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François-Marie Arouet, dit Voltaire, né le 21 novembre 1694 à Paris, ville où il est mort le 30 mai 1778 (à 83 ans), est un écrivain et philosophe français qui a marqué le xviiie siècle.Représentant le plus connu de la philosophie des Lumières, anglomane, il est à son époque le chef de file du parti philosophique, et sera avant la Révolution française et pendant le début du xixe siècle le philosophe préféré de la bourgeoisie libérale.
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Veröffentlichungsjahr: 2017
Voltaire
Les lettres d’Amabed
À Bénarès, le second du mois de la souris, l’an du renouvellement du monde 115652.
Lumière de mon âme, père de mes pensées, toi qui conduis les hommes dans les voies de l’Éternel, à toi, savant Shastasid, respect et tendresse.
Je me suis déjà rendu la langue chinoise si familière, suivant tes sages conseils, que je lis avec fruit leurs cinq Kings, qui me semblent égaler en antiquité notre Shasta, dont tu es l’interprète, les sentences du premier Zoroastre, et les livres de l’Égyptien Thaut.
Il paraît à mon âme, qui s’ouvre toujours devant toi, que ces écrits et ces cultes n’ont rien pris les uns des autres : car nous sommes les seuls à qui Brama, confident de l’Éternel, ait enseigné la rébellion des créatures célestes, le pardon que l’Éternel leur accorde, et la formation de l’homme ; les autres peuples n’ont rien dit, ce me semble, de ces choses sublimes.
Je crois surtout que nous ne tenons rien, ni nous, ni les Chinois, des Égyptiens. Ils n’ont pu former une société policée et savante que longtemps après nous, puisqu’il leur a fallu dompter leur Nil avant de pouvoir cultiver les campagnes et bâtir leurs villes.
Notre Shasta divin n’a, je l’avoue, que quatre mille cinq cent cinquante-deux ans d’antiquité ; mais il est prouvé par nos monuments que cette doctrine avait été enseignée de père en fils plus de cent siècles avant la publication de ce sacré livre. J’attends sur cela les instructions de ta paternité.
Depuis la prise de Goa par les Portugais, il est venu quelques docteurs d’Europe à Bénarès. Il y en a un à qui j’enseigne la langue indienne ; il m’apprend en récompense un jargon qui a cours dans l’Europe, et qu’on nomme l’italien. C’est une plaisante langue. Presque tous les mots se terminent en a, en e, en i, en o ; je l’apprends facilement, et j’aurai bientôt le plaisir de lire les livres européens.
Ce docteur s’appelle le père Fa tutto ; il paraît poli et insinuant : je l’ai présenté à Charme des yeux, la belle Adaté, que mes parents et les siens me destinent pour épouse ; elle apprend l’italien avec moi. Nous avons conjugué ensemble le verbe j’aime dès le premier jour. Il nous a fallu deux jours pour tous les autres verbes. Après elle, tu es le mortel le plus près de mon cœur. Je prie Birmah et Brama de conserver tes jours jusqu’à l’âge de cent trente ans, passé lequel la vie n’est plus qu’un fardeau.
J’ai reçu ta lettre, esprit enfant de mon esprit. Puisse Drugha2a, montée sur son dragon, étendre toujours sur toi ses dix bras vainqueurs des vices !
Il est vrai (et nous n’en devons tirer aucune vanité) que nous sommes le peuple de la terre le plus anciennement policé. Les Chinois eux-mêmes n’en disconviennent pas. Les Égyptiens sont un peuple tout nouveau qui fut lui-même enseigné par les Chaldéens. Ne nous glorifions pas d’être les plus anciens, et songeons à être toujours les plus justes.
Tu sauras, mon cher Amabed, que depuis très peu de temps une faible image de notre révélation sur la chute des êtres célestes et le renouvellement du monde a pénétré jusqu’aux Occidentaux. Je trouve, dans une traduction arabe d’un livre syriaque, qui n’est composé que depuis environ quatorze cents ans, ces propres paroles : L’Éternel tient liées de chaînes éternelles, jusqu’au grand jour du jugement, les puissances célestes qui ont souillé leur dignité première3b. » L’auteur cite en preuve un livre composé par un de leurs premiers hommes, nommé Énoch. Tu vois par là que les nations barbares n’ont jamais été éclairées que par un rayon faible et trompeur qui s’est égaré vers eux du sein de notre lumière.
Mon cher fils, je crains mortellement l’irruption des barbares d’Europe dans nos heureux climats. Je sais trop quel est cet Albuquerque qui est venu des bords de l’Occident dans ce pays cher à l’astre du jour. C’est un des plus illustres brigands qui aient désolé la terre. Il s’est emparé de Goa contre la foi publique ; il a noyé dans leur sang des hommes justes et paisibles. Ces Occidentaux habitent un pays pauvre qui ne leur produit que très peu de soie, point de coton, point de sucre, nulle épicerie. La terre même dont nous fabriquons la porcelaine leur manque. Dieu leur a refusé le cocotier, qui ombrage, loge, vêtit, nourrit, abreuve les enfants de Brama. Ils ne connaissent qu’une liqueur qui leur fait perdre la raison. Leur vraie divinité est l’or ; ils vont chercher ce dieu à une autre extrémité du monde.
Je veux croire que ton docteur est un homme de bien ; mais l’Éternel nous permet de nous défier de ces étrangers. S’ils sont moutons à Bénarès, on dit qu’ils sont tigres dans les contrées où les Européens se sont établis.
Puissent ni la belle Adaté ni toi n’avoir jamais à se plaindre du père Fa tutto ! Mais un secret pressentiment m’alarme. Adieu. Que bientôt Adaté, unie à toi par un saint mariage, puisse goûter dans tes bras les joies célestes !
Cette lettre te parviendra par un banian, qui ne partira qu’à la pleine lune de l’éléphant.
Père de mes pensées, j’ai eu le temps d’apprendre ce jargon d’Europe avant que ton marchand banian ait pu arriver sur le rivage du Gange. Le père Fa tutto me témoigne toujours une amitié sincère. En vérité je commence à croire qu’il ne ressemble point aux perfides dont tu crains, avec raison, la méchanceté. La seule chose qui pourrait me donner de la défiance, c’est qu’il me loue trop, et qu’il ne loue jamais assez Charme des yeux ; mais d’ailleurs il me paraît rempli de vertu et d’onction. Nous avons lu ensemble un livre de son pays, qui m’a paru bien étrange. C’est une histoire universelle du monde entier, dans laquelle il n’est pas dit un mot de notre antique empire, rien des immenses contrées au-delà du Gange, rien de la Chine, rien de la vaste Tartarie. Il faut que les auteurs, dans cette partie de l’Europe, soient bien ignorants. Je les compare à des villageois qui parlent avec emphase de leurs chaumières, et qui ne savent pas où est la capitale ; ou plutôt à ceux qui pensent que le monde finit aux bornes de leur horizon.
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