Le Dernier Monde - Florence Jenner Metz - E-Book

Le Dernier Monde E-Book

Florence Jenner Metz

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Beschreibung

Découvrez la suite des aventures d'Anatole ! 

Anatole – le héros d' Interdit !  – est toujours féru d’informatique et de jeux vidéo en tous genres. Lui et son ami Basile sont de vrais pros et ils n’ont peur de rien. Alors, quand Marie, une fille de leur classe, leur lance un défi – la battre à un nouveau jeu en ligne, Le Dernier Monde –, ils s’empressent d’accepter.Les voilà embarqués dans une aventure qui va les mener droit dans une épicerie qui a plutôt l’allure d’un repaire pour brigands, tenue par la grand-mère de Marie… qui a tout d’une sorcière. Et ce n’est pas le plus surprenant : le jeu est tout simplement extraordinaire. Il est en 3D et les sensations qu’il procure sont tellement réelles ! Peut-être un petit peu trop…

Distingué du Prix Littéraire Jeunesse 2013 de La Garde Sélection 2012-2013, ce livre aux multiples rebondissements embarque le jeune lecteur dans un monde à la fois réel et extraordinaire.

EXTRAIT

― Tu es certain que c’est le bon chemin ?
Anatole n’en mène pas large. Il fait froid, la nuit est totalement opaque et le quartier ressemble à un vrai coupe-gorge.
― Il n’y a pas d’autre chemin pour se rendre à l’adresse qu’elle nous a donnée, répond Basile, également sur ses gardes.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Ce livre est bien ficelé. Une intrigue originale avec un certain suspense qui permet en parallèle de mettre en garde contre la dépendance au jeu vidéo et de son impact dans la vie des adolescents. Un livre que je recommande vivement. - bookworm23, Babelio

À PROPOS DE L’AUTEURE

Certains naissent dans des roses ou des choux, d’autres dans les livres ou, au moins, semblent en tomber… Florence Jenner Metz a toujours été entourée de livres et d’histoires. Elle écrit pour les enfants des albums, des kamishibaïs et des romans. Chez Alice Jeunesse, elle a publié Une souris verte et autres délires (façon « Exercices de style » de Queneau), Les aventures de Mister Bulok et Interdit !

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Pour Corentin, mon incroyable corsaire !F. J. M.

PROLOGUE

—Tu es certain que c’est le bon chemin ?

Anatole n’en mène pas large. Il fait froid, la nuit est totalement opaque et le quartier ressemble à un vrai coupe-gorge.

— Il n’y a pas d’autre chemin pour se rendre à l’adresse qu’elle nous a donnée, répond Basile, également sur ses gardes.

— On se grouille, alors. J’ai pas envie de rencontrer qui que ce soit ici. Il fout les chocottes, cet endroit.

L’espace d’un instant, Anatole regrette. Il n’aurait peut-être pas dû accepter l’étrange invitation de Marie… Mais voilà, maintenant, plus question de rebrousser chemin. Lui et Basile sont presque arrivés. Et puis, c’est avant tout une question d’honneur. Que raconterait Marie à tous leurs copains s’ils n’allaient pas au rendez-vous ?

1.

Pourtant, le matin, tout a commencé comme une journée ordinaire.

Anatole a avalé son traditionnel cacao chaud. Son chat Mistigri lui a adressé un miaou plein de compassion avant son départ pour l’école. Et, cerise sur le gâteau, le calendrier lui a rappelé que les vacances de Noël étaient à portée de main.

C’est au beau milieu du cours d’informatique que la journée a pris une autre tournure… quand Théotime a hurlé de douleur.

Anatole avait toujours pensé que rien, ni personne, ne pouvait le surprendre. C’est normal : c’est un as de la descente en skate dans les escaliers de l’immeuble, il est capable de tenir une bulle de chewing-gum aussi grosse qu’une balle de tennis plus de deux minutes, et, surtout, il est réputé pour dompter les puces dans le cirque miniature de son ordinateur ! Avec son meilleur copain Basile, ils ont combattu sur leur PC des milliers de monstres poilus, ventrus et perclus de pustules !

Alors, quand Marie, une fille d’ordinaire plutôt sympa et discrète, a retroussé ses manches en ricanant au beau milieu du cours d’informatique, Anatole n’a pas vraiment réagi.

Mais, quand elle s’est mise à défier Théotime au bras de fer et lui a aplati violemment l’avant-bras sur le banc en faisant valser le clavier de son ordinateur dans les airs, Anatole, perplexe, a levé un sourcil.

