Les Chansons des rues et des bois de Victor Hugo - Encyclopaedia Universalis - E-Book

Les Chansons des rues et des bois de Victor Hugo E-Book

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Figure de proue du romantisme, phare de la République et de l'opposition au second Empire, le poète, dramaturge et romancier Victor Hugo (1802-1885) a composé, en contrepoint à ses œuvres graves et comme pour dérouter ses détracteurs, un recueil de soixante-dix-huit poèmes au lyrisme tour à tour amusant et sérieux. Publiées à Bruxelles et à Paris en 1866, Les Chansons des rues et des bois marient à la fantaisie spontanée de l'amour et de la jeunesse une sagesse qui se veut épicurienne et républicaine.


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ISBN : 9782341012928

© Encyclopædia Universalis France, 2023. Tous droits réservés.

Photo de couverture : © Monticello/ Shutterstock

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Bienvenue dans la collection Les Fiches de lecture d’Encyclopædia Universalis.

Ce volume présente des notices sur des œuvres clés de la littérature ou de la pensée autour d’un thème, ici Les Chansons des rues et des bois, Victor Hugo (Les Fiches de lecture d'Universalis).

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LES CHANSONS DES RUES ET DES BOIS, Victor Hugo (Fiche de lecture)

Figure de proue du romantisme, phare de la République et de l’opposition au second Empire, le poète, dramaturge et romancier Victor Hugo (1802-1885) a composé, en contrepoint à ses œuvres graves et comme pour dérouter ses détracteurs, un recueil de soixante-dix-huit poèmes au lyrisme tour à tour amusant et sérieux. Publiées à Bruxelles et à Paris en 1866, Les Chansons des rues et des bois marient à lafantaisie spontanée de l’amour et de la jeunesse une sagesse qui se veut épicurienne et républicaine.

1. Entre jeunesse et sagesse

Les Chansons des rues et des bois ont été écrites durant la période d’exil de Victor Hugo à Guernesey, à la suite du décret d’expulsion que Louis Napoléon Bonaparte signa contre l’écrivain, le 8 janvier 1852. Déjà, en 1847-1848, le romancier qui travaillait aux Misérables caressait le projet d’un volume intitulé La poésie de la rue.

Le recueil a été commencé dès la fin mai 1859 sur l’île de Sercq ; la plupart des pièces ont été écrites à Guernesey, jusqu’en octobre 1859, puis complétées et agencées durant l’été 1865.

Dans sa maison de Hauteville House à Guernesey, le poète épique de La Légende des siècles (1859) et des Travailleurs de la mer (1866) connaît son « démon de midi » poétique. Selon son liminaire, ces poèmes en vers brefs sont ceux d’un homme « entre deux âges », entre « le frais tumulte du matin » et « l’apaisement du soir ».

De même que « le cœur de l’homme a un recto (...) et un verso », le recueil comprend un « livre premier » (« Jeunesse »), divisé en six sections de cinquante-sept poèmes et un « livre second » (« Sagesse »), plus court, en quatre sections de dix-neuf poèmes. Cette apparente dualité de la fantaisie et de la morale trouve son unité dans l’agencement lyrique et le cheminement didactique de l’ensemble.

Cette unité (« Senior est junior », IX, II, livre I) apparaît dès le poème d’introduction (« Le cheval ») symétrique « Au cheval » de la conclusion, dont les prosopopées épiques encadrent le recueil. Victor Hugo veut mettre son « Pégase au vert » : de son « grand cheval de gloire » qui lui a inspiré l’épopée, le drame, la puissance et l’effroi, le poète prophète veut faire un « cheval météore » de liberté et d’audace.

2. Une composition en écho

Comme à la « Jeunesse » répond la « Sagesse », tous les éléments du recueil sont en résonance : au printemps amoureux de « Floréal » (I, livre I), fait écho la « Clôture » de « Nivôse » (IV, livre II) ; dans le livre I des amours grandes et petites, la passion fidèle et unique « Pour Jeanne seule » (III) s’oppose à l’éloge de l’inconstance dans la section suivante (« Pour d’autres », IV) ; les deux poèmes politiques des « Silhouettes du temps jadis » (V, livre I) annoncent le livre II. Ce souci de composition illustre la thèse du livre, que formule un poème central : « Le nid » (XI, VI, livre I) affirme le principe d’égalité, cher à Hugo, entre le très petit et le très grand.

