Les Démons de Wychwood - Isobel Starling - E-Book

Les Démons de Wychwood E-Book

Isobel Starling

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Beschreibung

Londres, 1860 Felix Lazarus - D'aucuns diraient que j'étais un voyeur et que ce que je faisais était mal, voire criminel. Moi, je dirais qu'aucun homme au sang chaud n'aurait pu résister à l'envie de jeter un œil après avoir découvert les judas derrière les murs de Wychwood. À travers ces judas, j'ai vu mes désirs les plus secrets se réaliser sous mes yeux. L'un des hommes que j'espionnais était d'une beauté délicieuse, avec des yeux sombres et tourmentés et de ravissantes boucles noires. J'étais tellement fasciné qu'il hantait mes rêves. Je ne connaissais ce jeune homme séduisant que par un numéro, le 27, car aucun des homosexuels qui fréquentaient Wychwood ne donnait son nom. 27 ne savait pas que j'existais. Mais quand j'ai vu qu'il avait des problèmes avec un partenaire violent, je n'ai pas hésité une seconde à lui venir en aide. C'était dans ma nature de l'aider... même si cela pouvait me coûter mon travail... et mon cœur. Ce livre est une romance historique gay avec voyeurisme, consentement douteux, une histoire d'amour entre deux classes sociales, un méchant odieux, de la vengeance et une fin heureuse. Les Démons de Wychwood a été écrit par Isobel Starling, traduction par Camille Nova et aucune intelligence artificielle n'a été utilisée pour sa création. L'illustration de couverture est une peinture de l'artiste Emity (instagram : m.emityy/) et aucune intelligence artificielle n'a été utilisée pour sa création.

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Veröffentlichungsjahr: 2025

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Les

Demons de

Wychwood

WYCHWOOD #1

Isobel Starling

www.decentfellowspress.com

© Les Demons de Wychwood (Wychwood #1) 2025

Traduit de l’anglais par Lily Rose

ISBN: 9783819469954

Tous droits internationaux réservés. Ce livre ne peut être reproduit, en tout ou en partie, stocké dans un système de recherche ou transmis sous quelque forme que ce soit par quelque moyen que ce soit (électronique, mécanique, photocopie, enregistrement ou autrement) sans l'autorisation écrite préalable de l'auteur, sauf pour les besoins suivants: des critiques. Le critique peut citer de courts passages pour que la critique soit imprimée dans un journal, un magazine ou une revue.

Ce livre est une œuvre d'art née de l'imagination humaine. Aucune intelligence artificielle n'a été utilisée pour son écriture ni pour ses illustrations. Le vol du contenu de ce livre ou de son illustration de couverture à des fins d'apprentissage automatique (IA) est strictement interdit.

Copyright de l'édition française ©2025

Copyright de l’edition anglaise © 2024

Isobel Starling & Decent Fellows Press

Cover Artist : Emity

Email: [email protected]

CHAPITRE 1

FELIX LAZARUS

C’était une journée de février brumeuse et maussade, et une brise froide empestant l’urine soufflait le long du Regents Canal depuis les tanneries. Je descendis de l’omnibus bleu de la ligne Waterloo sur Prince Albert Road, puis je flânai jusqu’à ce que j’entende les chevaux s’éloigner. Je déboutonnai mon manteau et glissai mes doigts dans la poche de mon gilet ; j’en sortis ma montre en laiton usée et, d’un coup d’ongle, ouvris le couvercle cabossé. Le cadran indiquait qu’il était midi moins cinq. Une brume grise teintée d’orange tourbillonnait autour de moi et, sans aucun signe de ciel bleu, on n’aurait jamais cru que c’était le jour. Ce type particulier de brouillard près des tanneries était le pire. Le goût et l’odeur de l’urine animale se mêlaient à la fumée des cheminées pour former un miasme mortel. Lorsque ce genre de brouillard descendait sur la ville, les monuments familiers de Londres disparaissaient à la vue, et même les grilles en fer qui bordaient les jardins publics et que nous utilisions comme repères devenaient grasses et moites au toucher. Heureusement, je pouvais compter sur l’omnibus pour m’amener près de l’endroit où je devais me rendre. Je détestais sortir par un tel temps, mais l’appât du gain facile était mon maître ! Je me mis à marcher, voyant des silhouettes me dépasser comme des fantômes dans la brume. On ne l’aurait pas cru, mais c’était un quartier aisé de Londres. Les riches pouvaient s’offrir toutes les maisons chic qu’ils souhaitaient, mais ils ne pouvaient pas se procurer de l’air pur dans cette cité crasseuse !

Je me trouvais à la périphérie de Primrose Hill, un immense parc ouvert proche du centre, à deux pas du zoo de Londres. Autrefois, ce n’était qu’une lande sauvage, avec quelques grandes demeures. Les aristocrates aimaient prétendre qu’ils étaient à la campagne, alors qu’ils n’étaient qu’à quelques minutes en calèche de leurs tripots, de leurs maîtresses et des clubs pour gentlemen. Primrose Hill était donc en plein essor.

