Le Roi Henri VIII (Henry VIII in French) - William Shakespeare - E-Book

Le Roi Henri VIII (Henry VIII in French) E-Book

William Shakespeare

0,0
0,91 €

-100%
Sammeln Sie Punkte in unserem Gutscheinprogramm und kaufen Sie E-Books und Hörbücher mit bis zu 100% Rabatt.
Mehr erfahren.
Beschreibung

La pièce d'histoire de Shakespeare, Henry VIII, dans la traduction française. Selon Wikipédia: "La célèbre histoire de la vie du roi Henry VIII est une pièce d'histoire de William Shakespeare et (prétendument) John Fletcher, basée sur la vie d'Henry VIII d'Angleterre. dans les documents contemporains, le titre Henry VIII n'apparaissait pas avant la publication de la pièce dans le premier folio de 1623. L'évidence stylistique indique que la pièce a été écrite par Shakespeare en collaboration avec son successeur, John Fletcher, ou révisée par lui. de la fin des romans dans sa structure.Il est noté pour avoir plus de directions de scène que l'un des autres jeux de Shakespeare. "

Das E-Book können Sie in Legimi-Apps oder einer beliebigen App lesen, die das folgende Format unterstützen:

EPUB

Seitenzahl: 157

Bewertungen
0,0
0
0
0
0
0
Mehr Informationen
Mehr Informationen
Legimi prüft nicht, ob Rezensionen von Nutzern stammen, die den betreffenden Titel tatsächlich gekauft oder gelesen/gehört haben. Wir entfernen aber gefälschte Rezensionen.



LE ROI HENRY VIII PAR WILLIAM SHAKESPEARE, TRADUCTION DE M. GUIZOT

published by Samizdat Express, Orange, CT, USA

established in 1974, offering over 14,000 books

Other Shakespeare histories in French translation (by M. Guizot):

Le Roi Jean

La Vie Et La Mort Du Roi Richard II

Henri IV, Première Partie

Henri IV, Deuxième Partie

Henri V

Henri VI Première Partie

Henri VI Seconde Partie

Henri VI Troisième Partie

La Vie Et La Mort Du Roi Richard III

feedback welcome: [email protected]

visit us at samizdat.com

Ce document est tiré de:OEUVRES COMPLÈTES DESHAKSPEARE

NOUVELLE ÉDITION ENTIÈREMENT REVUEAVEC UNE ÉTUDE SUR SHAKSPEAREDES NOTICES SUR CHAQUE PIÈCE ET DES NOTES.

PARISA LA LIBRAIRIE ACADÉMIQUEDIDIER ET Cie, LIBRAIRES-ÉDITEURS35, QUAI DES AUGUSTINS, 1863

NOTICE SUR LE ROI HENRI VIII

PERSONNAGES

PROLOGUE

ACTE PREMIER

SCÈNE I,  A Londres.--Une antichambre du palais.

SCÈNE II,  La chambre du conseil.--Fanfares de cors.

SCÈNE III,  Un appartement du palais.

SCÈNE IV,  La salle d'assemblée du palais d'York.

ACTE DEUXIÈME

SCÈNE I,  Une rue de Londres.

SCENE II,  Une chambre du palais.

SCÈNE III,  Une antichambre des appartements de la reine.

SCÈNE IV,  Une vaste salle dans Black-Friars.

ACTE TROISIÈME

SCÈNE I,  Le palais de Bridewell.--Une pièce des appartements de la reine.

SCÈNE II,  Une antichambre de l'appartement du roi.

ACTE QUATRIÈME

SCÈNE I,  Une rue du quartier de Westminster.

SCÈNE II,  A Kimbolton.

ACTE CINQUIÈME

SCÈNE I,  Une galerie du palais.

SCÈNE II Un vestibule précédant la salle du conseil.

SCÈNE III,  La cour du palais.

SCÈNE IV,  Le palais.

