Les Aventuriers de la Sauvageonne - Michèle Puel Benoit - E-Book

Les Aventuriers de la Sauvageonne E-Book

Michèle Puel Benoit

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Beschreibung

"Plus bas, quand cessa la végétation, les facettes des quartz s'emparèrent à leur tour de la lumière pour la diffracter en un millier d'éclats. Saisis par la fabuleuse magie émanant de cette atmosphère féerique, ils sentaient bien qu'ils étaient appelés à vivre quelque chose d'extraordinaire, et, curieusement, il n'avaient plus peur. [...] - Mais où est donc passé le mur sur lequel était accroché l'anneau ? demanda Pichounet de sa voix fluette. Il n'y avait plus de mur: en lieu et place, un immense corridor, illuminé, comme en plein jour. - C'est ici que vous descendez, dit le Génie tapis en dépliant les bords, le reste du chemin doit se faire à pieds. Serrés les uns contre les autres, ils n'osaient avancer. C'est alors qu'ils l'entendirent, le battement." Nos aventuriers ne sont pas au bout de leurs surprises ! S'ils avaient su !...

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Seitenzahl: 105

Veröffentlichungsjahr: 2022

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Du même auteur

Les Aventuriers de la Sauveagonne

1. La Sauvageaonne

2. La Baume Sourcilleuse

3. Le Dragon du Four à Chaux

Pour Adélie, Léon, Elise et Solène

Ce livre écrit avec leur collaboration, et dans lequel ils retrouveront des êtres et des lieux qui ont peuplé les contes de leur petite enfance.

Sommaire

Chapitre 1

Chapitre 2

Chapitre 3

Chapitre 4

Chapitre 5

Chapitre 6

Chapitre 7

Chapitre 8

Chapitre 9

Chapitre 10

Chapitre 11

Chapitre 12

Chapitre 13

Chapitre 14

Chapitre 15

Chapitre 16

Chapitre 17

Chapitre 18

Chapitre 19

Chapitre 20

Chapitre 21

Chapitre 1

Les fêtes de Noël, cette année-là, mirent un frein momentané aux projets de nos aventuriers. En effet, cette période possédait à elle seule, un lot d’émois et de surprises qui suffirent pour un temps à leur bonheur. Que trouveraient-ils dans leurs sabots ou galoches le matin de Noël ?

Outre l’orange et le chocolat, sur lesquels ils savaient pouvoir tous compter, Janou aurait-il enfin ce couteau de berger qui le confirmerait dans la profession ? Marinette, ces ciseaux à broder en forme de cigogne, et dont elle rêvait depuis longtemps ? Tistou, lui, n’osait espérer un livre : Albanie, ne roulait pas sur l’or. Quand à Tonin, aîné d’une famille bien trop nombreuse et bien trop pauvre, il n’osait souhaiter un repas dans lequel, pour une fois, le navet serait absent.

Aucun d’entre les trois garnements n’avait cependant failli à la tradition d’aller, dans les bois du Cagnas, chercher cette bûche qui tiendrait le feu toute la nuit de Noël, et autour de laquelle la veillée verrait évoquer bien des souvenirs, et bien des histoires, peuplées de fées, sorcières et revenants.

Marinette, quand à elle, s’était chargée de décorer la maison de branches de houx prélevées sur celui qui, seul de son espèce, poussait dans les Cagnas, et au sommet duquel, l’année de ses douze ans, lui était apparue cette fée de la Prunarède, que tous ici appelaient la Dame Blanche, sans vouloir jamais trop y croire.

Au vert du feuillage et rouge des baies, elle avait mêlé quelques rameaux de l’arbre aux feuilles d’or qui, cette année là, on ne sait trop pourquoi, avait gardé sa parure intacte jusqu’à Noël. L’effet produit était des plus réussis !

Car la veillée verrait se rassembler leurs trois familles chez Janou et Marinette. On y grillerait des marrons pour se donner le courage d’aller parcourir, dans le froid vif, la distance qui séparait leur hameau de la chapelle de Saint Géniès, dans laquelle Monsieurle curé dirait les trois messes consécutives de Noël.

