Le guide pratique de l'allaitement - Madeleine Allard - E-Book

Le guide pratique de l'allaitement E-Book

Madeleine Allard

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  • Herausgeber: Mardaga
  • Kategorie: Ratgeber
  • Sprache: Französisch
  • Veröffentlichungsjahr: 2021
Beschreibung

Un guide pratique qui vous donnera des conseils et astuces afin de vivre votre allaitement paisiblement.

Les premiers mois d’un bébé sont, pour les jeunes parents, source d’un immense bonheur, mais aussi de nombreuses interrogations. C’est notamment le cas des mamans qui font le choix d’allaiter : comment bien démarrer l’allaitement ? La poussée de lait est-elle douloureuse ? Quand survient-elle ? Comment dois-je adapter mon alimentation ? Est-il normal d’avoir mal ? Comment s’organiser pour sortir sans bébé ? Puis-je prendre des médicaments ? Que faire si mon bébé a des coliques ? Quand et comment arrêter l’allaitement ?

Dans Le guide pratique de l’allaitement, Madeleine Allard et Annie Desrochers, toutes deux mères de quatre enfants, répondent à toutes ces questions. Fortes de leur expérience maternelle, elles offrent aux jeunes mamans le livre qu’elles auraient voulu recevoir lors de leur première grossesse. Accessible et solidement documenté, ce guide accompagne les parents de la première tétée au sevrage, leur permettant de prendre des décisions éclairées tout au long de l’allaitement de leur enfant.

Découvrez tout ce qu’il faut savoir pour faire de l’allaitement une première expérience harmonieuse et sereine avec votre enfant !

À PROPOS DES AUTEURES

Madeleine Allard est rédactrice et traductrice. Annie Desrochers est journaliste et animatrice à la radio de Radio-Canada. L’une et l’autre sont mères de quatre enfants. En plus de leurs responsabilités familiales et professionnelles, elles aident depuis longtemps les femmes qui rencontrent des difficultés durant l’allaitement.

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àVictor Éloi Ulysse Rosanna Achille Albert Léopold Blanche Philémon

Mise en gardeCet ouvrage ne remplace nullement une visite médicale. Si vous avez le moindre doute, demandez l’avis d’un médecin. Ni l’éditeur ni les auteurs ne peuvent être tenus responsables des éventuels problèmes résultant de l’utilisation de cet ouvrage.

Avant-propos

Ce livre est tissé autour d’une amitié.

Nous avons fait connaissance alors que nous étions enceintes de nos aînés. Rapidement, nous avons commencé à échanger sur la naissance et la maternité. Puis, deux petits garçons se sont joints à nous.

En changeant nos vies, nos aînés ont aussi solidifié notre amitié. Nos échanges nous sont devenus indispensables. Souvent, l’allaitement était au cœur de nos conversations. Et pour cause ! Non seulement passions-nous beaucoup de temps à allaiter nos nouveau-nés, mais nulle part ne trouvions-nous de réponses à nos questionnements. Comment deux femmes éduquées pouvaient-elles se sentir aussi dépassées ?

Poussées par notre désir de nous informer pour mieux vivre notre maternité, nous avons commencé à faire des recherches. Au départ, celles-ci n’étaient destinées qu’à nous, mais nous nous sommes rapidement aperçues qu’elles intéressaient d’autres mères. Chaque fois, la réaction était la même : pourquoi n’entendons-nous jamais parler d’allaitement ainsi ?

Depuis les années 1990, la pratique de l’allaitement est stable en France. Elle se situe toutefois à un niveau inférieur à celui de nombreux pays voisins. Les spécialistes s’entendent pourtant pour dire qu’elle est ce qu’il y a de mieux pour le bébé, et deux nouveau-nés sur trois sont allaités à la naissance. Pourtant, l’expérience maternelle n’est pas toujours heureuse. Des mères vivent des difficultés dès les premières heures, certaines ne trouvent pas le soutien qu’il leur faut, d’autres se font décourager d’allaiter pour toutes sortes de raisons injustifiées. Et il y a les femmes qui choisissent de ne pas allaiter, ou de ne pas allaiter très longtemps, qui sentent les regards de désapprobation.

Il n’est pas si simple de parler d’allaitement et il ne suffit pas de dire qu’il est le « meilleur choix ». Allaiter est avant tout un geste intime qui demande ouverture et engagement. Pour cette raison, il faut en parler avec empathie et délicatesse ; il faut s’adresser au cœur des femmes qui nourrissent encore et encore ces bébés qu’elles aiment, faire preuve de respect et d’intelligence en tenant compte de là où elles sont rendues dans leur parcours.

Ni militantes ni professionnelles de la santé, mais l’une journaliste et l’autre linguiste et auteure, nous avons mis cinq ans à écrire le livre que nous aurions aimé lire lorsque nous avons donné naissance à nos aînés. Un livre suffisamment étoffé pour qu’il nous ait intéressées, lors de l’allaitement de nos autres enfants. Un livre savant mais accessible. Sensible mais franc.

Prenez ce livre comme un phare. Il saura vous éclairer de la première tétée au sevrage, lors de votre première expérience d’allaitement et de toutes celles qui suivront. Nous souhaitons qu’il vous permette de vivre une expérience harmonieuse, à l’image de la relation unique que vous construisez jour après jour avec votre enfant.

Certains des textes qu’il regroupe donnent l’heure juste sur des données techniques essentielles à connaître. D’autres ont été écrits dans le but d’élargir la réflexion sur l’allaitement. Certains chapitres ne s’adresseront peut-être pas à vous directement mais pourraient vous aider à épauler d’autres mères qui vivent des situations particulières. Vous retrouverez également dans ce livre des témoignages de femmes qui ont accepté avec générosité de partager leurs expériences d’allaitement heureuses ou moins heureuses.

Au même titre que l’amitié, la prise de parole des mères et le partage d’expériences sont des richesses précieuses à cultiver.

Madeleine Allard

Annie Desrochers

Partie 1Avant l’allaitement

La plupart des femmes qui envisagent l’allaitement se demandent ce qu’elles doivent faire pour s’y préparer. C’est une bonne chose d’y réfléchir avant la naissance. Vous trouverez dans cette partie plusieurs renseignements et pistes de réflexion qui vous aideront à donner des bases solides à votre allaitement.

Chapitre 1Se préparer

Préparation physique

Il n’y a pas si longtemps, on suggérait aux femmes de préparer leurs seins à l’allaitement. On proposait, par exemple, de manipuler les mamelons ou même de tenter de tirer du lait pendant la grossesse comme si l’on croyait qu’il serait possible de prendre un peu d’avance. Cela est inutile : l’allaitement débute à l’accouchement. Ni supplément, ni crème, ni manipulation pendant la grossesse ne peuvent préparer votre corps à produire du lait, même dans le cas de mamelons plats (voir p. 58). Certaines femmes ont des écoulements de lait vers la fin de leur grossesse. Cependant, une absence d’écoulement ne signifie aucunement que vous n’aurez pas de lait le moment venu. L’allaitement est un phénomène hormonal qui débute réellement avec l’accouchement.

Préparation psychologique

S’il n’est pas possible de se préparer physiquement à allaiter avant la naissance, il est certainement possible de chercher à s’y préparer psychologiquement et émotivement. Au fond, cette préparation consiste surtout en réflexions à faire et à partager.

Désir et motivation

La première question à vous poser est probablement celle-ci : Pourquoi est-ce que je désire allaiter ? Quelles sont mes motivations ? Il n’y a aucune bonne ou mauvaise réponse à cette question et il peut y avoir une seule ou plusieurs réponses. Ce qui compte, c’est de trouver la ou les vôtres. Peut-être désirez-vous allaiter parce que cela vous semble plaisant ou pratique ; parce que votre mère vous a allaitée ou que vos amies allaitent ; parce que vous trouvez cela économique ou que vous refusez d’encourager les multinationales du lait ; ou encore parce que cela vous semble le meilleur choix pour votre santé et celle de votre bébé.

