Le sexe et le coeur - Valérie Ternynck - E-Book

Le sexe et le coeur E-Book

Valérie Ternynck

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Beschreibung

Comment faire pour que mon coeur soit en accord avec ma sexualité ? Dans ce domaine, tout est parfois si compliqué : comment aimer et être vraiment aimé ? La plupart d’entre vous, en milieux scolaire et universitaire, font face à des réalités très diverses : besoin d’amour, devoir de performance, pornographie, sollicitations sexuelles, friend-zone, sexfriends... Tout cela accompagné de l’injonction : « Protégez vous, plutôt deux fois qu’une. » Cela vous laisse parfois dans l’incompréhension et dans une grande solitude...Comment vivre simplement heureux, libre et épanoui ? Conscient des richesses et des difficultés de votre génération, cet ouvrage vous invite à vous libérer en profondeur pour parvenir à aimer dans toutes les dimensions de votre être. Un voyage vers vous-mêmes et vers l’Amour.

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Valérie Ternynck

avec Marie Blétry

Le sexe et le cœur

Aimer en toute liberté

Les droits d’auteur de ce livre seront reversés intégralement à Parlez-moi d’Amour.

Conception couverture : © Emmanuel Brejon

Composition : © Soft Office (38)

Illustrations intérieur : © Shutterstock

© Éditions de l’Emmanuel, 2018

89, bd Auguste-Blanqui – 75013 Paris

www.editions-emmanuel.com

ISBN : 978-2-35389-713-1

Dépôt légal : 4e trimestre 2018

Introduction

À la suite d’une intervention dans une classe de troisième, Léa, 15 ans, m’a demandé un entretien individuel. « Je ne suis pas venue pour vous raconter ma vie. En deux mots : je suis la prostituée de la classe. Mais je suis venue parce qu’il y a très longtemps que personne n’a posé un regard bienveillant sur moi, comme vous l’avez fait aujourd’hui… Je n’ai plus aucune estime de moi, je me sens nulle, et je voulais juste vous demander si pendant trois mois jour pour jour, vous pourriez, dans votre maison, me regarder comme vous l’avez fait tout à l’heure. Je n’ai plus aucun espoir pour moi, mais je crois que vous en avez, vous. »

Alors, j’ai pris mon agenda et noté son prénom au début et à la fin de ces trois mois. Je lui ai promis que chaque matin, en me levant, je fermerai les yeux pour la regarder dans la beauté de ce qu’elle est. Léa avait fait plusieurs tentatives de suicide et il m’a semblé juste de l’aider aussi très concrètement, en lui apprenant à dire « non » aux garçons. Elle a pu en parler avec sa maman, qui l’a écoutée et comprise. Aujourd’hui, Léa va bien.

C’est ce regard bienveillant et plein d’espérance que j’aimerais poser sur chacun de vous tout au long de ce livre.

Lorsqu’on vient vous parler d’affectivité, il est beaucoup question de prévention : « Protégez votre plaisir », « Protégez-vous plutôt deux fois qu’une avec pilule et préservatif », ou : « Ne couchez pas avant le mariage. » Mais ces injonctions ne sont pas toujours accompagnées d’un message d’amour et peuvent devenir enfermantes. Cela vous laisse dans l’incompréhension et dans une grande solitude !

Beaucoup parmi vous se trouvent seuls, carapacés. Vous portez parfois de lourds secrets, des trahisons, des déceptions, des hontes que le monde des adultes n’est pas toujours disposé à entendre et à comprendre. Entre vous, vous avez le sentiment de devoir être toujours plus performants dans tous les domaines, l’envie d’être populaire. Cela se comprend, car nous avons tous besoin d’être aimés et d’aimer. Autour de vous, vous entendez parler de réalités avec lesquelles vous êtes plus ou moins familiers : la friend-zone*, la pornographie, les préliminaires, les sex-friends, le no-sex… Nombre d’entre vous êtes très informés de ce qui se passe sous une couette, mais est-ce que toute cette technique vous aide réellement à aimer ?

