Erhalten Sie Zugang zu diesem und mehr als 300000 Büchern ab EUR 5,99 monatlich.
Redécouvrez les chefs-d'oeuvre intemporels de Charles Perrault dans une Edition illustrée d'exception. Fidèle aux textes originaux, ce recueil rassemble les contes fondateurs de l'imaginaire occidental : Cendrillon, Le Petit Chaperon Rouge, Le Chat Botte, Barbe Bleue, Peau d'ane, et bien d'autres, enrichis d'illustrations en noir et blanc inspirées des gravures anciennes. A la croisée du merveilleux et de la morale, entre tradition orale et élégance classique, ces récits captivent les lecteurs de tous âges par leur force symbolique et leur beauté littéraire. Offrez-vous ou offrez a vos proches une Edition raffinée et intemporelle d'un trésor du patrimoine Français.
Sie lesen das E-Book in den Legimi-Apps auf:
Seitenzahl: 143
Veröffentlichungsjahr: 2025
Das E-Book (TTS) können Sie hören im Abo „Legimi Premium” in Legimi-Apps auf:
L'œuvre de Charles Perrault, fondateur reconnu du conte littéraire moderne en langue française, occupe une place centrale dans notre patrimoine culturel. Pourtant, derrière l'apparente simplicité de ses récits — devenus archétypes universels de l'enfance — se cache une écriture subtile, à la fois poétique et politique, ancrée dans les préoccupations morales et esthétiques du Grand Siècle.
Publiés pour la première fois en 1697 sous le titre Histoires ou contes du temps passé, avec des moralités, les contes de Perrault ne sont pas de simples transcriptions de folklore populaire. Ils constituent une œuvre de haute tenue littéraire, où s'entrelacent la fantaisie narrative, l'art du style et une vision du monde fondée sur la civilité, la mesure et l'intelligence sociale. Chaque récit se lit comme une fable, où la merveille sert de décor à une leçon morale, parfois explicite, parfois implicite. On y célèbre la vertu modeste, l'obéissance, la patience — mais aussi la ruse, l’audace et l’esprit — dans une langue limpide, élégante, à l’ironie discrète mais pénétrante.
Loin d’être réservés aux seuls enfants, ces contes furent initialement destinés aux salons littéraires et aux lecteurs cultivés. Ils sont empreints d’un second degré que seuls les adultes attentifs percevront entièrement. La figure du loup galant dans Le Petit Chaperon Rouge, la fée bienveillante de Cendrillon, ou encore le sadisme domestiqué de Barbe Bleue, ne sont pas de simples personnages d’imaginaire enfantin : ils sont le reflet stylisé d’un monde profondément hiérarchisé, où la naissance, la fortune et les apparences déterminent la place de chacun — mais où le merveilleux permet, parfois, d’en franchir les frontières.
Cette édition s’inscrit dans le respect de cette double lecture. Elle propose le texte intégral, restitué avec fidélité à l’orthographe modernisée, et enrichi d’illustrations en noir et blanc qui s’inspirent du style des gravures anciennes. L’iconographie ici présente ne vise pas à distraire mais à accompagner : chaque image, conçue dans une esthétique sobre et intemporelle, vient ouvrir le récit comme une scène gravée dans la mémoire. Le lecteur est ainsi invité à plonger dans une atmosphère visuelle raffinée, entre ombre et lumière, entre rêve et classicisme.
Lire Perrault, aujourd’hui, c’est renouer avec une parole fondatrice. C’est retrouver les sources d’un imaginaire partagé, qui a traversé les âges, nourri les œuvres de Grimm, d’Andersen, de Disney, et inspiré les psychanalystes, les philosophes et les pédagogues. Mais c’est aussi découvrir — ou redécouvrir — un écrivain de l’ordre classique, maître de la concision, du rythme et de la structure narrative. Ses contes sont brefs, mais riches ; limpides, mais profonds ; enfantins, mais savamment composés.
Nous espérons que cette édition, accessible tout en étant exigeante, saura toucher à la fois les lecteurs passionnés de littérature et ceux qui souhaitent offrir ou transmettre un pan durable de la culture française. Qu’il s’agisse d’une lecture à voix haute pour un enfant, d’un moment de méditation solitaire, ou d’un voyage esthétique à travers les images et les mots, ce recueil offre à chacun l’occasion de se laisser surprendre par la puissance évocatrice d’un genre que Perrault, mieux que quiconque, a su élever à la dignité d’un art.
Entrez, donc. Les fées vous attendent. Les forêts s’ouvrent. Les ogres veillent. Et derrière les formules enchantées, ce sont nos propres désirs, nos craintes et nos espoirs qui se donnent à lire, dans le miroir magique de ces contes.