Le Père de Janou y chanterait, comme à l’accoutumée, de sa belle voix de ténor, le Minuit Chrétien. Puis, on affronterait à nouveau l’air vivifiant du plateau, pour retrouver la maison et le réveillon préparé par les femmes, et que Mamé Noémie, trop âgée pour se déplacer, aurait maintenu au chaud.

Et tout cela, sans redouter une rencontre inopinée avec cette redoutable Tréva Esternudaire (fantôme éternueur), qui paraissait avoir, pour toujours, déserté la route de Saint Michel.

Momo n’avait pas été mécontent de retrouver un peu de calme, et en avait profité pour prolonger ses repos diurnes, au delà du temps raisonnable.

Pichounet Longues Oreilles, privé de ses nouveaux amis, avait trouvé un peu trop monotone sa vie d’ermite, et s’en était allé folâtrer, avec la gent lapin, sur une Sauvageonne baignée de lune. On raconte même qu’il y aurait rencontré une amoureuse... Mais surtout, que cela ne se répète pas !

Quand à nos deux Effrits, enterrés à nouveau sous la pierre à sel de la lande du Roc Traucat, en compagnie de Rose des Sables gardienne de l’anneau, ils rongeaient leur frein, n’attendant que le moment de prendre, derechef, leur envol.

Grand Rocher Gris, lui, comme il fallait s’y attendre, s’était enfoncé dans la brume des songes !

Marquise, de son côté, avait eu fort à faire avec les antenaises qui allaient agneler pour la première fois, et qu’il fallait préparer à leur état de future mère.

Bref, Noël passé, avec ses promesses tenues, notre clan d’ermites, augmenté de Marinette, ne songea plus qu’à une chose, délivrer les Effrits pour repartir à l’aventure. Ils continuèrent cependant, bien que ce fût les vacances, à programmer leur réunion le jeudi soir, en fin de journée, dans la grande salle, sise sous le grand rocher de La Sauvageonne.

Après le rituel de reconnaissance indispensable à l’élimination d’un éventuel intrus, auquel Marinette, définitivement admise, avait souscrit, la séance débuta.

- Moi, Janou, dit Sitting Bull, en tant que chef du clan du grand rocher de la Sauvageonne déclare la séance ouverte. Hugh! j’ai dit !

- Hugh! lui fut-il répondu.

- Ne faudrait-il pas attendre Momo et Pichounet ? suggéra Marinette.

- Tu as raison. Où sont-ils donc passés ces deux là? Puis, Momo tu es là haut sur la colonne ?

-. . .

- Momo? Tu m’entends ?

- RRRRR! PCHHHHH!

- Cresi que dormis. (Je crois qu’il dort.)

- MOMO! ! ! crièrent quatre voix.

- RRR . . . pschhh ! Que. . . que... che pache-t-il ? Ah! Ch’est vous ? Vous chêtes revenus ? Bouchez pas, ch’arrive.

D’un rapide vol plané, il fut au milieu d’eux.

- Vous n’auriez pas vu Pichounet ? s’inquiéta Janou. D’habitude je le rencontre aux abords du village, mais là, cela fait quelques jours que je ne l’ai pas vu. J’espère qu’il ne lui est rien arrivé.

- Ne chois pas chi souchieux ! Ch’est la pleine lune !

- La pleine lune ?

- Ils chont des dichaines à ch’echbaudir chous ches rayons, et notre ami n’est pas le dernier ! Il me chemble avoir reconnu ches longues oreilles.

- Ça voudrait dire qu’il nous aurait oublié ? demanda Tistou un peu chagriné.

- Che n’est pas pochible, voyons ! Il vouch aime trop. Mais il aura eu un autre chentre d’intérêt. Tenez, che crois bien que che l’entends qui arrive.

A peine avait-il fini sa phrase, qu’on vit débouler du tunnel glissant, un Pichounet tout guilleret, à l’œil brillant.

