Les chroniques de Sarel - Tome 1 - Alexandre Oullier - E-Book

Les chroniques de Sarel - Tome 1 E-Book

Alexandre Oullier

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Beschreibung

Sarel, un Dragonnier, doit protéger un enfant mystérieux aux pouvoirs surprenants pendant qu'une guerre se prépare entre deux royaumes.

Sarel est un mercenaire Dragonnier, engagé pour défendre le royaume qui la recueilli durant sa jeunesse. Alors qu’il s’apprête à prendre part à la guerre qui se prépare entre Valaak et Esarià, son chemin croise celui de Guadory, un enfant mystérieux aux pouvoirs surprenants. Le sachant en danger, Sarel va prendre l’enfant sous son aile et tenter de le protéger des dangers qui l’entourent tout en tentant de percer le mystère de ses Origines et de mettre un terme à la guerre qui l’oppose à un dangereux Sorcier…

Accompagnez nos héros dans un roman prenant de fantasy et d'aventures où les dangers sont légion ! Sarel parviendra-t-il à percer le secret des Origines du jeune Guadory et à mettre fin à son conflit avec un dangereux Sorcier ?

EXTRAIT

Trois mois plus tard, alors que les deux soleils se levaient sur la grande capitale de Val-Far, un homme vêtu d’une armure étincelante grimpait les escaliers d’une tour au marbre blanc. Cette tour, la plus belle et la plus imposante de Valoak, était certes, le trésor de son royaume, mais aussi le siège du conseil. Conseil que l’homme en armure s’apprêtait à rencontrer pour leur annoncer sa triste découverte.
Arrivés en haut des marches du dernier étage de l’immense édifice, deux gardes le firent patienter avant d’ouvrir les imposantes portes de marbre de la salle du Conseil. Dans un grincement sinistre, les deux portes laissèrent entrevoir tous les membres du Conseil, gardiens du trône en l’absence de Sa Majesté. Le chevalier en armure s’approcha d’eux d’un pas assuré mais anxieux de leur présenter les faits. Les informations qu’il allait leur donner étaient aussi capitales que sombres. Seuls les cliquetis de son armure résonnèrent lorsqu’il s’agenouilla.
Le plus jeune des membres du Conseil, assis face à la porte, exactement au centre du demi-cercle que formaient les sièges du conseil, invita le chevalier à se relever. Enfin, après avoir regardé tous les autres membres du conseil, le jeune homme prit la parole. — Qu’en est-il, Phalank ? Qu’as-tu vu de ce Roi aux mystérieux desseins ?
— Maître Yegon, répondit le chevalier. Vos craintes, à l’égard de cet homme, de cet être sont confirmées. Mes investigations n’ont pas été longues. J’ai senti ce pouvoir, maîtres. Je l’ai senti émaner de sa personne comme on sent le vent porter les odeurs. Une puissance que je n’avais jamais vue avant. C’est pour cette raison, mes seigneurs, que je vous suggère, pour le bien du royaume, l’élimination de cet être.

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alexandre Oullier passionné de Fantasy et de Science-Fiction depuis son plus jeune âge, il rédige plusieurs livres dans différents domaines mais s’inspire des œuvres de grands écrivains et réalisateurs de Science-Fiction et Fantasy pour donner vie à la première saga d’épopée fantastique Les chroniques de Sarel.

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© Lys Bleu Éditions – Alexandre Florian Oullier

ISBN : 978-2-85113-535-3

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122-5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayant cause, est illicite (article L.122-4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335-2 et suivant du Code de la propriété intellectuelle.

Prologue

Le Roi d’Ësarià :

Le vent s’engouffrait dans les meurtrières du château d’Oren-Telith. Construit sur le haut d’une falaise qui surplombait la capitale du royaume du Sud, l’édifice atteignait plus de deux cents mètres de hauteur. La salle du trône se trouvant au dernier étage de ce dernier, il fallait toujours une bonne heure à Balam-le-Juste, pour atteindre cette dernière. Balam était le souverain du royaume d’Ësarià, le dernier être vivant de sa lignée, les descendants d’Ësarià, dernier détenteur du secret du royaume.

Mais voilà des jours que Balam agonisait dans son lit royal. Sans fils ou fille à qui délivrer le secret, le royaume d’Ësarià serait perdu. Il lui fallait trouver quelqu’un de confiance qui pourrait faire perdurer l’artefact ancestral qui offrait la sécurité du Royaume contre celui de Valoak.

Sentant son dernier soupir arriver comme on entend une cloche sonner le glas, il rassembla ses dernières forces pour attraper le bras d’Ergonas, son conseiller depuis déjà huit ans. De tous les loyaux serviteurs que le roi avait, Ergonas était le plus fidèle, mais surtout le plus juste.

À la lueur des torches qui surplombait le lit du vieux souverain, sept serviteurs étaient penchés au-dessus de ce dernier. Mais seul Ergonas souriait. De compassion et d’assurance, certains l’auraient affirmé. Le roi fit sortir les autres vassaux afin de tenir son dernier entretien avec le conseiller.

L’homme, d’une quarantaine d’années plongea son regard dans celui de son souverain. Ce dernier tira sur la manche d’Ergonas avec le peu de force qu’il lui restait puis, lorsque le serviteur colla son oreille contre le Roi, ce dernier murmura :

— Ergonas, mon ami, je dois te confier le secret qui fait la gloire et la puissance de notre royaume. Il y a mille ans, un Dragonnier tenta de prendre le contrôle du monde. Il était le plus puissant être qu’il nous a été donné de voir en Ësînis. Mais il fut arrêté et son pouvoir fut renfermé dans deux objets qui sont aujourd’hui détenus par notre royaume et celui du Nord : Valoak. L’homme qui vainquit ce Dragonnier se nommait Vaêl, et est enterré ici même, dans les fondations de ce château. L’artefact est toujours avec Vaêl, attendant le jour où le monde aura besoin de lui. Transmets ce secret à celui qui deviendra le successeur de mon trône.