La Belle au bois Dormant
Le petit Chaperon Rouge
Barbe Bleue
Le Chat Botté
Les Fées
Cendrillon
Riquet à la Houppe
Le Petit Poucet
Peau d’Ane
Les Souhaits Ridicules
L’adroitte Princesse
Il était une fois un roi et une reine qui étaient si fâchés de n’avoir point d’enfants, si fâchés qu’on ne saurait dire. Ils allèrent à toutes les eaux du monde : vœux, pèlerinages, menues dévotions, tout fut mis en œuvre, et rien n’y faisait. Enfin pourtant la reine devint grosse et accoucha d’une fille. On fit un beau baptême ; on donna pour marraines, à la petite princesse, toutes les fées qu’on pût trouver dans le pays (il s’en trouva sept), afin que, chacune d’elles lui faisant un don, comme c’était la coutume des fées en ce temps-là, la princesse eût, par ce moyen, toutes les perfections imaginables. Après les cérémonies du baptême, toute la compagnie revint au palais du roi, où il y avait un grand festin pour les fées. On mit devant chacune d’elles un couvert magnifique, avec un étui d’or massif où il y avait une cuiller, une fourchette, et un couteau de fin or, garni de diamants et de rubis. Mais comme chacune prenait sa place à table, on vit entrer une vieille fée, qu’on n’avait point priée, parce qu’il y avait plus de cinquante ans qu’elle n’était sortie d’une tour, et qu’on la croyait morte ou enchantée.
Le roi lui fit donner un couvert ; mais il n’y eut pas moyen de lui donner un étui d’or, comme aux autres, parce que l’on n’en avait fait faire que sept, pour les sept fées. La vieille crut qu’on la méprisait, et grommela quelques menaces entre ses dents. Une des jeunes fées, qui se trouva auprès d’elle l’entendit, et, jugeant qu’elle pourrait donner quelque fâcheux don à la petite princesse, alla, dès qu’on fut sorti de table, se cacher derrière la tapisserie afin de parler la dernière, et de pouvoir réparer, autant qu’il lui serait possible, le mal que la vieille aurait fait.
Cependant les fées commencèrent à faire leurs dons à la princesse. La plus jeune lui donna pour don qu’elle serait la plus belle personne du monde ; celle d’après, qu’elle aurait de l’esprit comme un ange ; la troisième, qu’elle aurait une grâce admirable à tout ce qu’elle ferait ; la quatrième, qu’elle danserait parfaitement bien ; la cinquième, qu’elle chanterait comme un rossignol ; et la sixième, qu’elle jouerait de toutes sortes d’instruments dans la dernière perfection. Le rang de la vieille fée étant venu, elle dit, en branlant la tête encore plus de dépit que de vieillesse, que la princesse se percerait la main d’un fuseau, et qu’elle en mourrait.
Ce terrible don fit frémir toute la compagnie, et il n’y eût personne qui ne pleurât. Dans ce moment la jeune fée sortit de derrière la tapisserie, et dit tout haut ces paroles : « Rassurez-vous, roi et reine, votre fille n’en mourra pas ; il est vrai que je n’ai pas assez de puissance pour défaire entièrement ce que mon ancienne a fait ; la princesse se percera la main d’un fuseau ; mais au lieu d’en mourir, elle tombera seulement dans un profond sommeil qui durera cent ans, au bout desquels le fils d’un roi viendra la réveiller. »
Le roi, pour tâcher d’éviter le malheur annoncé par la vieille, fit publier aussitôt un édit, par lequel il défendait à toutes personnes de filer au fuseau, ni d’avoir des fuseaux chez soi, sur peine de la vie.
Au bout de quinze ou seize ans le roi et la reine étant allés à une de leurs maisons de plaisance, il arriva que la jeune princesse, courant un jour dans le château, et montant de chambre en chambre, alla jusqu’au haut d’un donjon dans un petit galetas où une bonne vieille était seule à filer sa quenouille.
Cette bonne femme n’avait point ouï parler des défenses que le roi avait faites de filer au fuseau. « Que faites-vous là, ma bonne femme ? dit la princesse. — Je file, ma belle enfant, lui répondit la vieille qui ne la connaissait pas. — Ah ! que cela est joli ! reprit la princesse ; comment faites-vous ? donnez-moi que je voie si j’en ferais bien autant. » Elle n’eut pas plus tôt pris le fuseau, que, comme elle était fort vive, un peu étourdie, et que d’ailleurs l’arrêt des fées l’ordonnait ainsi, elle s’en perça la main, et tomba évanouie.