Je gravis la colline en passant devant un taillis boisé, puis je tombai sur un haut et imposant mur de pierre taillée qui entourait un manoir. Ce mur marquait la limite de ma destination, mais quelqu’un comme moi ne pouvait pas entrer par la porte principale ! Je longeai le mur et pris une route secondaire qui n’était rien d’autre qu’un large chemin de terre bordé de buissons envahissants. Les calèches qui s’arrêtaient devant la propriété empruntaient cette route après avoir déposé leurs maîtres, et les cochers s’occupaient de leurs chevaux dans les écuries situées derrière la maison. Je tournai à droite vers l’arrière du domaine. La lueur sinistre des lampes à gaz illuminait ma destination. Je m’arrêtai et jetai un coup d’œil à travers la brume, à gauche et à droite, en haut et en bas du chemin. Le cliquetis lointain d’un fiacre et le son métallique des fers à cheval sur les pavés résonnaient faiblement dans le brouillard. Rien ne bougeait, aucun oiseau ne chantait, et même si j’entendais mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine, aucun bruit de pas ne se rapprochait. Assuré que je n’étais pas suivi par la police ou par un voyou profitant de la brume pour se cacher, je me dirigeai vers le réverbère, m’approchai du mur de pierre grise de Portland, comptai dix briques à partir du sol, puis la cinquième brique de la rangée. Avec ma main gantée de mitaine, j’appuyai sur le côté gauche de la brique et celle-ci pivota vers la droite. À l’intérieur se trouvait un renfoncement creux dans lequel reposait une clé métallique brillante, accompagnée d’une petite enveloppe carrée en ivoire adressée à votre serviteur, M. Felix Lazarus. Je souris intérieurement en prenant la clé et l’enveloppe dans ma main, car je savais ce qu’elle contenait : un pas de plus vers ma liberté. Je remis la brique en place, puis fis quelques foulées vers ma gauche, où je déverrouillai les hautes portes arrière en fer forgé. Laissant le double portail grand ouvert, je traversai les jardins hivernaux d’une luxueuse demeure appelée Wychwood. Ce manoir de style Régence se dressait autrefois seul sur ce terrain, entouré de bois et de landes, mais l’emprise bruyante de Londres se rapprochait et cette grande résidence serait bientôt envahie par les détritus de la ville.

À l’aide de la clé, je pénétrai dans la maison par la cuisine. Je m’avançai sur le porche arrière et fus ravi de constater que la femme de chambre avait pensé à allumer le feu, car je fus accueilli par une vague de chaleur réconfortante. Je refermai la porte, essuyai mes pieds sur le paillasson, ôtai rapidement mon manteau, mon bonnet, mes gants et mon écharpe, et les suspendis aux crochets fixés au mur du porche. Je sortis le mouchoir carré qu’Elowen avait cousu pour moi et me mouchai, comme d’habitude, pour me débarrasser des restes du brouillard orange, puis je le remis dans mon pantalon. Je récupérai l’enveloppe dans la poche de mon manteau et avançai dans la grande cuisine. Cette pièce du manoir sentait légèrement le vinaigre et le citron vert, mais elle était agréable et propre. Les murs étaient blanchis à la chaux et le sol était en dalles de pierre grise. Je m’assis lourdement sur une chaise à la table en chêne cirée et laissai mes os fatigués se reposer un instant. Puis j’ouvris l’enveloppe. À l’intérieur, il y avait une lettre et deux billets de cinq livres impeccablement immaculés, dont l’un m’appartenait désormais, merci beaucoup. Ce paiement unique équivalait à plus de deux mois de salaire de mon emploi régulier de commis au tri à la poste centrale de Saint-Paul. La lettre était écrite à l’encre violette, dans un style griffonné qui m’était devenu familier au cours des douze derniers mois. Je souris en lisant les instructions pour la fête de ce soir. Grâce à ces informations codées, je pouvais imaginer la débauche qui allait se dérouler ici ! Je pliai la feuille et la rangeai dans la poche de mon pantalon avec l’argent sale. Je me levai et me dirigeai vers la porte de l’escalier en colimaçon qui menait au rez-de-chaussée de Wychwood. Beaucoup de grandes demeures avaient des escaliers en colimaçon partant de la cuisine. Ils étaient conçus ainsi pour donner aux domestiques un moment, afin qu’ils puissent s’arrêter et écouter, au cas où leur maître serait dans la maison. Certains propriétaires étaient très stricts, voyez-vous, et bien qu’ils souhaitent être servis, ils ne voulaient pas apercevoir ceux qui le faisaient.

