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Emma et Alexander ont grandi. Alors que le jeune homme entre à l’université pour poursuivre ses études, Emma va à Londres pour faire son entrée dans le monde, espérant y trouver un époux. Chacun de son côté, ils vivent leurs premiers émois amoureux, mais leur amitié résiste malgré la distance. Loin de la quiétude de leur campagne anglaise, de nouvelles rencontres risquent de mettre à mal leur complicité. Sauront-ils protéger leur relation ?
À PROPOS DE L'AUTRICE
Céline Cossédu a trouvé sa véritable inspiration à travers les œuvres de Jane Austen. Profondément touchée par la littérature sentimentale, elle présente La puissance éternelle de notre amour, le quatrième volet de sa saga intitulée "Les choix du destin"
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Seitenzahl: 701
Veröffentlichungsjahr: 2025
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Céline Cossédu
Les choix du destin
Tome IV
La puissance éternelle de notre amour
Roman
© Lys Bleu Éditions – Céline Cossédu
ISBN :979-10-422-6477-2
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Comme tous les ans, à la même date, Emma se tenait devant la tombe de sa mère. Après le mariage de son père avec Meghan, la petite fille qu’elle était alors avait, un jour, émis le souhait d’aller au cimetière. Depuis, Peter avait pris l’habitude de l’accompagner. Pas parce qu’Amélie lui manquait toujours. Sa première épouse aurait toujours une place dans son cœur, indéniablement. Mais c’était une page de sa vie qu’il avait décidé de refermer afin de se projeter dans son avenir avec Meghan et leurs enfants. Non, s’il accompagnait Emma, c’était parce que sa fille avait besoin d’en savoir plus sur sa mère et qu’il se devait de répondre à ses questions. Il lui parlait de sa beauté et de sa gentillesse. De leur rencontre et de leur mariage. Et de l’amour surtout. Celui qu’ils éprouvaient l’un pour l’autre, et celui d’Amélie pour l’enfant qu’elle portait. Bien qu’elle ne l’ait jamais connue, Emma savait l’essentielle de sa mère et elle le devait à son père, à Célia et à Mary, sa grand-mère. Personne ne voulait que la jeune fille oublie le souvenir d’Amélie. De ce fait, lorsqu’Emma avait été en âge de faire du cheval toute seule, elle avait décidé de continuer ce pèlerinage en compagnie d’Alexander. Non pas à la date anniversaire du mariage de ses parents, comme le faisait Peter en son temps, mais le jour de la mort d’Amélie. La jeune fille voulait honorer la mémoire de sa mère, le jour où celle-ci avait donné sa vie pour la mettre au monde. Pour autant, ce n’était pas un jour de tristesse pour Emma. Juste la nostalgie et le regret de ne pas avoir connu cette Dame dont tout le monde parlait avec tant de respect et de douceur. Grâce à Célia, puis à Meghan, Emma n’avait jamais vraiment ressenti le manque d’une mère. Depuis qu’elle était entrée dans la vie de Peter, Meghan remplissait ce rôle à la perfection, ne faisant aucune différence entre ses enfants et Emma.
Un éternuement fit sursauter cette dernière. Amusée, elle se tourna vers Alexander, qui, comme à son habitude, l’accompagnait dans toutes ses sorties à cheval. Au cimetière, il se tenait toujours quelques pas derrière elle, afin de respecter son moment de recueillement :
Le jeune homme prit le temps de se moucher avant de répondre :
Emma pouffa au souvenir du jeune homme, trempé jusqu’aux os. Les deux amis avaient voulu profiter d’une éclaircie après plusieurs jours de pluie, pour sortir dans le jardin avec Diamant, un jeune chiot que Peter avait offert à Meghan pour la consoler de la mort de Pearl. Le jeune Épagneul avait conquis toute la famille et Alexander en était fou. Mais l’animal était encore jeune et n’en faisait qu’à sa tête. Il courait tant et si bien autour du jeune garçon que celui-ci, étourdi par les facéties de l’animal, n’avait pas vu la grosse flaque d’eau qui se trouvait sur son chemin. Et avant qu’Emma n’ait pu le prévenir, Alexander avait trébuché sur Diamant et s’était écroulé de tout son long dans la flaque. En se rappelant l’état pitoyable du jeune garçon, Emma ne put s’empêcher d’éclater de rire :
Alexander sourit faiblement et éternua de nouveau. Cette fois, Emma redevint sérieuse. Elle s’approcha de son ami et toucha son front :
Elle prit le bras d’Alexander et l’entraîna vers les chevaux :
Malgré ses dix-sept ans, elle continuait d’appeler Célia par ce petit nom qui, pour Emma, était le signe de l’affection qu’elle portait à son ancienne nourrice :
Ils chevauchèrent rapidement vers le château.