NOTICE SUR LE ROI HENRI VIII

Quoique Johnson mette Henri VIII au second rang des pièceshistoriques, avec Richard III, Richard II et le Roi Jean, cetouvrage est fort loin d'approcher même du moindre de ceux auxquelsl'assimile le critique. Le désir de plaire à Élisabeth, ou peut-êtremême l'ordre donné par cette princesse de composer une pièce dont sanaissance fût en quelque sorte le sujet, ne pouvait suppléer à cetteliberté qui est l'âme du génie. L'entreprise de mettre Henri VIII sur lascène en présence de sa fille, et de sa fille dont il avait fait périrla mère, offrait une complication de difficultés que le poëte n'a pascherché à surmonter. Le caractère de Henri est complètementinsignifiant; ce qu'il y a d'extraordinaire, c'est l'intérêt que lepoëte d'Élisabeth a répandu sur Catherine d'Aragon; dans le rôle deWolsey, surtout au moment de sa chute, se retrouve la touche du grandmaître: mais il paraît que, pour les Anglais, le mérite de l'ouvrage estdans la pompe du spectacle qui l'a déjà fait reparaître plusieurs foissur le théâtre dans quelques occasions solennelles. Henri VIII peutavoir pour nous un intérêt littéraire, celui du style que le poëte acertainement eu soin de rendre conforme au langage de la cour, tel qu'ilétait de son temps ou un petit nombre d'années auparavant. Dans aucunautre de ses ouvrages le style n'est aussi elliptique; les habitudes dela conversation semblent y porter, dans la construction de la phrase,cette habitude d'économie, ce besoin d'abréviation qui, dans laprononciation anglaise, retranchent des mots près de la moitié dessyllabes. On n'y trouve d'ailleurs presque point de jeux de mots, et,sauf dans un petit nombre de passages, assez peu de poésie.

Henri VIII fut représenté, à ce qu'on croit, en 1601, à la fin durègne d'Élisabeth, et repris, à ce qu'il paraît, après sa mort, en 1613.Il y a lieu de croire que l'éloge de Jacques 1er, encadré à la fin dansla prédiction qui concerne Élisabeth, fut ajouté à cette époque, soitpar Shakspeare lui-même, soit par Ben Johnson à qui l'on attribue assezgénéralement le prologue et l'épilogue; ce fut, dit-on, à cette reprise,en 1613, que les canons que l'on tirait à l'arrivée du roi chez Wolsey,mirent le feu au théâtre du Globe qui fut consumé en entier.

La pièce comprend un espace de douze ans, depuis 1521 jusqu'en 1533. Onn'en connaît, avant celle de Shakspeare, aucune autre sur le même sujet.

F. G.

PERSONNAGES

LE ROI HENRI VIII.

LE CARDINAL WOLSEY.

LE CARDINAL CAMPEGGIO.

CAPUCIUS, ambassadeur de l'empereur Charles V.

GRANMER, archevêque de Cantorbéry.

LE DUC DE NORFOLK.

LE DUC DE BUCKINGHAM.

LE DUC DE SUFFOLK.

LE LORD DE SURREY.

LE LORD CHAMBELLAN.

LE LORD CHANCELIER.

GARDINER, évêque de Winchester.

L'ÉVÊQUE DE LINCOLN.

LORD ABERGAVENNY.

LORD SANDS.

SIR HENRI GUILFORD.

SIR THOMAS LOVEL.

SIR ANTOINE DENNY.

SIR NICOLAS DE VAUX.

CROMWELL, au service de Wolsey.

GRIFFITH, gentilhomme, écuyer de la reine Catherine.

TROIS AUTRES GENTILSHOMMES

LE DOCTEUR BUTTS, médecin du roi.

L'INTENDANT DU DUC DE BUCKINGHAM.

LE GARTER ou roi d'armes.

BRANDON ET UN SERGENT D'ARMES.

UN HUISSIER de la chambre du conseil.

UN PORTIER ET SON VALET.

UN PAGE DE GARDINER.

UN CRIEUR.

LA REINE CATHERINE, d'abord femme de Henri, ensuite répudiée.