Ma vieille mère m’avait beaucoup appris sur le service dans une grande maison. Elle affirmait que moins on remarquait un domestique, mieux c’était, et cette information m’avait été très utile. Mon Dieu ! Ma mère me manquait terriblement. Elle disait que j’étais bâti comme un saule. C’était avant que je fasse une poussée de croissance et que je prenne un peu de muscle. Désormais, j’avais un physique assez masculin. Je mesurais 1,80 m, j’avais les cheveux blonds et, pour être honnête, j’aurais besoin d’une coupe. Et même si je n’étais pas aussi élégant qu’un dandy, je dirais que j’étais un beau garçon – je recevais beaucoup de regards et de clins d’œil, si vous voyez ce que je veux dire !

Je montai l’escalier, à pas de chat, sans bruit. C’était quelque chose que j’avais appris à faire depuis mon plus jeune âge : me déplacer silencieusement et ne pas attirer l’attention. Mon vieux en avait fait un jeu.

« Marche comme si tu marchais sur le dos d’un chien géant en colère », disait Ferron Lazarus, avec son accent du Devon, alors qu’il m’apprenait à toujours être vigilant et à me mouvoir avec légèreté quand je volais. Il savait à quel point j’avais peur des chiens, j’avançais donc prudemment pour ne pas réveiller ce fichu chien imaginaire. J’avais souvent pensé que ce n’était qu’un jeu, je ne savais pas alors que mon père m’entraînait à devenir un voleur à la tire !

« Des petites mains, des pieds légers, un regard innocent. Qui croirait que le petit Felix Lazarus, semblable à un ange, puisse dérober un lord ? » avait fièrement plaisanté Papa après que j’eus soulagé un noble de sa lourde bourse à l’âge de sept ans. Je me souvenais encore aujourd’hui de ce sentiment, de la satisfaction que j’avais éprouvée en rendant mon père fier. Il m’avait bien formé, et je volais pour lui parce que je voulais retrouver ce sentiment, je souhaitais lui faire plaisir. Mais en grandissant et en mûrissant, j’avais compris que ce que Ferron Lazarus m’enseignait comme des divertissements était en fait des crimes qui pouvaient me mener en prison. Il disait que nous volions pour nourrir la famille, mais ensuite il buvait et jouait tout l’argent. Papa était un bon à rien, sans aucun doute. Il me mettait tellement en colère et me décevait à chaque instant. Je ne voulais plus voler pour lui. Je m’étais enfui tant de fois pour échapper à son emprise, mais il me retrouvait toujours et me battait. À seize ans, j’avais été soulagé qu’il soit à la prison de Dartmoor et que ma mère travaille dans les cuisines d’une grande maison, avec ma sœur Elowen, employée comme aide-cuisinière. Je ne voulais pas finir de la même manière que mon père, alors je m’étais sauvé à Londres et avais rejoint l’armée de la Compagnie des Indes orientales. J’avais quitté mes problèmes en espérant vivre une grande aventure.

Quand j’étais revenu en Angleterre, après l’enfer des combats, j’étais un homme différent. J’avais cherché ma famille et découvert que ma mère était morte de la tuberculose et qu’Elowen était enceinte et abandonnée. J’avais donc fait ce que tout frère décent aurait fait. J’étais intervenu et devenu le sauveur de la vertu de ma sœur.

M’éloignant de mes souvenirs, je me tins au milieu du grand hall d’entrée de Wychwood. Les mains sur les hanches, j’écoutai attentivement le moindre bruit. Les seuls sons étaient le tic-tac d’une série d’horloges ornées qui étaient exposées dans toutes les pièces de cette luxueuse maison inhabitée.

— Bonjour ? appelai-je. S’il y a quelqu’un, montrez-vous. Vous ne serez pas puni.

Seul le silence me répondit, sans aucun bruit de pas de souris qui courait ou de plancher qui craquait à l’étage. J’en fus satisfait. Les femmes de chambre ne nous avaient jamais rencontrés, ni moi ni notre trésorier. Chaque employé avait un temps imparti pour accomplir ses tâches et était grassement payé pour le faire et partir sans poser de questions. Je ne connaissais pas l’identité de mon employeur ni celle des domestiques qui balayaient, polissaient et remettaient Wychwood en état après la débauche de la soirée précédente.

Les femmes de chambre avaient terminé leurs ouvrages et s’étaient éclipsées, conformément à leurs ordres. C’était maintenant à mon tour de suivre les miens. Je me retournai et partis, le cliquetis de mes bottes résonnant sur le carrelage en damier poli du hall d’entrée. Comme je le faisais chaque mois depuis que j’avais obtenu mon travail secret ici, je vérifiai méthodiquement que la salle de musique, la salle de billard, la bibliothèque, le salon, le salon des gentlemen et la salle à manger avaient été balayés et dépoussiérés. Puis j’allumai les feux qui avaient été préparés par les femmes de chambre désormais absentes. Les âtres devaient brûler pendant plusieurs heures pour chasser le froid glacial des pièces, je passerais donc tout l’après-midi à faire des allers-retours pour les alimenter en charbon.

