Le Prince Des Mages - Diamant Raobelina - E-Book

Le Prince Des Mages E-Book

Diamant Raobelina

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Beschreibung

"Tu n'as aucune inquiétude à avoir, Miron, car bientôt viendra le moment où tu sauras." Une légende raconte que loin, très loin, aux confins des royaumes magiques, bâtie sur la montagne des ténèbres, existait une cité, une immense cité aussi ancienne que maudite où seuls les mages noirs et tous ceux qui étaient profondément liés au monde obscur étaient autorisés à pénétrer. C'était là, loin de toute lumière, qu'un jeune garçon nommé Miron fut emprisonné, depuis sa naissance, incapable de s'échapper car il était faible. Chaque jour, il était torturé et méprisé. Et pire, il fut bientôt choisi pour un jeu qui signifiait sa fin. Pourtant, malgré toutes ces souffrances, il fut incapable d'abandonner. Pourtant, malgré toutes ces souffrances, il fut incapable d'abandonner. Et puis, vint le jour tant attendu où tout devait changer. Le jour où il découvrit une chose que nul n'aurait souhaité qu'il découvre jamais. Une chose extraordinaire qui aurait le pouvoir de lui offrir la liberté.

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Seitenzahl: 342

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Le Prince Des Mages

Pages de titreDÉDICACEPrologueCHAPITRE 1CHAPITRE 2CHAPITRE 3CHAPITRE 4CHAPITRE 5CHAPITRE 6CHAPITRE 7CHAPITREUN PETIT MOT DE L’AUTEURPage de copyright

Le

Prince Des Mages

L’Éveil Du Pouvoir

Diamant Raobelina

Copyright © 2012 Nom de l’auteur

Tous droits réservés.

ISBN :

DÉDICACE

À toi ma Bibou

Prologue

Le monde magique, un monde infini de mystères, d’adversité et d’inimaginables diversités fondé sur des lois de sang aussi inviolables qu’immortelles. Il existait parmi tout ce que cet univers fabuleux et terrible avait de sublime, différents récits, chacun unique et divertissant à sa manière, et dont l’un relatait une bataille. Une si extraordinaire qu'elle devint légendaire et traversa même les âges. La formidable bataille entre un empereur aussi puissant que juste, et un sorcier dont l'existence même définissait l'abomination.

Un affrontement aussi terrible qu'inévitable que chaque peuple pensait devoir comprendre et approuver. Un combat de tous les temps entre le bien et le mal, la lumière et les ténèbres.

Mais au final, la vérité n'était jamais simple ou ce que chaque race prétendait qu’elle soit. Et les apparences trompeuses ainsi que les manipulations étaient le plus souvent les véritables causes de leur aveuglement.

La grande bataille avait eu lieu au sommet d'une montagne noire nommée par les sorciers gardiens - Stanys, ce qui dans les langues anciennes signifiait "la demeure des élus du mal", un territoire éloigné et inconnu du commun des mortels, d'où le choix du sorcier sombre pour y construire son immense royaume, une cité de liberté et des ténèbres qu'il espérait inaccessible à tous.

Mais un jour, reconnaissant enfin son erreur, il prévoyait l'arrivée imminente de son plus grand ennemi, et se prépara ainsi de son mieux, utilisant tout son talent, sa force considérable, et sa redoutable volonté, ne ménageant aucun effort, afin de pouvoir mener le combat de sa vie. Même s'il était parfaitement conscient de l'issue inévitable.

Dans la Chambre des Sorts, muni de son épais livre d'invocations, portant fièrement un sombre uniforme de combat, protégé par une épaisse armure, et complété par une longue cape de souverain nuit noire, le sorcier eut le désir et l'ambition désespérés d'invoquer une bête, la plus grande, la plus puissante et la plus cruelle de tous, pour équilibrer au mieux la bataille tant attendue. Les mains tendues, il rayonna et récita un sort d'une voix grave et lugubre. Bientôt, tout le mur situé derrière lui, inscrit de lettres magiques luisant d’une lueur sombre, se liquéfia et se transforma en un épais brouillard, donnant accès à une porte colossale qui s'ouvrit lentement et laissa sortir un monstre aussi noir que sordide, immense et puissant, à la peau épaisse et rugueuse recouverte de pierres, et dont la froideur aurait glacé n'importe quel être faible. Un monstre comme le magicien l’avait probablement rêvé. De plus, ses yeux d’ambres sinistres, dépourvus de lumière, regardaient autour de lui avec une avidité abjecte qui enchantait son maître. Ce dernier souriait triomphalement en admirant le monstre qu'il avait réussi à invoquer.

Mais alors qu'il s'apprêtait à évoquer un nouveau sort, une voix profonde et sardonique s'éleva soudain, résonnant dans toute la pièce avec une force qui fit trembler même les pierres de fondation et dissipa progressivement les lourds nuages noirs créés par les mauvais sorts.

"Oh, c'est une bête impressionnante que tu as là, Goem." Puis il ajouta avec un éclat de rire sardonique : "Et je suis un maître en la matière. "

"Bien sûr, puisque vous en êtes un vous-même", pensa cyniquement le sorcier. "Et le pire de tous."

La voix magique continua.

"La mienne sera particulièrement heureuse de jouer avec. Je veux dire, durant le peu de temps où cette chose serait capable de lui résister."

C'est alors que de puissantes étincelles magiques envahirent l'endroit et dissipèrent les restes de ténèbres qui l'emplissaient, qui n'avaient par ailleurs aucune chance de résister.

En voyant cette extraordinaire démonstration de force, le sorcier, bouillonnant de fureur et sentant pourtant la peur ramper vers lui comme des ombres traîtresses, se leva et libéra de son corps des vagues de brume noire, puis il s'écria.

" Bien. Maintenant, que vous avez enfin décidé de venir, montrez-vous à la lumière, enfin, si je puis dire."

"Oh, et humoriste en plus de tes nombreux talents. Je vais enfin passer un bon moment en ta compagnie, si tu me permets également cette expression, cher adversaire ! "

Et dès que son ricanement s'apaisa, un mur entier s'effondra sous la pression d'une puissance phénoménale, et le souverain arrogant et fort, au rire moqueur insupportable, vêtu d'une magnifique armure de métal blanc et éclatant et d'un long manteau de velours gris, monté sur une énorme bête ailée dont la belle fourrure argentée brillait à la moindre lumière, brandit une épée magique sur son ennemi.

