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Guidés par l'énigmatique message retrouvé au fond du lac Titicaca, Luis, Eddy et Stacy poursuivent leur quête de l'or inca et se lancent vers Tunis, une cité témoin des affrontements de puissants royaumes au XVIe siècle. Alors qu'ils tentent de retrouver des indices dans l'antique cité, les trois amis sont victimes d'un mystérieux groupe armé aux motivations douteuses, et Stacy, poussée à bout, révélera un terrible secret.
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Seitenzahl: 292
Veröffentlichungsjahr: 2023
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Né à Lausanne en 1993, Mathieu Schaller adopte très tôt un attrait pour les démarches créatives. Nourri d’une imagination florissante, il laisse son esprit construire des intrigues puisant leur source dans des sujets importants à ses yeux.
Animé d’un vif intérêt pour les lieux anciens et le patrimoine, il observe depuis toujours avec admiration les monuments historiques et autres vestiges du temps passé, n’hésitant pas à les visiter si l’occasion le lui permet. L’envie de partager avec autrui ses connaissances et découvertes le mène à l’ouverture de sa chaîne YouTube Emixplor pour présenter les endroits qui le fascinent. Parallèlement, il se lance dans la rédaction de son premier roman, Le Trésor des Passions, récit qui lui permet d’explorer une nouvelle façon de partager les monuments du passé et dont il publie le premier tome fin 2022.
Avertissement
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
Le récit se base en partie sur des faits historiques. Pour les besoins de la narration, j’ai pris la liberté d’y ajouter des éléments fictifs. Les lieux visités par les protagonistes se veulent en grande partie inspirés du monde réel. Cependant, en raison du temps nécessaire à la rédaction et à la finalisation de l’ouvrage, il se peut que ceux-ci aient changé depuis. Certains endroits sont également issus du fruit de mon imagination, mais j’ai accordé un grand soin à leur description afin qu’ils paraissent authentiques à vos yeux.
Les protagonistes de l’histoire possèdent des croyances et valeurs qui leur sont propres et je ne les revendique à titre personnel en aucun cas.
Figés d’effroi, Luis et Eddy observaient la silhouette de leur amie à terre, contorsionnée par la douleur et hurlant de toutes ses forces. Un cri aigu et strident, lancinant, qui s’envolait de sa bouche comme si la souffrance qu’elle ressentait pouvait s’en échapper à son tour. Sous ses doigts crispés par l’impact, le tissu de son jean avait pris une teinte sombre, et les deux Américains devinaient la naissance d’une flaque opaque sur le goudron dur et froid.
Luis avait pourtant tout fait pour éviter le pire…
*
— Notre bus part demain matin, à 4 h 16.
Profitant des quelques heures qui leur restaient, les trois amis prenaient un temps de repos dans un petit restaurant de quartier, non loin de leur hôtel.
Ils s’étaient levés bien tôt pour rentabiliser la location du sous-marin aux mystérieux individus armés. Et ils n’avaient pas été déçus, leur plongée s’étant soldée par la découverte du puma d’or. Letraducteur de Puno leur avait alors clairement indiqué la voie à suivre en leur restituant la transcription anglaise du message gravé :
L’avidité détruit toute dignité. Puissent vos navires chargés de notre or suivre le même chemin que ce puma durant votre retour à Tunis. Alors, tout reviendra à l’eau, comme au commencement.
1533
L’avidité.
N’était-ce pas ce sentiment qui animait les hommes en quête de richesse ?
Certains, peut-être, se dit Luis. Mais pas nous.
À cette pensée, il porta les yeux sur Eddy. Même assis, celui-ci dominait leur petit groupe d’une bonne demi-tête encore, sauf en ce moment où, légèrement voûté sur la table, il s’efforçait de retirer avec ses dents les derniers bouts de chairs crochés aux os de son poulet. De sa place, Luis ne voyait que les mèches courtes et brunes de ses cheveux, animés d’un imperceptible mouvement selon l’inclinaison de sa tête.
De tous les trois, Eddy était sans doute le seul à accorder une réelle importance à la valeur pécuniaire du trésor d’Atahualpa. Son état financier ne devait pas lui laisser une grande marge avant la banqueroute, et découvrir tous ces joyaux précolombiens était donc presque une nécessité pour lui.
Luis observa ensuite Stacy, installée à côté d’Eddy. L’agitation de son ami désossant sa carcasse conférait à la jeune femme une forme de quiétude étrange. Tout en elle paraissait calme alors qu’elle essuyait d’un geste mesuré le reste de sauce pimentée au fond de son plat. Pourtant, Luis savait qu’un malêtre profond la rongeait, un malêtre qui avait éclaté en fureur un peu plus tôt. Depuis le début de leur aventure, Stacy l’avait impressionné autant par son engagement que par son entêtement, car à plusieurs reprises elle s’était montrée très volatile sur ses points de vue.
