Le voyage de Jo - S.E. Smith - E-Book

Le voyage de Jo E-Book

S.E. Smith

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Beschreibung

Des extraterrestres, des vaisseaux de guerre, des batailles et un certain mâle extraterrestre ne faisaient pas partie des plans précis que Jo avait projetés pour sa vie.
Manota Ja Kel Coradon est le deuxième fils de la maison dirigeante de Kassis. Il est connu comme le frère ténébreux et ne faillit pas à cette réputation. Il s’est battu avec acharnement pour protéger sa famille et le peuple de Kassis, sacrifiant parfois des parts de son âme, mais Manota maîtrise parfaitement sa vie jusqu’à ce qu’une femelle extraterrestre gracile et pleine de fougue ne détruise les boucliers qu’il a dressés autour de son cœur.
Elle est intrépide, obstinée et refuse absolument de se soumettre à lui, peu importe combien il grogne ! Il est déterminé à la revendiquer comme sienne, mais il y a un petit problème : elle n’acceptera sa revendication que s’il va chercher ses parents sur Terre.
Maintenant, il a d’encore plus gros problèmes… des problèmes de toutes sortes, de toutes tailles et de toutes espèces ! Le voyage retour est semé de nombreux dangers, mais les parents de Jo et Star ne sont pas les seuls à rentrer à Kassis ; la famille du cirque, qui s’était rassemblée pour les aider à chercher leurs filles disparues, est aussi du voyage.
Des traîtres, des pirates et des mimes ne sont que le début des surprises qui vont ponctuer ce voyage. Manota est sur le point d’apprendre que la prophétie annoncée voilà des siècles est vraie. Sa compagne est autant une guerrière que lui, et elle a des renforts !
Auteur de renommée internationale, S.E. Smith propose une nouvelle histoire d’action pleine de romance et d’aventure. Débordant de l’humour qui la caractérise, de paysages éclatants et de personnages attachants, il est certain que ce livre deviendra un nouveau favori des fans !

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Seitenzahl: 336

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Le voyage de Jo

Les Seigneurs de Kassis Tome 3

S.E. Smith

Remerciements

Je voudrais remercier mon mari Steve de croire en moi et d'être assez fier de moi pour me donner le courage de suivre mes rêves. J'aimerais également remercier tout particulièrement ma sœur et meilleure amie, Linda, qui non seulement m'a encouragée à écrire mais a également lu le manuscrit. Et également mes autres amis qui croient en moi : Jennifer, Jasmin, Maria, Rebecca, Gaelle, Angelique, Charlotte, Rocío, Aileen, Julie, Jackie, Lisa, Sally, Elizabeth (Beth), Laurelle, et Narelle. Les filles qui m'aident à continuer !

Et un merci tout particulier à Paul Heitsch, David Brenin, Samantha Cook, Suzanne Elise Freeman, Laura Sophie, Vincent Fallow, Amandine Vincent, et PJ Ochlan, les voix fantastiques derrière mes livres audios !

—S.E. Smith

Le voyage de Jo

Les Seigneurs de Kassis Tome 3

Copyright © 2020 par Susan E. Smith

Publication E-Book en anglais septembre 2013

Publication E-Book en français avril 2021

Couverture par : Melody Simmons et Montana Publishing

Traduit Par : Gaëlle Darde

Relu Par : Marine Rocamora

TOUS DROITS RÉSERVÉS :

Cette œuvre littéraire ne peut être reproduite ou transmise sous quelque forme ou par quelque moyen que ce soit, y compris la reproduction électronique ou photographique, en tout ou en partie, sans l'autorisation écrite expresse de l'auteur.

Tous les personnages et événements de ce livre sont fictifs ou ont été utilisés de façon fictive, et ne doivent pas être interprétés comme étant réels. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées, des événements réels ou des organisations est strictement fortuite et n'est pas voulue par l'auteur.

Résumé : Manota est déterminé à revendiquer Jo, même si cela signifie ramener tout le cirque qui lui sert de famille sur sa planète. Une comédie romantique à nulle autre pareille !

ISBN : 9781955158206 (livre de poche)

ISBN : 9781955158190 (eBook)

Romance (amour, contenu sexuel explicite) | Science-Fiction (Extraterrestres) | Royauté | Contemporain | Paranormal | Action/Aventure | Fantasy| Fratrie | Famille Élargie

Publié par Montana Publishing, LLC

& SE Smith de Florida Inc. www.sesmithfl.com

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 22

Chapitre 23

Chapitre 24

Chapitre 25

Chapitre 26

Chapitre 27

Chapitre 28

Chapitre 29

Chapitre 30

Notes

Plus de livres et d’informations

À propos de l’auteur

Résumé

Des extraterrestres, des vaisseaux de guerre, des batailles et un certain mâle extraterrestre ne faisaient pas partie des plans précis que Jo avait projetés pour sa vie.

Manota Ja Kel Coradon est le deuxième fils de la maison dirigeante de Kassis. Il est connu comme le frère ténébreux et ne faillit pas à cette réputation. Il s’est battu avec acharnement pour protéger sa famille et le peuple de Kassis, sacrifiant parfois des parts de son âme, mais Manota maîtrise parfaitement sa vie jusqu’à ce qu’une femelle extraterrestre gracile et pleine de fougue ne détruise les boucliers qu’il a dressés autour de son cœur.

