Les nouvelles de Pierre - Volume 1 - Pierre Jacquet - E-Book

Les nouvelles de Pierre - Volume 1 E-Book

Pierre Jacquet

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Beschreibung

La nouvelle série passionnante signée Pierre Jacquet, également connu sous le nom de Pierre J Pro', vous offre douze bonnes raisons de partir à l’aventure, regroupées en six thèmes distincts. Les histoires de Pierre vous transporteront vers de nouveaux mondes, garantissant divertissement et rebondissements. Une surprise extraordinaire qui fera d’Émeraude votre saga préférée et qui marquera le début du voyage le plus exceptionnel de votre vie !


À PROPOS DE L'AUTEUR


Après un premier livre réussi édité en 2016, revisité en 2022, Pierre Jacquet revient avec une nouvelle franchise qui lui a permis d’affronter un mal qui le hante depuis plus de quinze ans. Les nouvelles de Pierre constitue pour lui une preuve irréfutable de son succès face à la maladie.

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Pierre Jacquet

Les nouvelles de Pierre

Volume I

Émeraude

Nouvelles

© Lys Bleu Éditions – Pierre Jacquet

ISBN : 979-10-422-1160-8

Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant aux termes des paragraphes 2 et 3 de l’article L.122- 5, d’une part, que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective et, d’autre part, sous réserve du nom de l’auteur et de la source, que les analyses et les courtes citations justifiées par le caractère critique, polémique, pédagogique, scientifique ou d’information, toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite (article L.122- 4). Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L.335- 2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Du même auteur

Les Portes Sombres - Tome 1 - The God Of War (Roman Collector) Vérone Éditions 2016

Les Portes Sombres - Tome 1 - The God Of War (Revisite du Roman) Le Lys Bleu Éditions 2021

Les Portes Sombres - Tome 1 - The God Of War (Réédition du Roman) Le Lys Bleu Éditions 2022

À mes grands-mères…

À Laurie…

Prologue

Pour la création de ce recueil, je me suis inspiré de six sujets principaux. À partir de chacun d’eux, deux récits ont vu le jour. Je suis donc fier de vous présenter mes douze nouvelles dans le premier volet de la saga Les Nouvelles de Pierre intitulé Émeraude.

Je vous invite à lire ces histoires courtes, aussi originales, qu’inventives, durant un moment de détente, de courte durée si vous choisissez de vous arrêter à chacune des nouvelles, ou d’une durée plus longue si vous choisissez de dévorer ce livre en une seule fois !

Je vous réserve également une petite surprise que vous découvrirez dans les pages suivantes… ce n’est effectivement pas pour rien que le recueil s’appelle Émeraude !

Je vous laisse donc découvrir par vous-même mon nouvel ouvrage. Je vous précise toutefois que les douze histoires issues de ces six sujets ont été intentionnellement mises dans le désordre. Je vous invite donc à retrouver leur provenance. Je vous souhaite une très bonne lecture !

J’espère que vous passerez un agréable moment au sein de l’univers de cette nouvelle franchise, que les différents mondes de cette œuvre vous plairont et qu’ils vous feront voyager !

Tendrement, Pierre Jacquet / Pierre J Pro’

Une vie dans la forêt

Espérant passer un agréable séjour en famille dans un camping, Mathéo va vivre la plus grande aventure de toute son existence ! Peu avant d’arriver à destination, ce jeune photographe, amoureux inconditionnel de la nature croit apercevoir un loup blanc. Bien décidé à retrouver sa trace pour le prendre en photo, le jeune homme va faire une rencontre qui changera à tout jamais sa vie. Il devra alors faire un choix décisif : devenir une proie ou un alpha !

Au cœur d’une immense forêt, un petit écureuil à la queue touffue furetait avec vigueur dans la cime des arbres. Malgré la hauteur, il sautait de branche en branche avec grâce et agilité, à la recherche de pommes de pin pour se rassasier. Après en avoir déniché une, il se dirigea discrètement vers le houppier où se trouvait son nid pour la cacher. Il ne voulait pour rien au monde que l’un des siens la lui vole. Malheureusement, avant qu’il puisse grignoter son repas bien mérité, un autre écureuil mâle lui sauta sur le poil pour s’accaparer son précieux butin. Les deux rongeurs se mirent alors à se quereller et la pomme de cônes tomba de ses pattes puisrebondit sur plusieurs branches avant de percuter le sol. Lors de son impact, elle déplaça un peu de terre et quelques feuilles mortes, laissant apparaître de longues dents aiguisées en acier, un piège de braconniers !

À plusieurs kilomètres de là, un imposant véhicule roulait sur une route de campagne, en périphérie de la forêt. À son bord, la famille Vinchaye se rendait dans un camping, non loin de là, pour y passer leurs vacances d’été.

Lucas et Blanche avaient enfin réussi à prendre des congés ensemble et voulaient profiter un peu de la nature pour se ressourcer. Ils avaient donné naissance à trois beaux enfants : Line, la cadette, qui malgré sa plastique resplendissante était devenue une véritable guerrière contemporaine en pratiquant avec passion les arts martiaux ; Zélie, la benjamine, arrivée au monde seulement quelques mois auparavant et dont les yeux bleu océan faisaient chavirer toute la famille et enfin Mathéo, l’aîné, un jeune blondinet aux yeux noisette plutôt fin et réservé, qui se dévouait à mère Nature avec ardeur.

Tous avaient décidé de partir camper pour se reposer et prendre un bol d’air pur.

Enfin, après de longues heures de route, il ne restait plus que quelques kilomètres pour arriver à destination et tout le monde était impatient. Pourtant, aucun d’entre eux n’aurait pu imaginer ce qu’ils allaient vivre ici !

Mathéo avait courageusement travaillé au début des vacances scolaires pour gagner un peu d’argent et se faire plaisir. Assis sur la banquette, derrière la place du mort, il écoutait de la musique dans son casque, laissant son esprit vagabonder en regardant l’orée de la forêt. C’était un élève constamment persécuté par ses camarades de classe qui méprisaient son obsession pour la photographie, seul moyen pour lui de soutenir la cause qu’il défendait : la nature. Mathéo n’était pourtant pas un « écolo » chevronné, mais les animaux le passionnaient ! Il passait donc tout son temps libre à les immortaliser dans leur habitat naturel. D’ailleurs, ces clichés étaient pour lui la dernière chance d’être admis dans une école de photographe et il comptait bien sur l’emplacement géographique du camping pour prendre de magnifiques images en forêt.