"Je suis là, Goem. Et ébloui de toute la lumière nécessaire pour que tu ne voies que moi. Et je suis heureux de voir que tu t'es préparé du mieux de tes capacités pour notre combat. Car, comme tu l'as sûrement compris, le temps est venu pour moi de mettre un terme à ton existence. "

" Et qu'est-ce qui vous a finalement décidé ? " demanda sèchement l'adversaire, nourrissant clairement un désir meurtrier.

Le souverain haussa les épaules, une petite moue sardonique sur le visage.

" Qui sait ? À tout autre, j'aurais pu prendre la peine de citer diverses raisons, même nobles, si cela pouvait les rassurer. Des raisons telles que la justice, le devoir, la liberté, et il n'aura d'autre choix, d'autre désir que de me croire. Mais à toi, qui es parfaitement au courant de ma vraie nature, je dirais simplement l'ennui. En somme, conclut-il d'un geste négligent, "quelle que soit la raison, je vais mettre fin à ce que tous ces gens faibles et pleurnichards n'ont pas eu le pouvoir de faire".

Le magicien noir ricana férocement.

"Pour quelqu'un qui est volontairement entré sur mon territoire, vous vous montrez plutôt d’une arrogance condamnable et probablement aussi d’une négligence fatale pour penser que vous pourriez me battre ici."

"Mais je le suis." confirma le visiteur détendu et confiant. "Et quoi que tu diras, tu aurais, je le sais, tout donné, y compris cette cité répugnante que tu sembles tant aimer, à ma grande surprise d'ailleurs, pour que ce ne soit pas vrai."

Alors, jugeant sans doute que les échanges verbaux furent suffisants, la créature des ténèbres passa à l’offensive. Elle ouvrit sa grande gueule et lança un puissant tir sur les arrivants. Mais son adversaire rayonnant et très rapide se protégea en créant un immense bouclier sphérique autour de lui et de son maître et stoppa facilement l'attaque. Le souverain hautain tapota la fourrure de sa créature, satisfait.

"Bon travail, mon garçon. Maintenant, je vais te laisser t'amuser. J'espère seulement pour toi qu'il résistera assez longtemps pour te satisfaire."

Et son maître sauta de son dos avec une adresse superbe.

"Amuse-toi bien !"

La créature argentée se précipita vers le monstre noir, qui fit de même, grognant, rugissant comme une bête volant vers son destin. Leur terrible collision détruisit la pièce entière. Tandis que le magicien noir, dégainant son épée, prêt à combattre, attendait de pied ferme l'empereur qui se précipitait vers lui, son épée de lumière, habilement brandie, et affichant clairement l'expression de quelqu'un qui ne doutait pas de sa victoire. Et au fond de lui, bien que cela l'ait profondément blessé, le magicien n'oublia jamais cette réalité.

***

Leur combat dura trois longues nuits. Les coups, les tirs se succédaient avec une puissance incommensurable qui dévastait tout sur leur passage, entraînant la cité dans les flammes et la désolation.

Mais à la fin, comme il était écrit, le magicien fut totalement, irrémédiablement vaincu. Allongé sur le sol froid et délabré, au sommet du seul endroit qui ait jamais voulu de lui, Goem, le magicien noir, regarda l'empereur s'approcher lentement et inexorablement de lui, son corps blessé se régénérant déjà et brillant de vigueur et d'un parfait détachement sous l'éclat aveuglant de l'armure d'argent. Enfin, arrivé au-dessus du vaincu et le regardant, alterner moqueries et ricanements intolérables, le souverain posa un pied méprisant sur le corps meurtri de son adversaire brisé et pointa son sceptre sur lui.

"Mon plan était de me débarrasser de toi Goem. Mais finalement, il me semble que ce serait une trop grande perte, surtout pour l'avenir que j’envisage dans mon esprit et que j’attends avec ravissement. N'est-ce pas aussi ton avis, mon beau ? " S’enquit le taquin vainqueur en se tournant vers sa créature, qui reposait victorieusement sur le cadavre de la bête noire, sa belle fourrure brillante rougie par le sang de son ennemi abattu, et répondit par un grognement neutre.

"Et qu'avez-vous finalement décidé de me faire, votre majesté ?"

"Quelque chose qui me tient particulièrement à cœur et pour lequel tu aurais probablement préféré la mort au final".

Profitant du bref moment d'inattention de l'empereur, le mage se concentra et déploya ses dernières forces pour activer un sort puissant et singulier.

"Qu'est-ce que tu viens de faire, Goem ?" demanda le guerrier de lumière, curieux.

"Une chose à laquelle je tiens particulièrement et que je me suis toujours promis de faire pour assurer ma postérité".

"Je vois", remarqua son interlocuteur, étrangement amusé.

Puis alors que le sort prenait forme, un léger tremblement comme le symbole d'un dernier souffle se fit entendre, puis du sol en ruine sortirent quatre statues de géants gravées de profondes arabesques. Elles se levèrent, puis se redressèrent avec fierté et une intensité assez déconcertante avant de se diriger chacune vers un point cardinal. En prenant leurs places respectives, ils se tournèrent vers la cité, et les marques gravées sur leurs corps rocheux s'illuminèrent sombrement, puis ils ouvrirent grand la bouche et un épais brouillard en sortit, brouillard magique qui recouvrit rapidement tout le royaume isolé. Un peu intrigué, l'empereur triomphant décida de laisser le sort se dérouler, puis croisant les bras, le pied écrasant toujours son ennemi, il prit une pause paresseuse pour suivre la scène sans montrer la moindre inquiétude tant il était confiant dans sa puissance incommensurable, curieux du résultat. Mais déçu, il haussa les épaules et lança une remarque avec un dédain moqueur.

"Attends une minute ? C'est tout !"

Un regard venimeux lui répondit auquel il fut totalement insensible.