Je me vantais d’être méticuleux, grâce à mes normes exemplaires acquises dans l’armée. La reconnaissance de mes talents de voleur à l’étalage, de mon souci du détail et de mes préférences avait en quelque sorte attiré l’attention de mon employeur fortuné et inconnu, qui pensait que j’étais la personne idéale pour organiser ces soirées réservées aux gentlemen.

Pour être honnête, je ne savais même pas qu’il existait une telle chose que mes préférences avant de me retrouver coincé sur un navire avec des centaines de soldats en sueur, en route pour réprimer une rébellion en Inde. Vous voyez, la guerre changeait un homme, tout comme la prise de conscience qu’il pourrait mourir d’un coup de sabre ou d’un éclair de poudre. J’avais compris que nous, les soldats, devions profiter de la vie tant que nous le pouvions, et croyez-moi, c’était ce que nous avions fait à bord de ce navire ! Les récits héroïques de combattants et de marins dans les livres d’Histoire faisaient peut-être rêver, mais la réalité était tout autre. Durant les longues traversées en mer, les hommes commettaient des actes qu’aucune personne sensée n’aurait avoués à son retour en Angleterre. Comme par exemple une partie de jambes en l’air entre frères dans un coin sombre, pour passer le temps, ou encore une nuit d’ivresse avec un gamin, pour assouvir ses pulsions sexuelles et trouver le sommeil. J’avais bien appris, lors de ces voyages en mer, ce qui me plaisait, et que, revenu en Angleterre, ma préférence particulière me mènerait droit à la potence si je me faisais prendre. J’avais donc décidé de ne pas me faire prendre !

De retour dans le grand hall carrelé, je regardai ma montre de poche qui indiquait 12 h 29, et comme par magie, j’entendis frapper bruyamment à la porte de la cuisine. Je souris, envahi par une vague d’excitation en constatant que les choses se déroulaient exactement comme mon employeur l’avait prévu. Je me dirigeai vers la cuisine et ouvris la porte arrière. Dehors se tenait un homme âgé, une barbe grise hirsute parsemée de quelques poils roux réchauffait ses joues et ses longs cheveux argentés étaient attachés en queue de cheval. Il portait une casquette noire sur la tête et un tablier en cuir brun usé par les intempéries par-dessus ses couches de chemise, gilet en laine, veste et manteau. Il frotta ses mains gantées de mitaines.

— Bonjour, Felix, me salua-t-il en hochant la tête.

— Bonjour, Jim, répondis-je.

Cette salutation était la seule chose que nous nous accordions. Je ne connaissais rien de Jim et il ne connaissait rien de moi. Tout était comme notre employeur l’avait prévu. On nous avait annoncé que si nous ne savions rien, nous ne pouvions rien révéler. Avec le salaire proposé et la nature des fêtes, tous ceux qui participaient à cette petite entreprise savaient de quel côté leur pain était beurré et se taisaient.

Derrière Jim, il y avait un chariot chargé de paniers et de boîtes. Nous nous saluâmes d’un signe de tête, dans une compréhension mutuelle, puis nous déchargeâmes le chariot en silence, plaçant les articles sur la table de la cuisine. Une fois la tâche terminée, je sortis le deuxième billet de cinq livres de ma poche et le tendis à Jim. Comme toujours, il le déplia, le tint par les bords et l’approcha de la lampe à gaz pour vérifier que l’impression et les signatures étaient correctes. Satisfait que je ne lui eusse pas refilé un faux, Jim plia le billet, le glissa dans la poche intérieure de sa veste, retira sa casquette et partit avec son chariot vide, fermant et verrouillant le portail du jardin derrière lui.

La livraison terminée et la porte de la cuisine fermée à clé, il fut temps pour moi de commencer mon travail. Les paniers contenaient du pain frais, des fromages et des fruits exotiques provenant de climats plus chauds, que nous ne voyions généralement jamais en Angleterre, et certainement pas pendant l’hiver. Les boîtes contenaient des fleurs de serre, des pâtisseries françaises, des confiseries et d’autres délices épicuriens tout droit venus du continent. Au cours des heures qui suivirent, je me préparai pour la soirée.

Je travaillai dans la cuisine, où je créai des compositions florales, comme ma mère m’avait enseigné à le faire. On pourrait dire que j’avais été élevé dans l’entreprise familiale, car tandis que mon père m’inculquait les techniques du vol à la tire, ma mère m’apprenait les compétences nécessaires pour prospérer dans les coulisses, afin que je puisse m’introduire dans les maisons riches et les cambrioler pour mon père. Mes jours de voleur étaient depuis longtemps révolus, mais j’excellais dans la préparation de festins !

