Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Daria est une jeune fille sans histoire dont le destin va basculer un soir d’été, l’entraînant, malgré elle, dans une spirale infernale et dangereuse. Au fil de ses confessions, elle vous emmènera au travers de la Provence et des criques corses où la quiétude légendaire cache souvent de lourds et inavouables secrets.
À PROPOS DE L'AUTEURE
Ayant fait des études en management,
Doriane Podoriezack, issue d’une famille de comédiens, tire son inspiration du théâtre et de son goût pour la poésie. Elle signe avec
Le vent dans les balancelles son premier ouvrage.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 76
Veröffentlichungsjahr: 2022
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
Doriane Podoriezack
Le vent dans les balancelles
Nouvelles
© Lys Bleu Éditions – Doriane Podoriezack
ISBN :979-10-377-6748-6
Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Il est 16 heures, sous la chaleur de l’arrêt de bus. Journée banale au collège. Le type s’arrête, dans une vieille voiture aux couleurs délavées. Il lui demande de s’approcher, feignant d’avoir besoin d’un renseignement.
Il a l’air louche et un peu crade mais elle se dit qu’il ne faut pas juger trop vite, que c’est juste un pauvre type.
Elle s’approche et ne remarque pas tout de suite son regard fixe et inquiétant, et ce rictus particulier qui lui déforme la bouche. Elle voit ses mains moites semblant s’agiter avec ardeur entre ses jambes, qu’elle découvre nues et molles.
Le regard qu’il lui lança était foudroyant. Elle put y voir un mélange de perversité et de folie et y sentir un parfum de désir malsain, rempli de sueur et de crasse.
Elle, c’est Daria et Daria c’est Moi, c’est Vous ou encore toutes ces filles de treize ans qui regardent la vie avec un espoir candide sans savoir que le meilleur n’est pas toujours à venir. Ne dit-on pas « le meilleur quelquefois et le pire qui ne rate jamais ? »
L’histoire commence là. Sous le soleil et les cigales, en Provence, au cœur de la garrigue dépeinte par Pagnol… et la mer qui peut être lisse comme un lac… Un petit paradis.
Daria est une jeune fille sage, sans être introvertie. Elle est sportive, aime la danse, ses copines, les garçons et la musique.
Elle a d’excellentes notes à l’école même si certains de ses camarades au collège la malmènent un peu. On lui reproche son style capillaire, entre autres. Daria a les cheveux très bouclés, blonds vénitiens virant au roux… un vrai délice pour ses détracteurs qui la surnommaient Zora la Rousse.
Daria est belle mais elle ne le sait pas. Elle cache ce corps qu’elle aimerait tant qu’on désire. Elle a soif d’amour, de rêve… elle veut vibrer. Elle est courageuse mais n’ose pas toujours. Elle a quinze ans et espère qu’au lycée tout sera différent.
Les vacances d’été arrivent et avec elles, le soleil brûlant de juillet et le mistral qui, à défaut de rafraîchir, éloigne les moustiques.
Cette année, le centre Municipal de Jeunesse organise un séjour en Allemagne pour les jeunes de la commune. Daria fait partie des « heureuses privilégiées ».
Elle est contente… six semaines sans les parents… de nouvelles rencontres… et bien évidemment « une expérience enrichissante à la découverte d’un nouveau pays, de ses monuments et traditions… blablabla »
Arrivé à Cologne, Le groupe a fait la connaissance de deux jeunes allemands lors d’une visite au centre-ville.
Hante et Peter ont dix-neuf et dix-sept ans. Hante et Daria se sont rapprochés lors d’une soirée feu de camp. Elle se sentait femme, désirable sous son regard, belle et sûre d’elle pour la première fois.
Il avait avec son accent guttural une façon assez spéciale de prononcer son prénom. Elle se sentait spéciale. Très vite, les échanges s’accélèrent et dans ce jeu qu’elle croyait mener, Daria s’invente une vie de femme libérée, connaisseuse d’un sujet qu’elle ne maîtrisait pourtant pas. Elle ne maîtrisa pas non plus la suite, quand prenant son discours pour une invitation il enfonça sauvagement son sexe énorme dans l’antre de son ventre et de sa virginité. Sa vie bascule en quelques secondes. Mais les effets vont se faire sentir des années plus tard, s’accumulant, sournoisement pour transformer l’Ange en Démon et le Paradis en un Enfer certain.
J’ai seize ans. Je m’appelle Daria.
Putain de vie.
Je suis mal dans ma peau, je suis mal tout le temps Avec tout le monde,
Même avec moi-même.