- Excusez mon retard, mais je n’ai pas vu passer l’heure.

- Le rituel.

- Mais...

- Le rituel d’abord, fit Janou haussant le ton.

- Mercé, mercé, mercé, moi Pichounet, dit Longues Oreilles, du clan du rocher de la Sauvageonne, je vous salue, dit-il, en accompagnant ses paroles des signes cabalistiques convenus.

- Pichounet Longues Oreilles, membre reconnu du clan du rocher de la Sauvageonne, tu peux prendre place parmi nous . Hugh! J’ai dit.

- Hugh! firent cinq voix.

- Bien. La séance est ouverte. Vous avez la parole.

- Aquo’s plan polit, mas de que anam parlar ? (C’est bien joli, mais de quoi allons nous parler ?)

- Ben, raconter notre veillée de Noël à nos amis.

- Aquela empèga! Y eran toutes ! (Quelle idée, on y était tous !)

- Sauf Momo et Pichounet.

- Momo? Era quilhat sul fraisse e aguichaba tot pel la fenèstra. Pichounet tanben, ai vist sas aurelhas despassar ! (Momo? Il était perché sur le frêne et regardait tout par la fenêtre, de même que Pichounet dont j’ai vu dépasser les oreilles !)

- Bon! Alors de quoi voulez-vous qu’on parle ?

- Et si nous parlions de nos projets de voyage, proposa Tistou.

- Ça c’est une idée. Janou siffle les Effrits s’il te plaît, demanda Pichounet.

- Ne vaudrait-il pas mieux décider avant, entre nous, ce que l’on va leur demander ? avança Marinette.

- Ch’est tout à fait chenché che que tu dis Marinette.

- Tu as une idée soeurette ?

- Oui ! Je voudrais savoir s’il peuvent nous emmener voyager dans le temps, car j’aimerais bien rencontrer la Reine de Saba.

- ? ? ? ? ?

- Moi, j’aimerais mieux descendre à toute vitesse les gorges de la Vis, lui répondit son frère.

- Ieù aimariai mai espiar los de Sant miquel ambe ma fleù :Pshiou ! Flac ! (Moi, je préférerais espionner ceux de Saint Michel avec ma fronde.)

- Tonin ! On a fait la paix avec eux !

- Aquò, es tu que o ditz. (Ça, c’est toi qui le dis.)

- Moi, ça m’est égal, je vous suivrai partout : tout, sauf les garennes ! ajouta Pichounet.

- Moi, je voudrais voir à nouveau des spectacles féeriques, dit d’un air rêveur Tistou.

- Et toi, Momo? Tu ne dis plus rien.

- Ch’est que, voyez-vous, che crains de ne pouvoir chuivre dans des aventures trop périlleuches ou trop diurnes. Les dernières m’ont épuiché. Che ne chuis plus de la première cheuneche.

- Allons donc ! Ce qu’il vous faut, c’est vous installer sur le tapis avec nous, et non voler à côté comme vous le faites, lui répondit Marinette.

- Peut être, après tout. Tout dépendra du prochet.

- Bien, je propose que, pour ce deuxième voyage, on se contente de survoler toutes les terres du village afin de mieux maîtriser notre tapis volant. Qui est pour ?

Le vote fut «pour» à l’unanimité.

Chapitre 2

Alors, tirant de sa poche le sifflet qu’il avait conservé, Janou appela les Effrits. A peine s’éteignait le son de l’instrument, que nos deux Génies étaient là. Leur atterrissage se fit en douceur, et tous constatèrent qu’ils n’avaient pas oublié Rose des Sables gardienne de l’anneau, trônant au beau milieu du tapis.

- Génie 2534 et Génie 2535 de quatrième niveau pour vous servir, Ô maître.

Alors, s’emparant de l’étui Rose des Sables, Janou l’ouvrit, prit l’anneau, et le passa à son majeur.

- Bien ! Êtes-vous prêts pour un second voyage ?