"Je m'attendais à un peu d'originalité, Goem, mais c'était plutôt nul. Et même si par compassion et pour saluer tes efforts méritoires, je reconnais que c'est un sort assez puissant, je pourrais le dissiper sans problème. Mais je ne le ferai pas ", décida-t-il après quelques secondes de silence gênant, avec un sourire indéchiffrable. "D'ailleurs, tu sais qu'il ne pourra pas me retenir ici, d'une manière ou d'une autre, n'est-ce pas ? Ni aucun des membres de mon sang."

"Oui, je le sais. Mais les autres, ceux qui n'ont pas la chance de partager ne serait-ce qu'une goutte de votre sang si maudit, resteront prisonniers. "

"Et cela me donne une merveilleuse idée pour mes prochaines batailles".

Le sorcier lança à son adversaire un regard perçant et haineux, puis esquissa un faible sourire ironique.

"Je n'arrive pas à croire que tous ces idiots pensent que vous êtes bon. Si seulement ils pouvaient voir ce que vous êtes vraiment dans toute votre noirceur, une noirceur si opaque que même moi, je ne peux la concevoir, alors ils perdront probablement tout ce qui fait leur authenticité."

L'empereur rit simplement de cette suggestion et certifia.

"Même leur plus simple sourire. Mais ne t'inquiète pas, Goem," poursuivit-il avec un sérieux feint, "je pense qu'ils sont déjà tous plus ou moins conscients de la vérité. C’est juste qu’ils ont trop peur pour le reconnaître.

"Je compatis sincèrement pour vous, votre majesté."

"Et je t’en remercie. Ça me touche, vraiment."

Le souverain lui offrit un sourire de fausse reconnaissance, le même qu'il arborait plus tard devant l'imposant sarcophage dans lequel il venait d'enfermer son adversaire vaincu.

Puis, après un dernier salut malicieux à la prison scellée, il quitta avec grâce et nonchalance l'immense pièce où devait reposer le magicien, et referma la double porte d'un geste insouciant de la main sans même avoir besoin de se retourner.

Il s'éloigna de l'immense édifice construit au cœur d'une forêt maudite, interdite à la lumière, et grimpa sur sa bête d'argent, qui vola dans le ciel gris avec un rayonnement et une puissance majestueux.

Lorsque l'empereur revint dans son empire, une nation dont la beauté et la prospérité inégalées étaient célèbres et enviées sur tous les territoires magiques, il fut acclamé par tous. Son empire connut des moments de formidable euphorie et de réjouissance. Son triomphe exceptionnel et sans pareil a été transcrit en lettres d'or et en lumières magiques dans les livres d'histoire. Et, à cette époque, jamais souverain ne fut plus aimé que lui.

Mais lorsque les festivités, et les cris de joie s'apaisèrent enfin, le souverain victorieux et aimé se rendit dans son lieu habituel de solitude et de liberté, un jardin caché aux mille secrets, ignoré de tous et protégé par des sortilèges invincibles. C'était une salle immense et inquiétante, dont les murs couverts de peintures sacrées et mouvantes étaient parfaitement divisés en deux parties.

L'une d'elles représentait un royaume de lumière infinie avec un peuple joyeux, vivant en harmonie dans un royaume paisible et prospère dirigé par un souverain généreux et droit.

L'autre représentait un royaume sombre, éternellement dévasté par les fléaux du monde, où le peuple se battait inlassablement et cruellement pour tout, sous le regard satisfait et sardonique d'un souverain sadique et tourmenté.

***

C'était l'histoire de cette bataille racontée comme un conte fabuleux. Puis la vie devait reprendre sa marche immuable et couler comme la pluie des montagnes magiques de Vaegos. Bonne ou mauvaise, l'inexorable évolution eut lieu, et la légende qui faisait trembler les nations magiques devint un mythe. Et comme le souhaitait Goemantis, la brume éternelle préserva son royaume brisé ainsi que les œuvres de sa vie.

Mais ce à quoi personne ne s'attendait, c'est que les mages, possédant la même âme sombre et une vision erronée des choses, obtinrent le droit de pénétrer dans ce lieu fermé du monde. Ainsi, bien que les gens simples fussent perpétuellement effrayés par Stanys et sa grande cité des brumes, les magiciens noirs inspirés par leur pionnier vaincu commencèrent à visiter le royaume légendaire. Ainsi, année après année, ils continuèrent à l'envahir pour diverses raisons, certains pour se réfugier, d'autres pour exercer leur magie et leur autorité atroce, et d’autres encore simplement pour faire des recherches afin de renforcer le pouvoir des ténèbres.

Mais plus tard, alors que la cité gagnait lentement en puissance et en notoriété, une partie du lieu maudit fut transformée en un refuge pour enfants qui fut nommé Athok et n'avait reçu ce titre que de nom, une forteresse monumentale et atroce dirigée par un mage noir dont la plus grande et principale passion était de détruire les enfants. Un mage nommé Sirkol, banni du monde de la magie pour ses actes impardonnables.

CHAPITRE 1

Dans un long et sombre couloir de la prison souterraine d'Athok, des chaînes cliquetaient et des bruits d'eau courante résonnaient inlassablement. Dans l'une des cellules, deux garçons, âgés d'environ treize ans, étaient emprisonnés. L’un nommé Kei, était d’une blondeur plutôt remarquable compte tenu de l’environnement dans lequel il avait toute sa vie été plongé. Même son corps large, à la peau saine semblait irréel sans parler de son visage ouvert dont la grande beauté était encore accentuée par ses yeux bleus au reflet d’un ciel matinal, de sorte que même l'uniforme vert hideux qu'il portait ne changeait rien à son charme sublime. Il s'agenouilla à côté d'un autre garçon et tenta par tous les moyens de le soutenir et d'apaiser la souffrance tortueuse qui le rongeait après que ce dernier ait combattu de terribles forces obscures.

Kei observait le garçon pâle qu'il soutenait de ses bras. Et malgré l'apparente fragilité de son ami, il savait mieux que quiconque la force et la volonté que ce dernier possédait en lui. Malheureusement, il n'avait pas encore pu développer efficacement son potentiel, sa magie était constamment instable et la plupart du temps trop faible pour réaliser quoi que ce soit de vraiment tangible. Sans parler, bien sûr, des trop rares fois où il fut capable de créer de solides défenses comme celle qu'il venait d’utiliser, pour les protéger des attaques de ténèbres remplies de haine et de colère. Maintenant que le danger a été écarté, son ami paraissait avoir sa force et son équilibre. Il avait de grandes difficultés à respirer. Courbé sur le sol, il luttait vaillamment pour retrouver son énergie et sa respiration.

