Les Crocs de l'Enfer - Rose Pierson - E-Book

Les Crocs de l'Enfer E-Book

Rose Pierson

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Beschreibung

Qu'advient-il de nos os, quand le brasier des enfers a tout consumé ? Que demeure quand la passion a fuit un amour au profit de la terreur sans nom ? Lorsque Caroll emmène sa fille hors du foyer toxique où elles évoluent depuis de trop nombreuses années, elles poussent la porte d'une demeure ancestrale. Leur fuite n'est que le début d'un enchaînement d'événements violents où la folie frôle l'effroi. Un conte macabre pour frissonner et se divertir.

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Seitenzahl: 81

Veröffentlichungsjahr: 2021

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Les Crocs de l’Enfer

ROSE PIERSON

Rose Pierson, France, Octobre 2021

www.roseonairs.com

Chapitre Un

Chapitre Deux

Chapitre Trois

Chapitre Quatre

Chapitre Cinq

Chapitre Six

Chapitre Sept

Chapitre Huit

Chapitre Neuf

Chapitre Dix

Chapitre Douze

Chapitre Treize

Chapitre Quatorze

Chapitre Quinze

Chapitre Seize

Chapitre Un

— Ouvre la porte ! ouvre-moi, cette putain de porte ! gueule-t-il depuis l'autre côté de la porte de la salle de bain.

Ses poings furieux s'éclatent contre le bois lourd.

— Maman ! Fais quelque chose ! hurle Nina, désespérée.

Derrière l'unique obstacle qui les maintient en vie, le tambour s'arrête et des pas s'éloignent rapidement.

— Chut… chut... ça va aller. Ne t'inquiète pas. Il va aller se coucher, bientôt.

— Non, maman ! Il va pas aller se coucher. Il est devenu cinglé.

Caroll fouille dans sa trousse de toilette et ne trouve aucune arme de défense potentielle. Le contenu gît dans le lavabo qu'elle a récuré le matin même.

— Ouvre la porte, tout de suite ! Espèce de salope, tu vas crever ! T'entend ça  ! J'vais t'crever !

— Maman ! Ouvre pas. Ouvre pas la porte. Faut pas qu'il rentre.

Le bouillonnement du sang dans ses veines de mère est intense et fiévreux. Les coups qu'il porte ne sont plus armés uniquement que de ses poings, mais d'un couteau. Elle le devine aux bruits d'entailles qui pénètrent le chêne.

— Je suis là. Je suis là, Nina.

Elle la serre contre sa poitrine et cache ses oreilles de ses mains.

— Il ne rentrera pas, il va se calmer. Il se calme toujours.

— Non, non, non, pas cette fois. Là, il veut nous tuer.

Ses larmes s'ajoutent à celles de sa fille.

— Tu finiras par sortir de là !

Il n'est plus derrière la porte, il est dans le salon. Sa voix est étouffée par la distance. Pas assez pour ne pas comprendre ses injures et sa colère.

— Il a raison, maman. On va pas rester ici pour toujours. Il fera quoi quand on sera dehors ?

— Il aura dormi. Tu verras, demain ça ira mieux.

À l'extérieur de leur geôle, tout est bruit et fureur. Il saccage les meubles, comme il aime tant le faire. Après une éternité, à s'enlacer l'une contre l'autre, Nina relève la tête.

— J'entends plus rien. Je peux dormir avec toi, cette nuit  ?

Caroll cale ses paumes sur les joues rougies par les pleurs. Elle est désemparée, toutefois une flamme s'est allumée en elle et sa décision est prise.

— Je vais sortir, mais toi, tu restes ici, d'accord ?

— Tu vas faire quoi ?

Elle est pétrifiée, Caroll écrase une larme de son pouce.

— Je vais chercher des affaires et on y va.

— On va où ?

— Ailleurs qu'ici.

Le rez-de-chaussée est dans la pénombre. Les rayons de la lune traversent les fenêtres. Il n'est pas là. À pas de souris, elle récupère son sac à main et le sac préparé, sous l'évier de la cuisine, dans l'éventualité d'une fuite.

— Maman ? l'appelle sa fille en chuchotant. Ferme la porte d'entrée et prend le trousseau.

Elle hoche la tête et constate que sa fille de treize ans a plus de jugeote qu'elle.

— On part vraiment ?

Elle referme la porte de la salle de bain à clé.

— Oui, on va passer par la fenêtre. J'y vais d'abord et tu me suis.

— On va partir à pied ? S'il prend la voiture, il va nous rattraper tout de suite.

— On prend ma voiture.

— Elle est cassée ta voiture. Papa le dit depuis des années qu'elle rouille dans le jardin.

— Elle n'est pas cassée, je ne voulais pas qu'il la vende, c'est tout.

Elles enjambent la fenêtre, le mur de brique s'effrite sous la pulpe de leurs doigts. La voiture démarre au quart de tour et Caroll se félicite de l'avoir laissé prendre la rouille à côté du portail tout en vérifiant et ajustant, chaque mois, que les pneus soient assez gonflés.

— Il y a pas de lumière en haut, tu crois qu'il dort, maman ?

— Je n'ai pas envie de vérifier.

— J'y crois pas ! On le fait vraiment ! On s'en va, pour de vrai !

— Je me sens mal, je vais ouvrir la fenêtre, referme ta veste chérie.

L'adolescente trouve le sommeil. C'est un miracle songe sa mère en poursuivant la route sur les chemins sinueux de leur campagne.