Contrairement à sa jeune sœur, qui enchaînait les conquêtes amoureuses, Mathéo, lui, n’avait pas réussi à trouver de petite amie. Quelle fille voudrait d’un loser comme moi ? Je ne suis même pas capable de me défendre au lycée ! ressassait-il avec un certain dégoût envers lui-même.

Peu importait qui de sa famille abordait ce sujet avec lui, le jeune homme répondait catégoriquement qu’il ne voulait pas en parler avant de s’éclipser.

À travers la vitre légèrement baissée, Mathéo regardait toujours la forêt en amont de la route en écoutant sa musique.

Soudain, il vit une chose incroyable ! Perché sur un rocher à l’entrée du bois, un magnifique loup blanc au pelage soyeux et brillant le regardait. L’animal semblait suivre leur voiture des yeux. Mathéo se figea. Il croisa son regard et en fut ébahi. Ses magnifiques yeux vairons reflétaient tant de vaillance !

Mathéo hurla à son père, le faisant sursauter :

« Papa arrête la voiture ! »

Le jeune homme plongea sans attendre le nez dans la sacoche posée à ses pieds pour en sortir son précieux appareil photo.

Pensant qu’il s’agissait d’un problème important, son père se rangea sur la chaussée et s’arrêta immédiatement.

À peine la voiture stoppée, Mathéo ouvrit la portière, descendit du véhicule et rebroussa chemin sur quelques mètres en courant. Objectif en main, il espérait tant pouvoir capturer en image ce moment magique. Mais bien évidemment, ce dernier avait déjà disparu.

Le jeune homme observa minutieusement les environs espérant l’apercevoir à nouveau, en vain. Dépité, Mathéo rejoignit la voiture d’un pas lent.

Mathéo préféra ne rien dire à ses parents quand ceux-ci lui demandèrent ce qu’il s’était passé. Il pensait que si la rumeur se répandait quant à la présence d’un loup dans cette forêt, les braconniers du coin ne tarderaient pas à le pourchasser.

Blanche lui demanda gentiment de ne plus crier comme ça s’il ne voulait pas qu’elle fasse un arrêt cardiaque. Même si elle ne parlait pas sérieusement, son fils s’excusa, comme pour lui-même, d’avoir manqué cette prise.

Line, quant à elle, observa son grand frère du coin de l’œil. Elle savait que lorsqu’il s’armait de son appareil, un animal se trouvait forcément dans les parages. Il faudra que je le surveille, afin qu’il ne se mette pas en danger ! se dit-elle, inquiète pour lui.

Si de telles pensées la traversaient, c’est bel et bien parce qu’il avait déjà pris de nombreux risques pour prendre des photos d’animaux. Elle redoutait même qu’il se fasse tuer un jour par une bête sauvage.

Son père reprit la route, puis après deux ou trois kilomètres, ils arrivèrent enfin à destination. Une fois que la réceptionniste eut confirmé leur réservation, la famille Vinchaye fut emmenée à l’emplacement de leur bungalow.

Tous décidèrent de s’installer brièvement, puis de boire un verre pour décompresser de la route avant de déballer leurs affaires pour de bon.

Comme à son habitude, Mathéo se munit de son appareil photo et partit immédiatement repérer les lieux pour essayer de prendre quelques clichés. Il se promena dans le camping, mais ne parvint à photographier que des oiseaux. Il devinait que dans cet endroit, c’était lorsque les campeurs dormaient que les chevreuils ou les sangliers se rapprochaient des bungalows. Il rebroussa chemin et décida de se coucher tôt pour repartir à l’aurore prochaine.

Quand arriva le soir, Blanche donna le biberon à Zélie pendant que son mari sirotait une bière à ses côtés sur la terrasse. Line s’était changée et s’apprêtait à se rendre au bar où la majorité des campeurs se réunissaient pour les activités nocturnes. Concerts, séances de cinéma, dancing, dégustations. Le camping vivait de jour comme de nuit.

Mathéo se préparait à aller se coucher. Il n’avait pas l’esprit à passer du temps avec ses parents. Il les prévint toutefois qu’il partirait dès le petit matin pour faire quelques clichés. Blanche et Lucas connaissaient les habitudes de leur fils, ainsi que son éternelle solitude. Ils acquiescèrent et lui souhaitèrent une agréable première nuit de vacances bien méritées. Le jeune homme nettoya soigneusement son appareil, mit ses batteries en charge et se coucha sans perdre plus de temps.

Lorsque son fils fut endormi, Blanche demanda à Lucas d’un ton alarmé :

« Qu’est-ce qu’il va devenir à ton avis si l’école de photographe ne le sélectionne pas ? S’il doit suivre des cours à la fac, notre fils se fera lyncher, c’est sûr.

— Ne t’inquiète pas autant pour lui », répondit Lucas.

« Lorsqu’il aura trouvé sa place, nous le saurons, j’en suis sûr. »

Cette première nuit était seulement éclairée par un quart de lune. Un petit animal sauvage vagabondait dans la forêt, courant dans tous les sens en furetant dans les buissons au sol. Après avoir éparpillé tout un tas de feuilles mortes, il ne tarda pas à dégoter un morceau de branche pour s’en faire un jouet à mâchouiller. Le hurlement d’un loup adulte se fit subitement entendre. Le petit animal se mit à trottiner en direction de l’appel, son bâton dans la gueule. Brusquement, un piège de braconniers se referma violemment sur lui. Il couina, terrassé par la peur.

Au même moment, Mathéo se redressa d’un bond dans son sac de couchage, comme s’il avait ressenti lui aussi la douleur de l’animal. Sans doute encore un cauchemar, pensa-t-il en inspirant profondément.

Le jeune homme en profita pour se lever et déjeuna en silence, tandis que le jour se levait à peine. Il se munit de son appareil, de ses batteries chargées à bloc et se mit en route espérant faire de belles photos tout en gardant en tête son objectif principal : le loup blanc croisé dès son arrivée.