— Merci, majesté…

C’Est-ce que répondit Ergonas, un sourire mesquin aux lèvres. Il avait réussi à connaître l’emplacement de l’artefact, et à tuer le Roi. Son plan pouvait enfin commencer.

Balam fut pris d’une quinte de toux puis éructa quelques gouttes de sang avant de sentir le rythme de son cœur s’accélérer pour finalement s’arrêter. Le regard vide, fixant son serviteur, le roi s’éteignit. Ergonas avait gagné. Il allait enfin pouvoir commencer sa campagne pour accaparer le trône du Roi et conquérir les quatre Royaumes d’Ësînis.

En Ësînis :

Une année s’écoula durant laquelle, Ergonas étendit son influence auprès des intendants qui se succédèrent au trône du Roi. Personne n’osait revendiquer la place du très aimé et regretté Balam. Personne sauf Ergonas, qui s’empressa, lorsqu’il en eut l’occasion de convaincre son peuple que la mort du Roi était un assassinat commandité par les chefs du Royaume de Valoak. Ainsi, l’homme envoya ses troupes aux frontières de son royaume en prévision d’attaques.

Au bout de quelques mois de postures, un groupe de mercenaires du Nord attaqua. Ce qui marqua le premier affrontement de la nouvelle guerre entre Ësarià et Valoak…

Le départ de Phalank :

Trois mois plus tard, alors que les deux soleils se levaient sur la grande capitale de Val-Far, un homme vêtu d’une armure étincelante grimpait les escaliers d’une tour au marbre blanc. Cette tour, la plus belle et la plus imposante de Valoak, était certes, le trésor de son royaume, mais aussi le siège du conseil. Conseil que l’homme en armure s’apprêtait à rencontrer pour leur annoncer sa triste découverte.

Arrivés en haut des marches du dernier étage de l’immense édifice, deux gardes le firent patienter avant d’ouvrir les imposantes portes de marbre de la salle du Conseil. Dans un grincement sinistre, les deux portes laissèrent entrevoir tous les membres du Conseil, gardiens du trône en l’absence de Sa Majesté. Le chevalier en armure s’approcha d’eux d’un pas assuré mais anxieux de leur présenter les faits. Les informations qu’il allait leur donner étaient aussi capitales que sombres. Seuls les cliquetis de son armure résonnèrent lorsqu’il s’agenouilla.

Le plus jeune des membres du Conseil, assis face à la porte, exactement au centre du demi-cercle que formaient les sièges du conseil, invita le chevalier à se relever. Enfin, après avoir regardé tous les autres membres du conseil, le jeune homme prit la parole.

— Qu’en est-il, Phalank ? Qu’as-tu vu de ce Roi aux mystérieux desseins ?

— Maître Yegon, répondit le chevalier. Vos craintes, à l’égard de cet homme, de cet être sont confirmées. Mes investigations n’ont pas été longues. J’ai senti ce pouvoir, maîtres. Je l’ai senti émaner de sa personne comme on sent le vent porter les odeurs. Une puissance que je n’avais jamais vue avant. C’est pour cette raison, mes seigneurs, que je vous suggère, pour le bien du royaume, l’élimination de cet être.

Le jeune Yegon jeta un regard inquiet aux autres membres du conseil. Comme il le pensait, ce Roi était une menace pour Valoak. D’un geste, il congédia Phalank pour discuter du cas du Roi en privé avec les autres membres du Conseil.

— Que pouvons-nous faire ? Demanda Parek, un des vieux maîtres du Conseil. On ne peut tout simplement pas le détruire. Je vous rappelle qu’il s’agit d’un…

— Un Obstacle, maître Parek, un obstacle ! L’interrompit Yegon. Et aussi brillante soit-elle, mon idée va vous ravir. Nous utiliserons le Dragonnier Déchu pour abattre le Roi !

— Vous le pensez l’élu de la Prophétie ? Demanda Terën, un autre membre du conseil.

— Je pense, reprit Yegon, que deux solutions existent. La première étant qu’il sort vainqueur de son affrontement avec ce Roi, et il pourrait être l’élu, l’autre étant que nous nous trompons, auquel cas, une menace moins grande aura été détruite, et il nous faudra trouver un autre moyen.

Ainsi, grâce à l’approbation du conseil, Yegon venait de sceller le destin de celui qu’on appelait, le Dragonnier Déchu. La bête noire de Valoak.

Quelques heures plus tard, Phalank plaçait sa selle sur sa Dragonne. Une magnifique bête aux écailles bleues sur une musculature imposante. Il avait reçu l’ordre de rejoindre les Mercenaires aux frontières du royaume pour ramener avec lui, le chef de ces derniers, convoqué par le conseil. Parek, le vieux membre du conseil s’approcha de lui, le distrayant dans ses pensées.

— J’aimerais, Phalank, dit le vieil homme à la barbe blanchâtre, que tu me ramènes mon Fils en un seul morceau.

— Il ne voudra pas me suivre, maître Parek. Vous le connaissez mieux que quiconque !

— Ne te doit-il pas un service de Dragonnier ?

— Si, Bien sûr maître. Mais…

— Alors, fais-lui tenir parole, utilises ce service pour le faire revenir, et je te serai redevable, moi d’un service de Maître.

Deux jours plus tard, Phalank atteignait la frontière Sud du Royaume de Valoak, que tous les guerriers appelaient « Les Lignes Noires ». Depuis des mois, des affrontements avaient lieu dans cette zone de guerre. Des mercenaires Dragonnier avaient attaqué les troupes d’Ësarià postées à la frontière. Depuis, les coups d’épée fusaient dans tous sens. Des Dragons crachaient le feu de leurs entrailles sur des légions entières. Des tas de cadavres se formaient deçà delà aux frontières.