Je disposai des plateaux en argent, sur lesquels j’arrangeai des friandises et des gourmandises, des fruits coupés en tranches, du pain, du fromage, des pâtisseries et de la charcuterie. Satisfait de mes présentations, je transportai chaque plateau et chaque vase à l’étage, dans la grande salle à manger, et les plaçai sur la longue table en acajou. Ensuite, je rassemblai des bouteilles de vin et d’alcool dans la cave bien garnie, et je remplis le bar, en mettant de côté une bouteille de cognac pour moi, bien entendu.

Une fois la nourriture, les fleurs et les boissons disposées, je pris l’escalier pour monter à l’étage supérieur et m’occuper des chambres. J’accomplis cette tâche comme j’avais effectué toutes les autres, de manière rigoureuse, en silence, et même si certaines instructions étaient un peu étranges, je les suivis sans remettre en question les souhaits de mon employeur ou de son invité.

Il y avait quinze chambres à Wychwood et chaque grand lit luxueux avait été défait et refait avec des draps propres, avant même que je ne mette les pieds dans la demeure. Le Club 55 était une affaire secrète et anonyme pour des gentlemen aux goûts particuliers et illégaux, il y avait donc des règles strictes pour en devenir membre. Aucun nom n’était jamais divulgué, à la place, chaque participant recevait un jeton en or numéroté pour l’identifier comme l’un des cinquante-cinq. J’étais de nature curieuse et convaincu que certains membres devaient se côtoyer en dehors de cette demeure, tant les cercles dans lesquels ces hommes évoluaient étaient restreints. Les maisons closes de Londres étaient bien connues de ces hommes. Mais ces établissements étaient beaucoup trop populaires et faisaient régulièrement l’objet de descentes de police. Mon employeur offrait un lieu sûr et exclusif où les adhérents pouvaient profiter de leurs plaisirs et de la protection mutuelle d’individus partageant les mêmes penchants.

J’appréciais le caractère secret de cet arrangement, mais malheureusement, je n’étais pas autorisé à y participer activement. Je pense que les rendez-vous galants avaient lieu partout dans le manoir, mais ceux qui nécessitaient une chambre et des accessoires étaient organisés à l’avance. Je ne savais pas exactement comment la communication se déroulait entre les membres du club et mon employeur. Parfois, il y avait une fête par mois, d’autres fois, en particulier pendant la saison londonienne, elles étaient plus fréquentes. J’étais informé de la date de la prochaine soirée par une lettre, directement déposée dans mon casier au travail. Je me réjouissais chaque fois que je voyais l’écriture élégante à l’encre violette sur cette enveloppe en lin ivoire, car je savais que, tout comme lorsque je gagnais aux courses, j’allais toucher le jackpot !

Pour garantir la confidentialité et la protection mutuelle, les participants n’invitaient personne en dehors des cinquante-cinq. Si un adhérent essayait de faire entrer en cachette un ami ou un amant, l’employeur le découvrait et le membre était rayé de la liste. Le retrait ou la mort étaient les seules façons pour un nouveau membre d’être invité à une fête, et, ne me demandez pas comment je le savais, mais comme certains de ces messieurs étaient âgés, je dirais que cette dernière hypothèse était fort probable !

Je sortis de la poche de ma veste la lettre d’instructions du jour, ainsi qu’un morceau de craie blanche. Je parcourus les couloirs à grands pas et marquai chaque porte en bois sombre du numéro du membre correspondant, puis je revins inspecter les chambres une par une pour m’assurer qu’elles étaient préparées conformément aux exigences. Je vérifiai que le linge de maison était propre et que le lavabo était approvisionné en serviettes, en eau, en savon et en onguents lubrifiants. J’allumai les feux qui étaient préparés dans chaque âtre. Je m’assurai qu’un plateau en argent avec une bouteille de claret ou de brandy et des verres était placé sur le buffet de chaque pièce. Ma dernière tâche consistait à m’assurer que tous les accessoires particuliers réclamés par les membres étaient bien à disposition. Je souris en lisant que la chambre numéro 1 avait demandé des menottes, une chaîne et un fouet en crin de cheval. Les messieurs de la chambre 4 avaient requis des bas pour femmes, des culottes en soie et un corset en baleine. Les occupants de la chambre 15 avaient demandé des bougies rouges et un rasoir à lame. Je desserrai mon col et déglutis en lisant cette demande. Je n’arrivais pas à imaginer comment ces objets pouvaient être le moins du monde érotiques, mais de telles réclamations n’étaient pas inhabituelles ici.

