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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Universalis
Il s’agit certainement du livre le plus joyeux que Friedrich Nietzsche (1844-1900) ait écrit, même s’il garde les traces du long hiver de souffrances enduré. La vie semble retrouvée, réconciliée avec elle-même, la maladie surmontée.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Le Gai Savoir de Friedrich Nietzsche
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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Seitenzahl: 53
Veröffentlichungsjahr: 2015
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ISBN : 9782852294981
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Photo de couverture : © Dirk Ercken/Shutterstock
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Le Gai Savoir, Friedrich Nietzsche (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Il s’agit certainement du livre le plus joyeux que Friedrich Nietzsche (1844-1900) ait écrit, même s’il garde les traces du long hiver de souffrances enduré. La vie semble retrouvée, réconciliée avec elle-même, la maladie surmontée. La période « voltairienne » et critique d’Humain trop humain, du Voyageur et son ombre (1878-1879) et d’Aurore (1881) s’achève. Les quatre premiers livres qui composent le Gai Savoir verront le jour en 1882. La seconde édition paraîtra en 1887 augmentée d’une Préface, d’un cinquième livre (rédigé après Ainsi parlait Zarathoustra) et d’un appendice poétique, Les Chansons du Prince Hors-la-Loi.
Gai savoir ? Gaya Scienza – die Fröhliche Wissenschaft. Nietzsche trouve la joie encore trop sérieuse. Il lui préfère la gaieté plus affirmative et bondissante, légère. Superficielle, mais « superficielle par profondeur », comme les anciens philosophes grecs. La vérité comme valeur philosophique est soupçonnée, mais la connaissance est célébrée, en ce qu’elle permet de se libérer des illusions naïves, des croyances anthropocentriques, finalistes : « Pourquoi l’homme serait-il maintenant plus méfiant et plus méchant ? – Parce que maintenant il a une science – il a besoin d’une science ! » Une science au service de la vie, critique et difficile, tentante et inquiétante, une science toujours entraînée cependant vers le dogmatisme, le besoin de fixer en formules des vérités définitives, lourdes d’un sens figé. Nietzsche cherche à formuler les principes de cette science qui ne serait plus tributaire de la croyance, qui serait enfin libre de tout « esprit sacerdotal », de tout esprit religieux. C’est pourquoi il met en avant l’essence fondamentalement artistique de la connaissance créatrice, impérieuse et impérative, destructrice de toute idole, capable de se transformer en « gai savoir ». Conjointement à cette affirmation esthétique de la connaissance, le très célèbre aphorisme 125 (L’Insensé) est porteur d’une annonce difficile à entendre : celle de la « mort de Dieu ». Le premier aphorisme du cinquième livre (no 343) lui fait écho : « Le plus important des événements récents – le fait que „Dieu soit mort“, que la foi dans le Dieu chrétien ne soit plus digne de foi – commence déjà à projeter sur l’Europe ses premières ombres. » Le fragment 341 « Le Poids le plus lourd », donne à lire l’énigmatique révélation de l’« éternel retour » qui suscita nombre de questions essentielles d’interprétations contradictoires et épineuses.
La mort de Dieu traduit la fin d’une époque dans l’histoire européenne dont Platon, pour Nietzsche, fut un des commencements, inaugurant l’ère de la métaphysique. Mort du suprasensible, mort des idées et des idéaux sur lesquels vécut toute une civilisation, commencement du « nihilisme », telle se présente la « mort de Dieu ». Ce bouleversement total ne se limite évidemment pas à la foi en un Dieu particulier. Plus fondamentalement, il marque la fin d’un monde et les difficiles prémices « d’un avenir encore incertain ». Le nihilisme, ici, n’est pas simplement un phénomène de décadence : il est la loi intime qui préside à toute l’histoire. Les valeurs ont leur temps ; vouloir les conserver n’est pas moins nihiliste que constater leur fin ou vouloir les transformer. L’annonce d’un homme nouveau (le « surhomme »), capable de poser de nouvelles valeurs par-delà l’effondrement des anciennes, est inséparable de « la mort de Dieu ». Homme non idolâtre, débarrassé des idéaux (Vérité, Bien, Beau, Juste, Vertu, Être...) qui vampirisaient la conscience. Homme de la « grande santé » (aphorisme 382), dit encore Nietzsche, chanteur et poète, joueur : « Tout scintille pour moi d’un nouvel éclat,/ Midi sommeille sur l’espace et le temps :/ Seul ton œil – monstrueusement/ Me fixe, ô infini ! » dit un poème des Chansons du Prince Hors-la-Loi. La « transvaluation de toutes les valeurs » est guettée par la menace des « anciennes chaînes » toujours promptes à rappeler leurs souvenirs funestes.
L’épisode du « gai savoir » aura été de courte durée. Mais il aura marqué de son empreinte la suite de l’œuvre, plus tendue, plus dure aussi, plus systématique, peut-être, comme en témoignent les dissertations de la Généalogie de la morale. Lire Nietzsche exige que l’on tienne tous les fils, entende tous les tons, sache interpréter selon des perspectives inédites. Une tâche encore à accomplir ?
Francis WYBRANDS