La main de Théotime est brutalement venue écraser la souris dans un craquement sinistre.

— Aïe ! T’es pas folle ? a hurlé le garçon en massant ses pauvres doigts meurtris.

Pendant quelques instants, la maîtresse est restée bouche bée, la main levée, son regard vide rivé sur Marie, à se demander ce qu’il arrivait à son élève la plus douce et la plus docile.

— Mais… mais… nous faisons des recherches sur les petits animaux des jardins et des prés… On n’est pas sur un ring, ici ! s’est époumonée la maîtresse en reprenant ses esprits.

Imaginant le pire, elle s’est alors ruée sur Théotime qui grimaçait, pour compter un par un les doigts du garçon. Ouf, le compte y était. Mais Marie n’en avait que faire. Le menton levé fièrement, elle jubilait. Ses yeux semblaient embués par un petit brouillard phosphorescent. C’était impressionnant… On aurait dit un robot bionique venu exterminer les garçons de la classe.

Puis, elle s’est tournée vers Basile et Anatole et, dardant sur eux son regard étrange, elle a dit, subitement plus calme :

— Eh, vous deux, les fans d’informatique, j’ai déniché un jeu vidéo exceptionnel. Surnaturel, plutôt… Hi hi ! Admirez le résultat : il muscle autant le cerveau que les biceps. Grâce à lui, je suis la fille la plus forte du monde !

Anatole n’a rien dit. Mais cette fois-ci, il était bluffé. Totalement bluffé !

Bien entendu, il n’était pas dans les intentions de la maîtresse d’installer un ring au centre de la classe avec quelques bons jeux vidéo pour vérifier les dires de Marie.

— On n’est pas à la foire ! Au travail, les enfants ! Chacun fait sa recherche. Puisque votre ordinateur est hors d’usage, Marie, tu travailleras avec Basile et Anatole, et Théotime avec Corentin.

La voix de la maîtresse, suraiguë, a frôlé le plafond et, si les écrans d’ordinateur avaient été en cristal, ils se seraient brisés instantanément.

Basile a pesté. C’était déjà très ennuyeux de devoir étudier les campagnols, mais si, en plus, il devait travailler avec Marie qui se prenait pour un super héros… la matinée risquait d’être électrique !

— Qu’est-ce qui lui arrive, à cette fille, aujourd’hui ? a demandé tout bas Basile à Anatole. Il y a quelques jours encore, c’était un petit agneau blotti dans les pattes de sa mère…

C’est vrai que, depuis quelque temps, Marie semblait avoir troqué sa légendaire timidité et sa retenue contre une assurance et un sens du sarcasme hors du commun. C’était arrivé d’un coup, comme si la venue de l’hiver l’avait réveillée. Ou… comme si ses parents l’avaient échangée contre une autre, en apparence identique, avec les mêmes couettes blondes, mais avec un cerveau et un cœur… artificiels. Une Marie bionique…

— Elle a dû manger du lion. Du lion enragé, a précisé Anatole en esquissant un petit sourire moqueur.

Basile a caché un petit rire complice derrière sa main. Mais la plaisanterie n’a pas échappé à Marie qui a pivoté sur son siège et s’est penchée vers les deux garçons.

— Dites donc, les deux comiques, contentez-vous de nous faire un bel exposé sur le charmant petit campagnol de nos jardins… si vous y arrivez !

Elle avait parlé d’une voix claire et forte pour que toute la classe l’entende. À nouveau, le temps semblait s’être arrêté. On ne percevait plus un bruit, si ce n’est le ronronnement des ordinateurs. Surpris, tous les élèves ont regardé Marie. Théotime, qui n’avait pas fini de pleurnicher, s’est recroquevillé sur sa chaise. Il ne manquait plus qu’elle lui fasse une prise de karaté.

— Oui, oui, on travaille, Madame, on travaille… Nos amis les campagnols…, a repris Marie, d’un ton ironique, en croisant le regard furieux de la maîtresse.

Puis, elle s’est penchée à nouveau vers les deux garçons. Dans ses yeux serpentaient des espèces de filaments qui paraissaient sur le point de s’embraser à la moindre étincelle.

— Vous me croyez totalement folle, c’est ça ? Vous croyez que j’ai fait de la gonflette sur la Wii avec mon père pour battre Théotime et qu’en fait, j’ai le cerveau ramolo ? Eh bien, je vais vous montrer ce que j’ai dans le crâne.

— Ben… on n’a rien dit, a marmonné Anatole.

