Le Récital de Verdun / Solist in Verdun - Gilles Marie - E-Book

Le Récital de Verdun / Solist in Verdun E-Book

Gilles Marie

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Beschreibung

Verdun. La première guerre mondiale. L'enfer des tranchées. Parmi les milliers de soldats condamnés à survire ou à mourir dans les entrailles de la barbarie guerrière, un pianiste se prend à rêver. Il rêve à ses concerts d'autrefois. Et aussi à une petite maison insolite qu'il aperçoit entre les lignes de tir. Condamnée à disparaître, certes, mais fière comme une enfant rebelle. Et qui l'attire irrésistiblement. Pour lui révéler son message. Pour permettre l'impossible. Der Erste Weltkrieg. Die Hölle der Schützengräben. Unter den Abertausenden Soldaten, die dazu verurteilt sind, inmitten der kriegerischen Barbarei zu überleben oder zu krepieren, beginnt ein Pianist zu träumen. Er träumt von seinen Konzerten, damals, in besseren Zeiten. Seine Gedanken schweifen immer wieder zu dem sonderbaren kleinen Haus, das er zwischen den Frontlinien sehen kann. Es wird sicherlich bald dem Erdboden gleich gemacht, aber noch steht es da wie ein aufmüpfiges Kind. Und übt auf ihn eine magische Anziehungskraft aus. Um ihm eine Botschaft zu übermitteln. Um das Unmögliche möglich zu machen.

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A mon grand-père, à mon père et à Georges Paszmann

Enseignant-chercheur germaniste, Gilles Marie (Gilles Marie Buscot) est aussi, à ses heures perdues, auteur-compositeur-interprète et conteur. Irène Kuhn, elle aussi, est germaniste. En marge de son enseignement et de sa recherche, elle a traduit de nombreux ouvrages.

Gilles Marie (Gilles Marie Buscot) ist Germanist. Wenn ihm Lehre und Forschung ein wenig Zeit übrig lassen, komponiert und schreibt er zuweilen Chansons und Märchen. Auch Irène Kuhn ist Germanistin. Neben Lehre und Forschung hat sie viele Bücher übersetzt.

Gilles Marie

Le Récital de Verdun

Solist in Verdun

Préludé par | Vorspiel von Philippe Claudel

Traduit par | übersetzt von Irène Kuhn

In der gedruckten Ausgabe dieses Buches stehen sich der französische und der deutsche Text jeweils gegenüber. Diesem E-Book ist der französiche Text vorangestellt.

Bibliothèque Lindemann

Demi silence ... en guise de prélude

Parfois, certains esprits étroits s’interrogent sur l’utilité de l’art dans la vie humaine, déjà bien étrange, et compliquée en diable. On leur conseillera vivement de lire la nouvelle qui suit. Ils y trouveront une manière de réponse, individuelle et collective.

Dans le texte de Gilles Marie, il est question de musique et de guerre. Que l’on se rassure, on n’y entendra pas de musique militaire, drôle d’expression quand on y songe, et qui ne devrait être utilisée que pour qualifier le bruit du canon. Non, dans cette fable, le personnage principal est un piano. Et puis il y a les mains bien sûr, les mains qui se posent sur lui et qui l’animent. Ce que les hommes ne parviennent pas à faire, ce piano, ce piano joué y parvient pour un temps.

Je n’en dirai pas davantage car ce serait un peu gâcher le plaisir du lecteur. Tout est vraisemblable dans cette histoire, à défaut d’être entièrement vrai. De semblables faits se sont produits, où la musique, celle des instruments, celle des voix humaines, tenait le rôle central et dispensait sa magie.

Au milieu des pires champs de bataille, au cœur des grands massacres, il arrive que l’art trouve tout soudain son lieu, et parvienne à produire un demi silence au cœur de la tragédie, à asservir, sous sa loi, la loi de la guerre, et ce sont alors de petites victoires, d’essentielles lueurs, qui témoignent que l’humain, quoiqu’on en pense, n’est pas tout à fait mort.

Philippe Claudel

Le récital de Verdun

Marcel n’a plus d’âge ... Il ne sait plus depuis quand, ni pourquoi il croupit ici. Dans cette vie souterraine. Enfoui dans une tranchée faite de boue, de sacs entassés, de solives mal jointes. Vêtu d’un méchant manteau de drap rêche. Et toujours ce barda qui lui meurtrit l’épaule. Toujours un fusil dans les mains.

Marcel ne compte plus les jours. Il ne compte plus les heures. Il n’attend plus rien. Parfois le soleil parvient encore à lui chauffer le cœur. Parfois il s’attendrit à la vue d’une araignée sur sa toile. Il voudrait être comme elle. Avoir une tâche à accomplir. Être appliqué. Indifférent aux tirs qui vous déchirent les tympans, et couvrent le chant des oiseaux. Indifférent à la puanteur des cadavres mal enterrés, mêlée aux senteurs de l’humus.

Marcel est un peu jaloux des araignées ...

Marcel voudrait ne plus penser aux amis perdus. Anatole. Emile. Jules. Armand ... Et tant d’autres encore qui n’auront pas de sépulture. Pas de fleurs. Ni de musique.

La musique ... Elle faisait partie de son monde d’autrefois. Depuis quand Marcel n’a-t-il plus entendu d’autre musique que le son de l’harmonica ? Ou les chansons de soldats ?

L’espace d’un éclair, Marcel revoit ses concerts de la salle Pleyel. Ses mains blanches qui couraient sur l’ivoire et l’ébène. Cette vibration intérieure en jouant la Sonatinede Ravel ou les Kinderszenen de Schumann ... La douce pénombre de la salle. Le crépitement des applaudissements. Les ovations. Puis le retour dans les loges. Les réceptions. Le champagne glacé et les éclats de rire. Les femmes dans leurs robes en fuseau.