— Maman ? questionne sa fille lorsque l'aube pointe et qu'elle s'éveille. Où on va ?

— J'en ai aucune idée. Loin, très loin.

— Pour qu'il nous retrouve pas...

— Tu veux rentrer à la maison ?

Cette éventualité la fait frémir, toutefois, s'il le faut, alors elle le ferait et subirait l'enfer sur terre.

— Jamais ! Je vais regarder sur internet, mais...maman... on a de l'argent ?

— Oui, mais pas beaucoup. Comment tu veux regarder sur internet ? Tu as ton téléphone ?

— Oui, il est là.

— Je vais faire une recherche, mais après, tu ne pourras pas garder ton téléphone. C'est pas possible, tu comprends ?

— Mais ! Pourquoi ? ! Et mes copines ?

— Je suis désolée. Vraiment désolée. Il va appeler, il est presque huit heures et il va se réveiller bientôt, très bientôt même. Si on répond pas au téléphone, il ira voir tes copines. On ne peut plus reculer maintenant ou on rentre. Je discuterai avec lui et ça ira. Il ne te fera jamais de mal.

— Mais à toi, oui ! On jettera la puce, mais je peux garder le portable quand même ?

Cette situation lui semble irréelle, sortie d'un rêve qu'elle a souvent fait. Jusqu'à sa concrétisation, que va-t-il advenir d'elles ?

— Oui. Je vais regarder et trouver une maison. On va y arriver, je suis là, avec toi.

La main de sa fille se recueille sur la sienne. Elle concentre ses recherches sur des localités rurales et très éloignées.

— Tu veux vraiment aller là-bas ? Même sans voir des photos de la ville, je suis sûre que c'est un trou paumé.

Nina passe d'une photographie à l'autre, la moue dubitative et des soupirs réguliers.

— C'est pas cher et ton... il ne pensera pas à chercher dans un endroit aussi petit. Il sait que j'aime la ville et que j'ai toujours détesté là où on habit...ait.

— Appelle... mais bon, elle est pas terrible la maison. Elle fait flipper un peu, nan ?

— Elle est vieille, c'est tout. J'appelle et on jette la puce après.

Elle ouvre la portière, des oiseaux s'éveillent au son de ses pas sur le gravier. Le coup de fil dure une dizaine de minutes et la laisse pantelante.

— Alors ? questionne sa fille lorsque sa mère s'installe à nouveau dans la voiture.

Elle referme la portière et se réchauffe les mains aux souffleurs qui diffusent l'air chaud.

—On va beaucoup rouler, mais si la visite nous plaît, alors elle sera pour nous.

— Et c'est quoi l'autre proposition si ça nous plaît pas ?

— Alma est très confortable, plaisante Caroll à moitié.

— Alma ?

— C'est comme ça que j'ai appelé la voiture quand je l'ai achetée, un an avant que tu viennes au monde.

— J'ai eu chaud, alors ? s'amuse sa fille.

L'adolescente éclate de rire et ce son allège le poids qui enserre ses poumons depuis leur départ. Caroll expire et rit avec elle.

— Je suis certaine qu'elle est plus belle qu'en photo, c'est juste une maison qui a besoin d'amour... se rassure-t-elle en enclenchant sa vitesse pour rejoindre la chaussée.

Chapitre Deux

C'est au pied d'un portail en fer forgé qui eut connu ses heures de gloire au début du 19ième siècle que les accueille Clarice, l'agent immobilier. Elle tire sur les pans de son trench coat beige et élargit un sourire professionnel à leur arrivée.

— Incroyable, n'est-ce pas ? Vous êtes en plein centre-ville.

La dernière fois que la ville brillait sous ses plus beaux atours devait être, à la même époque que celle de la bâtisse. Celle-ci, cachée derrière un feuillage automnal, est annoncée par un chemin en gravier lessivé. Caroll a roulé toute la veille et une partie de la matinée. Leurs ventres affamés se rappellent à elles. Elles ont traversé de nombreuses villes et lorgné sur des restaurants dont les odeurs chatouillent encore leurs narines. Caroll a promis qu'elles s'installeraient quelque part après la visite et la signature. Nul doute que la maison, aussi vétuste soit-elle, deviendra leur foyer. Il n'y a pas d'autre option. Après la toison en feu d'un érable, la demeure s'impose à leurs yeux. Une maison bourgeoise aux volets en bois bleu clair. Peut-être étaient-ils plus sombres à l'origine. Les caprices de la météo et les années ont adouci la teinte. Les fenêtres à croisillon apportent du charme aux pierres grises et ternes qui composent les murs. Elles sont postées face à l'édifice, l'observent en écoutant Clarice décrire le parc paysager entourant les lieux.

Elle nous regarde aussi, pense Nina en fronçant les sourcils.

Elle compte deux étages en plus du rez-de-chaussée et le sous-sol dispose d'ouvertures vitrées à barreaux. Les fers forgés qui composent la rambarde de l'escalier menant au perron est sculpté finement. Des feuilles d'érable et de vigne se discernent derrière les enluminures d'initiales "E.P".

La double porte d'entrée grince sur ses gonds et l'odeur qui se trouve happée vers l'extérieur est un mélange poisseux de moisissure et de renfermé.

— La maison est saine, ne vous inquiétez pas, surgit la voix de l'agent derrière leur dos. Elle n'a pas été louée depuis quelque temps. Mais le ménage a été fait toutes les semaines.