Elle est intrépide, obstinée et refuse absolument de se soumettre à lui, peu importe combien il grogne ! Il est déterminé à la revendiquer comme sienne, mais il y a un petit problème : elle n’acceptera sa revendication que s’il va chercher ses parents sur Terre.

Maintenant, il a d’encore plus gros problèmes… des problèmes de toutes sortes, de toutes tailles et de toutes espèces ! Le voyage retour est semé de nombreux dangers, mais les parents de Jo et Star ne sont pas les seuls à rentrer à Kassis ; la famille du cirque, qui s’était rassemblée pour les aider à chercher leurs filles disparues, est aussi du voyage.

Des traîtres, des pirates et des mimes ne sont que le début des surprises qui vont ponctuer ce voyage. Manota est sur le point d’apprendre que la prophétie annoncée voilà des siècles est vraie. Sa compagne est autant une guerrière que lui, et elle a des renforts !

Les relations des personnages

Ajaska Ja Kel Coradon, père de trois fils, accouplé à Katarina Bukov

Torak Ja Kel Coradon accouplé à River Knight

Jazin Ja Kel Coradon accouplé à Star Strauss

Manota Ja Kel Coradon accouplé à Jo Strauss

Alan et Tami Strauss parents de Jo et Star

Kev Mul Kar, capitaine de la garde de Torak, accouplé à Jade Ryans, agent du FBI

Jai t’Dubar accouplé à Mattie Abrams, dresseuse d’animaux

K’tar Sali, capitaine de la garde de Manota (maison est) et officier des communications, accouplé à Sunny, danseuse/artiste

Dakar Mul Kar accouplé à Annie Cabot, journaliste

Jarmen accouplé à Jane Doe

Ristéard Roald, grand dirigeant d’Elpidios, accouplé à Ricki Bailey, coordinatrice du cirque et fille de Walter et Nema, propriétaires du cirque

Armet De’hart, capitaine de la garde de Jazin (maison ouest), accouplé à Shannon Andrews, agent du FBI

Chapitre 1

Manota courait à travers les jardins sombres, concentré sur la signature thermique qu’affichait la lentille de contact sur son œil gauche. Son cœur battait la chamade alors qu’il traversait la pelouse au pas de course, l’inhabituel goût amer de la peur en bouche. Une ombre bougea à sa gauche, sortant de derrière une haute haie. Il n’hésita pas une seconde ; son bras fendit l’air en un arc de cercle fatal. Il pivota pour éviter l’épée laser qui s’abattit là où il s’était trouvé seulement quelques secondes auparavant. L’épée trancha sa chemise, faisant couler un fin filet de sang. Sa propre épée s’enfonça plus profondément tandis qu’il finissait son tour et la plantait dans le flanc gauche du mâle. La lentille dans son œil se désintégra, mettant fin à la connexion avec la signature qu’il suivait, et il rugit.

— NON ! Jo…, murmura-t-il avec angoisse.

Manota se réveilla en sursaut, le souffle court alors qu’il s’échappait des affres du cauchemar. Il s’assit au milieu de son lit et prit de profondes inspirations pour calmer son cœur emballé. Passant les mains dans ses cheveux courts et humides de sueur, il jura en remarquant qu’elles tremblaient tandis qu’il les reposait sur ses genoux.

— Cette maudite femelle va finir par me tuer, marmonna-t-il entre ses dents.

Il rejeta les couvertures en soie noire emmêlées sur le côté et se glissa hors de l’immense lit avant de se diriger vers les portes du balcon de sa chambre. Actionnant la commande d’ouverture d’un geste de la main, Manota sortit dans la fraîcheur de l’aube. Les étoiles scintillaient toujours dans le ciel. La deuxième lune basse sur l’horizon lui apprit que l’aurore poindrait bientôt. La première lune s’était déjà couchée de l’autre côté de la planète.

Manota se pencha en avant, appuyant ses mains sur la pierre lisse du mur du balcon. Il porta son regard vers le grand jardin central séparant les quatre maisons royales de Kassis. Il ne restait aucune trace de la bataille qui avait eu lieu à travers les maisons et les jardins moins d’une semaine plus tôt, du moins, pas de traces visibles. La bataille qui le déchirait intérieurement était une toute autre histoire.

Depuis la première fois qu’il avait posé les yeux sur l’Humaine qui avait aidé à sauver ses frères d’une mort certaine, une guerre faisait rage dans son corps et son esprit. Son corps exigeait qu’il la revendique comme sienne tandis que son esprit s’efforçait simplement d’essayer de comprendre la maudite femelle qui lui faisait perdre la tête. Ces sentiments d’incertitude et de désir accablant lui étaient étrangers. Il avait l’habitude de prendre ce qu’il voulait ; et il voulait la femelle humaine avec une intensité qui était sur le point de le rendre fou. Il n’avait jamais été vaincu au combat, jamais on ne lui avait refusé ce qu’il désirait, mais cette femelle continuait de le repousser avec un entêtement qui dépassait tout ce qu’il avait pu connaître auparavant.

Il parcourut une dernière fois les jardins du regard avant d’aller se préparer pour la matinée. Il se crispa en sentant quelque chose d’anormal. Il étudia une nouvelle fois la zone, plissant les yeux lorsqu’il remarqua un léger mouvement dans le calme de l’obscurité. Il marmonna un juron ; et si les forces royales avaient par hasard raté l’un des traîtres qui avaient attaqué sa famille pendant le dîner une semaine plus tôt ? Il était impossible que quelqu’un ait pu rester caché aussi longtemps. À moins que…

— Je vais tuer ce salaud, jura Manota à voix basse.