La bonne vieille, bien embarrassée, crie au secours : on vient de tous côtés, on jette de l’eau au visage de la princesse, on la délace, on lui frappe dans les mains, on lui frotte les tempes avec de l’eau de la reine de Hongrie ; mais rien ne la faisait revenir.
Alors le roi, qui était monté au bruit, se souvint de la prédiction des fées, et jugeant bien qu’il fallait que cela arrivât, puisque les fées l’avaient dit, fit mettre la princesse dans le plus bel appartement du palais, sur un lit en broderie d’or et d’argent. On eût dit un ange, tant elle était belle ; car son évanouissement n’avait pas ôté les couleurs vives de son teint : ses joues étaient incarnates, et ses lèvres comme du corail ; elle avait seulement les yeux fermés, mais on l’entendait respirer doucement : ce qui faisait voir qu’elle n’était pas morte.
Le roi ordonna qu’on la laissât dormir en repos, jusqu’à ce que son heure de se réveiller fût venue. La bonne fée qui lui avait sauvé la vie, en la condamnant à dormir cent ans, était dans le royaume de Mataquin, à douze mille lieues de là, lorsque l’accident arriva à la princesse ; mais elle en fut avertie, en un instant, par un petit nain, qui avait des bottes de sept lieues (c’était des bottes avec lesquelles on faisait sept lieues d’une seule enjambée). La fée partit aussitôt, et on la vit, au bout d’une heure, arriver dans un chariot tout de feu, traîné par des dragons. Le roi alla lui présenter la main, à la descente du chariot. Elle approuva tout ce qu’il avait fait ; mais comme elle était grandement prévoyante, elle pensa que quand la princesse viendrait à se réveiller, elle serait bien embarrassée toute seule dans ce vieux château : voici ce qu’elle fit.
Elle toucha de sa baguette tout ce qui était dans ce château (hors le roi et la reine) : gouvernantes, filles d’honneur, femmes de chambre, gentilshommes, officier, maîtres d’hôtel, cuisiniers, marmitons, galopins, gardes, suisses, pages, valets de pied ; elle toucha aussi tous les chevaux qui étaient dans les écuries, avec les palefreniers, les gros mâtins de basse-cour, et la petite Pouffe, petite chienne de la princesse, qui était auprès d’elle sur son lit. Dès qu’elle les eut touchés, ils s’endormirent tous, pour ne se réveiller qu’en même temps que leur maîtresse, afin d’être tout prêts à la servir quand elle en aurait besoin. Les broches mêmes, qui étaient au feu, toutes pleines de perdrix et de faisans, s’endormirent, et le feu aussi. Tout cela se fit en un moment : les fées n’étaient pas longues à leur besogne.
Alors le roi et la reine, après avoir baisé leur chère enfant sans qu’elle s’éveillât, sortirent du château et firent publier des défenses à qui que ce soit d’en approcher. Ces défenses n’étaient pas nécessaires ; car il crût, dans un quart d’heure, tout autour du parc, une si grande quantité de grands arbres et de petits, de ronces et d’épines entrelacées les unes dans les autres, que bête ni homme n’y aurait pu passer ; en sorte qu’on ne voyait plus que le haut des tours du château, encore n’était-ce que de bien loin. On ne douta point que la fée n’eût fait là encore un tour de son métier, afin que la princesse, pendant qu’elle dormirait, n’eût rien à craindre des curieux.
Au bout de cent ans, le fils du roi qui régnait alors, et qui était d’une autre famille que la princesse endormie, étant allé à la chasse de ce côté-là, demanda ce que c’était que les tours qu’il voyait au-dessus d’un grand bois fort épais. Chacun lui répondit selon qu’il avait ouï parler : les uns disaient que c’était un vieux château où il revenait des esprits ; les autres, que tous les sorciers de la contrée y faisaient leur sabbat. La plus commune opinion était qu’un ogre y demeurait, et que là il emportait tous les enfants qu’il pouvait attraper, pour les pouvoir manger à son aise et sans qu’on le pût suivre, ayant seul le pouvoir de se faire un passage au travers du bois.