ANNE BOULEN, sa fille d'honneur, et ensuite reine.

UNE VIEILLE DAME, amie d'Anne Boulen.

PATIENCE, une des femme de la reine Catherine.

PLUSIEURS LORDS ET DAMES, PERSONNAGES MUETS; DES FEMMES DE LA

REINE, UN ESPRIT QUI APPARAIT A LA REINE, OFFICIERS, GARDES ET AUTRES

PERSONNAGES DE SUITE.

La scène est tantôt à Londres, tantôt à Westminster, et une seule fois à

Kimbolton.

PROLOGUE

Je ne viens plus pour vous faire rire. Nous vous présentons aujourd'huides choses importantes, d'un aspect sérieux, élevé, imposant,pathétique, rempli de pompe et de tristesse, des scènes nobles ettouchantes, bien propres à faire couler vos pleurs. Ceux qui sontcapables de pitié peuvent ici, s'ils le veulent, laisser tomber unelarme; le sujet en est digne. Ceux qui donnent leur argent dansl'espérance de voir des choses qu'ils puissent croire trouveront ici lavérité. Quant à ceux qui viennent seulement pour voir une scène despectacle ou deux, et convenir ensuite que la pièce peut passer, s'ilsveulent être tranquilles et bien intentionnés, je ferai en sorte que,dans l'espace de deux courtes heures, ils en aient abondamment pour leurschelling. Ceux-là seulement qui viennent pour entendre une pièce gaieet licencieuse, et un bruit de boucliers, ou pour voir un bouffon enrobe bigarrée, bordée de jaune, seront trompés dans leur attente; carsachez, indulgents auditeurs, qu'associer ainsi, aux vérités choisiesque nous allons vous offrir, le spectacle d'un fou, ou d'un combat,outre que ce serait sacrifier notre propre jugement, et l'intention oùnous sommes de ne rien représenter ici que ce que nous jugeonsvéritable, nous risquerions de ne pas avoir pour nous un seul homme desens: ainsi, au nom de la bonté de votre âme, et puisque vous êtesconnus pour former le premier auditoire de la ville, et le plusheureusement composé, soyez aussi sérieux que nous le désirons; imaginezque vous avez sous vos yeux les personnages mêmes de notre noblehistoire, comme s'ils étaient en vie; imaginez que vous les voyez grandset suivis de la foule des peuples et des empressements de millecourtisans; et voyez ensuite comme en un instant cette puissance setrouve atteinte par le malheur: et si alors vous avez le courage de rireencore, je dirai qu'un homme peut pleurer le jour de ses noces.

ACTE PREMIER

 SCÈNE I,  A Londres.--Une antichambre du palais.

LE DUC DE NORFOLK entre par une porte, LE DUC DE BUCKINGHAM ET LE LORDABERGAVENNY entrent par une autre porte.

BUCKINGHAM.--Bonjour; je suis enchanté de vous rencontrer. Comment vousêtes-vous porté depuis que nous nous sommes vus en France?

NORFOLK.--Je remercie Votre Grâce; à merveille, et toujours dans uneadmiration toute nouvelle de ce que j'y ai vu.

BUCKINGHAM.--Une fièvre survenue bien à contre-temps m'a retenuprisonnier dans ma chambre le jour que ces deux soleils de gloire, cesdeux lumières se sont rencontrés dans la vallée d'Ardres.

NORFOLK.--Entre Guines et Ardres; j'étais présent. Je les vis se saluerà cheval. Je les vis lorsqu'ils mirent ensuite pied à terre, se tenir siétroitement embrassés qu'ils semblaient ne plus faire qu'un. S'il en eûtété ainsi, quelles seraient les quatre têtes couronnées capables entreelles de contre-balancer un roi ainsi composé?

BUCKINGHAM.--Tout ce temps-là je restai emprisonné dans ma chambre.