Mathéo parvint à se faire suffisamment discret pour faire de très belles prises de sangliers, d’oiseaux et captura même sur le vif de mignons petits écureuils. Pourtant, toujours aucune trace de ce loup argenté ! Il décida alors de retourner à l’endroit où il l’avait aperçu, mais la paroi du rocher s’avéra trop difficile à gravir côté route. Il se résigna donc à traverser une bonne partie de la forêt, malgré la distance à parcourir.

Il y parvint enfin, mais sans en distinguer la moindre trace.

Je ne suis pas fou, je t’ai bel et bien vu ! Je sais que tu es là quelque part ! Je te retrouverai ! songea-t-il en s’enfonçant dans les bois.

Le jeune photographe essaya alors de se mettre dans la peau de l’animal et analysa le parcours qu’il aurait pu emprunter pour atteindre ce piédestal.

Après plusieurs minutes de recherches, il finit par dénicher une trace de patte. Satisfait, il poursuivit la trajectoire en prenant bien soin de l’effacer, au fur et à mesure de son avancée, pour que les braconniers ne puissent pas la découvrir après lui.

Mathéo avait enfin une piste !

Il en trouva parfois d’autres et espérant être sur la bonne voie, il poursuivit longtemps son chemin, toujours en effaçant les empreintes derrière lui. Il s’arrêta de temps en temps pour prendre quand même quelques photos, le site était tellement beau.

Malheureusement, le jeune pisteur perdit subitement toute trace du loup en plein cœur de la forêt. Plus moyen de trouver le moindre indice. Il était furieux de s’être trompé de direction.

Au moment où il constata qu’en plus il s’était égaré, il renonça à courir derrière cette chimère. Le cœur lourd, il marcha au hasard, en espérant rejoindre un sentier de randonnée et retrouver son chemin.

Après une vingtaine de minutes d’errance dans le flou le plus total, il eut enfin l’idée d’activer la boussole de son téléphone pour retrouver la direction du rocher. Il abandonnait ainsi tout espoir de retrouver des traces, mais il savait que de là-bas il n’aurait pas de mal à se repérer. Allez, Mathéo, réfléchis ! Tu es passé par où ? se demanda-t-il pour se réconforter et ne pas paniquer davantage.

Il se tenait devant une épaisse haie de buissons quand il perçut un bruit bizarre. Il releva la tête et ne fit plus aucun mouvement. Le son se fit entendre pour la seconde fois. Il s’agissait d’un gémissement ! Mathéo se cambra légèrement et poussa les branchages devant lui pour connaître le fin mot de l’histoire.

Il fut à la fois stupéfait et vert de rage ; un louveteau avait une patte prise dans un piège ! Par chance, la vulnérable petite créature avait été attrapée avec le morceau de bois qui lui servait de jouet. Sans cela, sa patte aurait probablement été sectionnée !

Il avait renoncé à se débattre et s’était allongé en couinant de temps à autre espérant que sa meute l’entende.

Mathéo se dévoila lentement à l’animal qui ne prit même pas la peine de fuir en le voyant arriver. Le jeune homme tendit doucement sa main, comme pour lui dire de ne pas avoir peur. Avec prudence, il parvint à l’approcher. Il prit d’abord une photo comme preuve de tant de cruauté et s’avança pour le caresser afin de l’apaiser. Il le libéra ensuite de son piège.

Une fois libre, le louveteau ne bougea pas, figé par la peur. Son sauveteur retira sa veste et l’enroula délicatement dans le vêtement, avant de le prendre dans ses bras.

« Eh mon grand… Tu ne crains plus rien maintenant… je vais essayer de te soigner et on retrouvera tes parents. Tiens le coup mon bonhomme ! Ça va aller ne t’inquiète pas… » dit-il calmement pour réconforter son nouvel ami.

Pourtant, Mathéo avait conscience que si quiconque apprenait la présence de loups dans les parages, ceux-ci ne vivraient pas longtemps avant d’être abattus. Avant de retourner au camping, le jeune photographe se saisit d’un bâton et prit la peine de faire sauter tous les pièges. Aucun autre animal ne pourrait ainsi être emprisonné par ces cruelles mâchoires d’acier. Il ne put cependant pas s’en débarrasser, car ceux-ci étaient attachés à des pieux enfoncés profondément dans le sol.

Autour des pièges, il décela ensuite facilement les traces de bottes des braconniers et ne mit pas longtemps avant de déboucher sur un sentier et retrouver son chemin. Il traversa une bonne partie du camping en faisant mine de porter un nourrisson.

Arrivé au bungalow, il vérifia qu’il n’y avait personne. Il entendit seulement de la musique dans la salle de bain et devina que sa sœur se préparait déjà pour la soirée à venir. Il ferma la porte vitrée, tira le rideau et alluma la lumière. Il posa ensuite l’animal blessé ainsi que sa veste ensanglantée sur le sol en lino. Il le fit boire un peu puis se dirigea vers le frigo.

« Ça va aller, je vais te donner un truc à manger ! »

La musique dans la salle d’eau s’arrêta, la porte se déverrouilla et Line sortit, vêtue d’une serviette. Au même moment, le louveteau se dégagea de son cocon et se dirigea difficilement dans sa direction. En l’apercevant, Line cria et jeta la serviette trempée sur l’animal avant de retourner toute nue dans la salle de bain et de refermer violemment la porte.

« Ah ! Mais c’est quoi ce truc ! Papa ! »

Mathéo attrapa sa veste, courut auprès du louveteau et le remit à l’intérieur. Il s’approcha de la salle de bain et tenta de raisonner sa sœur entre deux de ses cris.

« Line ! Ne t’inquiète pas ! Il n’est pas dangereux. Il est blessé, je l’ai emmené ici pour le soigner. »

Sa sœur cessa enfin de hurler. Elle passa la tête par la porte quelque peu hésitante. Elle posa immédiatement les yeux sur l’animal et bloqua son regard sur lui. Elle finit par se rapprocher de son frère et lui demanda plus calmement :

« Mathéo ! Mais où est-ce que tu l’as trouvé ?

— Dans la forêt », répondit-il.

« Cette pauvre bête était coincée dans un piège de braconniers. Je vais le garder dans ma chambre jusqu’à ce soir. Je le soignerai cette nuit et dès qu’il ira mieux, j’irai le relâcher là où je l’ai trouvé, en espérant qu’il retrouve sa meute. Surtout, ne dis rien aux parents s’il te plaît, il a vraiment besoin de moi…

— D’accord, je ne dirai rien, mais à une seule condition… je t’accompagne cette nuit, au cas où il y aurait un problème », annonça Line soucieuse.