Le jeune garçon était installé dans une chambre d’ami du château. Dès qu’elle avait vu son fils, Célia avait pris les choses en main et avait fait chercher le médecin. Elle était restée près du praticien et suivait avec attention toutes ses observations :
Rassurée, Célia poussa un soupir de soulagement :
Il tendit un flacon à Célia :
Le médecin finit de ranger ses instruments, puis regarda Alexander qui commençait à somnoler :
Le médecin sortit et Célia s’approcha du lit. Elle regarda tendrement son fils qui dormait. Elle remit en place une mèche de cheveux qui tombait sur son front et sourit. Alexander ressemblait de plus en plus à son père. Hormis les yeux verts qui rappelaient ceux de Célia, le jeune garçon était la copie conforme d’Henry. Il avait encore l’allure dégingandée d’un adolescent de seize ans, mais il promettait d’être aussi grand et beau que son géniteur. La porte de la chambre s’ouvrit doucement, tirant Célia de ses pensées. Emma passa la tête par la porte :
Elle connaissait mieux que quiconque l’affection qui unissait ces deux jeunes gens. Elle savait qu’Emma viendrait aux nouvelles. Celle-ci s’approcha lentement du lit :
Soulagée, Emma soupira :
Célia enlaça les épaules de la jeune fille et l’attira vers elle :
À cette pensée, le cœur de Célia se serra. Son fils devait rentrer à l’université à la rentrée prochaine et ne reviendrait que pour Noël. Son enfant quittait le nid pour la première fois et, même si elle savait que ce n’était que temporaire, il était difficile pour elle de le voir partir ; de ne plus veiller sur lui jour et nuit :
Les deux femmes restèrent silencieuses un instant, regardant tendrement Alexander. Puis, Célia redressa la tête :
Avant de sortir, elle se retourna et vit Emma s’asseoir sur la chaise près du lit, et poser sa main sur celle d’Alexander. Sa fille de cœur devenait une belle jeune femme. Aussi belle qu’Amélie. Bientôt, elle aussi partirait du nid pour construire son avenir auprès de l’homme de sa vie. Un homme digne d’une telle jeune femme, espérait Célia. Comme le temps passait vite, songea-t-elle avec un pincement au cœur.