Les mercenaires, un groupe de quatorze Dragonniers et d’un millier de troupes au sol, campaient leurs positions, ne faisant qu’empêcher les soldats d’Ësarià de traverser la Frontière. Aucun des Mercenaires ne tentait d’entrer en Ësarià, cela n’était pas leur but.

Lorsque Phalank s’invita chez les mercenaires, il fut accueilli par Sarel, le chef des Mercenaires, le Dragonnier Déchu. Aux premiers instants, le Dragonnier de Valoak ne reconnut pas son ami mercenaire. Il l’avait connu, rasé et coiffé, ce qui lui donnait un air chaleureux. Mais en temps de guerre, Sarel n’éprouvait aucun besoin de plaire. Et cette barbe épaisse sous cette chevelure sale lui donnait un air sauvage et agressif qui devait sûrement effrayer les ennemis, mais surtout les enfants.

C’est dans une des tentes en retrait du feu de la bataille que le Mercenaire Dragonnier accueillit Phalank. Ce dernier ne resta pas longtemps mais lui adressa seulement quelques paroles tout en lui tendant un parchemin. Enfin, il remonta rapidement sur sa monture, avant de lui ordonner l’envol d’un coup de lanière.

Le dragonnier partit alors au loin ne voyant devant lui plus que la puissante lumière provoquée par les deux soleils d’Ësînis. Alors que Sarel, le chef des mercenaires venait de mettre la main sur un objet que Phalank lui avait laissé. Le chef des dragonniers mercenaires était retourné fouiller dans ses affaires personnelles et y avait trouvé, une amulette d’or sur laquelle étaient représentés deux dragons crachant du feu et de la glace, ainsi qu’une fleur de Lisan et quelques grammes de Tabac Rouge. Sarel avait souri en trouvant ce petit trésor lui remémorant plusieurs souvenirs. Ce trésor lui rappelait surtout le périple d’Isguardià, une étape fondamentale pour devenir chef Dragonnier. Les pressentis devaient partir à pied de Val-Far et aller jusqu’à la cité en ruine d’Isguardià placée dans le royaume d’Aphilis. Sarel était parti avec Phalank pour se rendre vers la cité d’Isguardià. Ils s’étaient liés d’amitié durant le périple et Phalank s’était drogué avec des feuilles de Tabac Rouge et avait soigné Sarel, qui avait fait une chute de plusieurs mètres, avec des feuilles de Rédioh au lieu de feuilles de Lisan qui servaient plus souvent pour les plaies ouvertes. Quant à l’amulette, il s’agissait de celle qu’avait remportée Sarel en devenant chef Dragonnier. Il l’avait donné à Phalank afin de le remercier et de lui prouver son amitié.

Les choses avaient changé depuis. Les deux Dragonniers s’étaient perdus de vue et s’étaient oubliés. Mais le destin s’apprêtait à les réunir de nouveau. Les choses allaient encore changer. Sarel allait changer d’avis et rejoindre Val-Far. Les contrées allaient connaître l’élu de la prophétie...

Chapitre I

Jusqu’à Ëres-Mékhin

Durant toute la nuit, Sarel avait songé à son ancien ami les yeux perdus devant cette amulette et sa pipe remplie de Tabac Rouge. Sa pupille s’était depuis longtemps, dilatée et ses songes s’étaient perdus dans son esprit. Il avait décidé de suivre son ami et de répondre à l’appel de Valoak. Pas, bien sûr pour le plaisir d’aider, mais pour payer sa dette.

Il avait pour projet, avant de partir, de mener une dernière offensive contre Ësarià. Il grimpa sur Part, son dragon, après lui avoir fait une tape amicale sur le cou. La créature était un Nirt de Glace. Les dragons étaient divisés en huit catégories. Les deux premières divisaient la maîtrise de l’élément, à savoir feu et glace. Ensuite, leur puissance d’attaque était divisée en quatre catégories, les Arht (faibles), les Ifrits (Moyens), les Nirts (forts) et les Arthans (divins). Un Nirt de Glace était donc un dragon plutôt impressionnant et puissant.

Ce dragon lança alors un jet de Glace puissant avant de retourner dans la bataille. Sarel avait sous ses ordres, une dizaine de Dragonniers de Feu et trois de Glace. Tous volaient au-dessus du champ des Lignes Noires aspergeant le sol de leurs puissants crachats. Les Ësariêns se défendaient avec des flèches enflammées pour les dragons de Glace et utilisaient des catapultes de pierre pour les dragons de feu. Mais les créatures étaient rapides et pouvaient voler aussi haut que la tour d’Inguën de Val-Far. Il s’agissait de la plus grande tour de Valoak qui dominait la capitale : Val-Far.

C’est dire si les Dragons étaient des cibles difficiles à toucher. Mais pas impossible. Part, le dragon de Sarel, était vêtu d’une armure de plate en fer léger mais peu résistant, ainsi que de plusieurs cicatrices. Les écailles du dragon étaient grises, de la même couleur que l’armure de ce dernier et de celle de son maître.

Sarel volait au-dessus des premières lignes qui se trouvaient presque couvertes par les lignes secondaires lançant une pluie de flèches enflammées sur Part. Ce dernier hurlait sa colère effrayant les soldats Ësariêns.

Au bout de quelques heures de bataille, les soldats d’Ësarià se virent investis d’un renfort important. Des centaines de Zûu, des oiseaux géants aux griffes puissantes et acérées semblables à celles des griffons, vinrent sauter sur les dragons

Très rapidement, l’armée d’Ësarià prit le dessus avant de provoquer la colère des dragons. Les Dragonniers exécutèrent leur formation en V. Sarel se plaça au centre de la dite, lettre et tous volèrent au ras du sol faisant cracher leurs créatures et rayant les ennemis de leurs épées.