"C'est ça, calme-toi, tout va bien maintenant, respire lentement, respire calmement", répétait inlassablement Kei en tapotant doucement le dos du garçon. Après de longues minutes, celui-ci, dont le corps maigre était assez inquiétant, parvint enfin à respirer plus librement. Soulagé, il pencha la tête en arrière.

"Tu te sens mieux maintenant ?" demanda Kei, toujours anxieux, mais en même temps très soulagé de voir un peu de couleur revenir sur le visage pâle de son ami,

"Oui Kei, je me sens mieux maintenant, merci", dit-il en souriant, hésitant, mais d'une voix encore affaiblie.

"Oh, tant mieux alors. Je suis si heureuse que tu ailles mieux. Tu m'as vraiment fait peur cette fois-ci. Et cette attaque soudaine et sournoise, ça leur ressemble tellement. Ça ne leur suffit toujours pas de savoir que nous allons être jetés dans leur jeu sordide de la mort dans quelques heures ? Il faut en plus qu'ils nous blessent au seuil de la bataille. "

Son ami sourit, mi-amusé, mi-sarcastique.

" Non Kei, il est évident que rien ne peut les satisfaire. Mais comme d'habitude, ils n'ont pas réussi à me tuer. "

" C'est bien, mais il ne faut pas rire de ce genre de choses ". le réprimanda gentiment son loyal compagnon. "Cependant, comme d'habitude, j'ai dû être impuissant à t'aider", se força-t-il à ajouter, affichant un air de tristesse et de honte telle qu'il aurait fait fondre n'importe qui, et cela agit sur son ami qui, pour le consoler, dut faire appel à son sens de l'humour.

"Ne t'inquiète pas, Kei, ta magie s'éveillera inéluctablement un jour. Et je suis sûr qu'elle sera aussi magique et rayonnante comme tu l’as toujours souhaité, à l’image de ta fureur de vivre."

"Merci pour le compliment, du moins si c'était vraiment un compliment. " fit-il, hésitant. "Mais quand il s'agit de beauté.... Et il s'arrêta une seconde, admirant son ami prendre une profonde inspiration et se relever.

"Malgré moi, je te trouve extraordinaire, Miron, et pourtant je suis un garçon."

Et Kei le pensait vraiment, comme tous les autres, enfants ou geôliers. Après tout, son histoire sortait de l'ordinaire. Car en vérité, les enfants qui vivaient à Athok étaient tous des enfants abandonnés. Leurs familles, connaissant la légende de Stanys et de sa cité maudite, ainsi que l'existence plus ou moins réelle d'Athok, plaçaient discrètement les enfants au pied de la célèbre montagne, afin que les mages qui la peuplaient choisissent leurs esclaves parmi ces malheureux innocents, et malheureusement, ils n’avaient que l’embarras du choix.

Certains qu’on qualifierait sans doute des plus chanceux, devenaient leurs apprentis et même leurs héritiers. Si tant est que l'on puisse appeler cela de la chance. En revanche, ceux qui sont emmenés à Athok n'auront jamais le moindre espoir. Car dans ce domaine maudit, dirigé par un monstre, aucune survie ou fuite n'était possible.

L'arrivée de Miron, par contre, fut tout autre, et ce fait était justement devenu le récit le plus extraordinaire de la cité. Car à l’inverse de tous les enfants accueilli au refuge, Miron fut le seil qu’on retrouva sur le seuil même de l’édifice, qui elle, était situé loin dans les profondeurs du royaume. L'être qui l'avait amené aux portes de la désolation était si prodigieusement discret et sans doute si fort que personne n’eut le pouvoir de sentir sa présence ou sa magie. Cet être, incontestablement plus maléfique que les autres, s’était assuré de lui-même que Miron soit bien placé dans la maison d'Athok. Il a dû consacrer une quantité inimaginable de temps et d'énergie pour y parvenir. Et il a réussi. Kei n'osait même pas imaginer quelle sorte de volonté et de ressentiment avait bien pu porter un tel être pour arriver à de telles extrémités, et si ils étaient dirigés spécifiquement contre Miron ou sa famille, ou les deux.

Mais Miron, loin des préoccupations de son fidèle ami, souriait en le regardant, affichant un visage rarement incertain.

" Euh, merci, mais heureusement pour nous, nous ne sommes pas de ce côté-là, n'est-ce pas ? Sinon, il y a longtemps que nous aurions été violemment et avec dégoût jetés dans ce jeu fatal".

"Parle pour toi", répondit le blondinet en se levant à son tour pour s'asseoir sur le lit métallique noir qui grinça sous son poids, avec une moue désabusée. "Si je ne trainais pas dans ton entourage, ils ne m'auraient même pas remarqué".

Miron se mit à rire devant cette incroyable naïveté.

"Tu exagères, comme d'habitude."

Kei regarda Miron et réalisa que la personne qui l'avait accepté comme ami ne comprenait pas totalement ce qu'il était vraiment. Tout comme Kei était blond avec des yeux clairs comme l'aube, Miron était tout en noir, de ses longs cheveux bouclés à ses yeux brillants comme des étoiles sur un ciel sombre, même ses vêtements ne pouvaient être que noirs. Un noir profond et merveilleux sur une peau pâle d’une blancheur presque maladive. Il représentait un monde entier d'ombre et de lumière, à l'intérieur comme à l'extérieur. Son grand corps était si mince qu'il frôlait dangereusement la maigreur, et son visage, si fin et délicat, n'était pas beau, mais plutôt fascinant. S'ils n'étaient pas orphelins, emprisonnés à jamais dans ce lieu sordide où la fin ne pouvait être que malheureuse, Kei aurait juré que son ami, son seul et unique ami, Miron, descendait de la lignée impériale la plus extraordinaire qui soit. En fait, même dans ce lieu sombre et froid, et dans ces courts instants qui étaient sûrement leurs derniers, le jeune blond ne pouvait s'empêcher de le penser. Il secoua la tête et ferma les yeux.