****

CHAPITRE 2

UN TANTINET CURIEUX…

Alors que les cloches des églises de Londres sonnaient dix-neuf heures, je retournai à l’étage inférieur du manoir. Je disposai des cartes et des jeux de société dans la salle de jeux, puis me rendis à la bibliothèque, à la salle de musique, à la salle à manger et au salon, où je rajoutai du charbon dans chaque cheminée, allumai des bougies, des lampes à gaz et des brûleurs d’encens. Ces derniers diffusaient dans l’air des parfums capiteux de patchouli. On disait que ce parfum possédait des propriétés aphrodisiaques et qu’il améliorait l’humeur et soulageait la tension ou l’anxiété, mais personnellement, je n’aimais pas cette odeur écœurante. Je préférais la bonne sueur masculine, le tabac et l’alcool fort.

À dix-neuf heures trente, on frappa à la porte d’entrée, le lourd heurtoir en forme de tête de lion résonnant dans la vaste maison inhabitée. Je me dirigeai vers la porte et frappai deux fois. La personne à l’extérieur frappa trois fois, puis une fois en réponse. Je déverrouillai la porte et l’ouvris. Un souffle d’air glacial s’engouffra dans le hall d’entrée. La longue allée menant à la route était enveloppée de brouillard, et les lampadaires à son extrémité scintillaient comme des balises dans la brume. Une calèche s’éloignait dans l’allée, le bruit des sabots résonnant. Je souris en voyant mes trois familiers. Nous avions répété cette danse tant de fois que même si je ne connaissais que leurs noms, je me sentais à l’aise en leur présence. Nous étions partenaires dans cette activité illicite, alors je m’écartai, m’inclinai et les invitai à entrer.

— Fichtre, c’est une puanteur dehors ce soir, Felix, s’exclama M. Hugo avec son accent allemand, en entrant dans la maison et en frottant ses mains gantées de cuir.

C’était un homme de petite taille, au visage rond, vêtu d’un lourd manteau en moleskine et d’un chapeau melon qui, une fois ôté, révélait une tête trop gominée qui donnait l’impression que ses cheveux noirs restants avaient été peints sur son cuir chevelu. Quand il s’écarta rapidement pour retirer son manteau, je vis qu’il portait une veste en velours vert et une cravate, avec un élégant pantalon noir. Il était accompagné d’un jeune homme androgyne qui se faisait appeler Miss Georgette.

— Mes couilles se sont rétractées de peur du froid ! ricana Miss Georgette d’un air lubrique. Je vais devoir chanter des chansons grivoises pour faire repartir la circulation sanguine !

— Vous chantez toujours des chansons grivoises, c’est pour ça qu’on vous invite chaque fois ! lui remémorai-je, ce qui nous fit tous rire.

Le visage de Miss Georgette était maquillé de poudre blanche, ses joues étaient fardées et ses lèvres d’un rouge carmin profond, comme celles d’une poupée. Pour compléter son look, elle portait une perruque blonde aux boucles féminines et un parfum capiteux. En retirant sa cape, Miss Georgette révéla une robe en soie rouge et dentelle avec un décolleté plongeant dévoilant une poitrine plate et poudrée.

— Très séduisante, Miss Georgette. Vous allez certainement faire sensation ce soir !

Je lui souris et elle fit une révérence.

Le troisième homme me salua solennellement en ôtant son chapeau melon et son manteau. Il s’appelait M. Joshua. Il avait une barbe brun foncé et portait des lunettes rondes en laiton. Sous son épais manteau de laine, il avait enfilé un costume élégant et soigné de domestique. Je n’avais pas encore réussi à identifier la livrée de la maison à laquelle il appartenait, mais il dégageait une aura d’autorité, comme s’il était du genre à établir les règles et à veiller à ce qu’elles soient respectées. J’avais le vague sentiment que cet homme travaillait chez notre employeur et fréquentait le Club 55 non seulement pour jouer le rôle de majordome, mais aussi pour s’assurer que les souhaits de son maître seraient exécutés à la lettre !

Le manteau de M. Hugo et la cape de Miss Georgette furent remis à M. Joshua, qui les emporta au vestiaire.

— C’est l’heure. À vos places, les enfants ! ordonna M. Joshua en revenant dans le hall, sa montre à gousset ouverte à la main.

M. Hugo et Miss Georgette se dirigèrent vers la salle à manger, et Georgette prit une tranche d’ananas sur un présentoir.

— Hé, ce n’est pas pour vous, mademoiselle ! la réprimandai-je.

Elle gloussa d’un air coquet.

— Ce n’est pas comme si ça allait manquer aux riches, ils ont plein d’autres choses à manger, répliqua-t-elle en relevant sa robe, dévoilant la culotte française rose à froufrous qu’elle portait sur ses fesses fermes et pâles de jeune garçon.

Georgette était une allumeuse, et apparemment la préférée de nombreux hommes riches qui fréquentaient le club, mais je ne savais pas si elle était plus qu’un simple oiseau chanteur pour eux.