Son frère accepta sans mal et ensemble ils l’emmenèrent dans la salle de bain pour panser sa blessure avant que leurs parents ne reviennent de la plage, comme ils le faisaient habituellement en fin de journée.

La nuit venue, Line fit mine de se rendre au bar où elle faisait souvent la fête. Pour ne pas éveiller les soupçons de ses parents, elle leur souhaita, comme d’habitude, une bonne soirée. Ceux-ci lui demandèrent de ne pas trop boire d’alcool et de faire attention à elle. Line approuva puis fit discrètement le tour du bungalow pour attraper le louveteau que son frère lui tendait par la fenêtre de sa chambre. Il tenta de la rejoindre au plus vite.

Mais lorsque Mathéo informa ses parents qu’il sortait à son tour, Lucas et Blanche s’étonnèrent, lui qui d’habitude était si casanier !

Ils le mirent alors en garde :

« Ne bois pas mon grand, tu n’as pas l’habitude de l’alcool. Ne reste pas trop éloigné de ta sœur ! » lui demanda sa mère.

Son fils acquiesça et quitta le bungalow sur le champ. Il en fit lui aussi le tour et récupéra le sac qu’il avait confié à sa sœur. Ils allumèrent leurs lampes torches et se dirigèrent vers la forêt. Après avoir longuement emprunté le sentier, ils finirent par s’y enfoncer.

« J’ai trouvé Khan dans ce coin-là. Je ne sais pas si sa meute va le retrouver au même endroit.

— Khan ? Tu lui as donné un nom ?
— Il faut bien lui en trouver un. Non ?
— Tu es vraiment dérangé mon frère, c’est un loup ! Je pense qu’il s’en fiche un peu, du nom que tu lui as trouvé si tu veux mon avis. »

Tout à coup, Mathéo attrapa le bras de sa sœur et lui fit signe de se baisser. Elle le fit sans poser de question, de peur qu’il n’y ait un danger proche. Elle eut raison de lui obéir, car cinq braconniers se trouvaient à quelques pas. Ils étaient en train de replacer leurs pièges.

L’un d’eux aperçut du sang sur un des morceaux d’acier et comprit immédiatement que quelqu’un les avait empêchés de capturer une proie.

Mathéo et sa sœur se dissimulèrent derrière un buisson et les observèrent discrètement. La colère du jeune homme grandissait chaque seconde en les voyant faire. Il se tourna vers sa sœur et lui ordonna en chuchotant :

« Line, va prévenir les gardes forestiers, ils sont dans le bungalow juste à côté de la réception du camping. Je vais mettre Khan à l’abri et essayer de retarder les braconniers. S’ils se font prendre sur le fait, ils iront tout droit en prison.

— Non Mathéo, c’est trop dangereux ! Il vaut mieux rentrer tous les deux et prévenir Papa et Maman. Ils… »

Son frère ne l’écouta pas et partit à l’avant sans que sa sœur ne puisse ajouter un mot de plus. Mais bon sang, qui est censé être le plus prudent des deux avec l’âge ? Je me le demande tiens ! se dit-elle en allant chercher de l’aide.

Son frère fit le tour de la zone avec Khan dans les bras, mais ne trouva aucun endroit pour le déposer en sécurité sans qu’il soit tout de suite repéré. Il décida donc de le garder dans sa veste et s’approcha du véhicule des braconniers. Il sortit ensuite son opinel et creva les deux pneus qui se trouvaient face à lui. Il profita que ces hommes soient occupés par leur sale besogne pour s’emparer du reste des pièges dans la benne du véhicule. Il en oublia toute prudence et le bruit métallique des chaînes attira l’attention des braconniers. Il s’approcha du véhicule et constata avec colère que les pièges qui restaient encore à poser avaient disparu. Il ne prévint pas ses amis et fit le tour du véhicule.

Adossé au tout terrain, Mathéo se jeta dans le buisson voisin de peur d’être repéré. Le braconnier remarqua immédiatement que les pneus du véhicule avaient été crevés de façon intentionnelle, mais, encore une fois, il ne dit rien.

Le jeune photographe, angoissé, voulait éviter de se faire prendre. Mais, dans sa chute, il s’appuya un peu trop sur sa veste et Khan couina légèrement. Le jeune homme lui ferma la gueule sans attendre, mais le traqueur les avait bel et bien entendus. Il éclaira les alentours pour savoir d’où provenaient ces bruits, sans rien voir.

« Alphonse qu’est-ce que tu fiches, bon sang ? On a besoin de toi ! Amène-toi », cria l’un de ses partenaires. Le hors-la-loi rebroussa chemin.

Mathéo, se croyant sorti d’affaire, enjamba le buisson pour rejoindre le sentier. Il voulait confier les pièges aux autorités pour mettre ces cinq hommes sous les verrous.

Cependant, au moment où il dépassa la benne du véhicule, Alphonse en surgit et lui courut après avant de l’agripper fermement par le bras. Il le pinça tellement fort que le jeune homme en lâcha les pièges.

« Eh, les gars ! Venez voir ce que j’ai trouvé ! Un petit rebelle !

— Lâche-moi, crétin ! » ordonna Mathéo qui ne semblait pas impressionné. Toute la bande d’Alphonse se regroupa autour de lui en riant quand l’un d’eux fut curieux de savoir ce que contenait la veste du jeune homme. Il la lui arracha des mains et l’ouvrit. Il fut stupéfait et saisit brutalement le louveteau par la peau du cou.

« Visez-moi ça ! Je suis sûr que c’est cette bestiole qui a laissé du sang sur mon piège ! C’est parfait ! Il va pouvoir nous conduire tout droit à son terrier si on le suit ! » Mathéo s’interposa :

« Non ! J’ai cherché sa famille partout ! Il est tout seul ! » tenta-t-il de les amadouer en vain.

« Dans ce cas, ce sac à puces ne nous sert à rien ! » répliqua un troisième homme. Il se saisit de son couteau de chasse, le regard vicieux et en approcha la lame du ventre du loup pour l’étriper.

