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Découvrez la naissance du Bonheur à travers un grimoire ancien, caché au fond d’une écritoire datant de 1860. Cet ouvrage mystérieux, témoin d’une époque révolue, vous invite à suivre son récit captivant. En vous dévoilant son histoire secrète, il vous permet de saisir l’essence même du Bonheur et de ne plus jamais le laisser s’échapper lorsque l’occasion se présentera. Une invitation à redécouvrir un trésor intérieur, à travers les pages d’une œuvre qui vous ouvre la voie vers la sérénité et la conscience de l’instant.
À PROPOS DE L'AUTRICE
À neuf ans, Jeane Marnay découvre son premier livre, abandonné sur un banc dans un parc. Depuis, la lecture n’a cessé d’ouvrir pour elle les portes de l’imaginaire et de la liberté. Dans les moments difficiles, ces ouvrages l’ont accompagnée, lui permettant de traverser les épreuves. Dans ce second récit, dédié au Bonheur, elle rend hommage à tous ces auteurs et autrices, sans qui Le secret du grimoire ou… Il était une fois… Le bonheur ! et elle-même n'existeraient pas.
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Seitenzahl: 254
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Jeane Marnay
Le secret du grimoire ou…
Il était une fois… Le bonheur !
Conte
© Lys Bleu Éditions – Jeane Marnay
ISBN : 979-10-422-6611-0
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
J’adore parler de rien,
C’est le seul domaine où j’ai de vagues connaissances.
Oscar Wilde
Et si le bonheur venait tout simplement du monde magique de notre enfance ?
Monde que nous laissons filer alors que nous pouvons le voir quand bon nous semble.
Un jour pas comme les autres, je l’ai trouvé.
Il suffit pour cela d’ouvrir le grimoire et de vous laisser porter par son histoire.
Une fois refermé, serez-vous comme avant ?
Un choix : 2 routes, laquelle prendrez-vous ?
— IL ÉTAIT UNE FOIS !
Combien de fois avez-vous lu et entendu cette phrase en ouvrant un livre de contes pour enfants ?
Il commence souvent pour ne pas dire toujours par :
« Il était une fois… »
Encore maintenant, quand vous vous installez confortablement dans un fauteuil entouré d’enfants attendant avec joie et impatience la phrase magique. Celle qui va en un instant éclairer leur visage radieux et ouvrir grand leurs oreilles.
« Il était une fois… »
Le rêve pouvait alors commencer !
Je me souviens, quand l’histoire se terminait, il m’était alors impossible de me laisser glisser dans les bras de Morphée, accompagnée de mon fidèle ami et confident, un petit ours brun vêtu d’une salopette verte que je prénommais tout simplement Ourson. Je me posais des milliers de questions du genre :
Quel est son secret ? Existe-t-il vraiment ? Quels sont ses pouvoirs ? Que font-ils maintenant ? Combien auraient-ils d’enfants ? etc.
Je restais ainsi éveillée une bonne partie de la nuit, tournant en rond toutes ces questions dans ma petite tête et qui, au bout d’un certain temps, m’endormaient tel un somnifère.
Cette histoire prend vie ce mardi 20 décembre 2005.
Tout va bien pour moi, je suis devenue adulte, j’ai une vie qui me plaît, un job, des amis et une famille aimante.
La liberté que je ressens en vivant à Paris est incroyable. J’ai l’impression que le monde m’appartient ! C’est un sentiment, je vous l’avoue, fabuleux ; cela me permet d’avoir une imagination parfois très originale.
Je vous ai dit en introduction que j’aimais parler pour ne rien dire. Sans hésitation, je pense que vous l’avez compris en lisant ces quelques lignes.
Profiter de mon jour de repos à flâner le long des quais de Seine, chercher l’auteur qui saura par sa prose me faire rêver. Tels des fruits exposés sur les étals d’un primeur, les vieux livres m’attirent : Polars, romans, biographies…
J’aime appeler cet endroit : « le Grenier de Paris », il me fait penser à celui de ma grand-mère en Touraine.