Une preuve irréfutable de son malaise, se désola Luis qui ne voyait toujours pas comment aborder sérieusement ce sujet avec elle.
Stacy redressa la tête et, constatant qu’il l’observait, lui adressa un discret sourire.
Que peut-il bien cacher ?
Mais Luis savait que son amie était ainsi : tantôt sincère, tantôt trop fière pour le rester. D’ailleurs, il n’avait pas encore compris quelle était sa motivation pour cette chasse historique. Elle ne devait sans doute manquer de rien au vu de la belle maison qu’ils avaient achetée avec Chris.
Mais sentimentalement ? se demanda Luis.
— Ça va Luis ?
L’Américain reconnecta son regard à celle qui avait prononcé ces mots.
— Tu n’as quasi rien mangé, s’inquiéta Stacy.
Luis jeta un œil à son assiette et remarqua qu’il avait seulement commencé son repas. Il se réajusta sur sa chaise et posa les couverts en travers de son plat.
— Ce n’est rien, répondit-il. Je n’ai pas très faim.
Et lui-même ? Qu’en était-il ? D’où venait cette envie de poursuivre l’aventure ? Car il s’était finalement décidé à aller de l’avant, affligé par la grande peine qu’avait traversée Stacy suite à la révélation du puma perdu. Était-ce toujours la soif de l’Histoire qui l’intéressait ? Ou y avait-il autre chose ?
« Je ne crois pas que je supporterais une seconde fois d’être abandonnée de la sorte… »
Les mots de Stacy étaient rudes, mais lourds de sens.
— C’est dommage mon vieux ! s’exclama Eddy en roulant les doigts dans sa serviette. C’était excellent !
Luis plongea son regard dans les pupilles noisette de son ami. Face à son air réjoui, il ne put s’empêcher de sourire à son tour.
— Ravi que cela t’ait plu, déclara-t-il finalement. Cela dit, au vu de la courte nuit qui nous attend, je propose qu’on retourne à l’hôtel etqu’on s’y repose un peu.
Stacy et Eddy acquiescèrent d’un même mouvement de tête.
— Tout de même, tempéra ce dernier en tirant légèrement le voile de tissu qui couvrait la fenêtre, c’est dommage de quitter la région si tôt, il y aurait tellement de choses à voir.
Et pourtant, chaque minute passée à Puno était une minute de trop, une minute de plus à attendre avant de retrouver le plus célèbre trésor de l’Amérique du Sud. L’idée de s’aventurer dans une ville totalement inconnue et sans indice concret laissait cependant chez eux une pointe d’amertume.
Peu de temps après, ils longeaient tous les trois l’Avenue Simon Bolivar, une des plus grandes rues de Puno qui traversait l’agglomération du nord au sud. Bien que l’essentiel du trafic soit concentré sur la route nationale, un défilé incessant de véhicules s’y déroulait, inondant l’espace du bruit des moteurs et de l’air chassé. Les bâtiments bordant les trottoirs où s’agglutinaient des passants plus ou moins rapides affichaient sans relâche leur triste aspect de briques à l’état brut, et même si quelques-uns des édifices s’étaient vus agrémentés d’un crépi jaune ou blanchâtre, l’impression de construction inachevée submergeait toujours autant les trois amis. Dans cette masse de gens en perpétuel mouvement, le petit groupe semblait se détacher hors de ce monde, illuminé par le savoir d’un autre temps et porté par la foule qui paraissait s’ouvrir devant eux comme l’eau sous la proue d’un navire.
Luis ne put s’empêcher de lâcher un soupir de soulagement en apercevant enfin l’enseigne de leur hôtel, une vingtaine de mètres plus loin. Il échangea un regard réjoui avec Stacy puis, tournant à nouveau les yeux vers leur destination, il s’arrêta subitement.
— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Stacy en s’immobilisant à son tour.
Il fixa le porche de l’immeuble encore quelques secondes avant de se retourner.
— Une patrouille de police, chuchota-t-il. Elle vient d’entrer dans l’hôtel.
Stacy haussa les épaules.
— Et alors ? répondit-elle jetant un regard vers l’enseigne, à une quinzaine de mètres. Ce sont des policiers, on s’en fiche.
— Pas vraiment, en fait.
— Non, pas vraiment, l’appuya Eddy qui avait compris où il voulait en venir. Ils doivent être à notre recherche : les gardes-côtes ont dû nous dénoncer. On n’avait pas le droit d’être en plongée dans ce lac, Puno est un grand port pour le Titicaca et…
Luis secoua la tête.