Le prince ne savait qu’en croire, lorsqu’un vieux paysan prit la parole, et lui dit :
« Mon prince, il y a plus de cinquante ans que j’ai ouï dire à mon père qu’il y avait dans ce château une princesse, la plus belle du monde ; qu’elle y devait dormir cent ans et qu’elle serait réveillée par le fils d’un roi à qui elle était réservée. »
Le jeune prince, à ce discours, se sentit tout de feu ; il crut sans balancer qu’il mettrait fin à une si belle aventure, et, poussé par l’amour et par la gloire, il résolut de voir sur-le-champ ce qui en était. À peine s’avança-t-il vers le bois, que tous ces grands arbres, ces ronces et ces épines s’écartèrent d’elles-mêmes pour le laisser passer. Il marcha vers le château, qu’il voyait au bout d’une grande avenue où il entra, et, ce qui le surprit un peu, il vit que personne de ses gens ne l’avait pu suivre, parce que les arbres s’étaient rapprochés dès qu’il avait été passé. Il ne laissa pas de continuer son chemin : un prince jeune et amoureux est toujours vaillant. Il entra dans une grande avant-cour, où tout ce qu’il vit d’abord était capable de le glacer de crainte. C’était un silence affreux ; l’image de la mort s’y présentait partout, et ce n’était que des corps étendus d’hommes et d’animaux qui paraissaient morts. Il reconnut pourtant bien au nez bourgeonné et à la face vermeille des Suisses, qu’ils n’étaient qu’endormis : et leurs tasses où il y avait encore quelques gouttes de vin, montraient assez qu’ils s’étaient endormis en buvant.
Il passe une grande cour pavée de marbre ; il monte l’escalier ; il entre dans la salle des gardes, qui étaient rangés en haie, la carabine sur l’épaule, et ronflants de leur mieux. Il traverse plusieurs chambres pleines de gentilshommes et de dames, dormant tous, les uns debout, les autres assis. Il entre dans une chambre toute dorée, et il voit sur un lit, dont les rideaux étaient ouverts de tous côtés, le plus beau spectacle qu’il eût jamais vu : une princesse qui paraissait avoir quinze ou seize ans, et dont l’éclat resplendissant avait quelque chose de lumineux et de divin. Il s’approcha en tremblant et en admirant, et se mit à genoux auprès d’elle.
Alors, comme la fin de l’enchantement était venue, la princesse s’éveilla ; et le regardant avec des yeux plus tendres qu’une première vue ne semblait le permettre : « Est-ce vous, mon prince ? lui ditelle, vous vous êtes bien fait attendre. » Le prince, charmé de ces paroles, et plus encore de la manière dont elles étaient dites, ne savait comment lui témoigner sa joie et sa reconnaissance ; il l’assura qu’il l’aimait plus que lui-même. Ses discours furent mal rangés ; ils en plurent davantage : peu d’éloquence, beaucoup d’amour. Il était plus embarrassé qu’elle, et l’on ne doit pas s’en étonner : elle avait eu le temps de songer à ce qu’elle aurait à lui dire ; car il y a apparence (l’histoire n’en dit pourtant rien) que la bonne fée, pendant un si long sommeil, lui avait procuré le plaisir des songes agréables. Enfin il y avait quatre heures qu’ils se parlaient, et ils ne s’étaient pas encore dit la moitié des choses qu’ils avaient à se dire.
Cependant tout le palais s’était réveillé avec la princesse : chacun songeait à faire sa charge, et comme ils n’étaient pas tous amoureux, ils mouraient de faim. La dame d’honneur, pressée comme les autres, s’impatienta, et dit tout haut à la princesse que la viande était servie. Le prince aida la princesse à se lever ; elle était tout habillée et fort magnifiquement ; mais il se garda bien de lui dire qu’elle était habillée comme ma mère-grand, et qu’elle avait un collet monté ; elle n’en était pas moins belle.
Ils passèrent dans un salon de miroirs, et y soupèrent, servis par les officiers de la princesse. Les violons et les hautbois jouèrent de vieilles pièces, mais excellentes, quoiqu’il y eût près de cent ans qu’on ne les jouât plus ; et après souper, sans perdre de temps, le grand aumônier les maria dans la chapelle du château, et la dame d’honneur leur tira le rideau. Ils dormirent peu : la princesse n’en avait pas grand besoin, et le prince la quitta, dès le matin, pour retourner à la ville, où son père devait être en peine de lui.
Le prince lui dit qu’en chassant il s’était perdu dans la forêt, et qu’il avait couché dans la hutte d’un charbonnier, qui lui avait fait manger du pain noir et du fromage. Le roi son père, qui était un bonhomme, le crut ; mais sa mère n’en fut pas bien persuadée, et voyant qu’il allait presque tous les jours à la chasse, et qu’il avait toujours une raison en main pour s’excuser, quand il avait couché deux ou trois nuits dehors, elle ne douta plus qu’il n’eût quelque amourette ; car il vécut avec la princesse plus de deux ans entiers, et en eut deux enfants, dont le premier, qui fut une fille, fut nommée l’Aurore, et le second un fils qu’on nomma le Jour