Alexander ouvrit les yeux en sentant quelqu’un lui toucher la main. En voyant Emma, il sourit et referma les yeux :
Cette journée, attristée par le décès d’Amélie, était aussi le jour de l’anniversaire d’Emma. C’est pour cela que, par le passé, Peter honorait le souvenir de sa défunte femme le jour de la date de leur mariage. Il ne voulait pas que la date anniversaire de sa fille soit un jour triste. La famille était réunie au salon pour cet événement. Malheureusement, pour la première fois, Alexander n’y participerait pas :
Alexander serra sa main avec un pauvre sourire, et s’endormit, comme rassuré par la présence de la jeune fille. Cette dernière le regarda dormir un instant. La fête avait perdu de sa saveur sans son ami. Avec qui allait-elle se battre pour avoir la plus grosse part du gâteau ? Indécise sur la conduite à tenir, elle hésita un moment, puis se leva. Par respect pour ses invités et pour le repas de fête que Margaret Stevens, la nouvelle cuisinière, avait préparé en son honneur, Emma descendit dans le salon :
Il discutait avec Henry et Harry, près de la cheminée, chacun tenant un verre à la main :
Elle s’approcha de Célia et Meghan, installées sur un fauteuil, face à Mary et Clara Jones :
La boutade fit rire l’assemblée, habituée à la gourmandise légendaire du jeune garçon. Henry et Célia échangèrent un tendre regard à la pensée de leur fils. Jack entra sur ces entrefaites. L’ancien valet de Peter avait été promu au rang de majordome lorsque Charles avait décidé de prendre sa retraite quelques années auparavant. Le vieil homme avait fini par demander Molly en mariage et les vieux domestiques s’étaient installés dans un cottage non loin du château :
Les convives lui emboîtèrent le pas jusqu’à la salle à manger. Pendant le repas, les discussions allèrent bon train et l’ambiance fut légère, malgré l’absence d’Alexander. Sean et Isabelle se chamaillèrent comme le faisaient leurs aînés quelques années auparavant, rappelés à l’ordre par Célia, qui était restée la gouvernante du château et veillait maintenant sur les deux enfants. Rôle que Meghan lui avait volontiers cédé, même si cette dernière participait activement à l’éducation de ses enfants. Vinrent alors le sujet du temps qui passe et le fait qu’Emma fêtait aujourd’hui ses dix-sept ans :
Que les adultes parlent d’elle, sans se soucier de sa présence, avait le don d’horripiler Emma.
Voyant que le sujet devenait sensible, les deux femmes échangèrent un regard entendu mais n’insistèrent pas :
Célia arriva sur ces entrefaites. Elle était allée s’assurer qu’Alexander allait bien. La diversion fut la bienvenue :
Et effectivement, la conversation dévia sur des sujets plus légers. Mais, consciente que quelque chose s’était passé en son absence, Célia échangea un regard interrogateur avec Meghan. Cette dernière se contenta d’un discret hochement de tête, faisant comprendre à son amie qu’elle lui en dirait plus lorsqu’elles seraient seules.
Mary, Clara et Harry partirent juste après le thé. Emma monta une part de gâteau à Alexander, dans l’espoir de le faire manger un peu. Lisette emmena Sean et Isabelle dans leurs chambres, tandis que Peter et Henry allaient dans le bureau discuter du cas d’un métayer. Enfin seules, Meghan et Célia s’installèrent côte à côte sur le canapé et purent évoquer le sujet qui avait enflammé le déjeuner. Le récit de la Comtesse laissa la gouvernante stupéfaite :
Le manque de conviction dans sa voix laissait supposer qu’elle n’était pas tout à fait d’accord avec son mari :
Meghan sourit, attendrie :
Elle associait Célia au rôle de mère, car elle savait l’amour filial que la gouvernante portait à Emma :
Célia savait que Meghan avait raison. Emma devait penser à son avenir et trouver un homme capable de l’aimer et de la mettre à l’abri du besoin. Mais il était difficile de sentir que leurs vies étaient en train de changer ; Alexander allait partir pour l’université et Emma allait faire son entrée dans le monde. Elle ne pouvait se résoudre à perdre deux enfants d’un coup. Comme si elle lisait dans ses pensées, Meghan tenta de la rassurer :
La gouvernante hocha la tête, résignée.
Meghan comprit que Célia faisait allusion à son premier mariage et elle posa sa main sur celle de son amie :
La délicate attention fit monter les larmes dans les yeux de la gouvernante. Elle sera la main de son amie et les deux femmes restèrent silencieuses et émues, un petit instant :
Forte de cette conviction, la Comtesse soupira d’aise. Mais une pensée soudaine lui fit lever les yeux au ciel :
Dépitées, les deux amies échangèrent un regard épouvanté, puis éclatèrent de rire.
Célia entra doucement dans la chambre où se reposait son fils. Emma était encore près de lui. Elle sourit à sa gouvernante :
Elle regarda tendrement Alexander. Il dormait sur le côté, une main sous sa joue, comme à son habitude. Il semblait plus serein et Célia fut rassurée :
Emma sourit, hésitant à suivre sa gouvernante :
Rassurée, Emma regarda de nouveau son ami, puis suivit Célia :
La gouvernante enlaça les épaules d’Emma et elles regardèrent vers le lit :
Célia sourit, gentiment, presque tristement. Les propos d’Emma faisaient échos à la conversation que la gouvernante venait d’avoir avec Meghan. L’univers de la jeune fille était restreint et il était vraiment temps qu’elle découvre le monde.