— Laisse tomber le lac. Ces gardes-côtes nous ont tout juste aperçus avant qu’on retourne dans le sous-marin, il est quasi impossible qu’ils puissent nous identifier. Ils ne savent ni qui nous sommes, ni d’où nous venons, et encore moins où nous logeons. Et en plus, ils étaient boliviens.
— Mais alors, c’est quoi ? dit Eddy, déçu de ne pas avoir deviné juste.
Dans le tumulte de la grande rue, ils entendirent une ambulance s’approcher de leur emplacement. Le groupe en profita pour s’isoler de la foule en se plaquant contre le mur du bâtiment, et tous trois observèrent le véhicule d’urgence se frayer une route dans la masse de voitures.
Luis se tourna à nouveau vers ses amis, avec dans l’esprit la silhouette très nette d’un homme vêtu d’un complet gris étendu à terre, une flaque de sang sous la tête. Le bandit qui leur avait sommé de restituer le sous-marin et exigé 10 000 $ pour sa location n’était pas resté très longtemps en travers de leur chemin…
— L’homme au port, c’est lui qui a vendu la mèche, reprit Luis. Les mafieux connaissent mon nom. Les agents n’ont eu aucun problème pour retrouver notre hôtel.
Stacy se mordit les lèvres.
— Je t’avais bien dit de ne pas le laisser là ! Comment on va faire maintenant ? On peut plus chercher nos affaires.
Eddy s’interposa.
— Attendez. Ces types n’auraient quand même pas pris le risque de dévoiler leurs activités aux autorités ?
— Non, le gars a sans doute juste porté plainte pour agression. Quoi qu’il en soit, je vois deux solutions. La première, c’est que l’un de vous monte chercher nos valises. Aucun de vous n’a annoncé son nom ni porté de coup, la police n’est sûrement pas à votre recherche.
— Mais nous avons laissé cet homme au sol, nous sommes tout autant coupables que toi, mon vieux, rétorqua Eddy. Et peut-être qu’ils ont signalé que tu n’étais pas seul.
— C’est ce que je crains aussi, d’où l’intérêt de ma deuxième proposition : trouver quelqu’un dans le coin pour aller récupérer nos affaires.
Stacy écarquilla les yeux.
— Pardon ? fit-elle, consternée. Personne ne touche à mes affaires, c’est exclu !
— Quelqu’un d’autre, ça peut-être nous, glissa-t-il, un sourire aux lèvres.
Un léger silence s’installa suite à ces mots, puis Eddy comprit l’idée de son ami.
— Tu veux te déguiser ? fit-il, amusé.
— Parfaitement. Ces hommes ne doivent pas nous voir, sinon c’est fini pour nous. On ne peut pas risquer une arrestation aussi bêtement !
Il appuya ses propos d’un sérieux regard.
— Il y a une boutique, un peu plus haut dans la rue. Je l’ai remarquée tout à l’heure. On devrait y trouver de quoi passer inaperçus.
Luis tenta de déceler une approbation dans les traits de ses amis, et ce fut Eddy qui répondit, plein d’entrain.
— Ça me va ! Comme ça je pourrais au moins cacher cette fichue tache.
En disant cela, il attrapa un pan de sa chemise et frotta sèchement une petite forme sombre qui avait maculé son vêtement au restaurant.
Luis fronça les sourcils, surpris de l’intervention de son ami.
— Bon, faisons ainsi ! Mais faut qu’on se bouge. Je ne connais pas les horaires ici !
Il n’était pas loin de 20h, aussi s’empressèrent-ils de remonter l’avenue noire de monde. Une demi-heure plus tard, ils étaient de retour à leur hôtel, disparaissant chacun sous une perruque et quelques accessoires pas trop exotiques. Du moins, l’espéraient-ils.
Ils se glissèrent le plus naturellement possible dans le hall d’entrée et constatèrent que celui-ci était vide, tout comme le comptoir d’accueil où ils devraient encore procéder au paiement de leur séjour.
Si seulement on avait su combien de temps nous prendraient ces recherches, tout aurait été réglé en avance, maugréa Luis en se dirigeant vers l’escalier.
— Ne baissons pas notre garde, insista Luis, ils sont peut-être déjà montés.
Ils grimpèrent silencieusement les deux étages avant de jeter un regard furtif dans le couloir menant à leurs chambres.
Tout était désert.
Luis se retourna.
— Bon, on ramasse tout et on fout le camp ! Pas le temps de ranger, OK ?
Stacy se sépara des deux hommes pour réunir ses affaires pendant qu’ils se rendaient dans leur propre chambre. Cinq minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans le hall toujours aussi vide, légèrement essoufflés.
— Tu n’as rien oublié ? demanda Luis qui continuait de regretter l’absence du petit livre que son amie avait laissé chez elle, à North Bergen.