Avec ce livre, je voudrais rejoindre vos cœurs : vous pouvez être heureux, libres et épanouis, y compris en amour, même si vous n’y croyez plus aujourd’hui. Avec le mouvement national « Parlez-moi d’Amour », nous avons rencontré plus de 60 000 jeunes depuis 2009. Tous ceux que j’ai rencontrés m’ont bouleversée et enrichie et beaucoup ont été profondément touchés et même parfois guéris. Ils ont compris à quel point l’amour avait besoin de cohérence et d’unité. J’aimerais partager avec vous cette expérience extraordinaire. Je sais que vous êtes ouverts et généreux, capables de voir le beau et le besoin de l’autre. Le sens du véritable Amour est caché en chacun de vous et si proche de votre cœur qu’il serait dommage qu’il ne vous soit pas révélé et rendu accessible !

Pour mieux vous rejoindre, je vous donnerai de nombreux témoignages de jeunes qui sont venus se confier à moi et ont accepté que je relate leur histoire de manière anonyme**. D’avance, je vous demande pardon si certains propos de ce livre vous blessent. La sexualité est un des plus beaux sujets qui soit, mais il est compliqué et touche ce qu’il y a de plus intime en nous. Mon but est de mettre un baume sur votre cœur, sans vous blesser davantage, je l’espère.

Maintenant, je vous invite à vivre une expérience très intime, à la rencontre de vous-même, afin de garder ou de restaurer votre sexualité et (re)trouver votre capacité à aimer et à être aimé. La réconciliation avec nous-même, loin de tout ce que nous avons entendu, vu ou vécu, est en effet un chemin indispensable pour donner un sens à notre vie, comprendre ce qu’est l’amour et réussir à le vivre en toute liberté.

Entrons donc dans ce voyage intérieur.

* La friend-zone caractérise une situation où deux personnes sont amies mais l’une d’elles éprouve des sentiments amoureux pour l’autre, sans que ce soit réciproque. Elle reste coincée dans la friend-zone et devient l’éternel(le) ami(e), condamné(e) à voir l’élu(e) de son cœur vivre sa vie amoureuse de son côté, avec d’autres personnes.

** Tous leurs prénoms ont été transformés pour respecter leur anonymat.

Chapitre 1

Voyage intérieur

Lorsque je viens vous rencontrer dans vos écoles ou vos groupes de jeunes professionnels, je suis souvent interpellée par la variété de visages et de corps qui s’offre à mon regard. Chacun de vous est magnifique à mes yeux, mais j’ai bien conscience que votre regard sur vous-mêmes n’est pas forcément aussi émerveillé que le mien. La réalité de vos relations peut être difficile, et les affronter vous demande souvent un grand courage, selon que vous appartenez à la classe des « populaires », des « cassos » ou des « normaux ». On vous dit pourtant que votre apparence, vos vêtements, vos qualités et vos défauts physiques ne disent pas votre valeur, mais le croyez-vous vraiment ? Est-ce vraiment cela que vous vivez ? Beaucoup d’entre vous, en réalité, souffrent d’appartenir à telle ou telle caste. Cette forme de racisme vous empêche d’être vrais et libres : pour être populaire, il faut porter tel vêtement tendance, employer tel vocabulaire, avoir un humour cynique, de la répartie, « choper » telle personne, avoir tel comportement sexuel, etc. Quant aux « cassos », ils se sentent exclus à cause de leur apparence et de leur attitude, car les autres les fuient de peur d’être destitués de leur statut ou « contaminés ». Quelle souffrance… Les jeunes qui ont moins de succès sont pour moi des héros ! Ils peuvent souffrir d’un manque cruel de confiance ou d’estime d’eux-mêmes et vivent dans une vraie solitude affective… Mais dès qu’ils s’acceptent eux-mêmes, leur souffrance dépassée peut devenir un lieu privilégié pour de vraies, simples et profondes relations, loin de tout masque ! Ces filles et ces garçons accueillent et recueillent alors parfois beaucoup de secrets et les gardent dans leur cœur !

Pour l’heure, je souhaite vous inviter à dépasser ces frontières artificielles : quelle que soit votre apparence, votre valeur est immense. Vous ne me croyez pas ? Ne ratez pas une occasion de changer d’avis. Osez avancer un instant vers votre pleine liberté.

Pour bien entreprendre ce voyage intérieur, je vous invite, dans ce chapitre, à descendre progressivement dans tous les aspects de votre personne : corps, sensibilité, intelligence, volonté et cœur profond. Après une intervention à Moscou, il y a quelques années, un groupe de jeunes m’a offert une poupée russe qui illustrait à leurs yeux ce chemin intérieur. J’utiliserai donc cette image des poupées emboîtées les unes dans les autres comme autant de strates de notre identité, de la plus visible à la plus cachée.