Mathéo se débattit de toutes ses forces, mais la brute le retint et le fit tomber à genoux. Le jeune homme chercha les mots les plus réconfortants possible :

« Ça va aller Khan… Ferme les yeux, mon grand… Tu ne vas pas souffrir longtemps, je suis tellement désolé ! » murmura-t-il à son ami en pleurant à chaudes larmes avant de s’écrouler dans la boue.

La situation semblait néanmoins amuser les autres qui jubilaient ! Le couteau de chasse n’était plus qu’à quelques centimètres du ventre de Khan. Complètement tétanisé par la peur, il parvenait tout de même à lancer de grands cris stridents.

Soudainement, une seringue hypodermique vint se planter dans le bras du bourreau armé du poignard. Ce dernier la regarda avec effarement puis tomba lourdement sur le sol, profondément endormi. Les autres se tournèrent ébahis vers le sentier.

Line avait réussi à avertir ses parents ainsi que deux gardes forestiers ! Un homme de l’âge de Blanche et une jeune femme qui, tous deux vêtus de leurs uniformes, avaient usé de leurs fusils à fléchettes. Alphonse tenait toujours le jeune homme par le bras et le lâcha en les apercevant pour s’enfuir rapidement à travers les ronces. Ses compères voulurent l’imiter, mais ne purent échapper à la seringue. Les trois autres s’écroulèrent après avoir été touchés. Avant de disparaître, Alphonse s’égosilla l’esprit vengeur :

« Je vous retrouverai, bandes de débiles ! J’aurais la peau de ces loups un jour ou l’autre ! »

Malgré l’arrestation de ses complices, la fuite du braconnier restait une défaite aux yeux de tous.

Mathéo reprit Khan dans ses bras. En l’étreignant, il tenta de s’expliquer avec son père. Ce dernier lui coupa la parole pour très vite le rassurer :

« Mathéo ! Ta mère et moi comprenons tout à fait ta réaction ! Mais tu n’aurais pas dû agir seul ! Tu aurais pu avoir de graves ennuis en t’en prenant à ces braconniers ! Tu as mis ce jeune loup et ta sœur en danger en nous cachant ta mésaventure. Heureusement que personne n’a été blessé dans toute cette histoire ! J’aimerais que tu sois plus raisonnable et plus prudent à l’avenir. D’accord ? »

Le jeune homme acquiesça avec un air contrit et le regard sincère. Après quoi, il demanda à ses parents s’il pouvait aider les deux gardes forestiers à retirer les pièges et attendre l’arrivée de la police avec eux. Lucas accepta, mais le prévint :

« Tu dois laisser cet animal retourner auprès des siens malgré sa blessure. »

Ce fut une décision difficile à prendre pour Mathéo qui dut malgré tout se faire une raison. Si Khan devait mourir attaqué par un autre animal avant qu’il ne soit rétabli, tel était la loi impitoyable de la nature !

Toute la nuit s’écoula avant le retour de Mathéo au bungalow. Ses parents, encore inquiets, avaient préféré l’attendre au lieu de se coucher.

Leur fils aîné voulut déjeuner sur la terrasse à peine rentré. Mais lorsqu’il arriva, il eut l’heureuse surprise de trouver Khan caché sous les escaliers du perron. Malgré sa blessure, le louveteau avait retrouvé le chemin du bungalow ! Le jeune homme posa son bol de céréales et sa brique de lait sur la table pour s’avancer vers son ami. Il retourna à l’intérieur chercher sa veste ensanglantée pour y installer Khan. Il le caressa délicatement, mais se décida à le ramener dans la forêt sans perdre de temps.

Le soleil n’était pas encore haut et seuls quelques campeurs le virent traverser le camping en se réveillant.

Mathéo retourna avec regret sur les lieux de leur rencontre. Une fois arrivé, il s’accroupit, le posa sur un petit tas de feuilles et lui dit les yeux larmoyants :

« Khan, je ne peux pas te garder avec moi, il faut que tu retournes auprès de ta meute. Moi aussi je vais devoir rentrer chez moi. On ne se verra plus jamais, mais tu auras toujours une place au fond de mon cœur. »

Le louveteau vint se blottir dans ses bras et lui lécha la joue là où avaient coulé ses larmes. Ensuite, Khan mordilla la veste où il avait trouvé refuge, s’en empara et partit en trottinant malgré la douleur. Mathéo dû lui courir après sur quelques mètres pour récupérer son téléphone dans l’une de ses poches. Khan passa sous une haie. Quand le jeune homme parvint enfin à le suivre, il fut émerveillé. Il venait tout juste de l’emmener devant son terrier où jouait le reste de la portée.

Lorsque la louve au pelage blanc aperçut Mathéo, celle-ci se leva immédiatement et se mit à grogner pour protéger ses petits. Le jeune photographe courba les mains devant lui pour lui faire comprendre qu’il n’était pas dangereux, mais celle-ci continuait de se rapprocher en montrant les crocs.

« Calme-toi, ma belle… Je ne veux pas te faire de mal… » murmura le jeune homme impressionné par l’animal.

Alors que la louve s’apprêtait à bondir sur Mathéo qui était terrorisé, Khan intervint. Il se posta devant son protecteur et posa la veste devant sa mère.

La louve blanche avait déjà croisé le regard de Mathéo sur le rocher non loin du camping. Elle s’avança prudemment et renifla le sang de son petit imbibé dans la veste puis examina la patte du louveteau. Elle comprit à l’attitude de Khan qui retourna dans les bras du jeune homme, que celui-ci avait pris soin de lui et qu’il n’était pas dangereux.

Elle poussa Khan d’un coup de museau et s’avança toujours avec méfiance en montrant les crocs.

« Là… calme-toi… Je ne suis pas ton ennemi… Je ne te ferai jamais de mal… » chuchota Mathéo à l’animal qui était toujours en proie au doute.

Le jeune homme eut alors une idée et tenta alors le tout pour le tout et se mit à genoux en baissant le regard et la tête. Il tendit le bras face à la louve, ferma les yeux et attendit. La mère de Khan se rapprocha lentement et réalisa que Mathéo se livrait à elle avec confiance. La louve argentée fit alors une chose étonnante : elle cessa de grogner, renifla la main du jeune homme et posa lentement son museau humide sur le bout de ses doigts. Le photographe rouvrit les yeux et soupira longuement, émerveillé par cette réaction.