Elle acquiesça, mais Luis lui fit alors signe de s’immobiliser.
— Qu’est-ce que… ? commença-t-elle alors qu’il tendait une main vers son visage.
Il lui toucha légèrement les cheveux au niveau de la tempe et les lissa délicatement vers l’arrière.
— Tes cheveux. Ils dépassaient de ta perruque.
Elle y porta instinctivement ses doigts pour réajuster la fausse coiffure noire qui lui couvrait le crâne, quelque peu troublée.
— Le châtain te va beaucoup mieux, ajouta Luis avec un discret sourire.
Elle lui rendit son sourire, l’air un peu gêné, et fit mine de redresser un épais collier de perles sombres qui lui pendait au cou, partie du déguisement lui aussi.
— Mister Kamau ! tonna soudain une voix à l’accent latin, quelque part derrière eux.
Le sang de Luis se glaça.
Non… Pas maintenant…
Où s’étaient donc cachés ces policiers ?
— Vous partez déjà ?
À ces mots, Luis reconnut la voix et se retourna, peu rassuré.
Le réceptionniste de l’hôtel avait fait irruption dans le hall et se glissait déjà derrière le comptoir. Dans son dos, un grand miroir renvoyait aux Américains leur reflet alarmé, mais la présence du Péruvien apaisa quelque peu leur panique. C’était un personnage très charismatique, sans cesse à l’affût d’une occasion pour engager la conversation avec ses clients et, malgré son anglais plutôt élémentaire, il parvenait toujours à se faire comprendre.
Les trois Américains vinrent à lui et Luis déposa sa valise au pied du comptoir.
— Le devoir nous appelle ailleurs, répondit-il le plus calmement possible, conscient que sa voix devait trahir une certaine nervosité.
Tout en préparant la note, le maître d’hôtel ne pouvait s’empêcher de porter un regard amusé à leur déguisement.
— Vous allez faire la fête ? demanda-t-il finalement en désignant les boucles aux mèches rousses de la perruque à Eddy. J’ai failli ne pas vous reconnaître.
Tant mieux, pensa Luis.
Ce propos l’avait rassuré. Un instant, il avait cru que leur accoutrement s’était révélé inutile.
— Peu importe. Et pourtant, vous n’avez pas mis long à nous identifier.
L’hôtelier haussa les épaules.
— Vous êtes le seul groupe de trois voyageurs dans mon établissement, en ce moment.
Ils entendirent la porte automatique de l’entrée s’ouvrir quelque part derrière eux, et l’homme releva la tête.
— Tiens, nous avons de la visite, dit-il en anglais, avant de s’adresser en espagnol aux nouveaux arrivants. En dos minutos le atiendo.
Le reflet de trois hommes en uniformes sombres apparut dans le miroir, derrière le comptoir, et Luis sentit sa gorge se nouer en voyant l’écriteau brodé sur leur casquette.
Policia.
Et merde…
— Voilà ! s’exclama le réceptionniste. Ça vous fait 120 $ pour les deux chambres, Mister Ka…
— Parfait ! l’interrompit volontairement Luis, pressé de quitter les lieux au plus vite.
Il jeta un coup d’œil furtif au papier que lui tendait le Péruvien et vit une goutte de sueur s’y écraser. Il devinait la présence des policiers derrière eux et nota que l’un d’eux s’était même avancé jusqu’au comptoir et y avait posé son coude, juste à sa droite.
Luis sentait le sang lui monter à la tête. Les battements de son cœur cognaient contre sa tempe et c’est d’une main tremblante qu’il dégaina son portefeuille. Il avait la désagréable impression que l’homme à son côté surveillait ses gestes, mais il n’osait pas lever les yeux vers le miroir pour le vérifier.
Ils ne doivent pas savoir qui je suis. En aucun cas.
Autour de leur taille, une ceinture remplie d’accessoires lui garantissait un arrêt rapide en cas de confrontation, aussi Luis se résigna-t-il à paraître le plus décontracté possible pour passer inaperçu. Il vit ses doigts trembler alors qu’il composait le code de sécurité sur le lecteur de carte, estimant que son cœur battait si violemment qu’il pouvait être entendu jusque sur le parvis de l’hôtel.
— Et voilà, c’est réglé ! s’exclama le réceptionniste quand l’appareil eût confirmé la transaction.
Les mains complètement moites, Luis rangea nerveusement sa carte à sa place et referma l’étui de cuir.
Un miracle… Un miracle qu’ils ne nous aient rien dit encore.
Voulant mettre son portefeuille dans sa poche, il accrocha à un pli de son manteau et le laissa tomber à terre. Une poignée de cartes s’étala au sol et Luis vit avec effroi son permis de conduire glisser au pied de l’agent accoudé au comptoir, photo vers le haut. Pétrifié par l’angoisse, il fut incapable de bouger. Il se retrouverait face aux trois policiers en se retournant, et il ne pouvait pas prendre ce risque.