Meghan avait attendu qu’ils se retrouvent dans leur chambre pour aborder de nouveau le sujet d’Emma et son entrée dans le monde :
Face à la logique implacable de sa femme, Peter se trouva à court d’arguments. Il se tourna vers la cheminée et se passa une main dans les cheveux, geste qui dénotait chez lui la nervosité :
Attendri, Meghan s’approcha de lui et le força à la regarder :
Malgré la boule d’angoisse qui obstruait sa gorge à la pensée de sa fille partant vivre sa vie ailleurs, Peter se rangea à l’avis de sa femme :
Meghan hésita, mais accepta d’un hochement de tête. C’était le meilleur compromis qu’elle pouvait faire avec son mari et Emma n’était plus à une année près :
Il sourit, plus détendu, et enlaça sa femme :
Meghan enlaça le cou de son mari et se serra contre lui :
Sensible au contact du corps de sa femme contre lui, Peter commençait à la caresser quand une pensée lui traversa l’esprit :
Meghan rit doucement :
Elle caressa tendrement le torse de Peter dans l’espoir de le ramener à l’instant présent :
Rassuré, Peter sourit et se concentra sur sa femme qui dénouait sa robe de chambre. Après toutes ces années de mariage, le désir qu’ils avaient l’un de l’autre était toujours présent dans leur couple. La passion balaya toute autre pensée, pour ne laisser parler que leurs deux corps.
Henry voyait bien que sa femme était préoccupée. Elle n’avait pas prononcé un mot depuis qu’ils étaient dans la chambre d’ami. Le seul fait qu’Alexander soit malade n’en était pas la cause. Elle avait soigné leur enfant plus d’une fois au cours des dernières années. Les enfants de Peter étaient passés entre ses mains également, et elle avait toujours fait preuve du sang-froid qu’il sied à une infirmière, malgré tout l’amour qu’elle portait à ces enfants ? Mais, ce soir, son silence allait au-delà de l’inquiétude d’une mère pour son fils malade. Elle était perdue dans de sombres pensées, presque à la limite des larmes. Il n’osait même pas lui demander ce qui la préoccupait, de peur de la voir pleurer. Pourtant, il le fallait. L’amour qu’il portait à sa femme ne s’était pas démenti au fil du temps et il ne supportait pas de la voir aussi triste. Elle brossait ses magnifiques cheveux, les yeux perdus dans le vague, sans se rendre compte qu’elle passait sa brosse sur la même mèche depuis de longues minutes. Il se racla la gorge pour attirer son attention, et elle sursauta, comme réveillée d’un mauvais rêve. Elle lui jeta un rapide coup d’œil et un petit sourire, puis reprit le brossage de la mèche d’une façon plus énergique :
Leurs regards se croisèrent dans le miroir et Célia sourit d’un air gêné en posant la brosse.