J’adorais me perdre dans cette pièce sous le toit mansardé m’apportant de vrais instants de bonheur, bien que les toiles d’araignées n’étaient pas ma « tasse de thé ». J’y trouvais des coffres de toutes tailles, des grands et des petits. Des boîtes dans lesquelles de vieux chapeaux attendaient désespérément une tête sur laquelle se poser, tandis que dans les vieilles malles se trouvaient pêle-mêle des vêtements, des livres, des disques vinyle ainsi qu’un vieux phonographe.
Ce capharnaüm devenait pour moi un lieu magique. M’inventant un monde fabuleux avec trois fois rien. Une robe, un chapeau, un vieux sac et c’était parti ! je me retrouvais au XVIIIe ou bien au XIXe siècle marchant dans les vieux quartiers du Temple, croisant des messieurs portant des chapeaux haut de forme et des dames aux longues robes à volants, traînant sur les pavés. Et moi, je déambulais dans le vieux Paris. Invisible !
Mais le sujet n’est pas de vous raconter mon passé mais bel et bien le présent.
Comme je vous le narrais à quelques lignes de là, je flânais le long des quais de Seine, là où se trouve le royaume des bouquinistes, là où le rêve existe, là où tout peut arriver. J’apprécie pleinement cette journée hivernale, le vent étant remonté vers le nord, le soleil joue à cache-cache avec les nuages disséminés çà et là dans un ciel magnifiquement bleu, apportant cette douceur printanière. Tandis que je me promène le long de la Seine, les Parisiens sont en grande partie confinés dans leurs bureaux à travailler comme des fous à courir après le temps qui, chaque fois, leur échappe de plus en plus et de plus en plus vite.
J’ai cette chance de pouvoir me retrouver dans ce lieu insolite.
L’odeur du vieux papier mélangé à l’odeur de la Seine m’apporte des images de l’ancien temps et me fait me demander à chaque livre ouvert :
— Où se trouvait l’écrivain ? Que faisait-il ?
Où habitait-il ? Comment était-il habillé ? Avait-il chaud ? Buvait-il une tasse de thé ou bien de café, ou encore une grande tasse de chocolat chaud ? Pourquoi cette histoire et pas une autre ?
D’où venaient ses pensées qui formaient des mots puis des phrases pour faire enfin des chapitres et un livre ? Que le livre est étrange ! A-t-il un pouvoir quelconque ? Une fois lu, le lecteur gagne quoi ? Un enrichissement, un changement de vie, une autre façon de voir les choses qui l’entourent ? Où tout simplement RIEN ? Une fois le livre terminé, content ou pas de l’avoir lu, se jette-t-il sans perdre de temps sur un autre dans le même style ou encore, laisse-t-il le temps au livre de lui faire découvrir son secret.
Qu’apporte l’écrivain en concevant un livre ?
Étrangeté qu’un livre !
J’en étais là, à philosopher sur cet objet, quand j’eus l’envie irrésistible de traverser le boulevard, mon regard attiré par la devanture d’une boutique. Sur la vitrine, en gros caractères et en lettres dorées, l’on pouvait lire : ANTIQUAIRE depuis 1860.
—1860 ! Incroyable !
En disant cela, je vis quelques personnes se retourner et me regarder d’un air étrange en se demandant ce que j’avais bien pu voir de si extraordinaire sur cette vitrine, alors qu’elles venaient de passer devant sans rien y voir de particulier.
Je sentis la chaleur sur mon visage et sus qu’il devenait couleur tomate.
Je poussai la porte. Le tintement de la sonnette raisonna dans la pièce et disparu dans l’arrière-boutique. Une grosse voix retentit :
— J’arrive !
Je vis apparaître dans l’entrebâillement d’une porte au fond du magasin un monsieur d’un certain âge ou bien d’un âge certain.
Il devait avoir entre 70 et 80 ans, sans être dans l’exagération tant son visage était buriné. Il me faisait penser à ces marins ayant passé leur vie à naviguer sur les océans, au visage brûlé par un soleil ardent.
— Bonjour Madame, dit-il d’une voix rauque.
— Bonjour Monsieur, répondis-je en regardant tout autour de moi.
— Que cherchez-vous ?
