Les chemins de l’éternel retour - Jean-Marie Tramier - E-Book

Les chemins de l’éternel retour E-Book

Jean-Marie Tramier

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Beschreibung

Louis Podoïnes se lance dans une quête énigmatique après la disparition de l’Anneau de Zarathoustra, un joyau autrefois possédé par le prophète. De l’ancienne Herculanum aux États-Unis, jusqu’aux rivages méditerranéens, il est entraîné dans un périple où enquête policière et réflexion philosophique s’entrelacent. Les rencontres mystérieuses avec Nietzsche et Malwida von Meysenbug l’amènent à frôler les portes de l’éternité. Mais quel secret inavoué se cache derrière ce mystère ? Jusqu’où ira-t-il pour le découvrir ?

 À PROPOS DE L'AUTEUR

Jean-Marie Tramier, philosophe et romancier, explore la réincarnation et l’éternel retour dans la tradition de Nietzsche. Son nouveau roman, Les chemins de l’éternel retour, prolonge la saga de La chute des empires barbares, où des personnages, célèbres ou oubliés, voyagent à travers les siècles vers l’éternité.

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Seitenzahl: 121

Veröffentlichungsjahr: 2024

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Jean-Marie Tramier

Les chemins de l’éternel retour

Roman

© Lys Bleu Éditions – Jean-Marie Tramier

ISBN : 979-10-422-4652-5

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

À mon fils Virgile

Avertissement

Ce roman s’inscrit dans la suite de l’ouvrage précédent de l’auteur, La chute des empires barbares1, dont la première partie, Les revenants du Vésuve, raconte la rencontre d’Aurore de Guise et de Louis Podoïnes dans la Villa Neptune à Herculanum. Les deux héros, entraînés dans un passé lointain qu’ils avaient déjà vécu, partiront à la recherche de l’Anneau du Retour, dérobé par l’affranchi Appilius lors de l’éruption du Vésuve. Alors que les amants entreront dans la ronde de l’Éternel Retour où les choses et les êtres renaissent sans cesse, l’ancien esclave et ses quelques compagnons échappés des tombeaux tenteront de restaurer la grandeur de Rome détruite par les Barbares. Se jouant du temps et traversant les siècles grâce à l’Anneau qu’ils avaient porté un instant, ils répandront sur la planète un nouveau virus capable de chasser l’ignorance et d’en finir avec toutes les formes d’obscurantisme et de mensonges.

Ces aventures nourriront la deuxième partie du roman Le virus des Lumières qui est une ode à l’intelligence et au triomphe de la Raison. Si, comme dans certaines séries télévisées, on peut toujours se passer d’avoir vu les épisodes précédents, le lecteur entrera plus aisément dans l’histoire qui va suivre en ayant parcouru La chute des empires barbares.

Italie, 22 février 2023

Aurore faisait route vers Herculanum. Elle était seule. Non pas tant parce qu’elle s’était, au fil des années, éloignée de Louis. Mais elle voulait refaire sans autre compagnie ce chemin qui les avait menés, voilà une vingtaine d’années, sur les chemins d’un passé lointain qui avait fini par se confondre avec l’avenir. Elle était pourtant peu coutumière de ces plongées vers les souvenirs dans lesquels l’esprit chancelle. Elle était plus prompte à tourner les pages pour se précipiter vers les mondes nouveaux qui s’ouvraient devant elle.

Il ne s’agissait d’ailleurs pas d’une simple promenade sur les traces d’un amour assoupi qui s’était déjà plusieurs fois réveillé. Mais elle avait décidé, lors de la naissance de sa petite fille, quelques semaines auparavant, de récupérer l’Anneau qu’elle avait placé dans le coffre d’une banque napolitaine au moment de sa rencontre avec Louis et des évènements étranges qui s’étaient produits alors. Pour la jeune grand-mère qu’elle était désormais, c’était le moment de transmettre à sa fille le précieux joyau. Ce bijou qui lui venait de ses lointains ancêtres semblait posséder des propriétés extraordinaires permettant à ceux qui l’avaient porté de voyager dans le temps. C’est ainsi qu’Aurore avait entraîné Louis dans une ronde vertigineuse au moment de leur rencontre dans la Villa Neptune à Herculanum. Le volcan avait rugi et les siècles s’étaient entremêlés.

