Le cinéaste - Sergueï P. Bonal - E-Book

Le cinéaste E-Book

Sergueï P. BONAL

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Beschreibung

Les années 50, le cinéma est en plein boom, de macabres bobines 8mm sont retrouvées dans des salles de projections de Los Angeles. La L.A.P.D va devoir enquêter dans un milieu fait de faux semblant, de strass et de paillettes. Les agents Peterson et Pibody vont devoir s’accorder pour traquer un dangereux tueur en série, prêt à tout pour assouvir ses plus noirs désirs…

À PROPOS DE L'AUTEUR

Sergueï Bonal, né à Saint-Petersbourg en Russie, est adopté dans sa sixième année. Passionné de musique classique et de jazz, il fait ses premières armes en littérature à onze ans. En 2011, il produit Tout est question de choix et en 2013, il gagne le prix « Orphée » graine de poésie.

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Du même auteur

L’enquête infernale (Editions France Libris 2015)

L’auteur Maudit (Editions Maloloire 2017)

Manipulation (Edition Encre Rouge 2019)

Note de l’auteur

Certains personnages ont existé, tels que Ray Charles, Charlie Parker, Miles Davis… Leurs relations avec l’intrigue et les personnages inventés n’ont jamais existé. Il en va de même pour les lieux, par exemple le Birdland est un night-club initialement bâtit à New York. Afin de garder un lien avec le livre précédent, j’ai décidé de le déplacer. Ce n’est que pure fiction ! Les musiciens ont été utilisés pour accentuer l’univers choisi. Pour les puristes d’histoire et de musique, je m’en excuse... J’ai cherché au travers de ce roman de parler de ma passion pour la musique classique et le jazz ainsi que de ma fascination pour cette fabuleuse époque. Bonne lecture à tous. 

Pour Diedouchka, une histoire, haute en couleur

« Good morning L.A{1} , ici Jimmy Raferty le seul l’unique. Celui qui réchauffe votre cœur le matin et vous donne la pêche ! Les nouvelles viennent de tomber en ce magnifique lundi ; le meurtrier aux musiciens a été enfin attrapé. L.A tu peux dormir sur tes deux oreilles, je tiens néanmoins à présenter mes pensées les plus positives et mon soutien à toutes les familles des victimes et c’est au nom de toute la station que nous adressons nos plus sincères condoléances. Mais ne nous laissons pas abattre, le soleil brille une fois de plus sur notre charmante vallée ; L.A capitale du soleil et du rêve et surtout de la musique. Pour ceux qui se réveillent ou qui partent au travail sachez que ce matin nous avons un invité spécial qui se fait discret mais que tout le monde connait. C’est un musicien formidable, son doigté frise le génie, il est jeune, beau et énigmatique ; je parle bien de Chet Baker. Chet va nous suivre dans cette matinale pour nous parler de son nouvel album. Nous vous réservons une ribambelle de surprises, alors restez à l’écoute. Il est six heures du matin, L.A se lève au son d’« Almost Blue », à toi Chety ! C’est Jimmy Raferty de l’émission Good morning L.A, accrochez-vous à votre poste et suivez-moi sur la route sensuelle et vibrante du Jazz. »

Séquence 1

« Tu vois, le monde se divise en deux catégories :

Ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent.

Toi, tu creuses. »

1

Elle ne savait pas où elle était, ni pourquoi. Comment pourrait-elle le savoir ? Elle ignorait également comment elle avait atterri dans ce lieu sinistre et pourquoi elle était nue. En revanche, ce qu’elle savait et malheureusement pour elle, sa fin allait être terrible ! Depuis quelques jours, elle avait eu le temps d’analyser la pièce où elle se trouvait. Il y avait un tas de bobines 8mm entassées dans un coin prenant la poussière depuis des années. Par moment, elle entendait de la musique, lointaine, à peine audible. Grâce à ça, elle savait qu’il était Lundi 12 Octobre 1950 et qu’il était une heure de l’après-midi. Jusqu’ici elle n’avait pas vu le visage de son ravisseur, il prenait soin de rester dans l’ombre, quand il venait la voir. Il était de taille moyenne, enveloppé et il portait des lunettes, elle voyait le reflet des verres. Il lui arrivait de rester dans un coin de la pièce à l’observer en laissant par moment échapper de longues respirations sinistres. Une caméra était également installée au centre de la pièce. A quoi pouvait-elle bien servir ? se demandait Abigaël Taft. Sur le mur du fond, un vieux décor de film, tout aussi lugubre que le reste. L’inconnu ne parlait jamais, il se contentait de lui apporter de la nourriture et de l’eau, en prenant soin de couvrir son visage.

⸺  Pourquoi vous cacher, vous allez me tuer ! fit remarquer la jeune femme terrorisée.

L’autre daigna enfin lui répondre, il avait une voix fluette, très féminine. Cela ne correspondait pas au reste, il n’avait pas la tête d’un homme à avoir une voix de femme.