Il scruta son visage alors qu’elle n’osait pas le regarder. D’une main douce, il lui releva le menton :
Célia secoua la tête, incapable de parler :
La douceur de son mari eut raison de sa résistance. Et ce que redoutait Henry se produisit, Célia fondit en larmes :
Il souleva sa femme dans ses bras et l’emmena vers la cheminée. Il s’assit dans un des fauteuils, son précieux fardeau sur les genoux, et caressa tendrement les cheveux de Célia, attendant patiemment qu’elle se calme. Blottie contre son mari, la gouvernante laissa libre cours à l’émotion qui étreignait sa gorge depuis sa discussion avec Meghan. Sentant que sa femme commençait à se calmer, Henry essaya de plaisanter :
Célia releva la tête et plongea son regard dans le sien en fronçant les sourcils, sans comprendre :
Émue par ce souvenir lointain où elle avait pleuré toutes les larmes de son corps sur l’épaule de son mari, avant de se donner à lui, Célia sourit tendrement et passa les bras autour du cou d’Henry pour le serrer contre elle :
Elle releva la tête, et plongea son regard dans celui d’Henry avec tout l’amour qu’elle éprouvait pour cet homme. Le régisseur sourit, leva une main et remit délicatement une mèche de cheveux derrière l’oreille de sa femme :
Célia inspira profondément, puis regarda les flammes dans l’âtre :
La gouvernante resta de nouveau silencieuse, et Henry attira son attention afin qu’elle continue son histoire :
Célia poussa un soupir à fendre l’âme avant de répondre à contrecœur :
De peur que sa femme ne se remette à pleurer, Henry leva une main apaisante et la rassura :
L’expression de Célia se transforma du tout au tout et un sourire radieux illumina son visage. Elle se serra contre Henry en riant :
Elle releva la tête et plongea son regard rayonnant dans celui de son mari :
Célia lui sourit et se serra de nouveau contre Henry. Rassurée sur le sort d’Emma, elle se détendit peu à peu et prit soudain conscience de la chaleur du corps de son mari contre le sien. Le visage enfoui dans le cou d’Henry, elle laissa glisser sa main dans l’échancrure de sa chemise, et caressa la peau chaude et douce de son torse. Elle entendit la respiration de son mari devenir saccadée, et s’émerveilla de pouvoir encore émouvoir cet homme après toutes ces années. Le souvenir de leur première fois remonta de nouveau à la surface et elle releva la tête pour plonger son regard dans celui de son mari. La lueur dans ses yeux verts n’avait plus rien de désespéré et Henry déglutit difficilement, ému par le pouvoir de séduction qu’avait encore sa femme sur lui :
Il fit glisser le peignoir de sa femme et posa un baiser sur son épaule dénudée :
Il fit glisser le peignoir plus bas, libérant un sein laiteux qu’il prit dans la paume de sa main :
Célia se cambra contre son mari tandis qu’il prenait la pointe de son sein dans sa bouche et en titillait la pointe avec sa langue. Elle plongea sa main dans les cheveux d’Henry :
Sans se faire prier plus longtemps, Henry souleva sa femme et la déposa précieusement sur le tapis, devant la cheminée.
L’été s’était enfin installé dans le comté. Les journées étaient belles et ensoleillées, propices à des déjeuners sur l’herbe. Ce jour-là, la famille décida de profiter du beau temps, et tout le monde s’installa dans la calèche pour aller pique-niquer dans la clairière, près du vieux chêne. Pendant que Célia et Meghan étalaient les couvertures à l’ombre de l’arbre, Peter et Henry déchargeaient les paniers de victuailles et s’occupaient des chevaux. Emma et Alexander avaient choisi de venir à cheval et arrivaient doucement, au trot. Sean et Isabelle couraient dans tous les sens, essayant d’attraper des papillons.
Tout le monde salua ces propos, sauf Alexander qui ne pensait qu’à une chose :
Sa remarque eut pour effet de détendre l’atmosphère et tout le monde rit :
Emma le regarda en secouant la tête d’un air dépité, et le jeune garçon leva les mains d’un air d’incompréhension :
Comme d’habitude, leur discussion tournait à l’affrontement et les adultes échangèrent un regard amusé :
La gouvernante fit mouche. Elle savait qu’en parlant de nourriture à son fils, elle le détournerait de sa querelle. Et cela fonctionna. Le garçon oublia la discussion et se laissa tomber sur la couverture à côté de sa mère :
Puis il se tourna vers Emma, qui était restée les bras ballants, abandonnée au milieu d’une dispute :
La jeune fille ne savait pas si elle devait rire ou se mettre en colère contre son ami. Voyant les adultes qui retenaient leur hilarité, elle prit conscience du ridicule de la scène et éclata de rire, suivie par les autres personnes. Sans se rendre compte qu’on se gaussait de lui, Alexander mangeait de bon appétit. Emma s’installa avec grâce à côté de lui en secouant la tête d’un air dépité :
Tout le petit monde s’installa sur la couverture et les assiettes circulèrent entre les convives dans une ambiance détendue d’une belle journée d’été.