Que restait-il aujourd’hui de tout cela ? Les revenants du Vésuve2, un instant libérés par le souffle de la montagne en fusion, étaient retournés à leurs tombeaux à l’exception de l’affranchi Appilius et de quelques-uns de ses compagnons qui avaient pu porter l’Anneau avant qu’il ne soit rendu à sa maîtresse. Aurore n’avait que des certitudes. Elle savait que l’Anneau avait le pouvoir de faire renaître ceux qui avaient pu le glisser à leur doigt. Même si elle ne le ressentait que de manière confuse, comme ces personnalités aux deux visages qui ignorent leur alter ego, elle savait qu’elle avait déjà vécu et qu’elle vivrait encore. La présence de son ancien esclave dans les temps d’aujourd’hui en était la preuve.

Elle poursuivait donc sa route vers Naples dans la plus parfaite sérénité, celle qu’apporte la sagesse. L’autoroute rectiligne ne faisait que renforcer ce sentiment. En passant au pied du Vésuve, cette lumière particulière qui enveloppe la baie que l’on présente souvent comme le plus beau golfe du monde devenait intense, presque métallique. Aurore pressentait qu’elle allait revivre sa rencontre avec Louis. Elle avait d’ailleurs réservé une chambre dans l’hôtel où ils s’étaient connus. Elle n’avait pourtant pas l’habitude de regarder en arrière. Le temps avait passé et l’éternité s’accommode mal de la banalité du quotidien. Elle voulait simplement que ces moments ressurgissent avant de tomber à nouveau dans l’oubli.

En arrivant à l’hôtel, elle fut surprise de le trouver mal entretenu et en piteux état. Tout semblait jauni dans une gamme de couleurs vieillies comme si le temps, ayant autrefois figé les villes antiques du voisinage, avait fini par entrer ici. Elle avait le sentiment que la mort tissait lentement son œuvre ! Dans la chambre, les meubles avaient cette patine légèrement moisie à l’odeur presque fétide du temps qui passe. Elle s’attendait à tout sauf à cela. Elle commanda un thé et quelques biscuits en guise de dîner et se glissa sans plaisir dans les draps humides et froids du lit monumental qui occupait la pièce.

Le lendemain, elle partit tôt vers Naples pour récupérer l’Anneau et retrouver la lumière ! Un employé obséquieux l’accueillit à la banque, à la manière des serviteurs qui n’en finissent pas de surjouer leur rôle. Il la conduisit dans la salle des coffres et posa sur la table le long tiroir qu’il avait extrait du mur. Aurore tapa son code d’accès avec un léger frisson. Lorsqu’elle ouvrit le couvercle, elle découvrit que le coffre était vide. Aurore fut prise d’un vertige soudain. Elle referma lentement la boite et décida de ne déposer aucune plainte ou réclamation. De toute façon, la serrure du coffre n’était pas fracturée et seul quelqu’un qui avait récupéré le code avait pu l’ouvrir !

En sortant de la banque, elle appela sa fille pour lui raconter sa mésaventure et lui dire qu’elle ferait tout pour le retrouver avant le baptême de la petite Ariane.

Naples, 4 octobre 1802

La frégate La Sibille était amarrée dans le port de Naples. Il y régnait une activité intense. Sous la protection de plusieurs dizaines de soldats de l’armée royale napolitaine, des marins chargeaient à bord du navire de nombreuses caisses en bois avec un soin tout particulier qui laissait deviner l’importance de cette cargaison. Le ministre plénipotentiaire français Charles Jean-Marie Alquier, qui avait été chargé par le Premier Consul de négocier la paix avec le royaume de Naples, supervisait personnellement ces opérations.

Ces colis soigneusement numérotés étaient rangés dans les entreponts du navire.