Je le dévisageai et l’imaginai donnant des ordres aux matelots tandis que le navire tanguait de plus belle alors que la tempête faisait rage. Je le voyais s’accrocher au gouvernail, tentant de faire son maximum afin que le bateau puisse tenir le mieux possible sur cette mer déchaînée. J’arrivais à sentir les embruns sur mon visage ainsi que l’odeur iodée apportée par les vagues s’écrasant sur le pont. Il me sortit de mon rêve en me proposant un objet du 19e siècle.
— Étrange objet, que celui-ci.
Il tenait dans ses grosses mains une écritoire en palissandre ornée d’angles et de deux rubans en laiton. Une serrure, une minuscule clef sur le devant de la boîte. Une fois ouvert apparaissait un pan incliné recouvert d’une fine peau de cuir noir bordée d’un liseré en feuille d’or. En haut, un plumier avec couvercle. Une fois soulevé, le pan incliné laissait la place à un coffret servant à déposer le nécessaire pour écrire ou bien des lettres ou peut-être de l’argent !
Ce qui attira mon regard fut une minuscule ficelle brillante, coincée entre 2 lamelles de bois.
— Allez-y ! Tirez-la vers vous, me dit-il d’un ton sec.
Du double fond apparut une petite cachette. Cachette qui devait servir à y mettre des lettres d’amour. Trop petite pour cela, je pense.
— Il est magnifique.
— Cette pièce est dans la boutique depuis 1900, elle appartenait à la marine marchande dans les années 1860. Tous les capitaines de bateau avaient leur écritoire à cette époque ! C’est une très belle pièce, marmonna-t-il tout en lui donnant un léger coup de chiffon.
À sa façon d’épousseter l’objet, je m’attendais à voir surgir un génie comme Aladin et la lampe magique, c’est pour cela que je lui demandai en soupirant.
— Est-il magique ?
Pourquoi a-t-il fallu que je lui pose cette question idiote ! et pourquoi m’a-t-il répondu sans aucune hésitation ! Sans aucune idée préconçue et le plus simplement :
— Évidemment qu’il est magique ! Je n’ai jamais réussi à connaître son secret, aurez-vous plus de chance que moi ? Qu’en pensez-vous ? Êtes-vous prête à le découvrir ?
Je n’eus pas le temps de répondre qu’il ajouta :
— Je vous l’offre, jusqu’à présent et pendant toutes ces années, les personnes qui l’ont acheté me l’ont rapporté au bout d’un mois, voire d’une semaine. Alors, cette fois-ci, je vais vous en faire cadeau. Cet objet a enfin trouvé la personne. Il vous a choisie.
— Comment le savez-vous ?
— Ce petit bout de chaînette est apparu devant nous, jamais au grand jamais je ne l’avais vu auparavant.
Il le mit dans un grand sac en toile après l’avoir enveloppé de papier bulle.
— Il est à vous, faites-en bon usage.
Après m’avoir donné les anses du sac, il me poussa vers la sortie, sûrement par peur que je ne change d’avis.
Oui ! l’écritoire était à moi mais qu’allait-il bien pouvoir me révéler. Quel secret pouvait-il bien cacher dans ce ventre fait de bois ?
***
Après avoir ôté la feutrine sous un jeu d’échecs, je l’installai sur un secrétaire style Louis XV trouvé dans un vide-greniers lors de vacances dans le centre de la France.
Cette écritoire portative en imposait, le bois semblait respirer sous la chaleur des rayons du soleil baignant encore un peu mon bureau.
Il faut vous dire que, bien que Noël approchât à grands pas, le Général Hiver avait beaucoup de mal à s’installer sur le pays.
De ma fenêtre, je regardais la Seine ainsi que l’île Saint-Louis s’envelopper d’une lumière blafarde signe que le jour laissait la place à l’ombre de la nuit. Tandis que le soleil disparaissait lentement derrière les immeubles, j’allumai la petite lampe posée sur le bureau. Le sommet de la tour Eiffel éclairait tel un phare dans la nuit, son laser bleuté jouant à cache-cache sur la ville.