Il retourna dans sa chambre et saisit le fourreau contenant la lame tranchante qu’il gardait près de son lit.

— Javonna ne doit pas avoir été le seul traître que Tai Tek a dissimulé parmi les maisons.

Une rage folle s’embrasa en lui alors qu’il retournait au balcon. La silhouette se rapprochait furtivement de la maison est. Manota dirigeait la deuxième maison de Kassis d’une main de fer. Ses gardes personnels avaient été ses officiers durant la guerre contre les Tearnats. La formation de l’Alliance et la montée au pouvoir de Gril Tal Mod, maintenant dirigeant des Tearnats, avaient mis fin à la guerre. Le fils de l’énorme Tearnat, Trolis, ainsi que d’autres traîtres de Kassis, avaient continué à se battre pour diviser l’Alliance et troubler la paix. Tai Tek, perfide ancien membre du conseil kassisan, avait passé un accord avec le rebelle tearnat en échange de l’assassinat des membres de la maison royale.

Trolis avait capturé la navette à bord de laquelle son frère aîné Torak, son frère cadet Jazin, dix de leurs guerriers et Krail Taurus, le Chancelier de l’Alliance, voyageaient pour retourner au vaisseau de guerre de son frère. Le chef rebelle tearnat avait tué le Chancelier avant d’emprisonner ses frères et les autres hommes avec l’intention de les tuer.

Cependant, personne ne s’était attendu à ce que trois belles guerrières d’un autre monde viennent les aider. Ces femelles étaient par la suite parvenues à paralyser le vaisseau de guerre tearnat jusqu’à ce que Gril Tal Mod et lui arrivent avec des renforts. La bataille avait été féroce mais rapide, la plupart des guerriers étant pris au piège aux différents niveaux du vaisseau de guerre.

Manota avait plus tard appris que le vaisseau de guerre tearnat avait fait un arrêt imprévu sur une planète inconnue appelée la Terre, où plusieurs guerriers avaient pris une navette pour aller l’explorer dans l’espoir de trouver des ressources supplémentaires. Ils étaient rentrés avec deux prisonnières et une passagère clandestine qui s’étaient avérées bien plus dangereuses qu’ils ne l’imaginaient.

L’esprit de Manota dériva vers les trois guerrières aussi belles qu’insolites. Jo Strauss, sa sœur cadette Star, et leur amie, River Knight — les guerrières prophétisées qui uniraient les maisons de Kassis et vaincraient ceux qui essayaient de les détruire, d’après son père. Alors qu’il se mouvait dans l’ombre, Manota songea aux femmes pour qui il était prêt à donner sa vie. Il tourna à l’angle du balcon en gardant la silhouette sombre dans son champ de vision. Il ne voulait pas prendre le risque que ce bâtard s’échappe.

Il ralentit en approchant du bord du balcon. Parcourant la zone du regard, il essaya d’évaluer où l’intrus avait prévu d’entrer. Il plissa les yeux à la vue des plantes grimpantes qui recouvraient les murs de la maison est. Elles étaient assez épaisses pour s’y accrocher.

Il glissa la lame dans le fourreau à son épaule et le déplaça jusqu’à ce qu’il soit en travers de son torse, puis il sauta sur la rambarde et saisit les plantes à pleine main. La forme avait commencé à escalader l’un des piliers. De là, elle ne pourrait rejoindre que le toit de la maison est. Elle devrait ensuite redescendre le long des plantes grimpantes ou passer par la porte d’accès sur le toit.

Cette entrée était hautement sécurisée, mais Manota ne voulait prendre aucun risque. Il maudit le fait qu’ils avaient dû dépendre du système de sécurité mis en place par ses soins pour signaler les visiteurs inconnus. Si la personne avait déjà reçu l’autorisation d’entrer, elle ne serait pas considérée comme une menace.

Manota rejoignit rapidement le toit, roula par-dessus le rebord et atterrit sur un genou. En étudiant les piliers, il vit l’individu se pencher et attacher un crochet aux câbles fins qui maintenaient les piliers. Peu après, il sauta du pilier et se laissa glisser jusqu’à l’autre. Manota l’observa alors qu’il se rapprochait jusqu’à atteindre le dernier. Il se baissa et courut vers l’entrée menant aux niveaux inférieurs. De nouveau dans l’ombre, il se redressa et attendit.

L’attente fut de courte durée. Les yeux plissés, il vit l’inconnu agripper le bord du mur qui entourait le toit. Il était entièrement vêtu de noir ; il sauta du petit mur puis se pencha et détacha la poulie dont il s’était servi pour glisser le long du câble.

L’intrus ôta un sac de son dos pour y glisser l’appareil avant de se relever et de sortir un bâton court similaire à ce que les gardes portaient à la ceinture. Le bâton serré dans une main et son sac dans l’autre, la silhouette s’élança vers la porte, où l’attendait Manota. Un sourire sinistre étira les lèvres du prince kassisan tandis qu’il sortait de l’ombre et dégainait lentement son épée, surprenant l’importun qui s’arrêta dans une glissade.

— Je vais vous tuer, dit froidement Manota avant de grogner et de brandir son épée. Mais pas avant que vous m’ayez dit qui vous envoie !

L’individu laissa tomber le sac qu’elle tenait et roula sur le côté avant de lever le bâton devant elle. D’un rapide mouvement de son poignet, le bâton s’allongea de plusieurs centimètres. L’ennemi le fit tournoyer avant de le lever devant lui.

