Le Lépreux de la cité d'Aoste - Xavier de Maistre - E-Book

Le Lépreux de la cité d'Aoste E-Book

Xavier de Maistre

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Beschreibung

Extrait : "La partie méridionale de la cité d'Aoste est presque déserte, et paraît n'avoir jamais été fort habitée. On y voit des champs labourés et des prairies terminées d'un côté par des remparts antiques que les Romains élevèrent pour lui servir d'enceinte, et de l'autre par les murailles de quelques jardins. Cet emplacement solitaire peut cependant intéresser les voyageurs."

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EAN : 9782335076738

©Ligaran 2015

Le Lépreux de la cité d’Aoste
Ah ! little think the gay licencious proud,
Whom pleasure, power and affluence surround…
Ah ! little think they while they dance allong…
How many pine ?… how many drink the cup
Of baleful grief !… how many shake
With all the fiercer tortures of the mind !

(THOMSON’S SEASONS, the Winter.)

La partie méridionale de la cité d’Aoste est presque déserte, et paraît n’avoir jamais été fort habitée. On y voit des champs labourés et des prairies terminées d’un côté par des remparts antiques que les Romains élevèrent pour lui servir d’enceinte, et de l’autre par les murailles de quelques jardins. Cet emplacement solitaire peut cependant intéresser les voyageurs. Auprès de la porte de la ville, on voit les ruines d’un ancien château, dans lequel, si l’on en croit la tradition populaire, le comte René de Chalans, poussé par les fureurs de la jalousie, laissa mourir de faim, dans le quinzième siècle, la princesse Marie de Bragance, son épouse : de là le nom de Bramafan (qui signifie cri de la faim), donné à ce château par les gens du pays. Cette anecdote, dont on pourrait contester l’authenticité, rend ces masures intéressantes pour les personnes sensibles qui la croient vraie.

Plus loin, à quelques centaines de pas, est une tour carrée, adossée au mur antique et construite avec le marbre dont il était jadis revêtu : on l’appelle la Tour de la frayeur, parce que le peuple l’a crue longtemps habitée par des revenants. Les vieilles femmes de la cité d’Aoste se ressouviennent fort bien d’en avoir vu sortir, pendant les nuits sombres, une grande femme blanche, tenant une lampe à la main.

Il y a environ quinze ans que cette tour fut réparée par ordre du gouvernement et entourée d’une enceinte, pour y loger un lépreux et le séparer ainsi de la société, en lui procurant tous les agréments dont sa triste situation était susceptible. L’hôpital de Saint-Maurice fut chargé de pourvoir à sa subsistance, et on lui fournit quelques meubles, ainsi que les instruments nécessaires pour cultiver un jardin. C’est là qu’il vivait depuis longtemps, livré à lui-même, ne voyant jamais personne, excepté le prêtre qui de temps en temps allait lui porter les secours de la religion, et l’homme qui chaque semaine lui apportait ses provisions de l’hôpital. – Pendant la guerre des Alpes, en l’année 1797, un militaire, se trouvant à la cité d’Aoste, passa un jour, par hasard, auprès du jardin du lépreux, dont la porte était entrouverte, et il eut la curiosité d’y entrer. Il y trouva un homme vêtu simplement, appuyé contre un arbre et plongé dans une profonde méditation. Au bruit que fit l’officier en entrant, le solitaire, sans se retourner et sans regarder, s’écria d’une voix triste : « Qui est là, et que me veut-on ? – Excusez un étranger, répondit le militaire, à qui l’aspect agréable de votre jardin a peut-être fait commettre une indiscrétion, mais qui ne veut nullement vous troubler. – N’avancez pas, répondit l’habitant de la tour en lui faisant un signe de la main, n’avancez pas ; vous êtes auprès d’un malheureux attaqué de la lèpre. – Quelle que soit votre infortune, répliqua le voyageur, je ne m’éloignerai point ; je n’ai jamais fui les malheureux ; cependant, si ma présence vous importune, je suis prêt à me retirer.

– Soyez le bienvenu, dit alors le lépreux en se retournant tout à coup, et restez, si vous l’osez, après m’avoir regardé. » Le militaire fut quelque temps immobile d’étonnement et d’effroi à l’aspect de cet infortuné, que la lèpre avait totalement défiguré, « Je resterai volontiers, lui dit-il, si vous agréez la visite d’un homme que le hasard conduit ici, mais qu’un vif intérêt y retient »

LE LÉPREUX

De l’intérêt !… Je n’ai jamais excité que la pitié.

LE MILITAIRE

Je me croirais heureux si je pouvais vous offrir quelque consolation.

LE LÉPREUX

C’en est une grande pour moi de voir des hommes, d’entendre le son de la voix humaine, qui semble me fuir.

LE MILITAIRE

Permettez-moi donc de converser quelques moments avec vous et de parcourir votre demeure.

LE LÉPREUX