Dans l’après-midi, alors que les hommes se défiaient dans une partie de croquet, Emma s’installa contre le tronc du vieux chêne et ouvrit le livre qu’elle avait commencé à lire la veille. Monsieur Brown, son précepteur, avait éveillé son esprit à la lecture et elle dévorait tous les romans qu’il lui procurait. Emma se plaisait à entrer dans la peau des héroïnes. Cela lui permettait d’ouvrir son esprit à d’autres horizons que ce comté, et de vivre des aventures à travers les pages des livres. Dès le commencement de sa lecture, elle s’enferma dans une bulle et occulta tous les bruits alentour. Les hommes qui se disputaient amicalement sur les points de la partie. Meghan et Célia qui jouait aux devinettes avec Sean et Isabelle. Plus rien n’exista que l’intrigue qu’elle découvrait au fil des pages. Plongée dans la relation tumultueuse d’Elisabeth Benneth et de Monsieur Darcy, Emma sursauta, quand Alexander se laissa tomber près d’elle en s’exclamant :
Puis, comme si le sujet était clos, il s’allongea dans l’herbe et posa tout naturellement sa tête sur les genoux d’Emma. Attitude qui aurait choqué la bienséance si les jeunes gens ne se connaissaient pas depuis toujours.
Encore énervée contre lui, Emma lui mit le livre sous le nez à contrecœur :
Puis il leva les yeux au ciel d’un air dégoûté :
En même temps qu’il parlait, Alexander fendait l’air de sa main comme s’il tenait une épée et qu’il ferraillait contre un adversaire imaginaire :
Pris à son propre piège, Alexander se tut un instant. Emma en profita pour reprendre sa lecture. Le jeune garçon ne voyait plus son visage, caché par le livre. Ne voulant pas rester en froid avec son amie, il posa un doigt sur l’ouvrage et le baissa pour croiser le regard ennuyé d’Emma :
Satisfait, le jeune homme poussa un soupir d’aise et installa un peu mieux sa tête sur les genoux de son amie. Il ferma les yeux, et écouta le son mélodieux qui sortait de la bouche d’Emma.
L’été passa très vite au grand désespoir de Célia. Alexander allait partir et elle ne reverrait pas son enfant avant Noël. Le train n’allait pas tarder à arriver, et la gouvernante sentait les larmes lui obstruer la gorge au fur et à mesure que l’échéance approchait :
Il savait que sa mère était inquiète et il ne voulait pas la brusquer en lui rappelant qu’il n’était plus un enfant et qu’il ne lui raconterait certainement pas tout ce qu’il ferait. Il croisa le regard de son père, qui hocha la tête. Henry savait mieux que quiconque ce qu’un étudiant pouvait faire lorsqu’il goûtait à la liberté d’être loin de son foyer. Même si Alexander était angoissé à l’idée de partir loin de tout ce qui était sa vie jusqu’à présent, d’aller au-devant de l’inconnu, il était aussi impatient de découvrir le monde au-delà de ce comté qui l’avait vu naître. De rencontrer d’autres personnes et, peut-être, de se faire des amis qu’il garderait toute sa vie. Henry prit son fils dans ses bras :
Emma, qui avait tenu à être présente pour le départ de son ami, s’éclaircit la gorge, serrée par l’émotion. Alexander se tourna vers elle et sourit :
Alexander rit et serra la jeune fille dans ses bras :
Alexander rit et plongea son regard dans celui de la jeune fille :
Emma sourit et serra le jeune garçon dans ses bras à son tour :
Puis elle posa un baiser sur sa joue. Le bruit du sifflet du train coupa court à leurs adieux. Célia attira son fils une dernière fois dans ses bras :
Il se détacha de l’étreinte de Célia, serra la main de son père, sourit à Emma, puis ramassa son sac de voyage. Il ouvrit la porte du wagon et s’installa sur le siège près de la fenêtre. Il eut juste le temps de saluer le petit groupe d’un signe de la main que déjà le train s’ébranlait et commençait à avancer. Pour la première fois de sa vie, Alexander s’éloignait de sa famille pour entreprendre un voyage vers l’inconnu.
