Le Père Goriot d'Honoré de Balzac (Les Fiches de Lecture d'Universalis) - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Le Père Goriot d'Honoré de Balzac (Les Fiches de Lecture d'Universalis) E-Book

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Limité jusqu'alors à quelques manifestations ponctuelles, le procédé du retour des personnages d'un roman à un autre devient, à partir du Père Goriot, un des ressorts de la création balzacienne.

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Seitenzahl: 85

Veröffentlichungsjahr: 2016

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Universalis, une gamme complète de resssources numériques pour la recherche documentaire et l’enseignement.

ISBN : 9782341011372

© Encyclopædia Universalis France, 2019. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/Shutterstock

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Bienvenue dans ce dossier, consacré à la fiche de lecture d'Universalis : Le Père Goriot, d'Honoré de Balzac, publié par Encyclopædia Universalis.

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LE PÈRE GORIOT, Honoré de Balzac (Fiche de lecture)

Lorsqu’il commence d’écrire Le Père Goriot, en septembre 1834, Balzac (1799-1850) vit un moment décisif de sa création littéraire. Le principe organisateur des regroupements de romans par Scènes, puis par Études se découvre à lui dans toute sa dimension, et, dans une lettre à Mme Hanska du 3 octobre 1834, il expose le plan de ce qui prendra en 1842 le nom de Comédie humaine. Une autre trouvaille majeure qui se met en place à ce moment-là est celle des « personnages reparaissants » : limité jusqu’alors à quelques manifestations ponctuelles, le procédé du retour des personnages d’un roman à un autre devient, à partir du Père Goriot, un des ressorts de la création balzacienne. Le roman est publié en quatre livraisons, dans la Revue de Paris, les 14 et 28 décembre 1834, les 18 janvier et 1er février 1835. Le 11 mars, il paraît en librairie.

• Une « effroyable tragédie parisienne »

L’action du roman se déroule à Paris, entre fin novembre 1819 et février 1820, ce qui justifie l’appartenance première du roman aux Scènes de la vie parisienne. Nous assistons aux deux derniers mois de Jean-Joachim Goriot, un vieil homme de soixante-dix ans, ancien négociant en vermicelle et pâtes d’Italie, qu’une folle passion pour ses filles, devenues par leur mariage des femmes du monde, mène à la déchéance et à la ruine. Anastasie de Restaud et Delphine de Nucingen méprisent leur père qui vit chichement dans une pension du quartier Latin ; elles laisseront mourir seul, après avoir achevé de le dépouiller, sauf de ses illusions, celui qui leur aura tout sacrifié. Ce drame de l’ingratitude filiale explique l’intégration du roman, en 1843, dans les Scènes de la vie privée.

La fin d’existence misérable de Goriot est croisée par une autre trajectoire, ascendante celle-là, celle d’Eugène de Rastignac, étudiant idéaliste venu de sa province porter à Paris ses ambitions d’ascension sociale. La fréquentation du monde, le spectacle de ses tentations et de ses corruptions font bientôt l’éducation du jeune homme dont toutes les initiatrices sont abandonnées par leurs amants. Rastignac perd ses illusions et gagne une maîtresse, Delphine, la fille de Goriot. S’il ne va pas jusqu’à accepter les offres inquiétantes de Vautrin, un ancien forçat dont la « protection » pourrait assurer sa fortune, son refus lui promet un autre destin, plus conforme aux normes sociales. Chacun selon sa pente, les deux personnages poursuivront leurs parcours respectifs dans La Comédie humaine. À la fin du roman, la mort pitoyable de Goriot, dont Rastignac suit le convoi funèbre, constitue pour l’étudiant une décisive leçon de vie. Depuis les hauteurs du Père-Lachaise, il lance son célèbre défi à Paris : « À nous deux, maintenant ! »

• Un roman balzacien exemplaire

La description de la pension Vauquer, au début du roman, est souvent considérée comme typiquement balzacienne : « La maison où s’exploite la pension bourgeoise appartient à madame Vauquer. Elle est située dans le bas de la rue Neuve-Sainte-Geneviève, à l’endroit où le terrain s’abaisse vers la rue de l’Arbalète par une pente si brusque et si rude que les chevaux la montent ou la descendent rarement. » En effet, la description minutieuse du quartier, de la maison et de ses pensionnaires, loin de retarder l’action, porte la marque de l’histoire à venir et en constitue pour ainsi dire la matrice. De même que la personne de Mme Vauquer « explique la pension, comme la pension implique la personne », on pourrait dire que le destin de Goriot est inscrit dans la vétusté, le délabrement et le nauséabond du décor ; de même encore, le papier « verni » qui représente les scènes des Aventures de Télémaque annonce le roman d’éducation dont Rastignac va être le héros. La cohérence de la composition est donc exemplaire : sept pensionnaires peuplaient au début du roman ladite pension. À la dernière ligne, aucun n’y habite plus.

