Le goût des figues - Farida Benhaddi - E-Book

Le goût des figues E-Book

Farida Benhaddi

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Beschreibung

L'auteur prête ses mots pour raconter les souvenirs, la mélancolie et les moments de vie d'immigrés de la première génération. Des femmes et des hommes dont l'émotion est toujours palpable et qui regardent avec mélancolie leur départ, leur exil, leur vie passée loin de leur terre natale. Un recueil de récits comme un voyage des sens avec douceur et délicatesse, au coeur de l'âme humaine.

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Veröffentlichungsjahr: 2023

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Sommaire

Jour de visite

Le ravissement d’une rose

Le bracelet de Yemna

Le prénom

Bonne Fête des Mères

Bonne fête des pères

Le dernier retour

Les clés

Un jour

Dors (la reconnaissance)

Ipséité

Si tu savais

Le pain perdu

Le grand soir

Les biscottes

Coup de cœur

Une part de tropézienne

Génuflexion

Ailleurs

Mélancolie

Première fois

Farida Benhaddi est née dans les montagnes du Rif marocain. Elle arrive en France à la fin des années 70. Elle grandit dans un village du Vaucluse et après ses études, elle revient s’installer à Avignon où elle vit avec ses enfants.

A ma mère,

JOUR DE VISITE

Mme Y. a 74 ans et vit au 8ème étage d’un immeuble HLM à la sortie de la Ciotat sur la route d’Aubagne. Elle y vit depuis 1983 et se souvient encore de ce jour-là.

Les enfants couraient de pièce en pièce et son mari, avec de grands gestes, lui faisait faire la visite de la salle de bain, des toilettes, du long balcon et de la cuisine… Une cuisine où se sont accumulées trente-sept années de repas, de vaisselles, de rires et de cris.

Aujourd’hui, c’est le silence, chacun de ses enfants vit sa vie et son mari a fait d’elle une veuve, voilà plus de douze ans.

Elle va faire des galettes « Msemen » pour le goûter avec du thé à la menthe car c’est mercredi et ses enfants viendront peut-être avec ses petits-enfants, un peu trop bruyants mais si pleins d’énergie. Et si personne ne vient alors elle les rangera au congélateur.

Elle se lave les mains, retire sa bague - celle de la main droite - et remonte son bracelet en argent.

Avant, ses bracelets étaient en or, hérités de sa dot mais les bijoux ont été vendus il y a bien longtemps pour payer un mariage, un baptême ou les réparations du chauffe-eau. Doucement, elle verse la farine dans une jatte et rajoute de l’eau tiède avec un peu de levure. Avec sa main droite, elle commence à pétrir la pâte, avec sa main gauche, elle tient le plat et rajoute le sel.

Au bout de 10 minutes, elle forme une boule, verse dessus un peu d’huile de tournesol et couvre le plat d’un torchon. Elle se lave les mains, remet sa bague et rattache son fichu sous lequel sont retenues deux nattes entrelacées et colorées de henné.

Le temps que sa pâte lève, elle attrape la télécommande et encore en tablier, sur sa robe longue parsemée de violettes, elle allume sa télé et constate, ravie, que sa série commence à peine.

Elle a toujours aimé les séries, depuis Dallas puis Dynastie ou encore les Feux de l’Amour. Aujourd’hui, ce sont les séries sur 2M, la chaîne marocaine qu’elle capte avec sa parabole sur le balcon.

Sa pâte a bien gonflé et assise à la table de la salle à manger, elle la sépare en petites boules qu’elle imbibe d’huile de tournesol. Ensuite, la télé toujours allumée sur la chaîne marocaine, elle étale les petits pâtons en carré puis les plie et replie pour former un feuilletage qui se révèlera à la cuisson.