NORFOLK.--Eh bien, vous avez donc perdu le spectacle des gloires de cemonde. On peut dire que jusqu'alors les pompes avaient vécu dans lecélibat, mais qu'alors chacune d'elles s'unit à une autre qui lasurpassait. Chaque jour enchérissait sur le jour précédent, jusqu'audernier, qui rassembla seul les merveilles de tous les autres ensemble.Aujourd'hui les Français tout brillants, tout or comme les dieux païens,éclipsaient les Anglais; le lendemain ceux-ci donnaient à l'Angleterrel'aspect de l'Inde. Chaque homme debout semblait une mine; leurs petitspages étaient comme des chérubins tout dorés; et les dames aussi, peufaites à la fatigue, suaient presque sous le poids des richessesqu'elles portaient, et l'effort qu'elles avaient à faire leur servait defard. La mascarade d'aujourd'hui était proclamée incomparable, la nuitsuivante vous la faisait regarder comme une pauvreté et une niaiserie.Les deux rois égaux en splendeur paraissaient chacun à son tour, ou lepremier ou le second, selon qu'ils se faisaient remarquer par leurprésence. Celui qu'on voyait était toujours le plus loué, et lorsqu'ilsétaient tous deux présents, on croyait n'en voir qu'un; et nulconnaisseur n'eût hasardé sa langue à prononcer un jugement entre eux.Dès que ces deux soleils (car c'est ainsi qu'on les nomme) eurent parleurs hérauts invité les nobles courages à venir éprouver leurs armes,il se fit des choses tellement au delà de l'effort de la pensée, que leshistoires fabuleuses furent reconnues possibles, et que l'on en vint àcroire aux prouesses de Bevis[1].

[Note 1: Les anciennes ballades anglaises ont célébré la gloire etles exploits de Bevis, guerrier saxon, que son extraordinaire valeur fitcréer duc de Southampton, par Guillaume le Conquérant.]

BUCKINGHAM.--Oh! c'est aller bien loin.

NORFOLK.--Non, comme je suis soumis à l'honnêteté et tiens à la puretéde mon honneur, la représentation de tout ce qui s'est passé perdrait,dans le récit du meilleur narrateur, quelque chose de cette vie qui nepeut être exprimée que par l'action elle-même. Tout y était royal: nulleconfusion, nulle disparate ne troublait l'harmonie de l'ensemble;l'ordre faisait voir chaque objet dans son vrai jour; chacun dans sonemploi remplissait distinctement toute l'étendue de ses fonctions.

BUCKINGHAM.--Savez-vous qui a dirigé cette belle fête, je veux dire quien a ajusté le corps et les membres?

NORFOLK.--Un homme, certes, qui n'en est pas à son apprentissage detelles affaires.

BUCKINGHAM.--Qui, je vous prie, milord?

NORFOLK.--Tout a été réglé par les bons soins du très-vénérable cardinald'York.

BUCKINGHAM.--Que le diable l'emporte! Personne ne saurait avoir sonécuelle à l'abri de ses doigts ambitieux. Qu'avait-il affaire danstoutes ces vanités guerrières? Je ne conçois pas que ce pâté de graissesoit parvenu à intercepter de sa masse les rayons du soleil bienfaisant,et à en priver la terre.

NORFOLK.--Certainement il faut qu'il ait eu dans son propre fonds dequoi parvenir à ce point; car n'étant pas soutenu par ces aïeux dont lagloire aplanit le chemin à leurs descendants, n'étant pas distingué parde grands services rendus, ni aidé par des alliés puissants, mais commel'araignée tirant de lui-même les fils de sa toile, il nous fait voirqu'il n'avance que par la force de son propre mérite; présent dont leciel a fait les frais, et qui lui a valu la première place auprès duroi.

ABERGAVENNY.--Je ne saurais dire quels présents il a reçus du ciel; desyeux plus savants que les miens pourraient le découvrir: mais ce que jesuis en état de voir, c'est l'orgueil qui lui sort de partout; et d'oùl'a-t-il eu, si ce n'est de l'enfer? Il faut que le diable soit unavare, ou bien qu'il ait déjà tout donné, et que celui-ci refasse enlui-même un nouvel enfer.