Des fenêtres s’éclairaient, d’autres s’éteignaient. Il était 18 h 30 et les Parisiens quittaient leur bureau pour retrouver leur « chez soi » tandis que les néons des magasins, les lampadaires, enfin, sortaient du silence. Les sapins ornés de guirlandes lumineuses apportaient à cette nuit qui prenait possession de Paris, une dimension magique où tout devenait possible, où l’impossible semblait disparaître à tout jamais.
Nous étions le soir du mardi 20 décembre 2005 et j’étais en vacances pour une quinzaine de jours. J’avais le temps avant de dîner de découvrir ce nouvel objet qui venait d’entrer dans ma vie d’une manière bien inhabituelle.
J’ouvris la boîte, le pan incliné apparut. Tout en passant ma main délicatement sur la fine peau de cuir, je l’imaginai dans la cabine d’un bateau navigant sur les flots. Il était encore si beau, la peau un peu usée par le temps et le bois avait également quelques défauts, mais comment ne pas en avoir lorsqu’on voyage sur les océans.
Le secret caché était-il tout simplement son histoire ? Ou alors ! décelait-il un secret bien plus étrange ?
Je retrouvais l’imagination de mon enfance où tout était pour moi, questionnement : pourquoi, comment, depuis quand ! Toutes mes pensées s’amusaient à faire des 8 dans mon petit cerveau tel un puits sans fond.
Ce qui devenait étrange est qu’aucune réponse, je dis bien aucune, ne se jetait maladroitement sur les parois de mon crâne. Rien, de rien !
Ma tête devenait totalement vide, pleine de rien. Je n’arrivais même pas à concevoir un semblant de commencement de quelque chose.
Comment était-ce possible ? Le secret de cette écritoire était-il le silence, l’oubli, le rien ?
— Impossible, je n’ai pas encore tiré sur ce minuscule bout de ficelle !
Tout en pensant cela, je soulevai le pan mais pas de petit bout de chaîne lumineuse. L’écritoire donnait l’impression de sommeiller. Je la posai lentement, sans faire de bruit, surtout pour ne pas la réveiller.
Je fermai la porte du bureau doucement et me mis à la fenêtre, la nuit déposait déjà son manteau gris.
Seul le laser de la tour Eiffel éclairait de son rayon bleuté les toits des quartiers parisiens.
— Quelle heure pouvait-il bien être ?
Un rapide coup d’œil sur l’horloge comtoise du salon :
— 22 h 30 ! C’est une blague ?
Je ne suis pas restée enfermée 4 heures à contempler cet objet venu de je ne sais où ?
Le temps était passé si vite que mon estomac sut se faire remarquer et sans attendre, je me préparai de quoi dîner.
Quelle étrange journée !
Je fus ravie de la terminer bien au chaud dans mon lit.
En sortant mon bras du dessous de ma couette afin d’éteindre la lampe de chevet, je m’aperçus que le vide ressenti dans mon cerveau s’atténuait et laissait place à une colonie de questions. Je n’y fis pas attention et préférai sombrer dans les bras de Morphée.
Un rayon de soleil perdu dans ma chambre caressa ma joue, sa chaleur à mon contact me fit ouvrir les yeux. Je m’étirai longuement, mon corps avait encore envie de paresser dans ce lit encore tout chaud, quant à ma tête elle voulait au plus vite explorer la boîte. La nuit ne m’apporta aucun indice, aucune réponse à toutes ces questions qui squattaient ma petite tête. Pourtant une seule se présenta alors que je n’avais pas encore posé un pied sur le sol :
— 4 h d’absence ?!
Elle resta suspendue dans les airs.
J’enfilai un gros pull par-dessus mon pyjama et me fis un café bien serré. La tasse chaude entre mes mains m’apporta un peu de réconfort : le café, l’énergie suffisante pour décrypter ce secret.
Le soleil commençait à s’installer pour la journée sur la vie parisienne, les citadins sur le trottoir longeaient la Seine telles des fourmis vaquant à leurs occupations. Certains allaient travailler, d’autres faire les magasins, acheter les derniers cadeaux en cette fin d’année qui s’annonçait.
