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Le texte qui est sans doute devenu le plus célèbre de Diderot (1713-1784) est resté ignoré de ses contemporains. Il manque aux
Œuvres complètes éditées par Naigeon en 1798. Il n’a été publié pour la première fois qu’en 1805, plus de vingt ans après la mort de l’auteur, dans une traduction allemande de Goethe, et l’on n’en a connu que des versions françaises approximatives jusqu’à la découverte du manuscrit autographe en 1891.
Une fiche de lecture spécialement conçue pour le numérique, pour tout savoir sur Le Neveu de Rameau de Denis Diderot
Chaque fiche de lecture présente une œuvre clé de la littérature ou de la pensée. Cette présentation est couplée avec un article de synthèse sur l’auteur de l’œuvre.
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ISBN : 9782341012478
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Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Le Neveu de Rameau, Denis Diderot (Les Fiches de lecture d'Universalis).
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Le texte qui est sans doute devenu le plus célèbre de Diderot (1713-1784) est resté ignoré de ses contemporains. Il manque aux Œuvres complètes éditées par Naigeon en 1798. Il n’a été publié pour la première fois qu’en 1805, plus de vingt ans après la mort de l’auteur, dans une traduction allemande de Goethe, et l’on n’en a connu que des versions françaises approximatives jusqu’à la découverte du manuscrit autographe en 1891. La prudence de Diderot et les scrupules de ses éditeurs expliquent ce retard à révéler un texte où l’écrivain évoquait crûment nombre de figures de son temps et posait non moins nettement des problèmes moraux. Il nomme « satire », au sens étymologique de mélange, et place sous le patronage d’une citation d’Horace (« Vertumnis, quotquot sunt, natus iniquis », « né sous la malice de tous les Vertumne réunis », c’est-à-dire de tous les changements de temps) un texte que nous rattachons au genre du dialogue.
« Qu’il fasse beau, qu’il fasse laid, c’est mon habitude d’aller sur les cinq heures du soir me promener au Palais-Royal. C’est moi qu’on voit, toujours seul, rêvant sur le banc d’Argenson. Je m’entretiens avec moi-même de politique, d’amour, de goût ou de philosophie. J’abandonne mon esprit à tout son libertinage. » Tel est le décor de la rencontre du Philosophe lui-même (« Moi ») et d’un personnage haut en couleur (« Lui »), neveu du célèbre musicien Rameau, touche-à-tout, parasite et bohème, grand amateur de paradoxes. Ensemble, ils débattent du Beau et du Bien. Le neveu raconte sa vie pour justifier son cynisme, mais il continue à croire aux valeurs du Beau. Il décrit le salon du financier Bertin et de la comédienne Mlle Hus, et brosse un portrait satirique des artistes et hommes de lettres qu’ils entretiennent. Le ton y est à la flagornerie et à la critique des encyclopédistes. Le Philosophe s’amuse de tant de bassesse, mais s’indigne de la dérive de son interlocuteur qui considère les choses morales d’un point de vue esthétique. Un crime particulièrement crapuleux devient un beau spectacle. La question se pose alors du dialogue lui-même, et de la possibilité d’un échange intellectuel sans un minimum de valeurs communes. L’œuvre s’achève par une pirouette. Indifférent aux admonestations de Moi, c’est-à-dire du Philosophe, Lui, le Neveu de Rameau, s’échappe, en raillant : « Rira bien qui rira le dernier. »
Un faisceau de références biographiques aux modèles des personnages : Jean-François Rameau, Auguste Louis Bertin de Blagny et Adélaïde Louis Hus, date la scène des années 1760-1762. Mais la mort du grand Rameau, déjà advenue dans le texte, n’eut lieu qu’en 1764. Diderot amalgame des époques différentes, et les historiens sont réduits aux conjectures. Certains penchent pour une rédaction en 1761-1762, remaniée plusieurs fois jusqu’à la mort de Diderot. D’autres, qui sont plus sensibles esthétiquement à l’unité du dialogue et idéologiquement à l’amertume de son ton, rejettent l’essentiel de la composition dix ans plus tard, au retour de Russie.