M. Hugo ouvrit les doubles portes de la salle à manger qui menaient à celle de musique. Il prit place au piano à queue et Mlle Georgette s’installa confortablement sur un tabouret haut à côté. Bientôt, une mélodie accompagnée d’une voix de contre-ténor s’éleva, chassant le silence de Wychwood. La voix de Miss Georgette me donnait des frissons jusqu’au plus profond de mon être et m’arrêtait toujours dans mon élan par sa beauté, mais comme les artistes étaient à leur place, mon travail était terminé pour la soirée. M. Joshua prit place près de la porte d’entrée pour attendre le premier invité. Je devais sortir de la maison par le même chemin par lequel j’étais arrivé, c’est-à-dire par la porte du porche de la cuisine. Ce soir-là, ma curiosité prit le dessus et ce n’était pas la première fois. Je n’étais pas tout à fait prêt à quitter Wychwood.

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Pour tous les gens dans la rue, je n’étais qu’une abeille ouvrière parmi d’autres, s’efforçant de nourrir sa famille, agissant de manière honnête et correcte, et ne faisant pas ce que je désirais. Tel était le sort de tout homme ordinaire. Tout ce que je désirais était de toute façon hors de ma portée, non seulement à cause de mon statut social modeste, mais aussi parce que mes désirs étaient passibles de la peine de mort. Je vivais avec ma petite sœur Elowen et sa fille Bess. Personne à Stepney ne savait que nous étions frère et sœur. Cet arrangement nous convenait à tous les deux, garantissant qu’Elowen et Bess aient l’air de faire partie d’une famille traditionnelle et que je ne sois pas homosexuel. Comment aurais-je pu l’être, alors que j’avais une femme et un enfant ? Mon emploi à la Poste générale me permettait de mener une vie respectable et honnête et offrait un toit à ma famille et de quoi nous nourrir. L’argent supplémentaire que je gagnais grâce à mon mystérieux travail parallèle était mon secret, et je mettais de côté les billets de cinq livres pour financer mon avenir. Elowen était belle comme une pêche et continuait à recevoir des avances de la part des hommes, même avec une alliance au doigt. Si elle tombait amoureuse d’un gentleman, je serais plus qu’heureux d’accueillir un homme bien dans notre famille pour prendre soin d’Elowen et de Bess. Mais si cela ne se produisait pas, Elowen avait promis que lorsque Bess serait plus âgée, elles pourraient trouver du travail ensemble dans une grande maison, afin que je sois libéré de ma responsabilité. Je pourrais alors vivre ma vie comme je l’entendais, grâce à mon pécule bien garni. Je serais libre de voyager et de réaliser mon rêve de découvrir les Amériques.

Wychwood avait cent ans, voire plus, et d’après ce que j’avais glané en fouillant dans la bibliothèque, elle avait autrefois appartenu à un magnat du transport maritime. C’est dans la bibliothèque que j’avais découvert que la maison avait un secret. L’éducation de mon père m’avait une fois de plus été utile lorsque ma curiosité m’avait conduit au livre des plans de l’architecte. Je savais lire les dessins, voyez-vous, et c’est en parcourant les plans de Wychwood que j’avais trouvé quelque chose qui méritait d’être examiné : la disposition des pièces à l’étage était étrange, et il y avait des passages qui menaient d’un placard à linge à l’étage à l’arrière des murs de chaque chambre. Cela signifiait que les occupants des chambres pouvaient se déplacer d’une pièce à l’autre sans être vus… et être observés en secret. Au départ, je m’étais demandé si les judas que j’avais trouvés étaient connus de mon employeur et utilisés pendant les fêtes du Club 55, mais en inspectant les passages, j’avais constaté qu’ils étaient couverts de toiles d’araignée et inutilisés depuis des générations. Jusqu’à ce moment-là, j’avais accompli mes tâches à la lettre, empoché l’argent et m’étais efforcé de ne plus penser aux activités obscènes qui se déroulaient lorsque je quittais Wychwood. Mais au fil des mois, ma curiosité avait grandi. Je savais très bien que je préférais les queues aux chattes, mais je ne savais pas comment les hommes aimaient, s’ils pouvaient s’aimer ou si ce qui se passait ici, dans cette maison, était comme se gratter une démangeaison ou un déferlement du « péché démoniaque », dont le clergé ne cessait de nous rebattre les oreilles ! J’étais donc devenu expert dans l’art de me cacher derrière les murs et j’avais reçu une véritable éducation en observant les activités érotiques.

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Je dis au revoir à M. Joshua, fis un signe de la main à M. Hugo et Miss Georgette, puis retournai dans la cuisine. Là, j’enfilai mon lourd manteau et mis ma casquette, mon écharpe et mes gants dans mes poches. J’ouvris puis fermai la porte arrière sans sortir. Je récupérai ensuite une petite boîte de friandises et une bouteille de cognac que j’avais mises de côté pour moi, puis je gravis silencieusement l’escalier de service jusqu’au premier étage. Lorsque j’ouvris la porte, j’entendis le bruit sourd du heurtoir, puis le murmure grave des voix pompeuses.