- Nous étions, sommes, et serons toujours prêts, n’est-il pas vrai mon frère ?

- ! ∗ $?!!!! pour sûr ! et es pas trop leù macarel de macarel ! (ce n’est pas trop tôt ! Ma.. .) comme dirait notre autre jeune Maître.

- Oh! ! ! ! ! ! !

- Aquò es plan dich ! Cresi que vau plan l’aimar aquel Genie ! (Ça c’est bien dit ! Je crois que je vais bien l’aimer ce Génie !)

- Tonin ! ! !

- Ben qué ? (Ben quoi ?)

- Si vous voulez bien vous donner la peine d’embarquer, ÔMaîtres !

D’un bond Tonin fut sur le tapis, d’un claquement il fut aussitôt renvoyé sur le sol.

- Tonin tes sabots ! lui dit Marinette.

- L’aviai d’oblidat ! (J’avais oublié !)

Ils se déchaussèrent donc tous, et embarquèrent Pichounet dans les bras de Janou et Momo à l’avant, tout à côté de Génie conducteur.

- Mon Maître ne devrait-il pas tourner d’un cran son anneau, il fait encore jour, et il serait préférable qu’on ne nous aperçoive pas.

Ainsi, sans craindre aucunement quelqu’esprit curieux, s’envolèrent-ils pour un second voyage.

Faisant suite aux nuits glaciales qui avaient suivi celle du solstice, le matin de Noël avait surpris tout le monde par le manteau blanc neigeux qui s’était déposé en fin de nuit. La neige était tombée toute la matinée, puis le temps s’était levé sur une après midi radieuse, ensoleillée, et peu ventée.

C’est dire si le voyage augurait de plaisirs. Effectivement, survoler cette blancheur immaculée, et scintillante dans les derniers rayons du soleil, avait de quoi ravir, même le plus difficile des esthètes.

Creux, bosses, et aspérités du terrain paraissaient avoir été aplanies, pour ne laisser que douces courbes agréables à l’œil. Buis et buissons, fantomatiques personnages, croulaient sous leur neigeuse parure, tandis que cette dernière sublimait la silhouette dégingandée des arbres, que les frimas avaient dépouillés. Il n’était jusqu’à notre arbre aux feuilles d’or, qui, n’ayant pas eu encore le temps de perdre sa chevelure dorée, la laissait par endroits apparaître, sous son capuchon de neige, ajoutant des reflets dorés à l’or du couchant.

Par ailleurs, cette pellicule d’or, dont les Effrits avaient saupoudré le paysage, était partout palpable, malgré la poudreuse abondamment tombée, et donnait au tableau cet air de richesse et de sacralité qui caractérise les icônes des monastères.

Par endroits, on apercevait sur cette page blanche, un tracé d’empreintes d’oiseaux, semblables aux croix que le Templier avait alignées sur le parchemin qu’ils avaient découvert, si bien qu’on aurait cru que toute la nature s’était entendue, afin de ne révéler qu’à eux seuls, de combien de trésors elle était la gardienne.

Tout était silencieux et immobile.

Même les volutes de fumée, s’échappant par les cheminées des maisons du village, paraissaient s’être figées. Le Roc Traucat, lui aussi, dont la neige avait comblé les orbites, semblait reposer du sommeil des gisants. Sur le tapis volant, qui avait cette fois adopté une allure raisonnable à l’humeur baladeuse, personne ne pipait mot.

On aurait dit que la féerie du paysage avait réveillé, en chacun, cette âme de poète, que tout être, sans le savoir quelquefois, porte au plus profond de lui.

Ils glissaient, doucement, à quelques mètres du sol, ce qui leur permettait de distinguer les moindres détails insolites, comme les traces de la fouine, ou celles des bonds du lièvre, quand ce n’étaient pas celles profondes du sanglier, augmentées du trou qu’il avait creusé à la recherche de glands, ou (qui sait ?) de truffes, propres à satisfaire son vorace appétit.