N’oublions pas que Noël approchait à grands pas sous un chaleureux soleil automnal. Dans mon salon trônait un magnifique épicéa aux multiples guirlandes et décorations de toutes sortes. Son agréable parfum se répandait dans toutes les pièces. Cet arbre faisait partie de ces petits bonheurs qui accompagnaient ma vie.
Souvenir d’enfant quand je décorais le sapin avec mes parents et mes sœurs, nous étions toutes excitées par le Noël qui arrivait.
J’aimais croire au père Noël. Être magique qui pouvait se déplacer rapidement dans le monde, arrivant à passer par les cheminées, traversant les murs. Et, quand la cheminée n’existait pas, ou encore si nous laissions la porte ouverte, il pouvait entrer sans difficulté et surtout plus facilement avec son « gros » ventre. Il faut dire que ce personnage était un peu en surcharge pondérale. Mais un père Noël hyper musclé, ce ne serait plus le père Noël débonnaire que l’on s’imagine enfant.
Je n’ai jamais eu la chance de le voir, bien que j’aie tout tenté pour :
Comme me cacher derrière le fauteuil du salon, derrière le sapin, sous une couverture pensant qu’elle me rendrait invisible à ses yeux. J’ai même installé, un jour, un micro afin d’écouter les bruits de la maison, espérant pouvoir me lever rapidement au moindre craquement de bois. Hélas ! quand j’arrivais, les cadeaux jonchaient le sol et pas de père Noël !
En grandissant, je compris que celui-ci ne devait jamais se montrer. Il devait rester invisible et c’était très bien ainsi.
Aujourd’hui, ce n’est pas le père Noël qui m’intéresse mais cette écritoire portative.
Allais-je pouvoir percer son secret ?
Le plus vite serait le mieux afin que je ne passe pas mes vacances dans mon bureau à tournicoter dans ma petite tête la façon de le découvrir. Je ne voulais en parler à personne par peur qu’on me le vole ou surtout qu’une de mes amies découvre son secret avant moi. Cet objet m’appartenait, il m’avait choisie alors, il devait m’ouvrir sa porte.
— Sésame, ouvre-toi !
Assise devant mon bureau, une seconde tasse de café posée à mon côté, il me fallait bien cela pour rester efficace.
Ne sachant par où commencer, je soulevai le pan incliné.
L’appréhension ressentie à cet instant me fit me demander si je ne craignais pas de découvrir ce qu’il cachait.
Tandis que le soleil illuminait la pièce, mes pensées s’envolèrent vers un Noël blanc. J’aurais tant aimé voir la neige tomber le jour de Noël, mais l’hiver n’était toujours pas au rendez-vous.
L’astre solaire arrivait à nous faire croire que nous étions au printemps, les oiseaux s’en donnaient à cœur joie, les arbres se demandaient s’ils devaient bourgeonner, voire fleurir, les Parisiens portaient des pulls mais absolument pas de manteaux, ni doudounes, rien qui montrait que nous étions à fêter bientôt Noël et le Nouvel An.
Je n’avais même pas encore allumé ma cheminée, n’arrivant pas à admettre que l’hiver commençait alors que le printemps se manifestait chaque jour depuis fin novembre. Allions-nous avoir 3 saisons cette année : printemps, été, automne ?
Que la vie serait triste si l’hiver ne montrait pas son bout de nez. La neige, sur les berges, sur les toits, sur les arbres, sur la Seine, est un tel spectacle de bonheur pour les yeux. Voir la neige tomber, se poser délicatement sur le sol, sans faire de bruit, n’est-ce pas féerique ? Même les oiseaux n’osent chanter quand elle arrive, surpris par ces flocons ouatés. Le silence s’installe dans la ville comme si lui aussi ne voulait rien perdre de la beauté blanche voletant telles des plumes secouées par des nuages parsemant le ciel hivernal.
Mais pour l’instant, le soleil s’installait confortablement sur la France, apportant douceur, chaleur et clarté.