— Faites bien attention à celle-ci, ordonna Alquier, à l’officier chargé de diriger les manœuvres, en désignant une caisse plus petite que les autres. Elle contient des objets auxquels le Premier Consul tient tout particulièrement.

Il s’agissait en fait des six papyrus les mieux conservés parmi tous ceux qui avaient été retrouvés lors des fouilles d’Herculanum dans la maison qu’on avait baptisée depuis la Villa des papyrus. Le roi Ferdinand IV avait décidé, pour sceller la paix avec la France, de rendre à la République les objets antiques lui appartenant, que l’armée napolitaine avait pris lors de l’invasion de Rome. Il ajoutait à cela sous forme de cadeau personnel au Premier Consul les précieux papyrus, sachant que Bonaparte serait particulièrement sensible à ce présent.

Dans la soirée, le navire prit la mer en direction du port de Marseille où devaient être entreposées ces antiquités avant que certaines d’entre elles ne soient envoyées dans la capitale.

À la Malmaison, le Premier Consul, qui avait été informé de cette livraison, ne tenait pas en place. Il arpentait son bureau d’un pas nerveux sous le regard amusé et presque maternel de son épouse devant cette impatience juvénile.

— Mais pourquoi cette agitation, mon ami ? Vous semblez encore plus préoccupé qu’à l’ordinaire, remarqua-t-elle.
— C’est un évènement considérable qui se prépare, ma petite Joséphine, répondit Napoléon. Je viens d’apprendre qu’une cargaison venait de quitter Naples à destination de Marseille : outre un certain nombre d’objets antiques rendus à la France, elle contient un cadeau inestimable à mon intention de la part du roi Ferdinand. Six papyrus parmi les mieux conservés provenant des fouilles d’Herculanum ! J’ai hâte de connaître ce qu’ils contiennent même s’ils ne seront sans doute pas faciles à dérouler.
— Je connais votre passion pour les objets anciens depuis votre expédition en Égypte, répondit-elle. Mais aussi votre enthousiasme qui me semble parfois un peu trop emporté !
— Il y a peut-être des informations extraordinaires dans ces documents. J’ai appris leur existence lorsque j’étais à Toulon lors de la bataille contre les Anglais par l’intermédiaire d’un officier de la Marine napolitaine qui avait été fait prisonnier. De façon assez surprenante, il s’était pris d’amitié pour moi et j’avais eu l’occasion de déjeuner avec lui lorsque j’avais visité le campement des ennemis capturés. Il m’avait beaucoup parlé des fouilles d’Herculanum, que dirigeait l’un de ses frères, en me racontant comment une grande villa appartenant au beau-père de Jules César avait été mise au jour. Elle contenait des milliers de papyrus qui avaient été enveloppés par la boue volcanique sans toutefois être détruits. Cette découverte de ce qui semblait être l’une des plus grandes bibliothèques de l’époque était une véritable aubaine pour les scientifiques qui pourraient y trouver une source inépuisable de connaissances sur cette période antique.
— Mais comment ont-ils pu faire pour ouvrir ces précieux documents ? demanda Joséphine.
— C’est bien sûr une très grande difficulté, répondit Bonaparte. Les premières tentatives d’ouverture se sont d’ailleurs soldées par la destruction des documents. Mais mon ami prisonnier m’a expliqué qu’un des membres de l’équipe des fouilles, l’abbé Piaggio, je crois, avait inventé une machine à dérouler les papyrus. Il est ainsi parvenu à en ouvrir quelques-uns dont les spécialistes ont pu déchiffrer en partie quelques bribes de textes. Mais il y a probablement d’autres trésors cachés. L’officier napolitain m’avait dit que ces volumina contenaient peut-être des récits reprenant l’enseignement du prophète Zoroastre dont on ne sait aujourd’hui pas grand-chose, sinon qu’il a fortement influencé les grands philosophes grecs de l’Antiquité. J’ai le fol espoir de pouvoir percer les secrets du grand mage dans ces papyrus.
— Vous aurez sans doute bien d’autres choses à faire, mon tendre ami, remarqua Joséphine. Mais les savants qui sont partis avec vous en Égypte ont acquis suffisamment d’expérience pour prendre en charge l’exploitation de ces documents.
— Tout cela va bien au-delà des questions de recherche scientifique. Je me souviens presque mot pour mot de ce que m’avait dit le napolitain : « Il y aurait dans ces rouleaux des renseignements précieux au sujet de la doctrine de l’Éternel Retour du grand prophète Zoroastre et de l’anneau qu’il aurait porté à son doigt. Il en parlait comme l’une des clés de l’éternité. C’est en tout cas ce que suggèrent les premiers indices retrouvés. La légende veut que cette bague, qu’il avait offerte à sa fille, ait permis à celle-ci de voyager à travers les siècles. C’est ainsi qu’elle se serait retrouvée à Herculanum ! »
— Tout cela me paraît bien étrange ! s’exclama Joséphine.
— Ne croyez-vous pas, rétorqua Bonaparte, que ce que nous avons découvert en Égypte n’ouvre pas la porte à de nombreux mystères ? La réalité n’est certainement pas aussi simple que celle que nous percevons. En tout cas, je ferai tout pour savoir si cet Anneau existe, et pour le retrouver !