Savoir pourquoi vous désirez allaiter et mieux connaître vos motivations vous aidera à traverser les périodes plus difficiles. Cela vous permettra de vous recentrer lors des moments de découragement, lorsque vous aurez envie de tout remettre en question, mais aussi de bien choisir le meilleur moment du sevrage : quand le désir et la motivation ne seront plus au rendez-vous, vous saurez qu’il est temps de passer à autre chose et vous pourrez le faire avec assurance.

De nos jours, on insiste beaucoup sur les raisons pour lesquelles vous devez allaiter. Ce faisant, on semble aborder l’allaitement du seul point de vue du bébé et en s’intéressant peu à la mère : « Le lait le meilleur pour le bébé » ; « le lait qui donne le moins de maladies au bébé » ; « le lait qui rend le bébé plus intelligent », etc. Ce lait est pourtant bel et bien fabriqué et donné par quelqu’un !

Allaitez pour votre bébé, d’accord, mais allaitez aussi pour vous, pour l’expérience que cela va vous apporter. Peu importe la façon dont vous le vivez, l’allaitement est un geste qui doit avoir un sens pour vous qui produisez du lait pour ce bébé.

Vouloir allaiter, c’est accepter de faire des gestes pour y parvenir. C’est exercer un pouvoir, celui qu’ont les femmes de nourrir leurs enfants.

Faire des gestes

Il n’est pas suffisant de se questionner sur son désir et sur ses motivations. C’est ici qu’entre en scène la volonté. Vouloir allaiter, c’est accepter de faire des gestes pour y parvenir. La volonté vous permettra de devenir responsable de votre allaitement. Elle vous demandera également d’aller chercher les outils nécessaires : la volonté se nourrit d’information et de soutien.

S’informer

L’information est comme la lumière dans les ténèbres : elle aide à trouver son chemin. Par exemple, il est très déstabilisant d’être aux prises avec un bébé de trois jours qui pleure et demande sans cesse à téter. Mais savoir que cela correspond au rythme normal du nouveau-né permet de vivre plus sereinement cet événement.

Vous trouverez dans ce livre les précieuses informations dont vous aurez besoin. Être informée ne signifie pourtant pas retenir tous ces renseignements par cœur, encore moins avoir réponse à tout. Il s’agit d’être en mesure de trouver des explications au moment où l’on en a besoin. Vous aurez parfois l’impression d’être submergée de conseils contradictoires. Ce que vous lirez dans ce livre ne correspondra peut-être pas à ce que vous diront un médecin, des amis, des parents ou une bénévole d’un organisme de soutien à l’allaitement. Vous devrez vous interroger sur l’information que l’on vous soumet : Est-ce que la personne qui vous donne cette information a allaité ? Combien de temps et dans quelles circonstances ? A-t-elle votre confiance ? Quelle est sa formation ? Quelles sont ses sources ? D’où vient ce texte que vous lisez ? Quand a-t-il été écrit ? Par qui et pourquoi ? Voilà autant de questions qui aident à analyser une information.

Informer ses proches

L’information est quelque chose que l’on reçoit, mais c’est également quelque chose que l’on donne. Pensez à informer vos proches de votre décision d’allaiter. Parlez à votre conjoint. Expliquez-lui pourquoi l’allaitement est important pour vous. Explorez ensemble le rôle qu’il aura à jouer et écoutez ce qu’il a à dire.

Si vous le souhaitez, vous pouvez également informer votre mère. Cela vous donnera l’occasion d’un échange avec elle sur ses propres allaitements. Comment a-t-elle vécu cette expérience ? Vous encourage-t-elle ? Comprend-elle votre désir ?

Informer les professionnels de la santé

Puisque l’allaitement débute avec la naissance, il est important d’informer votre médecin ou sage-femme que vous voulez allaiter. Faites-le avant l’accouchement.

Vous pouvez faire un plan de naissance dans lequel vous indiquerez que vous souhaitez allaiter votre bébé dès sa naissance et qu’il ne reçoive rien d’autre que votre lait. Avec un plan de naissance, si votre médecin ou votre sage-femme n’est pas là lors de l’accouchement, vous n’aurez pas à réitérer toutes ces demandes au moment où vous aurez bien d’autres chats à fouetter ! Renseignez-vous sur les plans de naissance sur Internet.

Chercher du soutien

Si nous vivions dans une société où toutes les femmes allaitent systématiquement, la question du soutien ne se poserait pas. Depuis la naissance, vous auriez autour de vous des femmes qui nourrissent leur petit au sein. Une fois mère à votre tour, vous n’auriez qu’à reproduire ce que vous avez vu toute votre vie.

Nous ne vivons pas dans un monde comme celui-là. Un grand nombre de femmes qui vous entourent n’ont pas été allaitées et n’ont pas allaité lorsqu’elles sont devenues mères. De plus, la formation des professionnels de la santé qui côtoient la nouvelle mère est malheureusement limitée à ce sujet et les conseils sont parfois malhabiles. Dans ces conditions, il est difficile d’obtenir l’information juste. Rencontrer d’autres femmes qui allaitent ou parler avec des personnes averties devient une richesse.

Allaiter abîme-t-il les seins ?

Ce mythe circule encore. Il existe mille et une formes de seins et il est normal que ceux-ci changent au cours de la vie d’une femme, allaitement ou non. Nous savons aujourd’hui que ce sont les variations de volume très brusques qui fragilisent le plus les fibres qui contribuent au galbe des seins. L’allaitement et un sevrage progressif permettent au contraire à la poitrine de reprendre graduellement sa taille d’origine.

Le père

Inutile de chercher midi à quatorze heures, la meilleure personne pour vous soutenir est celle qui partage votre vie. Les femmes pouvant compter sur un homme qui les encourage sont plus nombreuses à allaiter et le font plus longtemps que celles que le conjoint n’appuie pas.

Comment réagit votre partenaire à votre désir d’allaiter ? Comment avez-vous abordé la question avec lui ? Inutile de le bombarder d’information, à moins qu’il ne le demande. Enceinte, vous vivez déjà avec ce bébé, mais votre compagnon ne va pas toujours au même rythme. Ne confondez pas cela avec un manque d’appui. Exprimez-lui votre désir d’allaitement sans lui demander tout de suite ce qu’il en pense. Il n’a pas à se métamorphoser en marraine d’allaitement ! Il s’agit d’ouvrir son esprit à son tour et de lui faire comprendre pourquoi cela vous tient à cœur.

Expérience maternelle

L’allaitement est un geste accompli par les femmes, et n’est pas une technique réservée aux spécialistes. Les vraies expertes de l’allaitement sont celles qui ont allaité et cet art doit pouvoir se transmettre de femme à femme, de mère à fille, d’amie à amie.

Trouvez parmi vos proches les femmes qui ont allaité leurs enfants avec bonheur, elles seront d’un soutien précieux, elles vous encourageront, répondront à vos questions et partageront avec vous l’expérience que vous vivez. Ce sont des femmes qui vous connaissent, parfois depuis longtemps, et qui vous aiment. Vous ne trouverez pas de soutien plus personnalisé. Ou alors faites comme nous. Être enceinte en même temps qu’une amie permet de partager apprentissages et expériences. Allaiter, c’est bien plus que nourrir un bébé, c’est un geste social partagé avec d’autres. Bientôt, ce sera à vous de guider une amie ou une sœur et demain, déjà, vous le ferez avec votre fille.

Lorsqu’il n’y a personne

Il arrive que des femmes n’aient personne dans leur entourage qui les encourage à allaiter. Si c’est votre cas, vous pouvez vous sentir seule avec ce désir. Cela ne veut pas dire que vous n’aurez aucun soutien. Diverses initiatives existent afin de vous épauler dans votre allaitement.

Différents types de soutien

Virtuel : Internet est un outil formidable pour trouver de l’information. Sur notre site Internet, bienvivrelallaitement.com, vous trouverez de nombreuses ressources et mises à jour complémentaires à ce livre. Il existe également des communautés virtuelles qui mettent en contact des femmes qui allaitent. Mentionnons le site Dans le ventre de maman et son forum « L’allaitement tout en douceur ». Ces communautés vous donnent accès à un bassin d’expériences diverses et sont une belle occasion de partage et d’entraide.