Comme l’un des hommes se penchait pour ramasser les cartes, Stacy se rua à terre.
— ¡No se preocupe!
D’un seul mouvement, elle récupéra les quelques documents qu’elle empila en vrac et se redressa face à l’homme en uniforme, un sourire crispé aux lèvres.
— Gracias.
Quand elle lui rendit son porte-monnaie, Luis observa que son amie avait le front aussi humide que lui. Sans doute dut-elle s’en rendre compte, car elle y passa une main et glissa trois doigts sous sa fausse coiffure, s’assurant que tous ses cheveux étaient bien masqués par sa perruque sombre. Elle risqua un regard vers l’agent à droite de Luis pendant que ce dernier s’emparait des documents de sortie de leur séjour pour les fourrer sans ménagement dans son sac.
— Au revoir, salua le réceptionniste en tendant la main. Faites bon voyage, Mister K…
— Merci ! l’interrompit sèchement Luis, soucieux de ne pas lui laisser prononcer son nom. Maintenant, nous devons y aller !
Les Américains ramassèrent leur valise et se dépêchèrent de regagner la rue, entendant le Péruvien amorcer le dialogue avec les trois policiers.
— Vite ! Faut qu’on se planque quelque part ! S’ils étaient là pour moi, ils ne feront pas long avant de nous courir derrière !
Ils se hâtèrent d’un pas rapide le long de l’Avenue Simon Bolivar, défiant les véhicules qui vrombissaient sur leur gauche. Un peu plus loin, ceux-ci ralentissaient au niveau d’un carrefour que Luis reconnut en distinguant les rails ancrés dans le sol.
— Par là ! À droite !
Ils se mirent à courir et contournèrent le petit établissement faisant angle, débouchant dans la miteuse Avenida del Puerto, celle-là même qu’ils avaient empruntée le premier jour pour rejoindre le lac.
Le ciel s’était déjà passablement obscurci, mais un groupe d’enfants qui jouaient encore sur la voie ferrée s’arrêta pour les regarder passer. Un chat bondit au bas d’un tas de ferraille à leur approche, filant se réfugier sous le porche d’une entrée un peu plus loin. Stacy désigna une ruelle sur leur droite, manquant de se fouler la cheville sur un caillou perdu sur la chaussée.
— Plus vite nous aurons quitté cette avenue, mieux ce sera, souffla-t-elle entre deux respirations.
Leurs valises sautaient sur le sol granuleux, raclant l’asphalte défoncé de leurs roues dérisoires. Les trois amis traversèrent la vieille voie ferrée, s’engouffrant dans la rue adjacente. Ils progressèrent d’une centaine de mètres encore avant de s’arrêter dans un petit bistrot sans prétention.
— Ici, nous devrions être tranquilles, déclara Luis en tirant la porte.
— Oui, mais l’attente sera longue, se désola Eddy en regardant sa montre. Notre bus part dans plus de sept heures.
Ils avisèrent une petite table perdue dans un angle de l’établissement, s’installèrent sur les banquettes et profitèrent de reprendre leur calme après la fuite impromptue. Une bonne dizaine de minutes plus tard, un serveur à la peau remplie de tatouages vint prendre la commande, sans entrain.
— Quand même, les gars, dit Stacy quand l’homme se fut éloigné. Vous pensez vraiment qu’ils en avaient après toi Luis ?
Celui-ci ne répondit rien, fixant le barman qui tirait l’une de leur bière.
— Franchement, j’en sais rien, avoua-t-il finalement en déposant sa perruque de cheveux noués sur la table. Ça me paraît étrange, tout de même.
Eddy ôta sa propre coiffure et se gratta la tête, irrité par ses boucles orangées.
— Pour moi, c’est impossible. Beaucoup trop court.
Luis approuva.
— Oui. Le temps que le type reprenne connaissance, qu’il porte plainte, que les flics ouvrent leur enquête et qu’ils remontent jusqu’à l’hôtel… C’est beaucoup trop court.
— Si toujours ce mec a déposé plainte, releva Eddy.
Stacy fronça les sourcils, perplexe.
— Mais qu’est-ce qu’ils voulaient alors ?
Luis retira ses fausses lunettes, vérifia leur état et les posa à côté de sa coiffe.
— Tu sais, la police a mille raisons pour se rendre dans un hôtel. On n’a peut-être rien à voir avec tout ça.
Ils restèrent silencieux quelque temps, réfléchissant aux propos qu’ils avaient échangés. Luis suivit des yeux un petit groupe de jeunes qui venait de pénétrer dans l’établissement et qui s’installa exactement à l’autre bout de la salle.