"Je suppose qu'ils vont bientôt venir nous chercher ?"

Miron qui se sentait accablé, brisé de fatigue, s'appuya doucement contre le mur glacé où coulait sans fin une eau froide et morbide. Lentement, il hocha la tête en réponse à la question de son ami.

"Oui, probablement."

"Nous allons mourir ici."

Kei regarda Miron, bouleversé.

"Miron, je ne veux pas mourir ici ! Pas comme ça ! Pas dans cet endroit ! Torturé, prisonnier sans défense, et pour finir sans rien !"

Il y eut un court silence.

"Tu te rends compte ? Nous ignorons tout de ce qui existe au-delà de ces murs infects. Nous n'avons jamais vu la lumière, l’authentique. Nous ne savons même pas à quoi elle peut ressembler, elle et toutes les choses qu’elle peut éclairer !"

Miron se mit à rire brièvement.

"Je ne veux pas que nous mourions non plus, tu sais ! De toute façon, nous allons nous battre jusqu'au bout. Nous n'avons pas le choix. C'est ce qu'ils attendent de nous et nous allons nous assurer de ne pas les décevoir".

"Bien sûr que nous ne les décevrons pas ! Mais pour l'amour de Dieu, Miron, pourquoi as-tu fait ça ? À cette sale ignoble dame Kriniela ?" demanda Kei avec un léger reproche. "Si tu n'avais pas provoqué sa colère aussi brutalement, nous aurions pu continuer à vivre cette vie... normale avec les autres".

En entendant les protestations vindicatives de son ami, Miron esquissa instinctivement une grimace accompagnée d'un geste significatif de la main.

"Parce que tu appelles ça une vie normale ?"

"Oh s'il te plaît, génie stupide, ne joue pas avec les mots, pas maintenant. Pourquoi as-tu fait ça ?"

Le génie stupide haussa les épaules pour montrer son irritation.

"Parce qu'elle le méritait, purement et simplement. Et je ne vais pas m’expliquer davantage. Si je devais tout recommencer, je le ferais. Mais je dois avouer que je n'ai pas vraiment pensé à toi," poursuivit-il de manière plus indécise, "et je ne m'attendais pas non plus à ce qu'ils t’impliquent avec moi alors que tu n'as rien à voir avec ce que j'ai fait."

Kei leva les yeux au ciel, désespéré.

" Merci encore d'avoir essayé de me disculper. Mais entre nous, c'était probablement une cause perdue. À me voir constamment te suivre et te servir, il était tout simplement peu probable qu'on m'imagine en dehors de tes mouvements de rébellion."

Miron soupira.

"Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Kriniela mérite pire, bien pire. Mais c'était tout ce que je pouvais faire. Et à cause de mon dernier acte de rébellion comme tu dis, nous nous retrouvons dans cette sordide cellule de prison."

"Je sais, et je ressens la même chose. Ce monstre déguisé en femme devait souffrir infiniment avant de connaître la mort. J’espère que quelqu’un, qui qu’il soit, réussirait là où nous avions tous échoué. Sa seule qualité, ainsi que celle de ses congénères répugnantes, est sans doute de ne pas prétendre être bonnes. Au contraire, l'afficher pour eux, cette nature monstrueuse, est comme une marque de fierté. Mais le prix à payer pour ces pensées et surtout ces actes obscènes est bien trop cruel. Miron, tu dois faire quelque chose, s'il te plaît. Je ne veux pas finir comme ça. Comme tous nos compagnons avant nous. J'aimerais avoir le choix, même une fois dans ma vie."

Miron fixa un instant Kei de ses grands yeux insondables avant de se retourner et de se redresser en affichant un regard féroce, empli d'une détermination et d'une cruauté nouvelles qui firent frissonner son ami encore plus que la froideur de leur cage.

" Ne t'inquiète pas Kei, et calme-toi. Quoi qu'il arrive, je ferai en sorte que nous l'obtenions. Il ne peut en être autrement. Après tout, si on regarde la vérité telle qu'elle est, c'est nous qui venons des vrais monstres."

Oui, pensa Miron, car seuls des monstres oseraient jamais abandonner des enfants sans défense au pied de cette montagne du mal, d'autant plus que la plupart d'entre eux étaient leur propre chair et leur propre sang, et cela, en étant parfaitement conscients du destin atroce qui serait le leur s'ils sont entraînés dans les brumes immortelles. Et ces personnes lâches et hypocrites qui, après leurs actes impardonnables, osaient probablement encore se prétendre meilleures que les mages noirs qui peuplaient cette terre maudite et répugnante auxquels ils ont abandonné leurs innocents. Penser à cela ne faillait jamais de provoquer en lui la nausée.

***

Dans un long et sombre couloir de la prison souterraine d'Athok, des chaînes cliquetaient et des bruits d'eau courante résonnaient inlassablement. Dans l'une des cellules, deux garçons, âgés d'environ treize ans, étaient emprisonnés. L’un nommé Kei, était d’une blondeurplutôt remarquable compte tenu de l’environnement dans lequel il avait toute sa vie été plongé. Même son corps large, à la peau saine semblait irréelsans parler de son visage ouvert dont la grande beauté était encore accentuée par ses yeux bleus au reflet d’un ciel matinal, de sorte que même l'uniforme vert hideux qu'il portait ne changeait rien à son charme sublime. Il s'agenouilla à côté d'un autre garçon et tenta par tous les moyens de le soutenir et d'apaiser la souffrance tortueuse qui le rongeait après que ce dernier ait combattu de terribles forces obscures.

Kei observait le garçon pâle qu'il soutenait de ses bras. Et malgré l'apparente fragilité de son ami, il savait mieux que quiconque la force et la volonté que ce dernier possédait en lui. Malheureusement, il n'avait pas encore pu développer efficacement son potentiel, sa magie était constamment instable et la plupart du temps trop faible pour réaliser quoi que ce soit de vraiment tangible. Sans parler, bien sûr, des trop rares fois où il fut capable de créer de solides défenses comme celle qu'il venait d’utiliser, pour les protéger des attaques de ténèbres remplies de haine et de colère. Maintenant que le danger a été écarté, son ami paraissait avoir sa force et son équilibre. Il avait de grandes difficultés à respirer. Courbé sur le sol, il luttait vaillamment pour retrouver son énergie et sa respiration.