Marraine d’allaitement : La marraine est une femme qui a allaité et qui aide bénévolement d’autres mères à le faire. Elle reçoit une formation de base de trois à six heures qui se poursuit ensuite par des rencontres mensuelles ou des formations spécifiques. Ses services sont gratuits. L’association Les Marraines de Lait offre, entre autres, ce type d’aide. Cette association compte de nombreuses marraines qui œuvrent dans la région Rhône Alpes. Habituellement, les femmes sont jumelées à leur marraine pendant la grossesse, mais elles peuvent aussi l’être après la naissance. Les contacts se font par téléphone. La marraine appelle une première fois et ensemble vous définissez vos besoins. Si vous vivez une situation particulière, si vous attendez des jumeaux ou êtes chef de famille monoparentale par exemple, les groupes d’entraide feront l’impossible pour vous jumeler avec une femme qui a vécu la même chose. La marraine vous guide à partir des informations que vous lui donnez. Elle ne tente pas d’orienter vos décisions. Gardez tout de même en tête que ces femmes sont bénévoles et qu’elles ne peuvent pas avoir réponse à tout, ni être disponibles en tout temps.

La Ligue La Leche (prononcez létché, qui veut dire « lait » en espagnol) : Cette organisation internationale est une autorité incontournable en allaitement. Elle n’offre pas de services de jumelage à proprement parler. Par contre, les mères peuvent joindre des monitrices de la Ligue La Leche par un service téléphonique disponible sept jours sur sept de 9 h à 21 h. Les monitrices bénévoles sont des femmes qui ont allaité un bébé de 12 mois. Elles reçoivent une formation d’une centaine d’heures sur l’allaitement mais aussi sur une vision particulière du maternage des bébés. Elles offrent également des rencontres mensuelles sur différents thèmes. La Ligue La Leche publie entre autres le journal La Voie lactée et son site Internet est très bien documenté.

Formation des professionnels de la santé

En France, les médecins qui côtoient les femmes enceintes et les nouvelles mères reçoivent une formation limitée sur l’allaitement. Les sages-femmes, quant à elles, suivent un programme qui promeut l’allaitement, mais elles n’ont droit qu’à quelques heures de cours dédiées au sujet. La formation des puéricultrices est actuellement en cours de révision afin de dédier une place plus importante à l’allaitement. Enfin, le sujet n’est malheureusement pas envisagé dans le cursus des infirmiers et des pharmaciens.

Les ateliers d’allaitement : Il s’agit de moments réservés par différents groupes communautaires afin que les femmes qui allaitent se retrouvent entre elles. Les ateliers sont un moyen de briser l’isolement. La plupart du temps, des infirmières, des marraines ou des monitrices de la Ligue La Leche répondent sur place à vos questions. Certains ateliers proposent des discussions sur différents sujets liés à l’allaitement. Il est possible d’y peser son bébé et, souvent, un léger goûter est offert ou encore une halte-garderie pour les enfants plus âgés.

La consultante en lactation IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) : Elle possède une formation pointue en allaitement. Elle est diplômée de l’IBLCE, l’International Board of Lactation Consultant Examiners, et doit renouveler son diplôme tous les cinq ans. C’est une spécialiste de l’allaitement. Certaines travaillent en milieu hospitalier alors que d’autres offrent des consultations privées, il faut alors payer leurs honoraires. Quelques-unes font des visites à domicile. La consultation avec une consultante IBCLC est particulièrement indiquée quand tout le reste a échoué.

Plus de 200 consultantes en lactation certifiées par l’IBCLC pratiquent en France. En Belgique, on retrouve une bonne centaine de consultantes dans la partie francophone, et tout autant sinon plus dans la partie néerlandophone. La profession est toujours en développement.

Si vous souffrez d’un problème de santé, particulièrement du système endocrinien, si vous prenez des médicaments ou avez subi une chirurgie mammaire, prenez un rendez-vous avec une consultante en lactation IBCLC pendant votre grossesse puisque ces situations peuvent compliquer l’allaitement.

Initiative amis des bébés

L’initiative amis des bébés est un programme international de promotion de l’allaitement mis sur pied par l’UNICEF et l’Organisation mondiale de la santé (OMS). L’appellation amis des bébés est donnée aux maisons de naissance et aux hôpitaux qui en font la demande et qui respectent des conditions précises.

Les deux premières conditions pour obtenir la désignation amis des bébés sont : se doter d’une politique d’allaitement écrite et portée à l’attention de tout le personnel soignant ; donner à tout le personnel soignant les compétences nécessaires pour mettre en œuvre cette politique.

En septembre 2017, la France compte 32 services (publics ou privés) « Amis des Bébés ». Ce qui représente environ 6 % des naissances en France.

Pour la même période, la Belgique compte 27 services « Amis des Bébés ».

Produits d’allaitement

Il existe une foule de produits destinés spécifiquement à l’allaitement. Aucun n’est indispensable, mais plusieurs sont pratiques. Par souci de prudence, et pour éviter de dépenser inutilement votre argent, allez-y petit à petit. Vous aurez tout le temps nécessaire pour vous procurer les produits dont vous aurez vraiment besoin une fois que votre bébé sera né.

Le soutien-gorge d’allaitement

Le soutien-gorge d’allaitement est conçu précisément pour faciliter l’accès au sein. Le bonnet s’attache à la bretelle au moyen d’un bouton pression ou d’un autre type d’attache. Il offre un bon support. Attendez-vous à développer une relation passionnelle avec votre soutien-gorge ! Au départ, vous serez heureuse de l’acheter et de le porter. Puis, au fil des jours (et des nuits), il y a des moments où vous allez vouloir le jeter par la fenêtre !

Assurez-vous de bien le choisir : votre soutien-gorge doit être simple à utiliser (par exemple, le bonnet devrait se détacher facilement d’une main) et confortable. Il faut surtout vous procurer la taille adéquate. On conseille habituellement d’attendre la 36e semaine de grossesse avant de faire l’achat d’un soutien-gorge d’allaitement.

Un soutien-gorge d’allaitement porté pendant la grossesse pourra convenir plus tard, vers le sixième mois d’allaitement, lorsque vos seins auront perdu un peu de volume. Ne prévoyez pas un soutien-gorge trop grand en vue de la montée de lait : celle-ci ne dure que quelques jours. Si vous n’en êtes pas à votre premier allaitement, vos anciens soutiens-gorge ne vous vont peut-être plus, selon les variations de poids entre deux grossesses. Essayez-les vers la 36e semaine afin de le vérifier.

Lorsqu’on vérifie l’ajustement, si le sein bombe hors du sous-vêtement, cela indique un bonnet trop petit. Au contraire, si l’on peut pincer le tissu du soutien-gorge à la hauteur du mamelon, le bonnet est trop grand. Dans le dos, le soutien-gorge doit pouvoir s’attacher à l’agrafe du centre et laisser passer facilement un doigt sous le soutien-gorge. Il est possible d’opter pour un modèle à armatures, mais uniquement si l’ajustement est parfait. Toutefois, ce modèle ne pourra pas être porté pour dormir à cause de la pression de l’armature sur le sein qui risque de bloquer un canal lactifère.

Choisir la bonne taille

Mesure du périmètre thoracique.

Cette mesure doit être prise juste sous les bras. Tenez-vous droite et respirez normalement. Ajoutez 1 si vous obtenez un nombre impair.

Mesure du tour de poitrine.

Cette mesure est prise horizontalement à la pointe des seins.

Soustraire la mesure du tour de poitrine de celle du périmètre thoracique pour obtenir la taille de bonnet.

Exemple :

Taille de soutien-gorge : 115 C

Il n’y a pas de règle absolue convenant à toutes les femmes quant au moment à privilégier pour l’achat d’un soutien-gorge : chez certaines femmes, les seins ne changent pas de volume pendant la grossesse ; chez d’autres, ils grossissent encore après le début de la lactation. C’est une bonne idée d’acheter un ou deux soutiens-gorge avant la naissance, quitte à en acheter d’autres quelques semaines après.