Mon sapin donnait l’impression d’être tombé par erreur dans un coin du globe où le froid n’existait pas. Il se sentait si seul, si étranger sous les rayons du soleil qu’il en perdait ses aiguilles. Elles tombaient les unes après les autres lentement sur le sol, sans faire de bruit, juste un tout petit « clic » que l’on pouvait entendre si l’on y prêtait attention.
Je le sentais triste et l’arrosais de temps en temps d’un léger nuage de pluie afin de lui redonner courage et confiance dans la neige qui allait arriver accompagnée du vent du nord, apportant au passage le froid.
Mes pensées bucoliques disparurent comme elles étaient venues et je me retrouvai en tête à tête avec cet étrange objet venu d’un autre temps.
Je l’observai d’un air songeur. Ses angles et ses bordures faits de laiton doré. Ce magnifique bois de palissandre d’une couleur légèrement violacée, nuancée de noir et de jaune. Sur le pan incliné, la peau de cuir usagée me faisait me demander quels genres de lettres avaient bien pu être écrites ? Un vrai travail d’orfèvre !
Ma main glissa doucement sur le cuir, espérant sentir son passé, souhaitant voir apparaître des images de tempêtes, de mer calme, de naufrages, d’un commandant criant à ses hommes de baisser les voiles d’étai sur le grand mât ainsi que sur le Beaupré : le clinfoc, le petit foc, et sur le bout-dehors, le grand foc et le faux foc.
Je pouvais imaginer, comme dans un rêve, les matelots s’agiter sur les ponts, baisser les voiles. J’entendais le capitaine hurler ses ordres tandis que la mer déchaînée répandait ses vagues sur le bateau qui tanguait.
D’un seul coup, tout disparut, le calme revint dans la pièce.
Et moi, je restai scotchée sur ma chaise.
Que venait-il de se passer ? Était-ce tout simplement mon imagination fertile ou bien le secret qui apparaissait enfin ?
Je n’allais pas rester toute la journée enfermée dans ce bureau alors que le soleil me narguait à la fenêtre. Prenant le téléphone, j’appelais mon amie Annie pour sortir ensemble. Sans hésiter, elle accepta, ravie de faire les boutiques, de musarder le long des berges de la Seine, de profiter de l’île Saint-Louis sans les touristes, qui pour l’instant n’envahissaient pas encore Paris. Notre rendez-vous était à 14 h, j’avais largement le temps de me préparer.
***
— À nous Paris ! s’exclama Annie en m’embrassant chaleureusement. Elle avait ce talent de vous faire fondre dès qu’elle vous serrait dans ses bras. Sa gentillesse, sa sincérité, sa chaleur faisaient d’elle l’amie parfaite sur qui vous pouviez compter, même si parfois, elle annonçait des vérités qui, à l’instant, pouvaient perturber et ensuite vous remettre en question.
Bras dessus, bras dessous, nous nous dirigeâmes vers l’Île Saint-Louis se trouvant à deux pas de chez moi. Il faut vous dire que mon appartement se situait 1 rue du Cardinal Lemoine au-dessus de la Tour d’Argent au 6e étage, avec de grandes baies vitrées donnant sur le quai de la Tournelle et sur la rue du Cardinal Lemoine.
Je ne sais si vous connaissez Paris pendant la période de Noël mais pour moi, c’est la capitale la plus magique au monde.
Même avec cette température hors saison, j’apprécie ces instants avec ma meilleure amie ; flâner le long des boulevards cherchant le cadeau idéal à offrir.
Avant de nous laisser emporter par la folie des derniers achats, je proposai à Annie de lui faire connaître cette incroyable boutique d’antiquités tout en longeant le quai des bouquinistes.
— Regarde ce livre, me cria-t-elle dans les oreilles !
Elle tenait dans les mains un magnifique livre sur l’histoire de la photographie : de son inventeur Nicéphore Niepce en 1826 à nos jours.
Mon amie ne sort jamais sans son appareil photo. En général, elle en a deux : un argentique et un numérique. Sa passion, photographier tout et de trier ensuite.
— Moi, qui hésitais pour ton cadeau, tu viens de le trouver, dis-je en me dirigeant vers le vendeur.