Poupée n° 1 : le corps

La poupée la plus extérieure représente le corps. Que dit-on le soir du réveillon : « Bonne année, bonne intelligence » ? « Bonne année, bonne pensée » ? « Bonne année, bonne sexualité » ? Non. Nous disons « bonne année, bonne santé », parce que c’est avant tout à travers notre corps que nous pouvons exister, entrer en relation, aimer et être aimé.

Valérie se promène dans une rue piétonne de Poitiers, en plein mois d’août. Elle traîne son ennui et son découragement, car ses amis sont tous en vacances. Soudain, son ami Pierre apparaît au bout de la rue ! Ravie, elle accélère le pas pour le retrouver au plus vite en lui faisant coucou de loin. Mais Pierre ne réagit pas et semble lunatique et de mauvaise humeur ! À vrai dire, plus cette jeune fille s’approche, plus elle doute que ce soit lui… Son pas se fait plus lent… et, ô méprise, arrivée presque à son niveau, ce n’est pas lui… L’homme la regarde avec un doux mépris ! La fille devient rouge de confusion… Un très très grand moment de solitude ! Quelques mois plus tard, dans un bar, Valérie sirote un café lorsque ce même homme vient se planter devant elle : « Nous nous sommes déjà rencontrés quelque part ! J’en suis sûr ! mais où ? »

Cette scène remonte à 1980. La jeune fille, c’était moi, Valérie Ternynck, et ce garçon est devenu l’homme de ma vie depuis bientôt 34 ans ! Je vous assure qu’aujourd’hui, je ne regrette absolument pas ce moment de honte.

Cette histoire nous montre à quel point notre corps peut être un chemin de bonheur, malgré nos limites et nos complexes. Sans la réalité de ce mois d’août, sans nos corps, sans cet instant fondateur, nous ne nous serions jamais rencontrés !

Quels que soient la réalité de votre corps et le regard que vous portez sur lui aujourd’hui, il peut donc être un chemin de bonheur… Songez un instant à tout ce que révèle votre corps :

Il dit votre identité unique : il dit mon âge, mes ressemblances familiales, si je suis un garçon ou une fille, etc. Aucun corps, aucun visage n’est semblable à un autre. Nous aurons beau nous comparer et envier le corps ou l’apparence d’un autre, nous ne pourrons jamais être le parfait sosie de quelqu’un. L’application Tik Tok ne vous permettra jamais de ressembler à vos idoles. Notre corps est parfait en son genre, original, différent. Quel que soit ce que nous lui imposons, nous pouvons en être fiers. Il ne ment jamais et il m’alerte sur mon état intérieur.

Il permet d’entrer en contact avec le monde, dans la « vraie vie », à travers mes sens : vue, ouïe, odorat, goût, toucher… Lorsque je me sens trop éloigné de mon corps, je peux me poser les questions suivantes : Quel sens est particulièrement développé chez moi et me réjouit profondément ? Suis-je plus touché par une odeur, un son, un contact, un paysage, un plat gourmet ? En me connectant à ce sens préféré (en respirant, en écoutant les sons ambiants, en touchant un objet, en regardant un paysage, en savourant un fruit ou un mets que j’aime), je retrouverai ainsi, de manière agréable, la réalité qui m’entoure. Cela allégera tout ce qui est pesant en moi, et m’aidera à vivre quelques minutes dans l’instant présent, loin de mon quotidien parfois difficile. Cet exercice est très bienfaisant.

Il me permet d’exister. Sans lui, je ne peux pas vivre. Je ne peux rien faire sans lui. Tout ce qui fait mon être – intelligence, cœur, émotions, sentiments – existe à travers lui. Il me permet d’agir, de bouger, d’exprimer mes pensées, mes besoins, mes sentiments…

Mon corps, c’est MOI et sans lui, je ne suis rien, je ne peux pas m’en séparer sans mourir. C’est pour cela que lorsque j’engage mon corps, par exemple avec un sex-friend, j’engage en fait tout ce que je suis.