— N’empêche, reprit Stacy en réajustant ses bracelets, il me vient une idée terrible.
Eddy leva un regard inquiet vers elle.
— Luis, tu es policier toi aussi. Tu es responsable de la sécurité, mais tu n’es plus en poste depuis quelques jours.
Elle le considéra avec gravité.
— Et tu n’as aucune excuse officielle.
— Stacy, soupira Luis, ma décision est prise. Ne me fais pas regretter mon choix maintenant.
— Ce n’est pas ça, mais imagine. Admettons que tes collègues aient lancé un avis de recherche, ou même qu’ils aient initié eux-mêmes des démarches. Ils ont peut-être réussi à remonter jusqu’à Puno, et de là, dépêcher une équipe de la police locale pour t’arrêter.
Les deux hommes se concertèrent.
— Je ne vois vraiment pas pour quelle raison ils feraient ça, répliqua-t-il, je suis un des meilleurs de l’équipe.
— Justement.
Elle le fixa avec le plus grand sérieux et Luis baissa les yeux sur le déguisement posé sur la table.
Il n’avait jamais remarqué de préoccupation particulière de ses collègues à son encontre, mais sans doute n’en avait-il jamais fourni l’occasion. La disparition soudaine d’un de leurs meilleurs éléments pouvait-elle justifier une telle démarche ?
Bien sûr que non, s’empressa-t-il de penser.
Mais au fond, il savait que ce n’était peut-être pas aussi évident. Il savait que ses erreurs de jeunesse affectaient encore grandement certains de ses collègues, lesquels guettaient la moindre opportunité pour le discréditer et lui faire perdre le statut qu’il avait réussi à gagner. Il était bien conscient que certains, par jalousie, par justice ou par haine, conservaient toujours l’espoir de le voir un jour retourner derrière les barreaux pour purger sa peine. Et puis, il était black.
Il observait ses mains sombres quand le serveur s’approcha et déposa leur boisson sans dire un mot. Pendant quelques secondes, le barman fixa étrangement les perruques au centre de la table et dévisagea les deux Américains avant de regagner son comptoir.
— T’inquiète pas, Stacy, lui sourit-il, rien de tel n’a jamais été fait chez nous pour une absence.
Mais jamais une telle absence n’avait eu lieu non plus, se dit-il, et sans doute dut-elle percevoir son doute, car elle ne parut pas beaucoup plus rassurée.
— Bon, et alors ? demanda Eddy. On fait quoi ?
— On ne change rien, répondit Luis. Mais si je me fais arrêter, vous poursuivez sans moi.
Stacy n’émit pas d’opposition à sa proposition. C’était de toute façon la meilleure chose qu’ils avaient à faire.
— J’ai une idée ! s’illumina-t-elle en se dressant droite comme un I. Je n’ai qu’à appeler Chris et lui demander s’il y a une enquête ouverte sur toi. Le FBI et la police doivent bien collaborer un minimum, non ?
Elle attrapa son sac et en sortit son téléphone.
Luis s’interrogea. Pouvait-elle vraiment lui demander ça ?
— Tu crois qu’il va te le dire ? fit remarquer Eddy. Il est tenu à une certaine confidentialité professionnelle, j’imagine ?
— Si on n’essaie pas, on ne saura jamais.
Stacy déverrouilla l’écran, mais Luis ne la laissa pas aller plus loin. Elle leva les yeux vers lui, surprise.
— Tu penses pas qu’il va trouver ça bizarre ? Tu disparais d’un coup, sans prévenir, et puis un jour, comme ça, tu l’appelles pour savoir si je suis recherché. Ça va lui paraître étrange, surtout que tu ne lui parles jamais de moi d’habitude.
— Qu’est-ce que tu en sais, ce que je lui dis ? répliqua-t-elle, offensée par son hypothèse.
— Je veux dire… Tu as bien donné une raison pour partir ainsi, alors ne la détruis pas. S’il voit que tu t’inquiètes pour moi, après plusieurs jours d’absence de ta part, il risque de se poser des questions. D’autant plus qu’avant, toi et moi étions…
Luis s’arrêta alors, incapable de prononcer la suite. Il fixa son amie au fond des yeux et avala sa salive.
— Nous étions ? répéta-t-elle, le défiant du regard.
— Peu importe, acheva-t-il en détournant la tête. Poursuivons comme ça, nous verrons bien ce que nous réserve le voyage.
Ces propos marquèrent la fin de la discussion, et Stacy remit son téléphone dans son sac. Les trois amis vidèrent tranquillement leur verre, sans échanger le moindre mot. Seules les conversations des quelques clients assis aux places environnantes rythmaient l’interminable attente qui débutait. Terrassés par la fatigue, ils s’écroulèrent sur la table l’un après l’autre, régulièrement dérangés par le bruit ambiant toujours plus fort.