Au lyrisme amoureux de la « Jeunesse » se substituent les registres didactique, philosophique et politique de « Sagesse ». Le « livre second » élève une nouvelle fois l’amour de la femme (« Ama, crede », I) à l’échelle cosmique de la nature (« L’église », II, I) ; panthéiste, le poète chante la splendeur des petits et des humbles (« Oiseaux et enfants », II) ; il décline le slogan républicain, naturaliste et socialiste (« Liberté, égalité, fraternité », III) ; il prône une société égalitaire, dont le peuple libre et souverain (« Le vrai dans le vin », II, III) vit en paix ; il blâme les guerres (« Souvenirdes vieilles guerres », IV, III). La dernière section se referme sur l’entrée dans l’hiver (« Nivôse », IV), tout en espérant dans le printemps du progrès ; elle métaphorise la situation personnelle du poète pour mieux la transcender en principe d’égalité et de justice universelles.

Ces principes se retrouvent autant dans le mélange des thèmes (amours, jeunesse, sagesse, vieillesse, nature, société) que dans celui des temps et des civilisations (Antiquité, Grand Siècle, vie quotidienne du XIXe siècle), ou des registres de langue (latine, populaire, etc.). La prosodie du poète romantique renforce cette unité absolue par le recours systématique au quatrain rimé et au vers bref, le prophète épique voulant également montrer sa maitrise des petits mètres.

Recueil multiple et un, Les Chansons des rues et des bois forment un immense puzzle dont la cohérence et le sens se construisent et se révèlent peu à peu. Si le livre a été mal reçu, il n’en illustre pas moins la virtuosité métrique, l’amplitude de l’inspiration du « poète total », qui sait allier le lyrisme, la nature, l’amour et la légèreté, à la gravité alerte d’une réflexion politique et métaphysique qui conduit à un idéal républicain d’égalité, de justice et de paix entre les hommes.

Yves LECLAIR

HUGO VICTOR (1802-1885)

Introduction

Roman, critique, voyages, histoire dialoguent dans l’œuvre de Victor Hugo avec le lyrisme, l’épopée, le théâtre en un ensemble dont le « poète » a souvent proposé des articulations historiques, géographiques ou idéologiques plutôt qu’une périodisation. En règle générale, l’œuvre en prose a pour fonction de recueillir les éléments les plus secrets de l’œuvre poétique, de les composer en architectures prospectives ; plus neuve et plus audacieuse ainsi, elle peut servir de préface à toute la création hugolienne. Elle se distribue pourtant en trois masses : la mort de Léopoldine, en 1843, entre l’Académie (1841) et la Chambre des pairs (1845), marque une première rupture ; vers 1866-1868, c’est le tournant proprement historique et politique. Chacune de ces masses est caractérisée par la présence de romans ou quasi-romans (Han d’Islande, Bug-Jargal, Le Dernier Jour d’un condamné, Notre-Dame de Paris, Claude Gueux, pour la première ; Les Misérables, Les Travailleurs de la mer, pour la deuxième ; L’Homme qui rit et Quatrevingt-Treize, pour la troisième), de textes mêlés d’histoire, de politique et de voyages (pour l’essentiel, respectivement : Le Rhin  ; Choses vues et Paris  ; Actes et Paroles et Histoire d’un crime) et enfin d’essais critiques, qui se fondent avec l’histoire militante dans la troisième période, en une vue rétrospective qu’annonçaient déjà Littérature et philosophie mêlées dans la première période et la somme du William Shakespeare dans la deuxième. La poétique de l’œuvre en prose s’inscrit donc dans un espace à quatre dimensions : le romanesque, le voyage, la politique, la réflexion critique sur le génie. À côté de l’évolution biographique et historique, c’est le William Shakespeare qui forme le centre de gravité du colosse. Poète usé par l’école de la IIIe République et la pratique des morceaux choisis, dramaturge qu’on croit mort avec le théâtre romantique en 1843 (échec des Burgraves), romancier méconnu parce que trop mesuré aux normes de Stendhal, Balzac ou Flaubert, Hugo apparaît de plus en plus dans sa singularité géniale, si l’on examine toute son œuvre à partir du fonctionnement de son intelligence critique, qui est, contre Sainte-Beuve, une réflexion sur le caractère absolu de la modernité.

Les Misérables, V. Hugo. Dans Les Misérables (1862), Victor Hugo mêle les destins individuels de personnages issus du peuple (Jean Valjean, Cosette, Gavroche) aux événements de l'histoire (Waterloo, les émeutes de juin 1832). Le peuple se voit élevé au rang de figure mythique, tandis que l'histoire du XIXe