BUCKINGHAM.--Eh! pourquoi diable dans ce voyage de France a-t-il prissur lui de désigner, sans en parler au roi, ceux qui devaientaccompagner Sa Majesté? Il y a fait passer toute la noblesse, et celafort peu dans l'intention de les honorer, du moins pour la plupart, maispour leur imposer une charge ruineuse; et sur sa simple lettre, sansqu'il vous eût fait l'honneur de prendre l'avis du conseil, ceux à quiil avait écrit étaient obligés d'arriver.

ABERGAVENNY.--J'ai trois de mes parents, pour le moins, dont ceci atellement dérangé les affaires que jamais ils ne se reverront dans leurpremière aisance.

BUCKINGHAM.--Oh! il y en a beaucoup dans ce grand voyage qui se sontcassé les reins à porter sur eux leurs domaines. Et que nous a servitoute cette parade? à nous ménager des négociations dont le résultat estbien pitoyable.NORFOLK.--Malheureusement, la paix conclue entre la France et nous nevaut pas ce qu'il nous en a coûté pour la conclure.

BUCKINGHAM.--Aussi, après l'effroyable orage qui suivit la conclusion,chacun se trouva prophète; et tous, sans s'être consultés, prédirent àla fois que cette tempête, en déchirant la parure de la paix, donnaitlieu de présager qu'elle serait bientôt rompue.

NORFOLK.--L'événement vient d'éclore; car la France a rompu le traité:elle a saisi nos marchandises à Bordeaux.

ABERGAVENNY.--Est-ce donc pour cela qu'on a refusé de recevoirl'ambassadeur?

NORFOLK.--Oui, sans doute.

ABERGAVENNY.--Vraiment une belle paix de nom! Et à quel prix ruineuxl'avons-nous achetée!

BUCKINGHAM.--Voilà pourtant l'ouvrage de notre vénérable cardinal!

NORFOLK.--N'en déplaise à Votre Grâce, on remarque à la cour ledifférend particulier qui s'est élevé entre vous et le cardinal. Je vousdonne un conseil, et prenez-le comme venant d'un coeur à qui votrehonneur et votre sûreté sont infiniment chers; c'est de considérer toutensemble la méchanceté et le pouvoir du cardinal, et de bien songerensuite que lorsque sa profonde haine voudra venir à bout de quelquechose, son pouvoir ne lui fera pas défaut. Vous connaissez soncaractère, combien il est vindicatif; et je sais, moi, que son épée esttranchante: elle est longue, et on peut dire qu'elle atteint de loin; etoù elle ne peut atteindre, il la lance. Enfermez mon conseil dans votrecoeur; vous le trouverez salutaire.--Tenez, vous voyez approcherl'écueil que je vous avertis d'éviter.

(Entrent le cardinal Wolsey, la bourse portée devant lui, quelquesgardes et deux secrétaires tenant des papiers. Le cardinal et Buckinghamfixent en passant leurs regards l'un sur l'autre d'un air plein demépris.)

WOLSEY.--L'intendant du duc de Buckingham? Ah! où est sa déposition?

LE SECRÉTAIRE.--La voici, avec votre permission.

WOLSEY.--Est-il prêt à la soutenir en personne?

LE SECRÉTAIRE.--Oui, dès qu'il plaira à Votre Grâce.

WOLSEY.--Eh bien! nous en saurons donc davantage, et Buckinghamabaissera ce regard altier.

(Wolsey sort avec sa suite.)

BUCKINGHAM.--Ce chien de boucher[2] a la dent venimeuse, et je ne suispas en état de le museler: il vaut donc mieux ne point l'éveiller de sonsommeil. Le livre d'un gueux vaut mieux aujourd'hui que le sang d'unnoble.

[Note 2: Wolsey était fils d'un boucher.]

NORFOLK.--Quoi! vous vous emportez? Priez le ciel qu'il vous donne lamodération; elle est le seul remède à votre mal.