Alexander déglutit péniblement et passa un doigt dans le col de sa chemise. Il avait l’impression que sa cravate était trop serrée et l’empêchait de respirer. Il leva les yeux sur la grande bâtisse qui se dressait devant lui et sentit le malaise s’intensifier. Son voyage prenait fin devant l’endroit qui allait être sa maison durant les prochaines années. Cambridge ! Il serra fortement la poignée de son sac de voyage, regardant la foule d’élèves qui s’avançait vers l’édifice. Il s’apprêtait à suivre le mouvement en direction de l’entrée, quand il fut bousculé violemment par-derrière. Il manqua de tomber mais reprit vite son équilibre pour se tourner vers la personne qui l’avait poussé :
Piqué au vif, Alexander se grandit de toute sa taille et fixa le malotru :
Les deux garçons s’affrontèrent du regard quelques secondes, puis, contre toute attente, l’inconnu sourit et tendit sa main à Alexander :
Alexander regarda la main avec méfiance, mais, devant l’air jovial de Tyler, il décida d’accepter la paix :
Les deux garçons avaient la même taille. Tyler avait des cheveux châtains, tirant sur le roux et des yeux marron.
Voyant son regard anxieux, Tyler prit les choses en main :
Il se retourna vers Alexander, qui n’avait pas bougé :
Ravi d’avoir trouvé un guide sur qui se reposer, Alexander se dépêcha de rejoindre celui qui allait devenir son meilleur ami.
Alexander s’écroula sur le lit de sa chambre en poussant un soupir de soulagement. Depuis qu’il avait mis les pieds dans l’université, les événements s’étaient enchaînés à une vitesse vertigineuse : appels des noms, emploi du temps, visite des parties communes et enfin la chambre que le jeune homme allait partager avec un autre étudiant de sa classe qu’il ne connaissait pas encore. En tant qu’ancien, Tyler avait été volontaire pour servir de guide à un petit groupe de nouveaux entrants, dont Alexander faisait partie. Les deux garçons se trouvaient dans la chambre de ce dernier :
Tyler leva un sourcil amusé et sourit :
Alexander se détendit et sourit :
La porte s’ouvrit à ce moment-là, laissant entrer un jeune homme de l’âge d’Alexander. Sans rien dire, le nouvel arrivant observa la pièce d’un air dégoûté, puis posa les deux sacs qu’il tenait dans chaque main, en poussant un soupir désespéré. Alexander et Tyler échangèrent un regard amusé :
Tyler s’approcha de lui la main tendue :
Le nouvel arrivant observa la main sans réagir, et Alexander crut un instant qu’il allait faire l’affront à Tyler de ne pas la serrer. Mais, après quelques secondes d’hésitation, le jeune homme saisit la main tendue :
Voyant que le jeune homme ne voulait pas en dire plus, Tyler n’insista pas :
Il espérait que ce dernier allait se dérider un peu, mais il serra sa main sans réaction particulière :
Surpris par la question, Alexander regarda le lit sur lequel il était installé quelques minutes auparavant :
Logan leva la main :
Puis il ramassa ses sacs et se dirigea vers son lit d’un pas traînant. Tyler se tourna vers Alexander et, profitant de ce que Logan avait le dos tourné, fit une grimace signifiant que ce dernier n’était pas commode :
Avant de fermer la porte derrière lui, Logan ayant toujours le dos tourné, Tyler secoua la main et leva les yeux au ciel en articulant silencieusement un « bonne chance » à son ami. La mimique fit sourire Alexander mais une fois la porte fermée, il observa Logan. Ce dernier rangeait ses affaires dans sa commode sans rien dire, mais son silence en disait plus que des mots. Il semblait désespéré. Ne sachant quoi faire, Alexander imita le jeune homme et rangea ses vêtements que sa mère avait consciencieusement pliés dans son sac. À la pensée de Célia, un doux sourire effleura ses lèvres :
La voix rageuse de Logan fit sursauter Alexander. Le jeune homme avait fini de ranger ses affaires et s’était assis sur son lit. Alexander rangea la chemise qu’il tenait dans sa main et referma le tiroir de la commode avant de se tourner vers son colocataire. Il s’installa lui aussi sur son lit et observa Logan d’un air intrigué :
Surpris par la logique du jeune homme, Logan l’observa plus attentivement :
C’était plus une constatation qu’une question, et Alexander se mit sur la défensive :
Logan leva la main d’un air dépité :
Alexander serra les poings et se leva en toisant le malotru :
Sur ce, il tourna le dos à son compagnon et finit de ranger ses affaires, d’un geste rageur. Le bruit d’un sanglot le fit se retourner. Logan pleurait, la tête dans ses mains. Surpris et ne sachant quoi faire, Alexander se rassit sur son lit et observa le jeune homme. Il semblait vraiment désespéré :
Il avait attendu patiemment que son compagnon se calme avant de poser cette question :
Logan inspira profondément :
Logan se tourna vers lui et leva la main :
Logan hésita un instant, puis se rassit sur son lit :
L’expression choquée sur le visage d’Alexander n’échappa pas à Logan :
Épuisé par sa tirade, Logan se laissa de nouveau tomber sur son lit et se passa une main dans les cheveux châtains :
Quand il pensait à l’amour qui unissait ses parents, il n’arrivait pas à imaginer que deux personnes puissent vivre ensemble sans éprouver de sentiments l’un pour l’autre.