Il existe plusieurs modèles de soutiens-gorge d’allaitement proposés par diverses marques (Wonderbra, Playtex, Vogue, etc.) dans les grands magasins. D’autres marques, comme Bravado ou Hot Milk, sont en vente dans des boutiques spécialisées. Certains fabricants offrent des modèles conçus exclusivement pour les petites tailles, comme le Lifestyle de Bravado ou le Seamless de Medela (bonnets A à DD), ou alors conçus exclusivement pour les grandes tailles (bonnet DD à H), comme le Supreme de Bravado ou le FullFit de Medela.

Même s’il y a plus de choix aujourd’hui, les options restent limitées. Malgré tout, les fabricants cherchent à allier confort et élégance, voire coquetterie, avec des couleurs variant du rose bonbon au caramel (qui se porte bien sous du blanc) en passant par les motifs fleuris ou léopard.

Il faut s’attendre à débourser de 25 à 60 euros pour un bon soutien-gorge d’allaitement. Habituellement, les femmes en possèdent au moins deux. Certaines femmes se sentent à l’aise avec quatre, entre autres celles qui dorment avec leur soutien-gorge. N’hésitez pas à comparer puisque plusieurs boutiques offrent des prix spéciaux à l’achat de deux soutiens-gorge ou plus.

Pour éviter toutes ces dépenses, vous pouvez décider de porter un soutien-gorge normal. Cela est certes moins pratique lorsqu’un nouveau-né tète dix fois par jour, mais par ailleurs tout à fait faisable lorsqu’une mère est expérimentée et son bébé plus grand. Vous pouvez aussi choisir de ne rien porter, la nuit, par exemple. Ou alors, vous pouvez adapter vous-mêmes vos soutiens-gorge à l’allaitement, une solution intéressante pour les tailles difficiles à se procurer. On trouve sur Internet différentes façons de le faire.

Compresses d’allaitement

Les compresses d’allaitement absorbent les fuites de lait qui s’écoulent des seins. Elles sont très utiles, mais toutes les femmes n’ont pas d’écoulements et certaines n’utiliseront jamais de compresses. Il existe sur le marché des compresses jetables (usage unique) et des compresses lavables en coton ou en bambou.

Évitez les compresses d’allaitement doublées de matière plastique. Elles conservent trop l’humidité. Certaines compresses jetables comportent une bande adhésive pour les garder en place. Selon les marques et les modèles, il faut compter environ 5 euros pour une trentaine de compresses jetables et de 13 à 20 euros pour des compresses lavables.

Se trouvent aussi des compresses d’allaitement en silicone (LilyPadz). Contrairement aux compresses ordinaires, elles n’absorbent pas le lait, mais l’empêchent de couler. Elles adhèrent au sein et n’ont pas besoin de soutien-gorge pour tenir. Comme elles sont lavables, une paire peut durer au moins deux mois. Leur prix est autour de 20 euros la paire.

Dans votre valise en vue de la naissance, en plus des couches et des pyjamas, pensez à apporter de la crème à la lanoline, votre coussin d’allaitement, un oreiller supplémentaire, le numéro de téléphone de votre marraine d’allaitement et... ce livre.

Coussin d’allaitement

Le coussin d’allaitement existe pour faciliter la mise au sein et rendre l’allaitement plus confortable. Il permet à la mère de tenir son dos droit et de garder une bonne position. Il ne glisse pas, reste bien en place et est assez gros pour être utilisé seul.

Il faut faire attention de choisir un coussin assez épais pour soutenir le bébé, mais assez souple pour être confortable. Certains modèles sont si minces qu’ils ne remplissent pas leur fonction. Une housse amovible facilite le lavage. Certains coussins sont munis d’une fermeture à glissière sur le côté ou sont remplis d’écales de sarrasin, ce qui permet d’ajouter ou d’enlever de la bourre. Vous pouvez choisir un coussin à motifs agréables pour le recycler en oreiller de corps ou en coussin de salon. Ils se vendent entre 27 et 40 euros.

L’option de rechange ? N’importe quel autre coussin ou oreiller. Attendez-vous à en utiliser plus d’un. Il est certainement utile, voire indispensable, d’avoir des oreillers ou des coussins (d’allaitement ou non) au début, mais plus le temps passera, moins vous en aurez besoin : votre bébé sera plus gros, se tiendra mieux et vous serez plus expérimentée.

Crème pour les mamelons

Une crème pour les seins peut être utile lorsque vous accoucherez. La crème pour mamelons la plus populaire est faite de lanoline pure. Elle se vend sous les marques Lansinoh ou Purelan. Elle sert à soulager les irritations et à s’en protéger.

Un petit tube suffit puisque vous en utiliserez une toute petite quantité à la fois. Ces crèmes, autour de 5 euros le tube, s’achètent en pharmacie ou dans les boutiques spécialisées. Une fois l’allaitement terminé, vous pouvez utiliser la lanoline pure sur des lèvres gercées ou une peau irritée.

Ces crèmes ne vont pas à elles seules prévenir ou guérir les blessures. De plus, elles peuvent provoquer des réactions allergiques chez certaines personnes. À ce sujet, il est prudent de prêter attention à la liste des ingrédients de toute crème appliquée sur les seins. Certains produits contiennent de l’huile de sésame ou sont à base de noix, comme le karité.

L’autre option ? Une goutte de votre lait appliquée sur vos mamelons après chaque tétée.

Vêtements d’allaitement

Il existe sur le marché des vêtements d’allaitement, mais peu de femmes les utilisent puisqu’il est facile d’allaiter avec ses propres vêtements. Un coup de cœur : le haut d’allaitement de type camisole avec soutien-gorge intégré (Glamourmom et Bravado entre autres).

Les vêtements qui permettent un accès facile au sein évitent d’avoir l’impression de se déshabiller chaque fois que votre bébé a faim. Les robes et robes de nuit sont à oublier pendant quelque temps, quoiqu’il soit possible d’allaiter avec une robe à bretelles. Les chandails sont plus pratiques que les chemisiers. Vous pouvez aussi choisir de porter plusieurs épaisseurs, une camisole sous un chemisier par exemple.

Si vous aimez la baignade, un maillot style « tankini » fera l’affaire. À moins de chercher sur Internet, il n’existe pas vraiment de maillots conçus spécifiquement pour l’allaitement en France. Vous pouvez aussi vous tourner vers un costume de bain qui croise à l’avant ou qui s’étire bien sans qu’il faille baisser une bretelle. Certains modèles avec fermeture à glissière à l’avant facilitent également l’allaitement.

Une préparation à votre image

La meilleure stratégie à adopter lorsque vous vous préparez à allaiter est d’agir selon vos besoins. Certaines femmes ont besoin de beaucoup de soutien, que leur allaitement se passe bien ou non. Certaines choisissent de se procurer plusieurs produits spécifiques, alors que d’autres préfèrent s’arranger autrement. Il existe des mères qui veulent partager, rencontrer des gens et qui cherchent à être rassurées, tandis que d’autres, plus autonomes ou réservées, préfèrent parler de l’allaitement de façon informelle et apprendre au fil de leurs expériences et lectures. Il est bon de savoir que toutes ces possibilités existent pour ensuite faire les choix qui vous conviennent.

Chapitre 2Qu’est-ce que le lait ?

Dans la grande famille des mammifères, l’être humain est le seul qui ait choisi de boire le lait d’une autre espèce, une fois sevré du sein de sa mère. Le lait de vache est à ce point présent dans nos vies qu’on précise rarement « de vache » quand on utilise le mot « lait ». Du lait, cela va de soi que c’est du lait de vache ! Parallèlement, on utilise partout l’expression « lait maternel » quand il s’agit d’allaitement. N’est-ce pas étrange ?