L’attaque fut répétée plusieurs fois de suite jusqu’à ce que trois Zûu s’attaquent à Sarel et Partent. Le dragon se défendit aussi ardemment qu’il le pouvait pendant que Sarel frappait les créatures Ësariênnes tentant de les repousser.

Mais le dragon perdait de l’altitude et commença un demi-tour afin de partir s’écraser sur les points de contrôle de son camp. Les autres dragonniers, témoins de la scène, foncèrent sur les Zûu assaillant le chef dragonnier.

Les oiseaux géants flambèrent jusqu’aux plumes laissant Part planer jusqu’au sol. Le choc projeta le dragonnier contre une des tentes du campement de garde dans les champs d’Isora. Sarel hurla le regroupement afin de laisser les troupes au sol se charger des ennemis pendant la mise en place d’une autre stratégie.

Lorsque tous les dragonniers de Sarel furent dans la tente de médecine, Sarel, qui fut sur le point de se soigner de plusieurs blessures superficielles demanda des nouvelles de Part. Tous les dragonniers, vêtus d’une cuirasse et d’un bandeau de tissu blanc, baissèrent la tête.

« — Part ne pourra pas voler avant plusieurs jours. Ses blessures sont bien plus profondes que les tiennes et nous n’avons pas de fleur de Lisan pour accélérer sa convalescence.

— Il y en a dans mes affaires, répondit le chef tout en sortant sa pipe toujours pleine de Tabac Rouge. Il faut que je vous dise, continua-t-il, que je vais partir pour Val-Far. Le conseil de Valoak veut me rencontrer.

— Et tu partirais quand ? demanda Yseni, un des dragonniers.

— J’avais prévu de partir aujourd’hui. Je voulais combattre un peu avant de m’en aller, mais j’ai apparemment mal combattu. Il faut que je récupère Part et que je m’en aille La route est longue jusqu’à Val-Far.

— Tu ne peux pas partir avec Part, je ne te laisserai mettre un dragon en danger à cause d’un voyage stupide auquel tu ne crois pas. Sarel, tu dis toi-même que tu ne dois être l’esclave de personne, et encore moins redevable, alors pourquoi tu y vas ?

— On me l’a demandé !

— N’y va pas Sarel, tu risques ta peau pour eux ! Alors que tu abhorres les dirigeants de Valoak.

— C’est un service que je dois rendre, répliqua Sarel, c’est important. Et puis, je le dois aussi à Parek, ne l’oubliez pas !

Les Dragonniers, malgré les contre-indications qu’ils venaient de donner à leur chef, approuvèrent son départ à pied et jurèrent de remporter la bataille avant qu’il ne revienne de Val-Far. Ils donnèrent à Sarel des vivres, quelques feuilles de soin dans une lanière et promirent de donner à part, les feuilles de Lisan que Phalank lui avait offert.

Le Dragonnier changea ses pièces d’armures en métal argentées et scintillantes contre un plastron de cuir rouge et toutes les pièces d’armures associées à cette dernière. Quelques heures plus tard, Sarel s’éloignait du champ de bataille et prit les grands sentiers afin de retrouver facilement son chemin. Afin de se battre contre la solitude, il fredonna des chants de victoire qu’il avait appris quand il était encore un apprenti dragonnier. Il chantait l’Espoir d’Ësînis.

Les Ombres de la mortL’Espoir anime mon esprit

Enfantent mon espritLe monde d’Ësînis s’enfuit

Ma famille pleure encore J’irai chaque jour vers la vie

La perte de ma vieCar jamais je n’ai faibli

Dans le royaume de ReminaLes ombres de la mort

Où mon âme vaDétruisent mon esprit

Je paierai de ma voixMaisl’Espoir d’Ësînis, encore

Chacun de mes pasSauvera ma vie.

Quand il fredonna les derniers vers du chant d’Ësînis, il entendit un craquement de branche au sol, non loin de lui. Il tourna la tête à sa droite gardant sa main sur le pommeau de son épée. Il resta au milieu du sentier à écouter et scruter le moindre bruit.

Lorsqu’il relâcha son attention, un second craquement, plus près de lui attira de nouveau, son attention. Cette fois-ci, il dégaina son arme et courut avec hâte en direction du bruit. Il sauta dans un buisson et tâta vaguement de sa main gauche un bout de tissu. Quand il eut attrapé à vive main la, dite, chose, il entendit un cri aigu percer ses oreilles. Il s’agissait du cri d’un enfant d’environ dix ans.

— Pitié monsieur, je vous en prie, cria-t-il, ne me faites pas de mal, pitié. »

Sarel se rendit compte qu’il ne s’agissait que d’un gosse. Mais il avait déjà oublié qu’il tenait dans sa main droite, son épée et l’enfant qu’il avait empoignés dans sa main gauche.

— Je ne vais te faire de mal. J’ai simplement cru que tu étais quelqu’un d’autre.

— Vous n’allez pas me faire de mal ?

— Non ! Répondit le chef Dragonnier d’un air étonné.

— Alors, monsieur, vous pourriez peut-être me reposer au sol !

Sarel ne comprenait pas de quoi parlait l’enfant jusqu’à ce qu’il regarde au sol et qu’il voit les pieds du gosse à trente centimètres du haut de l’herbe. Il scruta rapidement le visage du petit avant de le reposer lentement. Le jeune enfant le remercia cordialement.

Sarel continua son chemin tout en rengainant son épée et ne prit plus compte de la présence de l’enfant. Ce dernier continua de le suivre. Sur une centaine de mètres, le dragonnier se retourna une dizaine de fois pour regarder l’enfant qui se figeait chaque fois que les yeux de Sarel se posaient sur lui.

— Bon ! Lança froidement Sarel, Qu’est-ce que tu veux ?

— Je m’appelle Guadory.

— J’suis très content pour toi, allez maintenant, dégage !