"C'est ça, calme-toi, tout va bien maintenant, respire lentement, respire calmement", répétait inlassablement Kei en tapotant doucement le dos du garçon. Après de longues minutes, celui-ci, dont le corps maigre était assez inquiétant, parvint enfin à respirer plus librement. Soulagé, il pencha la tête en arrière.

"Tu te sens mieux maintenant ?" demanda Kei, toujours anxieux, mais en même temps très soulagé de voir un peu de couleur revenir sur le visage pâle de son ami,

"Oui Kei, je me sens mieux maintenant, merci", dit-il en souriant, hésitant, mais d'une voix encore affaiblie.

"Oh, tant mieux alors. Je suis si heureuse que tu ailles mieux. Tu m'as vraiment fait peur cette fois-ci. Et cette attaque soudaine et sournoise, ça leur ressemble tellement. Ça ne leur suffit toujours pas de savoir que nous allons être jetés dans leur jeu sordide de la mort dans quelques heures ? Il faut en plus qu'ils nous blessent au seuil de la bataille. "

Son ami sourit, mi-amusé, mi-sarcastique.

" Non Kei, il est évident que rien ne peut les satisfaire. Mais comme d'habitude, ils n'ont pas réussi à me tuer. "

" C'est bien, mais il ne faut pas rire de ce genre de choses ". le réprimanda gentiment son loyal compagnon. "Cependant, comme d'habitude, j'ai dû être impuissant à t'aider", se força-t-il à ajouter, affichant un air de tristesse et de honte telle qu'il aurait fait fondre n'importe qui, et cela agit sur son ami qui, pour le consoler, dut faire appel à son sens de l'humour.

"Ne t'inquiète pas, Kei, ta magie s'éveillera inéluctablement un jour. Et je suis sûr qu'elle sera aussi magique et rayonnante comme tu l’as toujours souhaité, à l’image de ta fureur de vivre."

"Merci pour le compliment, du moins si c'était vraiment un compliment."fit-il, hésitant."Mais quand il s'agit de beauté.... Et il s'arrêta une seconde, admirant son ami prendre une profonde inspiration et se relever.

"Malgré moi, je te trouve extraordinaire, Miron, et pourtant je suis un garçon."

Et Kei le pensait vraiment, comme tous les autres, enfants ou geôliers. Après tout, son histoire sortait de l'ordinaire. Car en vérité, les enfants qui vivaient à Athok étaient tous des enfants abandonnés. Leurs familles, connaissant la légende de Stanys et de sa cité maudite, ainsi que l'existence plus ou moins réelle d'Athok, plaçaient discrètement les enfants au pied de la célèbre montagne, afin que les mages qui la peuplaient choisissent leurs esclaves parmi ces malheureux innocents, et malheureusement, ils n’avaient que l’embarras du choix.

Certains qu’on qualifierait sans doute des plus chanceux, devenaient leurs apprentis et même leurs héritiers. Si tant est que l'on puisse appeler cela de la chance. En revanche, ceux qui sont emmenés à Athok n'auront jamais le moindre espoir. Car dans ce domaine maudit, dirigé par un monstre, aucune survie ou fuite n'était possible.

L'arrivée de Miron, par contre, fut tout autre, et ce fait était justementdevenu le récit le plus extraordinaire de la cité. Car à l’inverse de tous les enfants accueilli au refuge,Miron fut le seil qu’on retrouva sur le seuil même de l’édifice, qui elle, était situé loin dans les profondeurs du royaume. L'être qui l'avait amené aux portes de la désolation était si prodigieusement discret et sans doute si fort que personne n’eut le pouvoir de sentir sa présence ou sa magie. Cet être, incontestablement plus maléfique que les autres, s’était assuré de lui-même que Miron soit bien placé dans la maison d'Athok. Il a dû consacrer une quantité inimaginable de temps et d'énergie pour y parvenir. Et il a réussi. Kei n'osait même pas imaginer quelle sorte de volonté et de ressentiment avait bien pu porter un tel être pour arriver à de telles extrémités, et si ils étaient dirigés spécifiquement contre Miron ou sa famille, ou les deux.

Mais Miron, loin des préoccupations de son fidèle ami, souriait en le regardant, affichant un visage rarement incertain.

" Euh, merci, mais heureusement pour nous, nous ne sommes pas de ce côté-là, n'est-ce pas ? Sinon, il y a longtemps que nous aurions été violemment et avec dégoût jetés dans ce jeu fatal".

"Parle pour toi", répondit le blondinet en se levant à son tour pour s'asseoir sur le lit métallique noir qui grinça sous son poids, avec une moue désabusée. "Si je ne trainais pas dans ton entourage, ils ne m'auraient même pas remarqué".

Miron se mit à rire devant cette incroyable naïveté.

"Tu exagères, comme d'habitude."

Kei regarda Miron et réalisa que la personne qui l'avait accepté comme ami ne comprenait pas totalement ce qu'il était vraiment. Tout comme Kei était blond avec des yeux clairs comme l'aube, Miron était tout en noir, de ses longs cheveux bouclés à ses yeux brillants comme des étoiles sur un ciel sombre, même ses vêtements ne pouvaient être que noirs. Un noir profond et merveilleux sur une peau pâle d’une blancheur presque maladive. Il représentait un monde entier d'ombre et de lumière, à l'intérieur comme à l'extérieur. Son grand corps était si mince qu'il frôlait dangereusement la maigreur, et son visage, si fin et délicat, n'était pas beau, mais plutôt fascinant. S'ils n'étaient pas orphelins, emprisonnés à jamais dans ce lieu sordide où la fin ne pouvait être que malheureuse, Kei aurait juré que son ami, son seul et unique ami, Miron, descendait de la lignée impériale la plus extraordinaire qui soit. En fait, même dans ce lieu sombre et froid, et dans ces courts instants qui étaient sûrement leurs derniers, le jeune blond ne pouvait s'empêcher de le penser. Il secoua la tête et ferma les yeux.

"Je suppose qu'ils vont bientôt venir nous chercher ?"