Hommes et femmes, nos corps sont différents, et nous ne vivons pas notre sexualité de la même manière. Le sexe de la femme se trouve à l’intérieur de son corps. Il n’est pas visible, il est caché et mystérieux. Seule une échographie peut permettre d’approcher ce mystère, mais jamais nous ne pourrons le voir en réalité. Cet endroit est protégé, il est précieux et sensible. Le retentissement d’une relation sexuelle n’est pas neutre pour la femme : elle accueille quelqu’un dans une zone cachée à l’intérieur de son être. Elle a donc besoin d’être en confiance. Si cette sexualité est vécue dans les bras d’un homme qu’elle connaît profondément et qui la respecte, sa libido se développera de plus en plus. Une femme est également soumise à des influences hormonales qui peuvent influer sur son humeur, provoquer des variations de climat intérieur d’un jour à l’autre.

La sexualité de l’homme est extérieure, son sexe est visible et destiné à aller vers l’extérieur. Elle est puissante et animée d’un grand désir de communion avec l’autre. L’homme peut se retirer quand il veut et cela lui donne une liberté et une responsabilité. Si les érections sont indépendantes de sa volonté, il a la capacité de contrôler le moment de l’éjaculation et d’en devenir maître, même si cela s’apprend et demande du temps !

Force est de constater, pourtant, que nous n’avons pas toujours un regard admiratif sur notre corps. Nous rêvons souvent de vivre dans le corps de quelqu’un que l’on admire ! Une jeune fille venait me confier l’autre jour qu’elle réfléchissait à recourir à la chirurgie esthétique pour corriger un défaut sur elle que je ne voyais même pas ! Cela montre combien notre regard est faussé, combien nous pouvons avoir un problème avec notre corps tel qu’il est, à cause de critères artificiels, déconnectés de la réalité. « Populaires » ou « cassos », nous avons tous un problème avec notre corps. Nous pensons que nous ne correspondons pas à la norme attendue dans le monde : notre poids, nos cheveux, nos formes, notre sexe ne conviennent pas…

Lors d’un entretien individuel au collège, un garçon de 12 ans, fatigué, les yeux cernés, s’approche et me confie son « problème ». Il a peur de ne jamais réussir à éjaculer à 5 mètres. Que d’inquiétude pour cet adolescent qui avait peur de ne pas être dans la norme ! Je lui ai dit que si un homme accomplissait une telle « prouesse », il irait rapidement consulter un médecin pour redevenir normal. Dans les films pornographiques, on utilise du blanc d’œuf et une caméra pour simuler une éjaculation spectaculaire. Mais cela n’a rien à voir avec la réalité. Je l’ai donc rassuré sur son corps et ses capacités physiques. Mais je lui ai surtout redit l’importance d’y associer le cœur pour aimer et combien la pornographie pouvait fausser et abîmer notre regard. Il a rougi et baissé les yeux. Le soir, en rentrant chez lui, il m’a remercié par texto : il était enfin rassuré.

La réalité dans laquelle nous vivons est d’une variété infinie, elle n’a rien à voir avec les normes de la fiction, de la publicité, des images photoshopées… Par nature, l’homme est unique et différent. La réalité est créative !

Lors d’un entretien au lycée, Claudia, une fille de seconde aux cheveux longs, très populaire, maquillée, en bottes de rêve et jupe de cuir, dit à Pauline, une fille timide du fond de la classe : « J’aimerais être comme toi : cela me saoule de devoir toujours être au top, cela m’empêche d’être moi, toujours faire attention à ce que je bouffe ! Toi, quand tu te lèves le matin, tu peux te regarder dans la glace sans trois tonnes de maquillage et avec quelques rondeurs, tu ne mets pas quatre heures à choisir tes vêtements et tu peux les garder deux jours ! Tu n’as pas besoin d’aller te remaquiller pendant les intercours. »

Pauline relève la tête, tout étonnée de devenir en quelques secondes attrayante et populaire aux yeux de toute la classe, grâce à ces paroles de Claudia.

Comme Pauline, je vous invite donc à sortir des critères auxquels vous pensez devoir correspondre et à changer de regard sur vous. Accepter son corps, c’est donc accepter d’être soi. Ce chemin peut être long et douloureux, car souvent notre regard sur nous-même est blessé. À travers un petit exercice, nous allons ensemble apprendre à regarder notre corps simplement, sans jugement, juste pour ce qu’il est.

Le voyage intérieur