règlement de police introduit à l’endroit des maîtres d’hôtel.
Et lequel ?
Celui d’exiger les passeports des voyageurs, et surtout ceux des voyageuses… Et, quand les passeports seront absents, de faire, dans les vingt-quatre heures, un rapport motivé à la police.
Mais, monsieur Pacifique, ce règlement-là, il a toujours existé.
Seulement, on oubliait de le mettre à exécution.
Pour les voyageurs, je comprends encore cela ; mais, pour les voyageuses, je ne comprends pas.
D’abord, il est inutile que vous compreniez, jeune homme… Nonobstant, je veux bien vous dire qu’un grand crime a été commis par un personnage du sexe féminin, âgé de vingt et un ans, taille d’un mètre cinquante-neuf centimètres, yeux bleus, cheveux noirs, teint pâle, et qu’il s’agit pour l’autorité de mettre la main sur cette individuelle.
Qu’a-t-elle donc fait ?
Elle a empoisonné son époux, un baron allemand, et elle ambitionne de passer en Angleterre pour convoler derechef avec un milord anglais.
Ah ! pauvre petite femme !… Et vous voulez l’arrêter pour cela, pour avoir empoisonné un Allemand ?…
Jeune homme, de quelque paillis qu’il soit, un époux est toujours un homme… La société et la morale ont été outragées, la société et la morale demandent vengeance… Si donc vous n’apportez pas les passeports, je les y viendrai prendre Adieu, jeune homme ; vous voilà prévenu.
Adieu, monsieur Pacifique.
(Le Brigadier sort.)
Le garçon, seul.
Est-il maniéré, ce monsieur Pacifique, avec sa morale et sa société ?… Je vous demande un peu ce que ça lui fait, que cette petite femme ait empoisonné un Allemand !… Ce n’est pas son compatriote, comme il dit… Ah ! voilà une voyageuse…
Le garçon, Claire de Beaufort, une fille de chambre, portant un petit nécessaire qu’elle pose sur la cheminée.
Oh ! ça m’est absolument égal, mademoiselle… Mettez-moi ou vous voudrez… J’ai une heure au plus à demeurer à Calais.
N’importe !… faites vite la chambre… Si elle entre dedans, elle la payera.
(La Fille de chambre sort par la gauche.)
On pourra se procurer ici une voiture et des chevaux, n’est-ce pas, garçon ?
Justement, madame est à l’hôtel de la Poste.
Bon !… Eh bien, aussitôt que j’aurai vu le directeur de la douane, je pars… Comment voit-on un directeur de douane ?
On le voit quand il passe, et il passe deux fois par jour sous la fenêtre.
Je vous demande comment on lui parle.
Dame, comment on lui parle ? On l’appelle monsieur comme tout le monde. Oh ! il n’est pas fier !
Mais, mon Dieu, je ne vous demande pas tout cela.
Alors, que demande madame ?
Je demande, quand on a une réclamation à faire au directeur des douanes, comment il faut s’y prendre pour lui parler ?
Je crois, madame, qu’en allant chez lui, c’est encore le plus sûr.
C’est bien. Faites-lui passer ce petit mot. (Elle se met à une table et écrit.) « Monsieur le directeur, madame Claire Wilkins, née de Baufort, désirerait avoir l’honneur de vous entretenir un instant à propos d’un cachemire que viennent de lui saisir vos douaniers, et qui sort de la maison Brousse, rue de Richelieu… Elle espère qu’en justifiant de son achat en France, elle fera lever l’interdit qui a été mis sur lui comme cachemire étranger… J’ai l’honneur, etc. » Tenez, monsieur, faites porter cette lettre tout de suite au directeur des douanes.
À l’instant, madame, à l’instant !
Et la réponse… ?
Sera remise à madame aussitôt le retour du commissionnaire.
C’est bien, allez.
(Le Garçon sort.)
Claire, seule.