Mathéo se mit ensuite à lui caresser la truffe puis celle-ci retourna au seuil de sa tanière en se secouant le pelage.

Elle avait eu confiance en Mathéo et ce fut réciproque.

Khan et les autres louveteaux, jusqu’ici très occupés à se mordiller les oreilles, s’approchèrent sans crainte du jeune homme, pour le mordiller à son tour. Mathéo fut heureux de leur ferveur à jouer avec lui. Toute cette aventure était effectivement risquée, mais ça en valait la peine ! pensa-t-il en souriant avant de caresser Khan et le reste de la portée.

Il passa le reste de la journée avec les louveteaux, dont le père n’avait certainement pas survécu aux braconniers.

C’est ainsi que, sans le savoir, Mathéo allait devenir le mâle alpha de la meute.

Quand la nuit commença à descendre, Mathéo fut déçu de devoir les quitter. Il câlina chacun des petits de la portée et revint ensuite auprès de la louve blanche tout en s’inclinant à nouveau.

« Si tu savais comme j’aimerais rester pour prendre soin de ta famille. Veille bien sur Khan pour moi s’il te plaît », lui demanda-t-il ému jusqu’aux larmes.

La louve baissa la tête et lui lécha la main. Mathéo resserra le pansement de Khan et lui dit au revoir avant de s’enfuir sans se retourner.

Il revint à son bungalow en traînant des pieds. Il fut surpris que ses parents aient remballé toutes leurs affaires. Ils étaient en effet sur le départ par peur des représailles d’Alphonse le braconnier. Ils avaient trouvé un autre camping plus au Sud, près de la mer.

Peu avant que toute la famille Vinchaye ne prenne la route, les deux gardes forestiers vinrent à leur rencontre. Ils tenaient tout particulièrement à féliciter Mathéo qui avait fait preuve de beaucoup de courage. Ils offrirent à Lucas et Blanche plusieurs pots de miel provenant de la vallée et une bouteille de vin du cru. Blanche les remercia tandis que Lucas réclamait le départ pour éviter les bouchons.

La voiture s’éloigna peu à peu de l’entrée du camping où les gardes forestiers saluaient Mathéo.

Lorsqu’ils passèrent devant le rocher, Khan et sa mère les regardaient partir. À quelques mètres d’eux, le véhicule de la famille s’arrêta et Mathéo en descendit. Il courut au pied du rocher et Khan lui sauta dans les bras ignorant la douleur de sa blessure. La voiture fit demi-tour pour retourner au chalet des gardiens de la réserve.

Lucas s’empressa de leur demander :

« Excusez-moi ! Mon fils a pris une décision. Il voudrait s’installer ici pour apprendre à connaître les loups, la forêt et la réserve. Croyez-vous qu’il puisse y avoir une place dans l’école de votre organisme pour lui ? »

Le garde forestier fit mine de réfléchir, sourit puis annonça avec grand plaisir :

« Par chance, nous avons besoin de quelqu’un comme lui dans notre équipe. Il faudra cependant que votre fils soit studieux tout en travaillant dur dans la réserve. Quand il obtiendra son diplôme de garde forestier, il aura enfin gagné sa place parmi nous. Mais en attendant, notre chalet est le sien. Nous avons une chambre où il pourra séjourner sans problème pour étudier. Mais je lui fais confiance, il va s’en sortir ! C’est un amoureux de la nature cela ne fait aucun doute. Et on trouvera toujours une place pour vous dans un bungalow du camping si vous désirez lui rendre visite. Ne vous inquiétez pas, il sera bien avec nous… » ajouta le garde forestier avant de se tourner vers la forêt et de la regarder sereinement.

« … même si sa vie est dans la forêt ! »

Mathéo n’avait attendu personne avant de rejoindre la tanière des loups pour y retrouver son ami et jouer avec la portée. Plus jamais de moqueries ! Plus jamais de harcèlement ! Sous le regard de la louve argentée, Mathéo avait trouvé une place au sein de la meute. Ce jour-là, il se sentit adopté, il faisait officiellement partie de la tribu.

Un jour peut-être réussirait-il même à les photographier comme il se l’était promis !

Finalement, plus rien ni personne n’allait pouvoir aller contre l’Amour naissant et grandissant entre Khan et son sauveur.

Always

La vie de Benjamin semblait parfaite. Mais le jour où Florine décide de mettre un terme à leur relation, c’est son univers tout entier qui s’écroule. Très vite, les regards se tournent vers lui alors qu’il tente de découvrir la raison de cette rupture. Le lycéen va malheureusement réaliser que la vérité n’est pas toujours celle à laquelle on s’attend, car celle-ci peut être dangereuse si nous la négligeons et douloureuse lorsque nous ne l’acceptons pas !

Dans un petit village au cœur de la France, la famille de Benjamin petit-déjeunait dans la cuisine par un beau matin de printemps. Son père, Édouard, regardait les informations à la télévision tout en buvant son grand bol de café. Jane, sa mère, avait récemment décidé de ne plus travailler. Depuis, elle était devenue une femme au foyer épanouie.

Ce matin-là, elle préparait justement le prochain repas pour son mari qu’elle chérissait tant. Benjamin et sa sœur jumelle Estelle ne cessaient de se taquiner à côté de leur père, sans prendre réellement part au repas.

Jane qui les voyait traîner, leur conseilla gentiment de ne pas se mettre en retard pour ne pas louper leur bus encore une fois.

« Je ne pars pas sans Florine ! Tant pis ! » répondit Benjamin pour titiller les nerfs de sa mère.

Au même moment, on sonna à la porte.

« Eh bien voilà Florine ! Tu vas pouvoir aller en cours maintenant ! » lui répondit Jane avec un sourire sournois, annonçant sa victoire devant l’entêtement de son fils.

Benjamin but son verre de lait d’une traite et annonça avec joie qu’il allait accueillir sa petite amie. Mais n’ayant pas terminé son petit déjeuner, sa mère lui ordonna en pointant du doigt la table de la cuisine :

« Je vais lui ouvrir, toi tu finis de manger ! »

Florine embrassa sa belle-mère avec entrain puis entra dans la cuisine comme à son habitude.