Miron qui se sentait accablé, brisé de fatigue, s'appuya doucement contre le mur glacé où coulait sans fin une eau froide et morbide. Lentement, il hocha la tête en réponse à la question de son ami.

"Oui, probablement."

"Nous allons mourir ici."

Kei regarda Miron, bouleversé.

"Miron, je ne veux pas mourir ici ! Pas comme ça ! Pas dans cet endroit ! Torturé, prisonnier sans défense, et pour finir sans espoir !"

Il y eut un court silence.

"Tu te rends compte ? Nous ignorons tout de ce qui existe au-delà de ces murs infects. Nous n'avons jamais vu la lumière, l’authentique. Nous ne savons même pas à quoi elle peut ressembler, elle et toutes les choses qu’elle peut éclairer !"

Miron se mit à rire brièvement.

"Je ne veux pas que nous mourions non plus, tu sais ! De toute façon, nous allons nous battre jusqu'au bout. Nous n'avons pas le choix. C'est ce qu'ils attendent de nous et nous allons faire en sorte de ne pas les décevoir".

"Bien sûr que nous ne les décevrons pas ! Mais pour l'amour de Dieu, Miron, pourquoi as-tu fait ça ? À cette sale ignoble dame Kriniela ?" demanda Kei avec un léger reproche. "Si tu n'avais pas provoqué sa colère aussi brutalement, nous aurions pu continuer à vivre cette vie... normale avec les autres".

En entendant les protestations vindicatives de son ami, Miron esquissa instinctivement une grimace accompagnée d'un geste significatif de la main.

"Parce que tu appelles ça une vie normale ?"

"Oh s'il te plaît, génie stupide, ne joue pas avec les mots, pas maintenant. Pourquoi as-tu fait ça ?"

Le génie stupide haussa les épaules pour montrer son irritation.

"Parce qu'elle le méritait, purement et simplement. Et je ne vais pas m’expliquer davantage. Si je devais tout recommencer, je le ferais. Mais je dois avouer que je n'ai pas vraiment pensé à toi," poursuivit-il de manière plus indécise, "et je ne m'attendais pas non plus à ce qu'ils t’impliquent avec moi alors que tu n'as rien à voir avec ce que j'ai fait."

Kei leva les yeux au ciel, désespéré.

" Merci encore d'avoir essayé de me disculper. Mais entre nous, c'était probablement une cause perdue. À me voir constamment te suivre et te servir, il était tout simplement peu probable qu'on m'imagine en dehors de tes mouvements de rébellion."

Miron soupira.

"Je suis désolé. Je suis vraiment désolé. Kriniela mérite pire, bien pire. Mais c'était tout ce que je pouvais faire. Et à cause de mon dernier acte de rébellion comme tu dis, nous nous retrouvons dans cette sordide cellule de prison."

"Je sais, et je ressens la même chose. Ce monstre déguisé en femme devait souffrir infiniment avant de connaître la mort. J’espère que quelqu’un, qui qu’il soit, réussirait là où tous avions échoué. Sa seule qualité, ainsi que celle de ses congénères répugnantes, est de ne pas prétendre être bonnes. Au contraire, l'afficher pour eux, cette nature monstrueuse, était comme une marque de fierté. Mais le prix à payer pour ces pensées et surtout ces actes obscènes est bien trop cruel. Miron, tu dois faire quelque chose, s'il te plaît. Je ne veux pas finir comme ça. Comme tous nos compagnons avant nous. J'aimerais avoir le choix, même une fois dans ma vie."

Miron fixa un instant Kei de ses grands yeux insondables avant de se retourner et de se redresser en affichant un regard féroce, empli d'une détermination et d'une cruauté nouvelles qui firent frissonner son ami encore plus que la froideur de leur cage.

" Ne t'inquiète pas Kei, et calme-toi. Quoi qu'il arrive, je ferai en sorte que nous l'obtenions. Il ne peut en être autrement. Après tout, si on regarde la vérité telle qu'elle est, c'est nous qui venons des vrais monstres."

Oui, pensa Miron, car seuls des monstres oseraient jamais abandonner des enfants sans défense au pied de cette montagne du mal, d'autant plus que la plupart d'entre eux étaient leur propre chair et leur propre sang, et cela, en étant parfaitement conscients du destin atroce qui serait le leur s'ils sont entraînés dans les brumes immortelles. Et ces personnes lâches et hypocrites qui, après leurs actes impardonnables, osaient probablement encore se prétendre meilleures que les mages noirs qui peuplaient cette terre maudite et répugnante auxquels ils ont abandonné leurs innocents. Penser à cela ne faillait jamais de provoquer en lui la nausée.

***

Des chaînes s'entrechoquèrent, produisant des grincements irritants et sinistres. Des vagues d'ombres grognant de façons atroces envahirent tout le lieu, enveloppant la cellule des deux garçons de voiles opaques et étouffants. Kei tremblait, effrayé, mais Miron se raidissait, prêt à l'affront. De minuscules boules de lumière noire apparurent et remplirent l'endroit, émettant des sons aigus qui déchiraient les oreilles, forçant les deux garçons à se boucher les oreilles et à hurler de douleur. Les deux gardiens se matérialisèrent maintenant dans la lumière noire. D'énormes bêtes aux yeux écarlate et sanglants émergèrent aussi de la masse d'ombres, grognant sauvagement et tournèrent autour des deux garçons. Le jeune Johes ouvrit la cellule, un sourire cruel aux lèvres et les yeux luisant d’un plaisir malsain.

"Bonsoir, mesdemoiselles. J'espère que vous avez bien dormi."

Miron lui sourit avec ironie.

"Comme deux orphelins qu'on a mis dans une cellule pour les lâcher dans une bataille mortelle".

Johes émit une sorte de grognement méprisant, tandis que Köel secoua la tête, agacé, puis se concentra, libérant une magie pourpre qu'il répandit tout autour, alors l'eau froide qui coulait inlassablement le long des murs de la cellule se refroidit encore plus pour tourbillonner autour de Miron et l'envelopper dans leurs voiles glaciales.

"Non, arrête !" cria Kei, bouleversé et en colère. "Laissez-le tranquille. Vous vous en êtes déjà pris à lui tout à l’heure, ça suffit maintenant ! C’est trop lâche et mesquin !"