Manota avait froidement calculé son attaque ; il ne voulait pas finir le combat trop vite. À cause de son rêve, de sa colère à l’idée que Tai Tak se soit échappé, et de sa frustration sexuelle, l’adrénaline coulait toujours dans ses veines.

Non, celui-là devra me supplier de l’achever avant que je le lui accorde, pensa-t-il en chargeant une nouvelle fois.

L’intrus para chacune de ses attaques. Manota plissa les yeux en s’apercevant que son adversaire était un expert en combat rapproché. Il se servait de nombreuses parades utilisées par ses gardes. La façon dont il bougeait, esquivait et repoussait des coups qui auraient dû l’arrêter avait également quelque chose de très familier. À vrai dire, il utilisait les techniques et contre-attaques qu’il avait personnellement enseignées à ses gardes d’élites pendant la guerre. Ses hommes avaient été triés sur le volet ; l’idée que l’un d’eux puisse être un traître l’enragea.

Il sentit ses muscles se contracter lorsque le bâton rencontra son estomac, puis son dos, le poussant en avant. Il tourna sur lui-même et se mit en garde en voyant son opposant le contourner lentement dans l’espoir de s’approcher de la porte.

— Oh que non, grogna Manota en frappant rapidement.

L’intrus se tourna alors que la lame s’approchait et mit un coup d’épaule dans la bouche de Manota avant de se pencher gracieusement en arrière et de le repousser. Manota grogna en sentant le goût du sang qui s’écoulait de sa lèvre fendue.

La fureur brûlait dans ses yeux quand le mâle plongé dans la pénombre laissa échapper un petit reniflement tout en essayant une fois de plus de le contourner. Manota s’approcha, lui tournant autour. Il frappa à nouveau, seulement cette fois, il bloqua le bâton avec son autre bras quand l’inconnu le leva pour parer son coup. La douleur lui fit serrer les dents tandis que son épée tranchait le ventre de l’homme. Un sifflement de douleur sonore déchira le silence matinal. Manota remarqua distraitement que le ciel commençait s’éclaircir. Bientôt, l’ombre devant lui n’aurait nulle part où se cacher.

Il est temps d’en finir, pensa Manota en voyant son adversaire tomber à la renverse.

— Où se cache Tai Tek ?

Il fit un pas menaçant vers l’individu, qui tenait son long bâton devant lui dans une posture défensive.

— Qu’étiez-vous en train de faire ? Qui alliez-vous rencontrer ?

L’intrus recula vers le bord du toit. Les rayons du soleil qui se levait derrière lui dissimulèrent son visage. Dès qu’il sentit le muret contre ses jambes, il jeta son bâton à la tête de Manota avant de mettre une main sur le mur et de passer par-dessus.

Le prince kassisan aboya un juron et bougea brusquement la tête pour esquiver le bâton qui fendit l’air. Il s’élança en avant et regarda par-dessus le rebord tandis que la silhouette descendait avec aisance le mur couvert de plantes grimpantes. Il l’entraperçut avant qu’elle ne disparaisse sur le balcon qui menait à ses appartements.

— Merde ! grogna-t-il en remettant son épée dans son fourreau.

Il posa une main sur le muret et passa une jambe par-dessus. Il se figea à la vue de l’empreinte de main ensanglantée qui brillait dans l’aurore.

Il se tourna vivement vers le long bâton sur le toit. Repassant sa jambe par-dessus le muret, il s’en approcha d’un pas raide. Il s’agenouilla et ramassa prudemment l’arme, une grande crainte lui nouant l’estomac. Le long bâton fin était aussi couvert de sang frais, preuve que sa lame avait atteint sa cible à plusieurs reprises. Sa fureur crût alors qu’il agrippait le bâton décoratif et se remettait debout. Il embrassa du regard le toit baigné par la lueur matinale et remarqua de nombreuses petites gouttes de sang.

La peur et la colère grandissant en lui, il tourna les talons et partit au pas de course vers l’entrée du toit. Il ouvrit violemment la porte, qui se referma en claquant derrière lui. Descendant les marches quatre à quatre, il se fraya un chemin jusqu’aux étages inférieurs. Il surprit le garde en patrouille, qui se tourna pour lui faire face lorsqu’il surgit par la porte intérieure.

— Appelez un guérisseur ! ordonna-t-il sèchement en dépassant l’homme en courant.

— Où dois-je lui dire de vous retrouver, mon Seigneur ?

Le garde pressa le pas pour le rattraper alors qu’ils traversaient les couloirs à toute allure.

— Dans la chambre de dame Jo, grogna Manota.

Il distança rapidement le garde. S’il croyait avoir connu la peur une semaine plus tôt, ce n’était rien comparé à ce qu’il ressentait en ce moment.

Chapitre 2

Jo ferma doucement la porte du balcon de ses quartiers. Elle avança à pas de loup sur le sol de marbre poli, longeant les tapis aux motifs complexes qui parsemaient la pièce. Elle se concentra pour rejoindre la salle de bain de ses appartements. Ouvrant la porte de sa chambre d’un coup d’épaule, elle ignora les douces couvertures du lit.

Elle poussa un soupir rassuré en ordonnant que la porte de la salle de bain se ferme derrière elle. Refusant de céder à l’épuisement qui l’accablait, elle retira ses gants et les jeta sur le comptoir à côté du bol de cristal faisant office de lavabo. Elle prit plusieurs petites serviettes sur l’étagère près du long miroir et les plaça toutes sauf une à côté de ses gants avant de lancer la commande pour allumer l’eau.