C’était une jeune femme resplendissante et souriante. Ses cheveux blonds brossés avec soin lui descendaient à hauteur d’épaule. De taille moyenne, elle s’habillait toujours de façon très osée, mettant ainsi en valeur ses formes prononcées. Bien qu’elle paraisse plutôt dévergondée, elle était incontestablement amoureuse de Benjamin et n’avait d’yeux que pour lui. Il était plus que sa moitié, il était son tout !

Florine fit le tour de la table et salua d’abord Édouard, pour qui elle avait énormément de respect. Elle frappa délicatement le poing de sa belle-sœur et vint agacer Benjamin en lui faisant des chatouilles derrière les oreilles.

« Tu ne peux pas gaver quelqu’un d’autre ? » lui ordonna Benjamin en souriant légèrement. Il s’avança au-dessus de la table pour qu’elle arrête son geste.

Florine se laissa tomber sur les genoux de son copain avant de l’enlacer sachant très bien qu’il détestait ça ! En dehors des relations intimes, Benjamin n’était pas très tactile.

La jeune femme se tourna ensuite vers son beau-père et lui demanda, plus sérieuse et hésitante :

« Est-ce que Benjamin peut partir avec nous pendant les vacances ? On voudrait partir en camping dans les gorges de l’Ardèche avec mes parents. »

Édouard attrapa son café sans quitter son fils des yeux. Il répondit alors à sa belle-fille avec entêtement :

« Je vais d’abord attendre son bulletin de notes et on verra après ! »

À l’annonce de cette nouvelle, Benjamin sourit et s’écria en tapant des mains qu’il pouvait d’ores et déjà préparer sa valise ! Il ne se faisait aucun souci pour ses résultats à venir.

Jane, face à la fenêtre de la cuisine, jeta un coup d’œil à l’extérieur et se fit entendre :

« Commencez par ne pas manquer le bus, il est au bout de la rue ! »

Les trois lycéens quittèrent la table précipitamment et se jetèrent sur leurs sacs de cours. Estelle sortit la première en laissant la porte ouverte pour son frère et sa belle-sœur. Mais au moment où Benjamin voulut quitter la pièce, sa mère lui demanda d’une voix douce :

« Tu as emmené ton traitement pour aujourd’hui ? »

Ce dernier acquiesça, lassé d’entendre la même rengaine tous les matins.

Benjamin souffrait d’une maladie grave, mais n’aimait pas en parler. Pas plus que sa famille d’ailleurs ! Florine était bien évidemment au courant et le soutenait beaucoup, mais elle évitait aussi le sujet en sa présence. Elle savait pertinemment que c’était trop difficile pour lui d’aborder le sujet.

Benjamin salua brièvement sa mère et sortit. Florine fit de même et chuchota à sa belle-mère :

« Je vérifierai s’il prend son traitement à midi.

— Merci, ma belle, je t’adore ! Bon courage ! » lui répondit Jane en messe basse.

Ensemble, ils montèrent dans le bus puis se dirigèrent tout droit vers le fond du véhicule pour s’y installer. Estelle s’assit devant eux. Benjamin regarda Florine, légèrement contrarié.

« Je déteste quand tu fais ça avec ma mère !

— Oh, mais c’est qu’il bougonne ! » répliqua Florine en lui pinçant gentiment la joue pour se moquer de lui.

Une fois seuls à la maison, Édouard se leva d’un bond en criant à Jane qu’il n’avait pas vu l’heure lui non plus ! Il allait encore être en retard au travail !

Il avait récemment obtenu un poste important dans une administration alors plus question d’arriver en retard !

Il embrassa sa femme du bout des lèvres et lui souhaita une bonne journée tout en attrapant sa mallette et son veston.

Jane retrouva le bonheur d’être seule, comme à son habitude. Elle aimait s’attaquer aux tâches ménagères sans être dérangée. « Chaque place a sa chose, chaque chose à sa place ! » telle était sa devise. Il fait beau aujourd’hui, je vais en profiter pour jardiner ! se dit-elle avec entrain, ne tardant donc pas à enfiler ses gants et son chapeau de paille.

Plus tard dans la journée, Benjamin eut une heure de cours libérée suite à l’absence d’un professeur. Sur le terrain de football en bitume du lycée, il discutait avec ses amis en faisant de longues passes avec un ballon.

L’un d’entre eux lui demanda d’un ton malicieux tout en lui envoyant la balle.

« Au fait Ben ! Tu ne nous as même pas raconté ta dernière nuit passée avec Florine. C’était plutôt torride, non ? »

Le jeune homme lui répondit sèchement que s’il voulait trouver une copine il pouvait penser à sa grand-mère plutôt qu’à Florine. Le reste de la bande se mit à rire, tandis que Benjamin se plaçait au niveau des cages, du côté des bureaux administratifs. Son ami, vexé, fit ressortir sa colère dans le coup de pied qu’il mit au ballon. Il tira un coup puissant dans sa direction. Le ballon passa au-dessus des cages et explosa l’une des vitres des bureaux. Les lycéens purent l’entendre rebondir, faisant tomber toutes sortes de choses à l’intérieur. Benjamin et sa bande se regroupèrent alors et l’un d’entre eux lui dit avec regret :

« Je crois savoir pourquoi tu ne partiras pas en vacances avec Florine… »

Évidemment, le groupe d’élèves termina dans le bureau du Proviseur. Les parents furent aussitôt appelés. Ils durent finalement se mobiliser pour rembourser les dommages causés.

En rentrant chez lui le soir, Benjamin ne fut pas surpris d’être puni, mais tenta tout de même de s’expliquer avec son père.

« Ce n’est pas de ma faute, c’est cet abruti qui a tiré une fusée juste parce que je l’ai vexé. »

Malheureusement, comme cet incident allait coûter cher à ses parents, Benjamin ne put échapper à la sanction, sans remise de peine. Ses parents se justifièrent en lui signifiant qu’il devait apprendre à maîtriser son caractère explosif face à son entourage.

Après le dîner, le jeune homme téléphona à Florine pour lui relater sa mésaventure. Elle comprit dans ses paroles qu’il risquait de ne pas pouvoir partir avec elle en vacances. Elle implora son petit ami de raisonner son père pour qu’il ne soit pas trop sévère, avant de raccrocher subitement.

Justement, Jane tentait de son côté d’amadouer son mari pour lui faire entendre raison. Elle soutint que même si son fils méritait d’être puni il avait obtenu d’excellentes notes ! Elle ajouta qu’il était injuste de ne pas le laisser partir en vacances. Benjamin interrompit ses parents pour argumenter à son tour. Son père resta pourtant de marbre à tous ces arguments et ne céda pas.