Premier aliment

Le lait occupe une place à part dans l’univers de la nutrition. Cet aliment définit notre espèce, car c’est notre première nourriture. Le lait est la boisson originelle qui n’a pas d’autres fonctions que celle de nourrir. Il ne vient pas de la chasse, ni de la cueillette, ni de l’agriculture. Il ramène plutôt l’être humain à l’origine de son histoire ainsi qu’à ses origines personnelles.

Liquide biologique

Le lait renvoie au corps de la femme. Comme le sang, la salive ou la sueur, il est aussi un liquide corporel. Un corps qui sue, bave ou saigne peut provoquer des réactions de dégoût, voire de peur. Qu’en est-il d’un corps qui produit du lait ?

On imagine mal un adulte accompagner un gâteau au chocolat d’un bon verre de lait de femme ! De votre côté, envisageriez-vous que votre bébé boive le lait d’une autre ? Pourtant, nous n’avons aucun problème avec ce même adulte et ce même bébé qui boivent du lait de vache.

Dans l’histoire, la relation entre la mère nourricière et son bébé est présentée comme sacrée puisque celle qui produit du lait le donne sans compter. Elle le fait sans contrepartie pour permettre la survie de son enfant et, au-delà, de sa propre espèce.

Lait et mythologie

Le lait est à ce point central dans l’histoire de l’humanité qu’il marque la mythologie de plusieurs civilisations.

Par exemple, chez les Scandinaves, le monde est né de la rencontre entre la glace et le feu. Le géant Ymir a été formé par le froid et réveillé par la chaleur. Lorsque la glace s’est mise à fondre, les gouttes forgèrent une autre créature, la vache géante Audhumla. Ymir s’est nourri de son lait.

La mythologie hindoue raconte que Brahma a créé sept mers, dont une de lait.

Chez les Grecs, la Voie lactée provient du lait giclant du sein de la déesse Héra qui a allaité Héraclès, le fils de Zeus.

Dans l’Ancien Testament, Yahvé décrit à Moïse la Terre promise en lui disant : « C’est pourquoi j’ai décidé de vous conduire hors de l’Égypte et de sa misère… dans un pays où coulent le lait et le miel. » (Exode III, 8.)

Le mythe fondateur de Rome, pour sa part, représente la louve qui allaite les frères Romulus et Rémus, deux nouveau-nés abandonnés.

Lait maternel

Le lait que fabrique le « mammifère humain » est produit par la femme qui vient de mettre son petit au monde. En ce sens, il est vrai que c’est bien de « lait maternel » qu’il s’agit. Voilà qui explique en partie le malaise qu’on pourrait ressentir en voyant un adulte se verser un grand verre de ce « lait maternel » : il n’a pas été créé pour lui. De leur côté, les vaches de l’étable ont bel et bien été élevées uniquement pour les besoins de consommation des personnes qui boivent du lait de vache.

Le lait humain renvoie inévitablement à cette image forte de la mère qui allaite son petit. Cet aliment comporte un aspect affectif puissant. Aucun autre aliment, même le blé, le maïs ou le riz, qui sont pourtant des fondateurs de civilisations, n’a une portée symbolique plus « sacrée » que le lait maternel.

De quoi est fait le lait maternel

Le colostrum

Les premiers jours après la naissance, vous produirez du colostrum, un liquide bien différent du lait avec des propriétés protectrices spécifiques : il va tapisser les parois du tube digestif et prévenir l’adhérence des pathogènes. Le colostrum est épais, de couleur jaunâtre, voire orangée. Il se transforme rapidement pour devenir du lait dit mature à la montée laiteuse.

Vous aurez l’impression de produire peu de colostrum. En effet, les premières heures après la naissance, par exemple, votre nouveau-né en prendra à peine une cuillère à soupe, mais cette quantité augmentera rapidement au fil des jours.

Même s’il y en a peu, le colostrum répond parfaitement aux demandes du nouveau-né qui n’a besoin d’aucun autre liquide ou aliment. Après tout, son estomac est à peine gros comme une cerise !Le jour de sa naissance, votre bébé prendra 50 à 100 ml de colostrum, à peu près la quantité d’une petite coupe de vin. Vers le quatrième jour, avec l’arrivée de la montée de lait, vous produirez un demi-litre de lait !

Le colostrum est riche en protéines (23 grammes par litre) mais faible en gras, en hydrates de carbone et en certains types de sucres, il est donc très facile à digérer. De plus, il produit peu de déchets. En fait, votre bébé n’a pratiquement pas d’efforts à faire pour l’assimiler et l’éliminer.

Le colostrum est riche en sels minéraux : il retient l’eau dans l’organisme du bébé et lui permet d’être bien hydraté. Il aide à éliminer le méconium, les selles des premiers jours, cet effet laxatif prévient la jaunisse. On y trouve également des cellules qui favorisent la croissance de la flore intestinale.

Le colostrum est riche en anticorps. Votre nouveau-né recevra jusqu’à cinq grammes par jour d’IgA (immunoglobulines A). Les immunoglobulines sont des protéines qui fournissent des défenses immunitaires. Elles tapissent le système digestif, ce qui empêche les bactéries de s’y fixer. Les microbes sont « capturés » par les IgA, stoppant ainsi la prolifération des virus.

Le colostrum est riche en globules blancs, cent à mille fois plus que le sang. Ces derniers participent également aux défenses immunitaires. Pourquoi le colostrum est à ce point destiné à défendre l’organisme ? Parce que, dès sa naissance, votre bébé est confronté à une grande quantité de bactéries et que son système immunitaire est encore immature.

Le colostrum est pauvre en lactose, qui est le sucre du lait. Pourtant, c’est un liquide sucré. En fait, il contient une quantité importante d’oligosaccharides. Ces sucres rares se trouvent dans le lait de très peu de mammifères. Ils jouent un rôle dans la croissance et la formation du système digestif et intestinal.

À partir du deuxième ou du troisième jour, le colostrum se modifie. Il devient plus liquide et plus abondant. Sa composition change graduellement pour devenir le lait mature. Les protéines et certains minéraux sont présents en moins grande quantité, tandis qu’augmente la quantité de lactose et d’autres nutriments.

Les laits des mammifères sont tous différents et répondent à des besoins ciblés pour la croissance des petits de l’espèce. Le lait de vache contient 3,25 % de gras, le lait de bufflonne 6,8 %, celui de chamelle 4,5 %, celui de jument 2 % et celui de brebis 7,1 %. Chacun de ces laits est consommé par des humains à un endroit ou un autre de la planète.

Notre cerveau dépend des sucres et non des graisses pour se procurer de l’énergie. Comme le cerveau du petit humain est exceptionnellement gros, il nécessite plus de glucose que celui des autres animaux.

Un lait qui se laisse dévoiler

Aucun autre lait ne vaut le vôtre. C’est beaucoup plus qu’un produit alimentaire que l’on pourrait fabriquer et mettre en boîte. L’allaitement est une façon interactive de nourrir son bébé. La composition du lait maternel diffère d’une femme à l’autre. Pour la même femme, il change aussi d’un jour à l’autre et se modifie même au cours de la journée, au gré des circonstances propres au duo mère-bébé.

Votre lait se modifiera donc avec le temps. Le colostrum que votre nouveau-né reçoit le premier jour n’est pas celui qu’il recevra le lendemain, pas plus qu’il n’est du lait mature. Et le lait que vous produirez pour votre bébé de six semaines ne sera pas tout à fait le même que celui que vous produirez lorsqu’il aura six mois.

Lait mature

Lors de la montée laiteuse, votre lait sera plus liquide, de couleur blanc bleu, presque transparent. Au bout de trois semaines, la production de lait mature sera bien installée et la couleur variera du blanc pur au blanc jaunâtre en passant par un ton plus crème.

Votre lait contient environ 87 % d’eau. L’hydratation est parfaite puisque cette eau est liée à d’autres molécules qui évitent les trop grandes pertes urinaires.

Les glucides comptent pour environ 7 % de la composition du lait. Le principal sucre de votre lait, le lactose, compte pour 85 % de sa teneur en glucides. C’est le taux le plus élevé de tous les mammifères et il procure 40 % des calories de votre lait. D’autres glucides plus rares jouent aussi un rôle dans la construction du cerveau et de la flore intestinale.