— Mais tu t’appelles comment toi ?

— On s’en tape ! Barre-toi !

— Onsentap ? Bartoih ? C’est un drôle de nom ?

— Je m’appelle Sarel, lança le dragonnier d’un air exaspéré.

— Onsentap Bartoih Sarel, C’est pas un peu long ? Je peux t’appeler Onse ?

— Tu peux surtout me laisser tranquille, j’ai de la route à faire !

— Tu vas où, Onse ?

— Tu lâches pas prise ?

— C’est loin ?

— Tu ne sais pas où je vais !

— Si, tu vas à Tulachpaprise.

— Mais c’est pas possible ! Hurla Sarel.

— Qu’est-ce qui n’est pas possible ?

— Je m’appelle Sarel, et je vais à Val-Far. Si tu veux tout savoir, je suis un Dragonnier, et j’ai eu un doute quant à ta présence dans les buissons. Maintenant, retourne chez toi !

— C’est bien être Dragonnier ?

— Non, c’est nul, on se bat tout le temps et les dragons sont têtus et stupides.

— Bah, pourquoi tu fais ça ? Je peux venir avec toi ?

Sarel avait l’habitude d’être pris de court par les multiples ennemis qui se trouvaient sur un champ de bataille mais il n’avait aucune patience lorsqu’il croisait le chemin d’un enfant. Il dégaina son épée et lui expliqua clairement que s’il ne le laissa pas tranquille dans les plus brefs délais, il se verra dans l’obligation de le décapiter et de laisser pendre son corps inerte à la plus haute branche du plus haut des arbres de la forêt qui se trouvait non loin. Le petit Guadory essuya une larme qui avait commencé à couler le long de sa petite joue rougie.

— Y’a pas que les dragons qui sont stupides et têtus !

Puis l’enfant parti en courant le long du sentier en direction du village de Lipho. Le chemin passait par une forêt très dense et remplie de ronces en tout genre. Quand il disparut de la vue de Sarel, ce dernier fit une moue de lassitude avant de hocher la tête de gauche à droite de manière à dire : Si un jour j’ai un gosse, je le fais exiler à la naissance.

Puis, avant de reprendre la route, il scruta les alentour et vit au loin les montagnes enneigées de Thir-fezron, la frontière entre le royaume de Valoak et le royaume de Mésodé. Le ciel était dégagé et les soleils frappaient la neige sur les Hauts-Monts d’Aphilis montrant ainsi les multiples reflets des horizons qui se présentaient à lui.

Enfin, il regarda la forêt entendant le ruissellement de la rivière Irizé. Elle se jetait dans le torrent de L’Äsïrth qui remontait jusqu’à Ëres-Mékhin. Là, le torrent devenait le fleuve d’Ëres et parcourait les forêts passant par tous les petits villages et toutes les grandes villes de Valoak pour se jeter dans la mer Lévi.

Mais dans la forêt, cachés derrière plusieurs dizaines d’arbres, quelques soldats Ësariêns se précipitèrent en direction du village de Lipho. Ils suivaient apparemment le petit garçon que Sarel venait de faire déguerpir.

Il se dit au départ que des soldats de la contrée ennemi ne pouvaient pas s’en prendre à un petit gosse de cet âge avant d’émettre un doute quant à l’importance de Guadory. S’il était recherché par les troupes d’Ësarià, il aurait demandé de l’aide, mais il ne l’a pas fait. C’était vrai, il ne l’avait pas fait concrètement, mais il avait demandé à Sarel de rester avec lui. Demande ou pas, le gamin était suivi. Il n’y avait plus de doute, le petit était en danger. Sarel était un Dragonnier, il se battait pour l’argent mais défendait tout de même des valeurs. Il devait aider Guadory.

Il prit son épée à la main et courut en direction du village de Lipho. Il priait pour arriver à temps et esquivait les branches d’arbre et les ronces qui se plaçaient dans son chemin. Plus il avançait dans la forêt, plus la distance à parcourir lui paraissait longue.

Soudain, alors qu’il passait à quelques centimètres d’un arbre, Sarel eut à peine le temps de voir un objet de fer se précipiter dans sa direction. Il se baissa rapidement et tomba au sol évitant ainsi l’épée d’un Ësariên.

Il se releva rapidement et put voir devant lui six soldats des troupes ennemies l’attendre et compta aussi celui qui avait tenté de le tuer. Ils étaient sept contre un et Sarel n’avait pas son dragon avec lui. Mais il n’était pas chef dragonnier que par sa monture mais aussi par ses prouesses au combat.

Le soldat qui se trouvait derrière lui l’attaqua. Le Dragonnier se baissa alors et frappa violemment de son épée derrière lui. Un des sept soldats était vaincu. Les six autres exprimèrent une moue de colère mélangée à la peur. Sarel railla quelques quolibets tout en souriant avant de reprendre une posture de combat, il aimait narguer ses adversaires car il savait déjà de quelle manière il allait s’y prendre.

Le premier attaqua. Les autres suivirent. Rapidement, Sarel mit la main droite dans son dos et sortis d’une petite sacoche, cinq couteaux de lancer qu’il plaça vers son épaule gauche. Avec l’élan nécessaire, il envoya les cinq couteaux sur les soldats qui se trouvaient ses extrémités droites et gauches. Le soldat du milieu fut le seul rescapé provisoire du duel. Il comprit rapidement que les cinq autres venaient de se faire décimer sans même qu’ils s’en rendent compte. Mais il devait combattre jusqu’à la mort. Alors il continua sa course contre le dragonnier et se fit empaler d’un simple geste du bras par ce dernier.

Sarel n’avait pas la moindre égratignure. Il avait vaincu sept soldats en quelques secondes. Mais ces quelques secondes étaient cruciales pour Guadory et le village de Lipho. Sa course n’était pas terminée. Il lui restait encore quelques centaines de mètres à faire avant de se retrouver dans les abords du village.