Vers 22h, un groupe commença à jouer de la musique et, dès ce moment-là, il n’y eut plus une seule minute de calme. Les conversations et rires gagnaient en ampleur et en puissance, et certaines tablées se mirent à chanter pour accompagner les musiciens. Le flot de fêtards que les trois amis n’avaient pas vu arriver semblait porté par une joie sans pareille, et il ne fallut pas beaucoup de temps avant que le bar se transforme en piste de danse.
Non intéressés à faire la fête, les Américains commandèrent tout de même une nouvelle bière et s’amusèrent à observer ces clients pleins de vigueur et d’énergie. Luis nota avec quel intérêt Eddy fixait les musiciens et marquant le rythme d’un mouvement de tête, scrutant les doigts lestes qui se baladaient sur les instruments. À cet instant, il était convaincu que son ami n’aurait pas hésité une seule seconde à les rejoindre s’il avait su en jouer.
Il aime tellement la musique.
Vers minuit, une bonne partie du bar se vida d’un coup, mais l’ambiance était toujours aussi festive jusque vers 1h du matin où les musiciens posèrent définitivement leur instrument. Vingt minutes plus tard, il ne restait plus que deux couples, un groupe de quatre personnes et cet homme qui broyait du noir, affalé sur le comptoir.
Les trois Américains parlèrent un moment de Puno, du Titicaca et de la région qu’ils auraient eu grand plaisir à explorer plus longtemps. Au fil de la discussion, ils réalisèrent que leur souhait de s’imprégner de cette culture latine gagnait en importance. Finalement, le calme revenu dans l’établissement eut raison de leur fatigue et ils s’assoupirent.
Plus tard, Luis fut tiré de son étourdissement par une sorte de poids qui tassait son épaule. Il attendit une minute pour voir si cette lourdeur disparaissait, mais finit par ouvrir les yeux devant la persistance du phénomène.
Une masse sombre et touffue reposait contre son bras, et Luis réalisa alors que Stacy avait vacillé sur lui durant son sommeil. Il sentait maintenant son souffle chaud vaporiser sa main et devinait le va-et-vient de sa respiration contre lui. Pris d’un élan de tendresse, il leva son autre main pour lisser ses cheveux noirs avant de se rappeler qu’il s’agissait d’un artifice. D’un coup d’œil, il vérifia que sa perruque était toujours au centre de la table et constata qu’Eddy ronflait, le nez planté dans les boucles orangées de la sienne. Alors il reporta le regard sur Stacy.
Depuis leur première rencontre au Jackson’s, lorsqu’il avait évoqué ce livre, Luis avait trouvé étrange l’attitude de son amie : trop réservée pour partager sa vie, trop discrète pour parler de Chris. Le voyage avançant, il avait observé à maintes reprises l’immense tristesse qu’elle cachait derrière son sourire. À chaque demande portant sur son mari, elle se détournait ou se renfermait, et à aucune occasion Luis n’était parvenu à obtenir d’explication. La plus horrible de ces manifestations avait été cette soirée orageuse, quand elle avait voulu sauter à l’eau… Cet événement avait définitivement marqué la fin de ses doutes.
« Mes problèmes m’auraient emporté si Eddy et toi n’aviez pas été là… »
Stacy elle-même avait avoué ne pas être sereine, et il attendait seulement le moment où elle serait prête pour en discuter.
Mais ce moment ne venait pas.
Il avait bien essayé de lui demander, lorsqu’ils étaient tous les deux dans le sous-marin, mais sa réponse avait très clairement été un mensonge, et il avait dès lors renoncé à lui reposer la question.
Pourtant, plus tôt dans l’après-midi, elle avait tellement insisté pour qu’il abandonne son travail quand ils étaient sortis du bureau du traducteur.
Alors qu’elle était si vexée d’apprendre que j’ai quitté mon poste à l’improviste, le premier jour…
Compte tenu des autres observations faites ces derniers temps, Luis avait rapidement conclu qu’il ne s’agissait que d’un prétexte, la véritable raison étant qu’elle ne voulait pas retourner à New York.
Elle ne voulait pas retrouver Chris.
Et elle l’avait alors confronté au même choix que lorsqu’ils s’étaient séparés, comptant bien à ce que ce souvenir lui indique la bonne décision.
« Je ne crois pas que je supporterais une seconde fois d’être abandonnée de la sorte. »
Abandonnée.
Tout était dans ce mot…
Luis porta la main au visage de son amie et lui caressa la joue, délicatement, désireux de ne pas la réveiller et de conserver ce contact bienfaisant.
— Merci, lui susurra-t-il en déposant un baiser au sommet de son crâne.