Exemplaire est aussi le roman en tant qu’illustration de la méthode balzacienne. « Typiser l’individu » et « individualiser le type », telle est généralement l’ambition de Balzac. Goriot et Vautrin sont ici des incarnations aussi différentes que possible d’un même schéma de force passionnée : le premier est un esclave, le second est un maître. Goriot a gardé de son passé de négociant une grande vigueur physique, qui le rend capable de tordre des couverts de vermeil pour les transformer en lingots. Or cet homme est une faible victime, sans volonté ni intelligence, aveuglément soumis à sa passion pour ses deux filles, une passion quasi amoureuse, qui lui fait vivre une Passion au sens christique du mot. S’il a mérité d’être appelé par Balzac « Christ de la paternité », c’est en effet par le sublime de son sacrifice, non par le véritable amour d’un père pour ses enfants. Il l’avoue : « J’ai bien expié le péché de les trop aimer » ou bien : « Mes filles étaient mon vice à moi, elles étaient mes maîtresses, enfin tout. »

« Tout », le mot se retrouve chez Vautrin, hercule débordant d’énergie vitale : « Je suis tout. » Le forçat évadé, qui « est à lui seul toute la corruption et toute la criminalité », n’avait-il pas pour surnom Trompe-la-Mort ? Ce prédateur, ce révolté indomptable, si souvent diabolique, infernal, est aussi farceur, jovial, doué d’une « grosse gaieté », d’une « volubilité comique ». Quelques années plus tard, Illusions perdues et Splendeurs et misères des courtisanes, qui achèvent le cycle de Vautrin, révéleront le personnage dans toute sa puissante complexité.

LeXIXe siècle a produit de nombreux « romans d’éducation ». Avant Le Père Goriot, on citera Le Rouge et le Noir de Stendhal (1830). Chez Balzac lui-même, Illusions perdues (1837-1843), Béatrix (1839-1845), Un début dans la vie (1844). Après Balzac, L’Éducation sentimentale (1869) de Flaubert ; Pot-Bouille (1882) de Zola ; Bel-Ami (1885) de Maupassant.

Maurice MÉNARD

Bibliographie
H. DE BALZAC, Le Père Goriot, prés. R. Fortassier, in La Comédie humaine, P.-G. Castex éd., t. III, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, Paris, 1976 ; Le Père Goriot, prés. S. Vachon, Le Livre de poche classique, Hachette, Paris, 1995.
Études
P. BARBÉRIS, Le Père Goriot, Larousse, Paris, 1972P. DEBAILLY, « Le Père Goriot », profil d’une œuvre, Hatier, Paris, 1992J. GUICHARDET, Le Père Goriot, coll. Foliothèque, Gallimard, Paris, 1993.

BALZAC HONORÉ DE (1799-1850)

Introduction

Prométhée, Protée, homme à la robe de bure, créateur halluciné immortalisé par Rodin, Balzac a suscité toutes les imageries et toutes les gloses. L’œuvre immense vit, de réédition en réédition : elle est traduite et lue dans le monde entier et la télévision lui a redonné, plus que le cinéma, peut-être, une nouvelle fortune.

La prodigieuse vitalité de cette vie aux multiples entreprises et au gigantesque travail littéraire se développe sur le terrain d’une famille bourgeoise représentative des ascensions de ce temps de mutations. La famille du père, né Balssa, est une famille de paysans du Tarn. Le père, Bernard-François, petit clerc de notaire, monte à Paris à vingt ans et finit comme directeur des vivres aux armées. La mère, née Laure Sallembier, appartient à une famille de passementiers-brodeurs parisiens. Quand Balzac naît à Tours le 20 mai 1799, le père a cinquante-trois ans et la mère vingt et un. Balzac est l’aîné de quatre enfants : Laure, la sœur bien-aimée, naît en 1800 ; Laurence en 1802 ; Henri-François en 1807, vraisemblablement fils naturel de M. de Margonne, le châtelain de Saché. Bachelier en droit, d’abord clerc de notaire et clerc d’avoué à Paris, Balzac décide, à vingt ans, de se consacrer à la littérature. C’est en effet sa principale occupation de 1820 à 1824, puis de 1829 à 1848, deux ans avant sa mort. Mais, de 1824 à 1828, et pendant tout le reste de sa vie, parallèlement à l’œuvre littéraire, les entreprises de tout ordre se sont succédé. En 1825, l’édition. En 1826, l’imprimerie. En 1827, une société pour l’exploitation d’une fonderie de caractères d’imprimerie. C’est l’échec ; ce sont, déjà, les dettes. Après le retour à la littérature, les années 1829-1833 sont des années d’intense activité journalistique. Des ambitions électorales se manifestent en 1831. En 1836, c’est l’entreprise malheureuse de la Chronique de Paris, revue éphémère. En 1838, désireux d’exploiter une mine argentifère, Balzac part pour la Sardaigne, mais, quand il arrive, la place est déjà prise. En 1839, il devient président de la Société des gens de lettres ; il milite pour tenter de sauver le notaire Peytel, accusé du meurtre de sa femme, et qui est condamné à mort par les assises de Bourg. En 1840, il lance la Revue parisienne : c’est un échec. En 1848, il se porte candidat à la députation. Quant à ses candidatures à l’Académie française, elles sont toujours restées sans succès.