Quand Florine apprit la nouvelle, elle se mit à pleurer à chaudes larmes. Terriblement déçue, elle éprouva même de la rancœur envers son beau-père.

Tout en prenant son traitement du soir, Benjamin la réconforta comme il put. Il lui promit qu’ils s’appelleraient chaque soir pour se raconter leur journée.

« Le temps va passer vite ! On se parlera même toute la journée par message si tu veux. Tu vas m’envoyer tellement de photos que je vais avoir l’impression d’être avec toi, tu vas voir ! » ajouta-t-il pour la rassurer davantage.

« Always ? » demanda-t-elle alors en séchant ses larmes et en essayant d’encaisser la nouvelle.

« Always ! » lui répondit-il avec conviction pour lui redonner le moral, même si lui aussi était anéanti.

Suite à la décision brutale d’Édouard, Florine décida de ne plus rendre visite à sa belle-famille avant de prendre le bus. Elle attendait son petit ami au bout de la rue, révoltée. C’est dommage de ne plus la voir tous les matins… pensa Jane en regardant son fils faire la tête pendant le petit déjeuner.

Quelques semaines avant l’arrivée des vacances, Jane décida d’aborder à nouveau le sujet avec son mari. Elle précisa que leur fils risquait de ne pas supporter la séparation d’avec Florine.

« Tu sais bien comme il est ! Il pourrait faire une crise importante » précisa-t-elle inquiète pour son fils.

Mais Édouard, inflexible, répondit à sa femme :

« Non ! Tu sais bien que si nous levons la punition, il recommencera ou il nous méprisera d’être revenus sur notre parole. Nous l’aiderons à se canaliser quand Florine partira en vacances, voilà tout !

— Ce n’est pas de nous dont il a besoin, mais de Florine ! Mais bon, je respecte ta décision. »

Jane vint ensuite jusqu’à la chambre de son fils qui écoutait la musique hurlant dans son casque, à plat dos sur son lit. Elle posa la main sur le cadre de la porte et parla à son fils avec compassion :

« Je suis désolée mon chéri, ton père n’a rien voulu savoir…

— OK ! Maman », lui répondit-il avant qu’elle ne retourne à ses occupations.

Benjamin se retourna et plaça ses mains sous son menton pour réfléchir et ne pas pleurer. Le jeune homme était tellement abattu !

Les vacances de printemps arrivèrent très vite et Florine dut se résoudre à partir sans son petit ami.

Le jour J, elle eut l’heureuse surprise de le trouver devant sa porte. Il venait lui souhaiter de bonnes vacances malgré tout. Ils étaient si fusionnels qu’ils eurent beaucoup de mal à s’éloigner loin l’un de l’autre au moment de se dire au revoir. Florine ne put contenir sa tristesse, alors Benjamin la prit dans ses bras.

« Tu ne pars que dix jours. N’oublie pas de m’appeler tous les jours… et les photos ! On se voit à la rentrée !

— Arrête ! Je te connais, je sais que ça va être dur pour toi aussi. Prends bien ton traitement. Je te veux en forme à mon retour. » Le jeune homme acquiesça et l’embrassa amoureusement.

Florine monta dans la voiture de ses parents pour prendre la route en direction des gorges de l’Ardèche.

Au moment où le véhicule tournait au coin de la rue, Benjamin eut un étrange pressentiment et sentit un frisson lui glacer le dos.

Son téléphone vibra. Il consulta ses messages, pensant que son père lui ordonnait de rentrer sans attendre puisqu’il était puni ! À sa grande surprise, c’était déjà Florine qui lui envoyait une photo d’elle grimaçant dans la voiture avec un seul mot : Always !

Tout au long de ses vacances, Florine ne manqua pas à sa parole ; elle lui envoyait une photo le matin, une l’après-midi et l’appelait chaque soir à la même heure. La jeune femme partageait avec lui toutes ses activités, comme s’ils étaient ensemble : une balade à cheval, une sortie en canoë, une journée d’escalade, même une après-midi piscine. Benjamin sentait bien que le camping et ses alentours ne manquaient pas de distractions.

Pour chaque jour qu’il passait loin de sa petite amie, il reprochait amèrement à son père de ne pas pouvoir partager ça avec elle. Chaque soir, lorsque Benjamin téléphonait à Florine, Jane l’entendait lui répéter qu’il aurait adoré être auprès d’elle. En entendant cela, elle finit par en vouloir aussi à son mari. Rassurée de constater que son fils n’avait pas fait de crise, elle trouvait tout de même que Benjamin semblait parfois étrange.

Trois jours avant la rentrée scolaire, au petit matin, Florine dit à Benjamin qu’elle partait visiter une grotte avec ses parents.

« On profitera ensuite de la plage et on prendra la route en fin de journée. Je t’appelle dans la voiture si je ne suis pas trop fatiguée », ajouta-t-elle en lui précisant qu’il lui manquait.

Benjamin lui répondit qu’il l’attendrait de pied ferme !

Benjamin reçut une photo d’elle. Équipée d’un harnais et d’un casque elle lui tirait la langue. Le jeune homme sourit en la voyant si heureuse bien qu’il soit loin d’elle.

Dans l’après-midi, le lycéen s’étonna de ne pas recevoir davantage de photos et se sentit un peu délaissé. Coincé chez lui à cause de la pluie, il se mit à angoisser et tomba sur le parquet de sa chambre en criant. Alarmée par tout ce vacarme Estelle se rua jusqu’à lui. Habituée aux anciennes crises de son frère, elle lui demanda inquiète :

« Ben alors frangin tu stresses ! Qu’est-ce qu’il se passe ? Maman ! Je crois que Benjamin fait une crise !

— Florine ne m’a envoyé ni photo ni message depuis ce matin, j’ai peur qu’il lui soit arrivé quelque chose… » répondit Benjamin.

Jane accourut et demanda, surprise, pourquoi Benjamin se trouvait à terre, était-il vraiment en crise ? Quelle était la cause de cette angoisse soudaine ? Estelle répondit avec humeur : Florine ! Elle précisa à sa mère qu’elle allait réussir à s’occuper de son frère.