Une fois enveloppé et réglé, le livre bien installé dans mon sac à dos, plus facile pour mettre tous nos achats futurs, nous traversâmes le boulevard qui nous séparait de la boutique.
— Tu vas voir ! Ce monsieur est très intéressant et sa boutique ressemble au grenier de grand-mère. Tu t’en souviens ? Nous avons tellement joué et imaginé tant de personnages sortant de nulle part.
— Oh oui, c’était drôle !
J’avais hâte de rencontrer à nouveau le vieil homme et je poussai la porte de la boutique. La petite cloche retentit. Une voix que je ne connaissais pas se fit entendre :
— J’arrive, j’arrive ! Me voilà !
Un homme de notre âge apparut derrière le comptoir sur lequel étaient, rangés par taille, des réveils de toute grandeur, de toute forme, aucun ne fonctionnait. Aucun « tic-tac » ne sortait de leur boîtier.
Les voir, ainsi, sans bruit, me rendait perplexe. Pourquoi ne fonctionnaient-ils pas ?
Étrange que le sort d’un réveil sans « tic-tac ».
Étaient-ils tous cassés ? À première vue, ils ne paraissaient pas malades.
Annie me donna un coup de coude.
— Il n’est pas si vieux que cela ! me murmura-t-elle.
— Bonjour, désirez-vous un renseignement ?
Mon visage se décomposa. J’exagère peut-être un peu, c’est même certain, mais de voir ce visage jeune, me fit me demander si nous étions bien au bon endroit.
Je vérifiai la vitrine, les lettres dorées inscrivaient bien : Antiquités depuis 1860.
La boutique était la bonne, les objets aussi mais pas le vendeur. J’avoue que j’en fus énormément déçue.
— Excusez-moi, Monsieur, mais quand je suis venue mardi, ce n’était pas vous ?
— Mardi, dites-vous ?
— Oui, mardi ! Mardi 20 décembre.
— La boutique était fermée mardi, j’ai dû m’absenter toute la journée.
— C’est impossible ! Un monsieur m’a offert une écritoire de 1860 de la marine marchande !
— Je vous le répète, reprit-il patiemment en me fixant avec curiosité, cela ne se peut et de plus il n’y a jamais eu d’écritoire ni de vieux monsieur, dans ma boutique.
Annie me tira par la manche et tenta de me sortir hors de la boutique.
— Viens ! Tu as dû faire erreur.
Une fois sur le boulevard, je regardai tout autour de moi cherchant le visage buriné du vieux monsieur.
— Je ne me suis pas trompée ! J’en suis certaine et puis il y a cette écritoire qu’il m’a offerte, je ne l’ai pas rêvée !
Elle me regardait de ses gros yeux noisette attendant la fin de l’histoire. Histoire que je lui contai avec grand plaisir. Ma balade sur les quais puis cette devanture qui attira mon attention, et enfin le vieux monsieur avec cette voix si grave qui m’offrit cet objet très particulier et qui me poussa dehors sans ménagement.
— Et en plus ! continuai-je, cet objet se trouvait dans la boutique depuis 1860. Il avait même tenté de le vendre et à chaque fois l’acheteur lui ramenait. C’est pour cela qu’il a eu la gentillesse de m’en faire présent ! Tu me crois !
— Ton histoire est incroyable. Il s’agissait peut-être du père Noël ? Après tout, c’est le bon moment pour montrer son nez !
— Ou sa bedaine, dis-je en riant pour masquer mon désappointement.
— Avant de faire nos achats, allons boire un chocolat chaud, cela te remontera le moral.
Tout en marchant, des questions prenaient un malin plaisir à jouer avec moi : qui était-il ? Pourquoi me l’avoir offert ? Pourquoi moi ?
Cet objet existe bel et bien puisqu’il trône sur mon bureau.
Et ce secret ? Est-ce une blague racontée par le vendeur au visage buriné, à la carrure d’un flibustier ?
Qui était le jeune homme ? Son fils, son petit-fils, un inconnu ?
Annie chantonnait, dansant sur le trottoir.
— Cesse de te poser mille et mille questions. Lâche un peu.