Elle humidifia la petite serviette restante et la posa sur le bord du lavabo. Tout en se regardant dans le miroir, elle leva une main tremblante vers le bonnet noir qui dissimulait sa longue crinière blonde. Le retirant, elle étudia son visage pendant plusieurs secondes avant de prendre une profonde inspiration.

Et maintenant, le plus difficile, pensa-t-elle avec lassitude en regardant les nombreuses taches humides sur son haut. Tu peux le faire, Jo. N’y pense pas, c’est tout.

Elle serra les dents, mais ne put contenir le sifflement de douleur qui lui échappa quand elle retira lentement son haut noir à manches longues. Sa brassière de sport noire étant plus difficile à enlever, elle décida de la garder. Elle était couverte de petites coupures, mais c’était la longue et fine entaille en travers de son ventre qui la brûlait le plus. Des larmes brouillèrent ses yeux lorsque la plaie la lança alors qu’elle se contorsionnait pour retirer entièrement sa manche gauche. Elle prit la petite serviette humide dans le lavabo et la pressa contre la longue coupure.

— Tu aurais dû assumer tes actes, ma fille, se réprimanda-t-elle. Il aurait été en colère contre toi, mais il ne t’aurait pas prise pour une planche à découper.

Jo était assez intelligente pour reconnaître que ne pas révéler son identité à Manota n’avait pas été la décision la plus sage qu’elle avait prise ces temps-ci. Elle dormait mal depuis la bataille qui avait eu lieu une semaine auparavant. Diable, elle dormait mal depuis qu’elles avaient été enlevées voilà six mois. La semaine qui venait de s’écouler lui avait montré à quel point sa vie avait changé et qu’elle avait bien failli se retrouver seule dans un étrange monde extraterrestre. Sa culpabilité, sa peur et sa lutte continue contre Manota la tourmentaient tant qu’elle n’en avait plus les idées claires.

Ses pensées dérivèrent vers le chalet dans les montagnes de Caroline du Nord que Star, leur amie River et elle avaient loué. Star et elle étaient arrivées quelques jours plus tôt et profitaient du calme et de la tranquillité. Au début, Jo ne voulait pas avouer à sa petite sœur qu’elle était contente que Star ait surpris la cruelle conversation entre son nouveau petit ami et d’autres artistes du Cirque des Étoiles, pour lequel elles travaillaient.

Depuis qu’elles avaient quitté le Cirque de Magik presque deux ans plus tôt pour vivre à Orlando, en Floride, près de leurs parents, qui y avaient pris leur retraite, Jo se sentait insatisfaite. Voir différentes villes lui manquait. La moindre odeur, le moindre bruit, la moindre sensation procurée par le cirque lui manquait.

Exécuter les mêmes numéros encore et encore avec des gens qui espéraient qu’elle foire afin de pouvoir prendre sa place n’était pas le genre de vie qu’elle voulait. Quand Star était rentrée en larmes un soir, Jo avait décidé qu’il était temps de rentrer chez elles. Star lui avait dit que les autres artistes se moquaient de sa petite taille et que son petit ami était avec elle uniquement parce qu’elles avaient des contacts qui l’intéressaient.

Elles avaient démissionné le lendemain après le spectacle, puis avaient appelé River pour organiser des vacances et fait leurs valises pour une coupure de trois mois. Jo avait également appelé Walter, le propriétaire du Cirque de Magik, et lui avait demandé si Star et elle pouvaient revenir. Walter avait été aux anges. Des larmes piquèrent les yeux de Jo au souvenir de leur conversation.

— Votre place est au cirque, alors ramenez votre fraise, avait dit Walter d’un ton bourru. On prend une pause de trois mois pour que tout le monde puisse se reposer et pour réparer et remplacer le matériel. Diable, je commençais à me demander quand vous alliez ouvrir les yeux et comprendre que ce piège à touristes ne vous rendrait jamais heureuses, ta sœur et toi.

— On voulait être près de maman et papa.

— Et est-ce que ça vous a réussi ? avait demandé Walter sans ambages.

— Ils sont très occupés, alors on les voit presque jamais. Entre les camps d’entraînement au trapèze où ils font du bénévolat et la photographie, ils sont quasiment toujours sur la route.

— Ramenez vos fesses à la maison, les filles. Vous savez que vous manquez à tout le monde, pas seulement à River. Vous manquez aussi à ma Ricki. Vous êtes les trois seules personnes à qui elle se soit jamais confiée.

Jo renifla en pensant à la magnifique fille que Walter et Nema avaient trouvée sur le pas de la porte de leur caravane voilà presque vingt-quatre ans. Ils l’avaient adoptée, et elle était devenue la prunelle de leurs yeux. Ricki était une experte en organisation. Nema lui avait confié la majeure partie de la gestion en coulisses avant ses dix-huit ans. S’il y avait un souci, un problème ou quoi que ce soit d’autre à régler pour faciliter le voyage d’une ville à l’autre ou d’un pays à l’autre, Ricki s’en chargeait en quelques clics sur son ordinateur ou avec un coup de fil.

Ricki et elle étaient rapidement devenues amies ; toutes deux calmes et ayant besoin de contrôler leur monde, elles avaient beaucoup en commun. Elles avaient moins d’un an d’écart et étaient comme des sœurs depuis leur première rencontre, derrière la caravane de Walter, peu après qu’Alan et Tami Strauss avaient rejoint le Cirque de Magik quand Jo avait huit ans.