— Bienvenue, messieurs, bienvenue. Laissez-moi prendre vos chapeaux et vos manteaux, résonna la voix de M. Joshua, tandis que je me précipitai vers le placard à linge.

Une fois dedans, j’allumai la lanterne que j’avais posée là auparavant, enlevai mon manteau et m’assis sur une malle de transport. Elle était couverte d’étiquettes provenant de nombreuses destinations étrangères que je rêvais de visiter. J’étais déterminé à posséder un jour un coffre comme celui-ci, qui témoignerait de tous les endroits merveilleux que j’avais vus. Je me détendis et écoutai Miss Georgette, l’oiseau chanteur lointain, interpréter une chanson de music-hall aux paroles obscènes. Les odeurs de savon à la lavande et de vinaigre étaient fortes dans le petit placard à linge sans fenêtre. Je fredonnai en m’installant, le dos appuyé contre une étagère remplie de draps pliés et de literie de rechange. J’allais devoir attendre un moment avant que ces messieurs aient terminé leurs activités sociales – jouer, manger et boire –, puis se retirent dans leurs chambres pour faire ce qui était naturel pour les hommes de notre préférence.

À vingt et une heures, des éclats de rire graves résonnèrent, puis le bruit de pas lourds montant le large escalier me fit sortir de ma torpeur, me redresser et prêter attention. Bientôt, mon attente serait terminée et il y aurait quelque chose qui vaudrait la peine d’être regardé. Ce divertissement était le bienvenu, car j’avais mangé ma boîte de bonbons et bu un peu de cognac pour me réchauffer. J’espérais qu’une personne en particulier assisterait à la fête ce soir-là. Bien sûr, je ne connaissais pas le vrai nom de cet homme, je l’identifiais uniquement par son numéro, le 27. Il était mystérieux et il y avait quelque chose dans son caractère sombre qui m’attirait. M. 27 était grand, bien bâti, avec des traits qui me rappelaient un tableau à l’huile que j’avais vu représentant le beau Lord Byron, avec ses yeux orageux et ses cheveux noirs ondulés tombant en boucles. Les fesses nues de 27, que j’avais vues une ou deux fois, étaient pâles, musclées, bien galbées et imberbes. J’avais réalisé que j’appréciais l’apparence d’un derrière dépourvu de poils chez un homme, une préférence que je n’avais jamais envisagée auparavant. En effet, mes expériences passées s’étaient toutes déroulées dans l’obscurité ou dans une ruelle, dans l’empressement, le pantalon baissé, le sexe à l’air, lui sans visage et collé au mur, tandis que je me hâtais de le satisfaire à la manière d’Oxford, toujours méfiant, au cas où quelqu’un viendrait nous déranger.

À plusieurs reprises, j’avais noté que M. 27 occupait la chambre qui lui était attribuée bien avant l’arrivée de son partenaire brutal. Vous comprenez, M. 27 entretenait une relation assez tumultueuse avec M. 45, un homme plus âgé, corpulent, à l’allure imposante et au caractère inébranlable, qui semblait prendre plaisir à pousser son jeune compagnon jusqu’aux limites de son endurance. Leurs luttes incessantes étaient fascinantes à voir, un peu comme un combat où le perdant se faisait sodomiser. Le pauvre M. 27 était toujours du côté des perdants !

Au début, quand je regardais ces hommes, je craignais que M. 27 ne soit contraint à la sodomie contre son gré. Je n’acceptais pas le viol d’une femme, tout comme je n’acceptais pas celui d’un homme. Mais comme les rapports se poursuivaient et que j’avais entendu dire que M. 27 y consentait, voire le suppliait, j’avais compris que les ébats de ce couple étaient simplement brutaux et dénués de sentiments, parce que c’était ce qu’ils voulaient.

Je ne savais pas si les hommes devaient être intimes entre eux lorsqu’ils pratiquaient des activités anales. Mais en observant Wychwood, j’avais constaté qu’il existait de l’intimité et du plaisir. J’étais donc perplexe devant l’absence de tendresse dans les actes entre M. 27 et M. 45. J’avais également découvert que les hommes se disaient des choses étranges pendant l’acte. 45 disait toujours à son partenaire qu’il « le faisait pour son bien, pour nourrir le démon ». Je n’avais aucune idée de ce dont il parlait. Observer les activités des autres participants qui fréquentaient Wychwood m’avait encore plus troublé, car ils se témoignaient de la tendresse et s’aimaient de la même manière que j’avais vu des hommes et des femmes s’aimer. La relation entre M. 27 et M. 45 était un mystère que j’étais curieux de percer.

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CHAPITRE 3

LE PASSAGE

---ENDE DER LESEPROBE---