J’ai peur d’aimer, de ne pas être aimée, d’être repoussée, jugée…
J’ai peur des mecs, j’ai besoin qu’ils me regardent Et en même temps ils me dégoûtent.
Je suis tout le temps fatiguée,
Même quand j’ai dormi douze heures
Mes parents ne me comprennent pas,
Je ne comprends pas non plus leur monde
Et mes amis sont, comme moi, des incompris.
Ce monde m’étouffe. Rien ne me fait vibrer.
J’ai seize ans. Je m’appelle Daria. Putain de vie.
Girolata, le 1er juin 1982
Dans cette petite bourgade corse où les vaches paissent sur le sable, une dizaine d’habitants subsistent l’hiver durant, sous l’embrun permanent des vagues qui se fracassent sur les rochers. Et toujours le mistral qui glace jusqu’aux os, ceux qui osent braver ses rafales.
Le mistral, elle le connaît bien, elle le connaît depuis toujours. Elle sait qu’il peut soulever la mer comme une feuille de papier ou bercer doucement les balancelles sous le chant des cigales.
Le journal local affiche en titre gras : Un cadavre est retrouvé sur la plage de Girolata.
Personne n’a rien vu ni entendu.
C’est un plaisancier de cinquante ans, allemand qui se trouvait sur son bateau.
La thèse de la noyade avait été avancée. Certains poivrots, habitués de l’unique bistro de la plage l’avaient vu… titubant sur son embarcation. Ou peut-être étaient-ce leurs yeux qui titubaient face à l’ivresse de la mer.
En tout cas, l’affaire fut vite classée, et tout le monde oublia très vite l’histoire du noyé de Girolata.
Tout le monde sauf Pietro.
Pietro a vingt-deux ans, il est le policier, affecté à la sécurité de Girolata.
Même s’il passe le plus clair de son temps à Porto, il a une affection particulière pour cet endroit improbable perdu au milieu des eaux méditerranéennes longtemps accessible uniquement à pied au prix d’un périple épuisant au creux des cols abrupts et rocailleux.
À Girolata, il n’y a pas d’école car trop peu d’enfants à éduquer mais le silence des collines rend cet endroit extraordinaire : comme figé dans le temps, dans une époque qui s’est arrêtée. La force qui se dégage de chaque arbre, de chaque chemin est incroyable. C’est un endroit béni mais hostile, calme mais tempétueux.
Pietro y est né, un soir de décembre. C’est Madame Richou, la doyenne du village qui avait accouché sa mère dans la petite chambre familiale. Sa mère qui avait supporté l’épreuve mais anéanti à jamais ses chances de ré enfanter.
Envoyer rapidement sur Porto, il avait grandi entre les cols de ces deux villes côtoyant les hivers au bord de mer et les étés dans les collines. Une enfance sans histoire. Mais son statut de dernier enfant né à Girolata lui conférait une sorte de fierté et d’appartenance à ce petit bras de terre.
C’est tout naturellement qu’il avait postulé dès le départ à la retraite de Mr Gaboudi pour le poste de policier à Porto. Il devait assurer une permanence à Girolata tous les lundis et jeudis. C’était le travail idéal pour Pietro qui pouvait ainsi continuer à vivre là où il avait grandi dans ce coin de Corse si cher à son cœur.
La nuit de la mort de l’allemand, Pietro était avec Marjorie, une fille qu’il connaît depuis longtemps car c’est la petite fille des Péronne qui vivent là depuis des décennies et qui trônent en maître sur cette côte sauvage.
Il était là le soir du meurtre, oui, du meurtre car pour lui le visage du cadavre n’était pas celui d’un noyé. Il le savait, il avait retrouvé son cousin Tony, mort, lorsqu’ils avaient seize ans dans les calanques de l’Île. Cela suffisait à défendre une autre thèse que la noyade par chute accidentelle. Il était présent et il n’avait rien pu voir, rien pu dire à ces supérieurs de Calvi. Rien… il avait failli.
Le soir de l’accident, il avait passé la nuit avec Marjorie dans un petit cabanon sur la colline où ils aimaient se retrouver. Cette nuit ou vers deux heures du matin, fumant une cigarette, devant la maisonnette, il avait aperçu une ombre ou plutôt une silhouette. Il se la rappelle gracieuse et furtive se faufilant dans la garrigue comme une biche sauvage. Et cette couleur… dans un rayon de lune, une boucle dorée, vénitienne dans le soir.
Cette vision le troubla longtemps et cette histoire du noyé resta dans un coin de sa mémoire, cachée, endormie mais bien vivante. Il avait bien tenté d’intervenir auprès du commissariat de Calvi pour continuer les recherches sur les causes de la mort mais le dossier, classé, n’intéressait plus personne.