Les lipides, ou les gras, constituent environ 4 % du lait humain, ce taux variant d’une femme à l’autre. Votre lait contient surtout des triglycérides, des graisses polyinsaturées qui jouent un rôle dans l’efficacité du système nerveux, de la vision et de la synthèse d’hormones. Le lait humain contient également du « bon cholestérol », utile pour le système cardiovasculaire et cérébral. Plus de 150 acides gras ont été identifiés dans le lait maternel. Ils jouent un rôle important dans le développement du cerveau.

Les protéines composent environ 1 % du lait maternel, soit l’équivalent de 9 à 12 grammes par litre. Le lactosérum représente la moitié des protéines de votre lait. Il aide, entre autres, à la construction du cerveau et à l’absorption du fer. C’est aussi un antibactérien et un anti-inflammatoire.

La caséine compte pour le tiers des protéines de votre lait. Pour comprendre son rôle, il faut la voir un peu comme de la colle. Le lait de vache en contient beaucoup, c’est elle qui fait « prendre » le fromage. Dans le lait humain, sa présence en petite quantité ne fait pas coaguler en masse compacte les protéines du lait. Elles forment plutôt de petits flocons beaucoup plus faciles à digérer.

Les immunoglobulines, présentes dans le colostrum, le sont aussi dans le lait. Vous en produisez de 1 à 2 grammes par litre.

Les enzymes sont importantes puisqu’elles permettent, entre autres, l’absorption des graisses par le bébé, la destruction de certaines bactéries et la division du lactose, indispensable à sa digestion.

Les acides aminés jouent un rôle dans l’assimilation des lipides et dans la construction du cerveau. La taurine, un de ces acides aminés, est dix fois plus présente dans le lait maternel que dans le lait de vache. Elle intervient dans les fonctions cardiaques et musculaires.

Enfin, votre lait contient différents micronutriments (environ 0,5 %). Les sels minéraux et les oligoéléments, comme le fer, le calcium ou le potassium, s’y trouvent en faibles quantités, car les petits reins du bébé auraient de la difficulté à en absorber davantage. Par contre, par leur composition unique, ils sont facilement assimilables par l’organisme. Le lait maternel renferme aussi des vitamines comme celles du complexe B, les vitamines C, D, E, PP et K.

Votre lait est un produit vivant fabriqué par votre corps, correspondant à votre bébé et à son milieu de vie.

Partie 2 Les débuts

Vous trouverez dans cette partie tout ce qu’il vous faut pour bien commencer l’allaitement : des explications sur la montée laiteuse, les rythmes du nouveau-né et la bonne prise du sein. Vous verrez que si vous avez certaines choses à apprendre, d’autres se mettront en place d’elles-mêmes.

Vous apprendrez également à évaluer vous-même si l’allaitement se passe bien ou non.

Avec toutes ces données en main, vous serez bien outillée pour entreprendre l’allaitement avec confiance.

Chapitre 3La première tétée

La première tétée peut préoccuper la nouvelle mère qui se demande s’il y aura autour d’elle des gens pour l’aider et surtout si elle saura comment faire. Elle retourne tout ça dans sa tête longtemps avant d’accoucher et en oublie le principal : son bébé sait quoi faire, à condition qu’on lui en donne la chance.

La majorité des bébés qui ne sont pas affectés par une analgésie vont, de façon instinctive, chercher activement le sein moins de cinquante minutes après leur naissance. C’est ce qu’on appelle le réflexe de fouissement.

Il est fascinant d’observer ce réflexe chez un bébé d’à peine quelques minutes. On sent alors que le besoin d’être allaité est inné. Le nouveau-né n’aura cet instinct que pendant un tout petit laps de temps dont il faut savoir profiter.

Contact précoce

Permettre au nouveau-né d’être immédiatement en contact avec sa mère facilite les débuts de l’allaitement. Cela aide à la sécrétion d’hormones qui assurent une pleine production de lait. De plus, une première tétée qui se passe bien installe chez la mère une confiance en sa compétence.

Manquer ce premier moment et séparer la mère de son petit risque de déranger le réflexe de fouissement. Les premiers instants après la naissance doivent être vécus en paix, dans le calme et l’intimité. Toute intervention non nécessaire à la survie immédiate devrait être remise à plus tard.

La tétée précoce a un autre impact important sur la mère. Puisque la tétée libère de l’ocytocine, l’hormone aussi responsable des contractions utérines, l’expulsion du placenta se fait plus rapidement. Elle prévient ainsi les pertes de sang importantes et permet à l’utérus de reprendre sa forme plus vite.

Impact de la naissance sur l’allaitement

L’accouchement physiologique, sans intervention ni médicamentation, favorise un bon départ de l’allaitement puisqu’il permet à votre organisme et à celui du bébé de mettre en place, plus rapidement et sans interférence, les mécanismes de la lactation.

Pendant l’accouchement, toute une série d’hormones interviennent pour déclencher la lactation (voir p. 49). Pour votre bébé, la naissance représente un changement d’état qui lui demande de réaliser toute une série d’adaptations en très peu de temps. Outre la naissance, seule la mort entraîne une modification aussi soudaine et définitive du métabolisme de l’être humain.

À sa naissance et durant les deux heures suivantes, le bébé est lui aussi envahi d’hormones. Dans son cas, ce sont les catécholamines, appelées « hormones de stress », qui sont déterminantes. Elles lui permettent de faire la transition entre la vie utérine et le monde extérieur. Ces hormones facilitent entre autres sa respiration et le maintien de sa température corporelle. Si l’accouchement a été stressant, le bébé pourra avoir un taux élevé de catécholamines et présenter un comportement quelque peu désorganisé. Le calme et l’intimité seront d’autant plus importants.

Généralement, dans l’heure qui suit sa venue au monde, le nouveau- né est paisible, mais tonique et alerte. De son côté, sa mère est dans un état de conscience et d’éveil bien particulier, encore pleine de l’énergie et de l’émotion de l’accouchement.

Lorsqu’elle n’est pas dérangée par des interventions extérieures, cette chimie si bien organisée de la naissance vient tout naturellement créer le moment propice pour la première tétée.

Comment faire

Tout de suite après la naissance, vous n’avez qu’à garder le bébé contre votre peau et l’observer tranquillement. Après quelque temps vient un moment où il tourne la tête, ouvre la bouche et semble plus fébrile. Parfois, cela se fait rapidement ; d’autres fois, cela prend plus d’une heure.

Vous pouvez chatouiller ses lèvres avec votre mamelon et vous verrez qu’il ouvrira grand la bouche : il sait quoi faire. Vous le rapprocherez de vous et il prendra le sein pour se mettre à téter. Peut-être qu’il le prendra facilement, ou peut-être que vous aurez à recommencer plus d’une fois parce qu’il sera somnolent ou au contraire très fébrile. Attendez que sa bouche soit bien ouverte.

Certains bébés souhaitent plutôt s’attarder sur le son de la voix de leurs parents, qu’ils connaissent depuis longtemps déjà. Si c’est le cas, suivez son rythme. S’il ne veut pas téter, gardez-le contre vous, il le fera un peu plus tard. Dites-vous que le contact est établi.

Le père peut aussi être celui qui observe le moment où son bébé sera prêt à prendre le sein. Pendant qu’on vous aide à vous laver et à vous installer plus confortablement, votre conjoint peut prendre le bébé contre lui et surveiller ses signes. Il en tirera beaucoup d’émotions. Dès que le bébé sera prêt, votre compagnon n’aura qu’à le déposer dans vos bras.

Pendant tout votre séjour à l’hôpital, n’hésitez pas à demander ou à refuser l’aide du personnel qui vous entoure. Certaines femmes ont besoin d’être épaulées tandis que d’autres se sentiront mieux si on les laisse vivre ce moment en toute intimité.

Si ça ne se passe pas comme ça

L’accouchement naturel et la mise au sein précoce ne représentent pas un idéal mystique à atteindre, pas plus qu’ils ne sont la seule façon de commencer un allaitement. Ce ne sont que des conditions, parmi d’autres, qui le facilitent.