⸺  Je veux garder la surprise jusqu’au bout, Abigaël ! Ne pressons pas les choses. Prépare ton rôle c’est important, la scène doit être parfaite, nous n’avons droit qu’à une prise.

Elle ne comprenait pas de quoi il parlait, même si en son for intérieur elle redoutait le pire. Elle laissa échapper quelques larmes de détresse. Son ravisseur alla rapidement les essuyer. Il avait un masque sur la tête, une sorte de chien, ou un loup, Abigaël n’arrivait pas à distinguer.

⸺  Ne pleure pas ma chérie, tout va bien se passer. Tu vas être parfaite ! Je crois en toi, ce rôle est fait pour toi, je te sens prête ! lança le ravisseur d’un ton pervers, sinistre.

Il posa sa main épaisse sur son visage humecté de larmes, Abigaël tenta de se débattre, mais en vain.

⸺  Nous tournons demain matin, ça va être magnifique, grandiose !

Il déposa ses lèvres charnues sur sa joue en soulevant légèrement son masque et partit en lui faisant un petit signe de la main. Durant la nuit, elle fixait la caméra éclairée par la lune, elle la regardait. La filmait-il ? Elle détournait le regard pour ne pas devoir supporter l’objectif.

⸺  Pitié, laissez-moi partir ! supplia-t-elle d’une voix faible.

Elle passa la nuit à fixer l’objectif de la caméra, terrorisée, morte de froid. Au petit matin, une vive lumière l’aveugla. Elle le voyait enfin, il n’était pas comme elle l’imaginait. Il était trapu, il avait un épais menton et un petit cou qui le raccourcissait. Il avait un regard froid, mauvais, son sourire était aussi malsain.

⸺  Tu es prête Abi ? nous allons commencer.

Il laissa tomber une mallette qui s’écrasa au sol et fit sursauter Abigaël. Il prenait son temps, il mit en marche la caméra et la bobine 8mm tourna en faisant un petit bruit métallique. L’agresseur avait le dos tourné, on ne pouvait pas l’identifier, mais on voyait bien Abigaël nue, terrorisée. Il apporta un vieux tourne disque à manivelle, « Sumertime », interprété par Chet Backer résonnait dans la petite pièce, le ravisseur se laissait aller en se déhanchant.

⸺  Tu sais Abi, j’ai l’impression que tu penses que tu vas t’en sortir. Enfin ma chérie, je ne veux pas te faire de faux espoir, ce n’est pas mon genre, mais tu vas finir sur l’étagère avec les autres. Lève-toi et prépare-toi pour ton rôle.

Il avait un regard salace, pervers, dans sa main un couteau. Il s’approcha du visage d’Abigaël et lui lécha le visage. Elle pleurait à chaudes larmes, elle ne tentait pas de se débattre, à quoi bon ? Il l’obligeait à lui faire toutes sortes de choses, il voulait l’humilier. La pellicule continuait de tourner, son agresseur ne pouvait plus s’arrêter, il était pris de frénésie. Puis une fois battue, il décida de lui trancher la gorge, lentement en la regardant dans les yeux. La dernière chose qu’elle voyait c’était ses yeux noirs, froids qui la fixaient avec mépris. Après une dizaine de coups de couteau, elle ne ressentait plus rien, plus aucune douleur, aucune peur. Il poignardait un cadavre, il lardait son corps et la caméra filmait toujours. Il fixait son œuvre, il regardait les marques sur son corps ensanglanté et il prenait du plaisir. La bobine s’arrêta, il n’y avait aucun bruit, seulement le bruit métallique de la caméra qui tournait dans le vide. L’homme prit la bobine et laissa la dépouille d’Abi baignant dans son sang.

2

Une semaine plus tard, le matin, salle des visites Federal Bureau of Prisons.

⸺  Dis-moi Edmund, pourquoi tu as fait ça ? Pour te prouver que tu es un homme ? Tuer des pauvres femmes sans défense ça t’excite ! Tu jouis au moins j’espère, lança Roger Peterson de sa voix rocailleuse.

Edmund, Mass Murder{2} venait d’être arrêté pour dix-huit meurtres à caractère satanique et nécrophile. Il était surnommé « le tueur au papillon » car il avait l’habitude de découper ses victimes et de déposer les membres dans toute la pièce et le tout formait un papillon. La première fois que la police s’était déplacée sur une de ses scènes de crime ça été une horreur. L’agent Roger était le premier sur la scène de crime. Edmund était massif et petit, chose qui était étrange quand on le regardait. Vu sa cruauté et la violence de ses meurtres, on ne pouvait s’attendre qu’à un géant imposant. Même sa voix n’imposait pas la crainte ; subtile et mielleuse on aurait tendance à l’aimer. Mais en écoutant bien, en faisant attention à chaque mot, le monstre apparaissait. Il choisissait avec soin ses mots, il passait son temps à se reprendre, à reformuler ses phrases. Tout devait être parfait, en harmonie.