Mais Marie ne les écoutait pas. Après s’être assurée que la maîtresse ne regardait pas dans leur direction, elle a arraché le clavier des mains de Basile et pianoté aussi vite que l’éclair.

Sur l’écran, une série d’entrées ont défilé.

— Et voilà, a-t-elle fini par dire en cliquant d’un geste magistral sur un des liens.

Elle a souri fièrement en défiant les deux garçons du regard. Mais pour qui elle se prenait ? Pourtant, Anatole n’a rien dit. Il fixait l’écran, hypnotisé…

Du fond noir surgissaient des rais de lumière éblouissants. On aurait dit des rayons laser qui sortaient de l’écran. À une vitesse ahurissante, ils balayaient la salle de classe du sol au plafond, aveuglant au passage Anatole et Basile. Puis un éclair rougeoyant est venu foudroyer le titre du jeu, qui s’est écroulé en de minuscules bris de verre, pratiquement sur les sweat-shirts des deux garçons. Absolument époustouflant…

Sur la page d’accueil du site est alors apparue cette phrase :

Le Dernier Monde… un jeu interactif. En vente sur Internet à partir du 23 décembre.

— Wouah… et c’est ce jeu-là qui rend fort et intelligent ?

Marie les toisait, l’air satisfait. Elle avait à nouveau marqué un point.

— Ce n’est qu’une démo que j’ai pu télécharger… enfin, mon père. Il est informaticien. Mais pas la peine d’essayer, ni même de penser y arriver. Il faut être pro pour trouver cette démo et en percer le code d’accès ! Ce que vous venez de voir, ce n’est qu’une pub, une simple pub…

— Ça en jette quand même, l’a interrompu Basile en tendant sa main vers le clavier.

— Pas ici ! l’a coupé Marie, en fermant aussitôt la session. Si vous voulez découvrir le jeu le plus incroyable de l’année, et même du siècle, et, surtout… m’affronter, moi, la grande spécialiste des jeux vidéo, venez chez moi, ce soir, à 17 heures. Je fête mon anniversaire. Et soyez ponctuels ! Je déteste les retardataires.

Avant que les deux garçons aient pu dire quoi que ce soit, Marie a tapé « campagnol » sur le clavier.

— Allez ! Au boulot, les gars. Cet adorable rongeur s’impatiente !

Et elle leur a tourné le dos. Anatole l’entendait glousser comme une pintade derrière lui. Décidément, cette fille l’horripilait au plus haut point !

— Quel culot, tout de même ! s’est étranglé Basile. Et dire qu’elle était tellement sympa autrefois. Ce jeu l’a transformée en une véritable furie.

— On dirait bien…

Anatole a laissé un moment son regard se perdre sur l’écran d’ordinateur qui affichait une série de photos de campagnols dont il ne se souciait pas.

— Qu’est-ce qu’on fait, alors ? a-t-il repris en se rapprochant de son copain. J’ai tout de même envie de découvrir cette démo, et de rabattre le caquet de cette fille par la même occasion… On y va ce soir ?

Les deux meilleurs copains ont hésité un moment… Internet n’a pas toujours été leur ami1. Bien au contraire. Ils en ont déjà vu des vertes et des pas mûres. Mais là… si le père de Marie était dans le coup… Un informaticien, de surcroît… Il ne devait y avoir aucun danger.

Et puis, leur réputation était en jeu : ils étaient les deux plus grands experts en jeux vidéo de toute l’école. Aucun monstre, aussi féroce soit-il, ni aucun piège, sophistiqué et ingénieux, ne pouvait leur résister. Des pros, voilà ce qu’ils étaient. Le défi lancé par Marie serait un jeu d’enfants !

— Mais, tu sais où elle habite ? a demandé Basile en fronçant les sourcils.

— Tout le monde le sait. Dans le quartier du Marais… juste derrière le cimetière…

— Ma mère dit que, ce coin-là, c’est un vrai coupe-gorge une fois la nuit tombée, a ajouté Basile de plus en plus bas.

— On peut être très prudents… et on n’est pas forcés de dire où on va exactement …

— Ça marche ! Et puis, je n’y suis jamais allé, dans ce quartier…, a lancé le garçon en décochant un clin d’œil complice à Anatole.

— Alors, c’est parti pour l’aventure !

Anatole a souri. C’est sûr, il n’aurait jamais manqué cette occasion en or : découvrir où vivait cette drôle de fille et s’essayer au jeu le plus formidable de l’année !