La conversation fut interrompue par l’annonce de la visite de Talleyrand que le Premier Consul avait convoqué lorsqu’il avait su que la cargaison napolitaine était en route pour Marseille. Bonaparte le reçut aussitôt. Il n’ignorait pas que l’homme n’était pas vraiment fiable, mais il lui fit part néanmoins de ses interrogations sur l’anneau zoroastrien et lui donna ordre d’obtenir des informations sur les fouilles d’Herculanum.

Marseille, 28 février 2022

Aurore avait abrégé la durée prévue de son séjour à Naples en découvrant la disparition de l’Anneau. Dès son retour, elle s’était précipitée chez Louis pour lui raconter sa mésaventure et réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour retrouver le bijou volé sans alerter les autorités. Il fallait éviter à tout prix que toute publicité soit donnée à cette affaire et mener discrètement les recherches. Elle avait pensé à les confier à un détective privé, mais voulait avoir d’abord l’avis de Louis. Et surtout celui d’Appilius qui connaissait les pouvoirs de l’Anneau.

— As-tu revu l’affranchi, demanda-t-elle à son compagnon, depuis les évènements de l’an dernier ?
— Non, répondit-il. Les allées et venues vers l’appartement du fond du couloir3 dans mon immeuble ont définitivement cessé.
— Sais-tu où on peut le retrouver ? demanda-t-elle.
— J’ignore où il habite et je n’ai pas ses coordonnées. En revanche, j’ai aperçu quelquefois au supermarché un de ses compagnons facilement reconnaissable par le couvre-chef original qu’il porte constamment. Si je le rencontre à nouveau, je lui demanderai des informations.
— Il faut faire vite ! s’exclama-t-elle. J’ai promis à ma fille de le récupérer avant le baptême de sa petite Ariane !
— Mais comment peux-tu être sûre de le récupérer, rétorqua-t-il. Il est rare que l’on retrouve les bijoux volés !
— Je le sais. Celui-ci fait partie de mon histoire et la personne qui a réussi à le prendre connaissait le code de mon coffre. Sans compter qu’elle a pu aussi usurper mon identité. Peut-être qu’il ne faudra pas aller chercher très loin !
— Mais qu’attends-tu exactement d’Appilius, demanda Louis. Crois-tu qu’il aurait à nouveau dérobé l’Anneau ?
— Non, mais je pense qu’il pourrait m’aider à le retrouver, car il a voyagé à travers les siècles et connaît l’histoire du bijou. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai le pressentiment que, depuis que les fouilles ont mis au jour les maisons d’Herculanum, des bruits ont circulé sur l’existence de l’Anneau, attirant évidemment bien des convoitises.
— Et pourtant, lorsque nous étions ensemble dans la Maison de Neptune au moment où nous avons revécu l’éruption, tu avais bien récupéré dans sa cachette le coffret contenant l’Anneau !
—