⸺  Vous savez inspecteur Peterson, je peux vous appeler Roger, inspecteur c’est trop formel, trop détaché et impersonnel, je n’aime pas ça. Je vais vous appeler Roger ! Et peut-être même Rogy, plus tard quand nous serons intimes.

⸺  Tu crois ? rétorqua Roger avec dédain.

⸺  Bien évidemment ! J’ai prétendument à mon actif dix-huit meurtres, ne croyez-vous pas que ça mérite de capter toute votre attention ? Vous allez chercher à savoir pourquoi j’ai violé, assassiné, éventré et découpé des femmes, plus ou moins dans cet ordre. Donc, il va vous falloir beaucoup de temps, Roger. Nous allons faire connaissance, peut-être même qu’un jour vous me direz comment vous baisez votre femme. J’aimerais beaucoup le savoir ! Comment vous la touchez, quelle partie de son corps vous honorez, vous sentez. Vous n’imaginez pas tout ce que l’on peut faire à une femme. Je me dis que j’ai manqué de temps, je n’ai pas vraiment tout testé, dommage, dit-il presque avec du regret.

Son regard était puissant, terrible. Même avec un visage d’enfant et un sourire jovial il faisait peur à Roger qui demeurait impassible sur sa chaise. Même une brute comme Roger n’était pas insensible à un monstre comme Edmund Finsher. L’inspecteur Peterson mesurait bien un mètre quatre-vingts, cheveux court avec une épaisse moustache qui lui donnait un air plus sombre que d’ordinaire. Il avait un regard perçant et précis, il avait l’air de toujours observer quelque chose.

⸺  Tu aimerais bien nous voir, le soir ? Je suis certain qu’en ce moment même tu as une mi-molle en imaginant ma femme avec moi, ça te fait quel effet de te dire que tu ne le verras jamais ? C’est frustrant ? Parle-moi un peu de ces filles ? Il y en avait un tas d’autres, mais tu ne choisissais que des rousses de vingt et un an. Pourquoi ? C’est le fait de leur voler leur virginité qui t’excitais ? Elles venaient de passer dans l’âge adulte, mais elles ne l’étaient pas encore, donc tu pouvais capter cette infime part de l’enfant qu’elles étaient pour assouvir tes instincts de dominateur pervers ? Dis-moi ce que tu en penses. Ce n’était pas elles que tu voulais atteindre, mais leur âme, leur innocence, les détruire complètement en n’y laissant que le néant.

Roger venait de piquer la curiosité de Finsher qui semblait moins distrait tout d’un coup. Il se redressa sur sa chaise et se pencha vers l’inspecteur dans le but de le déstabiliser.

⸺  Point de vu intéressant Roger, oui c’est captivant. Donc vous pensez que je voulais les souiller en leur interdisant de grandir, en les privant de leur innocence, de cette petite part de lumière en elles. Pourquoi les démembrerais-je ? Elles n’ont plus conscience de rien, de quoi les priverais-je ? Mais vous ne m’avez pas encore posé la question et je sens que ça vous démange : pourquoi je les fourre ? Pourquoi perdrais-je mon temps à les humilier, à les éviscérer pour répandre leurs organes partout dans la pièce ainsi que leurs membres. Je me suis longtemps posé ces questions, et je ne vous cacherais pas que ça m’intriguait.

⸺  Je crois avoir la réponse à tes questions, tu veux l’entendre ? lança Roger d’un ton détaché, froid.

⸺  J’en meurs d’envie, en effet ! répondit Edmund en faisant semblant d’être surpris.

⸺  Tu es timbré, aliéné ! et rien ne peut te sauver, pas même Dieu.

⸺  Oh ! Roger que vous êtes sot. Croyez-vous que la folie puisse expliquer tous les maux de la terre ? Et moi qui croyais que vous étiez intelligent. Je suppose que vous pensez que j’ai eu une enfance terrible, avec un père obsédé et une mère inexistante, vous êtes loin du compte. Sachez que j’ai eu une enfance merveilleuse, un peu trop même. Je trouve que ça manquait de naturel et de couleur. Dites-moi, aurais-je été plus aliéné, comme vous dites, si mon père m’avait empoigné la bite étant plus jeune ? Je crois que vous avez lu trop de livres sur Freud. Si je viole une jeune femme, c’est nécessairement pour assouvir un désir inavoué, un manque dans l’enfance. Si je massacre un homme en uniforme c’est que je refuse de me plier à l’autorité ? C’est absurde ! où est le plaisir dans tout ça? Quand je vois une fille se balader dans la rue et qu’elle croise mon chemin, aurais-je forcément envie de la violer ? Y vois-je obligatoirement un objet sexuel, un exutoire ? Je suis plus raffiné que ça !

⸺  Tu es un sadique, pervers, quelle autre motivation que le sexe, ou je ne sais quelle pulsion ?