Elle avait raison. Je fis le signe de nettoyer d’un revers de la main les pensées qui volaient autour de moi, ce qui la fit sourire.
Nous passâmes le reste de la journée à entrer dans les magasins et en sortir les bras chargés, s’arrêtant parfois pour déguster un gâteau ou des marrons grillés.
L’après-midi passa vite, le soleil disparaissait, laissant la liberté aux réverbères de s’allumer tandis que les Parisiens couraient toujours afin d’arriver avant la fermeture des magasins.
Chaque année, chacun de nous décidait de s’y prendre à l’avance. Ne pas se retrouver dans la bousculade des dernières acquisitions et chaque année c’était la ruée à la sortie des bureaux.
Le spectacle que j’adorais et qui me rappelait mon enfance était la magie des vitrines quand la nuit tombait, les décors prenaient place et la féerie de Noël pouvait commencer. Annie et moi aimions coller nos nez sur les vitres comme des enfants.
— Déjà une journée de passée, dis-je un peu amère en nous séparant.
Où pouvait-il être ? Ce monsieur n’avait quand même pas pu se volatiliser ? C’est en me posant une quantité de questions que je rentrai chez moi, déçue de n’avoir pas pu le présenter à mon amie. Qu’était-il devenu ? Où pouvait-il bien être ? Qui était-il ?
Il était déjà 20 h quand je réussis enfin à ôter mes chaussures.
Nous avions marché toute l’après-midi, j’étais fatiguée d’avoir piétiné dans les magasins et énervée de n’avoir pas retrouvé ce curieux personnage. J’étais, à dire vrai, en colère contre tout et contre tous : la vie, les coïncidences, les gens, le temps. Bref ! Je n’étais pas très bien.
Nous avions dîné dehors ce qui me permit de me préparer un chocolat chaud. Il fallait bien cela pour me remettre de mes émotions. Mon mug à la main, je m’installai dans mon bureau.
La lune éclairait l’écritoire, formant un halo de douceur tout autour de lui. Je pris place dans mon fauteuil et tout en buvant ma boisson chaude, je vis une toute petite lumière provenant de son « ventre ». Mon cœur s’accéléra, mes mains tremblaient sur ma tasse. Je sentais au creux de mon estomac l’excitation de découvrir un je ne sais quoi, mais en même temps la peur se faisait sentir par un froid qui glissait lentement dans mon dos.
Puis, une tristesse m’envahit soudain en pensant à cet homme qui venait de m’offrir le plus beau des cadeaux. Car dans mon for intérieur, je craignais de ne jamais le revoir.
J’aurais aimé ouvrir le coffret et découvrir son secret mais j’étais trop fatiguée et désemparée pour le faire ce soir. Je bus tranquillement. La douceur du chocolat me calma peu à peu.
— Demain, demain, nous verrons oui, demain !
Le halo disparut de la pièce, la petite lumière s’éteignit, tandis que je fermais la porte toujours très doucement. Pas encore, pas pour l’instant. Je n’y étais pas encore prête.
Les jours passèrent sans neige, sans secret résolu.
***
Le réveillon de Noël arrivait et j’allais le passer dans ma famille comme de coutume. Nous aimions nous retrouver tous, cette nuit-là ainsi que le jour de Noël où nous terminions le repas pantagruélique de ma sœur. Difficile de tout avaler en une seule nuit.
Le rituel consistait à terminer ce jour en dînant, accompagnés de musique disco, à raconter des histoires drôles arrivées dans l’année et ces petits bonheurs vécus par chacun de nous.
Toutes ces petites choses qui rendent la vie plus facile à vivre tel que :
— Voir un film qui resterait gravé en vous à vie.
— Rencontrer de nouveaux amis et vous demander comment avez-vous pu vivre sans eux jusqu’à présent.
— Vivre un instant magique de la nature, quand, au détour d’un virage, vous apercevez un double arc-en-ciel prendre forme devant vous.
— Écouter une chanson qui vous plonge dans le passé,
— Penser que vous venez de rencontrer le grand Amour avec un grand A et qu’à cet instant tout devient magique,
— Avoir un bébé, le plus beau des bébés. Être les parents les plus comblés du monde…