Lorsqu’il leva les yeux, tout en soufflant ses nombreuses pipes qu’il avait fumées, il put voir une épaisse fumée noire se lever haut dans le ciel. Ce dernier était dégagé et offrait une chaleur incomparable aux autres jours d’été.

Le village de Lipho était en flamme, détruit par des dizaines de soldats Ësariêns qui continuaient leurs fouilles dans le petit village reculé du royaume de Valoak. Quelques villageois, qui prenaient pour arme, des fourches et autres outils d’agriculture. Lipho était un village qui ne se souciait guère de ce qui se passait autour de lui. Les habitants de ce village ne vivaient que de leurs propres cultures.

Quand Sarel vit que les soldats d’Ësarià s’en prenaient même aux femmes et aux enfants, il décida d’agir. Il courut jusqu’à la place du village où se trouvait une dizaine d’agriculteurs brandissant pelles et fourches ayant pour espoir de repousser l’envahisseur. Le dragonnier se mêla alors aux multiples duels qui se déroulaient à Lipho. Le chevalier n’avait aucun mal à se débarrasser de ses ennemis mais ces derniers revenaient en surnombre. Il en tuait cinq, alors que sept faisaient leur entrée dans la place du village. Le feu prenait de plus en plus d’ampleur et les chaumières s’écrasaient sous le poids des flammes provoquant une chaleur étouffante malgré le plein air.

Les habitants, ainsi que Sarel, se trouvaient à présent piégés par un anneau de feu consumant l’herbe sèche de la place. Tandis que les soldats d’Ësarià s’armaient de leurs arcs, un guerrier, à l’armure vert sombre, et armé d’une grosse hache à double tranchant, vint prendre par surprise les soldats d’Ësarià en les frappant violemment sur le flanc. Étant tous aligné, le premier soldat s’écroula sur le second qui renversa le troisième jusqu’au dernier. Tous se trouvaient au sol jusqu’au moment où le mystérieux guerrier vert ne prononce les mots suivants. Ené Méskhièl  !

Quand le dernier mot fut prononcé, les soldats, alors couchés au sol, disparurent subitement sans laisser l’ombre d’une trace.

Le guerrier vert passa alors sa main devant son visage avant de faire disparaître à leur tour, les flammes qui entouraient Sarel et les hommes du village. Enfin, le mystérieux guerrier vert regarda durant quelques secondes, les cheveux longs et la barbe de Sarel. Pour tout dire, le guerrier vert dévisageait le Dragonnier. Il mit la paume de sa main face à Sarel qui la regarda attentivement. Il y vit alors un cercle blanc tatoué dans lequel se trouvaient trois points de couleurs bleues, rouges et vertes.

Le mystérieux sauveur fit alors, par on ne sait quel miracle, briller ses yeux d’une lueur blanche et se volatilisa comme le vent.

Sarel était intrigué par ce guerrier inconnu qui venait de sauver tout le village de Lipho. Ces trois points de couleur différente entourés d’un cercle lui rappelaient un vague souvenir d’un ancien Ordre perdu dans les profondeurs de l’oubli.

Deux des villageois s’approchèrent de Sarel qui se trouvait toujours à regarder l’endroit où était placé le mystérieux guerrier. L’un des deux hommes était vêtu d’un chapeau de paille et des habits classiques du paysan. Il tenait fermement dans ses deux mains une fourche rouillée. Le second avait des habits légèrement plus nobles. Il avait un gilet de cuir, un pantalon de tissu neuf ainsi qu’un chapeau de feutre. Il fut le premier à s’adresser à Sarel.

— Monsieur le chevalier, nous vous remercions de nous avoir sauvés. Votre aide fut précieuse. Je me présente, je suis le chef de ce village, Endéris et voici mon frère, Larsse. lança-t-il désignant le second villageois.

— Je me nomme Sarel, chef de mercenaires dragonnier. Répondit le Dragonnier d’un air préoccupé.

— C’est qui le type qui vous a aidé ? Reprit Larsse tout en esquissant une moue que Sarel aurait pu croire moqueuse.

— Excusez-le, lança Endéris, il est un peu agressif, mais il faut le comprendre. C’est la première fois que les soldats d’Ësarià viennent jusqu’ici. Ce que demande en fait Larsse, c’est ce qui vous a poussé à venir avec votre ami, le guerrier vert.

— Attendez, attendez, répliqua Sarel, le guerrier vert n’est pas mon ami, c’est la première fois que je le vois ! Je suis venu parce que je cherchais un petit du nom de Guadory. Les soldats lui couraient après. Je venais de le disputer et il était parti.

— Guadory ! Interrompit Larsse. C’est mon fils, si vous lui avez fait du mal... dit-il sans terminer sa phrase brandissant sa fourche devant le nez du Dragonnier.

— Je ne lui ai pas fait de mal, reprit Sarel. Mais il est collant !

Sarel venait de comprendre qu’il venait d’insulter le neveu du chef du village. Tout en essayant de se racheter, il sourit alors à Endéris tout en s’excusant. Ensuite il expliqua clairement sa rencontre avec Guadory jusqu’à ce qu’il arrive à Lipho afin de sauver le petit. Durant son récit, les deux villageois écarquillèrent leurs yeux tenant ainsi une expression intéressée.

À la fin de son histoire, Sarel regarda autour de lui et invita tous les villageois à sonder les pertes humaines. Tous les survivants se mirent alors à vérifier les cadavres. Certains pleuraient de tristesse leurs proches perdus, d’autres de joie, leurs proches retrouvés.