Jo retira la serviette ensanglantée de l’entaille et essaya d’en estimer la profondeur. Elle ne voulait vraiment pas aller chez le guérisseur. Avec un peu de chance, elle pourrait rester cachée dans ses appartements quelques jours en attendant que la plaie guérisse.

— Je peux toujours dire à Manota que j’ai mes ragnagnas, murmura-t-elle pour elle-même avec un sourire désabusé. Au moins, ça m’aidera à ne pas le toucher. Seigneur, qu’est-ce que je l’aime. Ça me déchire de songer à le quitter.

Des larmes non versées lui brûlèrent les paupières à cette idée et elle eut l’impression que son cœur se brisait.

Elle secoua la tête avec un petit rire sardonique. Il était difficile de croire que leur enlèvement remontait à plus de six mois. Six mois passés à lutter contre son attirance envers lui. Six mois à se sentir coupable de vouloir oublier ce que ses parents devaient ressentir à l’idée que Star, River et elle avaient disparu. De jour en jour, il lui devenait plus difficile de résister à l’envie de s’abandonner à ses sentiments pour lui et de tout envoyer balader.

Elle ferma les yeux et songea aux évènements qui avaient abouti à sa rencontre avec l’imposant extraterrestre qui avait tant changé sa vie.

La nuit était fraîche, le ciel dégagé, et il était bientôt minuit. Jo était assise dans l’un des fauteuils bien rembourrés et lisait tandis que Star courait partout, attendant l’arrivée de River avec impatience. Sa sœur avait fini par aller faire chauffer de l’eau dans la cuisine pour préparer du thé.

Elle se rappelait avoir entendu du bruit sous le porche avant. Pensant que River devait être arrivée et qu’elle avait peut-être besoin d’un coup de main, elle s’était levée et avait ouvert la porte d’entrée. Elle avait crié quand les énormes créatures avaient arraché la porte de ses gonds alors qu’elle essayait de la fermer. Star l’avait entendue et s’était précipitée dans le salon. Jo agrippa le bord du comptoir en se remémorant avoir crié à sa sœur de courir. L’une des créatures avait attrapé Star pendant qu’elle essayait de s’enfuir dans l’une des chambres. Tout était devenu flou après cela. Elles avaient été droguées.

Jo ouvrit les yeux et regarda fixement son reflet. Elle rinça le tissu humide ; l’eau devint rouge sang avant de redevenir limpide. Elle se mit à nettoyer délicatement d’autres coupures.

River était arrivée. Elle les avait suivies jusqu’à la navette et s’était cachée à bord quand elle avait compris qu’elle ne pourrait pas défaire leurs liens. Elles avaient passé plusieurs semaines à bord du vaisseau de guerre tearnat, à essayer de trouver un moyen de s’évader.

Une occasion s’était enfin présentée quand River avait découvert que le capitaine du vaisseau de guerre avait capturé d’autres extraterrestres. Ils étaient censés les ramener chez elles si elles les libéraient. Au lieu de cela, ils les avaient emmenées sur Kassis.

Jo essuya avec précaution l’entaille à son ventre qui continuait de saigner. Elle grimaça lorsqu’elle appuya un peu trop fort et que le flot de sang s’épaissit. Prise de faiblesse, elle se laissa aller contre le comptoir. Sa tête tomba en avant et elle ferma les yeux, exerçant de la pression sur la plaie et respirant profondément. Elle laissa son esprit dériver vers le vaisseau de guerre tearnat.

— On devait les aider, on n’avait pas le choix, murmura-t-elle alors que la scène se rejouait dans sa tête. Trolis allait les tuer. Ils étaient notre seul espoir.

Trolis avait ordonné que les hommes soient mis à mort, mais River, Star et elle les avaient libérés et avaient mis leur plan à exécution. Elles avaient saboté le vaisseau de guerre dans l’espoir de leur donner le temps de s’échapper à bord de l’une des navettes.

Les hommes avaient promis de les ramener chez elles. Au lieu de cela, un vaisseau de guerre rempli d’encore plus de guerriers et de Tearnats était arrivé. Jazin Ja Kel Coradon, le cadet des princes de Kassis, les avait finalement escortées, Star et elle, jusqu’à l’autre vaisseau de guerre. River n’avait été trouvée et amenée à bord que plusieurs heures plus tard.

Le corps mince de Jo fut secoué d’un frisson au souvenir de sa première rencontre avec Manota. Elle avait suivi Star et Jazin jusqu’à l’infirmerie pour voir River. Lorsqu’ils étaient entrés, ils avaient découvert Torak, le grand guerrier kassisan, en train de retenir River.

Star avait immédiatement sauté sur le dos de l’homme tandis que Jo était allée saisir l’un des couteaux dont River ne se séparait jamais. Une main était alors sortie de nulle part, avait agrippé son poignet et l’avait tirée contre un corps dur et musclé. Elle avait essayé de se libérer, mais la main avait continué à serrer son poignet avec une telle force qu’elle avait dû lâcher le couteau.

Il ne l’avait libérée qu’une fois qu’elle fut désarmée, mais pas avant de faire tendrement glisser son pouce sur son poignet, comme s’il savait qu’il y avait laissé une contusion et voulait l’apaiser. Ensuite, elle s’était tournée et avait rencontré des yeux de la couleur du ciel nocturne, une étoile d’argent solitaire brillant en leur centre.