BUCKINGHAM.--J'ai lu dans ses yeux quelque projet contre moi; son regardest tombé sur moi comme sur l'objet de ses mépris: en ce moment même, ilme joue quelque tour perfide. Il est allé chez le roi; je veux le suivreet l'effrayer par ma présence.

NORFOLK.--Demeurez, milord; attendez que votre raison ait interrogévotre colère sur ce que vous allez faire. Pour gravir une penteescarpée, il faut monter doucement d'abord. La colère ressemble à uncheval fougueux qui, abandonné à lui-même, est bientôt fatigué par sapropre ardeur. Personne, en Angleterre, ne pourrait me conseiller aussibien que vous: soyez pour vous-même ce que vous seriez pour votre ami.

BUCKINGHAM.--Je vais aller trouver le roi; et je veux faire taire, enparlant comme il sied à un homme de mon rang, ce roturier d'Ipswich, oubien je publierai qu'il n'y a plus aucune distinction entre les hommes.

NORFOLK.--De la prudence. N'allez point attiser pour votre ennemi unefournaise si ardente que vous vous y brûliez vous-même. Un excès devitesse peut nous emporter au delà du but, et nous faire manquer le prixde la course. Ne savez-vous pas que le feu qui élève la liqueur d'unvase jusque par-dessus les bords la perd en paraissant l'augmenter? Dela prudence, je vous le répète; il n'y a point d'homme en Angleterreplus capable de vous guider que vous-même, si vous vouliez vous servirdes sucs de la raison pour éteindre ou seulement calmer le feu de lapassion.

BUCKINGHAM.--Je vous rends grâces et je suivrai votre conseil; mais jesais par des informations, et des preuves aussi claires que lesfontaines en juillet, quand nous y apercevons chaque grain de sable, quecet archi-insolent (et ce n'est point l'impétuosité de la bile qui me lefait nommer ainsi, mais une honnête indignation) est un traîtrecorrompu.

NORFOLK.--Ne l'appelez point traître.

BUCKINGHAM.--Je l'appellerai ainsi en présence du roi même, et jesoutiendrai mon allégation ferme comme un banc de roche. Écoutez-moibien; ce saint renard, ou si vous voulez, ce loup, ou tous les deuxensemble (car il est aussi féroce qu'il est subtil, aussi enclin au malqu'habile à le faire, son coeur et son pouvoir se corrompant l'un parl'autre), n'a voulu qu'étaler son faste aux yeux de la France, comme ill'étale ici dans ce royaume, en suggérant au roi notre maître l'idéed'une entrevue qui a englouti tant de trésors, pour parvenir à un traitécoûteux, et qui, comme un verre, se casse dès qu'on le rince!

NORFOLK.--J'en conviens, c'est ce qui est arrivé.

BUCKINGHAM.--Je vous prie, veuillez bien m'écouter. Cet artificieuxcardinal a dressé les articles du traité comme il lui a plu, et ils ontété ratifiés dès qu'il a dit: Que cela soit; et cela pour servir toutautant que des béquilles à un mort. Mais c'est notre comte cardinal quil'a fait, et tout est au mieux; c'est l'ouvrage du digne Wolsey, qui nepeut jamais se tromper!--Et voici maintenant les conséquences, que jeregarde en quelque sorte comme les enfants de la vieille mère: c'est quel'empereur Charles, sous couleur de rendre visite à la reine sa tante(car voilà son prétexte, mais il est venu en effet pour marmotter avecWolsey), nous arrive ici dans la crainte où il était que cette entrevuede la France et de l'Angleterre ne vînt à établir entre ces deuxpuissances une amitié contraire à ses intérêts; car il a pu entrevoirdans ce traité des dangers qui le menaçaient. Il négocie secrètementavec notre cardinal, pour l'engager à changer les projets du roi, et luifaire rompre la paix; et c'est, je n'en doute pas, après avoir fait etpavé un pont d'or que l'empereur a exprimé son désir, et j'ai d'autant