Aujourd’hui, une majorité de femmes choisissent de donner naissance sous péridurale, d’autres accouchent par césarienne et, dans bien des endroits, les pratiques néonatales ne favorisent pas la mise au sein précoce. Peu importe la façon dont se passe un accouchement, l’allaitement reste tout à fait possible. Après une naissance difficile, il arrive même que cela permette de ressouder les liens entre la mère et son bébé, et apporte à tous les deux paix et sérénité.

Une femme qui souhaite allaiter, qui est informée et soutenue, arrivera à le faire quel que soit l’accouchement qu’elle aura vécu. De leur côté, les bébés adoptent toute une variété de comportements après la naissance et tous ne sont pas prêts à téter au même moment. Forcer un bébé à téter alors qu’il n’est pas prêt, simplement pour atteindre l’« idéal » du contact précoce, nuira à son équilibre. Si la première tétée ne se passe pas comme vous l’aviez imaginée, concentrez-vous sur celles à venir.

Peau contre peau

Le contact peau contre peau avec votre bébé comporte de nombreux avantages pour son bien-être global et pour votre production de lait. Il aidera votre bébé à passer calmement de la vie intra-utérine à la vie extérieure. La proximité de votre corps et le colostrum qu’il reçoit le protègent d’un environnement trop sec. Bien au chaud et à l’aise, le bébé est paisible et ne dépense pas d’énergie inutilement. Sa perte de poids est sous contrôle et sa glycémie, plus stable. Tout contre vous, sa température corporelle est optimale et sa respiration, calme. Le colostrum le nourrit et le protège en respectant son système encore immature. Le contact précoce peau contre peau renforce les interactions entre la mère et son nouveau-né. Se sentir près de son bébé et communiquer avec lui si tôt après sa naissance donne un sentiment de confiance précieux pour l’allaitement.

Si vous n’avez pas pu mettre votre bébé contre votre peau aussitôt après sa naissance, n’hésitez pas à le faire plus tard, et pendant plusieurs semaines. Les bienfaits restent importants.

Rien ne prouve que l’allaitement soit compromis si la mise au sein ne se fait pas immédiatement après la naissance.

Péridurale

Cette analgésie peut retarder le réflexe de succion et compliquer la première mise au sein. En 2006, une étude australienne a de plus montré que les femmes qui avaient accouché sous péridurale étaient deux fois plus susceptibles de cesser complètement l’allaitement pendant les 24 premières semaines suivant la naissance que celles qui n’avaient pas eu recours à une méthode pharmacologique pour soulager la douleur pendant le travail.

Les femmes savent que la péridurale procure un grand soulagement des douleurs ressenties pendant l’accouchement, toutefois il est moins connu qu’un de ses effets secondaires est de compliquer la mise en route de l’allaitement. Chaque femme doit pouvoir obtenir l’information dont elle a besoin sur la naissance afin d’exercer son libre choix.

Césarienne

Les femmes qui accouchent par césarienne semblent moins nombreuses à allaiter que celles qui accouchent par voie naturelle. Ce n’est pas parce que l’allaitement est physiologiquement impossible après une césarienne, au contraire, beaucoup de femmes y parviennent. Par contre, différents facteurs comme la douleur, l’anxiété, l’utilisation de médicaments ou encore l’état général du bébé et de sa mère peuvent être des obstacles à l’allaitement. Raison de plus pour favoriser un contact intime entre la mère et son bébé.

Après une césarienne, il est possible d’allaiter le bébé directement dans la salle d’opération peu de temps après sa naissance. La mère sera alerte, moins souffrante parce que l’anesthésie se fera encore sentir, et excitée par l’arrivée de son bébé.

Il est de votre responsabilité d’informer votre médecin et le personnel médical de votre désir d’allaiter malgré la césarienne. Votre compagnon pourra vous aider à vous placer confortablement et vous arriverez ainsi à créer cette bulle unique si propice à la première tétée.

Au-delà de la première fois

La première tétée est importante parce que découlent d’elle toutes celles qui suivront. Après avoir « tricoté » un petit humain pendant neuf mois, vous voici maintenant en train de le faire grandir. Cette première tétée reste marquante, car elle est vécue dans une sorte d’acuité de conscience rare.

En même temps, il arrive souvent qu’une mère ne se rappelle plus aucun détail de cette première mise au sein. Était-ce 30 ou 50 minutes après la naissance ? L’ai-je allaité longtemps ou pas ?

Certaines conditions favorisent le déroulement de la première tétée, mais elle ne se passe jamais de la même façon. Il n’y a pas un seul modèle d’allaitement. À votre manière, déjà avec cette première tétée, vous et votre bébé êtes en train de créer le vôtre.

La réussite ou l’échec d’un allaitement dépend beaucoup plus du soutien global qui entoure la mère et son bébé que de la manière dont elle a accouché.

Hypoglycémie néo natale

L’hypoglycémie est une des raisons pour lesquelles le nouveau-né reçoit des compléments de préparation pour nourrissons à la naissance même si la mère désire allaiter exclusivement. On peut prévenir et contrer l’hypoglycémie autrement.

La glycémie indique le taux de glucose dans le sang. Ce sucre est un peu le carburant de votre organisme. Il provient de votre alimentation et est une énergie essentielle, notamment pour le cerveau. Dans l’utérus, le fœtus absorbe le glucose à travers le placenta. Une partie de ce sucre est utilisée immédiatement comme source d’énergie et une autre est stockée en prévision de la naissance. Une fois né, et pendant les premiers jours de vie, le bébé fabrique du glucose à partir de ses réserves. Il n’a pas besoin de grands apports alimentaires pour trouver son énergie.

Lorsque la lactation est bien établie, le lait devient la principale source de sucre du nourrisson. Le lactose est alors transformé en glucose par le bébé qui l’utilise pour sa croissance et fait ses réserves afin d’éviter une glycémie trop faible entre les tétées.

Causes de l’hypoglycémie

L’hypoglycémie néonatale signifie que le taux de glucose sanguin est au-dessous de la normale. Le cerveau et le système nerveux central doivent absolument recevoir du glucose pour fonctionner. Une carence prolongée peut causer des lésions au cerveau et même la mort. Les bébés nés à terme et en bonne santé présentent des risques d’hypoglycémie pendant leurs deux premiers jours.

Le refroidissement

est la principale cause d’hypoglycémie. Un bébé qui a froid doit mobiliser de l’énergie pour se réchauffer.

Le stress

est une autre cause d’hypoglycémie pour les bébés, nés à terme ou non. Ceux qui ont subi une naissance difficile, une souffrance fœtale ou une longue période de pleurs, y sont sensibles. Lors d’un stress important, l’organisme dépense plus d’énergie. Il y a ainsi une grande perte de sucre puis, dans les heures qui suivent, une chute brutale de la glycémie.

Enfin, il existe un troisième type de risque qui concerne

les bébés vulnérables

. Il s’agit de nouveau-nés dont le mécanisme qui régule le sucre dans le sang est absent. La prématurité, le retard de croissance intra-utérin, le diabète maternel mal contrôlé, l’alcoolisme et la postmaturité sont autant de facteurs de risque d’avoir un bébé vulnérable. Dans les deux premières situations, l’hypoglycémie est souvent causée par des pratiques néonatales et peut être prévenue. Le dernier cas concerne des bébés qui méritent une surveillance accrue.

La prévention : une arrivée au monde en douceur

Les premiers jours, il est essentiel de prévenir le refroidissement de votre bébé afin de maintenir un niveau adéquat de glycémie : il faut éviter toute perte non essentielle d’énergie. Pour ce faire, il suffit de garder le nouveau-né à une température optimale en favorisant la proximité avec ses parents.

Il faut aussi surveiller la prise alimentaire de votre bébé. Le colostrum est facilement digestible et évite de trop grandes pertes d’énergie. Des tétées précoces et efficaces de colostrum préviennent et traitent l’hypoglycémie en stabilisant le taux de sucre dans le sang. Lorsque le bébé a de la difficulté à téter, vous pouvez tirer votre colostrum et le lui offrir à la cuillère ou encore en enduire sur ses lèvres, comme on utiliserait un rouge à lèvres, par exemple.