Ne sachant que répondre, Alexander se contenta de hocher la tête en signe de compassion.
Logan, resta un instant le regard baissé, réfléchissant aux propos d’Alexander. Puis il leva les yeux et plongea son regard doré dans les yeux verts de son compagnon :
Logan sourit pour la première fois :
Logan se leva et s’approcha en tendant sa main :
Alexander regarda la main tendue, puis sourit et se leva :
Le sourire le Logan s’agrandit et il hocha la tête.
Jack entra dans le bureau de Peter, un plateau à la main, qu’il présenta à Henry :
Il tria rapidement les missives et s’arrêta sur l’une d’elles, avec un sourire attendri :
Le majordome présenta son plateau à Henry, qui posa la lettre :
Surpris par la scène, Peter regarda son ami d’un air interrogateur :
Peter fronça les sourcils :
Peter hocha la tête, comprenant l’attitude de son ami :
Les deux hommes restèrent silencieux, chacun méditant sur ces paroles, quand la voix joyeuse de Célia s’éleva au-dehors :
Les amis se dirigèrent vers la fenêtre, juste pour voir Emma s’élancer vers la maison pour rejoindre la gouvernante. Les deux amis se regardèrent en souriant :
Emma revenait lentement de sa promenade et remontait, à pied, l’allée qui menait au château. Depuis qu’Alexander était parti, elle ne montait presque plus à cheval. Son père l’accompagnait parfois, mais il n’avait pas toujours le temps de se promener. Et puis, leurs sorties n’étaient pas très amusantes. Alexander la faisait toujours rire. Avec lui, tout était sujet à la plaisanterie. Même leurs querelles finissaient en éclats de rire. Comme il lui manquait ! Les journées de la jeune fille étaient d’un ennui affligeant. Seules ses lectures arrivaient à la sortir de sa morosité, mais le temps défilé avec une lenteur désespérante. Encore un mois, avant Noël ! Un mois avant le retour de son ami. Elle poussa un triste soupire puis sursauta, en entendant Célia l’interpeller :
Ravie, la jeune fille pressa le pas en direction de Célia :
Célia serra la lettre contre sa poitrine et échangea un regard ému avec Emma, assise à côté d’elle sur le canapé du salon :
Elle voulait qu’Emma se fasse une idée juste des activités d’Alexander à l’université, et pas seulement les bons côtés.
La mère, en elle, reprenait le dessus, et l’inquiétude la taraudait de nouveau :
Les trois femmes rires au souvenir des assiettes bien remplies qu’Alexander engloutissait :
Emma mit une main sur la sienne :
Un silence nostalgique s’installa quelques instants, interrompu par la porte qui s’ouvrit à toute volée sur Sean et Isabelle, qui se précipitèrent dans la pièce en se bousculant :
Les deux petits s’arrêtèrent net au milieu de la pièce, alors que Lisette arrivait derrière eux, tout essoufflée :