Un épais raclement de gorge le tira de ses pensées et il leva les yeux en direction du comptoir. Le barman aux tatouages le toisait du regard et lui fit un signe de tête de côté en maugréant quelque chose d’un ton bourru. Devant l’air interloqué de Luis, il désigna l’horloge pendue au mur, là où les musiciens s’étaient déchaînés tout à l’heure.
1h57.
Instantanément, Luis comprit que le bistrot allait fermer et remarqua alors qu’ils étaient les derniers clients. Il remua un peu les épaules et Stacy se réveilla à son tour, frottant ses yeux embrumés de sommeil. Luis s’aperçut que sa chevelure noire était tout de travers, mais cela était sans importance, car elle la retira moins de dix secondes plus tard pour la fourrer dans son sac à main. Eddy fut lui aussi troublé par leur mouvement et ils sortirent finalement dans la nuit fraîche après avoir ramassé leurs affaires et réglé les boissons.
Dehors, la ville semblait bien différente maintenant que la nuit était présente. La ruelle qu’ils avaient connue éclairée aux dernières lueurs du jour était à présent baignée dans une inquiétante obscurité, maigrement atténuée par de misérables lampadaires. Pas un bruit ne venait troubler le silence dérangeant qui reposait sur le quartier, mais l’air frais était comme un coup de fouet après ces heures passées dans l’atmosphère viciée du bistrot, et un léger vent sec se faufilait entre les immeubles.
Eddy balaya les environs du regard.
— Ne nous attardons pas ici, suggéra le grand homme.
Ils se mirent aussitôt en route, traînant leurs lourds bagages sur le sol inégal. Un claquement sec et irrégulier suivait leur déplacement, renvoyé par les petits immeubles de briques rouges qui se dressaient à leurs côtés comme une armée au garde-à-vous, figée et menaçante.
Le silence de la nuit pesait lourdement autour d’eux ; c’était l’un de ces silences qui avaient le don de faire naître toutes sortes d’idées dans votre esprit, celui de décupler l’imagination de ceux qui y étaient plongés. Dans le bon et le mauvais sens.
Pas une personne ne rôdait dans les parages, pas un piéton ni une voiture pour briser cette obscurité dévorante. Une sirène s’éleva quelque part, au loin dans la cité, résonnant le long du dédale de constructions.
— Vous êtes sûrs du chemin ? demanda Stacy d’une voix fluette.
Eddy souligna la question en se retournant vers Luis, lequel s’arrêta.
— Normalement oui, c’est juste un peu plus loin, côté lac.
Tous trois s’étaient figés au beau milieu de l’étroite ruelle et se penchaient à présent sur l’écran du téléphone de Luis, vérifiant l’itinéraire exact qu’ils devaient suivre.
— La prochaine à gauche, et ensuite on y est presque.
Il leva les yeux droit devant eux, au bout de la rue, et devina la rangée de bâtiments qui leur forçait à prendre soit à droite, vers la ville, soit à gauche, vers le lac.
— Dans cinq minutes on y est.
Il rangea son téléphone au moment même où un bruit de métal frappé le fit sursauter. Tous trois se tournèrent vers l’immeuble un peu plus en avant, caché dans les ténèbres.
Toutes les issues au niveau de la rue étaient condamnées de grillage, et un vieux sac de ciment éventré reposait au pied du mur. À l’étage, des ouvertures sombres sans fenêtre témoignaient de l’inoccupation du lieu, comme beaucoup d’autres endroits de la ville. L’une d’elles était masquée par une toile entaillée sur le côté que remuait un léger vent silencieux. Quelques fils électriques distendus sautaient dans le vide, finissant par s’égarer dans l’obscurité qui noyait l’allée. De ce bâtiment désertique émanait une sorte de fascination mystérieuse : n’importe quel individu eut pu se terrer dans sa pénombre sans que personne ne le remarque.
Mais tout était calme à nouveau. Pas une ombre ne bougeait, plus un bruit ne se faisait entendre, et il y avait presque de quoi regretter le grincement rauque de leurs valises qui les avait accompagnés jusqu’ici. Tous les immeubles autour semblaient vétustes et à la limite de l’effondrement. Une fissure lézardait tout un étage sur l’une des bâtisses où venaient se dresser des ombres timides et déformées par la distance du lampadaire blafard. Trois tas de débris se défiaient en silence à l’arrière d’une vieille Mitsubishi à la peinture délavée, sinistre et moribonde.
— Les gars… murmura Stacy dont la voix trahissait l’angoisse.
Une cannette en aluminium racla le sol, quelque part derrière eux.
— C’était quoi ? s’exclama-t-elle d’un cri aigu.
Ils se retournèrent d’un même mouvement.