Jo leva brusquement la tête et ouvrit de grands yeux surpris quand la porte de sa salle de bain s’ouvrit soudain. Elle se mordit la lèvre pour s’empêcher de siffler de douleur en essayant de se contorsionner pour cacher les coupures. Le miroir derrière elle rendait la manœuvre impossible. La rage qui étincelait dans ces mêmes yeux noirs comme la nuit la transperça lorsqu’il baissa la tête vers la serviette ensanglantée dans sa main.

Un juron franchit les lèvres de Manota alors qu’il entrait dans la pièce. Jo eut un mouvement de recul quand il tendit la main vers elle. Il s’arrêta pour la regarder avant d’écarter doucement le tissu de son ventre. Un autre juron résonna dans la salle de bain avant qu’il ne la prenne dans ses bras musclés et ne la soulève avec une grande délicatesse.

— Manota…

Jo s’interrompit à la vue du pli sombre qui lui barra le front.

— Non…, dit-il sèchement. On parlera de tout ça quand le guérisseur se sera occupé de toi.

— Je ne…

Elle s’interrompit une nouvelle fois en voyant sa mâchoire tressauter. Il se pencha pour la poser sur les couvertures immaculées.

— Tu ne peux pas me mettre sur le lit ! Je vais tacher les couvertures, protesta-t-elle.

— Ne. Dis. Pas. Un. Mot. De. Plus, aboya Manota en l’allongeant. Shavic !

Jo tourna la tête lorsque Shavic le guérisseur du vaisseau de guerre de Torak qui les avait sauvées, sa sœur et elle, entra silencieusement dans la pièce.

Elle porta son regard vers Manota quand il se leva afin que Shavic puisse prendre sa place à ses côtés. Le beau guérisseur posa la boîte qu’il tenait sur la table de nuit et l’ouvrit. En sortant un injecteur, il le pressa contre son cou.

Jo sursauta en sentant le métal froid sur sa peau chaude. Elle écarquilla les yeux en réaction au léger sédatif avant que le médicament et l’épuisement ne prennent le dessus. Ses cils papillonnèrent futilement, puis se posèrent sur ses joues tels deux croissants.

Shavic rangea l’injecteur et prit un autre appareil. Il le fit glisser le long de l’entaille en travers de son ventre. Une fois la plaie refermée, il s’occupa des dizaines de coupures plus petites. Le guérisseur jeta un rapide coup d’œil à Manota, dont les traits étaient figés.

— Elle est épuisée, dit-il doucement. Ce que je lui ai donné lui permettra de se reposer plusieurs heures. J’aimerais l’examiner à nouveau dans l’après-midi pour faire le point sur son état.

— Venez avant le dîner, répondit succinctement Manota.

Shavic mesura les signes vitaux de Jo avant de se tourner vers le prince kassisan, l’appareil dont il s’était servi pour soigner les coupures de la jeune femme à la main. Manota fronça les sourcils quand le guérisseur s’arrêta devant lui et leva l’appareil à sa lèvre, refermant la coupure.

— Vous a-t-elle blessé ailleurs ? demanda Shavic, amusé.

— Non, répondit Manota avec raideur. Seulement quelques bleus.

Le guérisseur haussa un sourcil et attendit un moment avant de hocher la tête et de ranger l’appareil avec le reste de son matériel. Son regard glissa vers le visage délicat de l’Humaine. Il remarqua la pâleur de sa peau qui faisait ressortir les cernes sous ses yeux. Elle entrouvrit les lèvres et laissa échapper un soupir. Il se reconcentra soudain sur son sac, puis se tourna et adressa un signe de tête à Manota, qui le fixait d’un air sinistre.

— Je reviendrai l’examiner tout à l’heure.

Manota regarda le guérisseur partir avant de se retourner vers la silhouette immobile dans le lit. Il était temps d’affirmer sa revendication. Il avait laissé à la femelle entêtée plus qu’assez de temps pour s’adapter. Ses frères avaient déjà failli perdre leurs compagnes.

Il la vit soupirer à nouveau dans son sommeil. Elle était toujours agitée, même avec le sédatif que lui avait injecté Shavic. Quelque chose la préoccupait. Il avait remarqué qu’elle était devenue plus silencieuse cette dernière semaine. Il avait cru qu’elle s’inquiétait à cause des blessures de sa sœur, mais il y avait autre chose.

Incapable de supporter la vue du sang séché sur sa peau, Manota s’approcha lentement du lit. Il pourrait aisément appeler l’une des femmes de sa maison pour qu’elle s’occupe d’elle, mais il n’en fit rien.

Non, c’est à moi de prendre soin d’elle, qu’elle soit prête à l’accepter ou non, pensa-t-il en commençant à retirer les vêtements de son corps svelte avec tendresse.

Ses doigts glissèrent le long de la douce et délicate peau de son ventre qu’il avait tranchée avec sa lame. La peur, une émotion qui lui était inconnue avant qu’il ne rencontre Jo, lui nouait la gorge. Il ferma brièvement les yeux en s’apercevant combien il était passé près de tuer sa propre compagne. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle ne lui avait pas dit qui elle était quand il l’avait affrontée.

Un petit rire désabusé lui échappa tandis qu’il dégainait le couteau à son flanc pour couper le haut noir qui retenait ses seins. De qui se moquait-il ? Il savait pertinemment pourquoi elle n’avait rien dit. Elle était trop têtue pour lui avouer qu’elle était sortie en douce et trop indépendante pour lui permettre de la mettre en cage, même si c’était pour la protéger.