Sarel cherchait, sans même sans rendre compte, le petit Guadory, espérant qu’il soit toujours en vie. Il s’écarta du village tout en scrutant le moindre détail. Soudain, il vit allongé sur le sol, une petite forme. Il courut alors aussi vite que ses jambes lui permettaient. Quand il arriva près du corps, il put reconnaître les traits fins et la chevelure brune du petit Guadory. Il le prit alors dans ses bras et vérifia sa respiration. Il n’y avait aucune trace de sang près de l’enfant, ce qui rassura le Dragonnier. Ensuite, il plaça son oreille près du nez de Guadory et put entendre sa respiration. À ce moment, Sarel se sentit profondément rassuré. Il poussa un soupir accompagné d’un petit sourire avant de tapoter la joue du petit garçon de sorte que ce dernier se réveille.

Guadory ouvrit un œil et vit le visage non familier et presque effrayant de Sarel. Ce dernier l’était pour un enfant au réveil lorsqu’il avait les cheveux longs et une barbe épaisse. Le Dragonnier informa le petit bout d’homme qu’il le ramenait au village de Lipho, chez lui.

Quelques minutes après, Larsse et Endéris virent Sarel arriver au village par l’Est tenant dans ses bras, le neveu du chef de Lipho. Durant les cinq premières secondes, Larsse crut que Guadory avait été touché par les Ësariêns. Mais le Dragonnier le rassura et déposa le petit dans un lit de paille à l’intérieur d’une des chaumières encore debout. Sarel sortit de sa lanière, une feuille de Lisan qu’il étala sur le front de Guadory sous l’œil attentif de son père. Lorsqu’il eut terminé, Larsse demanda au Dragonnier de le suivre à l’extérieur du village alors que la nuit tombait. Les deux personnages arrivèrent dans un petit champ entouré de quelques lignes d’arbres. Larsse poussa un soupir après s’être arrêté de marcher. Il se retourna vers Sorel.

— Tout l’village vous en doit une. Mais moi plus que les autres, j’crois bien.

— Vous ne me devez rien, je l’ai fait de mon plein gré.

— C’est pareil, vous avez sauvé la vie de mon fils ! Je sais qu’il serait heureux de vous suivre. Alors, je vous le laisse. Il sera mieux avec vous !

— Non ! mais attendez, reprit Sarel, j’en veux pas !

— Il vous servira sans dire un mot j’vous l’jure !

— J’en suis pas aussi certain que vous.

— Alors c’est un service que je vous demande. Il a un futur avec vous !

— Je pars pour Val-Far, le conseil de Valoak m’attend, là-bas. Je dois y être au plus vite, je ne peux me permettre d’être ralenti par un môme.

— Vous savez que les Ësariêns vont revenir. Je ne veux pas qu’ils tuent mon fils. Il a quelque chose de spécial. Il pourra vous être utile.

— Pourquoi vous voulez à tout prix vous en débarrasser ?

— Pour le sauver. Je ne veux pas qu’il meure.

Sarel baissa la tête tout en plaçant ses mains sur ses hanches. Il fit quelques pas devant le villageois tout en regardant l’herbe encore fumante de la bataille. Au bout de quelques secondes, il releva la tête.

— Je veux bien le prendre, mais au premier truc chiant avec votre fils, je vous le renvoie. Qui plus est, je m’en débarrasse à Val-Far. Je le confierai à l’ordre des Dragonniers. Il en deviendra un ! S’il arrive jusqu’à la capitale. »

Larsse remercia Sarel plusieurs fois jusqu’à ce qu’ils arrivent aux abords du village. Une chaumière fut libérée pour le dragonnier qui y passa une nuit agitée. Cependant, les deux soleils se levèrent et Guadory, alors couché sur son lit avec une feuille de Lisan sur le front, sentit un objet lourd et relativement mou tomber sur son ventre. Il ouvrit un œil et vit une silhouette sombre debout devant son lit. Se demandant ce qui pouvait bien se passer, Guadory ouvrit son second œil afin de mieux percevoir la lumière du jour. Il comprit que Sarel se tenait devant lui et que ce qui venait de lui atterrir sur le ventre était un baluchon.

— Tu es là, Onse ?! prononça Guadory.

— Tout est prêt pour le voyage, tu as dix minutes pour te réveiller, manger et surtout, te taire.

Sarel sortit de la chaumière alors que le petit enfant s’assit sur son lit de paille. Il passa sa main frêle dans ses petits cheveux bruns lorsque le Dragonnier revint dans la maisonnette levant l’index et écarquillant les yeux comme pour prévenir.

— Et j’insiste sur le dernier point, te taire !

Sans décrocher le moindre mot, ce qui tout de même était remarquable pour le petit, Guadory frotta ses yeux et se dirigea vers sa table ou il y prit un simple morceau de pain. Qu’il engloutit en quelques secondes. Quelques minutes plus tard, il rejoignit Sarel sur la place du village.

— On va où, Onse ?!

— Je m’appelle Sarel, mais toi, à partir de maintenant, tu vas m’appeler Monsieur et uniquement quand je t’en donnerai l’autorisation. Est-ce que tu m’as compris ?

— Oui ! Répondit fermement le jeune garçon.

— Oui qui ?!

— Oui Monsieur. Reprit Guadory tout en esquissant une moue moqueuse.

Sarel fronça les sourcils tout en regardant d’un air furieux mais amusé le petit garçon. Il lui adressa froidement un petit : En route avant de partir. Le petit garçon suivit alors Sarel à travers la forêt jusqu’à la sortie de cette dernière. Ils rejoignirent le sentier sans même que Guadory n’eut le temps ni l’occasion de prononcer le moindre mot.

Les deux personnages marchèrent dans un silence presque mortel alors que les soleils continuaient leur ascension lente afin d’atteindre leur Zénith. Lorsque ce dernier fut atteint, Sarel et Guadory se trouvaient dans les champs d’Ithen. Il s’agissait de terres appartenant à divers maîtres de l’académie que le Dragonnier connaissait. Il se permit donc de les traverser sans prendre la peine de les prévenir ou de payer des taxes quelconques. Sarel était en quelque sorte, exonéré de toutes ces passes d’argent que se permettaient les propriétaires. Guadory, voyant l’heure du déjeuner arriver à pas de géant, ne se gêna pas une seconde pour le faire remarquer à Sarel qui avait continué sa route en silence.