Eau glucosée

Les suppléments d’eau glucosée comme mesure de prévention sont inutiles, voire nuisibles. Ils apportent peu de calories et aucun nutriment. De plus, ils enclenchent une décharge d’insuline qui déstabilise la glycémie. Ils nuisent à la prise de colostrum et à l’installation de l’allaitement.

Dans les cas les plus graves et urgents d’hypoglycémie, les bébés reçoivent généralement une solution intraveineuse de dextrose, un glucose chimiquement pur.

Controverse sur les chiffres

La glycémie se mesure en millimole par litre (mmol/L). Chez les adultes, elle varie de 3,9 à 6,1 mmol / L. Ce taux a été calculé statistiquement à partir d’un échantillonnage important d’adultes en bonne santé. Le problème est que les scientifiques ne s’entendent pas sur un taux précis pour les nouveau-nés. Il y a quelques années, les recherches qui portaient sur l’hypoglycémie néonatale ne tenaient pas compte de la façon dont étaient alimentés les nourrissons. De plus, les bébés prématurés et malades étaient inclus dans le même échantillonnage que les bébés en bonne santé. Pire encore, certaines études se basaient sur les résultats obtenus auprès de bébés malades pour les étendre à tous les bébés !

La Société canadienne de pédiatrie reconnaît que la glycémie normale d’un nouveau-né à terme et en bonne santé se situe juste sous les 2 mmol / L. Pour les bébés vulnérables, elle suggère un taux supérieur à 2,5 mmol / L. Elle ne recommande pas le dépistage systématique chez les nourrissons à terme et en bonne santé. Chez les nouveau-nés vulnérables, elle recommande un suivi serré. La glycémie est vérifiée à l’aide de quelques gouttes de sang prélevées sur le talon du nourrisson.

Pour le bébé à terme, une hypoglycémie sans autre symptôme ne laisse pas de séquelles. Un taux de glucose sanguin peu élevé pendant quelques heures aussitôt après la naissance semble être un phénomène physiologique normal.

Facteurs qui augmentent la perte de chaleur

Nudité

ou toute surface de peau exposée à l’air : Un bébé tête nue expose le quart de sa surface corporelle. Dans une pièce dont la température ambiante est de 20 degrés, le bébé nu perd un dixième de degré par minute. Cette perte est trois à quatre fois plus importante si le bébé est nu et mouillé.

Sécheresse de l’air :

Plus l’air est sec, plus le bébé perd de l’eau et de la chaleur.

Courants d’air :

Le simple déplacement d’un adulte autour d’un bébé nu augmente le refroidissement.

Suppression des protections naturelles :

Le vernix et l’huile de la peau du bébé constituent des protections naturelles qui évitent une transpiration exagérée. Frotter et savonner un bébé tous les jours le prive de cette protection.

Chapitre 4Les tout premiers jours

Allaitement à l’éveil

C’est l’état d’éveil qui déclenche la capacité du nouveau-né à bien prendre le sein et non un horaire prédéterminé d’allaitement toutes les trois ou quatre heures. Votre nourrisson ignore ce que sont la sensation et les « horaires » de la faim. Par contre, il vient au monde avec des compétences qui lui permettent d’adopter des comportements adaptés à ses besoins. Par exemple, s’il prend le sein à la naissance, ce n’est pas parce qu’il a faim, puisqu’il est nourri par le cordon ombilical jusqu’au dernier moment, c’est plutôt parce que cela correspond à sa capacité d’éveil neurologique.

Respecter ses compétences

Allaiter un bébé chaque fois qu’il s’éveille permet de combler ses besoins énergétiques. Réveiller un bébé « parce qu’il est temps qu’il tète » revient à aller contre ses compétences et ses besoins. De la même façon, refuser de faire téter un bébé naissant simplement « parce qu’il vient de boire il n’y a pas une heure » équivaut à l’empêcher d’exercer sa compétence. Ainsi, il peut renoncer à téter, sembler somnolent ou mal prendre le sein.

Signes d’éveil

Phase de sommeil léger : Les yeux du bébé bougent sous ses paupières fermées, il fait des petits mouvements de succion, des légères mimiques, des mouvements des bras et des jambes. Le nouveau-né somnolent ou prenant du poids lentement tirera avantage à être mis au sein dès ces premiers signes.

Phase d’éveil calme : Le bébé observe le monde autour de lui, est éveillé mais n’a pas l’air de chercher particulièrement le sein. Le nourrisson, calme et attentif, est dans de bonnes conditions pour téter.

Phase d’éveil agité : Le bébé porte ses mains à la bouche, tourne la tête à la recherche du sein. Le nouveau-né montre activement qu’il a faim et sa demande est facile à percevoir.

Le respect des signes d’éveil du nouveau-né facilite la mise en route de l’allaitement et simplifie votre vie. Il est inutile de vous demander si le bébé a réellement faim et si vous n’êtes pas en train de le « gâter ». Avec l’allaitement à l’éveil, la prise du sein est plus facile parce qu’elle survient au moment où le bébé est le plus apte à le prendre.

Il n’y a aucune raison de réveiller à heures fixes un bébé né à terme et en bonne santé pour le faire téter. Il suffit de le mettre au sein chaque fois qu’il s’éveille.

Rythmes du nouveau-né

De deux à quarante-huit heures

Environ deux heures après sa naissance, votre bébé a besoin de se remettre des émotions qu’il vient de vivre. Il entre dans une phase de sommeil profond qui peut durer plusieurs heures. Ses éveils sont rares et courts.

Même s’il n’a pas pris le sein à la naissance, inutile de le réveiller durant cette période, il sera difficile de le faire de toute façon. Laissez-le dormir. Il peut se passer de nombreuses semaines avant qu’il ne dorme aussi longtemps… Par contre, placez-le au sein dès son éveil : il sera prêt à téter.

Certains bébés ne connaîtront pas cette phase de sommeil profond et vont vouloir être au sein souvent. Dans un cas comme dans l’autre, laissez-vous guider par le rythme de votre bébé, sans vous inquiéter.

De votre côté

Vous avez besoin de récupérer, mais vous êtes en même temps dans un état d’hyperstimulation. Votre esprit est en train d’assimiler le fait que vous êtes maintenant mère. Vous avez une faim de louve ! C’est le moment de prendre un bon repas qui vous soutiendra. Peut-être aussi de prendre une douche ou un bain ? Votre compagnon doit veiller à votre tranquillité et à celle de votre bébé. Autrement, vous risquez une accumulation de fatigue et un stress inutile pour votre nourrisson.

Vous aurez de la difficulté à dormir, mais reposez-vous tout près de votre bébé. Si vous n’avez pas eu de médication pendant l’accouchement et si vous le souhaitez, pourquoi ne pas le prendre dans votre lit ? Si c’est possible, demandez à votre conjoint de le coucher avec vous. Sinon, placez le lit du bébé collé au vôtre. Profitez-en pour le toucher, imprégnez-vous de son odeur qui, déjà demain, sera différente.

Les tétées

Faites téter votre bébé dès les premiers signes d’éveil : n’attendez pas qu’il pleure ! Il reçoit maintenant votre colostrum. Votre lait arrivera d’ici 30 à 40 heures. Vous trouvez qu’il n’en reçoit pas beaucoup ? Rassurez-vous, le colostrum est suffisant, votre bébé n’a besoin de rien d’autre. En le gardant au chaud près de vous, vous facilitez son adaptation à notre monde.

Pour protéger la peau de vos seins, appliquez une goutte de lait sur vos mamelons après la tétée. Si vous ressentez beaucoup de douleur, demandez à ce qu’on vous rassure sur sa prise du sein.

Si l’on se laisse guider par son rythme, on s’aperçoit que le bébé possède des outils pour s’adapter en douceur à sa nouvelle vie.

Survivre aux tout premiers jours

Mon bébé pleure :