Manota eut le souffle coupé à la vue de la formidable beauté allongée devant lui. Même avec sa peau pâle tachée de sang, il ne pouvait ignorer la douceur et la fragilité qu’elle dégageait. Il posa le couteau sur la table de nuit et commença à retirer ses propres vêtements. Son corps était toujours tendu par l’adrénaline de leur combat et la peur qui l’avait parcouru lorsqu’il avait découvert que c’était Jo qu’il avait failli tuer.

Des cicatrices gagnées durant la guerre et trop profondes pour être complètement effacées étaient visibles sur sa peau bronzée. Il savait qu’il n’était pas beau comme ses deux autres frères. Son visage était plus brut, ses traits plus ténébreux, plus durs, et une violence à peine contenue brillait dans ses yeux.

Il était plus à l’aise dans l’ombre. Il se battait pour sa famille et pour son peuple avec une férocité semblable à celle de ses ancêtres des siècles auparavant. Il ne savait pas quel genre de mâles il y avait sur la planète de Jo et il s’en fichait ; elle était sienne et il ferait le nécessaire pour la garder.

Il glissa ses bras autour d’elle et la souleva délicatement. La serrant contre son corps chaud, il se dirigea vers l’unité de purification. Il esquissa un sourire en pensant au fait qu’elle soutenait que c’était une « salle de bain ».

Il ne le lui avouerait jamais, mais il aimait qu’elle ne se sente pas intimidée le moins du monde par lui. Les femelles qui avaient vécu dans sa maison par le passé l’avaient toujours traité avec révérence. Elles ne le contredisaient jamais, ne demandaient jamais rien, ne l’excitaient pas comme Jo le faisait.

Manota frotta sa joue contre les doux cheveux de Jo alors qu’il entrait dans le bassin creusé. Il se remémora la première fois qu’il lui avait montré sa maison. Il s’était attendu à ce qu’elle soit impressionnée par toutes femelles qui y vivaient.

Avoir de nombreuses femmes sous sa protection était un signe de pouvoir pour un mâle. Il avait été accueilli avec l’honneur attendu pour un homme de son importance. Il était le deuxième fils de la maison royale de Kassis, un puissant dirigeant.

Il serra Jo tout contre lui tandis qu’il nettoyait le sang sur son corps endormi. Il sourit en pensant à combien elle serait scandalisée quand elle découvrirait ce qu’il avait fait. Elle se serait battue bec et ongles si elle avait été consciente.

Il la déplaça afin que son dos soit contre son torse ; il voulait savourer juste un petit moment la sensation de l’avoir dans ses bras. Certes, il était excité, mais ses sentiments pour elle ne s’arrêtaient pas au simple désir physique. Il désirait la tranquillité qu’elle apportait à son âme meurtrie. Non, il en avait besoin.

Manota laissa reposer sa tête contre la bordure du bassin et ferma les yeux tout en continuant à caresser sa peau soyeuse. La première fois qu’il l’avait amenée dans sa maison, elle était restée interdite. Il avait d’abord cru que c’était sa puissance et son prestige qui l’avaient stupéfaite. Il s’était attendu à ce qu’elle soit ravie quand il l’avait présentée aux autres femelles et lui avait expliqué qu’en tant que sa compagne, elle serait la femelle principale.

Un petit rire lui échappa alors qu’il l’embrassait sur la tempe. Elle lui avait poché un œil avant de tourner les talons et de partir. Son hilarité disparut et ses yeux s’assombrirent au souvenir de ce qui s’était passé ensuite.

Ses frères et lui avaient trouvé les trois femelles dans le jardin central. Elles mettaient en place des plans pour retourner sur leur monde ; à vrai dire, elles avaient exigé d’être remmenées. River, la compagne de son frère aîné, avait failli perdre la vie quand elle s’était interposée entre Torak et le tir d’un assassin le visant.

Jo s’agita contre Manota. Il sentit sa respiration s’accélérer, comme si elle avait soudain peur. Il la tourna à nouveau dans ses bras et la serra contre lui.

— Chut, mi t’belle, murmura-t-il tout bas. Je te protégerai.

Jo replongea dans un sommeil plus profond alors qu’il continuait à lui frotter le dos. Il quitta à contrecœur l’eau chaude du bain. Se positionnant devant le séchoir, il laissa l’air chaud tourbillonner autour d’eux et sécher leur peau.

Une fois certain qu’elle était bien sèche, il la porta jusqu’au lit. Il l’allongea sur les couvertures, les tira de l’autre côté puis la glissa dessous. Elle poussa un profond soupir et se mit sur le flanc.

Il s’installa à côté d’elle sous les couvertures et elle le rejoignit immédiatement, se lovant contre lui. Il l’enlaça et laissa échapper un soupir satisfait avant de prononcer la commande pour que les stores se ferment, les plongeant dans un cocon d’obscurité.

Bientôt, pensa-t-il en sombrant dans le sommeil. Bientôt, je la revendiquerai comme mienne.

Chapitre 3

Jo s’étira, se sentant soudain revigorée. C’était une sensation merveilleuse après tant de mauvaises nuits de sommeil. Elle tourna la tête et fronça les sourcils en voyant que les stores étaient fermés. Se redressant, elle sursauta lorsqu’elle se rendit compte qu’elle était nue.

— Ouverture des stores, lança-t-elle.



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