— J’ai faim !

— Et alors, tu veux quoi ?

— Je veux qu’on s’arrête pour manger.

— Tu as de quoi manger ?

— Non, j’ai rien pris !

— Alors, marche et tais-toi !

Sarel se remit en route laissant Guadory se rendre compte qu’ils ne mangeraient pas tant que ce dernier n’aurait pas trouvé quelque chose qui comblerait son estomac. Il scruta les environs tout en fronçant les sourcils et plaçant sa main sur son front et vit autour de lui, une étendue d’herbe et de collines. Il réfléchit rapidement et comprit que dans les grandes étendues, se cachait toute une civilisation de viande potentielle. Il s’accroupit au sol et posa sa main sur le sol. Sarel était en train de marcher vers la sortie d’Ithen quand il sentit un tremblement de terre. Il se retourna et vit le petit Guadory assis sur le sol, tenant dans ses mains plusieurs renards prêts à être dépecés, cuits, et mangés. Les yeux du Dragonnier s’écartèrent de manière à montrer l’étonnement et la fureur qui l’animait.

— Comment as-tu fait ? Lança-t-il énervé.

— J’ai fait trembler la terre, monsieur.

— Tu pratiques la magie, elle n’est pas un jouet. Tu ne dois jamais l’utiliser de plein gré. Cela doit se faire en dernier recours.

— Mais j’avais faim ! J’ai toujours faim et maintenant que la bêtise est faite on peut faire un feu et manger non ?

— Quand tu m’auras dit ce que tu sais faire avec la magie. Sais-tu maîtriser totalement l’élément de la Terre ?

— Non, j’ai un don pour faire trembler la terre mais ça s’arrête là.

Sarel sentit un profond soulagement le parcourir. Un enfant qui maîtrise à la perfection son élément est assurément un danger potentiel pour l’ordre des Dragonniers ainsi que pour le monde d’Ësînis. Il respecta tout de même sa parole et alluma un feu. Les quelques renards capturés furent cuits dans le silence. Les soleils étaient déjà sur le point de redescendre vers l’Ouest quand Sarel et Guadory se remirent en chemin après avoir englouti leur repas. Ils marchèrent tout le reste de la journée jusqu’à la tombée de la nuit. Des nuages épais étaient venus prendre le contrôle du ciel, l’assombrissant encore plus quand les deux personnages arrivaient à Ëres-Mékhin, une ville marchande entourée de fortifications et munie de défenses placées sur les bords du torrent Ëres.

Ils entrèrent par les grandes portes frontales et se retrouvèrent sur la grande place qui donnait un accès rapide à toutes les auberges et tavernes de la cité. Sarel invita son compagnon à prendre quelques nourritures et autres viandes cuisinées par de vrais professionnels. Après quelques minutes à écouter les diverses conversations des autres personnes présentes dans la taverne, Sarel prit la disposition de déclencher la machine à parole.

— Alors, Guadory, commença le Dragonnier sur un ton amical. J’ai trouvé en toi un intérêt particulier depuis que je sais que tu fais de la magie. J’aimerais savoir depuis quand tu sais la pratiquer ?

— Depuis que je suis tout petit. Je ne sais plus exactement quel jour mais une fois, j’étais parti à la chasse avec Larsse, mon deuxième papa, et un énorme Fausin m’a attaqué. Je me suis couché sur le sol et j’ai prié pour qu’il ne me fasse pas de mal. Quand je me suis relevé, il était devant moi et il voulait toujours me tuer. J’ai mis mes mains devant moi et j’ai fait tomber des rochers dessus.

— Et depuis, tu t’es entraîné à pratiquer de la magie ?

— Oui, j’adore l’utiliser, et toi ? Tu sais utiliser de la magie, Monsieur ?

— J’ai appris à l’utiliser mais je ne le fais jamais. C’est interdit.

— Pourquoi ?

— Parce que la magie que j’ai apprise est dangereuse. Il n’y a que très peu de gens qui connaissent la magie que je connais. C’est de la magie Noire.

— Oh, là, là, répondit le garçon. La magie Noire! Pourquoi c’est interdit de l’utiliser ?

— Parce qu’un jour, répondit Sarel en souriant. Un jeune apprenti Dragonnier a invoqué une armée d’Ombre à l’intérieur de Val-Far.

— Ah ! Fait l’enfant, surpris. C’était qui ?

— Un apprenti ! Termina le Dragonnier sur un ton moins amical. Mange, c’est chaud.

— Dis, monsieur. Pourquoi j’ai dû venir avec toi ?

— C’est ce que tu voulais non ? Ton père voulait que je t’emmène à Val-Far pour que tu deviennes un Dragonnier.

— Vous avez connu mon père ?

— L’homme du village, le frère du chef, c’est ton père, non ?

— Mon père est mort. C’est Larsse qui me l’a dit. Un monsieur m’a emmené à Lipho quand j’avais un an en demandant à Larsse de s’occuper de moi. Puis il est parti. Je ne connais même pas son nom.

— Alors comment s’appelait ton père ?

— Je ne m’en souviens plus termina l’enfant d’un ton agacé. Bon, on mange ?

L’enfant plongea les mains dans un saladier rempli de Mesclun assaisonné de vinaigre et de vin rouge. Tous deux mangèrent avant de monter dans les chambres de l’auberge sans se soucier que, dans un des coins de la pièce, une aube sombre fumant une pipe de Tabac Rouge les épiait. La mystérieuse silhouette était venue quelques heures auparavant et avait affirmé attendre deux personnes qui avaient pour projet de se rendre à Val-Far.