"Tais-toi, petit morveux." répondit Johes profitant du spectacle. "Ton ami, si insolent et arrogant, a besoin d'une autre leçon".

Kei se leva et s'approcha des deux gardiens, tremblant de peur, mais trouvant encore le courage de les affronter, hélas les bêtes l'arrêtèrent facilement.

"Il n'a pas besoin de leçon ! Contrairement à vous, qui devriez prendre des leçons tous les jours même si ce ne serait jamais suffisant ! Vous êtes des monstres, pires que ces grosses bêtes noires que vous asservissez et qui bavent comme des créatures affamées et perdues. Vous, vous n’osez-vous en prendre qu’à ceux que vous pouvez battre… physiquement !"

Terrifié par ce que les gardiens pourraient faire à Kei après ce que ce dernier venait de leur balancer sans réfléchir et qui semblait les avoir mis en rogne, Miron se résolut à se rendre et se laissa totalement dominer par le froid terrible de l'eau.

Il glissa à terre, la tête humblement inclinée vers le sol, montrant par cela une marque de soumission absolue. Les eaux maudites du vieux gardien pénétrèrent sa peau et le firent frissonner comme une feuille morte perdue dans les rafales de vents qui secouaient la forêt noire de Stanys. À ce spectacle des plus pathétique, les deux gardiens eurent un rire gras et dégoûtant, semblant s'amuser comme des fous, et Köel s’accroupit à son tour devant Miron, murmurant d’une voix suave,

"Tu ne peux imaginer à quel point te voir ainsi, si désarmé et vulnérable, me ravit, enfant maudit. Mais ne t’inquiète pas, ce n’est pas encore fini, car nous allons maintenant vous emmener tous les deux à un somptueux festin qui a été préparé juste pour vous. Vous allez manger et boire comme vous ne l'auriez jamais rêvé et autant que vous le souhaiteriez, en préparation d'une chute irrémédiable."

Bien que se sentant indéniablement faible et engourdi par l'eau magique, Miron releva la tête et affronta le regard glacial de son geôlier.

" Je l'espère. Car il me faut toutes mes forces pour vous faire comprendre ce que signifie le génie. "

Koel sentit un muscle se contracter sur sa joue ainsi qu’un envie presque irrésistible de se laisser aller à la torture, tandis que Kei, toujours retenu par les animaux aux yeux luisant écarlates, avalait difficilement sa salive.

" Nous en avons besoin, c'est sûr. Oui, nous en avons besoin."

Johes ordonné aux animaux de se retirer avec une grimace hargneuse. Il se dérida un peu en voyant le visage tourmenté de Kei. Koel quant à lui, se leva et libéra enfin Miron de sa prison d'eau magique, étouffé et presque pétrifié.

"Lève-toi petit merdeux, venez vous placer devant moi, pieds et bras écartés, et laissez-nous vous mettre les chaînes".

Les garçons eurent du mal à exécuter les ordres, aussi Kei dut-il aider Miron à se lever, afin que les deux gardiens du dortoir puissent enchaîner les deux orphelins. Puis les bêtes prirent les bouts du métal noir dans leurs gueules acérées, alors une magie terrible enroula les chaînes métalliques autour de leurs corps énormes et puants, et lorsqu'ils furent parfaitement attachés des deux côtés, les bêtes n'eurent plus qu'à attendre l'ordre de leur maître pour traîner les garçons dans la mer des ténèbres. Lorsqu'elles le reçurent, elles obéirent en déployant le plus de brutalité possible. Les deux garçons, surpris, crièrent de douleur, disparaissant dans la masse de liquide noirâtre.

"Putain ! Mais qu’est-ce que…ça fait mal !" l’un d’eux eut le temps de hurler.

Ils portèrent les deux élus à une vitesse folle jusqu'à l'un des plus hauts étages du monument. Traversant escaliers et couloirs, ils furent bientôt éjectés de la mare d'ombres dans une violente explosion, et atterrirent dans une vaste pièce totalement vide et neutre ayant pour seul accès, une porte imposante en bois noir magnifiquement sculptée, laquelle s'ouvrit lentement à leur arrivée sur un salon privé où les attendait un grand festin, ostensiblement étalé sur une immense table en verre de cristal.

Sur le seuil de la pièce, Johes esquissa d'innombrables révérences dramatiques et vulgaires tandis que Köel leur présenta le buffet d'un geste théâtral en s'exclamant .

"Voilà les enfants. Un festin de roi comme promis, préparé avec soin pour vous deux uniquement."

Assommés par ce transport brutal, Kei et Miron eurent du mal à reprendre leurs esprits et secouèrent la tête pour se ressaisir.

"Quelle ironie. Je crois que je vais vomir", répondit Kei en portant sa main à sa bouche et en soupirant de détresse devant les plats somptueux qui leur étaient offerts.

Miron hocha la tête, encore très secoué.

"Tu n'es pas le seul Kei. Mais il est préférable de manger pour l'instant."

"Écoute ton ami, mon petit pote". Conseilla Johes en poussant le beau garçon blond dans la pièce luxueuse. "Autant manger au lieu de t'affamer, vu ce qui t'attend plus tard. Parce que tu n'auras plus jamais un tel repas de toute ta vie.

"Et c'est l'euphémisme de l'année, c'est le moins qu'on puisse dire." Ajouta Köel sarcastique.

Les deux gardiens éclatèrent de rire. Les bousculant et les malmenant brutalement en retirant leurs chaînes, ils les prirent ensuite par le col de leurs vêtements élimés et les obligèrent à s'asseoir sur les chaises en velours bleu et or devant la table. Miron se débattait pour échapper aux étreintes douloureuses de ses persécuteurs, grimaçant et se tordant comme il le pouvait. Devant sa chaise, le jeune garçon parvint à s'arracher aux mains cruelles du vieux gardien, avant de le regarder avec colère et dédain.

"Ce n'est pas la peine de nous maltraiter comme ça, vieux pervers".

Tremblant de rage, le vieux pervers attrapa violemment les mains de Miron et rapprocha son visage du sien. Un sourire sournois et furieux apparut sur son visage déformé, et son haleine fétide donna la nausée au jeune orphelin.